Une nouvelle année commence et j’admire les mosaïques de photographies que j’ai accrochées aux murs tels des patchworks de souvenirs. Mais le mensonge me saute aux yeux. Je sais que ce sont des souvenirs sont factices ou du moins, cette impression m’envahis lorsque je les regarde. C’est comme si j’essayais de donner l’impression à d’éventuels spectateurs que ma vie ne s’organise pas seulement autour de cette forteresse de solitude que je me suis construite. Je mentirais en disant que je ne sais pas qui sont ces personnes ou que je n’ai pas passé une bonne année avec elles. Je pourrais donner leur nom et peut-être même dire où ils habitent mais cela suffit-il à dire que l’on connait quelqu’un ? Ces photographies me semblent aussi superficielles que celles que l’on trouve dans les magasines lorsque de belles jeunes filles rigolent en posant pour l’occasion. Ce ne sont pas de bons moments prit sur le vif, rien à voir avec les photographies d’enfants pleurant leurs malheurs qui ont valus à leur auteur des prix renommés dans le monde entier. Ce sont seulement des façades qui me permettent de croire qu’il a existé à un moment donné, des personnes qui tenaient autant à moi que je tenais à eux. Mais, même si cette illusion peut marcher sur certaines personnes, ce n’est pas le cas à mes yeux et cela change tout. Aujourd’hui, j’en sais assez sur moi pour savoir que je n’ai rien à voir avec cette fille qui s’exhibe sur ces photographies. Pourquoi garder de bons souvenirs qui un jour ou l’autre deviendront mauvais ? Pourquoi ai-je donc ôté les photographies que j’avais de ces anciens amis qui aujourd’hui m’ont tourné le dos ? N’avais-je pas de bons souvenirs avec eux ? Ā quoi cela sert-il d’exhiber ces gens qui ne sont rien pour moi si ce n’est des souvenirs comme je suis pour eux, je pense, une simple connaissance qu’ils n’auront aucune peine à oublier, le temps aidant. |