6-Bisou Bisou ? Et voila, je crois les avoir semé ! Mais je sens comme une boule me serrer l'estomac.
Je regarde les alentours mais je ne vois rien, ou du moins personne qui pourrait me faire défaut hormis des centaines d'élèves de passage, qui traversent par-ci par là le couloir. En fait les seuls que je veux à tout prix éviter aujourd'hui, ce sont bien eux : les deux hommes de ma vie. En réalité, à ce qu'on nous dit, il ne faut avoir qu'un seul homme pour pouvoir se faire passer pour une fille sérieuse et non comme une grosse salope. Mais pourquoi toujours se fier à ce genre de préjugés ? Non pas du tout. Mais en vrai, je ne sais pas comment réagirai Léo... Ah, le beau gosse. Bon, trêve de bavardage dans mes pensées, j'en viens donc qu'il me faut une diversion pour pouvoir me défiler.
Je me retourne mais me cogne contre une forte poitrine, cela me donne des vertiges. J'ai du mal à m'en remettre tellement cela me donne le tournis mais une fois mes esprits retrouvés, je me retrouve face à face avec... Désirée.
Oh non pas elle. Ma première concurrente ! Je la fixe droit dans les yeux, elle aussi d'ailleurs. A ma grande surprise, elle ne lâche pas prise. Elle reste plantée là, devant moi, les yeux plissés près à me dévorer si jamais cela dégénère. Ce que je n'espère pas sinon je n'hésiterais pas à utiliser tous les pires moyens illégaux pour pouvoir l'achever elle et son charisme de belle brune ! (qui plus est, mate de peau ! la cerise du le gâteau). Je serre très fort les poings, mes yeux aussi plissés. Tellement plissés qu'ils sont à la limite du fermé. Je bombe le torse pour pouvoir la narguer, car en ce qui concerne la poitrine, y a pas photo ! C'est moi qui la bat à plates coutures !
Nous nous regardons encore un long moment avant qu'un éclair foudroyant vienne nous percuter de plein fouet en plein sommet du crâne. Ma tête se balance en arrière puis mes fesses tombent au sol, ainsi que ma concurrente. Néanmoins, notre regard perdure encore, encore et... Encore, sans jamais nous lâcher une seule fois du regard. Je me relève en même temps que Désirée Grossein (oui oui c'est son nom de famille). Pour en finir à bout de ce conflit, je passe devant elle, la considère de mes yeux devenus sombres. Je marche au ralenti, en imitant une lionne enragée. Je l'aperçois faire de même (espèce de copieuse).
A peine avoir eu le temps de me séparer de son regard ténébreux, un nouvel interlocuteur me tombe dessus subitement.
-Non mais c'est quoi cette histoire !
-Pierre ? Tu m'as déjà retrouvée ? (mince, moi qui croyait l'avoir échappé)
-Euh... Oui, disons que t'as pas couru bien loin.
Il me pointe du doigt tout le trajet que j'ai fait. Au bout du couloir, Léo n'y es plus mais il s'y trouvait à l'instant. C'est vrai que seulement cinq casiers m'avaient séparé d'eux. A vrai dire je ne suis pas très sportive, alors pour moi, j'aurais été vite essoufflée. A défaut de ne pas avoir de... Défaut.
Pierre reprend un peu plus calmement :
-Pourquoi tu me fais ça ? Qu'est ce qui va pas chez moi pour que tu prennes un malin plaisir de séduire l'autre ?
-Il s'appelle Léo
-J'ai pas fini ! Dit-il en haussant le ton. Tu veux me quitter ? Tu veux me voir souffrir c'est ça ?
J'essaye de rentrer dans son jeu, il est tellement chou quand il dit ça ! Mais "souffrir" est un bien grand mot ! Et dire que y a des enfants du Niger qui crèvent de faim ! Il reprend alors, voyant que je ne réponds pas :
-Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ???????????????????
A ce moment, il s'agenouille, en pleur, les yeux rougis par son chagrin. Il me fait de la peine. Mais que puis-je faire ? A part sortir avec Léo ? Non ce serait méchant. Je ne veux pas qu'il se suicide par ma faute, je ne veux pas avoir sa mort sur la conscience ! Avant même que je lui réponde, Léna s'approche de nous en courant et bouscule Pierre qui s'étale de tout son long, puis, Léna emportée par son élan atterrit sur lui. Sans même s'excuser, elle se relève et essuie ses deux manches une par une d'un geste frénétique. Elle s'avance vers moi, sans prêter attention à pierre toujours allongé au sol. Pendant que mon amie me dit quelque chose, mon copain se relève un peu péniblement, en écarquillant les yeux. Lève les deux bras comme s'il voulait un peu d'attention. Mais vu qu'aucune de nous deux semble lui porter la moindre importance, il s'exclame :
-He oh ! je suis là aussi !
-TA GUEULE ! Dit-on en cœur.
Léna reprend sa conversation. Mais je n'avais pas tout retenu vu la vitesse à laquelle elle débite tout. Je crois qu'elle me parlais d'un de ces enseignants. Encore un nouveau scoop de l'année que j'aurais plaisir à méditer dessus prochainement.
Quant à Pierre, je ne sais pas quoi en faire. Il est là, en me regardant en chien de faïence. Une fois la discussion terminée, nous nous retournions vers ce dernier, sa jolie frimousse humide par les larmes qui ont coulé le long de ses joues.
Je fais semblant d'avoir du remord pour lui. Mais que faire ? Je m'approche de lui discrètement et surtout très lentement, en poussant légèrement Léna au passage. Puis je prends Pierre dans les bras et commencent à l'embrasser en lui murmurant des mots doux pour le rassurer :
-T'inquiète pas, je serais toujours là.
Mais, tout change lorsque... Léo se dirige vers nous. Lui aussi veut avoir des explications ? Oui, je sais, aucun homme ne résiste à mon charme... Irrésistible !
Sans vouloir être violente, je pousse d'un geste véloce et brutal mon copain sur Léna, afin de le faire dégager de mon passage pour pouvoir mieux admirer Léo. Je le vois s'approcher.. Oh non, je sens mon sang couler tout en haut de mon crâne !
Il est tellement parfait... Je sens son souffle se rapprocher de mon coup puis monte vers mon oreille. Je ferme les yeux pour déguster cette douce sensation.
-Tu as oublié ceci tout à l'heure.
Quoi ?! Il se fout de moi ? Il s'est penché sur moi pour me redonner un bout de papier qui a sûrement dû échapper de mes poches. Et toujours Pierre qui me fait un sermon derrière mon dos. Je me retourne pour le contempler, mon regard s'arrête sur chacun des deux garçons, quand Léo, le Dieu en personne se retire en retirant ses cheveux en arrière. Cela me fait fondre !
Néanmoins, il me reste Pierre, il faut me faire pardonner si je veux au moins avoir une chance de trouver quelqu'un au bal. Je le fixe, plisse les yeux pour laisser couler mes larmes plus facilement mais... ça ne marche pas. Je reste de marbre puis lui dit :
-Tu veux.... Un bisou ? |