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au 31 Mai 21 :
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La lie de l'humanité
Par Sanashiya
Originales  -  Romance  -  fr
8 chapitres - Complète - Rating : T+ (16ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 5     Les chapitres     37 Reviews    
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Chapitre 5

Salut tout le monde ! Vous avez donc lu jusqu'ici, et ça me fait vraiment très beaucoup plaisir *o* 

Voici le nouveau chapitre, j'espère qu'il vous plaira! Selon toute probabilité, il en restera 2 après celui-là, et un épilogue en plus. :3

J'étais pressée la fois dernière au moment d'updater, je n'ai pas mis les avertissements, donc voici pour cette fois : attention, ça cause de messieurs qui s'embrassent entre eux, voire plus si affinités, et qui n'arrêtent pas de dire des gros mots tout le temps. A bon entendeur salut !

Je vous souhaite un bon chapitre. :3

.oOo.

L'opération de l'anévrisme s'est déroulée sans souci, et même, contre toute attente, Derème et Legat, mes deux internes, m'ont été d'une certaine utilité. Soit, je ne les avais pas choisis pour qu'ils fassent joli dans le bloc, mais je ne m'attendais pas à ce qu'ils me conseillent quoi que ce soit de perspicace – et pourtant, ils l'ont fait, et les deux, en plus. Comme quoi, mon choix avait été bon, finalement ; j'ai bien fait d'avoir exclu Lasheras du lot.

D'ailleurs, quand je suis sorti de l'opération, absolument vanné (essayez donc de rester concentré pendant six heures de suite, vous), il était introuvable. Est-ce qu'il avait peur de la mandale promise ou est-ce qu'il était sur une autre opération, ça, aucun moyen d'en être sûr. Le problème était surtout que je pouvais lui interdire l'accès à toutes mes opérations, mais pour celles de mes confrères, je n'avais pas raison valable, donc il pouvait bien se fait choisir par l'un d'entre eux. Après tout, même le pouvoir d'un chef des internes est limité.

En sortant du vestiaire, je croise le chef, qui a l'air plutôt satisfait de mon travail – il a l'air de ne plus m'en vouloir pour l'affaire du restaurant de l'autre soir et la procrastination qui a suivi.

- Beau boulot, cette opération, Gabriel. Tu es de service, cet après-midi ?

- Non, je pensais rentrer chez moi pour me reposer.

- Bonne idée. Ça fait trois ou quatre nuits que tu fais des gardes, pas vrai ? Tu as l'air fatigué.

Ooh ? C'est rare qu'il abonde dans mon sens, mais je ne vais pas m'en plaindre. C'est vrai que depuis la soirée avec Lasheras, voilà de ça une semaine, j'ai passé tous mes jours, presque 24h sur 24, à l'hôpital. À force de mal dormir dans la petite pièce avec le lit réservé aux médecins, des cernes énormes sont apparues sous mes yeux, et je commence à avoir la tête qui tourne, parfois. Il est temps que je prenne un peu de temps pour moi, c'est un fait.

Après quelques autres mots amicaux, et qui font toujours aussi étranges dans sa bouche, le chef fait demi-tour, et j'enfile mon manteau et mes gants pour sortir – dehors, comme tous les jours depuis quelques temps, il neige. Ma voiture, qui n'a pas bougé du parking depuis un certain temps, est couverte de neige, et elle a du mal à démarrer. J'allume la radio, et la chanson de Ray Charles – Mess Around – qui y est précisément diffusée me rappelle avec un luxe de détails inutiles la soirée que j'ai passée avec Joshua Lasheras.

Et aussi le baiser de ce connard avant l'opération. Connard.

Au moment où je m'apprête à partir, je vois justement le connard en question sortir de l'hôpital et me faire de grands signes en courant vers ma voiture. Monsieur a l'air d'avoir envie de me voir...

Oh, pitié. Je suis fatigué, j'ai mal à la tête, le pire qui pourrait m'arriver est de devoir parler avec lui là, maintenant. Sans faire attention à ses signes, je démarre en trombe, et je le laisse loin derrière – un regard au rétroviseur me le montre debout dans la neige, immobile, en train de me regarder partir. Je souris.

- Faudrait voir à pas pousser non plus...

Malheureusement, son apparition a fait son petit effet – c'est la tête pleine de lui que je conduis, c'est en pensant à ses réflexions que j'arrive chez moi, et ça doit être sans doute pour ça que je me sens si mal ; il campe dans mes pensées jusqu'au moment où j'enlève mes fringues pour me glisser entre les grosses couvertures de mon lit glacial, jusqu'au tout dernier moment où ma conscience s'agite encore, avant de faire place au sommeil.

Heureusement, dans mes rêves, ce n'est pas lui qui occupe le premier rôle.

.oOo.

Été. Cigales. Calme. Vent chaud.

Douleur.

- Maman...

- Oh mon dieu, oh mon dieu, ma petite fille, mon bébé, mon enfant...

Larmes.

Larmes qui tombent sur le carrelage frais. À n'en plus finir.

- Mon enfant... Ils m'ont pris mon bébé... Ma fille...

- Maman...

- Gabriel...

Toux rauque, entre deux crises de larmes.

- Je vais t'apprendre quelque chose, Gabriel... Les humains sont des erreurs de la nature. Regarde ce qu'ils ont fait à ta sœur... Les humains sont des déchets. Des déchets... Des déchets...

Été. Cigales. Calme. Vent chaud.

Brûlant.

.oOo.

Le soulagement vient de je ne sais où – un peu de fraîcheur dans ce brasier.

- Chaud...

J'ai l'impression d'entendre quelque chose, mais le fait est que je ne sais ni où je suis, ni ce qui m'arrive - et ce bourdonnement, qui n'arrête pas de me vriller les tympans... Et les cris de rage de ma mère qui résonnent dans ma tête... Je dors ou je suis réveillé ?

- J'ai chaud... De l'air...

Il y a quelqu'un, dans la pièce ? On dirait des voix... À moins que ce ne soit la mienne ? Un courant d'air subit apporte un peu de fraîcheur à mon esprit, et je commence à ressentir un peu mieux mon corps – empêtré dans mes couvertures, à priori, mouillé de sueur, brûlant de fièvre.

- ... moins dix ici.... pas possible ça... laisse pas ouvert longtemps moi...

La voix me parvient de plus en plus clairement, et effectivement, ce n'est pas la mienne – bientôt, je suis en mesure d'ouvrir mes paupières collées, mais tout ce qu'il y autour de moi se fond dans un flou coloré et immobile – à part quelque chose qui n'arrête pas de bouger près de ce que je pense être mon lit.

- Vous êtes réveillé ? Je ferme la fenêtre, il fait trop froid.

Ce n'est pas la voix de ma mère – c'est une voix de garçon, et la réalité me revient petit à petit, alors que les brumes du cauchemar s'estompent. Qui d'autre connaît l'adresse de ma maison ? C'est mon interne... Joshua Lasheras... je crois.

- ... Lasheras...?

Les contours se précisent un peu et je découvre une tête bronzée penchée vers moi, et des cheveux noirs qui frôlent mon visage – et à l'intérieur du visage, des yeux noirs qui ne peuvent appartenir à personne d'autre qu'à lui.

- Vous avez 39,8° de température. N'essayez pas de bouger. Je vous ai mis un gant de toilette mouillé sur le front, ça vous soulage un peu ?

- ... Oui...

Avec mes maigres capacités, j'essaye de résumer la situation. J'ai apparemment l'air d'être fiévreux, brûlant, malade, quoi, et il y a Joshua Lasheras chez moi, en train de jouer les garde-malades. J'ai bien envie de lui dire de s'en aller, mais le fait est que je me sens faible, très faible, et, même si j'aurais préféré ne jamais avoir à dire ça, j'ai besoin de lui.

- Et l'hôpital...? Pourquoi t'y es pas...?

Ma voix est tellement faible qu'elle me fait peur, et ma vision est toujours un peu floue, ce qui fait que je ne peux pas décrypter les expressions de son visage. Je n'arrive pas non plus à analyser le ton de sa voix lorsqu'il répond :

- Ça fait deux jours que vous ne répondiez pas, les collègues commençaient à se demander quoi. Comme vous avez laissé une fausse adresse dans les papiers administratifs, et que j'étais le seul à connaître la vraie, c'est moi qui ai été envoyé en reconnaissance. Résultat, je vous retrouve malade comme un chien. C'est un vrai glaçon, cette maison... Mais bon, je suis là, je vais prendre ça en main.

- Rentre chez toi... Amène quelqu'un d'autre...

- Comment ? C'est comme ça que vous me remerciez ? Alors que je me casse le cul à vous soigner depuis une journée ? Vous êtes vraiment un connard.

Au mot de "connard", je retrouve encore un peu plus de lucidité – décidément, on ne dira jamais assez les bienfaits d'une bonne engueulade. Il est à moitié assis sur mon lit, et il m'éponge le front avec un gant de toilette mouillé.

- Vous parliez dans votre sommeil. Je crois que même que vous étiez en train de chialer.

Je le fixe, trop faible pour m'énerver ou me mettre en colère – c'est vrai, bordel, j'ai encore rêvé de cet été atroce.

- Vous avez dit quelque chose comme "les humains sont des déchets". C'est fou, ça, même dans votre sommeil, votre misanthropie ne vous quitte pas. J'ai jamais vu ça.

- J'ai peut-être une bonne raison de les détester, je marmonne.

- Laquelle ? Vous voulez m'en parler ?

- Certainement pas !

Je me redresse à moitié sous l'indignation, et aussitôt, je suis suffoqué par une quinte de toux qui m'arrache la gorge. Effectivement, y'a pas à tortiller du cul, je suis dans un sale état.

- Vous énervez pas comme ça. Il faut que vous restiez calme.

- Avec toi dans les parages, c'est pas possible.

Après – apparemment – deux jours passés dans le brouillard, ça me semble dater d'une éternité, mais c'est vrai que je me suis fâché avec lui. C'est vrai qu'il m'a embrassé une deuxième fois. Rien que d'y repenser, ça m'irrite.

- Du calme, du calme, dit-il. J'ai préparé un bain pour vous. Et je vous signale tout de suite que mes compétences particulières, ce n'est pas d'être femme au foyer ni aide-soignante, donc il fallait vraiment que je sois motivé, pour vous faire couler ce bain. Levez-vous, maintenant.

Il me prend le bras avec une force qui me semble surhumaine, comparée à ma faiblesse actuelle, et il m'entraîne à la salle de bain sans même faire une seule remarque grivoise sur ma tenue, qui consiste en un unique caleçon.

- Vous vous désapez tout seul ou je le fais ?

Enfin, presque sans une seule remarque.

- Fiche-moi la paix, sors de la salle de bain...

- Ah, non, j'ai pas envie de vous retrouver noyé dans la baignoire. Je reste ici.

Il a l'air inflexible... Tant pis, il me faudra supporter son regard inquisiteur – et de toute façon, je ne suis pas de taille à affronter un bain tout seul, c'est net. C'est avec irritation que je le vois prendre l'initiative de me nettoyer le dos et le reste, mais le pire, c'est sans doute que je n'ai même pas la force de m'énerver.

Enfin, presque pas.

- Mais me lave pas avec tes mains ! Utilise un gant de toilette !

- Les gants de toilettes, c'est plein de bactéries, c'est pas sain.

- Pas s'il est propre !

- Arrêtez de vous énerver, je vois que vous avez la tête qui tourne. J'ai déjà cherché les gants de toilette propres et j'en ai pas trouvé, donc vous vous contenterez de mes mains.

Merde, effectivement, je n'ai pas mis de gants de toilette à la lessive récemment – ça m'apprendra, tiens... Et ses mains pleines de gel douche caressent mes bras, mon cou, mon dos... mes reins...

- EH LÀ, descends pas si bas !!

Mon cri indigné me demande tant de force que j'en ai la tête qui tourne encore plus. Décidément, je déteste être malade : c'est impossible de s'énerver correctement.

- Je suis bien obligé, pour vous laver.

- Je vais le faire tout seul !

- Tss...

Mais l'eau chaude du bain me paraît brusquement glaciale, et je me mets à trembler de manière incontrôlée – une belle poussée de fièvre.

- Et voilà, vous l'avez bien cherché, me dit Joshua en passant sa main mousseuse sur mon front brûlant avec douceur. Calmez-vous, je m'occupe de tout.

Il me lave les cheveux – dire que ça fait une éternité que personne d'autre que moi n'a touché à mes cheveux... – et il me les rince en passant sa main dedans, et parfois, il se penche et il m'embrasse dans le cou.

- Tu crois que je t'ai pas vu ? Arrête ça !

- Vous êtes vraiment une fichue tête de bourrique, grogne-t-il. C'est pour vous détendre que je fais ça.

- Ça ne me détend pas du tout, alors tu peux arrêter.

Après des hauts et des bas, il m'autorise enfin à sortir du bain, et m'enroule dans une serviette propre, avec autant de soin qu'une mère pour son petit.

- Ça te va pas, d'être si attentionné, je remarque alors qu'il me frotte les cheveux dans une serviette.

- Oui, mais figurez-vous que j'ai pas trop le choix, avec vous. Alors vous la fermez et vous vous laissez faire.

Il va même jusqu'à me sécher les cheveux avec le séchoir après m'avoir habillé avec un pyjama qu'il a trouvé au fond d'un tiroir – et, bercé par le ronronnement de l'appareil, je plonge dans une sorte de somnolence qui m'oblige à baisser ma garde. Mais il n'en profite pas, et étrangement, ses doigts dans mes cheveux ne sont pas la sensation la plus désagréable que j'aie connue. C'est même plutôt... relaxant.

Je ne sais pas trop à quel moment, mais il me semble que je finis par m'endormir à nouveau.

Et sans faire de cauchemars, cette fois-ci.

.oOo.

Voici donc pour cette fois :3 si vous avez aimé, vous connaissez le topo... *fait ses yeux de bambi*

A bientôt pour le prochain !

 
 
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