Chapitre 14
Mars – Avril
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Premiers pleurs
Dans le présent, 5 Mars, Infirmerie de Poudlard
(5 jours après que Harry et Draco se soient battus à cause de la potion de rage)
Draco retint un gémissement de douleur. Ce connard n'y était pas allé de main morte. Il était tellement énervé qu'on aurait dit qu'il avait bu six bouteilles de potion de rage. Draco ne comprenait pas ce qui avait pu mettre ce dégénéré de Gryffondor dans cet état. Ce n'était même pas lui qui s'était barré après l'avoir baisé. Alors quoi ?
Peut-être que ce soir là, Potter avait dessoûlé en descendant les escaliers et qu'il s'était rendu compte qu'il avait baisé un putain de mangemort. C'est pour ça qu'il avait pété une durite, l'autre jour, dans les vestiaire de quidditch : il avait vu Draco sortir de sa douche, à moitié nu, et ça lui avait rappelé combien il avait été faible quelques mois auparavant. Assez faible pour baiser un putain de mangemort. Et ça l'avait dégoûté de lui même. Du coup, il s'en était prit à Draco.
Putain de connard.
Il entendit Potter tousser dans le lit d'à côté et esquissa un sourire mauvais. Peut-être que ce déchet de la société allait s'étouffer dans son sommeil.
Draco se demanda combien il devrait payer d'amende si quelqu'un le voyait en train de pisser sur la tombe du Sauveur du Monde Sorcier.
Il fut sorti de ses agréables pensées par un gémissement plaintif.
- Non... Non...
Tiens, tiens. Potty faisait des cauchemars. Draco jeta un coup d'oeil en direction du lit d'à côté. Potter s'agitait dans son lit.
Souffre, Potty. Souffre donc. Et quand tu seras mort j'irai récupérer le pull que tu m'as honteusement volé. Sale obsédé.
Draco avait dû oublier son pull au Nouvel An, trop bouleversé – euh, non, agacé – qu'il était, et cet abruti de Potter avait dû se dire "Tiens ! Une fringue décente ! Enfin un truc sympa à me mettre sur le dos ! J'ai bien fait de me taper Malfoy !" et voilà qu'il le trimbalait dans tout Poudlard comme un trophée.
Comme pour dire "Tu m'as pourri la vie toutes ces années, mais j'ai volé ton pull, connard. J'ai volé ton pull, et peut-être aussi ton coeur."
- Non... Ne pars pas...
Alors Potty, Weaslaide te quitte dans tes rêves ?
- Je t'en prie... Ne pars pas...
Draco jubilait. Voir souffrir Potty dans son sommeil était encore plus exaltant que de le voir souffrir sous ses coups de poing.
Dis-moi qui c'est qui te fait du mal comme ça, Potty, que je lui envoie des fleurs.
Harry laissa échapper un sanglot étouffé et Draco sourit quand des larmes coulèrent le long des joues du survivant.
- Draco... Draco...
Draco se figea et blêmit. Ses doigts s'enfoncèrent dans le matelas et il osa jeter un coup d'œil à son voisin de chambre.
- Ne pars pas... Non...
Putain de connard.
Dans le passé, 20 Juillet, Square Grimmaurd
Ça faisait trois semaines que Potter et lui avaient décidé d'être plus que des amis. Et Draco n'allait pas s'en plaindre, parce que se réveiller en sentant la bouche de Potter sur son sexe n'était pas la sensation la plus désagréable au monde.
Ce soir, ils allaient au restaurant tous les deux, dans le Londres moldu. Draco avait arrêté de penser que tout le monde les épiait et avait renoncé à faire avaler à Potter cette satané potion de changement d'apparence. Mais le Gryffondor se baladait toujours avec sa cape d'invisibilité, et Draco déplorait le fait d'être si grand parce que sinon il s'y serait bien glissé avec Potter dans un autre but que de se cacher des journalistes.
Pour être franc, Potter avait raison, ils ne croisaient personne. C'était sûrement dû au fait que la Coupe du Monde de Quidditch se préparait, du coup tous les journalistes devaient être occupés à suivre - harceler- les joueurs de différentes équipes, les organisateurs, le Ministre...
Mais un incident est vite arrivé, et d'un accord tacite, ni l'un ni l'autre n'avait parlé de leur relation à leurs proches. Draco n'était vraiment, vraiment, vraiment pas prêt pour ça et Potter n'avait pas envie que Weaslaid meure si jeune – ce serait tellement dommage-.
Après le restaurant, ils rejoindraient cet idiot de Gabriel – bon, en fait, il était sympathique, et il payait des verres, alors Draco ne le tuerait pas ce mois ci- dans un bar moldu "très sympa" selon Harry (ce qui voulait dire un bar à pouilleux selon Draco).
Draco ferma la porte derrière lui. D'habitude, Potter venait à sa rencontre quand il l'entendait entrer Square Grimmaurd. Il avait donné des vacances d'été à son elfe de maison – des congés ! À un elfe de maison !-, et Draco et lui passaient leur temps dans des restaurants moldus ou chez un traiteur moldu parce que ni l'un ni l'autre ne savait cuisiner.
Il s'était avéré, au grand désespoir du blond, que Potter était un encore plus piètre cuisinier que Gabriel et lui. Leur dernière tentative s'était soldée par une poêle fondue, deux cuillères perdues, une nouvelle mèche de cheveux brûlée et une dispute qui en était venue aux mains puis s'était transformée en baise sauvage sur le plan de travail.
Bon, tout compte fait, peut-être qu'ils devraient recommencer à cuisiner.
Quand Harry l'avait interrogé, l'air soupçonneux, au sujet du petit déjeuner que Draco avait préparé le lendemain du 3e rendez-vous avec Gabriel, le Serpentard avait aisément changé de sujet. Même sous la torture, il n'avouerait jamais qu'il avait du faire chauffer le café plusieurs fois avant d'obtenir une mixture qui ne ressemble pas de près ou de loin à du jus de chaussette.
Draco jeta un coup d'oeil dans le salon, la cuisine, puis monta les escaliers. Peut-être Potter était-il occupé à se faire beau ? Draco n'aimait pas quand il sortait habillé comme un épouvantail, même si souvent, au bout d'une heure passée avec lui, il se fichait complètement de ce qu'il portait, du moment que c'était facilement arrachable. Mais là n'était pas la question.
Draco montait les étages en souriant. Peut-être que Potter était dans son bain. Auquel cas il ne se ferait pas prier pour le rejoindre.
Il ralentit devant la porte de la chambre, mais Harry n'y était pas. Il entendit alors des voix étouffées dans la chambre. Celle de Sirius Black.
Il s'approcha doucement et pressa son oreille contre la porte.
- Andromeda vous dit que Teddy a grandit de deux centimètres, fit la voix de Harry.
Draco entendit un sanglot étouffé et fronça les sourcils.
- Merci, Harry. Je sais que c'est difficile pour toi de nous lire ces lettres, mais... maintenant qu'il est plus grand, on ne peut pas retourner dans notre portrait trop souvent, il risquerait de nous voir et...
La voix de Lupin.
- Et de ne pas comprendre...
Silence.
- Elle dit aussi que... que... il sait maintenant changer toute sa couleur de peau, comme toi, Tonks, au même âge.
Harry parlait de Teddy Lupin, son cousin. Qu'avait dit sa mère sur sa soeur, déjà ? Elle était en Grèce ou quelque chose comme ça ?
- Harry ?
Le blond se figea. Il ne connaissait pas cette voix.
- Oui, Maman ?
- Tu es courageux, mon chéri. Tu l'as toujours été, mais je voulais te le dire.
- Merci Maman...
- On t'aime Harry. On sait que tu feras un merveilleux parrain.
Draco tourna les talons quand il entendit le sanglot étouffé du Gryffondor.
Ne pas tomber amoureux. Ne pas se laisser avoir. Ne pas s'embarquer dans des histoires compliquées. Ne pas être faible. Ne plus souffrir. Ne plus jamais souffrir pour qui que ce soit. Il se l'était promis. C'est pour ça qu'il ne voulait que l'amitié de Potter : se conserver. Se protéger. Se tenir éloigné de tout ça.
Désolé, Harry.
Il ouvrit la porte et sortir une cigarette qu'il alluma en tremblant.
Je ne peux pas. Je suis désolé.
Il tira quelques lattes puis poussa un profond soupir.
Il lâcha la cigarette, l'écrasa par terre et s'engouffra de nouveau dans la maison.
Et puis merde.
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Premier Quiproquo
Dans le présent, 14 Mars, Poudlard
- C'est quoi ton problème, bordel !
Harry leva la tête vers la personne qui venait de le plaquer contre le mur. Ses yeux rencontrèrent deux prunelles grises assombries par la colère.
- Malfoy ? Croassa t-il d'une voix faible.
Ce putain de parfum. Ce putain de parfum qui le hantait.
Bande pas, Harry.
- Qu'est-ce que tu fais ? Demanda t-il quand l'autre sortit sa baguette et la pointa sur sa gorge.
- Je t'ai entendu à l'infirmerie, sale obsédé.
- De quoi ? Fit Harry d'une voix étranglée.
L'autre était près. Trop près.
- Tu rêvais de moi. Tu disais mon prénom, cracha Malfoy.
Harry le regarda, incrédule.
- Je rêvais de toi ?
- Oui ! Dis-moi pourquoi !
- Euh... Je ne sais pas ?
L'autre se rapprocha dangereusement et le foudroya du regard.
- On a des remords Potter ?
- Pardon ?
- On se fait hanter dans ses rêves ?
Il venait de l'empoigner par le col de sa chemise. Putain, ce type allait le tuer !
- Mais de quoi tu parles ?
- Tu sais très bien de quoi je parle ! Cracha le Serpentard en resserant sa prise.
Harry secoua la tête.
- De quoi... Commença t-il.
- Bref. Ne t'avise plus jamais de rêver de moi, sale obsédé taré de Gryffondor. Le prochaine fois que je t'entends crier mon prénom, je te tue.
Et il le lâcha et tourna les talons comme si l'autre avait la peste.
Harry s'appuya contre le mur, les jambes tremblantes. C'était de Malfoy qu'il rêvait. De Malfoy. Il ferma les yeux et étouffa un gémissement douloureux.
Il était amoureux de Malfoy. C'était pour ça que l'autre n'était jamais venu à sa recherche. Parce que l'autre n'était pas amoureux de lui. Sûrement que l'autre était aussi franchement homophobe et dégoûté à l'idée d'être désiré par un autre homme.
C'était pour ça aussi que son pull sentait comme celui de Malfoy. Parce que c'était le sien. Harry avait dû le voler dans les vestiaires de Quidditch, comme la sale groupie amourachée qu'il était. Et Malfoy s'en était rendu compte quand Harry était tombé dans l'escalier.
Le Gryffondor sentit les larmes couler sur ses joues et se mordit les lèvres de honte. Il n'avait jamais été aussi humilié de sa vie.
Dans le passé, 31 Juillet 1998, Jour des 19 ans de Harry Potter
Harry venait de passer une des plus belles journées de sa vie. Molly, Hermione et Ron avaient vraiment sorti le grand jeu pour ses dix-neuf ans. Molly avait cuisiné pendant trois jours, Ron avait écumé les boutiques de Quidditch pour lui trouver les meilleurs gants de la terre et Hermione s'était battue avec les gnomes du jardin pour que la décoration reste en place plus de cinq heures. Et puis tout le monde était venu : Neville, Susan, Hannah, Lavande, Parvati, Padma, Georges, Bill, Fleur, Victoire, et même Percy – qu'Harry avait évité toute la soirée, il se souvenait encore de la fois où il lui avait parlé de son travail pendant quarante cinq minutes -.
Ginny n'était pas là. Ginny n'était pas là mais Harry se réconforta en se disant que pour ses vingt ans, leurs rapports amicaux seraient tels qu'ils pourraient faire face à ce genre d'événement.
Gabriel avait fortement insisté pour qu'il passe chez lui à 18 heures et Harry secoua la tête en souriant.
Il adorait Gaby mais il espérait qu'il ne retiendrait pas trop longtemps, parce que le Gryffondor, pour ce jour si spécial, avait envie de finir la soirée avec un autre blond aux yeux clairs, plus têtu et pénible celui-là.
La porte n'était jamais fermé. A croire que Gabriel ne pouvait concevoir qu'il y avait, sur cette planète, des gens malhonnêtes. Il entendit des éclats de rire et sentit une vague odeur de crâmé. Une fumée grise s'échappait de la cuisine et il plissa le nez. Il avança prudemment vers la cuisine.
- SURPRIIIIISSSSSSSSSSSSSSSE !
Harry fixa, incrédule, un Gabriel échevelé – comme toujours – qui se tenait les bras en l'air , un grand sourire aux lèvres, indifférent au fait qu'un bout de coquille d'œuf avait trouvé refuge dans ses boucles blondes. Il avait un pansement à la main droite et ce qui semblait être une amande effilée sur la joue gauche.
- Joyeux anniversaire, Potter.
A côté de lui se tenait un Draco bien moins expansif que son frère d'arme -oui, parce que cuisiner est une vraie bataille pour un aristocrate - : un simple sourire ornait se ses lèvres. Il avait tellement de farine sur le nez qu'on aurait dit qu'il s'était vautré dans de la poudre de crin de licorne. Ses cheveux étaient décoiffés et Harry cru même distinguer une petite mèche un peu noire au bout – comme s'ils avaient cramé -. Il avait remonté les manches de sa chemise et avait du jaune d'œuf sur le menton. Le Gryffondor déglutit.
Est-ce que Gaby le prendrait mal si Harry se mettait à lécher ce jaune d'œuf, puis cette farine, puis prenait Draco sur le plan de travail ?
- On t'a fait un clafouti aux pêches ! S'exclama le russe.
Harry fixa le plat que tendait Draco. On aura dit qu'un elfe de maison venait de vomir dedans.
- Euh... Merci, dit-il prudemment.
- C'est tout ? On y a passé l'après-midi ! S'indigna Gabriel.
- Laisse tomber Gabriel, les Gryffondors n'ont aucune reconnaissance, souffla Draco narquoisement.
Ses prunelles orageuses croisèrent les émeraudes assombries de désir et il laissa son regard parcourir le corps de Potter jusqu'à s'arrêter un peu trop longtemps sur son entrejambe. Il entendit l'autre s'agiter et esquissa un petit sourire.
- Mais Harry, l'autre soir, en boîte, tu nous as dit que c'était ton dessert préféré !
Harry fronça les sourcils. Il se souvenait de cette soirée. Les deux zigotos qui lui faisaient face avaient bu comme des trous et lui avait passé son temps à empêcher Gabriel de vomir dans les verres des autres et Draco de lancer des avada sans baguette à toutes les filles qui osaient le regarder, le frôler, ou même être dans la même pièce que lui.
Il secoua la tête en souriant avec indulgence. Est-ce qu'il devrait mentir ? Ils étaient tellement adorables tous les deux, tellement fiers d'eux. Mais son regard se reposa sur l'horreur que tenait Draco et il se demanda si Gaby le trouverait malpoli s'il vomissait sur le sol de la cuisine.
- J'ai dit que le clafoutis aux pêches était le seul gâteau que je n'aimais pas, dit-il lentement. Et en effet j'ai bien utilisé le mot "préféré" mais c'était le verbe : je disais que je préférais manger mon bras que manger du clafoutis à la pêche.
Gabriel se décomposa.
- Oh, mais... Commença t-il.
- Par Merlin ! Fit Draco en laissant tomber le plat par terre. Putain d'emmerdeurs de Gryffondors ! Allez, Gabriel, enlève ce tablier ridicule, je vous invite au restaurant !
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Premiers rires
Dans le présent, 20 Mars 1999, Poudlard
- Je pense vraiment qu'on devrait laisser le destin faire, Blaise.
Le Serpentard leva les yeux au ciel. Le destin, rien que ça !
- Draco est insupportable ! Il fait pleurer tout le monde dans les cachots ! Quiconque croise son regard s'en prend plein la face. Je ne le supporte plus. Et je ne supporte pas de le voir comme ça. Les serpentards ne sont pas des grands sentimentaux, certes, mais on parle de mon meilleur ami, là ! Et il est détruit !
- On n'arrive pas à rien. Il faut laisser faire les choses. Je sais qu'ils vont finir par se retrouver. Je le sens.
- Avant qu'on fête nos 80 ans, ce serait bien, oui.
- Si nous n'étions pas intervenus, ils se seraient peut-être déjà retrouvés, tu sais, fit Luna d'une voix douce.
- Tu crois ?
Luna fixa le visage coupable du Serpentard.
- A cause de nous, ils ont passé la soirée du Bal de Noël à pleurer, ils ont fait la tête chacun de leur côté à l'anniversaire de Margaud Besnié, et ils se sont battus dans les vestiaires. L'amour, ça doit venir naturellement. Ça ne doit pas être forcé.
- Ecoute, Luna. On tente une dernière fois, d'accord ? Si ça ne fonctionne pas, on arrête le massacre. Promis.
- Que veux-tu faire ?
- Je ne peux pas forcer l'amour. Mais pourquoi ne pas inciter une amitié ? Homme qui ri, à moitié dans ton lit, non ?
Dans le passé, 4 Août 1998, Londres Moldu
Gabriel, siffla Draco pour la troisième fois de la journée. C'est hors de question.
Il jeta un regard à la fois inquiet et haineux aux moldus qui couraient sur le terrain de football. Déjà, le football-tout-simple était selon lui un sport de moldus consanguins et dégénérés comme cet abruti de Dean Thomas.
C'était hors de question qu'un Malfoy aille suer sur un terrain en courant derrière un ballon.
Mais le foot-bulle, qui consistait, comme l'avait apprit Draco avec horreur, à jouer au football mais avec le corps dans une bulle de plastique géante, super lourde, super moche, et, il faut le dire, super malcommode (comme le prouvaient ces pauvres moldus qui roulaient au lieu de courir), alors là, c'était hors de question.
- Mais allez ! Fais un petit effort ! Et c'est mon cadeau d'anniversaire pour Harry, tu ne voudrais quand même pas gâcher la journée n'est-ce pas ?
- Il est hors de question que je joue à un stupide jeu moldu pour te faire plai...
Harry venait de lui jeter un regard noir. Gabriel éclata de rire.
- Décidément, vous les anglais, vous avez de ces expressions ! Moldu... ça veut dire quoi, déjà ? Débile ? Moche ? Con ? Bref, tu l'utilises pour tout ! Tu sais, ça perd de sa valeur si c'est utilisé pour tout. En linguistique on a apprit que...
Mais le Serpentard ne l'écoutait pas du tout. Il était occupé à essayer de lui lancer un impero silencieux et sans baguette. Devant le grand sourire de Gabriel Connard Moldu, il du reconnaître que ce n'avait pas été un franc succès.
- Ecoute, se reprit-il – les aristocrates ne pètent pas les plombs-. Déjà, j'ai été malade dans le métro à cause de vos stupides et lents moyens de transports mol...
Gabriel se tourna vers Harry et chuchota :
- Il râle tout le temps, tu as remarqué ?
- J'ai fais l'effort de venir pour vous regarder jouer, pas pour jouer moi-même ! Grogna Draco.
- Heureusement qu'il est bogosse, parce qu'est-ce qu'il est rabat-joie ! Continua Gabriel.
L'inconscient. Mourir si jeune. Quel dommage.
Harry esquissa un sourire et Draco lui jeta un regard noir.
- Tu crois que si je mettais un peu de vodka dans sa gourde il serait de meilleure humeur ? Ajouta le russe sans prendre en compte les regards courroucés du Serpentard.
- Tant pis, c'est pas grave, Draco, trancha Harry, tentant de contenir son sourire en prenant son meilleur air déçu. Allez viens, Gaby.
Il entraîna le russe vers le terrain en le prenant par l'épaule.
Draco serra les dents.
Il les entendit rire.
Draco fronça les sourcils.
Il les vit chahuter.
Draco serra les poings et se leva de sa chaise.
Le choixpeau devrait prendre sa retraite. T'aurais fait un sacré Serpentard, Potter.
5 minutes plus tard
Draco n'y voyait rien. Si seulement il avait sa baguette, il aurait jeté un petit sort sur cette putain de bulle. Il avait vu Potter le faire sur la sienne. Mais cet abruti de Gryffondor lui avait jeté ce regard que Draco trouvait à a la fois mignon et agaçant : ce regard qui voulait dire "Si tu as besoin d'aide, viens donc me le demander poliment".
Mais les Malfoy n'ont besoin de personne. Et Draco ne s'était même pas encore prit un mur, contrairement à cet idiot de Gabriel qui se cognait absolument partout – surtout contre les jolies filles, avait remarqué le Serpentard -. Cependant, il n'arrivait même pas à distinguer le ballon à travers cette foutue bulle. Heureusement qu'il était grand car ses jambes dépassaient bien et il pouvait courir plus efficacement que la moldue courte sur patte qui – paix à son âme – venait de rouler sur elle-même et d'atterrir sur Harry. Salope.
Draco était sûr que Gabriel avait fait exprès de porter des baskets oranges fluo – ce type devait être daltonien, sinon comment expliquer ce goût soudainement déplorable ? - de la même couleur que le ballon. Aussi, dès que Draco croyait avoir repéré le ballon, il fonçait en fait sur Gabriel (qui courait vite, il fallait l'admette) et lui mettait un sacré coup de pied dans les tibias. Et à chaque fois, il entendit un cri de douleur étouffé, suivit de jurons qui semblaient être, selon ses talents de traducteur, en russe.
Bien fait.
Harry venait de tomber. Il resta à terre quelques secondes, alors Draco se dit qu'il avait sûrement fait tomber ses lunettes. Bien fait. Le serpentard esquissa un sourire mauvais et s'approcha tranquillement du Gryffondor.
Juste un coup de pied dans sa bulle, pour le punir de l'avoir forcé à jouer, songea t-il.
Il était si concentré sur le fait de ne pas perdre Harry de vue qu'il n'entendit pas Gabriel débouler en roulant derrière lui.
- Draco ! Attention ! Cria le russe.
Et c'est ainsi que Draco Malfoy, Sang-Pur de son état, Serpentard moqueur et froid, bogosse reconnu et Prince de Poudlard, se retrouva les quatre fers en l'air, la tête en bas et les jambes en haut, battant furieusement des bras et des pieds, coincé dans la cage des buts.
Ce fut très certainement la cause du plus gros fou rire de la courte vie de Harry Potter.
Dans le présent, 22 Mars, Poudlard, Salle du Demande, 21 heures
Harry avait envie que cette soirée se passe bien pour deux raisons : tout d'abord, il avait voulait que Ron se détende un peu et arrête de traîner dans la salle commune dans l'espoir d'apercevoir Hermione, hurlant sur le premier malchanceux qui osait entrer et ne pas être Hermione Granger.
Ensuite, il avait envie que la Hermione en question sorte la tête de ses livres et que l'un des deux fasse le premier pas. Selon Harry, il était évident qu'ils étaient tous les deux très malheureux. Mais il étaient tellement têtus qu'ils préféreraient manger de la bouse de dragon que de l'avouer.
Et enfin, il avait vraiment besoin de se changer les idées. Il en avait marre de rêver, surtout depuis qu'il savait qu'il rêvait d'un petit con homophobe qui l'évitait comme la peste depuis leur dernière conversation.
Il en avait marre d'être malheureux, marre de fantasmer sur Malfoy – bordel, sur Malfoy !-, marre de traîner un passé qu'il ne connaissait pas. Il voulait avoir dix-neuf ans, s'amuser, se changer les idées.
- Fais pas cette tête, on dirait qu'un troupeau d'hippogriffes t'es passé dessus, dit-il à Ron.
- C'est ton anniversaire, Ron, renchérit Neville en ouvrant une bouteille de bière au beurre. Et promis, cette fois-ci, je vomirai pas sur tes chaussures !
- Je voulais pas le fêter, marmonna le roux. Pas sans Hermione.
Neville et Harry échangèrent un regard.
- Peut-être qu'elle viendra, ce soir, hasarda Neville.
- Tu as vu Hermione ? S'empressa de demander le rouquin.
- Je sais pas, mec, mais toi, ce soir, tu vas boire ! répliqua le brun d'un ton blasé.
Ron renifla dédaigneusement.
- Si Hermione ne vient pas, je...
- JOYEUX ANNIVERSAIRE PETIT FRERE ! Bon ok, c'était il y a déjà 22 jours, mais JOYEUX ANNIVERSAIRE QUAND MÊME !
Harry se tourna et sourit à Georges qui sortait du passage secret, les bras chargés de gâteaux, suivit de Lee, qui lui portait les bouteilles. Angelina apparut en dernier, un grand sourire aux lèvres.
- Dix-neuf ans, ça me rajeunit pas ! Soupira le rouquin en filant une grande claque dans le dos d'un Ron maussade.
- Salut ! Fit une voix féminine.
Parvati Patil, une bouteille de champagne Elfique à la main, venait d'apparaître, suivie de sa jumelle et d'Hannah Abbot, Dennis Crivey, Lavande Brown, Susan Bones, Terry Boot, Anthony Goldstein, Ernie McMillan, Demelza, Dean et Seamus. Ginny fermait la marche.
Harry s'avança, se demandant avec angoisse si Hermione allait daigner lâcher ses livres pour la soirée. Il savait qu'elle manquait à Ron et il avait également cruellement besoin de passer du temps avec sa meilleure amie. Le seul moyen de la voir était de travailler ses ASPICs à la bibliothèque lui aussi, mais il avait le sentiment de trahir Ron à chaque fois qu'il faisait ça.
- Salut, Neville ! Lança une voix mi-froide mi-enjouée dans leurs dos.
Le brun, étonné, se tourna vers la nouvelle arrivante. Devant lui se tenait une Pansy Parkinson radieuse, les bras chargés de friandises, entourée d'une Luna Lovegood parée d'un chapeau en forme de citrouille, d'un Zabini qui brandissait une bouteille de rhum, d'un Théodore Nott qui souriait timidement, d'une Daphné Greengrass resplendissante, et – Merlin – d'un Draco Malfoy maussade.
- Parkinson ? Dit-il bêtement.
- Salut Harry, ça va ? J'ai ramené la même chose qu'au Nouvel An, tout le monde avait bien aimé, lui répondit Pansy en lui fourrant le sac de friandises dans les bras avant de se diriger vers un Neville qui avait déjà effectué une retraite stratégique vers le buffet.
- Salut Potter, sympa la déco, fit Zabini en s'avançant dans la salle.
Harry, les joues rouges, évita soigneusement le regard noir que lui lançait Malfoy et souhaita la bienvenue à Greengrass et Nott.
- C'est Pansy qui a voulu venir, précisa Malfoy.
- C'est moi qui les ai invités, lança joyeusement Luna et regardant au plafond. Ça s'était bien passé au Nouvel An...
- Euh... Oui... Bredouilla Harry en fronçant les sourcils.
Des Gobelins sous amphétamines auraient pu faire un strip-tease sur sa table basse le soir du 31 Décembre que Harry ne s'en serait pas souvenu. A vrai dire, il ne se souvenait presque pas de la soirée.
- Ça s'est mieux passé pour certains que pour d'autres, lâcha Malfoy de sa voix traînante. Allez viens, Daphné, on va se servir un verre, il m'en faudra sûrement plus d'un pour supporter ce joyeux rassemblement de Gryffondors.
Il passa devant un Harry honteux et une Luna souriante.
Une heure plus tard
- JOYEUX ANNIVERSAIRE, JOYEUX ANNIVERSAAAAAIIREE, JOYEUX ZAAANNNIIIIVERSAIRE RON... JOYEUX ZANNIVERSAAAAAAAAAIIIRE... Wouhouuuu ! Allez souffle !
Un Ron plus rouge que ses cheveux prit une grande inspiration et souffla ses bougies sous les applaudissements enthousiastes de ses amis.
- OUAAAAAAAAAISSSSSSSSSSSSSSSSSS !
- Santé ! Au plus beau des Weasley ! S'exclama Lavande en levant son verre.
- Hé ! Protesta Georges.
Ron leva son verre en se forçant à sourire. Au plus triste des Weasley, surtout. Hermione n'était pas venue. Elle n'était pas venue.
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- Tu lui as donné quoi ? Souffla Luna.
Blaise la fixa quelques secondes avant de répondre. Cette fille était bien plus sympathique quand il avait quelques grammes d'alcool dans le sang.
- Un peu de poudre magique, répondit-il.
- Ça va faire quoi ?
- Ça, répondit simplement Blaise en désignant le fond de la salle.
Appuyé contre un mur, un verre à la main, la cravate de travers, les cheveux vaguement ébouriffés, son meilleur ami riait aux éclats pour la première fois depuis des mois.
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- Je m'en bats les couilles, je suis défoncé, déclara simplement Draco en souriant à Georges.
Vocabulaire, Draco, retentit la voix de sa mère dans sa tête.
Mais il chassa la voix en agitant la main comme si une nuée de mouches bourdonnait autour de lui. Georges haussa un sourcil amusé et se demanda ce qu'avait prit Malfoy pour être sympathique. Il en voulait !
- Si on m'avait dit qu'un jour je te trouverai drôle, Malfoy, j'aurais fait taire cette personne pour l'éternité, répondit -il.
- Georges, tu... MALFOY ?
Harry contemplait Malfoy comme si une seconde tête venait de lui pousser. Malfoy était roux. Il était roux.
- Tu... Tu as conscience du fait que.. T'es roux ? Parvint-il à articuler.
- Je ne suis pas daltonien, Potter, répondit l'autre en le toisant, amusé.
- Allez viens, on va te montrer à Ron ! Enchaîna Georges en le tirant par le bras.
Malfoy haussa un sourcil et se laissa entraîner. Sous les yeux ébahis de l'assistance, il tapota tranquillement l'épaule de Ron qui se retourna et fixa le Serpentard, les yeux écarquillés.
- Salut Frangin, fit Malfoy de sa voix traînante.
- AAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH !
Et ce fut le 2e plus gros fou rire de la courte vie de Harry Potter, au dépends de ce pauvre Ronald Weasley.
ooooo
Dans le présent, 25 Mars, Poudlard
Depuis son réveil à l'infirmerie, Harry était retourné toutes les deux semaines à l'infimerie et Mme Pomfresh prenait sa température, sa tension, elle avait analysé son sang et ses réflexes. Il avait eu droit à de la potion fortifiante pour ses os, et d'autres potions pour que son corps cicatrise rapidement.
Quand elle avait réalisé que la mémoire d'Harry ne revenait pas, elle avait commencé à paniquer. Slughorn avait refusé de préparer des potions, et McGonagall l'avait soutenu : la perte de mémoire de Harry était dûe à un choc, ce n'était pas quelque chose qui était réparable magiquement.
Harry savait que juste après sa visite, c'était au tour de Malfoy. Lui aussi avait perdu la mémoire, et les élèves avaient noté que c'était bizarre qu'ils se souviennent à peu près des mêmes choses.
Lavande Brown avait même sous-entendu que l'accident n'était peut-être pas si accidentel que ça. Elle en avait parlé à McGonagall qui avait questionné les personnes présentes ce jour-là. Mais aucun élève n'avait vu quoi que ce soit de bizarre. Les cognards étaient connus pour faire un peu n'importe quoi, et Harry et Malfoy était au mauvais endroit au mauvais moment. De plus, ils volaient tous les deux beaucoup plus haut que les autres joueurs et personne ne les regardait à ce moment-là.
Et Harry avait haussé les épaules quand Lavande lui avait exposé sa théorie : il savait qu'après des accidents de voitures et des chocs trop violents, les moldus perdaient la mémoire, mais qu'elle finissait par revenir. Ça n'avait rien d'inhabituel.
A vrai dire, s'il pouvait de nouveau avoir un accident et oublier qu'il est amoureux de Malfoy, ça ne le dérangerait pas.
C'est bon vous pouvez y aller, Monsieur Potter. N'oubliez pas votre rendez-vous avec le Docteur Mur cette semaine ! S'exclama Mme Pomfresh.
Harry – Et Malfoy aussi, il le savait car McGonagall le lui avait dit – était obligé d'aller voir une psychomage une fois par semaine, parce que parler de ses troubles, de ses rêves, de ses peurs, de tout et n'importe quoi allait apparemment l'aider à retrouver la mémoire.
Mais Harry n'était pas plus pressé que ça : il avait réussi à rattraper son retard en cours, et il n'était pas franchement impatient de se souvenir de comment il avait volé son satané pull à Malfoy.
En fait, Harry voulait juste finir cette putain d'année, passer ses putains d'ASPICS, et s'éloigner de Malfoy autant que possible. Il ne supportait plus ce regard de haine sur lui dès qu'il rentrait dans une salle de cours. Il ne pouvait s'empêcher de fixer le nuque blanche, les mèches blondes, d'essayer de croiser les yeux gris. Et il se détestait pour ça.
En sortant, il tomba justement sur le Serpentard qui attendait son tour, appuyé contre un mur.
Putain, pourquoi ce connard était-il aussi beau ?
Ils se toisèrent quelques secondes et finalement, Harry lâcha un :
- Salut, Malfoy.
- Salut, répondit l'autre, méfiant.
Ils avaient bien rigolé à l'anniversaire de Ron, mais ils étaient franchement dans un état second. Et Harry n'oubliait pas que l'autre avait failli l'étrangler quinze jours auparavant.
Il s'apprêtait à partir lorsque ce fut finalement le Serpentard qui fit le premier pas :
- Comment ça s'est passé ? Tu ne te souviens toujours pas de quoi que ce soit ?
Harry le regarda, étonné. Il vit une lueur qu'il ne connaissait pas dans le regard de Malfoy.
- Étonnamment, je me souviens des cours, dit-il enfin. Enfin... quand je relis mes cours, je me souviens des gestes. Mais sinon, non. Et toi ?
- Mes côtes sont encore douloureuses parfois, mais je pense que c'est aussi dû à la bagarre de l'autre jour, répondit Malfoy. Tu me le dirais si tu trouvais un moyen de retrouver la mémoire, n'est-ce pas ?
- Ça ne peut pas se régler magiquement, murmura Harry. Il faut du temps. Peut-être que ça ne reviendra jamais.
- Je sais, mais on ne sait jamais.
- D'accord. Je te tiendrai au courant, alors.
- Ok.
Et le Gryffondor adressa un sourire timide au Serpentard, puis s'éloigna d'un pas léger.
Dans le présent, 28 Mars, Poudlard
- C'est une blague, n'est-ce pas ?
- Non, répondit Harry.
Ron le regarda comme s'il venait d'annoncer qu'il voulait changer de sexe.
- Harry, dit-il d'une voix légèrement tremblante, tu as pensé à jeter un sort sur ton verre ce matin ? Ton jus de citrouille avait pas un goût bizarre, dis ?
- Non, répondit le brun d'une voix morne.
Son meilleur ami se redressa, une lueur déterminée dans les yeux. Il pointa sa baguette sur Harry et s'évertua à lui lancer à peu près tous les sors et contre-sorts qu'il connaissait. Le brun le fixait sans ciller, attendant patiemment qu'il ait fini.
Profite, Harry. Profite, car quand il saura que c'est vrai, tu n'auras plus de meilleur ami.
- Bordel, soupira Ron en se laissant tomber à côté de lui. Vieux... T'es vraiment amoureux de la fouine ? T'es sûr de toi ?
- Ouais. Je rêve de lui toutes les nuits. Il est au courant. Il m'a entendu l'appeler dans mon sommeil à l'infirmerie. Depuis il m'évite comme la peste. Je crois que si je croisais son regard, il m'enverrait un impardonnable illico, peu importent les conséquences.
Ron hoqueta.
- Oh putain... Mais... Mais... Oh putain ! Mais... Mais...
Harry ferma les yeux.
- Quand tu le vois, tu le trouves beau ? Demanda enfin Ron.
Le brun le regarda, perplexe, et hocha la tête.
- Tu le trouves... bandant ?
Nouveau hochement de tête.
- Quand il te regarde méchamment, ça te fait de la... peine ?
- Oui.
- T'as plus envie de le tabasser ?
- Non.
- Sérieux ! Même quand il t'insulte, t'as plus envie de lui faire bouffer le sol !?
- Non.
Harry jeta un coup d'oeil à son meilleur ami, dont les oreilles venaient de faire honneur aux couleurs de sa maison.
- Putain de merde...
Ron se prit la tête entre les mains et commença à se balancer d'avant en arrière.
Est-ce qu'il allait le rejeter ? Est-ce qu'il allait le frapper ? Est-ce qu'il aurait encore le droit de faire partie de la vie de Ron après ça ?
- Bordel, marmonna de nouveau le rouquin en lui prenant l'épaule. La moindre chose qu'on puisse dire, c'est que t'as vraiment pas de bol, Harry.
C'est faux. J'ai au contraire énormément de chance. J'ai le meilleur ami qui puisse exister.
ooooo
Première jalousie
Dans le présent, 30 Mars, Poudlard
Journal d'un Gryffondor
Cette semaine je mettrai un peu potion de désir dans la gourde de Harry puis dans celle de Ginny pendant l'entraînement de Quidditch. Les vestiaires ne sont jamais fermés à clef et les gourdes portent les initiales de leurs propriétaires, rien de plus simple ! J'aurais préféré mettre un filtre d'amour, mais ça aurait été trop évident. Et je sens bien qu'il faut que je fasse attention. J'ai lancé deux sorts d'oubliette et ensorcelé un cognard ces derniers mois. McGonagall croit encore à un malheureux accident, vu qu'elle n'était pas sur les lieux, donc elle n'a pas encore de soupçon, mais il suffit de peu pour lui mettre la puce à l'oreille.
Il faut que je sois méticuleux.
Une potion de désir n'a pas de couleur, pas de goût et pas d'odeur. Et puis Harry a dix-neuf ans, ses hormones le travaillent, pas étonnant qu'il ait envie de baiser parfois, non ? Seulement, cette fois-ci, il sera seul dans les vestiaires et je vais l'enfermer avec Ginny. Héhé. Peut-être qu'avec un peu de chance il se rendra compte que c'est elle l'amour de sa vie et qu'il abandonnera son doudou ridicule. Peut-être. En tout cas Malfoy a fini à l'infirmerie inconscient et salement amoché grâce à ma potion de colère, et ça, c'est jouissif.
Dans le présent, 2 Avril, Vestiaires de Quidditch
Harry augmenta la pression et la température de l'eau, puis massa ses muscles douloureux et poussa un soupir. Bien que l'équipe de Serdaigle soit une sacrée adversaire, l'adrénaline n'était pas parvenue à repousser le sentiment constant de tristesse et de lassitude. Peut être parce qu'il avait vu les membres de l'Equipe de Serpentard les espionner. Peut être parce qu'il avait croisé le regard haineux de Draco Malfoy et avait cru que son coeur allait exploser.
Ils avaient volé une bonne heure et puis ils étaient allés boire et se doucher, comme d'habitude. Comme d'habitude, Harry restait sous la douche plus longtemps que les autres.
C'était une journée triste et morne, comme d'habitude.
Mais tout d'un coup, sa respiration se fit moins lourde. Tout d'un coup, ses pensées négatives le quittèrent. Tout d'un coup, il se sentit vivant. Comme si son sang parcourait son corps plus vite que d'habitude.
Il avait envie de baiser.
Il pourrait se branler sous la douche. Les cabines étaient privées. Mais non. Il avait envie d'un corps sous le sien, de mains sur son torse, ses épaules, sa queue. Il avait envie d'une langue dans sa bouche, d'un étau de chaire autour de sa bite.
Il avait envie de se sentir moins seul.
Il sortit de la cabine, enveloppé d'une mince serviette nouée autour de la taille, et suivit l'odeur. Il connaissait cette odeur. Il l'avait aimée.
Elle était là, dans le vestiaire des filles, en train de se rhabiller. Tout le monde était déjà parti. Était-il resté si longtemps sous la douche ? En tout cas, elle était là, et quand elle se tourna vers lui, elle n'eut l'air étonnée de le voir. Ses tétons pointaient déjà d'excitation et quand il traversa la salle à grande enjambée pour l'embrasser, elle ne dit non.
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Draco avait l'impression que son coeur allait exploser. Il courrait – non, il marchait d'un pas vif – jusqu'au château, se demandant quelle quantité de potion de sommeil sans rêve il allait devoir ingurgiter ce soir pour arriver à fermer l'oeil.
Il n'était pas courageux. Il n'était pas comme ces stupides Gryffondors, qui foncent tête baissée et réfléchissent après. Il n'était pas courageux, mais il était amoureux. Amoureux de ce connard de Potter qui pensait que les gens sont comme des objets dont on peu disposer à sa guise.
Il était amoureux, et le regard que lui avait lancé Potter pendant son entraînement lui avait donné du courage. Un regard profond, un regard destiné à vous seul, un regard qui vous faisait vous sentir spécial. Il était amoureux, et dans ses rêves il entendait Potter pleurait et l'appeler, comme il l'avait fait cette fois-ci à l'infirmerie. Il était amoureux, et rire avec Potter, parler presque normalement avec Potter, à la soirée de la Belette lui avait fournit l'énergie nécessaire pour ouvrir la porte du vestiaire et se décider à aller s'expliquer avec lui.
Peut-être que tout n'était qu'un horrible malentendu, s'était-il dit. Peut-être que Potter comptait vraiment revenir ce soir là, et qu'il avait dû s'occuper d'un ami qui vomissait ou qu'il réparait un meuble cassé par les bons soins de danseurs un peu trop enthousiastes ou alors qu'il était était descendu à la cave chercher des bouteilles de renfort ?
Peut-être que Potter ne comptait pas le laisser là comme un con, peut-être qu'il avait vraiment une bonne raison pour ne pas être revenu.
Peut-être qu'il n'était pas le seul à éprouver ce sentiment de perte lancinant depuis le Nouvel An. Peut-être qu'il n'était pas le seul trou du cul à éprouver des putain de sentiments pour son pire ennemi.
Il était amoureux, et il avait été con. Con de croire que Potter voudrait bien de lui, con de croire que cette nuit-là avait été spéciale. Il était amoureux, et il avait maintenant envie de s'arracher le coeur. Ou les yeux, au choix.
Il était amoureux, et il avait envie de se lancer un oubliette. Pour ne plus les voir encore et encore dans son esprit, pour ne plus les entendre.
Il était amoureux, et il n'avait pas comprit quand il s'était avancé dans les vestaires des garçons, ne trouvant pas Potter alors qu'il était sûr de ne pas l'avoir vu sortir. Il n'avait pas comprit en entendant du bruit dans le vestiaire des filles. Il n'avait pas comprit qu'il aurait dû retrouver un minimum de fierté et faire demi-tour. Mais il avait rapidement comprit en entendant les gémissements sonores. Il avait rapidement comprit en passant la tête par la porte entrebâillée et en voyant Potter et Weasley-Femelle l'un sur l'autre.
Il était amoureux. Et Potter ne serait jamais à lui. Jamais.
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Dans le passé, 6 Août 1998
- C'est quoi ça ?
Harry leva les yeux vers Draco et lui adressa un sourire radieux. Il ne l'avait pas entendu arriver. Le blond était vraiment très beau dans sa tenue estivale.
L'été c'est sympa, il y a moins de choses à enlever, songea le Gryffondor.
- Quoi ça ? Demanda t-il.
- Ça ! S'exclama le blond en pointant du doigt, excédé, l'immense pile de lettres.
- C'est mon courrier, répondit le brun en le regardant comme s'il était demeuré.
- Je sais bien, mais c'est quoi ces PUTAIN DE COEURS SUR LES ENVELOPPES !
- Je sais pas moi, souvent des filles m'envoient des petites lettres d'amour, répondit Harry en haussant les épaules.
Draco le regarda, ses yeux se rétrécissant dangereusement.
- Et... tu les lis ? Siffla t-il.
- Bien sûr.
- Et tu leurs réponds ?
- Bien sûr. Une fois par semaine. Or, c'est aujourd'hui.
Mais Draco n'écoutait plus. Il en prit une au hasard, rose avec des petits coeurs violets sur le dessus.
- Margaret Tellier, marmonna t-il en sortant la lettre de son enveloppe.
Harry haussa un sourcil amusé face au rose criard et espéra secrètement que cette lettre là serait "soft".
- Cher Harry Potter, Merci de nous avoir délivré du mage noir, vous êtes mon héros. Mais il faut me délivrer d'un autre mal à présent : voici une photo de moi nue, j'espère qu'elle vous plaira, j'ai noté mon adresse sur l'enveloppe au cas où... lu le blond d'une voix monocorde. Soudain, se rendant compte du sens des mots, il lâcha la feuille de papier et se tourna vers Harry, ses yeux lançant des éclairs : C'est qui cette salope ?!
- Draco, ce ne sont que des "fans", répondit le brun tranquillement.
- Tu... tu apprécies ces lettres ?
- Pas vraiment. Mais ça fait partie de ma vie maintenant. J'en reçois beaucoup moins qu'après la guerre, remarque, répondit Harry, songeur.
Draco ne disait rien. Le brun sentit l'atmosphère de la pièce devenir électrique ; c'était toujours comme ça depuis que le Serpentard n'avait plus le droit d'utiliser la magie. Le bracelet du Ministère la restreignait, mais il n'arrivait à complètement la faire taire. Quand les émotions devenaient trop fortes, les vitres explosaient, les meubles tremblaient, l'atmosphère devenait... orageuse.
- Draco ? Ça va ? Dit-il, inquiet.
- Oui, siffla le blond entre ses dents.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? Demanda Harry en regardant, inquiet, les murs trembler.
- Rien.
Le Gryffondor se leva et enlaça son amant, lui déposant de légers baisers sur le nez. Il sentit l'autre se raidir. Il savait qu'il détestait que l'on connaisse ses sentiments, et qu'il ne supportait pas que sa magie le trahisse ainsi.
- Dis-moi ce qu'il se passe, supplia t-il.
- J'ai rien, Potter, va donc répondre à tes amoureuses puisque tu les aimes tant ! Cracha le blond en lui tournant violemment le dos.
Harry le regarda, incrédule. Il laissa échapper un petit rire, mais s'arrêta immédiatement en voyant sa tasse tomber de la table basse pour venir se fracasser sur le sol.
- Tu es jaloux ? Dit-il.
- Non, répondit l'autre d'une voix froide.
- Bordel, Draco, tu es jaloux ?
- Bien sûr que non, Potter. Les Malfoys ne sont pas jaloux.
Mais Harry ne l'écoutait plus. Il venait de poser ses lèvres dans le cou de son amant et de l'enlacer tendrement.
- Oui, tu as raison, je suis bête. Les Malfoys ne sont pas jaloux. Et puis comment quelqu'un comme toi pourrait être jaloux ? C'est plutôt moi qui devrais être jaloux que d'autres personnes que moi puissent poser leur regard sur toi.
- Mmm...
- Je suis bien avec toi, Draco.
Le blond se tourna, les sourcils froncés.
- Laisse-moi lui répondre.
Harry le fixa, étonné.
- Quoi ?
- Laisse-moi lui répondre.
- Ok, fit le brun en haussant les épaules.
Après tout, il avait bien besoin d'aide, il recevait beaucoup trop de lettres.
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Cher Margaret,
Merci pour votre délicieuse lettre. En observant votre photo, je me suis rendu compte que je ne suis pas qualifié pour vous délivrer du mal qui vous habite.
Je vous transmets donc le nom d'un très bon chirurgien plastique qui pourra faire quelque chose pour votre poitrine tombante et vos pattes d'oie mais également celui d'un très bon coach sportif qui pourra éventuellement vous aider à régler ce soucis de poignets d'amours.
Cordialement
Harry Potter.
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Voilà :) J'ai rajouté à la dernière minute la scène "Première jalousie", je n'avais pas l'intention d'autant maltraiter Draco dans cette fiction, mais ça le fait non ? Pour une fois qu'il trouve le courage de faire quelque chose, il s'en prend plein les dents.
N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez ! Bisous. |