Je m'endormis, en sous-vêtements, sans même me plaindre de quoi que ce soit.
Lorsque j'ouvris les yeux, le lendemain, je fus aveuglée par un rayon de soleil matinal qui traversait pile la cime des arbres pour attérir sur mon visage. Les yeux refermés, je bénissais cette douce caresse avant de me retourner. Puis je sentis une seconde caresse, celle d'un souffle. Je rouvris immédiatement les paupières et tombai nez à nez avec un bel endormi. Je me reculai brusquement. Jeremy se réveilla à son tour et remarquant mon air affolé, il se redressa d'un coup, les bras tendu comme pour me stopper.
- It's not that, I can explain... Yesterday, I was sleeping but the sofa was very hard and I... I've done you nothing ! Don't misunderstand !
J'avais à peu près compris son histoire et me calmai. Je m'enroulai ensuite dans le drap - après tout, j'étais presque nue !- et je filai à la salle de bain sans demander mon reste. Je pris une douche, divinement apaisante, prenant le temps de me laver les cheveux (les shamppoings étaient de la marque d'un grand coiffeur), et de me les sécher. Sauf que, mauvais calcule: ma salle de bain était à l'étage mais le dressing dont m'avaient parlée les garçons était en bas. Deux choix s'offraient alors à moi; le premier, remettre mes dessous sales -j'avais même dormi avec, vous vous rendez compte ?!-, le deuxième était de descendre en serviette. Mais cette dernière alternative était plus risquée. Néanmoins elle me donna une idée. Etant donné que les portes de ma chambre et de la salle de bain étaient face à face, je pouvais y aller en serviette, puis remettre ma jupe et ma chemise pour afin descendre aussi vite que me le permettrait les volants de mon uniforme et atteindre le dressing où il y aurait surement des sous-vêtmenents, ou tout du moins une machine à laver. Je mis à execution mon plan. Tout ce passa comme prévu, sauf dans l'escalier où un pant de ma jupe se souleva mais je m'y attendait et heureusement pour moi il n'y avait personne. Nojn, en revanche, ils etaient tous ou presque dans le dressing.
- Oups désolée, je peux attendre !
- We’ve almost finished.
Me répondit une voix unanime. J’en profitais pour refaire mon parcours à l’envers pour récupérer mon traducteur, sagement posé sur la table de nuit. Puis je redescendis. Je patientais quelques instants à la porte, puis elle s’ouvrit pour laisser sortir les cinq garçons, Jeremy inclus dans le lot. En passant près de moi, il me fit un clin d’œil et je ne pus détacher mon regard de sa progression vers le séjour. Regard qui, indépendamment de ma volonté, est tombé sur ses fesses que ce jean mettait particulièrement en valeur. Je m’administrai une bonne claque mentale et entrai dans la grande pièce. Je m’aperçu lorsque je voulus verrouiller, qu’il n’y avait pas de loquet, de verrou ou de quoi que ce soit d’autre pour empêcher un opportun d’entrer. Comme sur toutes les autres portes j’imagine, pensai-je. Tout au long des murs étaient encastrées des penderies, des tiroirs et des miroirs ça et là. Au dessus de chaque armoires était gravé dans le bois l’image des vêtements, ainsi, celle face à moi contenait des « pantalons », à côté des jupes », etc… Je me dirigeai vers celle des sous-vêtements. Il y avait deux parties avec chacun un insigne « Mars et Vénus ». J’ouvris la porte coulissante côté femme et tombai sur des dessous à jarretelles très sexy, à la limite du vulgaire. Je cherchai le plus soft et dénichai un beau petit ensemble en satin et dentelle. Une demi-heure plus tard, après avoir parcouru de manière superficielle les penderies et de m’être rendu compte qu’il n’y avait pas de pantalons pour femme, seulement des micros shorts et des minis, je commençai à fouiner dans les placards homme. Pardessus mes dessous, je glissai un boxer noir des plus petit que je puisse trouver et rabattais la jupe en jean que j’avais trouvé mignonne. Puis, encore une association de vêtements masculins-féminins : sur un top très échancré, je mis une chemise un peu ample, que je boutonnai presque jusqu’au col (il ne fallait pas non plus que je m’étouffe pour protéger mon intimité !). Une fois vêtue, bizarrement malgré tout, je regardais d&ans le placard à chaussures : des pures merveilles ; des talons hauts, des compensés, des mules, des plates-formes… je choisis les mules les plus assorties à mon look garçonne et sortis du dressing, cliquetant de cette joie éphémère que l’on ressent à l’achat d’une nouvelle paire de chaussures. Dernièrement ressentie il n’y a pas si longtemps, lors d’une sortie shopping avec Charly. Cette fille à beau être pauvre, elle n’en est pas moins fantastique, et en plus elle a du style et sa franchise de prolétaire me procure de très bons conseils. Surtout, elle se fiche de savoir combien je reçois sur ma carte de crédit tous les mois, ou encore à combien plafonne mes étrennes trimestre. Je me dirigeai donc avec cette joie nouvelle vers le salon, où étaient attablés tous les garçons de cette maison. Il restait juste un siège en bout de table, pour moi. Je m’y orientai d’un pas solennel, droite et tête haute, comme lors d’un diner protocolaire avec mon père et ses associés. « Tu hériteras de toutes l’affaire » m’avait-il dit, en employant le terme affaire comme un vieux parrain de la mafia. Je me refusais de lui dire que je voulais devenir une journaliste de terrain, et qu’il pouvait se la garder son « affaire »… Il me fallait juste aller trouver un nouvel héritier, si possible de la famille Christian. Pour en revenir à nos moutons, je me plaçai donc au bout de cette assemblée masculine, mais avant que je ne pus m’assoir, Min Ho se leva et m’expliqua la situation : les garçons… avaient faim (premièrement) et il est vrai que moi aussi, secondement, il fallait commencer l’opération « fuite de cet endroit maudit », et au plus vite. Ils me regardaient tous. Je devais donc décider de la suite des événements. Mais à part les clefs, pieusement rangées dans ma table de chevet, je n’étais pas le chef de la demeure. Soudain, je repensais à mon séminaire, sorte de colonie de vacances pour les enfants de personnes aisées, et l’animateur avait fait des groupes pour chacune des tâches que nous devions exécutées (bon, c’était des tâches de directions de personnels, de gestion administratives, quoi).
- Je propose qu’on fasse des groupes : lesquels d’entre vous savent cuisiner ?
Les bras de Hyun Joong et Seto se levèrent.
- Très bien, vous trois formez le groupe préposé à la cuisine, vous pouvez directement y aller.
- Et toi, tu ne sais pas cuisiner ? les filles savent en général…
- Tripoter des aliments pour ensuite me brûler ? Quelle horreur, j’ai des cuisiniers, voyons !
Soudain, je me rendis compte qu’à part donner des ordres et dépenser de l’argent, je ne savais pas faire grand-chose… Je ne sais pas faire des pâtes, je ne réparais pas des choses, je ne saurais même pas reconnaître une plante carnivore d’un végétal comestible… Je secouai la tête et m’administrai mentalement un coup de pied aux fesses ; je m’apitoierai sur mon sort plus tard.
- Le groupe numéro deux ira explorer le reste de la maison…
Je me souvins de la pièce ignoble que j’avais trouvé un peu plus tôt, et visiblement, Min Ho aussi car il releva son regard perdu dans le vague vers moi au moment où son traducteur lui avait transmit les mots « explorer » et « maison ». Je rajoutai précipitamment :
- Avec moi.
- Moi j’irai. Compte sur moi.
Cody et Min Ho s’occupaient de la maison. Ça me rassure. Je changeais rapidement de sujet.
- Bien, le groupe numéro trois s’occupe du bois alentour sur disons… un kilomètre de diamètre autour de la maison.
Nicholas, Jeremy et Alex hochèrent la tête. Je partis en cuisine voir où en étais nos Chefs. Seto faisait revenir des oignons et Hyun Joong était parti chercher des ingrédients supplémentaires dans le cellier. Heureusement qu’il connaissait lui aussi la pièce « secrète », je suis plutôt bien tombée, avec un allier à chaque point stratégique. Je pourrais facilement reprendre l’affaire de Papa finalement… Non, hors de question.
Concentre-toi Angie !
J’écoutai mon Moi intérieur et demandais quelle était cette boîte posée sur le plan de travail.
- Une boîte de conserve.
- Et à quoi sert-elle ?
Demandai-je, piquée par ma curiosité à accroître mes connaissances culinaires. Il est vrai que j’ai beau ressembler à une fille à Papa, je n’en demeure pas moins une curieuse Alice.
- … A conserver les aliments…
- Comme dans les bunkers ?
Seto n’avait de cesse de se retourner pour me dévisager, mais cette fois-ci d’un regard où brillait une étrange lueur. Je ne comprenais pas le pourquoi de la chose, et l’interrogeais. Il me répondit d’une vois amusée qu’il n’avait jamais vue de fille comme moi. Heureusement, je me serais inquiétée qu’un garçon aussi mignon me trouve banale. Il ferma le gaz, laissant les oignons crépitant dans la poêle chaude. Puis il prit sa boîte en la lançant comme un bien dont il était très fier, visiblement, de me le faire découvrir et attrapa un bidule en métal, petit et plat, avec une courte lame recourbée.
- Tu veux le faire ?
- Euh… oui, pourquoi pas…
Je me saisi de l’objet et le regardai avec attention. Puis je jetai un coup d’œil au petit cylindre devant moi. Je posai la lame incurvée sur le haut, au milieu et y perçait un trou insignifiant. Seto, qui me matait avec la plus grande attention, s’affola légèrement et me stoppant dans mes gestes. Il se plaça derrière moi, à ma droite pour me montrer comment positionner l’ « ouvre-boîte » et posa une main sur la mienne. La pression qu’il exerça pour percer le couvercle me fit tressaillir, je ne sais pourquoi, puis au bout de deux entailles, il me laissa me débrouiller. Après avoir fait le tour du couvercle, je laissais terminer Seto, dans un nouveau silence, parcourut de regards et de sourires échangés, une atmosphère entre gênante et plaisante, jusqu’à ce que la porte du cellier ne s’ouvre sur Hyun Joong, les bras chargés de paquets de chips. Lorsqu’il m’aperçut, son visage s’éclaira d’un sourire.
- Regarde ! Il y a une date de péremption : juin 2012.
- Et il n’y a pas l’heure locale aussi ?
Plaisanta Seto. Nous sursautâmes en même temps en entendant la voix de femme robotisée :
- Heure locale : 13h02
Nous échangeâmes un regard, puis je sortis dans le couloir et appelai Cody et Min Ho, qui étaient à l’étage.
- Qu’est-ce qu’il se passe ?
Demanda Cody. Sa voix était faible dans mon traducteur car visiblement, il agissait sur une courte distance. Je lui dis d’une fièreté non masquée :
- Je sais qu’elle heure il est ! Essais de dire « heure locale » à ton traducteur.
- Heure locale : 13h03
- Enorme. Je vais aller le dire à Min Ho. Cuisine bien !
Dit-il en tournant des talons. Sauf qu’il avait oublié que je faisais partie de son groupe de recherches.
- Hey, mais attends…
Bof, tanpis. Sur ces encouragements, je retournai à la cuisine, où s’affairaient déjà aux fourneaux Hyun Joong tandis que Seto cherchait dans les placards.
- Connexion exclusive demandée par…
Je sursautai –encore une fois- en entendant la voix artificielle dans mon oreille.
- … Seto Koji. Accepter ?
- Euh… Oui.
- Connexion exclusive établie.
Pourquoi ne voulait-il pas que Hyun Joong entende ? La tête toujours dans ses placards, je lui demandai ce qu’il cherchait. Puis, je me tournai vivement vers Hyun Joong, qui veillait à la cuisson des petits pois dans une casserole gigantesque. Celui-ci ayant aperçut mon geste vif, il m’adressa un sourire avant de retourner à ses légumes.
- Des couverts, on va mettre la table.
- Pardon ? Et tu as besoin de me parler à moi seule parce que… ?
Il ne répondit pas. Je vis néanmoins la gêne au travers son comportement. Je haussai les épaules et commençai à chercher des couverts aussi, que je trouvai dans le premier tiroir que j’ouvris. Je tirai le second et découvris, bien rangés dans des encôves, une dizaine de couteaux. Je mémorisai leur emplacement pour venir, après manger en prendre un, pour pouvoir me défendre. C’est toujours mieux d’avoir une arme avec soit, non ? |