CHAPITRE 5
DANS LE PASSE
NB : Ce chapitre est le dernier au passé, et la fin du chapitre est au présent
Le 25 Mars 1998
Journal de Harry Potter
Hier, il s'est passé quelque chose d'étrange avec Gabriel. Mais je ne sais pas, je n'ai pas envie d'y penser. Ca ne fait pas très longtemps que Ginny et moi avons rompu, et ma récente découverte quant à mes inclinations … (Ok, le stress me fait écrire comme dans les grimmoires vieux de 500 ans, flippant). Bref, je ne sais pas trop ce qu'il s'est passé avec Gabriel, tout ce que je sais c'est que, très très très ivres, tous les deux dans la rues, on s'est embrassés.
Récit
- Tu as peur ? Demanda Harry.
Ils étaient assis face à face, Harry sur la chaise, Draco sur son lit, depuis dix minutes. Dix minutes de silence total, à se geler dans cette maudite pièce, à éviter le regard de l'autre.
Draco répondit, l'air faussement détaché :
- Il est pas mal, finalement, ce livre que tu m'as prêté.
- Tu as peur ? De sortir de prison, je veux dire.
- C'est un ami moldu qui te l'a conseillé, c'est ça ? Pas mal du tout. Je ne savais pas que tu avais des amis moldus.
- Bon sang, Malefoy...
- J'ai lu les six premiers chapitres cette nuit. Je ne savais pas que les moldus pouvaient écrire de si belles choses.
- Mais tu vas répondre, oui ? On ne parle pas de ça !
- C'est tout de même un honneur que je lui fais, à ce moldu, de lire son livre. Bien sûr, il ne le sait pas, le malheureux !
- TU AS PEUR OUI OU NON ?
- Rappelle moi, pourquoi est-ce tu es ici déjà ? Pour me rendre fou ? Parce que je crois que tu es proche du but !
- Tu as peur, Draco ?
- Potter, est-ce que j'aurais, par mégarde, laissé entendre que tu as le droit de m'appeler par mon prénom ?
Silence.
- Pardon.
Et pour répondre à ta question : Qui es-tu au juste, mon psychologue ?
- Non, mais je me disais juste qu'à ta place, j'aurais peur.
- Non mais attends, ce n'est pas parce que je tolère ta présence à mes côtés que nous sommes les meilleurs amis du monde et que je vais te raconter tout ce qu'il se passe dans ma tête, est-ce bien clair ?
- Ok, ok.
Harry se leva et se dirigea vers la porte.
- Qu'est-ce que tu fais, bong sang ?
- Ben je m'en vais, si ma présence t'importune tant.
Soupir.
- Non, mais...
- Mais quoi ?
- Non, mais reste.
Le 26 Mars – 9 heures du matin
Journal de Draco Malefoy
J'aimerais bien que Potter arrête d'envahir les magazines. Chaque matin je me lève, je bois mon café (ignoble, soit dit en passant, mais bon Potter a fait en sorte que je sois l'un des seuls prisonniers à avoir du café, alors je ne vais pas venir râler, ça paraîtrait de ma part) en lisant mon journal, et BAM je tombe sur sa tête de bienheureux. Les projets de Potter, les voyages de Potter, les dons de Potter aux associations, les amours de Potter (inexistants), les bonnes actions de Potter, les poils de cul de Potter (bon ok le dernier est de moi!).
Déjà que je vois sa tête tous les jours. Il est venu aujourd'hui aussi, tout penaud comme d'habitude, l'air à la fois gêné et con (très drôle à voir, cela dit. Je devrais peut-être lui demander de me procurer un appareil photo, les générations futures gagneraient à voir à quoi ressemblait réellement St Potter). Ce con est arrivé à 8h du matin, il n'a rien à faire de sa vie ou quoi ?
J'ai du mal à l'avouer, mais sa présence m'irrite moins qu'avant. Je n'irais pas jusqu'à dire que je l'apprécie, mais disons que ses visites me distraient un peu.
Aujourd'hui, le procès. A 16 heures, je crois. Je suis fatiguée, j'ai froid. J'ai tellement froid que je ne dors plus. Parfois, le froid fige tous mes muscles, mon corps devient un gros tas de muscles douloureux. Je sais bien que c'est la fin de l'hiver et que ça ira mieux plus tard, mais je deviens fou, littéralement. Je deviens fou à cause du froid ! Je deviens fou, enfermé dans cette pièce ! Je préférerai encore être avec les autres à gratter la merde collée sur le sol de la salle de bain ! Mais ils préfèrent me laisser ici car – je les ai entendus parler l'autre jour - « Potter risque de venir le voir et s'il se met en colère parce que le petit mangemort est aux travaux avec les autres, c'est la presse qu'on aura sur le dos ».
Je pense également que depuis que Potter a pris ma défense au Procès, les autres prisonniers ne me portent pas dans leur cœur...
Récit
Draco posa sa plume et réfléchit longuement. Des fois, lors de ses insomnies, il réfléchissait à ce qu'il ferait s'il sortait de prison. Retourner a Poudlard ? Rester chez lui, cloîtré, dans l'attente de quelque chose ? Partir quelque part, loin, et refaire sa vie, tout oublier ? Épouser Astoria comme le voulait son père ?
Il s'apprêtait à reprendre sa plume quand la porte s'ouvrir brusquement et que Harry, rouge et essoufflé, entra dans la pièce.
26 Mars 1998
- Qu'est-ce qu'il t'arrive, Potter, t'as vu un hyppogriffe en string ou quoi ?
Harry, le regard vide, haletant, se laissa bruyamment tomber sur "sa " chaise.
- Tu vas me dire ce qu'il se passe ? S'impatienta Draco. Tu n'es pas supposé aller au Ministère pour signer des dossiers, toi ? T'es pas chez Tatie Ginette ici, tu peux pas entrer et sortir comme ça te chante !
Bon Dieu Draco, surveille ton langage ! Sa mère n'était jamais loin.
Excédé, Draco se laissa également tomber, sur son lit.
- Potter ?
Silence.
- Tu veux de l'eau ? T'es tout rouge, ce n'est pas beau à voir.
Harry hocha la tête et Draco se leva pour lui servir à boire.
- Bon... Si tu veux pas me dire... Je vais te demander de sortir. Te voir une fois dans la journée passe encore, mais là, deux... C'est trop.
- Il ne faut pas que tu ailles au Procès.
- Pardon ?
Journal de Draco Malefoy
Potter est arrivé dans ma chambre, rouge, essoufflé, et hagard, puis m'a crié dessus pour me demander de ne pas bouger de ma cellule.
Après un long moment de suspens (j'étais à deux doigts de l'étrangler mais heureusement je sais me tenir), il a fini par me dire que dans le centre sorcier de Londres, des centaines de personnes manifestent pour que père et moi restions en prison. Charmant.
Harry est allé au Ministère et a vu ça, et, bêtement, au lieu de faire comme si de rien n'était et de rester digne, ce crétin a foncé dans le tas pour parler aux gens (enfin, plus pour les insulter, selon la Presse) et tenter de leur expliquer pourquoi il m'avait défendu au Procès.
Bref, cet imbécile s'est retrouvé avec toute l'équipe de la Gazette sur le dos, et, harcelé de question et étouffé par la foule, il a paniqué et au lieu de rentrer sagement chez lui il a décidé de transplaner devant Azkaban. Pour un héros national, je le trouve un peu fragile.
Mais bon, il m'a (encore) sauvé la vie aujourd'hui, alors j'attends demain pour me moquer de sa tête toute rouge et de ses airs perdus de ce matin. C'est très étrange car même si l'on ne peut pas dire que nous sommes amis (j'ai envie de vomir rien que d'y penser), on n'est plus réellement ennemis.
Ce con a cassé notre routine quand il m'a sauvé du feu démon et qu'il m'a défendu au Procès. Je ne sais plus vraiment ce que nous sommes maintenant. Deux cons hantés par la guerre, sûrement.
27 Mars 1998
- Tu as déjà été amoureux ?
Silence.
- Draco ?
- Non mais attends Potter, c'est pas parce que tu m'as sauvé la mise que tu peux croire que je vais répondre à une question si privée ! Surtout si tu m'appelles Draco !
- Mais...
- "Draco ",c'est réservé aux amis.
- Et "Malefoy", c'est réservé à qui ?
- A toi.
oooooooooo
- Je peux rester ici ? Je ne me le sens pas de sortir et d'affronter les journalistes.
- Ils t'attendent juste devant Azkaban ?
- Oui, devant la zone de transplanage. Et devant chez moi, aussi, sûrement. Et devant chez Ron, et dans tous les endroits où ils pourront me trouver.
- Tu devrais y être habitué non ? Tu devrais même aimer ça, cette célébrité ! Railla Draco.
- Je t'en prie, Malefoy.
- Quoi ?
- Toi et moi... On est trop vieux pour tout ça.
oooooooooo
- Et ton ami moldu ?
- Ben quoi ?
- Il ne pourrait pas t'héberger quelques temps ?
- J'y ai pensé, mais avec lui, c'est... compliqué.
- Quoi compliqué ?
- Non mais, tu peux pas comprendre.
- Attends, déjà tu occupes ma chambre – enfin, ma cellule -, tu pourrais au moins me dire pourquoi !
- Tu as déjà été amoureux ?
- Bon sang !
oooooooo
- Mais tu vas quand même pas rester ici toute la journée ?
- Ils n'ont pas le droit de rentrer ici, j'aurais la paix ! Juste le temps de chercher une solution !
- Mais... On est pas obligés de communiquer, si ?
- Quoi ?
- C'est pas parce que tu m'imposes ta présence que je suis obligé de te parler, si ?
- Non, non, fais comme tu veux.
- Bon. Alors je vais me mettre dans ce coin du lit et lire un peu. Toi, tu te mets sur ce coin-ci et SURTOUT tu ne me déranges pas. Je DETESTE être dérangé quand je lis.
- Ok.
(Silence)
- Non mais attends Potter, qu'est-ce que tu fais ?
- Quoi ? Mais je parle pas, là !
- Non mais, depuis quand tu apprends le russe ?
- C'est compliqué.
- Mais un petit sort de traduction et HOP ! Ca y est, tu parles russe ! Pourquoi tu fais ton moldu là avec tes fiches de vocabulaire et tes exercices de grammaire là ?
- Tu as déjà été amoureux ?
- Ah non ! Mais recommence pas avec ça !
- Moi, je suis amoureux. Enfin, je crois.
- Non mais attends, Potter, tu es conscient que si je sors un jour d'ici, je vais me servir de cette information pour te faire sortir de tes gonds à chaque fois que j'en aurais l'occasion ?
( silence)
- C'est ce moldu ?
(Silence)
- C'est quoi qui t'embête ? Que ce soit un moldu ou que ce soit un garçon ?
( Silence)
- Bon sang ! Mais qu'est-ce que tu fais là, avec moi, au lieu d'être dehors, avec lui, si c'est de lui que tu es amoureux ? BOUGE TON LA CITROUILLE, POTTER !
- J'ai peur.
- De quoi ?
- Je sais pas, avec Ginny, on était faits pour passer notre vie ensemble, et tu vois, maintenant elle est en Corse et moi ici. J'ai l'impression que tout perd son sens, que je perds mes repères.
- Arrête de pleurnicher.
- Pardon ?
- C'est la guerre, Potter ! Hé oui, ta petite copine rouquine est pas la femme de ta vie, qu'est-ce que tu veux que je te dise ?
- Mais...
- Mais quoi ? Ça fait deux heures que tu tournes autour du pot comme un con. Tu me fatigues.
- Tu te rends compte de la chance que tu as ? Pouvoir choisir avec qui tu veux être ! Tu veux qu'on échange de place ? Toi, à ma place, enfermé ici pour une durée indéterminée, et moi dehors, libre de tout, d'aimer, de désirer, et d'être aimé et désiré. Toi, détesté de tous, contraint de rester cloîtré avec son ennemi de jeunesse pour pas se faire lapider dehors. Toi, forcé d'épouser une fille à qui tu n'as jamais parlé, si jamais tu sors d'ici bien sûr, une fille dure, froide, qui fera de toi un homme plus froid que tu ne l'es déjà ! Une fille qui ne t'apportera qu'une vie de merde, déjà classée, fortunes, terres, réceptions, chérubins blonds à qui te ne pourras jamais montrer que tu les aimes, parce que c'est pas comme ça qu'on élève les enfants ! Une fille qui te déteste déjà car t'épouser et prendre ton nom serait se salir, avouer sa faute, avoir misé sur le mauvais cheval, un fils de perdant, un mangemort ! Bordel mais Potter t'as rien dans le haricot ou quoi ? Ta vie, elle est devant toi, arrête de ruminer tes histoires avec la rouquine et les autres, ton parrain, Dumbledore, ILS SONT MORTS BORDEL, et toi tu es vivant, oui, tu es vivant, mais si tu continues à me fatiguer comme ça tu ne vas pas le rester longtemps !
oooooooo
- Je ne t'ai jamais autant entendu parler que tout à l'heure.
(Silence)
- Du coup c'est comme si tu avais un quota et que là tu l'avais épuisé ?
(Silence)
- Elle s'appelle comment ?
- Qui ?
- La fille que tu dois épouser.
- Astoria.
- J'ai toujours cru que c'était Pansy.
- On était amoureux quand on était petits, nos parents se sont pris au jeu, mais les gens changent...
- Oui, je comprends.
- Tu étais amoureux d'elle ?
- Qui ?
- Ginny.
- Bien sûr.
(Silence)
- Et toi ?
- De quoi ?
- Tu étais amoureux de Pansy ?
- Amoureux comme un gamin de sept ans, oui. Après, j'ai appris que j'étais promis à Astoria à l'âge de 15 ans, et j'ai su que même si je tombais amoureux... Ca changerait pas grand chose à la décision parentale.
- Elle est à Poudlard ?
- Oui, elle a deux ans de moins que nous.
- Elle est belle ?
- Oui, très même.
- Alors tu crois pas que ça pourrait venir avec le temps ?
- De quoi ?
- L'amour.
- Je sais pas, Potter, franchement, j'avais pas la tête à ça.
- Pourquoi ?
- Bah, tu sais, avec la guerre et tout... Tomber amoureux, c'était dangereux.
oooooooooo
DANS LE PRESENT
1er Septembre 1999 – Poudlard Express
Journal de Ginny
Je suis allée voir un magicopsychologue. Je vis ce qu'on appelle chez les moldus "une dépression". Il va falloir que j'aille à Pré-Au-Lard chaque semaine pour parler avec une spécialiste. Ils ne savent pas si c'est dû à la guerre, à la mort de Fred, à Harry, ou à tout ça en même temps. Apparemment je ne suis pas la seule à vivre ça en ce moment... On va se croiser avec mes camarades dépressifs à la sortie du cabinet du Dr Mur, super...
J'ai croisé Harry en revenant des toilettes tout à l'heure. Le pire dans tout ça, c'est que je n'arrive pas à lui en vouloir. Il était tellement beau, avec sa petite chemise bleue marine, ses cheveux en bataille. Bon sang Ginny, tu n'as aucune dignité. Il avait l'air d'aller tellement bien.. C'est ça le pire. Le regard doux, le visage serein, il allait se baladait comme si il allait à la coupe du Monde de Quidditch. Il souriait, c'est vrai, mais il émanait de lui une joie tellement intense qu'elle en était presque palpable.
Est-ce que je suis jalouse ? Bien sûr que je suis jalouse. Je l'aime, et je veux qu'il soit heureux, mais j'aimerais mieux qu'il soit heureux avec moi !
Je ne dors presque plus. Je ne mange presque plus. Maman a dû me forcer à retourner à Poudlard pour passer mes ASPICS. Je passe mes journées dans ma chambre, dans mon lit, aussi fraîche et joyeuse qu'une citrouille périmée.
Même Maman va mieux que moi. Bien sûr, les "affaires de famille" restent quotidiennes, et les crises de larmes fréquentes, mais elle a des buts dans sa journée : épousseter le portrait de Fred, forcer Georges à se doucher, faire les courses pour notre rentrée à Ron et moi (on va tous être dans la même classe... tuez-moi), préparer des bons petits plats pour réconforter Papa, harceler Fleur pour qu'elle lui donne un petit fils...
Je déteste m'apitoyer sur mon sort de cette façon. Ça ne me ressemble pas du tout. Je ne me reconnais plus. Je ne me reconnais plus dans ma façon d'agir, de penser, d'être. Je ne me reconnais plus dans un miroir. Cette maigrichonne avec des cernes grosses comme une citrouille ? Cette fille qui a perdu la moitié de ses cheveux à force de se sous-alimenter, cette pauvre fille qui attend que les choses bougent, que l'amour de sa vie se rende compte qu'il a fait une erreur ? Ce n'est pas moi, et pourtant, depuis quelques mois, c'est moi, c'est la personne que je suis, et je n'arrive pas à m'y faire. Je me dégoûte.
Récit
Harry venait de croiser Ginny. Il ne l'avait même pas reconnue, et allait lui passer devant sans la saluer, jusqu'à ce qu'elle lui fasse un petit sourire, si différent de ceux qu'elle lui adressait un an auparavant. Un sourire fantôme.
Cette fille squelettique, ce fantôme ambulant, c'était bien Ginny, la fille au caractère de feu qu'il avait aimée pendant une bonne partie de son adolescence ?
Il se sentit nauséeux. Était-ce possible qu'il ait quelque chose à voir avec cette subite transformation ? Était-ce à cause de la guerre, de la mort de son frère ? Ils ne s'étaient pas parlé depuis des mois. Peut-être avait-elle commencé à changer lorsqu'ils vivaient ensembles, et il ne s'en était pas rendu compte ?
Une main agrippa par le bras et le tira à l'intérieur d'un compartiment.
- Draco...
- C'est bien, Potter, tu connais mon nom ! S'esclaffa le blond.
- Je croyais que l'on devait se retrouver dans les toilettes ?
Draco verrouilla la porte d'un coup de baguette magique et sourit, moqueur.
- J'y suis allé, ça sent le troll mort dedans. J'ai pensé que mes quartiers seraient plus romantiques. Mais si tu le souhaites, allons dans les toilettes ! Au moins cette fois-ci, tu auras un lavabo à proximité pour cracher !
Harry rougit jusqu'à la racine des cheveux.
- Arrête de parler de ça comme ça... Ca me gêne et tu le sais !
- Harry, dit Draco d'un ton enjôleur. Arrête de faire la Sainte-Nitouche et viens contre moi.
30 minutes plus tard
- Je résume : On fait comme avant, c'est ça ? On ne se parle pas, on ne se regarde pas, et lorsqu'on se parle c'est en s'insultant pour pouvoir se battre, en venir aux mains et être assez proches l'un de l'autre pour se donner l'heure de notre rendez-vous dans la salle sur demande ? Tu crois pas que les gens vont trouver ça bizarre que je sois allé à ton procès pour te défendre, que je sois venu te voir à Azkaban, et que l'on continue à se battre comme des gamins quelques mois plus tard ? Un retour en arrière des plus étranges, non ?
- Désolé, Potter, je ne t'écoutais pas, je regardais tes jolies petites fesses.
- Sérieusement, Draco ! Et pourquoi on devrait faire ça, d'abord ?
- Pourquoi ? Le sexe était si bien que tu as perdu ton cerveau en route, Potter ?
(Silence)
- Premièrement, mes parents, tes amis, et le reste du monde sorcier nous tueraient s'ils savaient que l'on est ensembles. Pourquoi ? Oh juste parce que notre entourage respectif se déteste, que l'on se déteste depuis que l'on se connaît, que l'on s'est battus dans deux camps différents pendant la Guerre, qu'il y a deux ans j'aurais préféré me jeter dans un feu démon plutôt que d'approcher ma tête de ton...
- Arrête ! C'est bon, j'ai compris. Harry rougit une nouvelle fois.
- Deuxièmement, les gens ont besoin de ce que tu représentes pour se reconstruire. Tu n'es pas le seul à avoir perdu des êtres aimés durant cette guerre, Harry. Les gens ont besoin de savoir que tu vas aux procès des anciens Mangemorts, que tu participes aux chantiers de reconstruction, que les aurores te transmettent leurs rapports, que tu es un bon garçon et que même si tu as rompu avec Ginny, tu restes Saint-Potter, l'éternel brave gars avec ses cheveux en bataille et ses lunettes rondes. Ils n'ont pas du tout envie de savoir que tu fais l'amour avec moi.
- Les gens s'y feront au bout d'un moment. Ils ont quand même d'autres choses à faire que de se préoccuper de qui je mets dans mon lit ! S'exclama Harry.
- Oh oui, tu as expérimenté la sympathie des gens à ton égard ces dernières années... tu as la mémoire courte Potter ? Tu veux une petite piqûre de rappel : la coupe de feu, Rita Skeeter ? Et dernier argument, last but not least : que penses-tu que ressentira Moins-20-kilos-Ginny lorsqu'elle apprendra pour toi et moi ? Tu as vraiment envie de croiser son regard lorsqu'elle saura qu'il y a vraiment peu de chances qu'elle te récupère un jour, mais qu'en plus de ça tu l'as remplacée par un homme, qui plus est un ennemi de sa famille ?
- Arrête. Ne me parle pas de Ginny. Je l'ai croisée dans le couloir en venant ici... Ça me brise le cœur de la voir comme ça. Je ne sais pas si c'est à cause de moi, ou d'autre chose... Mais c'est trop dur... Si seulement je pouvais...
- Je sais, Harry. Mais tu ne peux rien y faire. Je pense qu'elle t'aime encore. Sinon, elle aurait été plus présente chez les Weasley quand tu y étais cet Eté... Elle avait besoin de se tenir éloignée de toi. Tu dois rester éloigné d'elle car sinon elle ne pourra jamais se reconstruire. Je sais que c'est dur car tu l'as aimée et qu'elle reste chère à ton cœur, mais... Crois-moi, c'est mieux ainsi.
Harry resta songeur, puis se renfrogna :
- C'est juste que je n'ai jamais eu de secrets pour Ron et Hermione.
- On leur dira. Attends que les choses se tassent. Laisse moi leur faire la cour : tout d'abord les ignorer et ne pas les insulter, puis me montrer poli mais distant, puis poli et relativement sympathique, jusqu'à ce que l'un d'entre eux te dise : Bon il a changé ce Malfoy, ce n'est plus le petit con qu'il était avant la guerre. Et là, tu pourras aborder le sujet. Enfin... Si j'arrive à supporter la proximité de Weasley, bien sûr.
- Dans quelques mois, on leur dira la vérité, décida Harry.
- Dans quelques mois ? Tu penses que je te supporterai encore dans quelques mois ? Le taquina Draco.
(Silence boudeur).
- Hé ! Arrête de bouder, tu veux ? En plus, ce sera excitant ce petit jeu... Faire semblant de vouloir te casser la gueule pour pouvoir approcher mon corps du tien... Te dominer dans une lutte factice pour mieux te dominer le soir même dans la salle du demande...
- Toi, me dominer ? Cesse de rêver, Malfoy ! S'indigna Harry.
Et il se jeta sur lui.
Journal d'un Gryffondor
Je suis allé voir un magicopsychologue. Les moldus appellent ça "la dépression". Chez moi, ça se traduit par une répugnance à me lever le matin pour faire quoi que ce soit de ma journée, penser à lui et me remémorer des souvenirs, puis dormir beaucoup et manger peu. Ma mère, paniquée après le verdict du Docteur Mur, a décidé de m'envoyer des "colis de soutien" chaque semaine. C'est mignon, Maman, mais ça ne le ramènera pas à la vie. Je l'ai perdu, et plus rien ne me rendra heureux. Jamais.
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