CHAPITRE 3
AZKABAN
AU PASSE
Journal de Harry Potter, 18 Mars 1999
Aujourd'hui je suis allé à Azkaban. Je ne sais pas du tout pourquoi j'ai fais ça. Si Ron l'apprenait, il deviendrait tout rouge et me frapperait avec le premier objet qui lui passerait sous la main, c'est certain. Je n'en ai parlé à personne...
Enfait la seule personne qui ne m'emmerderait pas avec 36 questions et exclamations choquées, c'est Gabriel, mais si je lui racontais où je suis allé aujourd'hui, comment j'y suis allé et pour quelles raisons personne ne s'attendait à ce que je le fasse, il appelerait plutôt l'asile psychiatrique pour me faire interner donc bon...
Ce n'était pas prémédité, je me suis réveillé, en pensant à la tête de Malfoy au procès (il avait vraiment l'air mal en point... c'était bizarre de le voir comme ça), et j'ai songé que sa mère avait du rentrer chez eux.
Je l'ai imaginée, seule dans son château, sans ce mari et ce fils qu'elle semble adorer (On se demande bien pourquoi)... Je me suis demandé comment elle réapprenait à être Mme Malfoy, elle qui était si fière, toujours impeccable. Si elle tentait de faire comme si elle n'avait pas passé 10 mois en prison... Ou si au contraire elle pleurait le soir, seule dans son immense chambre. Non, décidément, je pense beaucoup trop aux Malfoy pour mon propre bien.
Malfoy avait vraiment l'air surpris de me voir. Normal, j'étais moi-même surpris d'y aller. Il a changé, je trouve. Les évenements de ces deux dernières années auraient changé n'importe qui en même temps.
Je sais qu'il méprisait Dumbledore, mais de là à le tuer, il y a quand même une marge... J'imagine ce sale petit con qu'il était en début de 6e année se voir confier cette mission... Malfoy est un connard, un lâche, un emmerdeur, mais ce n'est pas un tueur. Je n'aurais jamais cru écrire ça, mais je le plains, ça a dû vraiment être difficile à vivre.
Et puis vivre sous le même toit que Voldemort... Voir cet affreux cadavre-ambulant arpenter dans les pièces où l'ont a grandit, où notre mère nous a prit dans ses bras, où nous avons vécu les premières expériences de notre vie... voir des cadavres à la place des coffres qui renfermaient nos jouets, du sang sur les murs sur lesquels où nous interdisait de colorier... ça doit rendre fou.
Il m'a jeté, au départ. Trop fier pour se laisser voir dans une position d'infériorité par son pire-ennemi, je suppose. Il a beaucoup minci, je crois qu'il a perçu de l'inquiétude dans mon regard, parce qu'il s'est vraiment énervé. Après m'avoir copieusement insulté, il s'est tu en voyant que je ne ripostais pas comme avant, et s'est contenté de me demander ce que je foutais là. Je n'ai pas su lui fournir une réponse correcte, ça l'a fait ricaner.
Étrangement, ça ne m'a pas énervé. Je me suis même senti soulagé.
Pour une raison qui m'échappe totalement, j'aimerais que Malfoy redevienne le sale petit con à qui j'aimais bien mettre deux ou trois patates quand j'étais énervé. J'ai envie de retrouver la vie que j'avais avant, quand tout était simple à sa façon, parce qu'il y avait "les adultes" pour me dire quoi faire... maintenant c'est moi qui suis en train de devenir adulte, et les gens qui s'occupaient de moi sont morts successivement.
Tant que j'étais dans l'enceinte de Poudlard il y avait un sentiment de sécurité, ou du moins un quotidient rassurant. Il y avait une maison. J'avais un rôle, j'existais. J'étais le meilleur ami d'Hermione et Ron... maintenant quand je me retrouve avec eux j'ai l'impression d'être l’intrus, alors qu'autrefois nous nous complétions parfaitement.
Je sais qu'ils ne le font pas exprès mais leur amour est si fort, si évident, qu'on se sent inévitablement de trop. Ça passera avec le temps je le sais, du temps qu'ils arrêtent de se faire des bisous toutes les trente secondes ou qu'ils puissent rester deux minutes sans se prendre par la main, la taille, ou je-ne-sais-pas-quoi que je n'ai même pas envie d'imaginer. J'étais l'élève détesté de Snape, l'ami de Colin, le protégé de Dumbledore... Il sont morts. J'étais le petit-ami de Ginny... C'est fini.
Je ne retrouverai jamais le Poudlard que j'aimais, dans lequel j'ai grandis. Tout a changé, moi aussi. Gabriel dirait que ce serait triste si justement tout n'avait pas changé, car les choses sont faîtes pour évoluer, mais j'ai du mal à l'accepter. Savoir que je vais y retourner en Septembre me fait inexplicablement angoisser. Il ne me reste que Malfoy. Cet abruti doit sortir de prison et aller mieux pour que je puisse passer mes nerfs sur lui quand la situation deviendra intenable. Pour qu'au moins quelque chose qui faisait mon quotidien ne disparaisse pas. Il n'a pas le droit d'aller mal, d'être si mince, si pâle. C'est Malfoy, le sale con qui m'a pourri la vie pendant 6 ans ! Il n'a pas le droit de changer.
Cependant... Quand je pense à toutes les fois où il m'a fait péter un câble, quand il a traité Hermione de sang-de-bourbe, quand il a fait mettre Buck à mort, quand ils ont agrandit les dents d'Hermione... Tous ces regards méprisants, ces insultes sur Maman, Hermione, Molly ou Ron... Toute sa connerie, sa voix si agaçante, ses ricanements stupides... Je m'en souviens parfaitement, je comprends mes réactions de l'époque, mais je m'en fouts maintenant. Il s'est passé trop de choses entre temps pour que je puisse encore me préoccuper de ce que Malfoy pense de Maman ou d'Hermione.
Tout a perdu de son importance, j'ai dû reporter toute ma haine sur Voldemort et ses partisans, et non pas sur ce petit con de Malfoy. Il insultait ma mère, Voldemort l'a tuée. Il embêtait Neville, Bellatrix a rendu ses parents fous de douleur. Il traitait Albus de vieux fou, Voldemort voulait sa mort. Il y a une marge entre tout ça.
Quand on devient adulte, les priorités changent je suppose.
19 Mars
Je suis retourné à Azkaban. Il ne m'a insulté que trois fois, m'a jeté deux mauvais regards et n'a même pas essayé de me tuer. Il m'a redemandé ce que je foutais là et je n'ai pas su répondre. Il a encore ricané et m'a demandé de lui être utile et de jeter un sort pour éviter au vent de se glisser entre les pierres du mur.
20 Mars
Il m'attendait, assit sur son lit, l'air fier. Sa cellule, bien que très pauvrement meublé et sérieusement glacée, était parfaitement rangée. Il était vêtu, comme d'habitude, de son habit de prisonnier, mais il se tenait bien droit, il avait visiblement tenté d'arranger ses cheveux, et semblait très propre sur lui. Il m'a insulté deux fois, puis m'a demandé ce que je comptais faire pour le faire sortir de là.
21 Mars
Je ne sais même pas pourquoi j'y vais, je ne sais même pas ce que j'attends de Malfoy.
Il m'a demandé d'être au moins utile et de lui apporter un livre la prochaine fois. Il s'ennuie à Azkaban.
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JOURNAL DE DRACO MALFOY
Journal de Draco, 16 Mars
Hier, le procès a eu lieu. Potter, Grand Sauveur, est venu témoigner en notre faveur, surprenant tout le monde, même père. Pour une fois je ne l'insulterai pas pour cette attitude qui m'a toujours énervé, car il a réussi à faire libérer Mère. Je suis exténué, j'écrirai plus demain.
17 Mars
Mère est partie ce matin. Je suis heureux pour elle, mais en même temps j'ai peur : Je me demande comment elle va se débrouiller seule, sans Père. Il y encore des mangemorts en liberté, qui sait s'ils ne vont pas tenter de se venger du fait qu'elle ait été relâchée ?
Elle m'a confié qu'elle pensait reprendre contact avec sa soeur, Andromeda. Elle m'a même dit que j'ai un cousin, qui n'est autre que - par Merlin – le fils de sa fille Nymphadora et de Lupin. Bon pour être honnête, Lupin, malgré ses airs de miteux et son amitié incompréhensible pour Potter, était quand même un professeur sympathique.
J'ai dis du bien d'un Gryffondor dans mon Journal. Heureusement que Père ne peut pas le lire, sinon il aurait fait un arrêt cardiaque. Mais il y a pire : Ce cousin, c'est aussi le filleut de Potter ! J'ai un lien de parenté avec Potter.
Notre procès était dans la Gazette aujourd'hui. Et dans plein d'autres journaux, sauf le Chicaneur, qui publie des photos du voyage de Loufoca et son père en Hongrie (Lovegood me fera toujours rire).
La Presse s'est défoulée. "Pourquoi le Survivant a t-il décidé de défendre une famille de Mangemorts ?", "L'Elu défend son ennemi d'enfance devant la Justice", "Harry Potter soutient Draco Malefoy", "Quelle est la véritable nature de la relation entre le Survivant et le Jeune Mangemort ?", "Draco Malefoy a t-il joué un rôle plus important que nous le croyions dans la Guerre ?" etc...
Le Directeur de la prison – je n'arrive jamais à prononcer son nom, encore moins à l'écrire – me les a apportés aujourd'hui. Il m'aime bien, je ne sais pas pourquoi. Il m'a dit qu'il pensait que Potter arriverait à me faire libérer, parce que Potter était influent, en plus d'être un "type bien". Tant mieux pour nous.
18 Mars
Je ne sais pas à quoi joue Potter. Bien qu'il soit venu me défendre au Procès, il se comporte toujours comme s'il me détestait lorsqu'il y a un public (le gardien de cellule, d'autres prisonniers...).
Mais lorsque nous nous retrouvons tous les deux, au lieu de me sauter à la gorge pour tenter de m'éradiquer de la surface de la terre (ce qui est à mon sens une attitude normale), il me parle normalement, posément, comme s'il avait digéré toutes les crasses que j'ai pu lui faire à Poudlard, comme si nous étions passés à autre chose, lui et moi (attitude hautement inquiétante).
C'est un peu n'importe quoi. Je commence à me demander si revenir de la mort ne l'a pas légèrement perturbé (Oui, je lis des articles sur Potter dans la gazette. Et alors ?)
19 Mars
Cette fois-ci c'est sûr, Potter a le cerveau ramolli. Pour le faire sortir de ses gonds, je lui ai demandé un service, il l'a fait sans broncher. Puis il est partit, et je l'ai entendu sermonner le gardien par rapport au froid dans les cellules et à la santé des prisonniers. Il est devenu fou.
20 Mars
Potter est encore venu me voir. L'autre fois, pour rire, je lui ai demandé de m'apporter un livre. Il m'en a emmené un. Moldu en plus. Il a passé dix minutes à m'en parler avec passion, on aurait dit Granger...
Je lui ai demandé de sortir rapidement, je commence à m'inquiéter pour sa santé mentale.
J'ai encore reçu une lettre de Pansy. Elle m'écrit énormément en ce moment. Non pas que je m'en plaigne, mais je préférerai la savoir heureuse, ou du moins en reconstruction, au soleil, comme Blaise. Elle est consignée au Manoir car depuis l'emprisonnement de son père, sa mère se refuse à faire des apparitions publiques. Trop fière, trop blessée. Pauvre Pansy... Obligée de rester en Angleterre, d'affronter l'échec de ce père qu'elle adorait, d'assister une mère de plus en plus violente et aigrie. Elle s'ennuie à en mourir apparemment, mais profite du temps clément pour se balader dans le parc, faire du cheval... m'écrire.
Heureusement Millicent et Daphnée ont droit de venir la voir parfois. Elle joue beaucoup de violon, espère que Potter arrivera à me faire sortir d'ici pour qu'on puisse jouer en duo, prévoit de le frapper avec s'il n'y arrive pas. Je n'ai jamais connu quelqu'un de plus têtu que Pansy (enfin peut-être à part Potter) : cela fait au moins quatre ans que j'ai arrêté le violon pour me consacrer entièrement au piano, mais elle s'accroche à l'idée que je vais bientôt reprendre...
Quand elle peut sortir du manoir, elle voit Théo, qui sort de moins en moins souvent de chez lui. D'après Pansy, il passe son temps assit dans son jardin, l'air ailleurs. D'après Blaise, il parle encore moins qu'avant. D'après Daphnée, il ne mange pas assez.
Il se remet mal de la mort de son père. Vu que sa mère est morte, il vit seul dans son immense maison, ce qui le déprime franchement... Je le comprends ! Pauvre Théo. Je lui écris régulièrement mais je ne suis pas doué pour réconforter les gens – même ceux que j'aime et que je connais bien, et c'est difficile parfois – et ses réponses sont courtes, brèves, comme sa façon de parler.
En même temps comment le réconforter alors que moi-même je suis dans une situation peu enviable... Quand je sortirai d'ici – ou plutôt si je sors d'ici – j'irai le voir, insister pour qu'il passe le reste des "vacances" au Manoir. Ce n'est pas l'endroit le plus chaleureux au monde, mais au moins il ne sera pas seul. Je lui montrerai la Bibliothèque familiale, il sera ravi. Pire que Granger, celui-la.
Nuit du 20 au 21
Etrangement, ce discours de Potter sur son bouquin, ça m'a donné envie de le lire. Il est vraiment bien...
21 Mars
Pour l'importuner j'ai suggéré à Potter d'aller voir un magicosychologue. Je m'attendais à ce qu'il essaie de m'étrangler avec sa cravate, mais il m'a dit qu'il y songeait, mais que s'il en voyait un sorcier, il n'était pas sûr que le secret professionnel soit respecté, et s'il allait en voir un Moldu, celui-ci le ferait interner en HP (Tiens, comme ses initiales... amusant, le hasard).
22 Mars
Il n'est pas venu aujourd'hui, je m'ennuie.
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23 Mars 1999
Quel sorcier sain d'esprit va à Azkaban de son propre gré ? S'était demandé Harry en suivant un gardien jusqu'à la cellule de Draco. Surtout pour rendre visite à son ancien ennemi...
En ce moment, il se surprenait de plus, se comprenait de moins en moins. Il était sûrement déboussolé par sa rupture avec Ginny, lui disait Gabriel. Mais quel rapport entre le fait de rompre avec Ginny et rendre visite à Malefoy ?
Bien sûr, il savait que Draco sortirait d'ici après le deuxième procès. La parole du Survivant, de l'Elu, était trop importante pour que le Juge ne le fâche. Les médias en feraient des gorges chaudes et le Ministère n'avait pas besoin d'un autre scandale. Il avait juste reporté le procès pour ne pas perdre la face devant tout le monde.
Pour ce qui était de Lucius, il était moins sûr de pouvoir le sortir d'ici. Tout d'abord parce que celui-ci avait été un mangemort à part entière, et était donc moins facilement défendable que son fils, ensuite parce que Harry pensait secrètement que ce serait bien que Lucius paye les conséquences de ses mauvais choix, disons pour quelques mois supplémentaires.
Ensuite il pourrait rentrer chez lui et recommencer à se balader dans tout Londres avec des airs de propriétaires, et à emmerder Harry et les autres, juste parce que c'est bien que certaines choses ne changent pas.
Hermione l'avait encouragé à y aller, quand il lui en avait parlé, quelques jours auparavant.
C'était typique d'Hermione, ça. Oublier les vieilles rancunes, aider un innocent à échapper à un sort qu'on ne souhaiterait à personne, aider Malefoy à devenir quelqu'un de bien. Elle lui avait fait un long discours sur la beauté de son geste, le bien-être que ça lui apporterait d'accepter son passé tel qu'il été, la meilleure ambiance qu'il y aurait à Poudlard à la rentrée si Malefoy et lui ne passaient pas leur temps à se frapper dessus comme avant.
Un grand cœur, Hermione. Mais elle ne savait pas qu'il n'y avait pas eu qu'une visite...
En attendant, ce n'était pas elle qui se baladait dans les couloirs d'Azkaban !
Il se sentait con, au milieu de toutes ces personnes qu'il avait contribué à envoyer ici. Ils le regardaient passer, l'air haineux, leurs yeux lançant des éclairs. Certaines se jetèrent même sur les grilles de leur cellule pour tenter de l'étrangler. Sympathique.
Azkaban était un peu plus vivable depuis que les détraqueurs n'y étaient plus. Cependant, la mer grise, l'odeur ignoble de sel, l'affreux bruit du vent qui pénétrait entre les pierres de la forteresse, tout ça donnait envie à Harry de prendre ses jambes à son coup. Comment Draco avait-il pu survivre à cet endroit, lui qui était né dans un immense manoir, n'était vêtu que de soie et de cachemire, ne supportait pas les tâches domestiques ?
Il arriva enfin devant la cellule de Malfoy. Elle n'était pas ouverte sur le couloir et séparée de celui-ci par des grilles, comme celle des autres prisonniers. C'était une petite pièce fermée par une porte sans serrure, verrouillée magiquement de l'extérieur, avec un lavabo en mauvais état, un lit sur lequel était posé une mince couverture, un bureau. Le traitement réservé aux prisonniers riches, peut-être. Ou alors ils l'avaient changé de place pour ne pas affronter la colère d'Harry. Tout était très pauvre, abîmé, mais soigneusement entretenu.
Le blond était assit sur son lit, vêtu de l'habit gris clair des prisonniers. Ses jambes étaient repliées contre son torse, il fixait le livre qu'Harry lui avait apporté deux jours auparavant.
Le Gardien échangea un regard avec Harry et sortit de la pièce en fermant la porte derrière lui sans poser de questions. Il y avait quelques privilèges à avoir sauvé le monde sorcier.
Pour la cinquième fois de la semaine, le brun se sentit gauche, avec ses vêtements de bonne qualité qui le protégeaient bien du froid glacial, son teint hâlé dû aux nombreuses escapades dans les pays chauds avec Ginny ou Ron, son air de bien nourri-bien dormi. Il se sentait de trop ici, excessivement coloré au milieu des pierres grises, des meubles en bois, de la pâleur de Draco.
Il posa par terre son sac rempli de nourriture, de vêtements chauds, de livres. Il l'avait préparé une heure plus tôt tout en se demandant pourquoi il faisait ça. Il avait peur que Draco ne s'en serve pour le frapper avec, charmante façon de lui dire qu'il refusait sa charité. Face au Serpentard, il redevenait le petit garçon effrayé et impressionné qui avait acheté ses robes de sorcier dans la boutique de Madame Guipure, et il détestait ça.
- Encore toi ! Qu'est-ce que tu fais ici, Potter ?
- Tu ne vas pas me poser cette question à chaque fois que je viens ! S'exclama Harry.
- Tu es complètement fou, soupira Draco en secouant la tête. Bon à jeter.
Sa respiration était bruyante, erratique. Malgré les paroles blessantes, la voix était douce. Trop fatigué pour hurler, Malfoy ? Le froid était insupportable, le cœur d'Harry se serra. Il s'assit sur l'unique chaise de la pièce.
- Ça fait cinq jours que tu viens, si c'est pour te moquer de ma situation, je te préviens, tu ne ressortiras pas de cette pièce vivant, siffla Draco.
- Je ne savais pas que tu étais enfermé ici depuis la fin de la Guerre, répondit Harry avec douceur.
Il inspira profondément, affronta le regard noir de Malfoy.
- Je te croyais tranquille dans ton manoir, à te prélasser dans des divans en mangeant des macarons et en aboyant des ordres aux elfes de maison... Je croyais que tes parents avaient payé une grosse amende pour vous sortir de là, et que mon rapport sur la Bataille Finale écrit en Mai suffirait à vous innocenter, au moins ta mère et toi.
Draco soupira. Il secoua la tête, baissa les yeux. Trop fatigué pour se battre, Malfoy ?
- Père était trop secoué pour penser à fuir, dit Draco. Il était blessé, et Mère ne savait pas comment réagir. Il a toujours été très fort, il a toujours su quoi faire. C'était toujours lui qui prenait les décisions... Les aurors sont arrivés quelques heures après la Bataille Finale. Il n'y a pas eu de procès, rien. Nous avons été traînés ici, et personne ne s'est soucié de nous. Parce que personne n'était au courant. Nous recevons la Gazette ici. Le Directeur la pose régulièrement sur les tables du réfectoire. Aucun article sur notre arrestation, même pas une phrase. C'était comme si nous n'avions jamais existé. Les collègues de mon Père, les amis de Galas de Charité de ma mère... Personne. Seuls mes amis proche m'ont écrit, et sans eux je crois que je serai devenu fou.
Le blond se mordit la lèvre.
- Mère a manqué mourir ici... Elle est partie depuis peu... grâce... grâce à toi, mais elle m'écrit régulièrement. Père est dans une autre cellule. Je crois qu'il réfléchit à ses erreurs... Il parle peu, mais se nourrit quand même, et semble dormir normalement. Je me faisais du soucis pour lui au départ, mais comme je vois qu'il ne se laisse pas mourir, ça va. Et puis nous avons un nouvel espoir depuis que tu es intervenu à notre procès. Quelle surprise de voir que tu étais du côté de ceux qui nous soutenaient... Je n'en croyais pas mes yeux !
Le blond se tu, semblant lui-même étonné de son débit de parole. Il frissonna, s'enveloppa de sa petite couverture.
Harry le nota et dit :
- Je ne tiens pas à ce que tu meurs de faim ou de froid avant de sortir d'ici. N'oublie pas que tu dois faire une Septième année à Poudlard afin qu'Hermione puisse avoir de meilleures notes que toi aux ASPIC et que je puisse mettre de l'urine de dragon dans ton jus de citrouille, et te massacrer au quidditch.
Il avait tenté de plaisanter, mais sa voix avait tremblé, sous le coup de l'émotion peut-être. Il se pencha pour cacher son trouble, sortit les affaires de son sac, sous le regard scrutateur de Draco.
- Tu as empoisonné la nourriture ? Demanda le blond en regardant les fruits avec envie.
Harry esquissa un sourire et lui tendit une barquette de fraises.
- Tu sais que c'est interdit d'emmener à manger aux prisonniers ? Ajouta Draco en la saisissant précipitamment.
- Ah bon ? Ils ont fouillé mon sac et n'ont rien dit, pourtant.
- Typiquement Potterien comme attitude, soupira le blond, amusé. "Il y a des lois, elles ont été crées pour que je les transgresse".
- Ils te donnent quoi à manger ici ?
- On va éviter de parler de ça, Potter, je ne tiens pas à ce que tu rende ton repas sur le sol de ma cellule.
La plaisanterie était amère, mais si typique de Malfoy qu'Harry ne pu retenir un sourire.
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23 Mars, Journal de Draco Malfoy
Ce fou furieux de Potter est arrivé avec un sac rempli de pulls, de sweats, de nourriture, de bouquins. SAINT POTTER IS BACK. J'avais envie de les lui faire manger et qu'il s'étouffe avec, mais je n'avais pas vu de fruits frais depuis plus d'un an, alors...
Je me suis tellement ennuyé hier que je lui ai raconté ma vie !
La situation devient grave. Potter devient fou, et de surcroît, il me contamine.
Si ça continue j'appelle Granger à la rescousse. (QUOI ? QUELLE IDEE DE DEMANDER DE L'AIDE A GRANGER ? Fréquenter Potter est définitivement mauvais pour moi).
Assez parlé de ces satanés Gryffondors ! Pensons à quelque chose d'agréable.
Encore reçu une lettre de Blaise. Il est en Guadeloupe maintenant, le fumier. Il m'a dit qu'il avait fait une liste de plans pour me faire sortir d'ici si ce fou de Potter n'y arrivait pas. Et qu'il avait aussi fait une liste de crasses-pas-trop-méchantes à faire à Potter si ce fou y arrivait (pour le remercier, selon lui... Blaise a une notion de la reconnaissance très particulière). Il drague tout ce qui porte une jupe et qui a moins de 25 ans. Et même celles qui avaient plus de 25 ans, en fait. Cet abruti me manque. (pitié que Père ne tombe jamais sur ce journal !).
24 Mars
Pas de Potter aujourd'hui. Ce fou s'est peut-être rendu compte de l'incongruité de sa conduite.
Nuit du 24 au 25 Mars
Je suis dans mon lit, je porte un pull que Potter m'a emmené. Père serait fou de rage s'il l'apprenait, mais il quitte à peine sa cellule pour se nourrir, alors bon... Je m'étais promis de ne pas y toucher, je ne suis pas un de ces enfants perdus que Potter aide régulièrement (OUI JE LIS LES JOURNAUX, ET ALORS ?), mais j'avais si froid...
C'est du cachemire, il ne s'est pas moqué de moi. Il sent son odeur. Je crois que je vais commencer cet ouvrage russe qu'il m'a vivement recommandé hier. Même s'il m'a dit que c'était un ami moldu qui le lui avait fait découvrir. Je ne savais même pas que Potter avait des amis moldus.
Il ne faut pas que j'oublie que la vie continue dehors, pendant que moi je suis coincé ici.
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