| Amis du soir, bonsoir ! J'espère que le chapitre précédent vous a  plu, et je vous remercie pour vos reviews et tout et tout ! \o/ Voici le chapitre 4, j'espère qu'il va vous botter :3 Bon chapitre ! .oOo. - Salut, Gabriel ! Alors, ta soirée ? Les  mots à ne pas prononcer. Je lève aussitôt la tête vers Nina, qui sourit  de toutes ses dents. C'est vrai qu'elle était au courant... Lasheras  lui en avait parlé. - Une horreur, quoi d'autre ? - Oh. Rien de palpitant, alors ? - Qu'est-ce que tu appelles "palpitant" ? je demande, méfiant. - Je ne sais pas, moi, une déclaration d'amour, un truc du genre... Je soupire. Elle est vraiment loin du compte, cette pauvre naïve. - Certainement pas. Elle  a l'air déçue, et c'est tant mieux – comme on dirait qu'elle est au  taquet à propos de ma relation avec Joshua Lasheras, ça ne ferait que  mettre de l'huile sur le feu que de lui raconter ce qui s'est passé hier  soir. Parce que bien entendu, ce crétin ne s'est pas contenté de  simplement me raccompagner, merci bonsoir. Quand j'y pense, j'aurais dû  m'en douter – c'était un manque de prudence. Et je n'aurais pas dû finir  la bouteille de vin non plus, j'aurais dû la laisser sur la table, et  tant pis. Quoi qu'il en soit, le temps de faire le trajet de  retour jusqu'à ma maison, l'alcool avait déjà un peu réduit mon champ de  possibilités – pas assez pour m'empêcher de marcher, mais assez pour  mettre à mal la vitesse de mes réactions. - Vous avez pas peur, d'habiter tout seul dans ce coin perdu ? il m'a demandé en contemplant la maison. - Peur ? Peur de quoi ? J'aurais peur si je vivais parmi les humains. - Je vois. Attention, vous allez tomber. - Non, je vais pas tomber, et mêle-toi des tes affaires ! Le  plus agaçant, chez ce type, c'est le sourire teinté d'ironie qui ne  quitte presque jamais son visage. Comme s'il se savait maître de la  situation tout le temps. Hier, au restaurant, j'ai tout de même réussi à  le lui faire perdre une ou deux fois, mais il réapparaissait presque  aussitôt. Bref, il m'a raccompagné jusqu'à ma porte, et là, il m'a dit en se penchant vers moi : - Merci de m'avoir accompagné au restaurant. J'aurais  dû me douter qu'il prévoyait quelque chose, mais pour une fois, sa voix  était juste normale, sans moquerie quelconque, et dans mon esprit  affaibli par l'alcool, je me suis dit que ça lui avait fait plaisir, au  final, et que c'était tant mieux, comme ça, il allait arrêter de me  harceler. Et quelque part, je me suis aussi demandé pourquoi il restait penché vers moi si longtemps. Alors, j'ai relevé la tête vers lui pour lui demander, et voilà : c'était ça, l'erreur de ma vie. Parce qu'il a choisi ce moment-là pour m'embrasser –  oui, carrément m'embrasser, le salaud ! – et là, j'ai pas vraiment su  comment réagir. Entendons-nous bien ; si j'avais été en pleine  possession de mes moyens, je l'aurais repoussé illico, et je lui aurais  claqué la porte et nez, et il serait rentré tout déconfit. Mais avec  l'alcool qui courait dans mes veines, le temps de réaction était au  moins triplé, et pendant que je ne réagissais pas, il avait glissé ses  mains dans mon dos, et il me roulait le patin du siècle. Le pire, dans tout ça, ce n'était pas de se faire mettre une main au cul (par un interne,  qui plus est!) ou bien de sentir sa langue dans ma bouche. Non, le pire  de tout, l'horreur, l'enfer absolue, c'était surtout que ça me  dégoûtait moins que je l'aurais cru. Parce que ce type avait une  certaine manière d'y faire, qui faisait que... ça faisait vraiment de l'effet. Contre mon gré, évidemment. Frissonner pour de la bave  échangée, est-ce que ce n'est pas le truc le plus pathétique au monde ? Bon,  heureusement, j'ai repris mes esprits avant qu'il n'y ait trop de  dégâts, et je l'ai repoussé, mais trop tard, le mal était fait. J'ai  claqué la porte derrière moi, et il s'est mis à rire. Et puis, il a crié  quelque chose qui m'a donné envie de me suicider : - Comme vous avez laissé votre voiture à l'hôpital, je viendrai vous chercher demain matin, d'accord ? Il avait raison, ce connard. Je n'y avais même pas pensé un seul instant. - Oh. Et il est venu te chercher, finalement ? Je lève la tête vers la voix de Nina qui me regarde avec curiosité – et je cligne des yeux. - Comment tu sais ce qui s'est passé ? Tu lis dans mes pensées, ou...? -  Comment ça, je lis dans tes pensées ? Ça fait dix minutes que tu  racontes le tout à voix haute. Alors, il est venu te chercher ? Je cligne des yeux à nouveau. J'ai... tout raconté à voix haute ? Sérieux ?! Seigneur, je suis carrément plus fatigué que je ne le  pensais. Mais quel imbécile !! Maintenant, Nina est au courant de  tout... - C'est pas vrai... - Quoi ? Il est pas venu te chercher ? Oh, en voilà une autre à qui je donnerais bien des tartes. - Ça te regarde pas ! - Mais pourquoi ? Puisque tu m'as tout raconté depuis le début ! Bon,  là, si je lui dis que j'ai tout raconté sans m'en rendre compte, ça va  me faire joliment passer pour un con, alors je préfère me taire – mais  le fait est qu'il est effectivement venu me chercher en voiture. Et que  bien entendu, je suis resté silencieux tout le trajet, ce qui n'a pas eu  l'air de lui plaire. - Au fait, c'est toi qui as mon bipeur ? Rends-le moi. - Ah oui. J'ai fait quelques interventions pour toi, tôt ce matin. -  Je te dirais bien merci, mais j'aurais adoré les faire, si seulement ce  crétin ne t'avait pas refilé ce truc. Donc tout est de sa faute, moi je  ne prends pas les réclamations. Elle soupire, fait un mouvement  rapide de la tête que je comprends comme un "ok, ok", et s'éloigne,  avant que je ne la rattrape, pris d'une appréhension subite. - Au fait, Nina. Je dis ça pour ton bien, mais surtout, tu ne racontes à personne ce que je t'ai raconté, d'accord ? Je pense qu'elle doit comprendre la menace sous-jacente dans le ton de ma voix, car elle hoche la tête aussitôt. - Bien sûr... Il ne reste plus qu'à voir si elle va tenir sa promesse. .oOo. - Derème et Legat, vous êtes avec moi sur l'opération. Les autres, vous restez dans la salle d'observation. Ce  que ma voix décrète sèchement, c'est la décision attendue depuis  longtemps – depuis que la patiente a pris sa décision, en fait – pour  savoir qui m'aidera à pratiquer cette splendide et dangereuse opération  qui consistera à enlever l'anévrisme non rompu en train de parasiter le  cerveau d'une dame de 40 ans à peine. - Allez vous préparer, vous deux, j'ajoute. On se retrouve dans la salle d'opération dans une demi-heure, ne traînez pas. Les  internes se dispersent en piaillant – les deux désignés aux anges, et  les autres, soupirant de désappointement – et alors que je m'éloigne  d'eux, je suis rattrapé par l'un d'entre eux. - Docteur, je peux vous parler, une minute ? Non.  Tu ne peux pas. Enfin, j'aimerais bien répondre ça, mais le fait est  qu'en public, ce n'est pas très facile de le rabrouer sans avoir l'air  de faire abus d'autorité. - Un problème, Lasheras ? je demande de ma voix habituelle. - Non, juste quelque chose que j'aimerais aborder avec vous... Mais le ton orageux de sa voix et le regard qui crie "JE VOULAIS CETTE PUTAIN D'OPÉRATION !!" en dit assez long. Il m'entraîne assez à l'écart pour que personne ne puisse surprendre nos paroles, et me répond : - Vous avez décidé de me tenir à l'écart de toutes vos opérations, c'est ça ? - Mmh... c'est ça. - Juste parce que je vous ai un peu embrassé l'autre soir ?! - Pour toi, tu m'as juste embrassé, Lasheras, mais pour moi c'était le cauchemar de devoir  partager ma bouche avec le bout de viande humide et plein de bactéries  de quelqu'un d'autre. - Menteur... Vous avez adoré ça. De toute façon, mon hygiène bucco-dentaire est impeccable. - Comme si t'avais eu le temps de te laver les dents entre le repas au restaurant et le retour chez moi ! -  Bon écoutez, c'est complètement puéril, comme conversation – et votre  attitude aussi. En tant que titulaire, vous devez faire un minimum  preuve d'impartialité. - En tant que titulaire, je fais ce qui me  plaît, et si j'ai choisi Derème et Legat, outre qu'ils ont l'avantage de  ne pas avoir eu la stupide idée de m'embrasser, c'est qu'ils ont des  qualités en tant que médecin et que je veux les exploiter – et mon choix  était totalement impartial. Et puis si tu ne voulais pas te mettre le  chef des internes à dos, il fallait y penser à deux fois avant de  l'embrasser. - Vous êtes vraiment... Pour une fois, il se  retient de me dire ce que je suis vraiment – sans doute que ça ne serait  pas joli joli – mais de toute façon, je vois dans son regard tout ce  qu'il pense de moi. Sauf que, petit truc que je n'avais pas prévu,  il m'attrape les poignets – avec une force redoutable, en plus, le con.  Et son regard n'annonce rien de bon, il a l'air d'hésiter entre la  torture jusqu'à ce que j'accepte de l'intégrer dans mon équipe ou le  viol en bonne et due forme (pour autant qu'il y en ait une). - Je  n'y peux rien, dit-il d'une voix douce qui tranche avec son regard  orageux, mais plus vous êtes un fils de pute, et plus j'ai envie de  vous. Alors si vous voulez vraiment que j'arrête mon harcèlement,  docteur, je vous conseille de vous montrer un poil plus gentil envers  moi, et vous verrez, mon intérêt pour vous retombera aussitôt. -  Me demande pas de faire ce que je peux pas faire ! je grimace en  essayant de libérer mes poignets de son emprise. Si j'essayais d'être  gentil avec toi, ça me donnerait la gerbe. - Alors, ne venez dire que ce n'est pas de votre faute... Ses  lèvres se posent sur les miennes – encore ?! – ou plutôt devrais-je  dire, ses lèvres dévorent les miennes, et cette fois, je suis tout sauf  bourré. Et j'essaye bien de me débattre, mais Lasheras est plus grand  que moi, plus fort que moi, et certainement plus déterminé que moi. Et  j'en ai marre de me faire avoir comme un bleu à chaque fois. Et sa  langue se glisse dans ma bouche, et comme la fois dernière, elle me  fait son petit show qui provoque toujours le même drôle d'effet chez  moi, le genre à me faire courir des frissons dans les dos et à venir  titiller mon bas-ventre. Merde. Alors je le mords – j'ai pas  vraiment le choix, on va dire, si je ne veux pas me retrouver en  position plus que désagréable sous peu – je le mords, et lui, il se  recule, d'abord indigné, et puis il se met à sourire. - Une vraie bête sauvage... -  Sale enculé ! je grogne, en m'essuyant la bouche vigoureusement.  J'espère que tu vas profiter de ta dernière journée de détente, parce  qu'à partir de demain, l'hôpital, pour toi, ça va être l'enfer sur terre, et je pèse mes mots. Sur  ces bonnes paroles, je tourne les talons et je file m'enfermer dans les  vestiaires – officiellement pour me préparer pour l'opération,  officieusement, pour donner des coups de poing dans mon casier et tout  ce qui s'ensuit. Quel connard, ce type !! Bon. Peu importe  l'imminence de l'opération ; il faut que j'emploie au moins dix minutes à  me calmer. Parce que je n'ai pas envie que cette connerie de baiser  soit la faute d'un mouvement de travers sur le billard – pas envie  d'être responsable de la mort d'une patiente. Je pense à ma maison, si  calme, à mon chat, à mon ordinateur. Au silence. À la nature. J'enfile ma blouse et mon calot, et je me dirige vers le bloc opératoire, à peu près calmé. N'empêche que ce fils de pute va m'entendre, plus tard. .oOo. Voici pour ce chapitre ! J'espère qu'il vous a plu ! N'hésitez pas à me laisser des reviews si vous avez aimé :D :D :D |