La soif l’aveuglait. Il avait besoin de sang.

Le vampire parcourait le château, vide à cette heure, éclairé par la seule lumière de la lune.Il lui fallait une proie, quelqu’un à qui il puisse prendre ce liquide rouge, sucré et chaud qui le rendait fou. Il fallait qu’il boive.Quelque part… L’odeur humaine… Depuis un moment, cette senteur un peu sauvage, satinée, où se mêle peur et tristesse l’obsédait.
Il poussa une porte, qui s’ouvrit sur une petite salle.De l’herbe poussait au sol et le plafond, du même style que la grande salle, reflétait la lune, entourée de rares nuages épars qui parsemaient le ciel.Par endroits, on voyait surgir un saule pleureur, ou encore un plant de glycine. Les murs étaient attaqués par le lierre et le liseron.Au milieu de la pièce, étendu à même le sol, un jeune garçon observait le ciel, comme perdu dans ses pensées.Le chasseur s’approcha sans un bruit pour se retrouver derrière le jeune homme, à distance raisonnable, et fit en sorte que celui-ci ne le voit pas. Il observa sa proie. Celle-ci avait de courts cheveux bruns ébouriffés, et de magnifiques yeux verts. Une paire de lunettes pendait au bout de sa main.Sur ses joues coulaient des larmes.Le vampire remit en place une de ses longues mèches blondes et s’avança silencieusement vers sa future proie.Le garçon devait avoir l’ouïe très fine, car malgré la douceur des pas, il se redressa et se tourna vers le nouveau venu, l'air surpris.Il remit ses lunettes et écarquilla les yeux.L'intrus le regardait d'un air tendre, presque amoureux.

 

Sa victime ne serait bientôt qu’un corps vide et froid. Il voulait profiter au maximum de l’éphémère vitalité qu’il abritait avant de la lui ôter. S'approchant doucement du garçon, il s'assit à ses côtés, avant de le faire basculer dans l'herbe. Le jeune homme se mit à balbutier.

- Ma… Malfoy ? Que… qu’est qu’il te prend ?

- Mais rien.

Il l’embrassa tendrement. Choqué, le brun se débattit avec force.

- Qu’y a t’il ? Ca ne te plait pas ?

Il s’allongea confortablement aux côtés du Gryffondor qui le regardait avec stupéfaction.

- Mais, je… Enfin, tu…

- Tu préfères peut-être que l’on discute ?

Il se remit d’aplomb, redressant par la même occasion le jeune homme éberlué par la force du blond. Leur position faisait qu’ils se retrouvaient face à face, à quelques centimètres l’un de l’autre.

- Très bien, as-tu un sujet de conversation à proposer

- Je…Heu…- Rien ? Bon, parlons de toi. Tu t’appelles Harry, tu as dix-sept ans, dix huit cet été. Orphelin, tu vis chez des Moldus, (sources personnelles), tu as perdu ton parrain il y a deux ans et l'année dernière, Dumbledore est mort, ainsi que Granger… Et Weasley a rejoint le Seigneur des Ténèbres. Il y a trois mois, le quatre février tu as enfin tué le Lord, décimant bons nombres de ses Mangemort, tuant par la même occasion ton ex-meilleur ami. Et aussi…- Assez !

Draco le regarda d’un air surprit.

- Tu ne veux pas ? Alors, parlons plutôt de moi. Je suis Draco Malfoy, j’ai eu dix-huit ans cette année, groupe sanguin…

Il réfléchit un instant et éclata de rire.

- Suis-je bête ? Tous bien sûr !

Harry le regardait comme s’il était fou. Il est vrai qu’à le voir rire ainsi, la tête rejetée en arrière, les cheveux légèrement désordonnés reposants sur ses épaules, il avait l’air atteint de cette folie qui touche certaines personnes lorsqu’elles ont l'esprit ailleurs.

Il cessa tout à coup de rire pour regarder Harry.

- Tu crois sans doute que je suis fou. Tu n’as pas vraiment tort. Mais c’est une bien douce folie ! J’aimerais vraiment te la faire goûter.

Comme il disait ces mots, il se pencha vers Harry, l’allongeant sous lui, sans tenir compte de l’incompréhension de celui-ci.

Lorsque le dernier mot eut quitté ses lèvres, il les posa sur celles du brun qui ne le repoussa pas mais n’eu pas pour autant de réaction.Draco s’écarta légèrement, le visage tordu par une légère grimace d'exaspération. Il avait de plus en plus de mal à refréner sa faim.

- As-tu envie de mourir, de ne plus voir personne, de ne plus rien ressentir ? Je peux t’y aider !

Tandis qu’il parlait, il couvrait le visage et le cou de Harry de minuscules baisers.

- Ha oui ? Demanda Harry, le visage confus.

Mais il parut changer d’avis.

- Non. Je ne veux pas mourir. Oui, je ne veux rien ressentir, mais je ne veux pas mourir. J’ai trop lutté pour la vie

 

- Oh ! Tu as lutté pour la vie… Mais ils l’ont quand même perdus ! A quoi sert de lutter pour leurs vies alors qu’ils mourront tous un jour ? Décidément, je ne te comprendrais jamais !- Arrête ! Je veux juste oublier, dit-il en détournant la tête.- Oublier ! Que j’aime ce mot ! Et toi, tu veux oublier ? A ta guise !

Il découvrit ses dents blanches, dévoilant deux longues canines tranchantes. Harry écarquilla les yeux.

- Tu es…

- Vampire ? Oui, depuis quelques dizaines de mois peut-être… Je ne sais plus. Mais toi, mon amour… Peut-être… Aujourd’hui ? Qui sait…- Je ne veux pas ! Non !

 

Il avait l’adorable expression de ceux qui ont peur et qui savent qu’ils ne peuvent rien faire d'autre que se débattre face à une mort si douce. Draco le fixait d’un œil émerveillé, comme s’il n’avait jamais rien vu d’aussi beau. Il sentait l’excitation de la chasse monter en lui.

- Tu es splendide Harry ! Tu es grand et mince, et ton visage a gardé la candeur et l’innocence d’un enfant. Tu as des lèvres vermeilles merveilleusement tracées ! Des yeux verts, si francs ! De superbes cheveux ! Ne te l’as t’on jamais dit ? Tu sais, c’est une chance ! Mon dîner n’en sera que plus agréable.

La fin de sa phrase ne fut qu’un murmure tandis qu’il plongeait ses canines aiguisées dans le cou de Harry, déchirant la chair pour accéder à la veine. Le Gryffondor poussa un cri de douleur, sentant la vie le quitter. Il essaya vainement de se débattre mais ses forces l’abandonnaient déjà. Il s’accrocha désespérément au corps de Draco, qu’il sentit sourire contre son cou, les dents toujours plantées en lui. Une vague de plaisir morbide submergea Harry, un désir inconnu qui l'empêchait de souhaiter l'arrêt de cette action.

Il poussa un grognement de satisfaction lorsque Draco les redressa tous les deux, sans pour autant lâcher son cou, pour coller son corps plus près du sien. La pure extase. Mais, sentant son pouls ralentir, il remua un peu, protestant faiblement, se raccrochant de toutes ses forces aux dernières lueurs de vie qu'il lui restait.Il ne voulait pas mourir ! D’un moment à l’autre, son cœur allait le trahir et ce serait la fin !C’est là que Draco choisit de s’arrêter. Il aimait ce moment où la vie de ses victimes reposait entre ses mains.Le tuait-il, ou pas ? Généralement, c’était la mort qui attendait ses proies.Mais aujourd’hui, une autre option s’offrait à lui. Il était en adoration devant le corps qu’il venait de lâcher. Ce garçon était une vraie merveille. On ne faisait pas mourir de telles beautés ! De plus Draco aimait ce qui était beau et le sang de sa victime avait une saveur particulière, qu’il n’avait rencontré chez aucuns autres humains. Il valait mieux qu’il le garde pour lui plutôt que de le voir avec un autre ! Il aurait eu le cœur déchiré d’avoir perdu un tel trésor ! Il le voulait pour lui tout seul.Le vampire approcha donc son poignet de sa bouche et, sans quitter Harry des yeux, se l'ouvrit d’un coup de canine, avant de le déposer sur les lèvres du brun.
- Bois.
Harry le regardait, les yeux vitreux. Mais lorsque sa langue toucha le sang, il ne put s’empêcher d’en aspirer le plus possible, prit d’une soif effrayante. Il buvait à grandes gorgées, se délectant du goût sucré et métallique de l’hémoglobine. Et plus il buvait, plus ses forces lui revenaient.

Mais Draco lui arracha bientôt le poignet de la bouche, ne pouvant lui faire boire plus de son liquide vital. Une douleur lancinante lui vrillait la tête et l’écoulement du sang dans ses veines raisonnaient plus que raison à ses oreilles.

- Ce… Ca suffit !

- Mais…- Pas de mais ! Je te trouverai des proies bien plus intéressantes !

 

Une goutte perlait encore au coin des lèvres du brun. Voyant cela, Draco sourit puis la recueilli sur la bouche du jeune vampire.

- Après tout, nous avons toute l’éternité devant nous ! Non ?

- L’éternité ?

Draco eut un sourire devant l’air incrédule de son nouveau compagnon.

- Bienvenue dans ma folie Harry !