Chapitre 13
Janvier - Février
Premières fois
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Dans le présent, 26 Janvier, Poudlard
Si Blaise avait été honnête avec lui même, il admettrait qu'en fait, il l'avait toujours su. Cette obsession pour Potter était loin d'être saine, et concernant Draco, le mot obsession était un euphémisme.
Blaise avait bien sûr remarqué, comme tout Poudlard, qu'ils avaient cessé de se battre après l'étrange bagarre qu'ils avaient eu en Septembre en sortant du vestiaire de Quidditch. En y repensant, le Serpentard s'était fait la réflexion qu'on aurait dit que son meilleur ami bandait. Et puis il s'était reprit en se disant que le crin de licorne lui montait à la tête : un Malfoy ne bande pas pour un Potter, n'est-ce pas ?
- Tu aurais dû être à Serpentard, dit-il à la Serdaigle qui lui faisait face.
Théo avait abandonné la mission après le fiasco du Bal de Noël. C'était une réaction très saine et typiquement Serpentarienne : Blaise ne lui en tenait pas rigueur. Il aurait fait la même chose à sa place. Mais Draco était son meilleur ami et il n'avait pas eu l'intelligence de Théo : il n'avait pas su, dès la première année, se tenir hors de l'aura Malfoyenne. La sphère Draco l'avait aspiré, et voilà que maintenant il se tenait dans une salle de classe vide à essayer de comprendre ce que racontait cette folle de Loufoca.
- Tu savais depuis le début qu'ils étaient... amants.
Il n'avait pas craché le mot avec dédain comme il l'aurait voulu. Il l'avait juste prononcé plus doucement que les autres. Parce que c'était Draco. Et Draco ne pouvait pas aimer quelqu'un d'autre que lui-même. C'était impossible.
- C'est pour ça que tu m'as entraîné dans ces histoires. Ce n'est pas pour faire retrouver la mémoire à Potter et Draco... C'est pour qu'ils se retrouvent...
Blaise détestait se sentir manipulé et, pire que tout, il détestait sentir que quelqu'un en savait plus que lui. Surtout quand ce quelqu'un le regardait gentiment à travers ses lunettes vertes.
Les gens s'étonnaient toujours du fait que Blaise ait été envoyé à Serpentard. Trop bavard, trop sympathique, trop bogosse, pour être parmi les Serpents. Mais ces gens ne l'avaient jamais vu énervé.
- Fini le temps des gentilles potions de mémoire, Luna, dit-il. On va faire les choses à ma façon, maintenant. On passe aux choses sérieuses.
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Samedi 30 Janvier, sur le chemin de la soirée d'anniversaire de Margaud Besnié
- Potter est vraiment devenu pas mal, lâcha Blaise, l'air de rien.
Draco l'ignora. Il était de mauvaise humeur -comme tous les jours depuis des mois- et marcher dans le froid pour se rendre à la soirée d'anniversaire d'une Gryffondor ne l'enchantait pas outre mesure. Margaud Besnié. Cette fille était un monstre de gentillesse et passait ses journées à sourire, faire des gâteaux et dessiner. C'était à vomir.
Mais ses amis avaient tous insisté -ça te fera du bien ! Ça te changera les idées !- et il avait accepté de leur faire l'honneur de sa présence pour qu'ils se taisent enfin.
Depuis le Nouvel an chez Harry Connard Potter, même Pansy était gentille avec les Gryffondors. "Londubat est sexy, et ils savent faire la fête !" répliquait-elle quand Draco la suppliait -non, lui demandait, un Malfoy ne supplie pas- d'aller voir un psychomage.
- Potter est devenu pas mal depuis qu'il s'habille comme Draco, mais Londubat a ce côté timide qui m'émoustille, répliqua Pansy.
Draco plissa le nez. C'est vrai que ce connard, depuis les vacances de Noël, portait les mêmes chemises que lui lorsqu'ils allaient en soirée.
- Et toi, Draco, tu en penses quoi ? Demanda Blaise innocemment.
- Plaît-il ? Répondit-il d'une voix froide.
- Potter, tu le trouves comment ?
- Je préférerai baiser le cadavre de Voldemort que toucher ce connard, répondit Draco d'une voix traînante.
Blaise soupira. C'était pas gagné.
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Première soirée
Samedi 30 Janvier 1999
Soirée d'anniversaire de Margaud Besnié, salle des fêtes, Pré-au-Lard
Harry avait renoncé à enquêter sur sa vie d'avant l'accident. Il avait les ASPICS et il devait se concentrer sur son avenir : avec Ron ils avaient passé la journée à remplir des formulaires pour l'inscription à l'Académie des Aurors.
De plus, il s'était évertué, tout le mois de Janvier, à essayer de réconcilier Ron et Hermione, sans grand succès. Il s'était retrouvé au milieu d'une guerre froide, tenant tantôt le rôle d'ambassadeur, de messager, de gardien de la paix.
Mais pourtant, les rêves continuaient, plus intenses et douloureux chaque nuit. Chaque nuit, Harry perdait quelqu'un. Il ne savait pas qui c'était. Il ne pouvait pas voir son visage. Mais au réveil il se souvenait très bien de la sensation qui le terrassait lorsque l'autre disparaissait sous les vagues.
Le lendemain du bal de Noël avait été le pire. Harry s'était réveillé avec la sensation qu'il avait dormi dans une machine à laver en mode essorage. Depuis, il portait tous les week-ends ces habits coûteux qu'il avait trouvés dans son armoire. Il affectionnait surtout les chemises grises et les pulls en cachemire. Certains avaient un parfum différent du sien, sûrement conservé grâce à un sort. Quand Harry plongeait le nez dedans, c'était comme si tout allait s'arranger, comme s'il ne pourrait plus jamais souffrir.
Il ne comprenait pas pourquoi l'autre ne s'était pas mis à sa recherche. Mais si l'autre était Gabriel, le moldu dont lui avait parlé Hermione, alors il ne savait peut-être pas que Harry était ici. Peut-être qu'ils se retrouvaient habituellement le week-end dans le Pré-au-Lard moldu et que comme Harry n'était pas venu au rendez-vous, l'autre avait cru qu'il l'avait quitté.
Peut-être qu'il y avait un autre cœur brisé que le sien tout près d'ici.
- Tiens, tiens. Voilà le miséreux et son pote le Balafré. On est là pour le buffet à volonté, Weaslaid ?
Ron fronça les sourcils. Malfoy ne l'avait pas insulté depuis des mois et au Nouvel An il s'était même montré plutôt sympathique. Alors pourquoi tant de haine ?
Même ses amis jetaient à Draco des regards étonnés.
- Qu'est-ce qu'il se passe Malfoy ? Je croyais qu'on avait enterré la hache de guerre, répondit Harry en lui tendant un verre.
- Il ne se passe rien, Potter, répondit Draco. Juste, je préférerai baiser un hippogriffe que boire un verre avec toi.
Et il partit s'installer à l'autre bout de la salle, suivi par ses amis.
- Putain, mais c'est quoi le problème avec ce type ? Il est bipolaire ou quoi ? Grogna Ron.
- Je ne sais pas, répondit Harry d'une voix tremblante.
Il ne savait pas pourquoi son cœur lui faisait si mal. Non. Il ne savait pas. Tout ce qu'il voulait c'était que ça s'arrête.
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30 Mai 1998, Dans le passé
Une semaine. Une semaine que Draco – Harry ne pouvait plus l'appeler Malfoy dans sa tête. Plus maintenant- l'avait embrassé, et Harry n'arrivait pas à se le sortir de la tête.
Il ne savait pas s'il allait venir aujourd'hui, comme toutes les semaines. Il ne savait pas. Mais il avait déjà prévenu Gabriel qu'ils auraient de la compagnie. Parce que Harry n'avait plus du tout envie de se mentir. Il n'avait plus du tout envie de passer ses samedis soirs sans Draco. Plus maintenant.
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Londres Moldu, restaurant
Draco se tenait bien droit et mâchait lentement sa feuille de salade. Le regard de Harry passa de Gabriel, qui était confortablement installé dans sa chaise, un burger dans les mains, au Serpentard qui l'écoutait poliment, hochant la tête de temps en temps. Il sourit. Il ne savait pas pourquoi Draco avait accepté de venir. Il avait l'air assez agacé au début, toisant Gabriel de haut en bas, répondant froidement à ses questions. Mais le russe avait commandé des bières pour tout le monde et le Gryffondor avait remarqué que les joues de son camarade de classe avaient pris quelques couleurs.
Ils terminèrent leurs repas et Draco insista pour payer. Quand il se leva pour aller aux toilettes, Gabriel se tourna vers Harry, un sourire jusqu'aux oreilles.
Tu es beau, songea le brun avec tristesse. Tu es beau, et il y a un mois j'aurais tout donné pour t'avoir dans mes bras. Mais c'était avant que l'autre connard débarque et que je ressente le besoin viscéral de lui arracher les vêtements.
- Ton ami est sympa ! Déclara le russe.
Sympa n'est pas le terme qu'Harry aurait employé pour qualifier Malfoy.
- Il est... intéressant, dit-il prudemment.
- Par contre, il regarde tout le monde comme si les gens étaient des merdes sur sa chaussure, ajouta son ami, pensif.
Si seulement tu savais.
- Je comprends que tu ais décidé d'arrêter de me séduire, déclara Gabriel en prenant une gorgée de bière. Tu as un bien meilleur feeling avec lui, ça crève les yeux.
Alors qu'Harry commençait à s'inquiéter de la santé mentale de son ami, Malfoy revint, l'air un peu moins guindé qu'au début du repas.
- Bon, Draco, on sort, ce soir ? Demanda Gabriel joyeusement.
Harry ferma les yeux, s'attendant à ce que Draco lance un avada sous prétexte que l'autre l'avait appelé par son prénom.
Il avait trouvé le blond assez sympa quand il était sorti de prison, mais son attitude de la semaine dernière lui avait rappelé un point essentiel : c'était un Serpentard, et avec les Serpentards, il fallait toujours faire attention.
- D'accord, susurra le blond, penché au dessus de Harry pour prendre son manteau - et rien d'autre - avec un sourire charmeur.
Harry sentit son souffle chaud dans sa nuque n'eut pas besoin de regarder la bosse sous son pantalon pour savoir que son sexe venait de se dresser.
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Harry savait que Gabriel avait comprit qu'il avait renoncé à le séduire, mais quand même ! Embrasser une greluche devant lui, comme ça, impunément !
Mais malgré sa colère, il ne pouvait lui en vouloir. C'était lui qui avait embrassé Gabriel. Les deux fois. Et il savait que le russe avait accepté de se laisser séduire pour lui donner une chance. Parce qu'il adorait Harry. Pas parce qu'il l'aimait. Parce qu'il avait envie d'essayer. Pas parce qu'il le désirait. Parce qu'il était curieux. Mais ça n'avait pas marché.
Et c'était Gaby. Il ne ferait jamais exprès de lui faire de la peine. Il était juste comme ça : à saisir les opportunités. Même quand les opportunités étaient des pétasses de 18 ans au parfum capiteux.
Harry buvait sa vodka pomme avec amertume quand il croisa un regard moqueur. Le Serpentard si peu à l'aise au restaurant était à présent entouré d'une cour de jeunes filles en fleur à qui il chuchotait des petites choses à l'oreille.
Harry fronça les sourcils. Décidément, il était le seul à ne plaire à personne. Il eu un rire mauvais. Il était venu ici avec les deux hommes qui l'avaient fait fantasmer ces derniers mois et il n'en avait eu aucun. Il bu le reste de son verre cul sec et décida d'aller sur la piste de danse.
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Draco alluma une cigarette et observa le moldu de Potter entraîner une fille vers un coin sombre. Il ricana. Il avait été surpris par l'invitation de Potter, mais il aurait été idiot de dire non : rien de tel que de rencontrer son rival pour l'évaluer et lorsqu'il s'était retrouvé face à Gabriel, il l'avait trouvé horripilant de gentillesse et de simplicité.
Mais au fur et à mesure de la conversation (et des verres de vin) il commençait à comprendre pourquoi Potter l'aimait tant : avec ce moldu, tout était simple. Il était gentil sans être bête, cultivé sans être pédant, drôle sans être lourd, sympathique sans être lèche-cul, et surtout, surtout, Draco n'avait décelé aucune lueur de jugement dans son regard. Avec lui, Potter pouvait être Harry, juste Harry.
Et Draco l'avait détesté pour cela. Il n'y avait qu'avec lui que Potter pouvait être lui-même.
Un lui même enragé, imprudent et sanguinolent mais quand même.
Mais maintenant le moldu venait de se mettre lui-même hors-jeu en embrassant la greluche devant Potter. Pas que Draco ait été inquiété le moins du monde : ce qu'un Malfoy voulait, il l'obtenait. C'était lui qui aurait la bouche de Potter, les mains de Potter, le cul de Potter, la... Hum.
Et puis il aurait été fâcheux de devoir tuer ce moldu en pleine boîte de nuit.
Il écrasa le mégot de sa cigarette dans le cendrier et bu une gorgée de vodka. Pas aussi bon que le whisky pur feu, mais ça faisait l'affaire. Il chercha Potter des yeux et serra la mâchoire quand il le trouva. Un connard -futur cadavre - était en train de danser avec son Harry.
Peut-on lancer un avada sans baguette ?
Il traversa la salle à grandes enjambées – heureusement que Narcissa n'était pas là, sinon même les basses n'auraient pas suffit à couvrir le son sa voix – et poussa le type sans ménagement.
- A quoi tu joues, Malfoy ? Maugréa Harry en se tournant vers lui.
- Je ne joues pas, Potter, répondit-il d'une voix rauque.
Et ses lèvres se posèrent sur les siennes.
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Première discussion importante
Dans le présent, 1er Février, 2h du matin
- Tu es sûr que tu peux rentrer seul Harry ? Tu tiens debout au moins ?
Le brun hocha la tête, tentant de se composer un visage plus digne.
- Bon... Tu m'envoies un patronus quand tu es arrivé ?
Ron n'était pas très convaincant dans le rôle de la mère poule. Mais Hermione était rentrée à 22 heures et c'était le devoir du roux, en tant que meilleur ami, de s'assurer que le héros du monde sorcier ne meure pas bêtement étouffé dans son propre vomi.
- Mouais.
- Fais-le hein ! Sinon je vais m'inquiéter !
Harry agita la main pour dire au revoir et poussa la porte. Il marcha dix minutes dans le froid et respira l'air frais avec délectation. Toute la soirée, il avait senti comme un poids sur sa poitrine, mais il avait essayé de s'amuser, de sourire, de plaisanter, parce que c'était l'anniversaire de Margaud, et même si cette fille avait un an de moins que lui et qu'ils ne s'étaient jamais beaucoup parlé, ses amis étaient inquiets pour lui et Harry voulait qu'ils arrêtent de le regarder comme ça.
Je vais bien, voulait-il dire. J'ai encore perdu l'amour de ma vie dans mon rêve cette nuit, mais sinon tout va bien.
Il arriva devant l'enceinte de Poudlard et posa la main sur la grille. Depuis la guerre, le Professeur McGonagall avait instauré une reconnaissance digitale magique sur le portail. Quiconque n'était pas élève ou professeur de cette école ne pouvait pas entrer.
Harry se sentait seul. Il porta le col de sa chemise jusqu'à son nez et le renifla en fermant les yeux.
Reviens, supplia t-il. C'est pas grave pour la liste. J'ai été con quand je l'ai découverte. Pardon. Tant pis si t'as l'air d'être un connard ennuyeux et méprisant. Qui que tu sois, reviens. J'ai besoin de toi.
- Tiens, tiens, tiens. Potter bourré. La grande classe.
Harry sentit son cœur se serrer.
- Pourquoi ? Souffla t-il en levant la tête.
Malfoy était appuyé contre un arbre et le toisait avec un sourire méchant.
- Pourquoi quoi Potty ? Dit-il en allumant une cigarette.
- Pourquoi tu me détestes comme ça ? Je croyais qu'on avait fait une trêve depuis ton procès.
Les prunelles orageuses se rétrécirent.
- Ne parle pas de mon procès, Potter.
- Qu'est-ce que je t'ai fais ? Murmura Harry d'une voix suppliante. Quoi que j'ai fais, je m'excuse, Malfoy.
- Tu plaisantes j'espère ? Gronda le blond en s'approchant de lui, pour le frapper sûrement.
- Non. Je ne comprends pas pourquoi tu me détestes autant, répondit le Gryffondor d'une voix faible.
Draco se rapprocha en plissant les yeux. Malgré la faible luminosité, Harry pouvait voir ses poings se serrer. Il se demanda si l'autre allait le mordre.
- Je ne te détestes pas, Potter, susurra t-il à son oreille. Tu n'es rien pour moi. Tu pourrais crever ici, tout de suite, que ça ne me ferait rien.
Harry cligna des yeux. L'odeur. C'était la même odeur que sur sa chemise grise, et que sur son cachemire. L'odeur. C'était celle de Malfoy.
Dans le passé, 5 Juin, 19 ans de Draco Malfoy
Draco jeta un regard noir à Gabriel qui venait de poser un autre verre devant lui.
Putain de moldu alcoolique, songea t-il.
- Allez Draco ! C'est ton anniversaire quand même ! Fit l'autre avec un grand sourire.
Draco avala le liquide d'un trait. Et dire qu'il passait sa soirée d'anniversaire avec Potter et un moldu. Son père lui arracherait la tête s'il savait ça.
Mais son père n'était pas là. Son père n'était pas là pour son anniversaire. Draco venait d'avoir dix-neuf ans mais c'est comme s'il en avait cent. Il fêtait son anniversaire sans ses parents, comme un vrai adulte. Et ce connard de Potter qui avait disparu depuis au moins une heure ! Pas que Potter soit son meilleur ami ou encore moins son petit ami, mais c'était la personne qu'il voyait le plus en ce moment, et un peu de réconfort n'aurait pas été de trop ! Mais non, Monsieur Potter devait avoir d'autres âmes en peine à sauver. Il avait bien essayé de le chercher dans le fumoir, dans les toilettes, mais il s'était senti ridicule. Courir après un connard à binocles, ce n'était vraiment pas son genre. Draco se sentait terriblement seul.
Il sentit les larmes monter et sortit de la boîte à grandes enjambées. Les Malfoy ne pleuraient pas, et surtout pas devant les moldus.
Il accueillit l'air frais comme une bénédiction. Il ferma les yeux et prit une grande inspiration. Soudain, il sentit une main sur son épaule.
- Je suis désolé, je vous ai cherchés partout mais il y a un monde fou dans cette boîte, et... Tu pleures ?!
- Les Malfoy ne pleurent pas, Potter. Mêle toi de ce qui te regarde, répondit-il froidement.
- Mais Draco...
- La seule raison que j'aurais de pleurer est que tu m'as traîné dans cet endroit minable pour mon anniversaire et que la vodka que me paye ton pote depuis le début de la soirée a le goût de la pisse de dragon !
- Tu peux me parler, tu sais.
- Tu es psychomage en plus d'être sauveur du monde sorcier ?
- Non, mais...
- Où étais-tu d'abord ? Ça fait une heure que ton moldu me soûle, et ce dans les deux sens du terme !
- Je suis désolé, je...
Draco se tourna vers lui et le foudroya du regard. En croisant les prunelles grises, Harry comprit soudainement.
- C'est ton père, n'est-ce pas ?
- ...
- Viens, fit le brun en lui prenant la main.
Il l'entraîna dans un recoin derrière un arbre, à l'abris des regards. Ça sentait les fleurs et le début de l'été. Draco leva la tête et contempla les lampions colorés.
- C'est juste que je n'ai jamais passé un seul de mes anniversaires sans lui... Commença t-il d'une voix faible.
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Premier cadeau
10 Février, Poudlard
Harry trimbalait maintenant ce cachemire comme un doudou. Il évitait soigneusement les questions de Ron – Hermione étant tout le temps le nez dans un livre, ils s'adressaient à peine plus de dix phrases par jour – en lui parlant de ses séances chez la psychomage (chez qui allaient aussi Ginny et George, ce qui était un peu gênant en fait).
Harry avait été poussé par le Professeur McGonagall à aller voir le Docteur Mur. Malfoy, lui, avait refusé tout net d'y aller. C'est dommage parce que le brun aurait bien aimé l'y croiser. Ils ne se voyaient presque jamais en ce moment, sauf en cours mais le Serpentard évitait soigneusement son regard. Harry aurait bien aimé lui poser des questions au sujet de son parfum : où est-ce qu'il l'avait acheté, est-ce qu'on le trouvait dans toutes les boutiques ?
Il avait farfouillé dans ses affaires mais n'avait trouvé aucun signe de Gabriel. Aucune adresse, aucun numéro de téléphone. Même pas une lettre, un mot d'amour. Rien à part un bracelet en argent elfique, mais ça ne pouvait pas être un cadeau d'un moldu, n'est-ce pas ? Ou alors Harry lui avait révélé qui il était, ils étaient allés sur le chemin de Traverse ensembles, et Gabriel lui avait offert le bracelet ? Mais dans ce cas-là, Gabriel savait où le trouver. Alors ça voulait dire qu'il l'avait quitté. Harry ne pouvait pas faire de recherches. Il ne pouvait pas prendre le risque d'être rejeté.
Il manqua la marche et dévala l'escalier sur les côtes. Il retint un gémissement de douleur quand sa tête heurta le sol pour la dernière fois.
Il entendit un "HARRY !" et Neville se jeta sur lui, hurlant des "Episkey" sur son nez en sang.
Clap, clap, clap.
Il releva les yeux et vit Malfoy qui applaudissait avec ferveur. Le blond s'autorisa même un petit rire mauvais.
- Sympa le numéro de l'ascenseur, Potter. Quoi que la prochaine fois, si tu pouvais te tuer sur le coup, ce serait mieux.
Neville sortit sa baguette et lui jeta un regard noir.
- Dégage, Malfoy, siffla t-il entre ses dents.
Harry porta la main à une côte douloureuse.
- Oh, mais tu as fais tomber ton doudou, Potter ! S'exclama joyeusement le Serpentard en ramassant le cachemire de Harry. Il le déplia, prêt à faire une remarque sur l'état du vêtement, mais se figea quand ses yeux virent l'étiquette.
Là, en tout petit, sur le coin, à droite, il fixa ses initiales, brodées avec du fil vert.
D.M
Pourquoi ?
Il lâcha le vêtement, tourna le dos à Potter et s'éloigna en tremblant.
Neville le regarda partir et secoua la tête.
- Putain, ce type est bipolaire ma parole. En Octobre il me parlait comme si j'étais son pote et là... j'étais à deux doigts de lancer un impardonnable, grogna t-il en soulevant Harry. Allez mon pote, allons voir Pompom.
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Dans le passé, 15 Juin, Terrasse d'un café, Londres moldu
Être l'ami de Potter était une situation somme toute confortable. Draco n'avait pas à se plaindre, à part du fait qu'il devait supporter les babillements de Potter sur ses merveilleux autres amis – mais chaque situation a ses désavantages-.
Ils n'avaient pas reparlé de leur baiser en boîte de nuit, mais Draco, malgré son "plan conquête" du soir du restaurant, n'en souffrait pas plus que ça.
Il avait envie de Potter, bien sûr. Il avait envie de ses mains, ses lèvres, sa peau, sa... Bref. Il avait envie de lui, mais il n'avait pas envie de tomber amoureux. L'amour ça rendait idiot. L'amour ça rendait faible. Et Potter était indéniablement le genre d'abruti qui avait envie de tomber amoureux. Potter ne se contenterait pas d'un coup d'un soir. Dîner aux chandelles, fleurs, tout ça tout ça... Beurk.
Peut-être que Potter devrait mieux finir avec le Moldu finalement, parce que Draco n'était pas du tout psychologiquement – ni physiquement, ni quoi-que-ce-soit-ment prêt à assumer ça.
Il pourrait très bien se le taper puis lui dire de dégager de son lit, mais il n'était pas sûr qu'après ça Potter voudrait bien être son ami. Et Draco avait besoin que Potter soit son ami. Parce que Draco voulait que son père sorte de prison et que sa mère soit heureuse.
Il gardait donc sa queue bien au chaud dans son caleçon en fantasmant hard quand Potter faisait des trucs sexy – et il faisait beaucoup de trucs sexy-.
Draco n'était pas lâche. Il était prudent. Il n'avait pas peur. Il évaluait la situation avant de se lancer.
Ils ne parlaient plus du "contrat" depuis leur baiser, même si Gabriel semblait rester omniprésent dans la vie de Potter. Parfois Draco avait envie de faire entrer son poing droit en collision avec la mâchoire du russe, mais c'était une réaction tout à fait saine pour un ami, n'est-ce pas ?
lls n'avaient donc plus de "but". Ils ne faisaient plus de plans, et Draco ne pensait plus qu'être avec Harry était comme avec Théo quand ils faisaient des plans pour emmerder ces dégénérés de Gryffondors.
Mais Draco se surprenait parfois à penser que ce n'était pas si désagréable que ça de boire une potion d'apparence et de se balader dans Londres avec Potter. Ils allaient au parc, au cinéma -Draco adorait le cinéma-, au théâtre, à la librairie, au café.
Potty lui parlait de livre et Draco lui parlait de musique. Ils s'allongeaient dans Hyde Park et regardaient le ciel. Des fois, leurs bras se frôlaient, et Draco était troublé, mais c'était sûrement parce qu'il n'était pas habitué au contact physique.
Ce matin là, quand il vit que Potter avait froid à la terrasse du café, il lui tendit son pull sans l'ombre d'une hésitation.
- Tu es sûr ?
Draco leva les yeux au ciel. Que les Gryffondors sont pénibles, parfois.
- Oui, prends le, Potter.
- Merci. Il sent bon.
- Evidemment qu'il sent bon Potter ! S'indigna t-il.
- C'est quoi ton parfum ?
- Je ne porte pas de parfum. C'est mon odeur naturelle, affirma Draco en levant le nez.
Il ne pu réprimer un sourire quand Potter porta le pull à son nez en fermant les yeux.
Il est quand même mignon, ce con.
- Garde-le si tu veux, dit-il malgré lui.
Mon cachemire ! Mon magnifique cachemire, brodé, avec mes initiales !
Ta gueule, putain.
Les yeux de Harry s'écarquillèrent de plaisir.
- Merci.
Et Draco ne savait pas pourquoi, mais il avait envie de sourire bêtement – juste envie, les Malfoy ne sourient jamais bêtement- et une douce chaleur se propageait au niveau de son estomac. C'est ce qui se passe quand on fait plaisir à un ami, non ?
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Première fois
Dans le présent, 29 Février, Poudlard, 8 heures du matin
- Tu es sûr de toi ?
Putain, cette fille lui filait les jetons. Elle lui parlait mais au lieu de le regarder dans les yeux, elle regardait derrière lui, comme si un fantôme flottait dans son dos.
- Sûr et certain. C'est une potion qui ne demande pas d'ingrédients trop difficiles à se procurer, mais qui est longue à préparer. Trop longue. On n'a pas le temps, Luna. Et puis ce mec avait l'air réglo. Tu en mets un peu dans le verre de Potter et moi dans celui de Draco, d'accord ? Mais pas avant midi. L'entraînement n'est que ce soir, je ne veux pas qu'ils se jettent l'un sur l'autre avant.
- Ok.
- Ils vont baiser comme des lapins, et se rendre compte qu'ils adorent ça ! C'est un super plan. Ça va marcher, tu vas voir, Luna.
Journal d'un Gryffondor, 29 Février
J'ai pris un peu de potion d'apparence et j'ai vendu à Zabini une potion de colère au lieu d'une potion de désir. Je sais pas pourquoi ce type est à Serpentard et moi à Gryffondor. Il devrait quand même savoir qu'acheter des potions à des inconnus dans la rue, ce n'est pas le top niveau sûreté. Mais bon. On va bien rigoler.
29 Février, Poudlard, 23h, salle sur demande
- Bordel, Luna, ils se sont tellement battus que Draco est toujours inconscient !
- Mais... la potion de désir ?
- Était visiblement ratée ! Ou alors le mec m'a assuré que c'était une potion de désir pour me refiler sa came merdique ! C'était juste une potion de colère ! Quel connard !
Les Serpentards ne crient pas. Les Serpentards ne montrent pas leurs émotions. Mais Blaise Zabini venait d'envoyer son meilleur ami et son amant présumé à l'infirmerie pour une bonne semaine. Il avait ses excuses.
- Peut-être qu'on devrait juste laisser faire les choses, Blaise.
- Quoi ?!
- Tout ce que l'on entreprend rate. Peut-être que s'ils doivent vraiment se retrouver, ça se fera naturellement.
Si Blaise laissait parler sa nature profonde là tout de suite, il étranglerait cette fille.
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Nuit du 24 au 25 Juin, Londres Moldu, dans la rue devant une boîte de nuit
Un mois. Un mois que Draco l'avait embrassé comme si sa vie en dépendait, dans cette boîte de nuit moldue, un mois qu'ils continuaient de se voir mais que le blond n'avait fait aucun geste, lancé aucun regard, qui suggérait qu'il avait envie de réitérer l'expérience.
Il était bourré, songeait parfois Harry avec amertume.Il était bourré, sinon comment un mec comme lui pourrait vouloir d'un mec comme moi ?
Il jeta un regard moitié langoureux moitié désespéré au Serpentard qui se trémoussait sur la piste, entouré d'un petit groupe de filles qui le dévoraient des yeux.
Fais gaffe à ton verre, Malfoy, tu risques d'ingurgiter des roofies ce soir, pensa t-il, hargneux.
Les Gryffondors sont courageux, certes, mais pas suicidaires. Harry n'allait pas se jeter dans les bars du Serpentards et prendre le risque de l'effrayer et de ne plus jamais le revoir.
Parce que ça, il ne le supporterait pas. Ce petit con de Malfoy faisait partie de sa vie maintenant. Il avait prit possession de sa conscience morale d'abord, puis de son corps, puis de ses rêves, et maintenant de ses pensées... Et Harry ne serait pas contre le fait qu'il prenne possession d'autre chose.
- Qu'est-ce qu'il y a Potter, tu enterres ton elfe de maison ou quoi ?
Harry se tourna vers le Serpentard qui lui souriait, narquois, et lui jeta un regard courroucé.
- Parle pas si fort, Gabriel va t'entendre ! Siffla t-il.
Le blond haussa un sourcil amusé et se tourna vers le russe qui était en train de négocier avec le barman pour avoir plus d'alcool que de diluant dans son verre.
- Je pourrais me transformer en dragon et cracher des doxys volants que ton moldu ne verrait rien, répondit-il de sa voix traînante. Il était tellement bourré qu'il a commencé à me parler en russe, tout à l'heure.
Harry lui jeta un regard courroucé. Gabriel n'était pas bourré, il était joyeux.
- Si tu veux mon avis, reprit le blond, ce mec n'a pas besoin d'être un sorcier pour être magique. Il suffit de lui donner une bouteille d'un alcool fort – n'importe lequel, il est comme Weaslaid, il n'est pas difficile – et le type nous vend du rêve toute la soirée.
Harry jeta un coup d'œil à son ami qui entretenait maintenant une relation tumultueuse et passionnée avec son verre de vodka et hocha la tête en souriant.
- En même temps, je ferais la même chose si je devais supporter tes sarcasmes toute la soirée, hasarda t-il.
Le blond le regarda, vexé. Il s'approcha dangereusement de Harry et se pencha pour lui parler à l'oreille :
- Tu n'apprécies pas ma présence, Potter ? Je peux partir si tu veux.
Le Gryffondor déglutit. Il faisait chaud dans cette boîte de nuit, par Merlin. Il se senti rougir, et ce n'était pas à cause de l'alcool.
Le blond lui lança un sourire goguenard et recula d'un pas, une petite lueur de victoire dans les yeux. Harry avait envie de le mordre.
Putain de connard sexy.
- Je vais fumer, annonça le blond en lançant un regard blasé sur la foule de gens sur la piste.
Harry acquiesça et le suivit dans la foule, les yeux fixés sur cette nuque pâle qu'il avait envie d'attraper, d'embrasser, de mordre, de lécher...
Bref.
Draco poussa la porte, fit quelques pas dans la cour et alluma une cigarette. Harry n'aimait pas l'odeur des clopes, mais, par Merlin, de ce mec, il accepterait n'importe quoi.
Il croisa les prunelles grises et lui adressa un sourire timide. Il se sentait gauche, comme ça, au milieu de fumeurs, sans clope à la main, à regarder ce mec comme s'il allait le dévorer.
- Pardon !
Une fille venait de le bousculer. Harry vacilla et sentit son verre éclabousser sa chemise, ses avant-bras, son menton.
Draco le regarda, amusé. Il sortit un mouchoir de sa poche et le tendit à Harry.
- Un type malingre, décoiffé, qui pue la bière, commenta t-il de sa voix traînante. Pas de doute, ce soir, tu vas chopper, Potter.
Harry remarqua l'emploi de l'expression moldue typique de Gabriel et sourit. Il attrapa le mouchoir de Malfoy et commença à se frictionner les bras en grommelant des commentaires peu élogieux sur les Serpentards.
- Par Salazar, Potter, t'en as aussi sur le menton, souffla Malfoy d'une voix blasée. On t'a pas apprit à te nettoyer, chez les moldus ?
Et il lui arracha le mouchoir, saisit son menton de la main gauche et tapota le tissu sur sa mâchoire.
Potter releva la tête et Draco déglutit en croisant son regard. Cet abruti était adorable avec sa chemise tâchée et son air agacé.
Lentement, sans cesser de le regarder, le Gryffondor saisit le poignet de Draco et y posa un baiser, puis un autre. Puis il sortit une langue rose et lécha le poignet pâle.
- Et merde, marmonna le blond, puis il franchit la courte distance qui les séparait et ses lèvres vinrent écraser avec force sur celles du Gryffondor.
Harry gémit de surprise et plongea ses mains dans la chevelure soyeuse du Serpentard. Son odeur -sa délicieuse odeur- l'envahit et il engouffra sa langue dans la bouche du blond qui s'empressa de le plaquer contre le mur.
Il y avait sûrement des gens autour d'eux. Il y avait sûrement de la musique. Il y avait sûrement Gabriel qui se demandait où ils étaient passés. Mais Harry n'en avait cure. Il ne pouvait penser à rien d'autre que la langue de Draco, les mains de Draco, l'odeur de Draco, les bras de Draco, les lèvres de Draco, la... hum... l'érection de Draco contre sa hanche.
- Mmm...
Ce type allait le rendre fou. Il avait son corps collé contre le sien, ses mains dans ses cheveux, sa langue dans sa bouche, mais il en voulait plus. Il le voulait en lui, sur lui, autour de lui. Il voulait crier son nom et qu'il crie le sien.
- Fais-nous transplaner, Potter, grogna Draco.
Harry se détacha de lui à regret et acquiesça. Il lui prit la main, sortit de l'enceinte de la boîte de nuit, et l'entraîna dans une rue un peu à l'écart. Il sortit sa baguette et quelques secondes plus tard, ils atterrirent sur le palier du Square Grimmaurd.
- Et Gabriel ? Souffla Draco.
Harry écarquilla les yeux, agacé.
- Quoi, tu veux qu'il vienne aussi ? Siffla t-il.
- T'es con, fit le Serpentard en levant les yeux au ciel. Mais il faut le prévenir, c'est ton ami.
- Je ne te savais pas si prévenant, grommela Harry en se détachant de lui à regret.
- Il paye toujours des verres, répondit le blond en haussant les épaules.
- Je me disais, aussi, railla le Gryffondor.
Mais malgré lui, il se sentit soulagé.
Il sortit son portable et écrivit un rapide : "Draco avait trop bu, on est rentrés, à demain".
Ce fut laborieux car, déjà, il avait trop bu, mais également parce que les mains du Serpentard s'étaient glissées sous son t-shirt et sa tête dans son cou, et qu'il s'évertuait à embrasser chaque centimètre carré de sa peau.
Il grogna et ouvrit la porte d'entrée, tira le poignet du serpentard et le plaqua contre le mur. Draco gémit, de douleur ou de plaisir, il n'en savait rien.
Soudain, Harry fut prit d'un doute intense ; et s'il n'était pas à la hauteur ? Il n'avait jamais rien fait avec un garçon, mais ce n'était sûrement pas le cas de Malfoy.
Il n'eut pas le temps de s'interroger plus longtemps car les mains du blond venaient de déboutonner son pantalon et de s'engouffrer dans son caleçon.
- Ahhh... Gémit-il.
Le blond prit son sexe en main et commença à faire de lents mouvements de va-et-vient.
Harry laissa échapper un feulement et se mordit la lèvre. Il avait la main de Draco Malefoy autour de lui.
Draco plongea dans le cou du Gryffondor et tenta de calmer son petit cœur. Il était en train de branler Harry Potter. Harry Potter ! Son sexe était lourd et chaud dans sa main, le Gryffondor s'accrochait à son cou en gémissant, et Draco ferma les yeux et se demanda s'il allait mourir maintenant.
Respire, Draco. Respire.
Il détacha à regret ses lèvres de la peau brûlante de Potter et le regarda.
- Tu veux continuer ? Souffla t-il.
S'il dit non je le viole.
- Putain, oui ! Grogna Potter, le tirant à travers le salon, jusqu'au canapé.
Il déboutonna lentement la chemise du blond et la fit glisser par terre. Malfoy se laissait faire et Harry déglutit, admirant le torse soyeux, les épaules larges, la peau dénudée. Il défit la ceinture, inspira un grand coup et descendit la braguette, puis le pantalon sur les chevilles. Il jeta un coup d'œil à la bosse sous le caleçon noir et se sentit rougir. Il se mit à genoux et débarrassa Malfoy de ses chaussures, fit glisser le pantalon par terre et posa ses lèvres partout, absolument partout, remontant le long des genoux, des cuisses...
Il leva la tête et croisa les prunelles orageuses. Malfoy se tenait droit, comme si c'était la situation la plus normale au monde, soutenant son regard.
Putain. Ce mec méritait vraiment qu'on lui voue un culte.
Harry posa des lèvres hésitantes sur le sexe dressé, à travers le tissu, et entendit le Serpentard gémir. Il sentit Malfoy relever doucement le bassin pour l'inciter à continuer et attrapa le caleçon à deux mains pour le faire glisser, révélant ainsi le sexe gorgé de sang.
Si Harry avait eu peur de se retrouver face à lui dix minutes auparavant, maintenant il le trouvait parfait. Parfait pour lui. Timidement, il posa ses lèvres dessus, arrachant un gémissement au blond.
Brusquement, il eu envie de le goûter. Il sortit une langue mutine et lui fit parcourir la longueur de la verge, et Malfoy étouffa un juron. Putain, il avait bon goût. Harry avait envie de plus. Comment sucer un mec ? Comment est-ce que j'aimerais que Malfoy me suce ? Cette simple pensée lui comprima l'estomac et il hoqueta. Il prit le sexe en bouche, jouant avec sa langue, le parcourant avec plaisir, écoutant les râles étouffés de Malfoy. Il sentit ses dents cogner contre la peau et le blond grogner de douleur. Fais-attention, Harry.
Il glissa alors une main sous les bourses et les malaxa tendrement. Il eut envie de pousser le sexe plus profond dans sa gorge, mais son corps réagit et il eut soudain envie de vomir.
- Doucement, Potter, je ne voudrais pas étouffer le héros du monde sorcier.
Harry sourit. Le sarcasme était toujours là mais la voix de Malfoy était étrangement voilée.
Putain, ce mec était vraiment bandant.
D'un coup brusque il fit asseoir Malfoy et se positionna à califourchon sur lui. C'était étrange d'être comme ça, parce qu'avec Ginny c'était elle qui se mettait dans cette position. Mais pour Malfoy, il resterait volontiers comme ça toute la nuit. Bordel, il le sucerait dans le hall du ministère si le blond le lui demandait.
- Tu as beaucoup trop de vêtements, grogna le blond en le saisissant par la taille et en le faisant basculer sous lui.
Harry frémit en sentant l'érection de Malfoy contre la sienne, mais se laissa déshabiller, impatient de sentir la peau nue du Serpentard contre son propre corps.
Ce con avait trop de vêtements. Beaucoup trop de vêtements. Draco était à la fois pressé et patient, il voulait découvrir ce corps qu'il n'avait vu que dans la pensine, et en même temps, c'était Harry, et il avait envie de découvrir chaque parcelle de sa peau, petit à petit, comme un trésor.
Ses gestes étaient tremblants, sa respiration hachée. Est-ce que l'autre s'en était rendu compte ? Il croisa le regard émeraude et sentit son cœur s'accélérer malgré lui.
Reprends toi Draco. C'est juste un mec.
Non. Ce n'était pas juste un mec. C'était Potter, bordel.
Il s'arrêta lorsque ce fut le tour du caleçon de Potter, mais celui-ci le regardait avec une sorte de lueur de défit au fond des yeux. Draco déglutit et fit glisser le tissu le long des cuisses. Une fois le tissu à terre, il s'autorisa un coup d'oeil. Putain.
Il en avait vus des mecs nus, au vestiaire de Quidditch ou même les quelques garçons avec qui il avait fait des expériences quand il était gamin. Mais ça... ça, ce n'était pas comparable.
Bordel. Il sentit son corps frissonner.
- Je n'ai jamais fait ça avant, fit la voix hésitante de Potter.
- Quoi donc ?
Il sentit le corps sous lui se tendre, et Potter lui jeta un regard courroucé, comme pour le défier de ce moquer.
- Tu sais bien... Je n'ai jamais couché avec un mec.
- Et ?
- Non, je voulais juste que tu le saches, vu la réputation que tu te traînais à Poudlard... vas-y doucement.
Draco pencha la tête sur le côté, étonné.
Il savait que Potter avait découvert ses préférences sexuelles cette année, notamment avec Gabriel Connard Moldu – il n'était pas jaloux, les Malfoys ne sont jamais jaloux – mais il ne pensait pas qu'il se confierait à lui comme ça, impunément. Les Gryffondors sont vraiment courageux.
- Moi non plus, tu sais, s'entendit-il dire malgré lui.
Les émeraudes s'écarquillèrent.
- Toi non plus ?
Mais oui vas-y Draco, raconte lui donc ta vie. Pourquoi ne lui parlerais-tu pas de quand tu as perdu ton ours en peluche ?
- Entre Voldemort et Azkaban, j'ai été assez occupé ces derniers temps, répondit le blond en souriant narquoisement.
Bordel, mais pourquoi est-ce qu'il lui confiait ça ? Se justifier, c'est faiblir. Mais il avait intercepté la lueur de méfiance dans les yeux verts, et ne voulait pas que pour sa première fois avec un homme, cet homme le regarde comme s'il allait lui lancer un impardonnable dans les cinq prochaines secondes.
Mais Harry n'écoutait plus. Sa vue était saturée de Draco, les cheveux ébouriffés, les yeux brillants de désir, la peau nue, au dessus de lui, venant de lui dire qu'il n'avait jamais couché avec un mec non plus.
- Baise moi, souffla t-il d'une voix brisée.
25 Juin, Square Grimmaurd
Draco se réveilla le premier. Il sourit devant la vision de Potter endormi. Ce con avait les cheveux encore plus ébourrifés que de coutume. Il se leva et farfouilla dans les vêtements de Potter pour se couvrir. Il porta un sweat à son visage et ferma les yeux.
Ça sent son odeur, songea t-il avec tendresse.
Il se figea, horrifié.
Bordel, qu'est-ce que tu m'as fait, Potter ?
ooooo
Ce chapitre des "premières fois" a été le plus difficile à écrire, parce que l'alternance passé/présent maltraite mes neurones, mais finalement je suis assez fière de ce que j'ai fais. Je ne sais pas trop ce que vous en pensez :)
J'étais triste d'écrire ce chapitre, je ne sais pas si la scène de l'arbre et du reniflement de chemise vous a brisé le coeur à vous aussi, mais franchement moi ça m'a vraiment attristée ! J'essaie de me consoler en me disant que c'est moi l'auteur et qu'ils se retrouveront quand je le voudrais !
Ce chapitre est trop long à mon goût, depuis que j'ai décidé de regrouper mes chapitres je n'arrive plus à en écrire des courts.
Pas de Ginny dans ce chapitre, avouez que vous êtes contentes ! :D
Bisous |