Les semaines s’enchainèrent dans un quotidien un peu morne et lassant. Les cours se succédaient sans grand enthousiasme et les vacances de Noël approchaient tranquillement. Trop tranquillement. Aleksa évitait désormais le professeur Lupin. Depuis leur courte conversation seul à seul dans la salle, elle se sentait mal à l’aise en sa présence. Elle le fuyait toutes les fois qu’elle le rencontrait dans un couloir, bifurquant dans une autre direction à sa simple vue, et était toujours la première sortie de la classe de défense contre les forces du mal, bien avant que les autres aient eu le temps de ranger toutes leurs affaires. Après mûre réflexion, la jeune femme en était venue à la conclusion suivante : son comportement était des plus étranges et sa théorie sur la relation malsaine qu’il tentait d’établir avec elle lui faisait un peu peur. Il valait mieux l’éviter afin qu’il comprenne qu’il n’avait aucune chance que cela se produise et le dissuader de continuer son petit manège. Elle se sentait un peu paranoïaque d’agir ainsi, mais préférait prévenir plutôt que guérir.
Malgré qu’elle sache Lupin au courant de son petit secret, l’adolescente continuait ses séances d’entrainement qui n’aboutissaient toujours pas. Elle restait toujours dans cette forme, entre l’animal et l’humain, sans arriver à mettre le doigt sur ce qui lui causait un tel blocage. Le professeur Lupin, quant à lui, semblait avoir tenu sa langue.
Et puis, ce fut le temps d’une des sorties à Pré au lard. Juste un peu avant les grandes vacances. Aleksa ne tenait pas vraiment y aller, mais les jumeaux Weasley, surtout George, insistèrent pour qu’elle les y accompagne.
— J’aimerais bien que tu viennes. Il se peut que je me retrouve rapidement seul, avait dit George en pointant Fred et Angélina qui discutaient près du feu attendant l’heure de partir.
— Ils forment un couple maintenant? avait-elle demandé avec intérêt.
— Non, mais je crois que c’est une question de temps maintenant. Vois-tu, je n’ai pas tellement envie de jouer les chaperons. Ça pourrait être un peu embarrassant et très ennuyeux.
— Très bien, avait-elle fini par abdiquer.
Aleksa se retrouva donc au pub de madame Rosmerta en compagnie de ses fidèles compagnons en plus d’Angélina, Alicia et Lee Jordan. L’ambiance était chaleureuse, la bière au beurre délicieuse et pour l’espace d’un moment, la jeune femme profita pleinement de l’instant présent, en oubliant ses cauchemars et autres petits problèmes. La tablée était en grand débat à propos du prochain match de Quidditch, quand elle se leva :
— Non, je te garantis que les Serpentard n’arriveront à rien cette fois. Malefoy a déjà été battu par Harry plus d'une fois, disait Fred.
— Humilié, tu devrais dire, rectifia son frangin. Hé, tu vas où, demanda-t-il en voyant son amie s’éloigner.
— Je vais aux toilettes, je reviens dans une minute, leur dit-elle tout sourire.
La jeune femme se dirigea donc vers l’espace réservé aux dames quand elle aperçut le ministre de la magie en personne, assis à une table du pub. Il semblait absorbé dans une conversation avec madame Rosmerta et les professeurs Mcgonagall, Flitwick et Hagrid. Le sujet avait l’air passionnant, puisqu’ils étaient tous suspendus à ses lèvres. Elle voulut simplement passer son chemin, mais le nom de Sirius Black l’empêcha de continuer. Désireuse de ne pas se faire voir, l’adolescente se cacha derrière un sapin placé là comme décoration. Apparemment, ils parlaient de l’assassin et le lien qu’il pouvait avoir avec le célèbre Harry Potter. C'était le moment rêvé pour en apprendre davantage sur cette histoire. Peut-être même la solution à son intrusion dans l’école plusieurs semaines auparavant. Et qui sait, peut-être allait-elle-même mettre le doigt sur la raison de ses paroles un peu étranges.
En écoutant attentivement depuis sa cachette, Aleksa apprit que Black était le meilleur ami du père de Harry étant plus jeune, mais aussi qu’il était le parrain de son enfant. Mais le plus troublant se trouvait dans le fait qu’il fût le responsable de la destruction de leur maison, ainsi que le meurtre de James et Lily, les parents de Harry. Il avait trahi leur confiance et les avait livrés à Voldemort en donnant l’emplacement du couple alors qu’il était leur gardien du secret. Elle comprit plus ou moins cette partie de l’histoire, mais figura qu’il devait s’agir d’une sorte de magie ou de sort. Apparemment, le mage noir en avait après le couple, pour des raisons qu'ils n'expliquèrent point, et grâce aux bons soins de Black, il avait eu ce qu’il désirait sans trop de problèmes. Alors que tout reposait sur lui, il les avait trahis et le seigneur des ténèbres les avait tués. L’adolescente apprit aussi des informations sur un certain Petter Pettigrow qui avait fait parti de leur petite bande lors de leur scolarité et qui avait, lui aussi été trahis par Black. C’était d’ailleurs lui qui l’avait retrouvé après sa fuite de la maison des Potter. C’était aussi lui qui y avait laissé sa peau héroïquement en tentant de venger Lily et James, fou de douleur et de rage. Mort de façon atroce en même temps qu’une douzaine de moldus qui se trouvaient dans la rue à ce moment. Mauvais endroit, mauvais moment. Et ce juste avant que le criminel soit capturé par le ministère et enfermé à Azkaban jusqu’à sa fuite récente.
Elle avait donc eu raison sur ce point : il en avait bel et bien après le fils Potter et voulait sa peau. Quoi de neuf finalement? Un autre fou de plus, croyant agir dans l’intérêt d’un être encore plus fou que lui.
— Mais, ce n’est pas tout.
— Qui a-t-il d’autre, monsieur le ministre, demanda madame Rosmerta en se penchant davantage vers lui.
Aleksa se cala un peu plus derrière le sapin et redoubla d’attention. Quelques clients commençaient à la dévisager depuis leur table, mais elle ne leur porta aucune attention.
— Nous avons aussi peur qu’il s’en prenne à quelqu’un d’autre.
— Mais qui donc! Pour qui Black pourrait-il avoir de l’intérêt?
— Maïra…
La dame lui lança un air complètement perdu. Elle ne semblait pas du tout comprendre ce qu’il voulait dire par ce nom. Le cœur d’Aleksa fit un bond vertigineux dans sa poitrine. Ce nom lui était familier pour l’avoir entendu tant de fois dans ses rêves depuis le détraqueur dans le train et jamais elle ne pourrait l’oublier. Que faisait-il dans cette conversation? Un lien ou une simple coïncidence?
— Qui ça? demanda la barmaid une fois de plus en haussant un sourcil.
Le ministre se pencha à son tour et lui chuchota quelque chose sans qu’Aleksa arrive à saisir de quoi il s’agissait. Elle était trop loin et les gens du pub discutaient assez fort, elle ne put donc pas en entendre plus, malheureusement.
— La pauvre enfant. En sait-elle quelque chose? reprit l’aubergiste d’un ton plus audible.
— Fort heureusement non, déclara Mcgonagall d’un ton raide. Et c’est beaucoup mieux comme ça. Dumbledore tient à ce que ça reste comme ça et je suis tout à fait d'accord avec lui.
— Tant qu’elle vivra dans l’ignorance du danger, elle vivra tranquille sans se faire de soucis, ajouta Flitwick de sa voix aigüe.
— Oui, vous avez certainement raison, avoua Rosmerta.
Et puis, la conversation s’orienta vers le souper que devait prendre Fudge en compagnie du directeur de l’école. Aleksa attendit qu’ils sortent tous de l’auberge quelques minutes plus tard pour réapparaitre. Un mystère, encore plus grand qu'elle le croyait, venait de prendre forme juste sous ses yeux. Cette fois, Harry n’était pas le seul concerné et elle avait l’impression, au contraire de ce que pouvaient penser les professeurs, qu’il valait mieux pour cette demoiselle d’être mise au courant du danger la guettant. L’ignorance, en ce cas, était loin de lui être profitable. Et ce, même si Aleksa ignorait complètement de quelle nature ce danger pouvait bien être.
Une foule de questions venait de faire son apparition dans sa tête. Comment se faisait-il qu’elle rêvait d’un homme scandant le nom de Maïra alors que tout à coup ce nom venait dans une conversation très sérieuse à propos de Black? Était-ce vraiment une simple coïncidence? Aleksa n’y croyait pas. Elle devait absolument mettre la main sur des informations à propos de cette femme. De cette manière, elle allait peut-être se débarrasser d’une partie de ses tourments en même temps que de l’aider.
Comme la jeune femme s’en retournait vers sa table en oubliant les toilettes, elle fut brusquement bousculée. Affichant un air totalement désemparé, elle vit Hermione et Ron passer devant elle au pas de course derrière un Harry bien pressé de quitter l'auberge. Ils avaient tous les deux les yeux ronds et l’air abasourdi : eux aussi avaient tout entendu de la conversation de toute évidence. Pour la première fois, depuis qu’elle le connaissait, elle ressentait de la compassion pour le jeune homme qui venait très certainement d'apprendre qui était le responsable de la mort de ses parents. Mettre un visage sur ce dernier, le savoir en liberté alors que lui-même était prisonnier de sa peine de n’avoir jamais eu le plaisir de connaitre son père et sa mère. Ce devait être atroce.
Noël sonnait à leurs portes. Les vacances aussi. Malgré tous les travaux et devoirs qu’ils avaient à faire, Aleksa décida de relaxer et de s’y coller que plus tard. Elle devrait rester, comme à chaque Noël, à Poudlard. Pour la simple et bonne raison que les billets d’avion n’étaient pas donnés pour retourner en Amérique et qu'elle et ses parents n'en avaient pas les moyens. Les jumeaux, eux, ne restaient pas à l’école cette année tout comme ses autres camarades de cinquième année. Il semblait bien qu’elle était maintenant seule. Seule avec les trois belettes de troisième. Soit le trio infernal : Harry-Ron-Hermione. Un Noël très joyeux en perspective.
D’ailleurs, quand elle descendit dans la salle commune, ils discutaient à propos de ce qu’ils avaient entendu à propos de Black la veille. Aleksa écouta, cacher dans les escaliers du dortoir des filles. Après quelques instants, elle décida de se montrer. Bien entendu, ils arrêtèrent immédiatement de parler, mécontents de se voir interrompus par son arrivée. Il ne servait rien de faire semblant qu’elle n’était pas au courant. L’adolescente alla donc droit vers eux et leur posa la question qui lui brûlait les lèvres.
— Bon, vous êtes au courant de ce qu’a dit Fudge hier et moi aussi j’ai tout entendu. Je vais donc vous poser une simple question : vous avez une idée de qui est Maïra?
— Non, dis Hermione surprise qu’elle leur adresse la parole et surtout de manière aussi directe.
— Et on s’en fiche de cette fille, lança Ron de manière méprisante.
Hermione envoya un regard outré à ce dernier et répondit qu'elle était désolée de ne pas pouvoir aider à ce sujet pour pardonner le manque de politesse de Ron. Néanmoins, Aleksa comprit rapidement qu’elle n’était pas du tout la bienvenue parmi eux. Elle leva donc les yeux au ciel et les laissa continuer à s’appuyer sur le sort de ce pauvre Harry au destin si tragique. Elle qui, un instant plus tôt, avait voulu lui dire un mot gentil à propos de tout ça. Il n’en avait nullement de besoin. Ses deux fidèles étaient là pour chanter ses louanges et pleurer son sort en tout temps. Il ne lui servait à rien d’insister. Une fille dont personne n’avait jamais entendu parler n’allait certainement pas intéresser le saint Potter et ses deux acolytes qui avaient bien mieux à faire en s’occupant de leur propre petite personne.
La veille de Noël battait son plein, le festin était encore plus succulent qu’à l’habitude. Il y avait une tonne de pétards-surprises. Dumbledore faisait un tas de blagues plus ou moins drôles tandis que Rogue gardait un air morose et le professeur Hagrid passait une bouteille de vin après l’autre, s’enivrant un peu plus à chaque gorgée. Un couvert était cependant vide; il manquait un convive à la grande table. Tout ça respirait la joie, mais Aleksa ne se joignit pas à la fête. Elle était dans sa salle de classe vide, mais cette fois, elle ne tentait pas de se transformer. Elle était en train d’abandonner complètement l’idée d’ailleurs. Non, cette fois-ci, elle s’était emménagée un petit coin confortable près d’une grande fenêtre et regardait le parc couvert de neige. La forêt interdite avait pris des allures de forêt enchantée et la lune était magnifique dans le ciel sans nuage. La jeune femme aurait simplement pu rester dans son dortoir, mais la vue des lits vides de ses camarades de classe l’a rendait un peu triste et dans la salle commune, elle aurait dû endurer le trio, une fois de plus. Son estomac criait famine, mais elle l’ignorait complètement. La jeune femme était dans l’un de ses moments de solitudes qui se faisaient de plus en plus nombreux ces derniers temps. Elle réfléchissait beaucoup, peut-être même trop.
Comme cela était arrivé plusieurs semaines auparavant, on toqua doucement à la porte. Aleksa savait qui cela devait être, elle ne demandait donc rien et déverrouilla, sachant très bien qu’il ne servait à rien de faire semblant de ne pas être là.
— Encore ici, et seule. Ne croyez-vous pas qu’il serait mieux d’être en bas avec tous les autres? Après tout, c’est la veille de Noël. La pire soirée pour se retrouver dans un endroit sombre à remuer ses vilaines pensées.
— Ça n’a pas tellement d’importance à mes yeux. J’avais besoin de solitude et que ce soit Noël ou non, ça ne change rien pour moi.
— Vous êtes une personne plutôt étrange Aleksa.
— Simplement plus solitaire qu’une autre à ses moments et encore plus lorsque j’ai besoin de réfléchir. Je n’ai pas tellement la tête à me retrouver à une petite fête, voyez-vous, ajouta-t-elle pour lui faire comprendre que sa présence n'était pas très appréciée dans le moment.
Lupin lui sourit gentiment.
— Et puis, vos efforts pour devenir un animagus, continua-t-il sans en prendre compte.
— Je n’y arriverai pas, lança-t-elle de manière découragée. Ça ne sert à rien de m’acharner.
— Allons, vous n’allez quand même pas tout laisser tomber comme ça. Je sais que vous en êtes capable.
— Et je peux savoir en quel honneur vous prétendez me connaitre.
Le professeur sembla surpris de cette réaction plutôt explosive.
— Je ne sais pas ce que vous me voulez, mais quoi qu’il en soit, vous commencez à me faire sérieusement peur. Sans vouloir vous offenser professeur, votre intérêt démesuré à mon égard m’a l’air déplacé.
Le sourire de Remus disparut aussitôt. Les paroles d’Aleksa semblèrent le toucher.
— Allons, je n’ai dit cela que pour vous encourager, se justifia-t-il aussitôt. Loin de moi les idées malsaines que vous semblez m’attitrer.
— Dites-moi, et soyez franc, pourquoi? Pourquoi me suivez-vous? Pourquoi me protégez-vous? Pourquoi m’encouragez-vous tout court?
L’homme ne semblait pas comprendre où elle voulait en venir.
— Vous êtes mon élève et je sais à quel point vous êtes brillante. Il est donc normal que je vous encourage dans vos projets. Je sais de quoi vous êtes capable et cela me surprendrait qu’une simple métamorphose animale vienne à bout de vous aussi facilement. Je ne veux que votre bonheur…
— C’est de ça que je parle! Non pas de vos encouragements, mais du fait que vous voulez mon bien! Quel professeur en ferait autant dites-moi? Aucun, coupa-t-elle de manière la plus polie qu’elle le put, mais sans arriver à cacher son exaspération.
Aleksa resta soudainement silencieuse, n’osant pas aller jusqu’au bout de sa pensée. Elle aurait voulu lui demander si sa théorie était fondée, mais elle ne voulait pas non plus le choquer et qu’il aille avertir Mcgonagall de ses petites sorties nocturnes. La jeune femme tint donc sa langue dans l’espoir d’avoir ses réponses sans avoir à poser les questions.
— Tout le monde n’est pas le même. À chacun sa manière de venir en aide à ses élèves, répondit vaguement l’enseignant. Je n’ai pas l’esprit un peu tordu du professeur Rogue comme je n’ai pas l’attitude froide de votre directrice de maison. Peut-être que mon manque d’expérience en tant qu’enseignant me laisse m’attacher un peu plus au bonheur de mes élèves que mes collègues.
Un blanc suivit ses paroles.
— Allez, montrez-moi ce qui ne va pas avec cette transformation, lui dit-il en redevenant tout souriant.
— Je… je
— Je ne suis pas un animagus, bien sûr, mais je connais des gens qui le sont. La métamorphose n’est pas mon meilleur domaine, je l’avoue, mais je peux quand même essayer de vous aider.
Après un instant d’hésitation de la part d’Aleksa, il ajouta :
— En fait, je vous aide aussi, car je me dis qu’en tant qu’animagus, vous serez plus en mesure de vous protéger seule si jamais il vous arrivait quelque chose. De cette manière, je serai moins inquiet et me sentirai moins coupable de laisser une de mes élèves errer seule dans les couloirs la nuit. Mes remords seraient, du coup, moindres et je ne serais pas tenté d’avertir les autres professeurs.
Aleksa finit donc par se laisser convaincre et fit une tentative devant lui. Elle resta encore prise entre deux corps pendant une minute et redevint humaine à part entière sous son regard calculateur.
— Vous voyez, je n’arrive à rien de mieux, dit Aleksa la mine basse.
— Il n’y a rien de honteux à ça. Il s’agit d’un acte de magie supérieur à votre niveau de jeune sorcière et seule, il n’est pas surprenant que vous n’y soyez pas encore arrivé. Si vous réessayez une nouvelle fois, je pourrais vérifier un ou deux détails qui m’ont échappés précédemment. Peut-être que je serais capable de déceler le problème.
Aleksa s’exécuta à nouveau sous l’attention de l’homme.
— Je crois qu’il s’agit d’un simple blocage! Quelque chose qui lime votre concentration à un certain point.
— Je croyais avoir remarqué, dit-elle amère.
— Hum, si je ne me trompe pas, il y a quelque chose qui vous trouble et affecte probablement une partie de votre subconscient. Peut-être même de manière que vous ne vous en rendez même pas compte. Un inconscient.
Elle baissa les yeux, sachant à quoi cela devait être dû.
— Il faudrait vous exercer à vider votre esprit avant toute autre chose. Un peu comme on devrait le faire pour un exercice d’occlumencie. De cette façon, vous seriez mieux disposée pour la métamorphose. Et en même temps, c’est une chose qui pourrait vous être utile en d’autre matière aussi. Telle l’occlumencie que je viens de nommer, qui permet de fermer son esprit aux gens malveillants qui tenteraient d’y lire. Je crois que vous êtes déjà au courant que peu importe le type de métamorphose effectué, la visualisation englobe une grande partie de la pratique.
— J’en suis incapable, ajouta-t-elle immédiatement en fuyant le regard de l’homme. Même si je me concentre de toutes mes forces sur la forme que je dois prendre puis sur le sort pour y arriver.
— J’aurais pourtant cru que vous étiez heureuse et parfaitement en contrôle de votre situation.
— Moi aussi, mais cette année, tout semble avoir changé.
Le professeur eut un air étrange, indéchiffrable.
— C’est ce que certains appelleraient la crise de l’adolescence.
— Non, je crois que ça n’a rien à voir avec un quelconque changement hormonal.
— Et qu’est-ce qu’il y a de si changé? Si je puis vous le demander sans être trop indiscret bien sûr.
Allait-elle lui dire? Est-ce que cela allait la soulager ou au contraire, lui donner d’autres armes avec lesquelles le professeur pourrait jouer. Se servir des peurs et des angoisses de quelqu’un n’était-il pas la meilleure manière de contrôler cette personne?
— Attendez, dit alors Lupin comme s’il venait de se rendre compte de quelque chose. Je crois qu’il serait beaucoup plus confortable de discuter autour d’une bonne assiettée et…
Et donna un coup de sa baguette et un feu ronfla allégrement dans la cheminée à l’autre bout de la pièce.
— Ce pourra toujours être un peu plus… chaleureux, disons-le comme ça, justifia-t-il en la gratifiant d’un nouveau sourire.
Les deux personnes s’approchèrent donc du feu. Aleksa fit apparaitre de moelleux coussins pour s’asseoir et l’enseignant se chargea des deux assiettes dorées, semblables en tout point avec celles qu’ils utilisaient habituellement dans la grande salle, puis quelques victuailles du festin de Noël sûrement subtilisées de la grande table.
— Joyeux Noël! dit-il à Aleksa en lui tendait son verre de jus de citrouille.
- 3644 mots
*************** |