| Salutations, chers gens ! Merci d'avoir cliqué sur cette histoire !  Et merci également à mes adorables reviewers :D Je suis vraiment  contente que cette pitite histoire vous plaise. Voici donc le deuxième chapitre, avec toujours autant (voire plus) d'amour entre messieurs et de gros mots. Intolérants du genre, vous savez ce qu'il vous reste à faire ! Bonne lecture ! .oOo. Pas  de vacances pour un médecin – douze heures se sont à peine écoulées que  je suis de retour à l'hôpital pour une nouvelle garde de nuit ; après  tout, il n'y a personne qui m'attend chez moi, à part mon chat qui sait  très bien se nourrir seul quand il est lâché dans la nature. Mais ce  soir, contrairement à la nuit précédente, c'est d'un calme absolu. À  croire que les gens se sont mis à faire attention à eux après avoir  appris l'horrible accident d'hier. Au final, un troisième  adolescent a fini par succomber à ses blessures, dans la journée – et le  quatrième s'est réveillé (merci la ceinture de sécurité), mais sa  colonne vertébrale est dans un tel état que je doute qu'il soit un jour  en état de remarcher. Quelle pitié... En ce qui concerne le petit  couple de la voiture qui venait en face, les deux se sont également  réveillés de leur état de coma, mais dans un état bien moins grave que  les accidentés de l'autre voiture, et les opérations ayant été un  succès, je pense qu'ils s'en sortiront sans graves séquelles. Et  dire que ce carnage a eu lieu rien que parce que la conductrice avait bu  de l'alcool à la fête où elle était avant de reprendre le volant...  L'alcool, le poison de l'humanité. Si elle s'en était tenue à  l'écart pour cette soirée, elle aurait sans doute vécu encore de  nombreuses années... Et elle n'aurait pas été responsable de la mort de  deux de ses camarades, et de la paraplégie probable du troisième. C'est  pour ça que je déteste les humains : ils sont tous complètement  irresponsables. On dirait que leur unique but est la destruction des  autres et de soi-même. Ils font tout ce qui est en leur pouvoir pour se  faire le plus de mal possible, sans même s'en rendre compte, et ils  entraînent dans leur chute ceux qui n'avaient rien demandé – les  dommages collatéraux, une fois de plus : les animaux, la nature... Ceux  qui font les frais de leur incomparable égoïsme. Les humains sont des  virus ; ils s'installent dans un endroit, exploitent toutes les  ressources du lieu jusqu'à pénurie, et lorsqu'ils ont bien tout saccagé,  ils prennent leurs cliques et leurs claques pour aller s'installer  ailleurs, et recommencer tout le schéma. Voilà ce qu'ils sont : des  parasites. Je n'ai pas l'arrogance de me prétendre différent  d'eux. Moi aussi, je mange de la viande, j'utilise de l'essence pour ma  voiture, et je consomme une énergie folle avec mon ordinateur toujours  allumé, même quand je ne suis pas là. Moi aussi, je suis un parasite, et  si j'écoutais mes convictions, je devrais me suicider, mais la beauté  de la nature me laisse toujours tellement ébahi que je suis incapable de  la quitter. Pauvre lâche – je fais partie de tous ceux qui créent sa  perte. - Un café ? me demande une voix féminine, me tirant de mes pensées. Je  jette un regard à l'intruse – il s'agit de Nina Fuji, ma collègue  titulaire. Il s'agit d'une des rares personnes dont je peux supporter la  présence sans broncher pendant au moins dix minutes, et croyez-moi,  c'est un exploit. - La mère de Sarah est venue te voir, ce matin, non ? me demande-t-elle. Pauvre femme. Voir sa fille mourir si jeune... Nina  est mon total opposé, en quelque sorte – elle aime les humains autant  que je les déteste. Elle, c'est vraiment par vocation et par amour de  son prochain qu'elle fait ce boulot. Elle arrive à ressentir de  l'empathie et de la compassion, deux sentiments qui me sont absolument  étrangers. À deux, on est bizarrement populaires lorsqu'il s'agit de  rencontrer les familles des victimes : elle, parce que sa douceur et sa  compassion font du bien à ceux qui ont perdu l'un des leurs, et moi,  parce que je ne m'embarrasse pas d'hypocrisie – d'aucuns me diraient  qu'il s'agit de diplomatie, mais ces deux termes ont toujours été  synonymes pour moi – et parce que je ne tourne pas autour du pot pour  leur annoncer les choses les plus graves, ce qui est bien mieux  accueilli qu'on ne pourrait le croire. Il faut les voir, ces pauvres  gens avides d'informations, ne rêvant que d'être fixés sur le sort de  leur parent en phase terminale de maladie ou dans le coma ; je dis les  choses d'une façon un peu sèche, certes, mais on m'a souvent dit que  c'était mieux que de sortir les infos au compte-gouttes. Tant mieux, de toute façon – il ferait beau voir que je me mette à prendre des pincettes avec les gens. - C'est de sa faute, elle conduisait avec 2 grammes d'alcool dans le sang. Fallait y penser avant. - Arrête de dire des horreurs, Gabriel... Quoi  ? Comment ? C'est moi qui dis des horreurs ? Ben voyons... Comme si  l'horreur, ce n'était pas plutôt ce qu'on a vu la nuit précédente. -  Mais c'est vrai. À quoi ça sert, toutes ces campagnes de prévention  contre l'alcool, si personne n'est foutu d'y faire attention ? Boire ou conduire, il faut choisir, ou alors, L'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération, ou bien alors Sans alcool, la fête est plus folle, ou encore Celui qui conduit, c'est celui qui ne boit pas,  tous ces trucs là, quoi. Il y a un fric fou dépensé dans ces campagnes  et il y a toujours des pauvres cons pour se croire plus malins que les  autres et pour ne pas y faire attention. Mais si elles existent, c'est  quand même pour quelque chose, à la fin. - Je sais, me répond Nina avec patience. Mais c'est pas une raison pour dire que c'est de sa faute. C'est... - Politiquement incorrect, c'est ça ? - Déjà oui, et puis tu manques de respect envers un mort... -  Qu'est-ce que j'en ai à carrer ? Si c'est de sa faute, c'est de sa  faute. Pas question que je me sente coupable pour des conneries qui sont  pas les miennes. Nina soupire – je pense que si elle est la seule  personne que je peux à peu près encadrer, c'est parce qu'en retour,  elle est la seule personne qui arrive à me supporter. Sa grande force,  c'est de pouvoir encaisser toutes les méchancetés que je lui balance  sans sourciller, comme si elle se disait que je ne les pensais pas.  C'est vrai que quand il s'agit d'elle, je ne le pense pas toujours, mais  elle n'est pas censée le savoir. - C'est atroce, d'entendre une  telle gueule d'ange dire des mots aussi horribles. Si tu la fermais, je  pense que les gens te trouveraient plus sympa, tu sais. - Alors  t'attends pas à ce que je la ferme, parce que j'ai aucune envie que  quelqu'un me trouve sympa. Pas envie que les gens se mettent à venir  copiner avec moi. - Et moi, je compte pour quoi, là-dedans ? -  Une erreur de parcours. Ou bien un pot de colle... Au choix. D'ailleurs  ça commence à faire au moins cinq minutes que t'es là, il serait temps  que tu te casses. - Je vois, sourit-elle sans s'offenser. T'as du  bol qu'on vienne de me biper, sinon, je serais bien restée là, rien que  pour t'emmerder. C'est remis à la prochaine fois ! Sur ces bonnes  paroles, elle me laisse seul – enfin ! – et s'en va vers son urgence,  tandis que je reste assis sur le siège avec le café qu'elle m'a apporté  dans les mains. J'ai eu affaire à la maman de mon adolescente décédée ce matin, entre le Countdown et  le retour chez moi. J'étais passé à l'hôpital récupérer des affaires,  et je suis arrivé pile au bon moment pour qu'une infirmière me signale  qu'elle était là. Je n'ai jamais particulièrement aimé rencontrer la famille d'une victime, parce qu'en général, c'est toujours crises  de larmes à gogo, hurlements et compagnie, mais là, la maman ne  pleurait même pas. Elle avait l'air au-delà de ça. Elle me fixait comme  si elle voulait me noyer dans son regard – elle avait les yeux d'un bleu  glacier terrifiant, si clairs qu'on les aurait presque dits blancs, qui  lui donnait l'air d'un fantôme. Elle m'a écouté lui raconter les  circonstances de l'accident, l'opération, et le décès final sans  broncher, et pour finir, elle m'est tombée évanouie dans les bras. Ça,  c'était le pire – s'il y a bien quelque chose que je ne supporte pas,  c'est de devoir toucher un corps qui n'appartienne pas à celui d'un  patient. J'ai dû la transporter sur un fauteuil et la réveiller, et là,  elle m'a tenu la jambe pendant une heure pour que je ré-explique cinq  fois par le menu le pourquoi et le comment de la chose. Éprouvant, je  vous dis. C'est en partie une des raisons qui font qu'au final, je  n'aime pas trop voir un patient mourir... Le son de mon bipeur me  tire de cette agaçante rétrospective, et je jette mon gobelet vide à la  poubelle – il est temps d'aller réparer des corps. .oOo. Été. Chaleur. Soleil. Criquets. Angoisse. - Bonjour, ici Rouget, de la police nationale. - Commissaire ... Vous... vous avez des nouvelles ?  - Oui, mais pas des bonnes, si vous voulez tout savoir, madame... On a retrouvé votre fille, mais... - Elle est... - Je suis désolé... Elle est décédée. Été. Chaleur. Soleil. Criquets. Hurlements.  .oOo. -  Ah, vous voilà, docteur ! Ça fait une demi-heure que je vous cherche.  Vous ne vous êtes même pas rendu compte que vous avez fait tomber votre  bipeur dans le couloir ! Du coup, les autres sont énervés parce que vous  ne répondez pas alors qu'on a besoin de vous. Ça, c'est un  excellent moyen de se faire réveiller – par un moulin à paroles. Génial.  Sorti du sommeil il y a à peine vingt secondes, et déjà de très  mauvaise humeur, je cligne des yeux pour être en mesure de m'habituer à  la vive lumière qui entre par la porte ouverte de la lingerie où je me  suis réfugié pour dormir un peu, et je reconnais un de mes internes,  Paul Derème, qui je ne sais pas pourquoi, a une nette tendance à me  suivre comme un toutou depuis qu'il est arrivé ici, au début de son  internat (alors que j'ai été tout sauf gentil avec lui). - Mais  j'ai dit que vous aviez bossé toute la nuit et que vous étiez sans doute  en train de vous reposer, alors ils ont pris le docteur Jímenez à votre  place, mais je ne sais pas si c'est une bonne chose pour vous ou pas... - Eh. - Oui ? - File-moi mon bipeur. Il  s'empresse de me le donner, avec l'excitation d'un chiot (mais  pourquoi, nom de nom ? J'ai jamais rien fait qui puisse lui donner envie  de m'apprécier...) et je le remets dans ma poche avec humeur. - Maintenant... - Oui... - Dégage !! Quand  j'aboie comme ça, ça marche à tous les coups – il ne se le fait pas  dire deux fois, et la pénombre revient dans la lingerie. Mais c'est trop  tard, maintenant, je suis réveillé. Enfin, vu ce à quoi j'étais en train de rêver, peut-être que ça vaut mieux... Avec  humeur, j'enfile ma blouse et je sors dans le couloir, où je retrouve  ce monde de brutes, duquel j'ai réussi à m'extraire pendant deux heures. -  Salut Gabriel. Tu sais qu'on t'a cherché partout ? me dit Jorge  Jímenez, mon collègue, dès que je m'approche du tableau de bord. - J'avais perdu mon bipeur sans m'en rendre compte. -  Ah, je me disais bien que ça ne te ressemblait pas de ne pas répondre.  Quoi qu'il en soit, le chef n'est pas très très content. Ah, le chef... Encore un qui m'agace, tiens. - Fallait bien que je dorme un peu. Ça fait trois nuits que je suis de garde. - C'est ce que je lui ai dit, mais bon... Tu devrais aller le voir tout de même. À ce moment, mon bipeur sonne, et j'y jette un coup d'œil. - J'irai le voir plus tard, visiblement... Une urgence. Je crois que tu ne vas pas tarder à te faire biper non plus. Juste  comme je prononce ces mots, le sien sonne également – il me jette un  regard, et on se précipite tous les deux vers l'urgence en question. Je  chope en passant un de mes internes par le col pour qu'il nous suive, et  ce n'est qu'une fois à destination que je me rends que je suis tombé  sur le mauvais cheval – Joshua Lasheras. Non qu'il ne soit pas un  bon médecin. Il est débrouillard, futé, et chose rare, il n'hésite pas à  prendre des initiatives quand il le faut. Il a une sorte d'instinct de  LA chose à faire, qui lui a permis de sauver pas mal de vies là où  d'autres auraient échoué. Le problème que j'ai avec lui est  totalement personnel ; c'est que depuis le jour du grave accident, il  s'est visiblement mis en mode séduction envers moi. Selon lui, ça ne  date pas de ce jour-là – c'est juste que je ne m'en suis pas rendu  compte plus tôt. Quoi qu'il en soit, ça revient au même : ce type me  fréquente avec des envies de coucher avec moi. Moi, son supérieur  hiérarchique – voilà une bonne raison de refuser. C'est ce que je  n'arrête pas de lui sortir, du coup, mais il persiste à me rétorquer que  dans cet hôpital, tout le monde couche avec tout le monde, et que ça ne  changerait pas grand-chose si on s'ajoutait au lot. Rah, merde. J'ai  presque envie de lui dire d'aller me chercher un autre interne pour le  remplacer, mais tant pis, maintenant qu'il y est, je n'ai pas le choix.  Il m'assistera pour l'opération... - Dis donc, Gabriel, me  chuchote Jorge après l'intervention. Ton interne, là, il est drôlement  doué. T'as vu quand je lui ai laissé les commandes ? Il n'a pas hésité  une seule fois... - Tu veux le prendre parmi les tiens ? je demande avec espoir. - Il te cause des problèmes ? - Oh oui. Des tas. - Alors je te le laisse, dans ce cas... Zut,  j'ai manqué de subtilité. Je dirais bien à Jorge qu'il ne risque pas de  rencontrer les mêmes problèmes que moi s'il le prenait avec lui, mais  je n'ai pas envie qu'une histoire pareille s'ébruite, alors finalement,  je ne dis rien. À peine Jorge s'est-il un peu éloigné que j'entends une  voix grave et sensuelle juste derrière moi : - Alors, je vous cause des problèmes ? Chiottes. Je suis maudit. - Bon eh bien, maintenant que tu en es conscient, Lasheras, ce serait une bonne occasion d'arrêter. - Mais bien sûr. Pas de souci. Je le fixe d'un air soupçonneux – il se contente de sourire, mais l'ironie de son regard est clairement perceptible. - C'est vrai ? - Oui. Je vous laisse tranquille, en échange d'une soirée avec vous. - Nous y revoilà... Ce  type est vraiment un boulet. Quand je dis non, c'est non, bordel !  Agacé, je m'éloigne, mais il me rattrape rapidement, et se met à marcher  à mes côtés. - Je n'ai pas forcément dit que c'était pour coucher avec vous. Par exemple, un resto... - Un resto avec toi ? Plutôt crever... - Oh, si c'est ce que vous voulez, je suis sûr que je pourrais vous amener à la petite mort. -  Arrête avec tes allusions sexuelles ! C'est lourd ! Et puis, je te le  dis tout de suite, ça m'étonnerait. Je ne vois pas comment je pourrais  ressentir quelque chose d'autre que du dégoût dans les bras d'un autre  être humain. Il ne répond pas tout de suite, et je lui jette un regard – il me fixe avec une intense curiosité. -  Écoutez, docteur, acceptez de dîner avec moi, ce soir. Vous n'êtes pas  de garde, pas vrai ? Juste cette fois, et je vous laisse tranquille. Ça  vaut le coup, non ? - Je flaire un piège... - Aucun, proteste-t-il. Je suis sincère. Un simple dîner, je vous raccompagne, et j'arrête là mon harcèlement. Au moins, il reconnaît que c'est bien du harcèlement, ce qu'il m'inflige... Je soupire. - Ok... J'accepte. Et après, tu arrêtes vraiment, compris ? - Juré. Avec un sourire vainqueur, il me plante là et s'éloigne en sifflotant – et je regrette déjà notre marché. Geez, quelle plaie. .oOo. Voilà  pour le deuxième chapitre ! *yeux de bambi* ça vous a plu ? N'hésitez  pas à m'envoyer des reviews pour me le dire, hohoho ! Sur ce, je vous bisoute, et je vous dis au prochain chapitre ! Sana. |