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Un temps de chat
Par Chevy
Originales  -  Romance/Tragédie  -  fr
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    Chapitre 2     Les chapitres     2 Reviews    
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L'accident

Merci à tous d'avoir lu le premier chapitre de cette fiction!  Voici la suite!  Le rating, les disclaimers, etc etc, ne changent pas par rapport au premier chapitre ^^

Bonne lecture!

 ___________

Chapitre 2: L'accident

 

Plusieurs semaines plus tard, Lucas rentrait à nouveau chez lui, descendant de son bus au même arrêt que d’habitude.  Le chaton avait peu à peu pris de la place dans sa vie,  malgré les nombreuses promesses faites à sa mère de  ne pas le garder… promesses qui s’étaient avérées tout à fait fausses.  D’ailleurs, le chaton – baptisé « Charbon », mais au vu du regard blasé qu’il adressait à Lucas à chaque fois qu’il employait ce nom, il utilisait plus volontiers « bonhomme »- revenait de lui-même à la maison…  Il sortait souvent, généralement la nuit, l’étudiant ne savait pas où, mais il le sentait toujours en boule dans son cou au réveil, donc il ne s’en faisait pas.  C’était d’ailleurs à peu près le seul moment de la journée où il pensait vraiment au chaton, ses partiels de décembre approchaient et il avait beaucoup de travail.

C’était la tête pleine d’articles du code pénal et de cas d’école qu’il rentrait donc chez lui, suivant machinalement le même chemin que d’habitude, parcourant ces rues toujours désertes à cette heure, l’immense majorité des habitants du quartier étant encore au travail.  Lucas pensa donc que le bruit du moteur qu’il entendait, grandissant, provenait de la tondeuse d’un de ses voisins…  Et lorsqu’il fut aveuglé par les phares et assourdi par le crissement des pneus sur le bitume, il était déjà trop tard. 

 .oOo.

Lorsque Lucas ouvrit les yeux, il ne vit rien.  Il était dans un néant grisâtre, dans lequel il ne distinguait rien si ce n’est un faible éclairage dont il ne parvenait pas à situer l’origine.  Il tourna sur lui-même tout en ayant l’impression de rester sur place, tout était identique, pas de sol, pas de plafond, rien.  Ou peut-être avait-il cru qu’il tournait alors qu’il restait immobile.  Il ne savait pas…  Il avait l’impression de sentir un sol sous ses pieds sans le voir, mais à la seconde d’après, il lui semblait qu’il tombait, une chute vertigineuse qu’accompagnait le néant grisâtre, immobile.  Peut-être qu’il flottait, en fait.  C’était… effrayant.  Il sentit son cœur –qui lui semblait toujours fonctionner- s’accélérer, son souffle se faire plus rapide, il tenta de crier mais aucun son ne sortait de sa bouche.  Où suis-je ?  A l’aide !  Se débattre, s’enfuir le plus loin possible ?  Il l’essayait, de toutes ses forces, mais il était incapable de faire le moindre mouvement !  Il n’avait aucune idée du temps passé à essayer de s’extraire de ce vide, peut-être quelques secondes, peut-être des heures…  Peut-être des années même !  Au bout d’un moment pourtant, il fut fatigué…   C’était impossible de partir, autant se résigner…  Autant fermer les yeux, se laisser aller, et rester dans ce néant, sans y penser, sans penser à rien…

 

- Son état s’est soudainement aggravé, docteur…

- Pourtant, il restait stable depuis quelques jours, son corps commençait à se remettre…

- Oui, mais cela ne dépend que de lui… il faut prévenir sa famille, ainsi que ce jeune homme…

- Vous vous en chargez ?   On m’appelle au bloc d’urgence.

- Bien sûr docteur, je fais ça immédiatement.

 

Lucas avait fermé les yeux, et s’était abandonné au néant…  Il était debout, ou peut-être couché, il ne le savait plus très bien, mais bouger lui semblait être la pire des choses à faire à cet instant…  Il entendait encore son cœur, battre dans sa poitrine, à un rythme régulier mais qui se ralentissait inexorablement…  Qu’il se taise…  Qu’ils fassent le silence, tous, son cœur, son souffle, son cerveau, pour qu’il puisse enfin dormir en paix…

- Lucas… reviens, Lucas…  s’il te plaît… je… je t’aime… Lucas…

Qui osait le déranger maintenant ?  Alors qu’il était si près de s’endormir ?  Lucas secoua la tête comme pour se débarrasser d’une mouche, maudissant celui qui le dérangeait ainsi et qui l’empêchait de se reposer, enfin.  Cela sembla fonctionner, car le silence revint, mais Lucas n’eut pas le temps de plonger dans ce sommeil bienfaiteur…

- Lucas… Allez…  Encore un effort, s’il te plaît…  je t’aime…  reviens…

Il ne pouvait pas se taire, l’autre, à la fin ?

… Mais s’il l’entendait… c’est qu’il était sorti de ce monde de silence qui caractérisait son environnement…  S’il avait pu secouer la tête, c’était qu’il était libre de ses mouvements maintenant…  Il allait pouvoir partir !  Le monde de néant semblait s’être modifié, aussi…   Plus de gris incertain, mais un noir profond.  Il ne voyait rien du tout…  parce qu’il avait les paupières fermées.  Lucas essaya de les ouvrir…  Rien ne lui avait paru plus difficile de son existence, mais il ouvrit un œil, et puis un deuxième,  légèrement…  Effectivement, rien à voir avec le néant grisâtre qui l’entourait quelques secondes  - ou peut-être était-ce des heures ? – auparavant…  Il voyait du blanc, avec une tache jaune plus lumineuse… un plafond, éclairé ?  Il sentait qu’il était allongé… un lit ?  Où était-il ?  Que s’était-il passé ?  Il fit un mouvement brusque de la tête pour regarder sur le côté, ce qui se traduisit par un très léger mouvement, à peine plus qu’un frémissement.  Il ne pouvait pas bouger…  Qu’est-ce qui lui arrivait ?

- Lucas !  Tu es réveillé ?

L’étudiant frémit légèrement au son de la voix… celle qu’il avait entendue tout à l’heure…  Il tourna les yeux vers l’origine de celle-ci, et vit un jeune homme, une vingtaine d’années tout au plus, aux cheveux noirs et au teint mat, qui le regardait… avec une inquiétude non dissimulée dans ses yeux ambrés.  Il ne le connaissait pas… qu’est-ce qu’il faisait là ? 

- Qui… êtes-vous… ?

Lucas avait parlé d’une voix horriblement rauque, il avait été presque incapable d’articuler ces trois misérables mots…  Bon sang, que s’était-il donc passé ?  Son cerveau ne semblait pas tourner au ralenti pourtant…  mais son corps ne suivait pas…  L’effort de prononcer ses mots l’ayant fatigué plus que ce qu’il avait pensé, Lucas dut fermer les yeux, quelques secondes, avant de les rouvrir avec effort…  Et de croiser un regard triste, tellement triste…

- …  Personne…  allez, repose-toi…

Le jeune homme se leva ensuite, et se détourna, avant de quitter la pièce rapidement.  Lucas voulut tendre le bras, lui dire d’attendre, lui demander pourquoi il était triste, ce qui se passait, où il était, enfin, plein de choses… mais son bras resta désespérément le long de son corps sans force, et ses lèvres restèrent scellées, refusant de bouger.   Il était fatigué…   Ses yeux se fermèrent d’eux-mêmes, et il glissa lentement dans le sommeil, rêvant de personnes qui se détournaient dès qu’il les approchait, et d’un regard doré braqué sur lui, inconnu mais en même temps terriblement familier…

 

Qu’est-ce qui m’a pris de rester ici ?  Je le savais pourtant… je le savais qu’il ne me connaissait pas…  Je lui ai dit que je l’aimais, en plus… mais il n’a pas dû entendre…  tant mieux… 

… 

…Tiens, il pleut… ?  

Pourquoi…  Pourquoi est-ce que ça m’affecte comme ça ?  Il ne me connaît pas… il vaut mieux que je parte…  loin…  Et que j’oublie…  oui…  Que j’oublie que j’ai passé des jours et des jours dans ce putain d’hosto que je hais parce qu’il y était !  De toute façon il ne comptait pas pour moi !  Ce n’était pas important ! Du tout !  Putain…

 
 
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