Bonjour amis lecteurs,
Si comme moi vous êtes fans de Star Wars, je publie pour vous aujourd'hui une petite surprise, à l'occasion de la sortie de Star Wars IX : la suite de mes OS "Irrépressible" !
En espérant que l'épisode IX comblera mes attentes dans ce domaine, héhé... (ne me spoilez pas s'il-vous-plait, je ne vais voir le film que dans plusieurs jours !!)
Voilà voilà, enjoy ;D
Nat'
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Je suis perdue. A peine quelques heures que je suis sur cette île, et déjà, je suis perdue.
« Tu as échoué », voilà ce que me martèle la voix de celui que je voudrais considérer comme mon maître, Luke Skywalker. Mais il ne veut pas de moi comme élève, et après ce qu'il s'est passé aujourd'hui, je suppose que j'ai encore moins de chances de le convaincre.
« Tu as échoué ».
La sentence de Skywalker est irrévocable, et pourtant, je n'arrive pas à me sentir coupable. Lorsque nous nous tenions tous les deux au-dessus de ce gouffre interdit sur l'île du Temple, rempli d'humidité et de ténèbres, j'ai senti, plus que jamais auparavant dans ma vie, la présence du côté obscur. Pourtant, je n'en étais pas effrayée. Je n'éprouvais pas la même répulsion, mêlée de crainte et de respect, que celle que je percevais chez le vieux Jedi en exil. J'étais attirée, certes. Indéniablement attirée. Sans que cela ne provoque aucune fuite en moi. Je ne voyais pas ce qu'il y avait de mal à lui céder, et pour toutes ces raisons, je suis sans doute, au moins aux yeux de Luke Skywalker, indigne de l'enseignement des Jedi. Je le sais. Tout ce qu'il y a de logique en moi le comprend. Et pourtant, je n'arrive pas à le regretter.
Dans le secret de ma solitude, je me suis aventurée tout au fond du gouffre, obéissant à l'appel qui me torturait, et même à présent, je n'arrive pas à le regretter. J'y suis descendue en quête de réponses. Des réponses que personne d'autre ne pouvait ou ne voulait me donner. Des réponses au vide qui résonne en moi depuis des années, ce vide si facile à saisir pour le côté obscur, sans doute...
Etait-ce une faiblesse de ma part, de céder à ce besoin si profondément enfoui en moi ? Etait-ce si affreux que cela justifie mon exclusion à tout jamais de l'ordre des Jedi, dont je n'ai même pas encore eu le temps de faire partie ? Skywalker et tous les autres, ils ne peuvent comprendre ce que cela fait de vivre avec ces incertitudes. D'être hantée depuis toujours par ces questions : qui sont mes parents ? Pourquoi m'ont-ils abandonnée ? Quand vont-ils revenir, s'ils reviennent un jour ?
Oui, je le reconnais volontiers, si seul le côté obscur est prêt à me donner des réponses, et bien je suis moi-même prête à l'affronter, à prendre le risque d'y perdre mon humanité, pour être délivrée de ces tourments...
Cela fait-il de moi une proie facile ? Sans doute, oui. Je ne devrais peut-être pas juger Luke Skywalker si sévèrement : lui plus que quiconque a toutes les raisons de redouter le côté obscur qui pourrait s'épanouir dans le cœur de ses élèves. Comme dans le cœur de Kylo Ren...
Je frémis. Voilà plusieurs heures maintenant que j'ai quitté la caverne mystérieuse, pour regagner, honteuse et confuse, la petite maison de pierres brutes qui m'abrite. Plusieurs heures que je reste prostrée devant le feu, incapable de me réchauffer, ressassant, encore et encore, l'énigme insoluble révélée par le miroir de glace en face de moi. Mon propre reflet. Uniquement mon propre reflet.
Rien qu'à cette pensée, mon esprit se tord, et mes pensées se tournent, encore et toujours, vers Kylo Ren. Pourquoi lui ? Pourquoi, alors qu'il est censé être mon plus grand ennemi, je recherche instinctivement refuge auprès de lui, dans mes instants les plus sombres ?
Il a tué Han Solo. La seule personne que j'aurais pu considérer comme un père dans cet univers. Je revois encore la lame du sabre laser transpercer son corps, l'expression de surprise et de trahison sur son visage, tandis que son propre fils l'embrassait dans une étreinte mortelle. Comment a-t-il pu faire cela ? Lui qui avait la chance d'avoir un père, un père comme Han, comment a-t-il pu le sacrifier au nom d'un monstre comme Snoke ?
Ces pensées suffisent à réveiller ma rage, et pourtant... Et pourtant.
Plus rien n'est pareil depuis que la Force a choisi, pour une raison inconnue, de nous connecter l'un à l'autre Kylo Ren et moi. Désormais, même aux confins de la galaxie, plus moyen de lui échapper. Il s'infiltre partout : dans mes pensées, mon quotidien, dans mes pires accès de faiblesse. A chaque fois que je le vois, mon esprit crie : « Monstre ! ». Il n'est pas un monstre, pourtant. C'est bien la chose la plus terrible que cette connexion m'aura apprise : peu importe à quel point je voudrais le détester, peu importe à quel point cela rendrait ma tâche plus facile pour l'affronter, Kylo Ren n'est pas un monstre. Rien qu'un jeune homme perdu, comme je le suis en ce moment. Ce n'est même pas sa faute s'il s'est égaré. D'autres se sont chargés de le corrompre, de contribuer à sa chute : le Suprême Leader Snoke, bien sûr, qui a su profiter de ses doutes, mais surtout, et c'est ce qu'il y a de plus terrible sans doute, Luke Skywalker lui-même. Son maître, son modèle, son oncle, qui n'a pas su lui faire confiance et qui l'a trahi, au beau milieu de son sommeil...
Quand je vois la déception intense que m'a réservé son accueil sur cette île, j'imagine sans peine la blessure qui a lacéré le cœur de Ben Solo à jamais. Comment puis-je le blâmer d'avoir mal tourné, après tout ce qu'il a vécu ?
A peine quelques jours plus tôt, j'aurais été mal à l'aise d'éprouver ainsi de la compassion pour un homme comme lui, mais ce sentiment s'est dissipé aujourd'hui... Car mon épreuve dans la caverne du côté obscur m'aura aussi enseigné une chose : je suis bien plus proche de lui que je ne voudrais l'admettre. Pendant un bref instant, devant le miroir de glace, j'ai bien cru que c'était lui que le côté obscur allait me révéler... Ma famille de cœur, à défaut d'être ma famille de sang. Un jeune homme qui lutte, comme moi, en proie à un pouvoir immense qui l'effraie et qu'il ne comprend pas, qu'il craint de ne pouvoir maîtriser, qui suscite la peur dans tout son entourage...
Comment vivre avec cette partie de soi qui nous échappe ? Qui pourrait nous entrainer, à n'importe quel instant, d'un côté ou de l'autre du précipice ?
Oui, Kylo Ren a eu à affronter les mêmes épreuves que moi dans sa jeunesse, et elles l'ont détruit. Mal conseillé, abandonné, trahi et livré à lui-même au cœur de la tempête, comment aurait-il pu en être autrement ? Et pourtant, je refuse de croire que tout espoir est perdu pour lui...
Parce que je me reconnais tout simplement trop en lui. Son destin, ce pourrait être le mien, très bientôt. Je refuse de m'y résigner, pour lui comme pour moi. Il y a encore du bon en lui, je l'ai senti. Contrairement à Skywalker, il ne me voit pas comme un disciple à éviter, une élève qui pourrait mal tourner... Il me voit pour ce que je suis, tout simplement. Une jeune femme terrorisée par ce potentiel au fond d'elle. Assaillie de questions sans réponses. Infiniment seule.
Je ferme les yeux, les rouvre. Et soudain, le voilà qui est assis là. En tailleur en face de moi, comme si c'était la chose la plus naturelle au monde. Il n'a même pas l'air surpris. Je ne peux pas dire que je le sois non plus. La détresse au fond de moi l'a appelé, a hurlé son nom. A présent qu'il est là, toutes mes angoisses s'évanouissent, apaisées, car je n'ai plus à redouter le jugement de Skywalker ou de ma conscience. Kylo Ren est comme moi. Il me comprendra.
- Je suis entrée dans le côté obscur..., je murmure, sans crainte, revoyant instinctivement le rebord de la grotte conduisant à l'abîme.
Il m'écoute en silence. Je lui parle de mes parents, de mon enfance solitaire sur Jakku, de toutes ces nuits passées à regarder le ciel, apercevant de temps à autre les vaisseaux en partance pour d'autres mondes lointains, partagée entre l'appel de l'espace, et la nécessité de rester là à les attendre... Les mots s'écoulent de moi comme de l'eau. Je ne peux plus les retenir, pas plus que mes larmes : je n'essaye même pas. J'ignorais avoir tant besoin de parler depuis toutes ces années. Surtout à un homme comme lui. Je me confie dans tout ce que j'ai de plus intime, je lui avoue mes doutes, mes espoirs et mes peurs, mon profond sentiment de solitude et d'abandon, à l'ombre du moindre amour, sans avenir autre que cette promesse de retour, qui m'enchainait dans le sable de la planète désertique, et tout ça pour rien, pour rien, pour rien...
- Je pensais trouver des réponses, je sanglote enfin, lui racontant l'ultime confrontation devant le miroir de glace. Mais il n'y avait rien. Rien que moi. Je ne me suis jamais sentie aussi seule.
Je le dévisage alors que je lui livre enfin cette partie la plus vulnérable de moi. Comme je m'y attendais, il n'y a pas de jugement dans son regard. Ses traits si particuliers ne recèlent rien d'autre qu'une grande douceur. Cette douceur que je lui ai toujours devinée, et que je semble être la seule à percevoir... Ses yeux très noirs ne sont pas ceux d'un abominable seigneur Sith. J'y vois plus d'empathie et d'humanité que dans ceux de Luke Skywalker. J'y vois une âme, des sentiments, et un cœur.
- Tu n'es pas seule, murmure-t-il dans l'atmosphère confinée de la petite maison de pierres.
Et ces paroles me réchauffent, enfin. Plus que le feu qui brûle devant moi depuis des heures, ces quelques mots, à peine susurrés de sa voix si basse, pénètrent en moi et irradient jusqu'au creux de mes membres. Il dit la vérité. Je le mesure alors qu'elle prend corps en moi : je ne suis pas seule. Avec lui, au creux de la nuit, unis par notre secret, je ne suis pas seule.
- Tu n'es pas seul non plus, je réponds spontanément.
C'était plus fort que moi. Cela aussi s'est échappé de mes lèvres, comme une vérité universelle et absolue. Tant que nous sommes ensemble lui et moi, nous ne sommes plus seuls. Nous ne serons plus jamais seuls. Au milieu de cette guerre qui nous déchire tous depuis la nuit des temps : le côté obscur et la lumière, les Jedi et les Sith, le Bien et le Mal, Ben et moi, nous étions les élus, les porte-étendards de ces causes qui nous dépassent, de ces pouvoirs qui nous engloutissent, dissolvent notre humanité pour ne faire plus de nous que des symboles, condamnés à la solitude des héros. Mais plus maintenant. Ben et moi, nous ne sommes pas des héros. Nous ne sommes pas des Jedi, ni des Sith. Nous sommes des êtres humains. Un jeune homme et une jeune femme, perdus dans un conflit qui n'a plus le moindre sens. Nous nous cherchons dans cet ouragan qui nous emporte. La Force nous oppose, nous sépare, nous projette l'un contre l'autre dans une spirale infernale. On nous méprise, nous attaque, nous redoute, nous trahit, nous blesse, sans jamais chercher à comprendre ne serait-ce qu'une seule seconde qui nous sommes. Mais peu importe. Peu importe à présent que nous nous sommes trouvés. Dans le chaos de cet univers toujours en mouvement, Ben et moi sommes peut-être les deux seuls êtres au monde capables de nous comprendre l'un l'autre. Nous n'avons pas besoin de plus. Tant que nous sommes ensemble, nous sommes complets... Les deux moitiés d'un équilibre parfait. La Force dans son état le plus pur.
Je tends la main. Je n'ai même pas mesuré mon geste : il est comme une extension de ma pensée. Ben Solo fait de même. Nous n'osons pas nous toucher. Se toucher, cela changerait tout. Cela ferait basculer notre connexion mystique dans le domaine du physique. Abolirait la dernière barrière qui nous sépare, lui et moi, d'une union parfaite.
J'ai envie de le toucher. Lui aussi le veut, je le ressens. Ses pensées se font de plus en plus claires pour moi à mesure que nos peaux se rapprochent. Nous sommes tels deux grands félins, créatures dangereuses et gracieuses, indomptées, qui nous tournons autour dans un ballet mortel. Les flammes dansent en retour tout autour de nous. L'instinct au fond de moi, ce désir, ce besoin viscéral, la Force, me supplient de céder à nouveau et de m'abandonner sans crainte.
« C'est là que tu trouveras tes réponses », murmure la Force. « C'est là que cet abysse au creux de ton cœur sera enfin comblé. Son vide est égal au tien, il épouse les bords de ton âme : seule toi peut l'en guérir, et seul lui peut te compléter. »
Mon regard plonge dans ses grands iris noirs. Je n'y vois que confiance. Je n'hésite plus. Nos doigts se touchent, et c'est une épiphanie. Jamais dans mon existence tout entière, je ne m'étais sentie aussi sereine. Aussi à ma place dans cet univers. Pour rien au monde, je sais que je ne voudrais me trouver ailleurs qu'à cet endroit, dans cette minuscule cabane de pierres, sur une île rocheuse livrée aux éléments déchainés, trempée face à ce feu de cheminée, avec ce jeune homme en face de moi. Tous les fantômes de mon passé, tous les événements qui ont marqué ma misérable vie, toutes les infinies puissances de la Force, ont conspiré pour me conduire moi, Rey, ici à cet instant, la main de Ben Solo dans la mienne.
Il est mon centre de gravité, et je suis le sien. Mon soleil, la planète dont je suis le satellite, et nous dansons perpétuellement l'un autour de l'autre, unis par les lois de l'attraction.
J'en veux plus. Lui aussi : ses yeux, ses lèvres, tout me le crie. La distance qui nous sépare me devient soudain intolérable : je me jette en avant, comblant les milliards de kilomètres de néant dans nos deux existences, et me voilà prisonnière de son étreinte, prête à m'y sacrifier pour l'éternité.
Nos visages se joignent en un baiser passionné. C'est le prolongement naturel de ces forces qui entrelacent nos destins depuis si longtemps, avant même notre naissance. Les lèvres de Ben sont chaudes sous les miennes, pleines d'un amour auquel je n'aurais jamais osé aspiré. Je voudrais que ces lèvres m'embrassent partout. Je veux connaître chaque nuance de leurs baisers, leur saveur, les petits frissons de Force qu'elles éveillent partout où elles se posent...
Ben n'hésite pas. J'ignore s'il a la moindre expérience dans ce domaine où je suis si novice, mais cela ne m'arrête pas. Comme devant l'entrée de la caverne du côté obscur, je n'éprouve aucune peur. Rien qu'une infinie séduction, un danger qui m'attire au lieu de me repousser, et dans lequel je voudrais me plonger, avec la certitude d'en ressortir grandie.
Ben me déshabille. Mes doigts courent sur ses vêtements noirs, découvrent sa peau si pâle au-dessous, presque lunaire, ses membres fermes et déliés. Je ne me soucie pas de ma propre nudité. Elle fait partie de cette vérité que nous nous révélons l'un à l'autre, à chaque fois que nous sommes ensemble. Ben voit déjà au travers de mon âme, comme je lis dans la sienne. Quelle pudeur reste-t-il à avoir ?
Ses gestes sont doux lorsqu'il m'allonge sur le sol pour me prendre dans ses bras. A nouveau, je me sens à ma place, avec son corps lourd au-dessus de moi, qui prend soin de ne pas me faire mal, ses muscles qui luisent d'ombres et de reliefs à la lueur des flammes, et ses yeux qui brûlent d'un égal éclat.
Ben m'embrasse à nouveau, et je n'ai plus qu'un seul désir : qu'il s'unisse à moi, dans nos corps et dans nos âmes. Ses lèvres cartographient mon corps, semant une pluie de petits baisers sur les grains de beauté qui descendent le long de mon ventre, tels une constellation. Je n'ose le formuler à haute voix, mais je voudrais qu'il s'aventure encore plus loin, connaître la chaleur de ses lèvres sur mon intimité offerte.
Il voit clair en moi. Sa langue vient m'enflammer d'un plaisir que je n'aurais jamais soupçonné. A chaque seconde, je me sens plus claire, vive et forte, je touche à quelque chose de sacré, quelque chose au-delà de moi-même, que je comprends enfin. Ben est le sens qui manquait à mon existence. La réponse à ce manque qui a toujours hurlé en moi. L'amour dont je désirais tellement m'abreuver. Ses lèvres me picorent, avec la délicatesse d'une abeille, éveillant en moi une féminité et une sensualité que rien d'autre n'aurait jamais pu susciter. Pour la première fois de ma vie, je me sens entière. Je me sens belle. Pour rien au monde, je ne voudrais que cela s'arrête, sauf pour nous lier encore un peu plus l'un à l'autre si c'est possible :
- Viens, je lui murmure d'une voix rauque que je ne me connaissais pas.
Il revient m'embrasser, nos odeurs mêlées l'une à l'autre en un parfum délicieux. Je le sens prêt, gorgé de désir tout contre moi. Mes mains glissent le long de son dos si puissant pour l'encourager. D'une seule ondulation, nous sommes ensemble. Plus rien ne pourra jamais nous séparer. Ce que la Force a uni, rien ne pourra le défaire, peu importe les velléités du monde. Luke, Snoke, et le reste de la galaxie toute entière pourront bien essayer de nous déchirer, de nous affronter l'un contre l'autre. Mais je sais que l'instant que je suis en train de vivre en ce moment, à la lumière de ces flammes, dans l'intimité et le silence de cette humble cabane, restera gravé en moi pour toujours comme une brûlure salvatrice. Il en sera de même pour Ben. Je le regarde dans les yeux tandis qu'il me prend, haletant, fou de plaisir, d'amour et d'incrédulité, caressant mon corps comme celui d'une déesse vénérée, et je sais que le sceau qui nous rassemble désormais ne cédera devant rien.
Ben m'embrasse dans le cou. Son souffle effleure ma peau tandis qu'il fait appel à ce calme magnétique en lui, cette aura implacable qui me fascine, pour se contrôler le temps que je le rejoigne. Sans aucune crainte, je me laisse jouir entre ses bras, m'abandonnant à une vulnérabilité qui me dévaste, me révèle à moi-même et à lui. Je l'aime. Je ne le dirai peut-être pas avec des mots, mais la certitude est désormais acquise : je l'aime. Je voudrais connaître mille et une nuits comme celle-ci avec lui, partager tous ses songes, et ne plus jamais le quitter. Je veux être pour lui ce qu'il représente pour moi. Je veux le chérir et être chérie, loin de la guerre, du malheur et des doutes qui nous torturent.
Lui aussi me regarde dans les yeux lorsqu'il jouit enfin. Il se donne à moi, dans son entièreté. Aucun cadeau ne pourrait être plus précieux au monde.
Un long moment, nous restons ainsi, étendus l'un auprès de l'autre, dans une contemplation mutuelle, à la fois stupéfaits et terrassés par ce que nous venons de vivre. Comme au sortir de la caverne, je ne regrette rien. Je ne me sens pas coupable, car aucun mal n'a été fait. Au contraire. Depuis mon départ de Jakku, je crois qu'aucun de mes actes n'a sonné plus juste qu'à cet instant.
Malheureusement, Ben se montre le plus pragmatique de nous deux : devant le feu mourant, il m'encourage doucement à me rhabiller avant que le froid n'exerce à nouveau son emprise sur moi. L'heure de la séparation approche, mais je ne peux m'y résoudre. Quel avenir nous attend désormais ? Cet instant, notre instant hors du temps, touche à sa fin. Suis-je vraiment contrainte de retourner sur Ahch-To, sur cette île désolée noyée sous la pluie, avec Luke pour seul compagnon, sans but face au conflit imminent ?
Je devine sur le visage de Ben une angoisse égale à la mienne. Il tente malgré tout de me rassurer : à nouveau, nos mains se tendent l'une vers l'autre, à la recherche d'un contact que nous refusons de rompre, à jamais...
La cabane vole en éclats. Le monde se rappelle à nous, dans toute sa brutalité : Luke Skywalker nous aperçoit Ben et moi, et son regard est rempli de rage. Peu importe. Ben a disparu, mais je le ressens encore en moi, dans son odeur, la trace incandescente de ses baisers, et la chaleur au creux de mes cuisses. Toutes ces choses, rien ne pourra jamais me les enlever.
Car la Force est avec nous. |