Lentement la population s’amassait sur le quai, stationnait en attendant le train, retardé de vingt minutes, qui m’amènerait vers un destin, que le temps passant, m’indiquait qu’il n’était pas le mien. L’inquiétude d’être en retard, encore, m’envahissait. Mais pourquoi n’avais-je pas trouvé la possibilité de me loger sur Montpellier ? Des images défilaient devant mes yeux à travers de la fenêtre du train duquel j’étais enfin montée. Des caravanes en attente d’un prochain été ou d’un nouveau propriétaire me donnaient l’impression de chiots malheureux enfermés dans les cages d’un foyer de protection des animaux. Un tronçon d’avion stationnait à la casse tel un papillon à qui on aurait coupé les ailes. Les vestiges d’un monde passé qui aurait trop vite évolué, garnissait les bords de la voix. Un groupe de jeune gens, assis près de moi, plaisantaient, tout en tempêtant contre la SNCF qui nous menait vers notre destination avec de plus en plus de retard. L’ambiance dans le compartiment était tranquille comme empreint d’un doux sommeil. Dans le ciel, des nuages étaient nuancés d’un rose pastel qui laissait prévoir la venue du beau temps. Les champs allaient à toute vitesse à tel point que j’eus l’impression que ce n’était plus le train où je me trouvais qui fut en mouvement mais la pleine s’étendant sous mes yeux. « Lunel » : une pancarte qui aurait pu annoncer mon salut s’il n’était pas déjà sept heures et demi. Je baissais les yeux et vis une plaque où je pu lire : « Danger de mort ». Je m’amusai de la circonstance. J’étais bel et bien en danger mais celui d’être en retard. Les deux minutes d’arrêt annoncées s’éternisaient pendant que les nuages, à présent nuancés de rose et de gris, avançaient lentement. Le train redémarra et mon angoisse ne fit qu’augmenter à l’approche du fait que serait mon arrivée tardive. Lentement, le soleil d’un rouge flamboyant perçait l’horizon tel un enfant sortant du ventre de sa mère. |