Disclaimer : Pas à moi, malheureusement. Je n'aurais rien contre les millions de J.K Rowling mais non :p
Dédicace : Cette fic est un toujours le cadox d'Artoung et Grenadine.
Remerciements : A SeanConneraille (pour sa correction) et Artoung. Parce qu'elles roxxent, que je les aime et que je ne sais pas ce que je ferais sans elles.
Note du champi : Me voila revenue de Corse (malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin…ç_ç) et je publie donc comme promis le chapitre trois. Merci encore pour toutes vos adorables reviews :D
Chapitre 3
Mais pourquoi avait-il accepté ça ?
Alors qu'il se débattait pour avancer dans un jardin envahi par plusieurs dizaines de centimètres de neige-et des plantes pour le moins particulières- Draco Malfoy commençait à éprouver un étrange sentiment de déjà vu.
Il ne savait pas pourquoi sa vie semblait partir en vrille depuis quelques mois. Ou plutôt, il savait bien trop pour qui. La famille Potter semblait décidée à mettre la pagaille dans sa vie bien rangée. Venant du Gryffondor, il ne comprenait même pas que cela l'étonne encore.
Mais il ne s'expliquait pas à lui-même le fait qu'il soit si peu motivé à y mettre un terme. Quand il avait vu arriver ce hibou pelucheux d'un gris perle, il aurait du verrouiller sa fenêtre. Que sa curiosité l'ait poussé à décacheter ce petit mot tout aussi froissé que celui qu'il avait reçu quelques semaines auparavant, ça il pouvait encore le concevoir. Mais il ne savait vraiment pas pourquoi il y avait répondu. Positivement qui plus est. Il devenait fou, il ne voyait plus que ça.
Ca aurait été pourtant tellement simple de refuser plus ou moins poliment, de mentir, trouver une fausse excuse. Et pourtant, devant cette invitation simple, sobre mais visiblement sincère, Draco avait accepté avant même de réfléchir.
Potter les avait invités à passer noël chez lui.
Potter avait du recevoir l'impardonnable de trop, c'était la seule explication logique à laquelle le sang pur avait pu parvenir.
Un bruit mat et un juron étouffé le sortirent de ses pensées. Il se retourna et haussa un sourcil. Scorpius, les bras chargés des paquets qu'il avait achetés pour la famille Potter, essayait tant bien que mal de récupérer celui qui venait de chuter dans la neige sans faire tomber l'intégralité de la pile. Quand il finit par y parvenir, il rejeta du bout des doigts son écharpe blanche par-dessus son épaule, qui vint s'écraser sur son visage dans un bruit mouillé, gorgée de neige.
Scorpius adressa un regard stoïque à son père et ce dernier eut un rire doux. Il le rejoignit en deux enjambées et en quelques gestes précis il remit l'étoffe en place, stabilisa la pile de cadeaux et retira même quelques flocons égarés dans la chevelure blonde, se faisant la remarque qu'elle était presque aussi pâle que la neige à présent.
Quand le plus jeune fut de nouveau présentable, ils reprirent leur chemin au travers du jardin étonnamment sauvage. La maison sembla alors apparaitre de nulle part. L'instant d'avant, ils avançaient dans une sorte de brouillard, et la seconde suivante ils se trouvaient sur le porche de la demeure. Draco haussa un sourcil, surpris. Il s'était attendu à trouver Potter vivant dans une petite chaumière un peu semblable à la bicoque des Weasley. Mais ils se trouvaient devant la porte massive d'un manoir, de petite taille certes, mais un manoir tout de même.
Alors qu'il allait frapper à la porte, celle ci pivota sur ses gonds sans un bruit. Il chercha des yeux leur hôte et le trouva relativement bas.
Une fillette à la crinière auburn les observait avec suspicion. Avec son visage piqueté de discrètes tâches de rousseur, ses yeux noisette incrustés d'éclats d'or et sa peau pâle, et sa petite silhouette vêtue d'une robe simple d'un vert profond, Draco se surprit à la trouver instantanément attendrissante et il se retint de lever les yeux au ciel. Merlin, il trouvait attendrissant un enfant possédant du sang Weasley Potter.
« Draco Malfoy ? Scorpius Malfoy ? » Demanda-t-elle en plissant le nez, dubitative. Devant la voix douce de l'enfant, les Malfoy ne réfléchirent pas et hochèrent la tête dans un synchronisme parfait.
Alors seulement le petit visage en cœur s'éclaira et elle leur dédia un sourire chaleureux et joyeux.
« Je m'appelle Lily Potter » Annonça-t-elle avec sérieux et une certaine gravité. Puis, comme si finalement l'effort se révélait trop difficile pour elle, elle abandonna presque immédiatement son calme « Bienvenue chez nous ! Vous avez apporté des cadeaux ? James m'a dit que j'aurais pas de cadeau cette année parce que j'ai refusé de lui donner ma part de bonbons de Bertie Crochue mais je suis sûre que c'est pas vrai. Ce n'est pas vrai hein ? » Demanda-t-elle presque agressivement en gonflant les joues.
« Heu, je suis sûr que c'est faux » Répondit prudemment Scorpius, mal à l'aise.
L'enfant ouvrait de nouveau la bouche quand une voix paisible l'interrompit.
« Lily, laisse les tranquille, ils viennent seulement d'arriver. Va rejoindre ton frère et aide le à mettre la table tu veux ? James met toujours les couverts n'importe comment… »
Avec un piaulement d'indignation, la petite fille se mit à courir en direction de la cuisine, déjà prête à hurler sur son grand frère. Harry étouffa un éclat de rire avant de se retourner vers ses invités mal à l'aise.
« Excusez moi pour l'accueil, mais c'est elle la femme de la maison. Si je ne l'avais pas laissé ouvrir la porte, on en aurait entendu parler toute la soirée. Mais comme elle l'a si bien dit, bienvenue chez nous. Entrez donc, vous pouvez poser vos manteaux là »
Alors que Scorpius posait les paquets au sol pour pouvoir se dévêtir plus facilement, un elfe apparut, s'empara des vêtements et des cadeaux avant de disparaitre dans un « pop ». Draco se tourna immédiatement vers son hôte qui grimaça avant de prendre le parti d'en rire en se frottant la nuque.
« Un elfe de maison Potter ? Et Granger te parle encore ? » Grinça Draco en retenant un ricanement.
« C'est une longue histoire Malfoy… » Répondit Potter avec un geste évasif. Bon joueur, le blond accepta la pirouette et préféra détailler du regard son improbable hôte.
Il était vêtu d'un jean moldu, à la teinte foncée, et d'une chemise noire simple ouverte sur les premiers boutons et aux manches roulées jusqu'aux coudes. Il portait sur le nez les même lunettes que celles que l'aristocrate lui avait découvert à la gare, à la monture fine, et ses cheveux encore plus en bataille que d'habitude lui retombaient en mèches lourdes sur le visage. Son sourire semblait sincère, même si gêné. L'ex Serpentard réprima un rire en apercevant près de sa mâchoire une trainée de chocolat.
Et Draco sut qu'il avait bien fait de quitter le lugubre manoir Malfoy.
« Astoria est indisposée depuis ce matin. Elle est navrée de ne pouvoir venir, et te remercie pour ton invitation » Fit soudain Draco, se rappelant le regard torve et moqueur que lui avait lancé sa femme quand il lui avait fait part de ses projets pour Noël. Il vit à l'expression blasée dans le regard vert que l'excuse bancale n'avait évidemment pas fonctionné mais Harry hocha tout de même la tête.
« Venez vous installer dans le… » Commença Harry, mais un cri de joie l'interrompit.
« SCORPIUS ! »
Une tornade brune se jeta sur le jeune Malfoy qui chuta au sol avec un 'ouf' étouffé.
« Al..Albus » Hoqueta Scorpius, hilare, alors que son ami lui tirait la langue en retenant un rire.
Harry observa son fils sans un mot, toujours aussi stupéfait de le voir si extraverti. Draco se contenta de hausser un sourcil blasé alors que, déjà, les deux jeunes s'étaient relevés et qu'Albus entrainait son ami dans les entrailles de la maison en babillant.
« Ahem… Tu..tu viens t'installer dans le salon ? » Reprit Harry avec le plus de naturel possible, tentant d'oublier l'étrange image de leurs deux fils aussi complices. Il se demanda vaguement quand exactement ce genre de scènes cesserait de lui faire un coup au cœur.
« Je te suis Potter » Répondit Draco d'une voix neutre.
Le brun eut un autre sourire, encore légèrement crispé et il s'engagea dans le couloir d'un pas raide. Draco remarqua que même après toutes ces années, malgré cette trêve fragile, le survivant rechignait à lui tourner le dos. Mais, loin de s'en vexer, le blond fut satisfait de voir que Potter avait finit par apprendre de ses erreurs, même dix-neuf ans plus tard.
Quand ils arrivèrent au bout du couloir, Draco s'arrêta sur le seuil, statufié. Harry jeta un œil autour de lui, cherchant où il avait fait une erreur susceptible de choquer à ce point l'aristocrate pointilleux. Il fronça les sourcils, irrité de se sentir honteux chez lui.
Bien loin de ce que pouvait penser le brun, l'ancien Serpentard était comme ébloui par ce qu'il avait devant les yeux.
La pièce était spacieuse et très claire avec ses murs d'un blanc cassé qui tranchaient sur le plancher sombre. Le mur du fond était vitré sur toute sa longueur, dévoilant le jardin un peu fou à la silhouette alourdie par la neige. Une grande cheminée de pierres brutes abritait un feu vigoureux qui répandait une agréable odeur de résine et des crépitements joyeux. Deux canapés en cuir fatigué et trois fauteuils se disputaient l'espace autour de l'âtre, alors que sur les rares meubles s'entassaient des cadres photos et des babioles, dans une tentative désespérée de dissimuler un désordre naturel. Un sapin pataud se tenait à gauche de la cheminée, planté dans un pot de plastique noir. Il n'était pas très haut mais assez large, déplumé au sommet, ce qui lui conférait une allure dépenaillée mais pas désagréable. Il était orné de toutes sortes de décorations, dans un chaos surchargé qu'on avait visiblement essayé d'arranger sans y parvenir. Une fée souriante remplaçait la traditionnelle étoile, et elle lançait de pleines poignées de poussière de fée, dont le résultat était parfois surprenant. Draco aurait pu jurer que le petit dragon en plastique commençait à remuer alors qu'un angelot doré battait clairement des ailes en essayant de s'échapper.
Assis devant l'arbre, Albus et Scorpius étaient lancés dans une conversation animée. Scorpius souriait doucement, observant Albus qui appuyait ses dires de grands gestes. Son fils semblait tellement à l'aise, à sa place, installé en tailleur sur ce tapis râpé d'un rouge profond. Draco cherchait en vain à se souvenir quand il l'avait vu aussi serein depuis sa naissance.
L'endroit était simple, élégant sans être sophistiqué. Chaleureux. Et il dégageait une atmosphère de bien être doux, de vie effrénée et de calme complice. Cet endroit lui rappelait Poudlard, ses dortoirs à l'ambiance agitée et la fébrilité de ses matins de fêtes.
Draco Malfoy avait accepté beaucoup de choses en peu de temps. Se sentir mieux chez Potter que chez lui ne le perturba donc pas plus que ça.
« …Pas un palais, c'est vrai, et ce n'est pas très très bien rangé mais j'ai été un peu débordé avec le boulot ces derniers jours et Kreattur s'occupait des enfants. »
La voix embarrassée de Potter sortit le blond de ses pensées et il s'empressa de répondre.
« C'est très bien Potter. Je suis juste un peu choqué, je m'attendais à du rouge partout, à des lions rugissant sur chaque centimètre de tapisserie et des photos de Serpentards en guise de cibles à fléchette » Le taquina-t-il, se sentant inexplicablement détendu.
« Et bien comme tu vois, j'ai eu le tact de retirer ton auguste visage criblé de fléchettes » Ironisa Harry, tirant un sourire à Draco.
« Papa, tu pourrais arrêter de me refiler Lily ? Tu ne crois pas que j'ai assez de Ted pour me superviser peut être ? Je sais mettre la table, j'ai quinze ans quand même… » Les interrompit une voix agacée.
« Tout à fait ! Et James n'a pas du tout oublié de mettre le sel sur la table, n'a pas inversé les couteaux et les fourchettes et surtout pas oublié de mettre des verres assortis. Ou si peu » Se moqua une autre voix étonnamment grave.
Draco observa avec attention les arrivants, que devançait la petite Lily. Le premier, vêtu d'une robe de sorcier noire à la coupe classique, paraissait excédé. Il possédait des traits fins, encore plus que ceux d'Albus, qui donnaient à son visage une beauté acérée même si encore brouillonne. Il portait des lunettes rectangulaires sur le nez, ayant visiblement hérité de la myopie de son père, et il avait choisi pour dompter la fameuse chevelure Potter la solution de les laisser pousser. Ils retombaient autour de son visage et sur ses épaules en un dégradé un peu sauvage, comme si la coupe n'était qu'un lointain souvenir. Il possédait une grâce étrange, innée, semblable à celle que certains nobles cherchaient toute leur vie à adopter, mais qu'une maladresse latente typiquement adolescente gâchait encore un peu. Au fond des yeux sombres, une étincelle de malice dansait, narquoise et indomptable, lui rappelant de façon troublante celle des jumeaux belettes du temps de Poudlard.
« Si ça n'est pas notre Serpy préféré ! Comment tu vas blondinet ? » S'exclama-t-il, son visage s'éclairant aussitôt.
« James » Sourit poliment Scorpius en se levant pour lui serrer la main.
Le brun haussa un sourcil et Draco l'imita, surpris de voir cette mimique typiquement malfoyenne sur le visage d'un Potter. Avec un sourire moqueur plein de dents, James referma sa prise sur la main de Scorpius et le tira à lui, avant de lui plaquer un baiser sonore sur la joue. Le petit blond rougit légèrement et James éclata d'un rire clair.
« Raah, décidément t'es trop sympa pour être à Serpentard toi. »
« Merci… » Fit remarquer platement Albus en levant les yeux au ciel.
« Non mais toi Al c'est différent. Le choixpeau s'est juste dit qu'il fallait un peu plus de cerveaux à Serpentard, sinon ça serait trop facile pour Gryffondor de gagner la coupe des maisons vu qu'on vous éclate au Quidditch. Une question d'équité tu vois » Affirma James en ébouriffant affectueusement les cheveux de son petit frère.
« N'importe quoi… » Soupira le petit brun avec lassitude.
« Scorpius, Scorpius, et moi j'ai pas droit à un câlin ? » Implora le second arrivant. Le petit blond tourna vers lui un regard blasé et son père l'imita. Bien malgré lui, il ne put contenir un petit sursaut de surprise.
L'adolescent était le plus vieux de tous les enfants, au moins dix sept ans sinon plus. Elancé mais très sec, il possédait un physique pour le moins singulier. Ses cheveux, assez courts, étaient d'un blanc surprenant alors que ses yeux étaient d'un rouge qui n'était pas sans rappeler au blond ceux de Voldemort des années plus tôt. Mais dans ce regard là brillait beaucoup de douceur et d'amusement. Il portait une robe de sorcier d'une facture simple mais de bonne qualité, et il tendait un sourire complice et des yeux mouillés à Scorpius. Ce dernier soupira et, résigné, se laissa aller à l'étreinte digne d'un ours dans laquelle l'enferma le jeune homme.
« Teddy…Tu vas me briser une côte » Grommela-t-il quand même d'une voix étouffée. Aussitôt l'autre le libéra avec un petit sourire contrit et Scorpius secoua la tête avec un rire consterné.
« Papa ? ».
« Oui ma puce ? » fit Harry en se tournant vers Lily.
« Il y a un truc qui fait bip dans la cuisine depuis tout à l'heure » L'informa la petite avec une moue curieuse. Harry ouvrit de grands yeux et partit en courant en direction de la cuisine. Lily pinça les lèvres, offusquée, puis haussa les épaules avant de rejoindre son frère Albus sur le tapis.
« Scorpius ? » L'appela son père d'une voix qu'il espérait neutre quand Potter eut disparu de la pièce.
« Oui père ? »
« Qui sont-ils ? Encore des enfants de Potter ? »
La question ciblait seulement le plus âgé, car il avait beau chercher, au milieu du physique particulier il ne trouvait aucune trace de Potter ou même de Weasley. En réalité, il lui rappelait bien quelqu'un mais il ne parvenait pas à mettre le doigt dessus.
« Heu, le brun oui. C'est James Potter, il est en troisième année à Gryffondor, c'est le gardien de l'équipe de Quidditch. Il est très doué, et c'est surtout à cause de lui que Serpentard perd toujours. L'autre s'appelle Ted Lupin, même si tout le monde le surnomme Teddy. C'est le fils de Remus Lupin, un ami de leur famille, et Nymphadora Tonks, une Auror. Il est très proche des Potter et ses parents sont morts durant la bataille finale d'après ce que l'on m'a dit.»
Draco eut un frisson violent alors que ses yeux pâles ne parvenaient plus à se détourner de la silhouette de l'adolescent.
« Un loup garou… » Souffla-t-il, ne pouvant dissimuler un reste de terreur tapie au fond de sa voix. L'image de Greyback se rappela à sa mémoire et il frissonna violemment.
« Non » Draco se tourna vers son fils, surpris et soulagé, mais Scorpius reprit d'une voix assurée « Son père en était un mais pas lui. Lui il est à la fois metamorphomage- apparemment aujourd'hui il a décidé de se fondre dans le décor de noël- et homme loup »
« …homme loup ? »
« Eh bien, à chaque pleine lune au lieu de se changer en loup garou, il se change juste en loup. Enfin loup, c'est un bien grand mot. Il devient un grand chien un peu sauvage et encore plus collant avec James » Scorpius rit, loupant l'étincelle d'effroi dans le regard de son père.
« Merlin…En quelle année de Poudlard est il ? »
« Oh, il a dix neuf ans père, il n'a plus cours à Poudlard » Draco soupira mais, une fois de plus, son soulagement fut de courte durée « Cependant, il vit toujours à Poudlard. Il est l'assistant de McGonagall, et il aide pour toutes les taches du château, qu'elles soient administratives ou magiques. En échange, il est nourri et logé à Poudlard. »
Draco laissa échapper un gémissement d'angoisse à l'idée d'un monstre errant entre les murs du château où vivait son fils. Alors qu'il s'apprêtait à faire un commentaire peu gratifiant pour le jeune loup, il capta le regard noir de Scorpius. Et alors que l'enfant allait à son tour dire quelque chose-que Malfoy père savait très bien être un sermon en bonne et due forme- la voix d'Albus s'éleva, étrangement pressante, voir suppliante.
« Scorpius ? »
Aussitôt le blond pivota sur ses talons, cherchant des yeux son ami. Il le trouva debout dans un coin de la pièce, harcelé par sa petite sœur et son grand frère sur un sujet quelconque. Le petit brun rivait son regard légèrement angoissé sur le Serpentard. Scorpius le rejoignit à grands pas, grommelant des injures variées. Il vint se poster aux côtés de son ami, croisant les bras sur son torse. James éclata de rire et Draco eut un sourire pâle.
« Les enfants hein… » Soupira une voix juste derrière lui.
Le blond sursauta. Décidemment, même après toutes ces années Potter n'avait pas perdu cette capacité effrayante de se déplacer sans bruit. Il se racla la gorge, gêné de s'être laissé surprendre.
« Le fils de Lupin ? » Fit-il seulement. Devant eux, Teddy s'était approché de la scène et avait attrapé James par la taille. Ce dernier éclata de rire avant de se tortiller pour se dégager.
« Oui. Il m'a désigné comme parrain quelques semaines avant de mourir. Teddy a été élevé par sa grand-mère, mais il a tellement passé de temps avec nous que je le considère presque comme mon fils » Répondit Harry avec un sourire.
« Un loup garou ? »
« Non non, juste un homme loup comme le disent si bien les médicomages. Jusqu'à ses quatre ans, avant qu'il n'ait ses pouvoirs magiques, il ne se passait rien. Et puis un soir, on a retrouvé un louveteau sur le tapis du salon. C'est assez étrange comme phénomène, peu de gens le connaissent. Hermione a fait des recherches -pas de commentaire Malfoy- et visiblement ça serait à cause de ses pouvoirs de métamorphomage. Quand sa magie s'est réveillée, comme elle le fait chez tous les sorciers, elle s'est mêlée à celle plus naturelle, corporelle même, des métamorphomages et elle a allumé en lui les quelques gènes loup qu'il possédait. Si sa mère n'avait pas été métamorphomage, il n'y aurait rien de lycanthrope chez lui. Du coup, contrairement aux loups garous, l'homme et l'animal cohabitent. Les pleines lunes sont paisibles, on a juste un grand chien fou à la maison, et même s'il a parfois un comportement étrange, on s'y habitue » Expliqua l'ancien Gryffondor d'une voix paisible, presque professorale.
« Un comportement étrange ? » S'étonna le blond en fixant l'adolescent, essayant d'intégrer à la fois ce que lui disait Potter et le fait que, oui, il était bien en train de parler comme si de rien n'était avec ledit Potter.
« Ne me dis pas que tu ne l'as pas remarqué » Il eut un sourire en coin en désignant du menton Teddy qui s'était laissé tomber sur un fauteuil en riant aux éclats, entrainant sur ses genoux James qui se débattait en pestant. Sourd à ses récriminations, l'adolescent aux yeux rouges plongeait son nez dans ses cheveux en fermant les yeux alors que, juste devant eux, Scorpius les observait en haussant un sourcil moqueur.
« En tout cas, je suis étonné que tu ne me l'aies pas fait remarquer. Tu es bien plus courtois que je ne l'imaginais » S'étonna faussement l'ancien Gryffondor.
« Tout le monde n'est pas capable d'être aussi barbare que toi Potter »
« Je t'emmerde Malfoy »
Mais malgré tout, Potter souriait encore, et il semblait plus amusé que vraiment vexé.
« Donc tu disais…le clébard et ton fils ? » Le relança l'aristocrate l'air de rien, curieux alors que sur le fauteuil James semblait avoir visiblement abandonné le combat contre son ainé, le laissant somnoler dans son cou tout en discutant avec son petit frère et son ami.
« Il a toujours été comme ça, sans qu'on ne sache vraiment pourquoi. Quand James est né, il avait un peu plus de quatre ans. Et depuis qu'il l'a vu pour la première fois, Teddy s'est attaché à mon fils d'une façon hors norme. Ses pouvoirs magiques se sont réveillés quelques jours seulement après la naissance de James. Quand ils étaient enfants c'était ingérable. Ted le surprotégeait, il devenait fou dès qu'il le perdait de vue, il passait son temps à se battre avec tous les gamins qui étaient soit trop pénibles soit trop amis avec James. J'ai longtemps crains que James, en grandissant, en ait marre de le voir le coller autant, et pourtant jamais il n'a semblé le regretter. Je te rassure, même pour moi c'est parfois assez déroutant de voir cet adolescent de presque dix neuf ans obéir aveuglément à mon fils de treize ans. »
« A ce point là ? » Releva Draco en fixant les enfants qui discutaient tranquillement.
« Non, c'est encore pire que ça. Je me demande si James a réellement fini ne serait ce qu'une seule fois ses légumes. Mais que veux-tu, Ted est un gamin tellement gentil que je n'ai jamais le cœur de lui en vouloir. Et puis ça serait comme donner un coup de pied dans un chiot » Harry se mit à rire et Ted se tourna vers lui, interrogateur. « Ah oui, il a aussi une ouïe et un odorat supérieurs à la moyenne. James, Teddy, vous avez dit bonjour ? » Demanda Harry.
« Oui…Ah non » Se rectifia James en apercevant Malfoy senior toujours planté dans l'entrée de leur salon. Il se releva vivement et s'approcha à grands pas, le jeune loup sur ses talons.
« Bonjour monsieur Malfoy. Je m'appelle James Potter » Il le fixait dans les yeux avec calme et le blond fut étonné par son aplomb. A ses côtés, Ted ne lui dédia qu'un hochement de tête poli mais méfiant.
« Enchanté » Répondit simplement l'aristocrate.
Il y eut un silence tranquille, et alors qu'il détaillait discrètement les deux adolescents, Draco vit la lueur de malice engloutir totalement les iris noirs. Finalement, James reprit la parole d'un air sérieux que démentait son sourire en coin.
« Au fait monsieur Malfoy, c'est vrai qu'un professeur vous a changé en fouine en quatrième année ? » Se renseigna-t-il avec une moue innocente.
« James ! » S'écria aussitôt Harry, mortifié.
« Quoi ? C'est ce que répète toujours oncle Ron, mais comme il exagère tout le temps… » Répondit effrontément le brun, adressant un sourire resplendissant à son père.
« Fais-moi penser à frapper Ron la prochaine fois que je le verrais » Fit simplement le survivant, navré.
« Pas de problème » Promit joyeusement James avant de tourner les talons et de rejoindre ses frères et sœurs.
Ted leur adressa un sourire d'excuse et Harry le chassa d'un geste découragé de la main. Le métamorphomage trottina jusqu'au tapis où il s'assit sagement en tailleur à côté de James.
« Ahem » Fit Harry, crispé et n'osant plus croiser le regard argent.
« La fouine hein… » Fit Malfoy d'une voix trop douce pour ne pas être une menace.
« Eh, tu es témoin, ce n'est pas ma faute ! » Se défendit aussitôt Harry.
« Eh bien, je sens que ce soir je vais par hasard laisser échapper un certain incident en troisième année avec des limaces »
Draco eut un sourire dangereux et, à son plus grand étonnement, Potter éclata de rire.
« Allez, viens t'asseoir » Proposa-t-il finalement avec une certaine chaleur.
L'aristocrate le suivit, s'installant sur le canapé le plus proche de la cheminée. Son fils se détourna un instant, le temps de lui décocher un regard lumineux. Draco sourit, satisfait. Quand il se tourna vers Potter, assis avec circonspection à côté de lui, il se sentit étrangement serein. Un silence gêné flotta entre eux de longues secondes avant que le Gryffondor ne finisse par se lancer avec hésitation.
« Alors Malfoy, tu deviens quoi ? »
Le blond haussa un sourcil et Harry se racla la gorge, mal à l'aise.
« Je suis conseiller pour le compte du ministère. J'essaye de les empêcher de faire de trop grosses erreurs que ce soit au niveau relationnel ou financier. Ce n'est pas un boulot très reposant. »
Le brun passa la main dans ses cheveux et se mordit la lèvre, tentant visiblement de se retenir. Songeusement, Draco se demanda s'il ne devrait pas lui faire remarquer qu'il avait toujours une grande trainée de chocolat sur la joue.
« Draco Malfoy dans le relationnel. » Releva finalement Harry dans un rire, une expression coupable imprégnant immédiatement après ses traits.
Décidemment, le Gryffondor était toujours un vrai livre ouvert. Draco pouvait même le visualiser se frapper le front contre la table basse à la manière d'un elfe de maison pour se punir de n'avoir pas gardé sa réserve. Il retint un sourire amusé.
Etrangement, ces petites piques entre eux ne l'énervaient plus. C'était comme retrouver une chose dont il avait manqué sans le savoir pendant très longtemps. Replonger dans une ancienne routine, déterrer des miettes d'un passé qu'il avait aimé sans vraiment s'en rendre compte. Au final, c'était une sensation relativement apaisante.
De nouveau, un silence tendu vint flotter alors que Draco ne pouvait se permettre de lui retourner la question. Aucun sorcier digne de ce nom n'ignorait que Potter dirigeait l'une des sections les plus efficaces des Aurors et, assurément, la plus populaire. Il se racla la gorge, tentant en vain de trouver un nouveau sujet de conversation. Mais les yeux rieurs de Potter l'en empêchaient, et ses questions polies et habituelles le fuyaient.
Car c'était Potter et lui, et que le banal n'avait jamais été fait pour eux.
En face de lui, le brun s'installa plus confortablement et le fixa avec un sourire en coin, semblant s'amuser de sa gêne. L'idée d'un duel de regards comme du temps de Poudlard séduisit un instant Draco et il laissa échapper un rictus carnassier.
Lequel s'évanouit quand il croisa le regard consterné de son fils. James, lui, dévisageait son père avec un sourire clairement moqueur qui tira à Harry un grognement.
« Les enfants…» Soupira-t-il en se passant une main sur le visage.
Draco approuva avec une ferveur qui froissa légèrement Scorpius qui finit par se détourner après un dernier regard dédaigneux. Harry éclata franchement de rire devant la mine outrée du petit blond.
« Décidemment Malfoy, plus je connais ton fils, plus je l'apprécie » Avoua le brun en secouant la tête, hilare.
« Evidemment. C'est un Malfoy » Répondit Draco avec morgue. Le brun le fixa un instant en plissant les yeux avant de laisser échapper un sourire terriblement doux.
C'était une expression profondément perturbante, décida l'aristocrate qui se força à ne pas détourner les yeux.
« Peut-être oui » Murmura l'ancien Gryffondor avec un air mutin.
« Parrain ? » Intervint la voix douce de Ted, venant déchirer net l'étrange atmosphère qui s'installait, entre l'amusement d'Harry et le malaise de Draco. Le garçon désigna discrètement Lily, qui tentait d'ouvrir en cachette les clémentines répandues au pied du sapin. Harry soupira lourdement avant de se redresser.
« Bon, je pense qu'il est temps de passer à table. Ma puce, lâche ce fruit, tu le mangeras en dessert d'accord ? »
La fillette fronça son nez avant d'abandonner en gloussant l'agrume à moitié épluché. Les enfants sautèrent sur leurs pieds dans un bel ensemble et se dirigèrent docilement vers la salle à manger alors, qu'au passage, Ted attrapait Lily pour la faire tourner dans les airs. La petite fille éclata de rire et vint s'accrocher à son cou. Elle l'embrassa solennellement sur le front avant de le dévisager avec sérieux.
« Teddy, tu me fais un peu peur comme ça » Confia-t-elle à mi voix.
« Oh, désolé princesse » S'excusa-t-il avec une moue contrite. L'instant d'après, Draco observa avec une certaine fascination la métamorphose du garçon. Ses cheveux blancs se teintèrent progressivement jusqu'à atteindre un châtain clair beaucoup plus banal alors que les étranges yeux rouges laissaient place à deux pupilles d'un jaune foncé proche du brun. Les mêmes yeux que son père remarqua Draco dans un frisson. Des yeux de loup.
« Tu es plus joli comme ça » Affirma la petite Lily en lui tapotant la tête avec approbation. Ted eut un rire doux et il reposa délicatement la fillette sur le sol.
Passant au niveau de Teddy, James lui glissa un commentaire amusé à propos de son comportement d'animal de compagnie avec sa sœur auquel Ted répondit par un élégant croche pied. Le brun esquiva avec un sourire moqueur et son ami leva les yeux au ciel, blasé.
Alors qu'il arrivait dans le couloir, guidé par son meilleur ami qui examinait le manège de ses aînés soupirant, Scorpius se retourna. Il observa avec intérêt l'expression étonnamment sereine de son père qui suivait Harry Potter.
Les deux Malfoy échangèrent un regard entendu et des sourires jumeaux vinrent étirer leurs lèvres.
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« On peut ouvrir les crackers papa maintenant ? » Demanda James avec avidité en fixant les cylindres colorés dispersés sur la nappe. Depuis qu'il avait appris que son père les avait achetés chez George Weasley, il ne cessait d'en parler. Harry, lancé en plein débat sur le Quidditch avec Draco, accepta d'un geste vague de la main.
Enthousiaste, James se débarrassa du papier brillant où dansaient des points d'interrogations animés et déplia le petit carton qu'il contenait.
« Qu'avez-vous pensé du repas de ce soir ? » Lut-il à haute voix. « Les pommes de terres étaient brûlées. » Répondit-il immédiatement, avant de hausser un sourcil surpris, sans s'apercevoir du silence qui l'entourait.
« Fils ingrat » Grinça finalement Harry alors qu'à ses côtés Malfoy ricanait peu discrètement. « Ca m'apprendra à vouloir lui faire plaisir, tiens. Teddy, punis-le pour moi tu veux ? »
Docile, le châtain tendit le bras et vint frapper l'arrière de la tête de James qui poussa un cri outré.
« Eh ! Ce n'est pas de ma faute, je crois qu'il y a un genre de sortilège de vérité sur les crackers ! Ca doit s'activer quand on lit la question à haute voix » S'indigna-t-il en se frottant le crâne avec des airs de martyr.
« James, tu t'enfonces. » Lui signala charitablement Teddy avec un grand sourire. Le brun lui coula un regard blessé avant de se renfrogner.
« A moi ! » S'écria Lily en ignorant totalement son grand frère qui arbora immédiatement un air terriblement froissé qui fit rire Scorpius. Satisfait de son effet, James lui dédia un petit clin d'œil avant de sourire à son père qui leva les yeux au ciel.
« Quel cadeau vous attendez vous à recevoir pour noël ? » Déchiffra-t-elle avec application.
« Une licorne » Répondit-elle sans hésitation avant de tourner vers Harry un regard émerveillé et confiant. Le brun resta stoïque mais détourna distinctement les yeux, bien décidé à ne pas répondre.
« Oh tiens, un crackers ! » Fit-il avec une innocence feinte avant de s'emparer avec avidité du petit cylindre violet. Draco Malfoy manqua de s'étouffer avec sa boisson devant un tel manque de talent pour faire diversion. « Qui est la première personne que vous ayez embrassé ? » Enonça clairement Harry avant de grimacer.
Il y eut un silence attentif alors qu'Harry semblait lutter contre les effets du sort. Après de longues secondes, il murmura à contre cœur un « Cho Chang » embarrassé. James se redressa comme un crotale, sourcils froncés et tendu comme un arc.
« Pas Cho Chang la journaliste ? La mère de ce bellâtre de Leung ? » Siffla-t-il en remontant ses lunettes sur son nez d'un geste sec. Harry lui sourit et secoua la tête, amusé.
« Si. Mais j'étais jeune, et cela fait plus de vingt ans. Il y a prescription » Se justifia-t-il devant l'air horrifié de son fils. Teddy lui tapota l'épaule pour le réconforter et James lui retourna un regard de pure détresse.
« Mais papaaa, tu sais bien que je ne peux pas voir ce type ! » Geignit-il finalement.
« Je ne suis pas Trelawney, comment voulais-tu que je le devine à l'époque ? » S'agaça Harry. « Bon, Malfoy, à ton tour » Enchaina-t-il pour éviter les piques moqueuses qu'il voyait naitre dans les yeux gris. Draco attrapa un cracker, mais le sourire bien trop grand qu'il adressa à son hôte lui indiqua clairement que le mal était déjà fait.
Tous fixèrent avec attention l'aristocrate qui déballait avec une lenteur sadique le papier bleu et blanc. Il attrapa le petit carton coloré, le déplia et observa la phrase qui y était inscrite en silence. Tranquillement, il le replia et le rangea dans la poche de sa robe.
« Si nous passions aux cadeaux de noël à présent ? » Proposa-t-il calmement. Aussitôt les enfants se désintéressèrent de lui pour se tourner avec une synchronisation parfaite vers Harry qui hocha la tête à contrecœur. L'instant d'après ils avaient déserté la pièce, James et Lily en tête.
« Tricheur » Accusa Harry avec un petit sourire en coin.
« Oui » Admit posément le blond en terminant son verre.
Harry éclata de rire et une fois de plus l'ancien Serpentard se demanda s'il avait toujours été si simple de creuser des fossettes dans les joues de Harry Potter.
« Tu es impossible » Soupira le brun, amusé malgré lui.
« Papaaaaaa ? » Fit une voix surexcitée et lointaine.
« Allons les rejoindre avant qu'ils ne ravagent la pièce » Sourit Harry en secouant la tête. Draco opina et les deux pères se levèrent et traversèrent le couloir. Une fois arrivés dans le salon, ils s'arrêtèrent une seconde pour observer la scène qui s'étalait sous leurs yeux.
Kreattur avait déposé en plusieurs petites piles les cadeaux des enfants et des paquets colorés de toutes les tailles s'entassaient devant le sapin. James s'était déjà installé au sol, imité par Albus et Lily. Les papiers glacés s'échouaient autour d'eux alors que des cris de joie s'élevaient régulièrement. Le dragon et l'ange qui ornaient auparavant le sapin s'étaient finalement échappés et se poursuivaient dans les airs, le dragon tentant de croquer l'angelot qui se défendait avec de minuscules flèches en bois doré.
Dans un coin de la pièce, le vieux Kreattur se tenait en silence, observant les enfants avec un sourire. Cette expression tordait son visage ridé et lui donnait un air de petite gargouille. Soudain la petite Lily courut vers lui en hurlant, secouant sous son nez une peluche en forme de boursouflet d'un rose pâle. L'elfe s'extasia à son tour et la petite fille la lui confia solennellement avant de replonger au pied du sapin.
« Père, vous venez prendre le vôtre ? » Cria soudain presque Scorpius pour couvrir le brouhaha ambiant. Il tendit à son père un paquet fin, emballé dans un tissu noir ressemblant à de la soie.
Draco s'approcha et s'en empara, incrédule. Il l'inspecta délicatement, le retournant pour tomber sur un petit mot épinglé. Il reconnut immédiatement l'écriture ronde et brouillonne mais sa remarque moqueuse s'étrangla dans sa gorge après avoir lu ce qui était écrit.
'Pour Malfoy
(le vieux)'
L'aristocrate se redressa vivement, soudain nerveux, et fixa le Gryffondor d'un regard suspicieux. Potter était appuyé nonchalamment contre le mur, les bras croisés contre son torse. La tête légèrement penchée sur le côté, il observait avec attendrissement les enfants qui déballaient leurs cadeaux.
Evidemment, Potter lui avait offert quelque chose. Draco se tendit, ses doigts se crispant inconsciemment sur le paquet fin. Potter et son satané complexe du chevalier, Potter et sa foutue gentillesse qu'il aimait tant lui envoyer à la figure. Comment aurait-il pu laisser passer cette occasion ? Il aurait du le savoir, il aurait du le connaitre assez pour ça. Il se sentait en position de débiteur et l'éternel sentiment d'infériorité latent qu'il ressentait en présence de Potter refit son apparition. Il aurait voulu pouvoir le lui jeter à la figure, vouloir lui cracher qu'il n'avait pas besoin de sa charité et de ces miettes de bonté qu'il lui distribuait avec tant decompassion.
Mais Harry finit par se tourner vers lui et observer furtivement le paquet qu'il maltraitait. Les joues du brun rougirent et il se racla la gorge discrètement. Puis, avec hésitation, il vint soutenir le regard froid de Malfoy et il haussa les épaules, gêné. Sans que Draco ne l'ait décidé, l'emprise sur le paquet se relâcha d'elle-même. Une vague de chaleur vint balayer la rancœur irrationnelle qui l'avait envahi pour la remplacer par une curiosité presque enchantée.
Merlin. Potter lui avait offert un cadeau.
Potter était donc bien devenu fou. Et il n'avait pas tardé à le suivre s'il en croyait ses mains tremblantes et son cœur au rythme aléatoire.
C'était complètement idiot de mettre tant de révérence à ouvrir un cadeau aussi mal emballé songea l'aristocrate, ne pouvant pourtant pas s'empêcher de défaire les nœuds du ruban blanc avec d'infinies précautions. Le tissu glissa au sol dans un froufrou soyeux, dévoilant une boite tout aussi sombre en bois lustré. Retenant sa respiration, Draco fit coulisser le couvercle. Là, sur un petit coussin de velours pâle, reposait une baguette. Sabaguette.
Il l'arracha à son écrin avec avidité et le contact doux du bois dans sa main lui tira un hoquet proche du sanglot. Il sentait les picotements habituels de magie crépiter au creux de son corps alors que quelques étincelles jaillissaient spontanément de l'extrémité de la baguette. Naturellement, son pouce vint se loger dans la petite aspérité du bois lisse, alors que ses yeux relevaient toutes les éraflures qu'il ne connaissait pas. Et chacune d'entre elles lui plut, lui prouvant que sa baguette avait existé quelques temps entre les mains de Potter.
Potter.
Soudain Draco releva son regard vers lui, serrant dans le même mouvement son cadeau contre son cœur comme s'il craignait qu'il n'y ait une erreur et que l'on essaye de la lui arracher de nouveau. En face de lui, Potter semblait ému et lumineux alors qu'il observait chacune de ses réactions. Il n'y avait aucune gloire dans ces yeux trop grands perdus derrière des lunettes, juste un bonheur simple et une étincelle un peu bouleversée. Potter venait d'embellir sa vie en une seconde et il n'en tirait aucune fierté, aucune supériorité, juste cette douceur écrasante qui empêchait le Serpentard de respirer correctement.
Et Draco aurait aimé lui faire comprendre toute la portée de son geste. Lui faire réaliser que même s'il en avait racheté une depuis longtemps, cette baguette avait connu ses premiers sorts, qu'elle lui avait permis de graver ses initiales dans la paroi d'un wagon du Poudlard Express, qu'elle faisait de lui un être magique. Qu'elle gardait en mémoire chaque sort qu'il avait utilisé, du plus beau au plus honteux, qu'elle était le témoin des hurlements comme des rires.
Il aurait aimé lui dire que là, dans cette maison, à cet instant, avec ses yeux dans les siens et son passé dans les mains, sa vie lui semblait belle.
Mais Scorpius vint briser ce moment presque sacré entre eux avec une inconscience toute juvénile. Il expliqua quelque chose à son père en bondissant quasiment d'enthousiasme, lui mettant sous le nez un jouet de plastique absolument disgracieux représentant un troll armé jusqu'aux dents. Sans réfléchir, Draco se laissa tomber à genoux et le serra contre lui en silence, se contentant d'enfouir son nez dans ses cheveux. Dans sa main, la baguette cessa de crachoter des étincelles, apaisée. Toujours affalé contre son mur, Harry Potter arborait un sourire rayonnant, lui conférant un air légèrement niais. Draco soupira, ignorant les yeux écarquillés par l'effarement de Scorpius qui semblait chercher de l'aide chez ses amis.
Draco Malfoy ne savait toujours pas ce qu'il pouvait bien faire devant un sapin clinquant, entouré de papiers colorés, de Gryffondors et d'une odeur de pommes de terre trop cuites. Draco Malfoy était toujours aussi persuadé qu'il n'était pas à sa place.
Mais pour la première fois depuis des années, Draco Malfoy était profondément heureux. Alors le reste lui importait bien peu.
A suivre
Note de fin : Voila, la première confrontation de Harry et Draco a enfin eut lieu et j'espère qu'elle ne vous a pas déçu. Pour ceux qui se poseraient la question, les enfants Potter fêteront noël au matin du 25 chez Ginny, et les deux parents alternent chaque année (comme ça, pas de jaloux).
Merci encore à tous ceux qui ont pris le temps de me laisser un petit mot, et à bientôt pour le chapitre suivant :)
artemis
ps : Si jamais vous cherchez de très bonnes fics à lire, faites donc un tour par les profils des demoiselles que j'ai citées tout en haut. Vous ne serez pas déçues :D
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