Chapitre neuvième :
Une nouvelle semaine s'écoula sans qu'aucun des deux dragonniers ne se soient adressé la parole. Morgane regardait dehors, assise sur le rebord de la fenêtre. Elle ne pouvait même pas sauter, la hauteur étant trop importante. La demoiselle aurait vraiment souhaiter pouvoir se réconcilier avec Murtagh, mais elle ne trouvait pas les mots, ni le moment pour le faire. Tout semblait jouer en leur défaveur. Morgane soupira et repoussa une de ses mèches de cheveux, la vie était vraiment mal faite. Murtagh entra dans la chambre, Morgane leva les yeux vers lui, il n'avait pas bien refermé la porte. Si cela pouvait être une occasion de fuir, il n'avait pas remarqué son erreur. La dragonnière se leva et se dirigea doucement vers le brun. D'un geste frustré elle commença à jouer avec une de ses mèches de cheveux.
Tu as sans doute raison Murtagh, rester ici est mieux pour moi, pour ma sécurité. Et puis je pourrais rester avec toi... Toujours.
Morgane eut un sourire, il était forcé, mais cela ne se voyait pas. Son cœur se serrait, elle se sentait tellement mal, jouer ainsi avec Murtagh était réellement cruel. Il l'appréciait, il était sincère avec elle, depuis un moment déjà elle avait comprit qu'il avait tout simplement peur d'être rejeté, et abandonné. D'une main douce elle alla caresser le bras du garçon. Il la regarda, d'abord surpris, puis Morgane sentit la joie dans le regard du dragonnier, une sincérité touchante, et déstabilisante à la fois. Il se rapprocha, doucement il posa ses mains sur les hanches de Morgane qui sentait une boule se former dans sa gorge. Elle recula doucement mais Murtagh ne la lâcha pas pour autant. Au contraire, il se rapprochait encore. La dragonnière le vit se pencher légèrement vers elle, il rougissait faiblement, et leurs lèvres se touchèrent. Morgane se sentait vaciller alors que le corps de Murtagh effleurait le sien, ce n'était pas un baiser langoureux, non, c'était un baiser timide et plein d'hésitation. La dragonnière tendit une main vers le bureau. Des larmes perlaient à ses yeux, son corps tremblait alors qu'elle saisissait le vase remplit de belles fleurs ornant le meuble. Fermant les yeux elle abattit l'objet sur le tête de Murtagh. Le dragonnier chancela, ses mains sur sa tête, il recula. Morgane murmura un vague « Désolé » et partit en courant ouvrant la porte d'un coup.
Peu à peu Murtagh reprenait ses esprits. Il tremblait de rage, le sang qui coulait le long de sa tempe n'en était pas la cause. C'était son cœur qui lui faisait mal, il n'allait pas pleurer, ce n'était pas lui, mais il souffrait déjà du geste de Morgane. La demoiselle venait de le détruire, il l'avait pourtant crut sincère. Son affection l'avait sans aucun doute aveuglé. Mais dès qu'il fut remit du coup de vase il s'élança hors de la pièce. Il avait deux avantages sur la dragonnière, un ; il connaissait le palais, deux ; il la localiserait aisément avec la magie. Il ne mit donc pas plus d'une minute à la retrouver, et elle était partit totalement à l'opposer de la sortie. Il fit venir deux soldats pour la suivre, il ne fallait pas croire qu'il était incapable de maitriser Morgane, mais il ne voulait pas se laisser abuser par les beaux yeux de la demoiselle une seconde fois.
Morgane tourna à gauche, elle ne savait absolument pas où elle était, ni vers où elle allait, et pourtant elle courait. Il fallait qu'elle trouve un moyen plus intelligent de s'en sortir. Les gens la regardaient tellement bizarrement. Oubliant de regarder où elle allait la demoiselle percuta une femme tenant un plateau, les deux se retrouvèrent par terre, Morgane couverte de gâteaux à la crème. La dragonnière soupira alors qu'elle se hâta d'aider la servante qui balbutiait des excuses incompréhensibles, Morgane allait lui assurer que ce n'était pas grave quand elle vit celle en face d'elle tomber à genoux face contre terre ne levant plus les yeux. Morgane se demanda ce qui passait par la tête de la servante pour de simples gâteux à la crème. Évidemment elle eut la réponse à sa question bien trop tôt à son goût. Doucement elle se retourna et elle se retrouva face à Murtagh, retenant un soupire Morgane aurait put fuir si des soldats ne lui barraient pas la route, et puis le dragonnier pouvait utiliser la magie. La demoiselle lui lança un regard chargé d'innocence et de douceur, mais son regard s'arrêta sur le sang le long de la joue du jeune homme qui commençait d'ailleurs à sécher. C'était elle qui avait fait cela, et maintenant elle s'en voulait. Le regard pesant de Murtagh la fit baisser la tête.
Dans la chambre ! Vite !
Morgane se sentit frissonner face à la voix froide et distante du dragonnier. Ce fut donc sans un mot et fixant toujours le sol qu'elle se mit à marcher en direction de la chambre. Murtagh était à sa droite et les deux soldats derrière eux. Le dragonnier lui avait poser une main dans le dos pour la diriger doucement. Morgane n'émit aucune plainte et aucune protestation se contentant de garder pour elle ce qu'elle pensait. Elle savait que discuter ne ferait que rendre les choses pires qu'elles ne l'étaient déjà, aussi la demoiselle entra dans la chambre dans le même silence que durant le trajet.
Tu ferais mieux d'aller te laver, si tu ne veux pas que la crème sèche dans tes cheveux et devienne plus difficile à enlever. Si tu as besoin d'aide je reste là.
La jeune fille entra dans la salle de bain et verrouilla la porte. Murtagh ne restait certainement pas dans la chambre pour l'aider mais pour la surveiller. La dragonnière savait qu'elle venait de perdre sa seule chance de s'enfuir. Murtagh ne lui ferait plus confiance, et il s'éloignerait surement d'elle. Et le plus effrayant c'est sans doute que si tout cela arrivait, il pouvait la dénoncer au roi, et c'était la dernière chose que la jeune femme voulait. Se fut avec un sentiment étrange que Morgane se lava, un pincement au cœur et une envie de pleurer qu'elle réfrénait avec grande peine. |