Chapitre 3 : de l’autre coté du miroir.
°° - Dieu ne fait jamais ce qu’on attend de lui.
- Et le Diable ?
- Le Diable ? Et bien Draco, le Diable est toujours doux et je sais qu’il fera son possible pour t’être agréable. Par ce que tu es né pour ça.
- Je ne comprends pas mère.
- Tout est en toi Draco. Tu es …
Draco voyait les lèvres de sa mère bouger mais aucun son ne lui parvenait.
- Un jour mon fils, tu comprendras. °°
Dans le lit, Draco s’éveilla en sueur. A ses coté, Harry ne remua pas. Le blond se redressa et posa son regard sur son compagnon avant de le dévier vers la table de chevet. Il en ouvrit le deuxième tiroir et prit un objet enveloppé d’une étoffe, tira sur le bout de tissus bleu pour découvrir le cadre qu’il renfermait.
Sur la photo se trouvaient trois personnes. Il y avait sa mère, portant cette robe verte foncé qui lui allait si bien ; lui, âgé de huit ans et une silhouette que le temps ou un accident quelconque avait rendue flou. Il caressa du bout de doigts le résidu photographique de sa mère et tapota l’image avant de la ranger à l’intérieur de la commode.
Il était sept heures du soir. L’hiver c'était installé depuis un mois déjà, invitant avec lui le soleil à se coucher plus tôt. Il faisait déjà nuit.
Draco regarda une nouvelle fois Harry et se leva. L’ex Gryffondor ne se réveillerait que dans quelques heures. Il avait du temps devant lui mais n’irait pas chasser. Il préférait attendre le brun de peur que celui-ci ne retente une escapade telle que celle d’hier soir…
Draco ne comprenait pas…
Il se leva, et se dirigea vers la salle de bain. Pourquoi se souvenir de sa mère maintenant ? La mort de celle-ci, qu’il chérissait tant, l’avait meurtri bien plus qu’il ne le laissait croire. Elle seule pouvait le comprendre. Ils partageaient des secrets que personne ne pourrait jamais concevoir. Ils détenaient des connaissances qu’aucun grimoire ou livre ne pourrait jamais contenir. Ils savaient d’où venait le mal, et comment s’en envelopper, s’en faire aimer…
Le vampire caressa doucement la peau de son torse, ne sentant pas les pulsations de son cœur mort à travers l’épiderme froid.
- Par ce que je suis né pour ça… Tout est en moi…
Il observa son reflet dans la glace de la salle de bain, dégoûté de cet air angélique que son visage adoptait. Il était tout sauf un ange. Draco ferma les yeux et respira doucement.
° Mon adoré…°
Surpris par ce murmure, le blond se retourna rapidement pour voir qui avait parlé. Sûrement pas Harry… Même si le brun et lui commençaient enfin à avoir des conversation à peut près correctes, il n’en restait pas moins qu’il ne s’appréciaient pas mais pas du tout, alors de là à l’appeler son adoré ! Lorsque Draco se tourna, il ne vit personne. Etourdit et encore embrumé pas le sommeil, il se détourna agacé d’avoir cru entendre quelqu’un et jeta un dernier coup d’œil au miroir.
Draco avait sans doute comme projet de sortir de la salle de bain et d’aller faire quelque chose de constructif, comme lire le dictionnaire ou faire une partie d’échec contre lui-même, chose mal aisée car on arrive toujours à avoir une préférence pour l’un ou l’autre de camps ce qui en générale amène rapidement à une brouille intérieure bien plus gênante que la gentille dispute que vous auriez eu avec votre meilleur ami si vous aviez gagné à ce jeu somme toute assez relaxant, ce qui vous invite donc à comprendre qu’il vaut mieux ne pas jouer aux échecs seul…Bref, Draco avait sans doute comme projet de sortir de la salle de bain mais ce qu’il vit dans le miroir l’en dissuada et l’effraya.
Derrière lui se tenait un homme. S’il avait reculé d’un pas, ce qu’il ne souhaitait absolument pas faire pour le moment, Draco l’aurait touché.
° Non… °
L’homme se rapprocha et posa sa main sur le cou du vampire. Pétrifié, celui-ci ne put qu’observer l’inconnu qui se tenait derrière lui mais sans sentir la présence des doigts sur sa peau.
° Tu es là, à moi, pour la seconde fois…°
Draco se retourna brusquement, présentant son dos à la glace mais ne vis personne dans la salle de bain. Il était seul. Alors tout doucement, il tourna la tête vers le miroir et prit alors conscience d’une chose : l’homme n’était qu’un reflet.
° Tu es un homme maintenant. °
Il eut un rire.
° Si différent de la première fois que je t’ai vu ! Si pur... Un ange…°
- Je ne suis pas un ange, murmura le blond.
Draco n’était peut-être pas un ange mais il ne faisait aucun doute que l’inconnu n'en était pas un non plus. Ses cheveux brun clair balayaient un visage pâle, où s’incrustaient deux yeux rouge foncés. Ses vêtements étaient extravagants, un costume à queue de pie rouge vif, parcouru de fines rayures noires, aux des boutons en forme de roses de même couleurs. Il portait un chapeau haut de forme rayé de grosses bandes horizontales rouges et noires aussi. Il ne paraissait ni jeune ni vieux…
« Démon ».
Ce mot vibrait en Draco comme pour l’avertir.
« Démon »
Ce dernier chuchotait…
° Tu fus mien et tu le seras encore… °
- Je…
Mais une voix coupa le vampire dans sa phrase.
- Draco ? Où es-tu ?
Le Démon tourna la tête vers l’origine du bruit et quand il fixa son regard sur Draco, l’incompréhension s'y lit.
° Qui est-ce ? °
De la colère se déchiffrait à présent dans ses yeux.
° Il serait regrettable pour toi que tu ais oublié la promesse Draco…°
L’inconnu fixa une dernière fois le blond et s’évapora dans un nuage de fumée, laissant comme unique trace de son passage un peu de buée sur la glace de la salle de bain.
Il y a plusieurs signes avant coureurs d’un danger ou d’une aventure à venir… Une bouteille trouvée sur la plage près de la maison de campagne où vous comptiez passer des vacances paisibles et qui contient la carte d’un trésor perdu qui vous mènera dans une grotte où vous resterez coincés par la marée montante mais d’où vous vous échapperez de justesse en découvrant un passage secret menant à la cheminée de votre salon. Ou encore un article dans le journal du dimanche alors que vous vous apprêtiez à déguster de délicieux croissant au beurre et à la confiture de mûres de votre grand-mère, affichant votre photo et un gros titre vous tenant comme responsable d’un braquage de banque avec otages alors même que ce jour là vous étiez en forêt à observer les oiseaux et qu’il n’y a aucun témoin pour vous faire bénéficier d’un alibi… Discuter avec un reflet dans votre salle de bain peut aussi se traduire de cette façon : « Hé toi ! Oui oui toi, le blondinet ! Tu vas avoir de problèmes ! » Il y a aussi des situations qui vous semblent obscures et incompréhensibles… De celles dont vous ne parlez pas à vos proches et surtout pas à votre famille car ils vous prendraient pour un fou et vous livreraient directement à la police pour toucher la récompense promise … Bref, une situation compliquée.
Draco, à présent sortit de la salle de bain et assit sur le canapé du salon, se tenait maintenant le visage dans les mains sous le regard plein de scepticisme d’Harry.
- Draco, tu es fou. Il n’y a pas de démon dans le miroir. On l’a démonté tous les deux et tu as bien vu qu’il n’y avait rien derrière !
- Mais ma mère…
- Ta mère est morte ! Ce n’était pas de son fait.
Draco se leva et regarda vers Harry d’un air à la fois choqué et blessé.
- Je le sais bien ! Je ne suis pas un fou nostalgique qui vit avec ses fantômes Harry ! Ce n’est pas ce que je voulais dire. Je voulais simplement parler d’un souvenir… Le Démon...
Harry ouvrit la bouche pour intervenir mais Draco leva la main pour l’en empêcher.
- Laisse moi finir ! Le Démon a parlé de choses… D’une promesse, et ce rêve avec ma mère qui me parlait du Diable et cette photo où ce n’est pas mon père...
Harry le coupa
- Quelle photo ?
- Une vieille photographie.
Il alla farfouiller dans la commode près du lit et en sortit l’image enroulée dans le tissu. Il l’en extrait délicatement et la tendit d’une main tremblante vers Harry.
- Celle-ci… dit il.
Ne vous est il jamais arrivé de penser détenir la preuve suprême de la bonne santé de votre mental et de votre bonne fois et que votre interlocuteur réduise cette preuve à néant en vous expliquant par A + B que ça ne tient pas debout et qu’il ne vous pardonnera pas d’avoir fini son pot de glace parfum chocolat cookies… Forcement au moins une fois, vous aurez beau lui dire que vous préférez la vanille et lui montrer que la petite cuillère ayant servit au forfait est encore dans la chambre de votre frère, si votre interlocuteur est borné et dors et déjà persuadé de votre culpabilité, ou présentement de votre imagination débordante, c’est peine perdue…
Harry observa la photographie d’un air embarrassé.
- Draco, on ne distingue pas l’homme, comment peux tu être sûr que ce ne soit pas ton père ? Et tu as parlé d’un rêve, tu devais être encore sous le choc d’avoir rêvé de ta mère, et tu as imaginé voir la personne que tu pense être un… démon.
Il prononça ce dernier mot d’un ton peu convaincu et perplexe.
- Harry, ne me prend pas pour un fou…
Il reprit la photo brusquement et le remit avec soin dans son tissu bleu avant de la ranger et de murmurer :
- Tu ne comprends pas.
- Non, apparemment pas, dit le brun en se levant et en prenant un pardessus
Draco le regarda faire.
- Tu sors ?
- Oui… Je ne sais pas quand je rentrerais.
- Cette fois je ne viendrais pas te chercher !
Harry eu un sourire désabusé et se dirigea vers l’entrée.
- C’est ça… A plus tard. .
Le bruit de la porte se fermant laissa Draco seul dans l’appartement.
°Tu vois qu’il n’est pas celui qu’il te faut ! °
Draco releva la tête au bord de la crise de nerf.
- Où êtes vous cette fois ?
° Dans la télévision…°
Le blond, ayant perdu toute inhibition et pensée logique, ce qui lui permit de ne pas s’embarrasser du fait de discuter avec une télévisons éteinte, se rapprocha de l’engin et s’assit devant à genoux. Il observa l’homme qui n’était pas très visible dans le petit écran noir.
° On pourrait aller discuter à la fenêtre, non ? °
Draco le regarda d’un air ahuri et indigné.
- Quoi ? Par ce qu’en plus vous voulez discuter ? Vous ne trouvez pas suffisant qu’Harry me trouve fou, il faut aussi que je le devienne réellement ? Et puis...
Il se releva d’un air hagard.
- Je ne discute pas avec les reflets…
Draco se dirigeat vers la chambre, s’allongea sur le lit, ferma les yeux et finalement il se redressa et ressortit la photo de sa cachette. Il se posa devant le miroir de la salle de bain et appela.
- Hum dites, monsieur… Je ne sais pas trop qui, venez voir un peu !
N’obtenant pas de réponses, Draco soupirât.
- S’il vous plait…
L’homme apparut, l’air boudeur.
° Quoi ? °
Draco brandit la photo.
- C’est vous là-dessus ?
Il vit l’inconnu prendre la photo alors qu’il la sentait encore serrée entre ses doigts. Le châtain semblait réfléchir à sa réponse.
° C’est une mauvaise et vieille photo ! °
Il la laissa voltiger jusqu’aux lavabos et lorsque Draco baissa la tête, la photo se trouvait entre une bouteille de shampoing neuve et un savon encore sous plastique. Il aurait pourtant juré ne pas l’avoir lâché.
- Ca ne répond pas à ma question. Est-ce vous sur l’image ?
Le reflet de l’homme semblait se recoiffer en se regardant dans le miroir, Draco trouva cette vision très curieuse.
° Hmf, je n’ai jamais été vraiment photogénique… C’est normal que tu ne m’ais pas reconnu. °
- Alors c’est vous !
° … Hm, non. °
L’homme entreprit d’examiner pensivement ses ongles.
- Mais vous avez dit… commença Draco un peu perdu.
° J’ai dit que c’était normal que tu ne m’ais pas reconnu : parce que ce n’est pas moi sur la photo !
Le reflet de Draco semblait tout perdu. L’homme le remarqua et ne pus s’empêcher de sourire en se mordillant les lèvres d’un air attendris.
° Mais ce n’est pas grave, si tu veux, je te donnerais une photo de moi !
Draco le regarda avec incompréhension.
- Mais, je ne veux pas de photographie de vous ! Je ne sais même pas qui vous êtes !
° Bien sûr que tu le sais enfin… °
L’inconnu semblait contrarié.
° Il faut juste que tu t’en souviennes, c’est tout ! °
- Pourquoi ne me le dites-vous pas tous simplement ?
Le Démon paraissait agacé, plus à cause de la question que par la faute de Draco.
° Je… Je ne peux pas te le dire, c’est stupide, mais… Ca fait partit de l’accord ! Voila ! Ca ne t’avance à rien mais c’est comme ça. Tu peux m’appeler Léopold si tu veux, j’aime bien ce prénom… °
Draco s’effondra sur la tablette des lavabos, et, le visage entre les bras, il commença à réfléchir. Lorsqu’il releva la tête, le châtain eu un geste vif comme lorsque l’on mange de la confiture dans la cuisine sans l’autorisation de ses parents ou de la bonne et que l’on risque de se faire attraper, alors, en général on fait tout très vite et on rebouche vite le pot mais on oublie toujours la petite trace de confiture sur sa joue et on est privé de dessert… Là, Draco se sentit comme un pot de confiture, le châtain n’avait pas de trace sur la joue mais avait oublié de fermer le pot… Draco regarda l’homme d’un air outré et referma sa chemise que le Démon avait ouverte d’une façon qui lui restait mystérieuse.
- Je ne sais pas comment vous faites ça mais j’aimerais que vous ne recommenciez plus…
L’homme, que nous appellerons désormais Léopold ou Léo, pour une plus grande fluidité du texte et une meilleure compréhension, le regarda d’un air qui ne promettait rien du tout et Draco observa de nouveau la photographie.
- Si ce n’est pas vous sur cette photo, vous devez savoir qui c’est alors !
° Effectivement, je le sais... °
- Et vous ne pouvez pas me le dire ? demanda Draco plein d’espoir.
° Si ! Je peux !°
- Alors ?
Le Démon fixa Draco, de toute traces de taquineries effacées, et déclara d’un ton grave :
° Ce que je vais te dire ne sera pas facile à entendre…°
- Ca n’a aucune importance ! Rétorqua Draco pressé d’en finir.
° Sur cette photo, ce n’est pas ton père comme à du te le dire ta délicieuse mère…°
Draco tiqua au mot « délicieuse » mais ne broncha pas.
° L’homme sur cette photo … C’est Lucius Malfoy, mon cher petit Draco Black…°