L’or, l’argent et le cristal. Auteur : haniPyanfar Personnages appartenant à J.K.R. : Draco Malfoy et Harry Potter. Merci à elle de me les prêter, même si c’est à l’insu de son plein gré. Mes créations personnelles : Rosalba, Xavier et Jonathan, 11 ans, en première année à Poudlard et quelques autres élèves et professeurs. Rating : K+ jusqu’à ce chapitre. Après, ça risque de changer. OoOoOoOoOoO Chapitre 4 : Retrouvailles. Harry arriva au salon de thé du niveau un, essoufflé, les joues rouges, avec un bon quart d’heure de retard. « Loué soit Merlin ! Il est encore là ! » « Merlin merci, le voilà. » Ils se sourirent. Après avoir commandé un thé au jasmin, Harry expliqua : « Excuse-moi, mais j’ai eu affaire au sorcier le plus borné que je connaisse. Il y a dimanche un tournoi de Quidditch à Edimbourg., avec des joueurs venant de toute l’Ecosse. C’est juste une manifestation sympathique, une réunion entre joueurs amateurs de tous âges, venus se retrouver comme tous les ans entre amis pour faire la fête. Sous prétexte que je dois y assister, ce crétin veut en faire une cérémonie grandiose avec podium, jeunes filles apportant des bouquets de fleurs, coupes et médailles. Si j’organise un truc comme ça, tout le monde va croire que je veux me faire de la publicité et que j’ai convoqué la presse en mon honneur. J’ai refusé, tu penses bien ! Mais il insistait, le bougre ! Enfin ! Il a fini par entendre raison . Dire que ce bureaucrate rassis n’a sûrement pas mis ses grosses fesses sur un balai depuis sa sortie de Poudlard ! Je ne pensais pas que ce travail au Ministère serait quelquefois si ennuyeux ! Dès que je suis dans mon bureau, je rêve d’en sortir au plus vite ! J’aurais peut-être dû accepter ce poste d’entraîneur des Blacks Kangaroos à Adélaïde en Australie. Mais je voulais rester à Londres maintenant que Rosalba est à Poudlard. Et toi, ton entrevue s’est bien passée ? -- Très drôle !. Je suis allé faire enregistrer la libération de mes elfes de maison. J’ai dû donner leurs noms et fournir pour chacun une photographie magique. Ils vont avoir des « papiers d’identité ». Ils ne savent même pas ce que c’est. Enfin, si ça leur fait plaisir…. Mais le mieux ou le pire, c’est selon, c’est qu’ils m’ont demandé de leur rapporter un catalogue de vêtements de chez « Gai Chiffon ». Je les paie cinq mornilles par semaine. Ne dis rien, ils ont obstinément refusé de gagner plus. Alors, ils veulent commander des tenues de travail en accord avec leur nouveau standing. Regarde. J’ai trouvé ça au bureau d’accueil du niveau quatre. Il y a même des costumes de jardiniers ou de nurses. C’est stupéfiant ! » Ils se penchèrent tous les deux sur les pages illustrées et ne purent retenir leurs rires devant les tenues extravagantes présentées par les mannequins elfes maquillés et prenant des poses ridicules. Leurs deux têtes étaient toutes proches, la blonde, la brune et quand ils levèrent les yeux, ils oublièrent les treize années passées. Ils étaient à Poudlard, jeunes étudiants prêts à rire de tout, pour une fois complices … comme ce matin-là, juste avant la bataille. Ils burent leur thé tout en parlant de choses et d’autres, des enfants en particulier. Ce fut un moment très agréable et ils en savouraient chaque minute. Ce rapprochement était si inattendu, si insolite qu’ils en doutaient eux-mêmes. Au moment de partir, Harry se demandait comment faire pour être sûr de revoir bientôt Draco mais ce fut celui-ci qui, le premier, proposa après avoir toussé discrètement : « Tu dis que tu seras à Edimbourg ce dimanche ? Je dois me rendre à Glasgow en fin de semaine pour mes affaires. J’irais bien faire un tour à cette compétition sportive. Cela fait longtemps que je n’ai pas vu un match de Quidditch. Ce devrait être amusant … » Ce voyage en Ecosse était un tout petit mensonge mais sur le moment, Draco Malfoy n’avait pas trouvé mieux. Il était loin le temps où il avait la répartie cinglante et la moquerie facile. Désirer l’amitié de Harry Potter et faire ce qu’il fallait pour l’obtenir demandait de la diplomatie et de la patience. Heureusement, maintenant, il n’en manquait pas. Ils se revirent à Edimbourg et plusieurs fois ensuite à Londres sous divers prétextes : la remise en service d’une cheminée du château au bureau des Transports Magiques pour Draco … « Et je me suis dit : Si je passais le voir … il s’ennuie peut-être, je lui montrerais les costumes choisis par mes elfes … », Et pour Harry, la recherche d’un livre introuvable sur le Quidditch aux Iles Féroé : « Même Hermione ne le connaît pas, mais je sais que la bibliothèque du château est très fournie … » Puis ils n’eurent plus besoin de prétextes. Ils se donnaient rendez-vous dans des restaurants moldus pour dîner, rire et bavarder. Mais si leurs regards se croisaient fréquemment, ils évitaient de se toucher. Un soir, la main de Harry avait frôlé celle de Draco sur la salière et ils avaient senti en même temps une secousse électrique les traverser. Ils étaient devenus amis et craignaient de se perdre en allant plus loin. Ils s’envoyèrent des petits messages anodins par hiboux puis ils se téléphonèrent. Car le téléphone avait fait aussi son apparition au Ministère. Harry avait ainsi un bonne occasion de rire à son bureau. Les pieds sur la table, le combiné collé à l’oreille, il écoutait Draco lui raconter la dernière trouvaille de ses elfes … « … Et maintenant ils parlent comme dans les livres : « Si Mister veut bien se donner la peine … » ou « a cup of tea, Sir ? » avec des voix haut perchées, c’est à mourir de rire … Les elfes féminines portent des costumes de soubrettes avec des petits bonnets de dentelle posés entre leurs deux grandes oreilles. Elles sont à la fois irrésistiblement drôles et en même temps attendrissantes … » Malfoy attendri par ses elfes, c’était renversant et Harry riait … Cependant, leurs conversations ne portaient jamais sur les treize dernières années ou alors par allusions courtes et peu précises. Ils parlaient de Poudlard et rappelaient l’époque des blagues et des sarcasmes, en se moquant de leur stupidité d’alors. Ils échangeaient les points de vue de leurs enfants quand ils recevaient du courrier d’eux par hiboux. Ils discutaient de sujets d’actualités. Mais des pans entiers de leur vie restaient dans l’ombre. Harry savait que Draco avait épousé Mélanie, l’héritière de Donald Spencer, l’un des fondateurs des Grands Magasins, mais il ignorait en quelles circonstances ce mariage avait eu lieu. Draco avait compris que Harry ne lisait pas les journaux people et qu’il détestait particulièrement Sorcière Hebdo. Cette relation de simple amitié avait duré jusqu’à la mi-novembre. Ils parlaient du passé lointain, du présent, un peu de l’avenir proche mais certains sujets étaient tabous. Ainsi, Draco n’avait jamais évoqué ses difficultés à s’adapter complètement à sa vie américaine. Curieusement, ce n’était pas les objets moldus qui l’avaient le plus dérouté. Contrairement à ce que lui et sa famille laissaient entendre, il savait se passer de la magie. Chaque année, aux grandes vacances, surtout quand il était jeune et que Voldemort n’avait pas encore repris le pouvoir, ses parents et lui passaient un mois dans des contrées moldues touristiques en dissimulant leur état de sorciers. Lucius Malfoy avait placé une partie de sa fortune dans une grande banque américaine et tenait à ce que son fils puisse tenir son rang des deux côtés de leur monde. Draco savait donc se servir de tous les appareils moldus même s’il prétendait à l’école que ces inventions étaient stupides. Le challenge imposé par son père était de passer une journée de vacances sans se servir de sa baguette magique et Draco le réussissait souvent. Bien entendu, il était hors de question d’utiliser la magie en présence de Moldus et Lucius et Narcissa étaient passés maîtres dans cet art. Draco avait suivi leur exemple. C’était un simple exercice de volonté. Cela lui avait été bien utile quand, après le procès qui l’avait en partie blanchi mais l’avait dépouillé de sa fortune sorcière, son père avait décidé de s’installer aux Etats Unis et avait coupé les ponts avec Londres. Il avait même renié le nom des Malfoy et avait pris celui de son épouse bien-aimée, Narcissa Black. OoOoOoOoOoO Draco avait rencontré pour la première fois Mélanie Spencer à une réception donnée par le père de la jeune fille. Elle était extrêmement jolie et elle l’avait surpris par sa joie de vivre et son indépendance d’esprit. Elle n’avait pas été élevée d’une manière très sévère. Elle était gaie, sportive, cultivée, libre et elle était tombée amoureuse de lui au premier regard. Reniant tous ses anciens principes, Lucius Black, ex Malfoy, avait dit à Dray, ex Draco, qu’il approuverait son mariage avec une Moldue. Il détestait maintenant tout ce qui se rapportait au monde de la magie et avait remisé sa baguette dans son coffre-fort. Dray appréciait beaucoup la fille Spencer, il aimait bavarder avec elle, il l’invitait à danser dans les soirées mondaines mais il ne lui faisait pas d’avances amoureuses. Il était assez réservé quand il s’agissait de dévoiler ses sentiments. Cependant, six mois après leur installation en Amérique, il avait répondu au vœu de son père et il avait demandé Mélanie en mariage. Cela s’était passé quelque temps après le premier malaise de Lucius. Dray/Draco voyait bien que la santé de son père se dégradait mais celui-ci refusait d’aborder le sujet. Il vieillissait, disait-il, c’était tout. Mais après son second évanouissement, il avait accepté de rencontrer un Médicomage. Son refus de la magie n’allait tout de même pas jusqu’à accepter les soins d’un médecin moldu. Dans la salle d’attente se trouvaient des revues sorcières. Lucius les avaient dédaignées mais Dray avait feuilleté un Sorcière Hebdo échoué là par hasard et ses mains avaient tremblé lorsque ses yeux s’étaient posés sur une certaine page. Il avait regardé longuement la photo et sa légende puis il avait reposé le magazine. Son visage n’avait rien reflété de son émotion intérieure. Il savait parfaitement dissimuler ses pensées. Son père n’avait rien remarqué. Ensuite, il avait commencé à courtiser Mélanie et la jeune fille en avait été extrêmement heureuse. Leur mariage avait donné lieu à des fêtes fastueuses et la jeune femme avait été assez vite enceinte à la grande joie des parents et grands parents. Leur fils était né un 31 décembre et leur bonheur paraissait sans nuages. Pourtant Mélanie s’était vite rendu compte que Dray n’était pas aussi amoureux d’elle qu’elle de lui. Il se montrait exemplaire envers son épouse et adorait leur fils mais elle sentait grandir entre eux une certaine distance. Il ne partageait plus très souvent sa chambre et elle l’avait parfois surpris en train de rêver avec un air assez triste. Elle eut peur d’avoir une rivale mais son mari ne s’intéressait pas aux autres femmes. Ce fut seulement quand Jonathan eut trois ans qu’elle surprit son secret. Lors d’une soirée chez les Lancaster, elle le vit fixer avec intensité, avec un désir qu’il ne parvenait pas à contrôler, un jeune homme aux cheveux bruns décoiffés avec art et portant par pure fantaisie des petites lunettes rondes devant ses yeux clairs. Elle s’aperçut alors que Dray s’intéressait aux hommes, toujours le même type d’hommes, des bruns assez minces, aux airs d’adolescents mal dans leur peau, portant le plus souvent des lunettes. Mais jamais il n’avait le moindre geste déplacé ou le plus simple mot, la plus petite phrase pouvant passer pour une invite. Jusqu’à cette réception maudite … Ce soir-là, le jeune homme brun était présent. Il s’appelait Jill et c’était un petit neveu de Oswald Lancaster, le second actionnaire des grands Magasins. Tout le monde savait qu’il était gay. Et Dray avait trop bu. Cela ne lui arrivait jamais, il était toujours maître de lui. Mais cette fois, il avait commencé à « flirter » avec le beau jeune homme. Ils avaient disparu de la réception et Mélanie les avait trouvés dans le parc, en train de s’embrasser langoureusement. Malheureusement, elle n’avait pas été le seul témoin de ce spectacle. Jason Jones, celui qui allait devenir son second mari, l’avait vu lui aussi et il était passionnément épris d’elle. Il avait tout manigancé. : d’abord les insinuations perfides, ensuite la séparation puis le divorce des deux époux et enfin sa conquête de la jeune femme. Il était lui-même divorcé, il avait un fils de l’âge de Jonathan et à cause d’une éducation rigide, il détestait les « comportements déviants ». En fait, il haïssait les homosexuels mais il se gardait bien de le montrer. Jonathan avait vécu chez sa mère jusqu’à ce qu’elle découvre qu’il était sorcier. Malgré son chagrin, car elle aimait tendrement son premier enfant, elle l’avait alors confié à son père, à la grande satisfaction de Jason Jones qui lui, ne l’aimait pas. L’enfant ressemblait trop à « Dray Black ». OoOoOoOoOoO On était au début de décembre. A Poudlard, il faisait froid et les élèves s’emmitouflaient dans leurs capes pour sortir dans le parc. Jonathan venait de recevoir une lettre de son père. Il courut vers Rosalba et Xavier qui contemplaient de loin le saule cogneur. L’arbre était toujours aussi dangereux quand on s’approchait trop près de lui mais il portait sur son tronc une marque profonde datant de la grande bataille. Chaque année, en histoire de la magie, Honorae Clamper, le professeur qui avait pris la place de Binns, faisait un cours pour expliquer cette blessure et pour mettre les jeunes élèves en garde contre de possibles coups de branches. Jonathan s’arrêta près de ses deux amis et leur dit d’une voix essoufflée mais joyeuse : « Mon père vous invite au château le 31 décembre pour fêter notre anniversaire, le tien, Rosal, et le mien en même temps. Ton père est d’accord . Il va demander leur avis à tes parents, Xav, mais il est sûr de leur réponse. Qu’est-ce que vous en dites ? -- Quelle bonne idée, dit Rosalba en sautant de joie, réchauffant ainsi ses pieds engourdis. -- Tout à fait d’accord, dit Xavier en souriant. Rosalba vient chez nous d’habitude. Mais ce sera plus amusant de faire vos deux fêtes au même endroit. -- Qu’est-ce que tu fais aux vacances de Noël, Jon ? Tu pourrais venir nous voir. -- Ce n’est pas possible. Je passe le début des vacances chez ma mère aux States. Je prends l’avion le jour de notre départ de Poudlard .et je ne reviens que le 29 décembre. Je dois me partager entre mes deux parents. J’adore ma mère. Elle est très belle, vous savez. Je vous montrerai sa photo mais c’est une photo moldue, elle ne bouge pas. C’est dommage. -- Ton père sera tout seul alors. Noël est une fête de famille. Il va s’ennuyer. -- Je ne crois pas. Il me dit dans sa lettre que les elfes de maison ont prévu des réjouissances pour la fin des travaux au château. Vous verrez comme il est beau quand vous viendrez. Je ne savais pas que la famille Malfoy possédait un manoir en Angleterre. D’ailleurs, quand j’étais petit, je m’appelais Black, pas Malfoy … » Jonathan s’arrêta brusquement et rougit. Il n’avait jamais dit à ses deux amis que son père avait repris son nom véritable en revenant dans son pays. Draco lui avait recommandé le silence. Les Black étaient une grande famille sorcière anglaise et pendant la guerre, Sirius Black faisait partie de l’Ordre du Phénix mais son frère Regulus avait été Mangemort et Bellatrix Lestrange-Black était une fan absolue de Lord Voldemort. Treize ans plus tard, les souvenirs s’étaient estompés mais le nom de Black frappa Rosalba. Son père lui avait un peu parlé de ses grands-parents, Lili Evans et James Potter et de leurs camarades de Poudlard, Remus Lupin et Sirius Black. Ils avaient feuilleté ensemble l’album photos souvenir, offert par Hagrid, le demi-géant. Elle reprit vivement : « Black ? Pourquoi ? Tu es parent avec Sirius Black, le parrain de mon père ? -- Oui, j’ai étudié la généalogie de ma famille. Ma mère Narcissa était sa cousine mais ils ne se fréquentaient pas. Elle était à Serpentard, lui à Griffondor, le contraire de nous aujourd’hui. Les deux Maisons se détestaient. Heureusement, tout ça, c’est terminé. -- Mais pourquoi avoir changé de nom, dit Xavier surpris. Oh ! Pardon ! Je suis indiscret. -- Non, non, dit Jonathan en rougissant encore un peu. C’est mon grand-père qui l’avait décidé en venant aux Etats Unis. » Il se tut et ses amis n’insistèrent pas. Le sujet mettait le jeune garçon mal à l’aise. Si on change de nom, si on se cache, c’est qu’on a commis une faute ou qu’on a quelque chose à se reprocher. Son père lui avait affirmé que non. C’était juste la volonté d’une personne âgée, aigrie après la guerre. Mais l’imagination de Rosalba galopait déjà. Elle recherchait toujours pourquoi sa baguette, la même que celle de Jonathan, l’avait choisie. Fallait-il chercher de ce côté-là ? OoOoOoOoOoO Draco et Harry avaient combiné ensemble l’invitation de Rosalba et de Xavier pour les anniversaires. Ils s’étaient enfin avoués leur attirance mutuelle et ils essayaient de se rapprocher l’un de l’autre. Ce n’était pas facile, un gouffre de treize ans les séparait. Ils n’avaient en commun qu’un souvenir, un moment lumineux entre deux tranches de vie, celle « d’avant » où ils se détestaient avec une hargne enfantine et celle « d’après » faite d’attente déçue, de résignation puis d’oubli. Mais cette petite étincelle avait illuminé le plus noir jour de la guerre et elle avait laissé dans leur cœur une trace indélébile. Chacun avait cru que l’autre avait oublié et ils avaient découvert que, au contraire, cet instant magique, ils le partageaient toujours. C’était le matin de la bataille, très tôt. Harry, complètement paniqué, au bord du désespoir, errait dans les couloirs de Poudlard. Il savait que Voldemort arrivait avec son armée de Mangemorts, de Géants, d’Inferis, de Loups Garous. Et leur défense semblait si faible face à cette force déferlante … Malgré tous ses efforts, il ne se sentait pas à la hauteur. Quand il se trouverait face au Lord Noir, face à son destin, aurait-il le courage de se battre ? N’y avait-il pas d’autre alternative que celle de tuer ou de mourir ? Son désespoir l’avait conduit en haut de la Tour d’Astronomie. C’était une aube bleue, un brouillard léger traînait dans le parc en longues écharpes. Des oiseaux, insoucieux du Mal qui approchait dans une rumeur grondante, chantaient, sifflaient, trillaient. Les Sombrals immobiles veillaient aux portes de Poudlard. Harry tremblait de froid et de peur. Soudain, une cape avait été posée doucement sur ses épaules. Il s’était retourné, le visage blanc, les yeux remplis de larmes, le cœur au bord des lèvres, et c’était Draco qui était là, un Draco souriant, la tête un peu penchée sur le côté, si différent du jeune homme hautain habituel que Harry avait cru à une apparition. Malfoy et plusieurs autres Serpentards avaient rejoint l’Ordre du Phénix et se battaient aux côtés des Forces du Bien. Mais ils gardaient leurs distances vis à vis de Harry. Malfoy le traitait encore volontiers de Balafré, en y mettant tout de même moins de mépris. Il disait haut et fort qu’il était là uniquement parce qu’il ne voulait pas se plier aux volontés d’un Tyran mégalomane. Mais ce matin-là, ses yeux, son sourire, tout son visage reflétaient seulement une grande tendresse. Il avait attiré Harry dans ses bras et sans rien dire, il l’avait serré contre lui, lui communiquant sa chaleur et sa force. Ils étaient restés immobiles de longues minutes, et c’étaient des minutes enchantées. Leurs corps étaient rivés l’un à l’autre, leurs cœurs battaient à l’unisson, le monde autour d’eux disparaissait. Ils étaient seuls, unis dans une sphère lumineuse. Puis Draco s’était détaché de Harry, leurs regards restant liés, les yeux verts cloués aux yeux gris. Et Draco avait posé ses lèvres sur celles de Harry. Un seul et unique baiser … assez profond pour être inoubliable, assez long pour en perdre le souffle. Puis il avait souri et murmuré : « Tu le vaincras. On se revoit après la bataille. » Il était parti, la dernière vision de Harry avait été l’éclair lumineux de ses blonds cheveux. Et treize années étaient passées, jour après jour, nuit après nuit, avant leurs retrouvailles. Un soir de novembre, dans un hôtel de Rome en Italie et cette fois, cela ne devait rien au hasard. OoOoOoOoOoO La coupe du monde de Quidditch aurait lieu dans deux hivers à Sydney, en Australie et une question agitait plusieurs pays des Balkans. Devaient-ils former tous ensemble une grande et puissante équipe ou devaient-ils aller aux sélections en ordre dispersé ? Depuis la guerre qui avait déchiré les Moldus de ces pays, mêmes les sorciers étaient divisés sur ce sujet. Le départements des Sports et Jeux magiques du Ministère avait proposé un arbitrage. Harry Potter, le célèbre attrapeur, recevrait les dirigeants de clubs de ces pays en terrain neutre et servirait de médiateur. Il avait le charisme et l’autorité nécessaires pour mener à bien cette mission diplomatique. Harry avait une bonne connaissance des pays des Balkans. Le jeune attrapeur qui lui avait succédé dans l’équipe des Chevaliers de Larquebuz était Bulgare. Il avait fait ses études à Durmstrang et Viktor Krum y enseignait le vol sur balai et le Quidditch. C’était une excellente référence. Harry avait repéré le jeune prodige lors d’un tournoi à Berlin et l’avait fait recruter par son équipe. Il souhaitait prendre ses distances avec le sport professionnel et ne jouait plus qu’en réserve. C’était aussi pour cela qu’il avait accepté un poste au Ministère. La réunion devait se tenir à Rome, l’Italie étant proche et non impliquée dans les conflits. Harry avait réservé une chambre au Palazzo Carpegna. Draco voyageait pour ses affaires. Dès qu’il était arrivé aux Etats Unis avec Lucius, il avait obtenu un poste à responsabilités chez Lancaster et Spencer. Son goût très sûr et son élégance naturelle l’avaient prédestiné au département des vêtements masculins de Haute Couture. Il suivait les évolutions de la mode, supervisait les commandes, recherchait les nouveautés sans jamais tomber dans l’excès ou dans l’extravagance. Ce monde très fermé l’avait rapidement adopté. Le label « Dray Black » était gage de bon goût tout en étant branché. Les jeunes hommes de la haute société américaine achetaient tout ce qui portait sa griffe. Après son divorce, il avait continué à travailler pour Lancaster et Spencer. Il en était toujours actionnaire et avait gardé de bonnes relations avec son ex femme et son ex beau-père. Mais il avait maintenant son bureau en ville et quand il avait décidé de rentrer en Angleterre, il l’avait transféré à Londres. Draco était à Rome depuis quatre jours pour découvrir les collections de chaussures du prochain hiver. Les commandes de printemps étaient faites depuis six mois déjà. Lui aussi était descendu au Palazzo Carpegna. Il repartait pour Londres le lendemain de l’arrivée de Harry. Ils passeraient ainsi une soirée ensemble et chacun de leur côté, ils en espéraient beaucoup. Ce soir-là, enfin, ils osèrent ouvrir leurs cœurs. Et cette nuit-là fut leur première nuit. |