Merci Soiz (: En espérant que d'autres gens liront et que tu aimeras la suite <3
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Le plafond est blanc. Tes mains sont blanches. Ton tee shirt est blanc, sur le sol blanc. Dehors, la lune blanchit les murs des immeubles. Dehors, on fume des clopes blanches, on crache une fumée blanche qui noircit des poumons gris. La nuit noire s'accroche à nos rideaux. Tu ouvres tes yeux verts et dans tes yeux, le rouge coule à flot. Je voudrais être aveugle. Je voudrais être aveugle, et je voudrais pouvoir te pardonner. Je voudrais savoir t'aimer, je voudrais m'affranchir, je voudrais t'oublier, je voudrais ne pas penser à demain, à ce matin, à tout à l'heure. Je ne suis qu'un enfant, tu m'as anéanti. Honte à toi, Jimmy, honte à tes yeux, honte à ton corps, honte à ton inhumanité. Ma cigarette brûle ton épaule. Tu n'as plus la force de dire non. De dire s'il te plait, ne fais pas ça, ne me fais pas si mal, ne me fait pas souffrir autant. Moi, je n'en ai plus la force non plus. Qui est le plus cruel de nous deux ? J'enfonce ma langue dans ta gorge, j'y cherche une réponse, je voudrais te pourrir de l'intérieur, pour qu'à jamais tu ressentes l'amour qui me transcende, quand je te regarde. Tu te rapproches de moi et tu blottis ton visage contre mon torse. Je referme mes bras sur toi, mon front contre tes cheveux, j'inspire, si fort que ma tête tourne, c'est si bon, cette odeur, tu sens si bon Jimmy, je t'aime tellement, bon Dieu, quelle tragédie. Mes sanglots secouent ton corps. Est ce que tu pleurerais pour moi, toi ? Tu es si égoïste.
- Ne pars pas. Ne pars pas Jimmy, ne me laisse pas, ne t'en va pas, je veux continuer à me réveiller à tes côtés, je veux respirer ton parfum chaque matin de ma putain de vie, je veux te faire l'amour encore, tes Dr Martens jaunes et tes yeux verts sont ma seule lumière, comme suis-je supposé continuer sans elle ? Si seulement je ne t'avais pas rencontré, je crois que j'aurais pu vivre un peu plus longtemps. - Je ne regrette pas de t'avoir rencontré. - Moi si, Jimmy, je regrette, presque autant que de ne pas savoir te retenir. Mais bordel, qu'est ce que tu as fait de moi ? - Seulement ce que tu as toujours espéré être.
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- Tu aimes ça, Jimmy ?
J'étais couché sur toi, ton front s'enfonçait dans l'oreiller, poussé par ma main. Mes doigts tiraient tes cheveux et tu gémissais, tu gémissais si fort.
- Tu aimes ça ?
Tu avais dis oui. Tu l'avais presque crié. J'étais allé plus vite. Plus fort. Oui, tu disais, oui, c'était bon, c'était vraiment bon. C'était il y a si longtemps. Tu étais vierge, je n'avais aucun respect pour ton corps, pour toi, pour qui tu étais ou pour qui tu serais ensuite. Je ne faisais que faire défiler les corps entre mes mains, je n'avais aucune estime pour eux. J'étais un enfoiré. J'aimais le sexe. En fait, je m'aimais, moi, je me trouvais beau, je me trouvais séduisant, je savais que je plaisais et chaque coup d'un soir était une nouvelle victoire. C'est alors que tu as débarqué. Je ne connaissais de toi que ton prénom mais je voulais en savoir plus. Je t'ai demandé où tu vivais, où tu étudiais, où tu sortais. Tu m'as répondu : je ne sais pas, je viens d'arriver. C'est peut-être parce que tu n'avais encore rien vécu que j'ai voulu si fort quelque chose de plus qu'une simple nuit. Mais sur le moment, ça n'avait pas d'importance. Je te baisais, c'est tout. C'était immoral. Mais je ne t'avais rien promis, après tout. Tu m'avais dis que ça faisait mal, mais que c'était bon, alors qu'il fallait continuer, tant pis, il fallait continuer. Je ne m'étais pas fait prier, tes courbes étaient délicieuses. Encore, encore, il t'en fallait encore, qu'avais-tu donc à prouver ? Je n'avais jamais vu un homme aimer autant qu'on le transperce. Il ne t'avait pas fallu longtemps pour jouir. J'avais recueilli ton orgasme entre mes mains, et je t'avais laissé t'abandonner contre le matelas. Que tu étais beau, les yeux écarquillés, les ongles enfoncés dans la chaire de mes cuisses, à bout de souffle. Je me suis allongé tout près de toi, et tu as collé ton corps au mien, comme un animal blessé qui cherche une chaleur dans laquelle se réfugier.
- Je peux rester ce soir ? Tu veux bien ?
J'avais hoché la tête. C'était la première fois que je dormais avec l'homme à qui j'avais fait l'amour. Après ça, tu as été le seul à occuper mon lit. Et oui Jimmy, ce soir là, sans le savoir, je t'ai juré fidélité.
- Tu ne me laisseras pas partir ? - Si je pouvais te retenir, je le ferais. - N'est-ce pas ce que tu fais depuis toutes ces années ?
Je te regarde. Je ne fais que ça, te regarder. Si tu savais comme ces paroles me font mal. Je serre les dents pour ne pas pleurer, parce que lorsque je pleure, ma voix n'est plus la même. Je ne veux pas que tu retiennes ça de moi. Je veux que tu te souviennes de moi comme tu m'as toujours connu, éperdu et violent.
- Alors tu ne restais que par obligation ?
Cette question écorche ma gorge. Je déglutis. J'ai parfois si peur de tes réponses.
- Je reste parce que je t'aime.
Je te déteste d'employer le présent. C'est comme si tu jouais à me faire souffrir le plus possible avant ton départ. Je remonte le drap jusqu'à ma tête. Je nous camoufle. Toi et moi, à l'abri de tout. N'aimes-tu pas être ainsi contre moi, entier, protégé du monde ? Tu lèves les yeux vers moi. Le soleil qui s'insinue dans la chambre filtre à travers le drap, et projette des éclaboussures sombres sur ton visage déjà tacheté. J'embrasse ton front.
- Tu n'avais pas fait ça depuis des lustres. - Tu ne me quittes pas tous les jours.
Tu te dégages de mon étreinte et te lèves. Tes bagages sont bouclés, je ne t'ai même pas vu les faire, j'étais trop occupé à chercher une raison de vivre sans toi. Tu vas dans la salle de bain, la douche coule quelques minutes, et lorsque tu ressors, tes pansements et tes vêtements te donnent presque l'air d'un garçon ordinaire. Je suis prostré sur le lit, je n'arrive plus à respirer, je n'arrive plus à réfléchir, et toi tu empoignes déjà la poignée de ton sac. La porte et si proche qu'elle me semble avoir bougé pendant la nuit. Je tente de me lever à mon tour, mais mes jambes m'abandonnent, évidemment, il fallait qu'elles m'abandonnent au moment le plus décisif de ma vie. Je te dis d'arrêter, de ne pas partir comme ça, sans un regard, parce que ça ne te ressemble pas. Alors tu me le laisses, ce regard, tu me le balances en pleine figure, je recule, terrassé par l'impact. Je t'ordonne d'attendre, au moins une semaine, le temps de se retrouver, seulement un jour, seulement une nuit. Tu traverses le salon, je te hurle de rester, si ce n'est pas pour moi, fais-le pour Lino, ne ruine pas sa vie en lui promettant des choses que tu ne réaliseras pas. Je te supplie, après tout je n'ai rien à te donner, rien de mieux que mes poings et mon amour, mais l'amour n'est-il pas suffisant ? L'entrée reste ouverte quelques instants, le temps que ton corps glisse au dehors. Je gémis, mais tu ne peux plus m'entendre, maintenant.
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