Je change un peu cette semaine.
Je reviendrais à ma Sherlock bientôt.
Mais pour l'instant, une ori me semble plus appropriée.
 

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        Ils n'avaient pas pu se dire au revoir. Lui était resté seul sur le bord des rails, regardant le train sortir lentement de son champ de vision. Ils savaient qu'il leur était impossible de rester ensemble. Et pourtant...

        Pourtant, quelques jours plus tôt, ils avaient décidé qu'ils essaieraient. Ils allaient fuir leurs familles, leurs amis, tous ceux qui pensaient qu'ils ne devaient pas vivre ensemble. Pourquoi ? Parce qu'ils ne venaient pas du même pays ?
Ils avaient décidé de partir, trois jours plus tôt. Il avait vérifier la pression des pneus et la jauge d'essence de sa moto : ils pourraient faire plusieurs centaines de kilomètres avant de devoir s'arrêter. Où aller ? Ils n'en savaient rien, mais ils fuyaient aussi pour une raison qui leur était inconnue. Quitte à ne pas savoir où ils allaient, ils préféraient le faire à deux.
Vérifications de dernière minute. Il avait les sandwichs dans la poche de droite, et des vêtements aussi. La poche de gauche servirait à mettre les affaires de Ksenia.
Il laissait un mot pour son petit frère. Peut-être était-ce parce qu'il était trop jeune, mais il avait été le seul à les soutenir dans leur amour. Il reviendrait dans quelques années, une fois que sa famille aurait accepté sa fugue avec Ksenia, pour voir combien il avait grandit. Et, pourquoi pas ? voir celle qui deviendrait ou serait sa belle-soeur.
Il n'avait pas le temps de rêver. Il glissa les deux feuilles de papier sous la porte de la chambre de son frère, puis descendit dans le garage familial. Il y prit quelques outils pour le cas où sa moto aurait un soucis, puis sortit cette dernière. Il la traîna jusqu'au dehors, assez loin de la maison pour que le bruit du moteur ne réveille pas ses parents. Puis il l'enfourcha, fit tourner les clés et fila alors que la lune atteignait son paroxysme.

        Elle l'attendait. Ils s'étaient donnés rendez-vous à quatre heures, mais elle était prête depuis longtemps. Elle regarda l'horloge, pour la troisième fois en moins de cinq minutes. Trois heures quarante-sept. Il était ponctuel, il arriverait sûrement avec une ou deux minutes d'avance. En attendant, que pouvait-elle faire ? Penser, se souvenir de ces premiers jours où personne ne savait pour eux. Ce temps qu'ils passaient dans des parcs, loin de chez eux, pour qu'on ne les surprenne pas.
Bien sûr, sa famille avait de suite vu qu'elle était plus épanouie, et s'était douté de quelque chose. Ils semblaient heureux qu'elle ait trouvé quelqu'un, aussi n'avait-elle pas hésité quand ils lui avaient dit de l'inviter à déjeuner. Mais lorsqu'ils avaient vu Leonel... Elle sursauta. Un bruit dans la maison. Elle resta figée quelques secondes, puis compris que c'était simplement son père qui ronflait. Son odieux père, qui avait chassé son premier amour en sortant son Tokarev d'un tiroir. Sans l'avoir jamais porté dans son coeur du fait de ses fréquents accès de violence, elle le détestait depuis ce jour là. Aussi, quand Leonel lui avait dit "Partons. Partons loin de nos familles, de cette folie" elle avait dit oui. Elle n'avait plus aucun lien avec sa famille. Sa mère n'avait rien fait pour lui venir en aide, ne l'avait pas encouragé à rester avec celui qu'elle aimait. Elle était restée muette. Et ses frères et soeurs étaient déjà partis du foyer familial, ils n'avaient plus de nouvelles.
Un bruit, celui d'un moteur, se fit entendre. D'abord doucement, puis de plus en plus fort. Elle se releva, ouvrit le plus doucement possible la porte d'entrée, et se glissa dans l'air frais de la nuit. Moins d'une minute plus tard, Leonel était là, prenait ses affaires et les glisser dans une grande poche de la moto. Elle n'avait amené que le stricte nécessaire, et il restait un peu de place dans la poche. Il haussa les épaules, puis lui tendit un casque. Elle l'enfila, avant de se mettre derrière lui. Il remit le contact, puis le moteur hurla alors qu'ils accéléraient.

        Ils avaient roulé plusieurs heures, avant de s'arrêter à une station service. Il fallait faire le plein, pour éviter de se retrouver bloquer au milieu de la route. Ils avaient bien dus parcourir cinq cents kilomètres, et le soleil commençait à se lever. Peut-être son frère s'était-il levé à présent ?
Il regarda Ksenia. Malgré plusieurs couches de vêtements, elle avait eu froid dans la première partie du voyage. Il lui avait passé son blouson même si ce faisant, il s'exposait aux lames de vent qu'ils brisaient à plus de cent kilomètres heure.
Malgré tout, elle n'avait pas cessé de sourire. De ce sourire si chaleureux pour lequel il avait craqué. Mais il savait qu'elle n'était pas sure. D'avoir fait le bon choix, de ce qu'il se passerait dans un avenir proche... Il aurait voulu l'embrasser, la rassurer, jouer son rôle d'homme. Comme dans ces films qu'on pouvait voir au cinéma en plein air. Mais il doutait aussi. Peut-être moins qu'elle, mais il doutait.
Il alla payer et lorsqu'il revint, ils mangèrent, presque sans échanger le moindre mot. Juste quelques paroles pour savoir si l'autre n'avait pas trop froid, s'il avait assez mangé ou s'il voulait boire encore une fois avant de repartir. Ils jetèrent les papiers dans une corbeille, puis il alla demander où ils pourraient trouver un village tranquille, éloigné de tout, où on ne les chercherait pas. Le type derrière le comptoir pris une carte, et lui montra la route. Il l'acheta, avec une écharpe pour Ksenia.

        Elle ne savait pas où ils allaient. Leonel lui avait expliqué, rapidement. Un village retiré, et où ils cherchaient quelqu'un pour travailler dans un ranch, à quelques dizaines de kilomètres d'ici. Il lui avait montré un point sur la carte et elle avait pu se rendre compte de la distance parcourue. Ils étaient loin de chez eux et, sûrement, personne ne viendrait les chercher. Elle ne pouvait qu'espérer.
Elle se cramponna à Leonel lorsque la moto repartit de plus belle. Pourrait-elle trouver un travail là-bas ? Peut-être trouverait-elle des enfants à qui donner des cours. Ou tout autre tâche qu'on pourrait lui confier pour laquelle elle gagnerait un salaire, même modeste. Elle ne rêvait pas de grand chose, après la vie qu'elle avait vu sa mère vivre, sinon de faire mieux que cette dernière. Ne pas être l'esclave d'un mari violent... Le supporter et pourquoi pas, le surpasser, être celle qui ramenait de l'argent à la maison pendant qu'il s'occupait des enfants. Ce n'était plus un rêve inaccessible, maintenant que la deuxième guerre était passée. Elle sourit à cette idée. Pourquoi pas ?
Ils s'arrêtèrent devant une voie ferrée, un train passa. Comme sa vie jusqu'à présent, il défila lentement, wagon après wagon, comme un souvenir de chacune de ces années précédentes. Puis le paysage apparut à nouveau. Ils n'étaient plus qu'à quelques kilomètres de leur village.

        Ils s'installèrent dans un motel pour le reste de la journée, et il alla au ranch qui lui avait été indiqué. Il fut engagé directement, comme il l'espérait. Ksenia savait qu'il était probable qu'il commence directement, et il ne refusa pas quand l'agriculteur lui proposa sa première paye directement s'il passait l'après-midi à travailler.
Il fit le tour de l'exploitation en moins d'une heure, puis fut envoyer s'occuper du foin pour les vaches. Après, il étala le fumier dans un champ. De loin, son nouvel employeur l'observait. Il n'y avait plus assez de jeunes aussi travailleurs, maintenant que la grande guerre était passée. La plupart avait l'espoir que la guerre indo-pakistanaise dégénère au point qu'ils soient envoyés au front, où ils subiraient selon eux une blessure superficielle qui leur permettrait de rentrer au pays avec les honneurs, et une indemnisation suffisante pour vivre tranquillement pendant quelques temps. Ils rêvaient : la guerre n'était qu'une foutue saloperie.

        Finalement, le fermier qui avait pris Leonel dans ses champs leur avait proposé de venir vivre chez lui, avec sa femme et ses deux enfants. Il lui avait même demandé si elle pouvait s'occuper de ces derniers, qu'il avait qualifié de véritables petits diables. Il ne la paierait pas beaucoup, mais ils pourraient vivre ici gratuitement. Le bénéfice était donc énorme pour eux.
Les enfants n'était effectivement pas des plus tendres. Leur mère n'était que trop rarement là pour s'occuper d'eux puisqu'elle devait traire les vaches, entres autres. Pour autant, ils avaient quelques bons côtés. Mais la plupart du temps, ils s'occupaient à la faire tourner en bourrique en lui renversant des seaux d'eau sur la tête, ou en courant dans deux directions opposées. Elle avait bon espoir de leur inculquer quelques règles de savoir vivre, assez rapidement.
Après sa première journée de travail, elle fut bien heureuse de voir Leonel revenir, même s'il était couvert de boue et aussi fatigué qu'elle.
Cette deuxième nuit loin de leur vie passée leur parut courte, bien trop courte. Pourtant, ils se levèrent et se mirent au travail sans faire d'histoire. Et la journée se passa bien, elle arriva même à faire prendre un bain aux enfants. Séparément, bien sûr. Mais malgré leur certitude que jamais leur famille les retrouverait, le lendemain devait leur prouver qu'ils avaient tort.

        Le père de Ksenia débarqua vers midi. Comment il avait su où les trouver, il ne le sut jamais. Il n'empêchait qu'il était là, son Tokarev pointé sur monsieur Foster, le bras de sa fille dans l'autre main. Il avait tirer un coup en l'air, pour prouver que son arme était chargée. Il n'avait pas le choix, il devait le laisser emmener Ksenia.
Ils montèrent dans un taxi. Après avoir vérifié que les enfants et la madame Foster n'avaient rien, il s'élança derrière eux, à distance respectable, sur sa moto. Le taxi les déposa à moins d'un kilomètre de la voie ferrée qu'ils avaient croisé auparavant, à l'entrée d'une cabane qui faisait office de gare. Il était resté à plus de cent mètres d'eux, et avait attendu. Près d'un quart d'heure après, un train passa et ils montèrent. Et il regarda le train sortir lentement de son champ de vision.

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Mais non, c'est pas que dépressif.
Bon, j'ai pas fait passer tout ce que je voulais.
Je verrais peut-être à le ré-écrire, avec le premier chapitre.
Merci de m'avoir lu, et à la prochaine fois :) !