Disclaimer : Les personnages de Harry Potter sont à J.K. Rowling, je ne fais que les lui emprunter pour m'amuser un peu avec.
Chose promise, chose due, me revoilà avec une série de cinq one-shots sur Victoire Weasley, sur des thèmes proposés par la très sympathique communauté LJ pompom_power. Ces textes seront basés sur la Victoire que je décris dans le one-shot Briseurs de sorts (sur mon profil), mais il n'est pas obligatoire de l'avoir lu.
Le premier des cinq thèmes que j'ai choisi de traiter est "Ma fille, ma bataille". Read, Enjoy, Review.
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Avec Victoire, ça n’avait jamais été simple.
Ça avait commencé avec des nausées matinales qui lui donnaient l’impression d’une gueule de bois perpétuelle ; après, il y avait eu les poussées d’hormones qui lui rendaient insupportables les odeurs les plus anodines et la transformaient en pauvre chose larmoyante ou en hystérique au rire strident ; et puis, bien sûr, cette protubérance, là, au milieu de son corps, qui enflait au fil des mois et transformait la jeune femme svelte et désirable qu’elle avait été en grosse vache aux contours épaissis, comme brouillés. Il y avait eu les taches brunes sur son visage – « le masque de grossesse » disait Molly – et les trop nombreux grains de beauté sur la peau jusque-là parfaitement blanche et unie de son décolleté ; il y avait eu les immenses cernes bleutés sous ses yeux, dus aux trop nombreuses nuits sans sommeil – d’abord à cause des crampes d’estomac et des remontées acides qui la prenaient dès les trois heures du matin, ensuite parce que son ventre proéminent l’obligeait à dormir sur le côté ou sur le dos, ce dont elle n’avait jamais réussi à prendre l’habitude – et l’envie, tous les matins, au réveil, de briser la grande psyché accrochée au mur de leur chambre pour ne plus voir cette face bouffie et ce corps monstrueux.
Il y avait aussi eu le sourire de Bill quand elle lui avait annoncé la nouvelle, et puis son air satisfait, et la lumière dans ses yeux très bleus lorsqu’il regardait son ventre rond ; et puis la reconnaissance dans ceux de Molly, comme si soudain elle n’était plus la Française trop apprêtée qui lui avait volé son fils aîné adoré – le fait que le fils en question eût choisi un métier qui lui avait permis de se barrer en Egypte à peine âgé de vingt ans ne rentrait, bien sûr, pas en ligne de compte – mais seulement la mère de son premier petit-enfant. Il y avait eu le rire un peu tremblant de sa mère lorsqu’elle lui avait annoncé, peu après le septième mois, que ce serait à coup sûr une fille et qu’elle s’appellerait Victoire ; et ce jour-là, malgré les coups de l’enfant à naître et les premières contractions de son ventre dur, Fleur s’était surprise à être presque heureuse d’être enceinte ; et elle s’était dit qu’elle aimait déjà ce bébé, cette petite fille qu’elle ne connaissait pas encore mais qui était la sienne. Le soir, elle avait soulevé sa chemise de nuit, suivi le mouvement d’un pied minuscule sous sa peau tendue, et elle s’était sentie si émue qu’elle avait failli en pleurer.
Deux mois plus tard, à l’hôpital Sainte-Mangouste, alors qu’on lui déposait dans les bras l’être qui venait de lui coûter plus de dix heures de cris, d’efforts, de sueur, de sang et de larmes, elle avait repris son souffle avec difficulté, regardé le petit crâne qui palpitait doucement sous un fin duvet blond-roux, et l’émotion l’avait saisie une nouvelle fois, si forte qu’elle n’avait même pas pu sourire et qu’elle avait éclaté en sanglots, riant au milieu de ses larmes, à bout de nerfs, se sentant plus fatiguée et plus heureuse qu’elle ne l’avait jamais été, dévorée par un amour sans nom pour cette petite Victoire, avec son nom français au pays des rosbifs et qu’elle ne portait que parce qu’elle était à elle, sa fille, son bébé. Bill s’était penché au-dessus d’elles, l’avait embrassée sur le front et avait délicatement pris le nourrisson dans ses bras.
- Salut, Vicky, avait-il dit, souriant d’une oreille à l’autre.
Très vite, la chambre s’était remplie de têtes majoritairement rousses qui répétaient des Vicky par-ci, Vicky par-là, et Fleur avait eu envie de leur hurler que sa fille ne s’appelait pas Vicky comme n’importe quelle héroïne de feuilleton américain à deux Noises ; et, à son avis, la guerre entre elle et le reste du monde avait commencé ce jour-là. |