Le paysage grisâtre aux allures chevaleresques défile devant mes yeux. Près de moi, une écrivain – elle a l’allure que je me fais d’une écrivain, j’ai envie de croire qu’il s’agit d’une écrivain – lit. Je me dis que moi aussi j’ai envie de lire un roman que me plaise, un livre qui m’emporte loin de ce train, loin de la faculté, loin du temps pluvieux qui se dessine à l’horizon, loin de ces peurs qui me paralysent. Je regarde par la fenêtre et je réfléchis au monde qui m’entoure et tout particulièrement à la population, la « masse ». Je me sens seule mais ait trop peur que l’on s’approche de moi. Une peur phobique me tient en son pouvoir. La foule m’effraye et m’affaiblit. Une haine incompréhensible des autres s’est insinuée en moi. De leur visage tantôt emprunt d’une pitié maladive, tantôt malveillant, tantôt fermés à tout sentiment, ils m’anéantissent. D’un souffle, ils m’immolent, d’un geste, ils me crucifient, d’un regard, ils me chosifient, pour reprendre les termes d’un autre. |