7-Chéri veut se faire pardonner

Hier s'est mal passé, j'en ai encore la nausée rien que d'y penser. Encore une fois de plus, je devais me venger ! Mais... La flemme. Non, il fallait un moyen bien plus radical pour que tous les deux oublient. Mais cela ne sera pas de la tarte. Disons que Pierre n'est ce genre de mec !

Debout dans ma chambre, je caresse mon menton de mes doigts fins comme les personnes sensées chercher une idée. Quand soudain me vient une idée fabuleuse ! Merveilleuse ! ha ha je suis géniale ! Il me suffit simplement de me faire pardonner de Pierre, pour cela il faudrait que j'use de mon charme. Mais, je veux à tout prix aller au bal avec Léo, alors, quand le jour viendra c'est à dire Vendredi soir avant d'aller au bal, je téléphonerai à mon chéri pour lui dire que je suis malade. Je n'aurais qu'à jouer un peu la comédie vendredi toute la journée... Tel que je sais si bien le faire en ce moment ! Je suis vraiment génialissime ! Parfois je me demande même comment je fais pour trouver une idée aussi sublime et qui vient de moi en plus !

Au lycée, un gars s'avance vers moi, l'air tout rayonnant, son teint blafard vire au rouge vif. Je remarque qu'il essaye de me dire quelque chose, en vain. Les seuls mots qu'il arrive à articuler c'est : "Aga... gueu..." Ce qui veut dire ? Je hoche la tête mais toujours rien. Alors je pose mes deux mains sur chacune de mes hanches et fais une grimace accentuée pour l'inciter à tout me dire, mais je vois qu'il parle toujours aussi bien alors je lui dit très clairement :

-Tu veux quoi mon mignon ?

Je lui pose comme question sans être véritablement une question. Tout en m'approchant de lui, je lui caresse délicatement sa joue un peu trop joufflue à mon goût. Puis je rapproche mon visage du sien, à ce moment là je sens qu'il va exploser tellement ses oreilles sont devenues rouge cramoisi. Lorsque je lève les yeux au ciel, j'aperçois Pierre... Et oui encore lui. Alors, j'essaye tant bien que mal de me débarrasser du pot de colle scotché à mes basques et c'est le moins que je puisse dire ! Il est vraiment collé à mes chaussures ! Après l'avoir violemment poussé, il s'est laissé tomber, mollement, à côté de mes nouvelles chaussures (des vraies converses que j'ai acheté récemment dans un magasin de mode au centre commercial, vraiment chouette ce magasin !)

Ce dernier reste accroché à moi. Pierre pose vite fait un regard sur le garçon à mes jambes puis me jette un regard qui se voulait incompréhensible. Et oui moi-même je ne savais pas ce que ce garçon faisait encore là. Il n'a pas une autre maîtresse à aller enquiquiner comme un chien celui-là ? Ou alors je ne sais pas moi : aller chercher la ba-balle !

Je suis sauvée lorsque j'aperçois Léna et Marjolaine parmi une foule d'élèves de terminale. Alors, j'accoure vers elles le plus vite possible avant que Pierre n'ait pu rajouter quoique ce soit d'autres que "Euh..."

Moi, avec mes talons haut de 10 cm, et ma taille de mannequin, je me cache derrière tout ce monde. Même si cela ne sert strictement à rien puisque je dépasse malgré tout les autres. Je me faufile alors entre les gens, les pousse volontairement pour me laisser place puis attrape par le bras celles que je veux c'est à dire : Léna et Marjolaine. Enfin ! J'ai réussi à les attraper ! Ce n'était pas mince affaire tout cela.

Une fois que je suis assez loin de toute vie humaine... Bon, ce n'est pas vraiment le cas car ce lycée regorge de gens à chaque recoin de couloir. Ceci dit, il fallait que je leur parle :

-Les filles, je suis un génie !

A ce moment, il y a comme un long silence pesant, très gênant... A croire qu'elles ne pensent pas la même chose que moi ! Ah, les garces ! Je m'occuperais de vous plus tard, mais pour le moment, je dois continuer tant que mon intelligence est encore éveillée en moi.

-On est bien d'accord que moi, tout ce que je veux c'est aller à la soirée avec Léo, on est bien d'accord ?-à nouveau un gros silence- euh... Mais bien sûr sans faire de la peine à mon copain -à cet instant, je crois voir les deux filles se tourner l'une vers l'autre, les sourcils levés. Ok, vous deux... Je vous aurai !- Si, c'est toujours MON copain. Et bien voila ce que je vais faire : le vieux coup du téléphone, ça marche à tous les coups ! J'aurai qu'à faire semblant d'être malade. Grâce à mon talent de comédienne, il s'apercevra de rien !

-Super ! Y a pas plus simple ! Et il t'as fallu toute une nuit pour trouver ça toute seule ?

Je hoche la tête

-Mouais, pas très impressionnant le coup du téléphone, c'est typique ! S'exclame Marjolaine

-Bon, j'avoue m'être aidé du film que j'ai regardé hier soir.

De toute façon, le principal, ce n'est pas l'idée en elle-même mais le résultat ! Cependant, j'avais l'impression que Pierre n'était pas si dupe que ça. Je ne sais pas exactement comment il va le prendre. Mais pourquoi devrais-je me faire du souci là dessus ? Après tout, je suis bonne comédienne non ?

J'entends vaguement un "bye" échapper de la bouche de Léna lorsque je les vois partir me laissant à l'abandon... Non, pas tout à fait car Pierre arrive vers moi, un large sourire se dessinant sur ses lèvres pulpeuses.

-Hey ! Qu'est ce qui s'est passé tout à l'heure ? T'as couru comme une furie ! J'ai dis quelque chose de mal ?

-Euh... Non non.

-Tu viens toujours avec moi au bal ? Si tu veux, je te ramènerai un bouquet de rose. Par contre, je prendrai la voiture à mon père.

La voiture à son père ? Ce tas de vieux débris ? NON ! Je veux une limousine ! A vrai dire la voiture de son père n'est pas au mieux de sa forme non plus. Elle a déjà été au garage l'an dernier pour défaillance. C'est un peu comme la voiture de vos grands-parents, vous voyez : sans chauffage, sans radio, vitrines qui s'ouvrent et se ferment manuellement, fermeture des portes manuellement, sans air bag, sans.... Sans... Finalement sans rien d'apparent de modernité. Pourquoi moi ?

-Je sais pas ce que j't'ai fait mais je veux m'excuser !

Il prend ensuite ma main pour m'attirer tout contre lui. Je veux sourire mais à la place, j'esquisse une grimace. Celui-ci m'emmène dans un coin, près des toilettes. Des toilettes ? Il veut vraiment se faire pardonner lui ! Mais maintenant, je sais pas si c'est le bon moment. Il commence à m'embrasser tendrement le long de mon cou, mais bien sûr, moi trop embêter par les gens qui pourraient être susceptibles de nous voir, tous les deux, je scrute les alentours. Mais apparemment personne ne fait irruption. Ouf, sauvée encore une fois ! Décidément, j'ai de la chance !

Je discerne un frottement de son pantalon puis un autre bruit comme si on débouclait une ceinture. Non, je rêve, mais il me déshabille ? Lorsque je regarde en bas, ce n'est pas mes vêtements qu'il enlève mais les siens ! Je dois dire que j'ai de la chance ! Je vais enfin voir son corps musclé ! un corps d'athlète ! Si seulement, il pouvait être un peu plus riche et moins simplet.

Non mais je viens de réaliser qu'il veut le faire en plein dans les couloirs du lycée. Mais si jamais quelqu'un nous voit ? Justement, à cet instant précis, des pas résonnent plus loin dans le couloir, ils se rapprochent de plus en plus de nous. Mais Pierre ne semble pas avoir remarqué. J'essaye de le repousser gentiment mais rien.

Un livre sort légèrement de mon sac tombé par terre, je me baisse pour le ramasser. Pierre toujours collé à moi, me parcourant de baisers... Un peu baveux (pouah)

Je m'empare du livre et le frappe de plein fouet au sommet du crâne. Je lâche un soupir de soulagement. Puis je remets mon t-shirt en place ainsi que mon livre dans mon sac avant que le prof n'arrive à ma hauteur.

Une fois celui-ci vers moi, il pose son regard dans le mien puis vers le garçon à terre d'un air interrogateur.

-Euh, ne vous en faîtes pas monsieur. Il fais toujours ça quand il est stressé.

Le prof lève les yeux au ciel puis s'en va dans la direction inverse.

-Non mais qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de toi ?