Une suite au chapitre 4, prévue depuis un moment mais...

Un titre de chapitre "le très mystérieux", sans aucun doute.

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        Aucune nouvelle. Ça allait bientôt faire un mois depuis leur deuxième rencontre. Elle avait son numéro, pourtant. Bien sûr, il avait le sien aussi... Mais sa fierté l'empêchait d'appeler dans la minute. Sa putain de fierté, plutôt.
Il soupira, comme bien dix fois depuis le début de l'heure. Laquelle avait débuté sept minutes auparavant. Un regard vide vers son écran... Rien de nouveau. Il martela la table des cinq doigts de sa main droite. Coup d'oeil au dessus de la cloison. Le patron sortait de la salle de réunion, il avait intérêt à se remettre au travail. Bruits de pas, de plus en plus audibles. Puis ils s'éloignèrent. Un regard vers sa montre : 17h09. Le temps ne voulait pas passer. Comme souvent quand on pense à quelque chose de plus agréable. De beaucoup plus agréable.
Nouveau message sur sa boîte mail. Un client avait répondu. Dans un nouveau soupire -de soulagement cette fois- il commença à lire le paragraphe sans intérêt qui s'affichait devant ses yeux. C'était mieux que de s'ennuyer en regardant dans le vague.
Les messages s'étaient suivis, si bien que le temps passa -à peine- plus vite. 17h53. Normalement, il quittait le bureau quinze minutes avant les autres. Raté, plusieurs personnes s'étaient levées et avaient commencé à enfiler leurs blousons. Un rapide Alt-F4/T, puis une pression sur le bouton du moniteur. Il attrapa sa veste d'une main, sa sacoche de l'autre. Pendant que les autres bataillaient encore un peu avec leurs affaires, il se pressa vers l’ascenseur dont les portes commençaient à se fermer.

        Il avait pris les bouchons. S'était couru d'avance : le temps qu'il descende au parking et récupère sa voiture, il était déjà un peu plus de dix-huit heures. Ça lui apprendrait à ne pas faire attention à l'heure. Mais il était rentré, enfin. Il jeta un oeil vers l'écran de son ordinateur, jugeant qu'il pouvait attendre quelques minutes. Un verre de jus d'orange plus tard, il s'affala sur son lit. Cette fille lui tournait la tête, alors qu'elle s'était probablement jouée de lui. A quoi s'attendait-il ? Elle avait au moins cinq ans de moins que lui. sept en fait, c'est écrit sur son profil. Il prit son portable, alla dans son répertoire. Jusqu'à son numéro. Son doigt était à quelques centimètres de la touche d'appel. Mais il referma le clapet et le jeta jusque sur le canapé. Sous un coussin. Finalement, il s'installa à son clavier et fit démarrer l'unité centrale. Son programme de femme virtuelle ne se lança pas : il n'était plus défini pour venir au démarrage. Fouillant dans ses dossiers, il parvint à le retrouver. Dire qu'il avait lâché ce projet, sur lequel il travaillait depuis plusieurs mois, pour une fille qui ne le rappelait même pas. Pourtant, il ne lança pas la console de programmation. Il n'en avait pas le goût, pas l'envie. Tout ce qui lui importait, c'était Selvania...

        Il leva un sourcil. Puis l'autre. Puis aperçut les chiffres sur son réveil. 6h43. Un samedi. Et il était clair qu'il ne parviendrait pas à se rendormir. La vie avait décidé de lui en vouloir.
L'ordinateur ronronnait encore tranquillement dans son coin, une douce musique s'échappant des hauts-parleurs. C'était une habitude : quand il se sentait mal, il laissait tourner une playlist au hasard avant de se coucher. Après, il se sentait toujours mal, bien sûr. Et encore plus quand il recevait, à la fin du mois, la facture d'électricité.
Comme il semblait évident qu'il ne parviendrait pas à se rendormir, il décida de se lever. Pas la peine de chercher ses pantoufles, il les avait envoyé valdinguer à l'autre bout de l'appartement en s'écrasant sur son lit, quelques heures plus tôt. Comme il n'avait pas vraiment faim, il chargea la page du Gorafi pour voir les nouvelles. Malgré l'humour certain de l'article, il ne parvint pas à rire. Il fallait vraiment qu'il remédie à ce petit souci de moral. Il allait sortir, après le petit-déjeuner.

        Il alla au Starbucks au coin de sa rue. Une petite expédition pour commencer. Sa commande pasée, il chercha une place aussi éloignée que possible de la porte. Lorgnant au dehors par la grande baie vitrée du café, il songea au froid qui régnait au dehors. Il faisait vraiment froid. Tout à ses réfléxions, il avisa un vendeur de journaux sur le trottoir d'en face et sortit lui acheter l'édition du jour. Lorsqu'il revint, son journal sous le bras, son grand capuccino bien serré. Avec une dose de sucre et pas trop chaud, sinon il se brûlait invariablement. Pendant quelques minutes, son regard alterna entre le quotidien -aux nouvelles ô combien intéressantes- et le vide désespérant de la ville au dehors. Lorsqu'il quitta l'établissement, son moral n'allait pas mieux.

        La première chose qu'il constata en rentrant chez lui fut le grésillement désagréable de son ordinateur. Selon toute vraisemblance, quelque chose clochait. Alors qu'il s'en approchait, il vit une deuxième chose : une lettre sous son pied. Il venait de la piétiner, sans faire attention. Dans un étrange râle -mélangé à un soupire- il se baissa pour la ramasser. Elle avait vraisemblablement été glissée sous la porte. Une trace de rouge à lèvre sur le rabas de l'enveloppe. Son coeur partit au quart de tour. Tremblotant légèrement, il entreprit d'ouvrir le plus méticuleusement possible la lettre. Puis, lentement, il sortit la feuille pliée en trois. Elle ne comportait que quelques mots :

Je repasserais vers 20h30, attends moi !

Selvania

Comme ça, sans prévenir ? Il était partagé : du soulagement, une joie presque hystérique -style bielibers à un concert, malgré les trois heures de retard- et une pointe de colère. Une toute petite pointe. Très vite, celle-ci disparue. Sans doute avait-elle une raison de ne pas le prévenir ? Mais, à ce moment là, autant arriver à l'improviste ?
Peut-être était-ce ce qu'elle avait prévu. Elle était probablement passée quand il n'était pas là. Peut-être même quand il était dans les bouchons. Merde !
Il éteignit l'ordinateur : il n'avait pas le temps de s'en occuper. Il fallait qu'il range, et vite. Tout, dans son appartement, laissait voir la vie de célibataire mal léché qu'il menait. Heureusement, elle n'avait pas vu ça. Un coup d'oeil à sa montre lui indiqua qu'il lui restait moins d'une heure.

        Il avait réussi. Tout était rangé et, maintenant, il était sous la douche. 20h25. Elle n'était pas en avance, et c'était tant mieux. Il venait de mettre du parfum, encore torse nu, lorsqu'on sonna. Il allait enfin la revoir. Vérifiant que tout était bon -il avait fait dans le traditionnel : bougies parfumées, couleurs neutres- il alla devant la porte. Une dernière inspiration... La porte pivota sur ses gonds, sans un bruit.
Elle était là, dans une robe noire peut-être un peu courte. Et elle lui souriait.

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Encore une fois, il y aura peut-être une suite.
Mais elle mettra sûrement du temps à venir...

Moi qui croyais que j'étais en vacances !