5-Cruel Dilemme
Je me sens très embarrassée par ce qu'il vient de me dire. Un abruti, oui c'est ça c'est un abruti mais je peux le comprendre vu que... Nous n'avons vraiment pas les mêmes valeurs ! Déjà que lui, il arrive à peine à 11 de moyenne général...
Parfois, je me demande bien ce que je peux lui trouver... Ah si, sa corpulence : tellement sexy et sa beauté... Un peu comme la mienne d'ailleurs, quoiqu'avec quelques défauts. Mais bien sûr, aucun mec dans ce bahut ne valent Léo. Un tel Dieu, il n'en existe nulle part ailleurs. Le voila, il descend les marches comme un vrai mannequin, tout sourire, disant bonjour à de nombreuses filles. Bon, d'accord, celles-là devront passer dans ma liste de filles à tuer.
Sans trop penser à comment je vais tuer ces filles, je le scrute de tout son long. Il se dirige vers son casier. Et comme par hasard, je... Non, je ne suis pas du tout à côté. Il est à l'opposé de moi. Alors, pour rectifier ce mal-entendu, je fonce droit vers moi, en poussant les autres sur mon passage. On dirait une scène au ralenti, le visage déformé par le vent que je produis en courant comme une furie. Je peux même apercevoir quelques élèves chuter sur mon passage, à cet égard, j'ai moi-même failli tomber sur l'un d'eux. Cela a ralenti ma course folle vers le casier de ce mec fabuleux.
Enfin, je suis arrivée à hauteur de son casier, mais je me suis cognée dedans. Ça fait très mal. Je fais semblant de ne pas avoir mal, puis je mets mon coude sur le casier à côté du sien, en posant ma tête dans le creux de ma paume de main. Je sens ma respiration s'accélérer, cette fois-ci c'est moi qui a couru le marathon jusqu'au casier !
C'est à ce moment qu'il arrive. Et moi, faisant mine de rien, je considère mes beaux ongles fait avec la franche manucure, et bien évidemment, je fais semblant de ne pas le voir, relevant à tout instant mes yeux en sa direction pour remarquer son moindre geste affectif envers moi.
Quelques secondes plus tard : toujours rien, il n'a pas posé un seul regard sur moi. Il a simplement fourré son nez parmi ses affaires et en sorti un cahier.
Il fallait que je réagisse face à cette infâme réaction ! Je décide enfin de prendre la parole :
-Salut.
Je lui fais également signe de la main pour qu'il me remarque. Mais toujours rien à part un petit coup d'œil vers moi mais rien de plus. C'est une situation exaspérante ! Moi, tellement belle et populaire, ne pas poser le moindre regard sur moi c'est un vrai scandale ! C'est comme si qu'on déclarait la guerre aux États-Unis ! (C'est improbable bien évidemment)
-Tu dois me connaitre sûrement vu que je suis très populaire au lycée, toi aussi je dois dire (et très beau par la même occasion), je me disais, si jamais t'as envie qu'on discute tous les deux, surtout que nous sommes aussi populaire l'un que l'autre (et les plus beaux du lycée, on ferait le couple idéal... J'en rêve !). Bon, pour la dernière fois, tu sais, j'étais pas moi-même. En plus, j'étais malade... C'est pour ça alors tu vois...
-Mmm ? Arrive-t-il à prononcer après tout mon monologue.Non mais j'en reviens pas ! Il en fait exprès ou bien... ? Et toujours son nez dans son cahier, comme s'il voulait m'éviter. J'espère que ce n'est pas à cause d'hier... Mais bon : Rien n'est perdu !
-Oh oh, je suis là ! Je lui hurle dans les oreilles en balançant mes bras dans tous les sens en espérant désespérément qu'il me remarque. Allez courage, tu vas y arriver, c'est pas le premier mec sur qui tu sautes dessus pourtant.
Il ouvre la bouche pour me dire quelque chose alors que j'allais partir pour réfléchir à une nouvelle tentative d'approche. Alors dès qu'il articule des mots les uns après les autres, je me retourne promptement, en faisant tourner mes cheveux dans le vent, puis j'arrête mon regard droit dans le sien.
-T'as pas déjà un p'tit copain toi ?
Bon, très bien, je retire ce que j'ai dit. Si c'était uniquement pour me dire ça, j'aurais mieux fait de continuer mon chemin sans me retourner !
-Un p'tit copain ? Moi ? Euh... oui c'est exact. Mais tu sais, en ce moment, il est un peu.. Malade, alors tu vois. J'essaye d'oublier sa maladie parce qu'entre nous, ça me fait terriblement souffrir qu'il soit dans cet état, je ne peux plus le supporter ! Tu comprends ? Alors, je dois me changer les idées. C'est trop dur.
Et pour compléter ma petite scène de tragédie, je plonge ma tête dans mes mains, en imitant des petits cris voire des sanglots. J'écarte légèrement mes doigts pour voir vaguement sa réaction mais il m'a l'air assez perplexe.
Quand une voix au loin m'interpelle. Oh mon dieu, non pas lui ! C'est Pierre. A partir de cet instant, c'est foutu ! Ma vie est foutue ! Qu'ai-je fait pour mériter ça ? Je lève ma tête hors de mes mains et finis par lorgner chacun des deux droit dans les yeux avant de baisser la tête. Que faire ? Il me fallait une stratégie...
-Attends, Nina, je croyais qu'il était malade ?
-Qui ? Moi ? Pierre se tourne vers moi, les yeux écarquillés.
Je ne sais vraiment plus quoi faire. Je n'ai pas vraiment le choix à vrai dire ou alors, ce sont des choix qui ne vont pas m'être d'une grande utilité. Je peux tout faire pour que Pierre me pardonne pour que je reste avec lui sauf que je n'aurais pas ce que je veux c'est à dire : Léo. Le bourreau des cœurs. Ou alors, j'ai le choix de continuer ma petite scène et larguer Pierre pour enfin me retrouver avec Léo. Le seul problème c'est que je ne suis pas sûre de me retrouver avec... Léo...
Sur ce, je fais un signe de la main pour leur faire coucou tout en disant :
-Euh, oui bon bah.. Salut les gars ! On se voit au bal ?
Et c'est maintenant que je me mets à courir le plus vite possible pour les fuir. Avant que des éclairs ne jaillissent dans les yeux de chacun d'eux. |