L’or, l’argent et le cristal. Auteur : haniPyanfar. Harry et Draco appartiennent à Madame J.K.Rowling. Les enfants sont à leurs parents et un peu aussi à moi. Mais ils m’échappent de plus en plus. Ils vivent leur vie d’ados. J’espère qu’ils se comportent bien … Sinon dites-le moi et je les tancerai d’importance. ( Traduction :je les réprimanderai, je les morigènerai, je les admonesterai … enfin je leur ferai la tête au carré.) OoOoOoOoOoO Chapitre 6 : La fête d’anniversaire. « Vos baguettes sont jumelles ? » s’exclama Harry en regardant Jonathan et Rosalba d’un air stupéfait. On était le 31 décembre. L’ancien Griffondor, sa fille et Xavier étaient arrivés vers trois heures en utilisant la poudre de Cheminette. Draco et son fils les attendaient dans le grand salon du château Malfoy. La pièce avait été décorée par les elfes de maison. Bien que Noël soit passé, un sapin recouvert de givre étincelant et orné de boules multicolores et de guirlandes se dressait dans l’un des angles. A ses pieds étaient posés de nombreux cadeaux. Un lustre et des candélabres aux nombreuses bougies illuminaient la scène. Les vœux d’anniversaire s’étaient succédés, les papiers emballant les cadeaux gisaient maintenant à terre. Un bon feu ronflait dans la cheminée. Harry et Draco se regardaient fugitivement, ils gardaient secrète leur nouvelle relation et ils partageaient avec un grand plaisir la joie des enfants. Les elfes, eux aussi, avaient préparé des cadeaux. Ils étaient arrivés au salon, vêtus de leurs nouveaux costumes et chose curieuse, ils les portaient avec une certaine élégance. Ils ne paraissaient pas ridicules. On aurait dit que la distinction naturelle de leur maître rejaillissait sur eux. Puis, tous ensemble, ils avaient parcouru une partie du château, admirant au passage les tapisseries claires, les tableaux, les objets d’art répartis dans les grandes pièces aux meubles raffinés et aux légers rideaux de mousseline. Les elfes étaient tout réjouis et très fiers de leur travail de rénovation. Jonathan avait dit vrai, le manoir Malfoy était un enchantement. Le jeune garçon avait entraîné ses deux amis dans sa chambre et leur avait montré les cadeaux moldus qu’il avait reçus de sa mère lors de son séjour aux Etats-Unis. Il en avait d’ailleurs rapportés pour les offrir à Rosalba et à Xavier qui ne connaissaient que les jouets du monde sorcier. Pendant ce temps, Draco et Harry discutaient au salon en se souriant paisiblement. Ils s’étaient revus et aimés à plusieurs reprises depuis leur voyage en Italie, mais toujours en secret, dans des lieux moldus où ils n’étaient pas connus. Harry en particulier prenait garde à ne pas être suivi par des journalistes. Les trois enfants revinrent tout excités par leurs jeux et leurs découvertes. Ils soufflèrent les bougies sur les deux gâteaux d’anniversaire apportés en grandes pompes par les elfes, ils les découpèrent en riant beaucoup, en offrirent une part à chacun et tous burent du jus de citrouille pétillant en renouvelant les souhaits et portant des toasts. C’était à ce moment que Jonathan et Rosalba avaient sorti leurs baguettes magiques pour faire voler des étincelles multicolores devant les elfes éblouis. Draco et Harry s’étaient alors rendu compte que les sortilèges étaient en tout point semblables et que les deux baguettes étaient jumelles. « Je ne savais pas que la baguette de ma fille était en aubépine, dit Harry. C’est sa grand-mère Molly Weasley qui l’a emmenée sur le Chemin de Traverse. Elle m’a seulement dit que la baguette l’avait choisie. Un cœur fait d’or, d’argent et de cristal ? Je n’en ai jamais entendu parler. -- C’est assez rare. Dans la symbolique des baguettes magiques, l’or et l’argent représentent les sentiments. Le cristal en exprime à la fois la force et la fragilité. Il est porteur d’ondes soit positives soit négatives selon la personne à qui la baguette est destinée. Quand je suis allé acheter celle de Jonathan dans la boutique d’Ollivander, celui-ci m’a dit qu’il n’en avait qu’une et qu’il venait de la vendre à une nouvelle élève de Poudlard, toi, Rosalba. J’ai dû commander celle de mon fils , c’est pour cela qu’il l’a reçu le jour d’Halloween. -- Mais pourquoi celle-là spécialement, demanda Xavier. Il faut en essayer plusieurs pour trouver celle qui nous convient. La mienne est en châtaignier et son cœur est un crin de licorne mais il m’a fallu dix essais pour trouver la bonne. -- Ce n’était pas nécessaire pour Jonathan. Une baguette toute simple lui convenait déjà mais tous les premiers-nés garçons de la famille Malfoy ont une baguette d’aubépine. J’ai choisi le cœur en souvenir de mon parrain. Il m’avait un jour raconté une légende à propos d’une baguette de ce type, l’histoire de deux personnes qui se retrouvaient après une longue séparation et … » Draco s’interrompit et détourna les yeux. Mais les enfants n’avaient pas remarqué son trouble. Heureux d’avoir des détails sur sa baguette, Jonathan demanda : « Qui est ton parrain, papa ? Tu ne m’as jamais parlé de lui. -- Il est mort pendant la grande guerre. C’était un héros et Voldemort l’a tué. Il s’appelait Severus Snape, » ajouta Draco en regardant Harry dans les yeux. Mais l’ancien Griffondor n’eut pas l’air surpris ou fâché. Il sourit et répondit : « Je connais le rôle important que le professeur Snape a joué pendant la guerre. J’ai appris bien des choses sur lui quand je suis sorti du coma après la bataille. Il a commis des actes étranges mais tu as raison, c’était un héros. J’ignorais seulement que c’était ton parrain. -- Mon père et lui s’étaient connus à Poudlard. Severus était plus jeune que mon père mais il a eu l’occasion de lui rendre un très grand service. Ils sont restés liés et mes parents lui ont demandé d’être mon parrain bien qu’il soit de sang mêlé. Mon père affichait haut et fort son attachement pour les Sangs Purs mais il avait des relations dans tous les milieux, même chez les Moldus. Il n’était pas aussi borné qu’il le paraissait. » Pendant ce temps, Rosalba, toujours à l’affût de renseignements sur sa baguette magique, réfléchissait. Soudain, elle s’écria : « J’ai déjà entendu le nom du professeur Snape. Oncle Ron et tante Hermione en parlaient à propos de Poudlard. Il enseignait … attendez … les potions, oui c’est ça, les potions. Tu l’as connu aussi papa ? -- Oh ! oui, chérie, répondit Harry avec un sourire. Je l’ai bien connu. Il me détestait et pendant six ans, il a fait de ma vie un enfer. Je ressemblais trop à mon père et j’avais les yeux de … » Soudain Harry s’arrêta, frappé par une coïncidence. Il savait que Severus Snape avait été amoureux fou de sa mère Lili Evans et qu’il avait trahi le Lord Noir parce que celui-ci, contrairement à sa promesse, ne l’avait pas épargnée quand il était venu à Godric Hollow pour le tuer. Et si …Il exprima tout haut la pensée qui venait de surgir dans son esprit. « Et si Severus Snape avait commandé cette baguette en souvenir de la légende ? Pour l’offrir à la jeune fille qu’il aimait ? Ma mère peut-être ? J’ai appris après sa mort qu’il en avait été passionnément amoureux.» Il se tourna vers Draco, l’air bouleversé. Les trois enfants l’écoutaient, fascinés. Ils allaient découvrir un secret, quelque chose qui les intriguaient depuis que Prudence Shelton, la professeur de sortilèges, avait examiné leurs baguettes et avait découvert qu’elles étaient jumelles. Ce fut Draco qui reprit la parole. « C’est bien possible, en effet. Si cette baguette était chez Ollivander depuis si longtemps, si elle ne convenait à personne avant toi, Rosalba, je crois savoir pourquoi elle t’a choisie. Ce serait alors une belle histoire, comme la légende que mon parrain m’avait racontée. Mais elle finit plus tristement. Severus Snape aimait une jeune fille. Un jour, sans doute pendant sa dernière année à Poudlard, il commanda en secret à Ollivander une baguette magique spéciale, une de ces baguettes qu’un jeune homme offre à sa promise le jour des fiançailles. Ce sont des choses qui se faisaient autrefois dans les vieilles familles sorcières. Il a voulu ressusciter la tradition. Il a dû penser très fort à elle en choisissant le bois d’aubépine, l’or, l’argent et le cristal pour le cœur. Malheureusement, la jeune fille aimait un autre homme et Severus n’alla pas chercher la baguette qu’il avait commandée. Celle-ci resta longtemps prisonnière dans sa boîte sur un rayonnage d’Ollivander. Et puis un jour, une enfant entra dans la boutique et la baguette crut reconnaître celle à qui elle était destinée. En fait, c’était toi, Rosalba, la descendante de la jeune fille que Severus Snape a aimé désespérément et pour laquelle il a trahi son terrible Maître. » Ils restèrent tous silencieux un moment mais pour les adolescents, l’histoire n’avait pas la même résonance que pour les deux adultes. C’était un secret palpitant mais cela n’avait pas d’incidence directe sur leur vie. Pour Draco et Harry, c’était beaucoup plus douloureux car cela leur rappelait leur vie passée. Pendant que les trois enfants bavardaient gaiement, ils se regardaient avec tristesse. Les sentiments n’étaient pas toujours réciproques. Eux commençaient tout juste à s’apprécier, à partager quelque chose, sans savoir si c’était réellement de l’amour. Et si un jour, l’un aimait et l’autre pas ? En même temps, l’ancien Griffondor se demandait fugitivement à qui le père de Jonathan avait pensé en commandant la baguette de son fils … Ils revoyaient tous les deux Severus Snape, cet homme sombre à l’âme tourmentée, leur ancien professeur de potions, capable de haïr un enfant parce que son père lui avait pris celle qu’il aimait mais aussi capable de mourir pour l’aider et le protéger. Ces réflexions mélancoliques étaient une étrange façon de terminer cette fête si bien commencée. Ils chassèrent leurs pensées moroses pour partager les rires et les jeux des enfants insoucieux de ces lointaines histoires. Puis ce fut l’heure pour les invités de repartir chez eux. Xavier prit le premier la poudre de Cheminette et donna l’adresse de ses parents. Il retrouverait son oncle Harry et Rosalba le lendemain, jour de l’An, au Terrier. Puis ce fut le tour de Rosalba. Au moment d’entrer dans les flammes vertes pour regagner sa propre maison, l’adolescente s’écria : « Mon écharpe de Griffondor ! Je l’ai laissée dans ta chambre, Jon. -- Je vais la chercher. Pars, Rosal, je la donnerai à ton père. » La jeune fille disparut dans les flammes vertes et Jonathan se précipita dans le couloir pour aller chercher l’écharpe oubliée, En fait, il la trouva très vite sur la rampe, en bas de l’escalier. il revint aussitôt au salon et s’arrêta à la porte, cloué sur place. Son père et Harry Potter étaient très proches l’un de l’autre. Ils se souriaient … tendrement et son père caressait … doucement la joue de son vis à vis … Il y avait autour d’eux une sorte … d’aura … Leur couple exprimait quelque chose … que Jonathan n’avait jamais ressenti … un sentiment de bonheur … de plénitude … Il fut secoué d’un frisson et recula dans le couloir. Il attendit un moment pour que son cœur batte moins vite. Il avait vu quelque chose … d’interdit …de tabou … Mais quand il entra ensuite dans le salon, il vit les deux hommes discuter tranquillement. Ils lui sourirent. Le père de Rosalba prit l’écharpe, le remercia et disparut à son tour. Jonathan eut l’impression d’avoir rêvé. OoOoOoOoOoO C’était le soir. Installés devant la cheminée, Harry et sa fille sirotaient une infusion chaude avant d’aller se coucher. Rosalba repensait à la conversation qu’ils avaient eue l’après-midi dans le salon Malfoy. Elle demanda : « Dis-moi, papa, pourquoi ne parles-tu jamais de la guerre ? Laetitia Zabini m’a posé des tas de questions sur toi et le Lord Noir et je ne savais pas quoi lui répondre à part ce que tout le monde sait, que tu étais blessé, que vous avez lancé les deux derniers sortilèges en même temps, que l’Avada Kedavra de Lord Voldemort s’est retourné contre lui et que tu es resté dans le coma pendant six mois. C’est vrai que tu n’avais pas beaucoup le temps de me raconter des histoires autrefois. Tu étais souvent absent quand tu étais attrapeur dans l’équipe des Chevaliers. Je me rappelle aussi que maman te faisait des scènes. J’étais petite mais ça m’a marquée. Quelquefois, je pleurais toute seule dans mon lit pendant que vous vous disputiez. D’accord, c’est très loin tout ça maintenant, mais finalement, je devrais connaître des tas de secrets et en fait, je ne sais rien Tiens, c’est comme l’histoire de ma grand-mère Lili. Je découvre aujourd’hui seulement qu’elle avait un amoureux secret et que ma baguette magique lui était peut-être destinée. Raconte-moi des histoires de ta jeunesse, papa. Tu n’es pas si vieux que ça, après tout . » Rosalba parlait, parlait et Harry se rendait compte que les années avaient passé bien trop vite. Non, il n’était pas « si vieux », il se sentait même très jeune depuis qu’il avait retrouvé Draco. Mais lui et sa fille appartenaient à deux générations différentes Ainsi, le nom de Harry Potter figurait dans les livres d’Histoire de la Magie à côté de ceux d’Albus Dumbledore et des membres de l’Ordre du Phénix. Et pour les enfants nés après la guerre, c’était déjà de l’histoire ancienne.. Il soupira et tout à coup, des mots résonnèrent à ses oreilles : « … bien contente que tu ne te sois pas remarié. Je n’aimerais pas avoir une belle-mère. Jonathan m’a raconté des choses à propos du nouveau mari de sa mère. Il n’est vraiment pas gentil avec lui quand ils sont seuls. Mais il n’ose rien dire en public. Papa, qu’est-ce que ça veut dire « anormal » ? Pourquoi l’accuse-t-il d’être « gay ». Mais tout le monde devrait être gai, c’est beaucoup mieux que d’être triste, non ? » Quelque chose se déchira devant les yeux de Harry. Il regarda sa fille avec étonnement. Ce n’était plus une enfant. Bientôt, elle passerait au statut de jeune fille. Elle se posait des questions sur des sujets nouveaux et elle lui en posait aussi. Il faudrait qu’il en parle à Hermione ou à Molly. Pour certains sujets sensibles, seule une femme serait en mesure de renseigner Rosalba avec clarté et avec délicatesse. Mais il pouvait peut-être répondre à certaines de ses interrogations. « Je t’ai déjà dit tout ce que je savais sur tes grands-parents Potter, Rosalba.. Ils sont morts quand j’avais un peu plus d’un an et leur souvenir est associé pour moi à la lueur verte d’un sortilège mortel. D’eux, il me reste seulement ma cape d’invisibilité et les photos de mon album. La première fois qu’elle t’a vue, ta grand-tante Pétunia a dit que tu avais les yeux verts et les cheveux roux de sa sœur Lili. Les images magiques sont en noir et blanc, on ne distingue pas les couleurs. Mais elle a remarqué tout de suite la ressemblance. Dire qu’il aura fallu que ton grand-oncle Vernon meure pour que tu fasses sa connaissance et celle de ton cousin Dudley … Elle a enfin pardonné à sa sœur d’être sorcière … » Vernon Dursley était mort d’une attaque d’apoplexie quand Rosalba avait neuf ans. Cela s’était produit quelques jours après que son fils, devenu un champion de boxe mi-lourd renommé, ait présenté à ses parents sa fiancée Jessica, une superbe sprinteuse d’origine jamaïcaine, qu’il avait rencontrée lors d’une compétition sportive. Vernon n’avait, semble-t-il, pas supporté que son énorme fils soit mené à la baguette par une fille noire aux longues jambes et à la langue bien pendue. Pétunia avait envoyé à Harry un faire-part de deuil et l’ancien souffre-douleur des Dursley était allé à l’enterrement, accompagné de sa fille. La tante Marge les avait regardés avec dédain mais la tante Pétunia, en larmes, avait serré la fillette sur son cœur en l’appelant « sa Lili chérie ». Ils s’étaient revus à plusieurs reprises et les mauvais souvenirs s’étaient peu à peu estompés … « Ta mère Ginny avait aussi les cheveux roux mais ils étaient plus flamboyants, aussi rouges que ceux de Ron, de Philippe et de Bérénice. Xavier, lui, a les cheveux de sa mère. Tu ne m’avais jamais dit que tu pleurais en nous entendant nous disputer. Tu sais, Rosalba, j’aimais beaucoup Ginny mais nous avions tous les deux des caractères assez opposés. L’entraînement et les matchs de Quidditch étaient très durs. L’équipe a dû se battre pour devenir championne. Ta mère aurait voulu que je sois plus souvent à la maison et je la comprends. Mais le Quidditch m’apportait tant de joies après les années noires de la guerre que j’ai peut-être fait passer ma carrière avant ma famille …La guerre … Tu veux que je te parle de la guerre … » La voix de Harry se fit soudain amère. Il oublia qu’il parlait à une enfant. Les mauvais souvenirs remontaient dans sa mémoire comme du fiel dans sa gorge …Cette année de plomb où il avait dû fuir devant Voldemort et ses sbires, les recherches infructueuses, les insinuations sur le rôle ambigu de Dumbledore et la terrible attaque de l’école … « Que veux-tu raconter à la petite Zabini ? Que Voldemort avait divisé son âme en sept Horcrux ? Que deux d’entre eux ont blessé Albus Dumbledore si fort qu’il en est mort, aidé en cela par Severus Snape ? Que Ron, Hermione et moi, nous avons failli périr plusieurs fois pour trouver et détruire ces morceaux d’âme noire ? Que tant de gens ont donné leur vie pour qu’enfin je puisse abattre le terrible Lord Noir ? … Hagrid … Minerva MacGonagall … Nymphadora Tonks et Remus Lupin … Maugrey Fol-Oeil … Sibylle Trelawney … et Dobby, l’elfe libre … et mes camarades d’école … Dean Thomas … Millicent Bultrode …Terry Boot …et Dennis Crivey qui n’avait pas encore seize ans … Tout ce sang … Toutes ces vies brisées … -- PAPA … » Le cri de Rosalba tira Harry de sa transe .La jeune fille avait les larmes au yeux. Elle se jeta dans les bras de son père, serrant son cou de toutes ses forces en disant : « Pardon papa … Je ne savais pas que ça te ferait aussi mal … Ne me parle plus jamais de la guerre … Dis-moi que tu es heureux avec moi. Je t’aime tant, papa. Ne pensons qu’aux bonnes choses. Demain, nous irons au Terrier, nous ferons la fête avec toute la famille. Dis-moi que tu ne m’en veux pas … » Harry serra sa fille contre son cœur. Elle était sa joie, sa consolation, ce qu’il avait de plus merveilleux au monde … avec Draco … qu’il venait tout juste de retrouver … Rosalba … et Draco … Comment concilier ces deux amours extrêmes … OoOoOoOoOoO Jonathan se réveilla en sursaut, tremblant comme une feuille. Il avait fait un cauchemar. Sa chambre était silencieuse, faiblement éclairée par le feu mourant dans la cheminée. Il était au château Malfoy. Tout était tranquille. Pourtant, il lui semblait encore entendre la voix sifflante de Jason Jones, le second mari de sa mère. « Laisse mes enfants tranquilles ! Et surtout, ne t’approche pas de mon fils, c’est un garçon normal, lui, pas un homo ! Je suis bien content que tu repartes demain en Angleterre auprès de ton anormal de père. Oui, ton père est gay et plus tard, tu seras comme lui, une erreur de la nature. File dans ta chambre, fais tes valises et disparais de notre vie ! Si seulement c’était pour toujours ! Et pas un mot à ta mère sinon tu ne la reverras jamais ! Va-t-en ! » Cela s’était passé quelques jours après Noël. La mère de Jonathan était partie présider une fête destinée au personnel de Lancaster et Spencer et à leurs enfants. Jason Jones était dans son bureau. Marty, son fils d’un premier mariage, était seul au salon. Jonathan l’avait rejoint. Le garçon avait le même âge que lui, pourtant, ils avaient rarement eu l’occasion de s’amuser ensemble. Cette fois, ils avaient reçu des consoles de jeux vidéos en guise de cadeaux de Noël. Et c’était plus amusant d’y jouer à deux que tout seul. Ils avaient commencé un jeu où des monstres s’affrontaient dans une sorte de labyrinthe. Ils étaient assis côte à côte, ils s’amusaient bien et riaient beaucoup. Une voix terrifiante les avait interrompus. « MARTY ! Qu’est-ce que tu fais ici, tout seul avec LUI ? Je te l’ai interdit ! File dans ta chambre ! Tu seras privé de télévision jusqu’à la fin des vacances ! -- Oui, père, avait balbutié Marty, tout pâle. Et il était sorti très vite du salon. -- Et toi, avait repris l’homme en furie, je te l’ai déjà dit ! Laisse mes enfants tranquilles ! Et surtout ne t’approche pas de mon fils … » Le discours était resté planté dans la mémoire de Jonathan. Le jeune garçon, révolté par les paroles entendues, surtout celles qui concernaient son père, avait tout de même parlé à sa mère. « Maman, pourquoi ton mari dit que mon père est anormal ? -- Oh ! Il a dit ça ? Il n’aime pas beaucoup ce qui sort de l’ordinaire. Ce doit être parce que Dray est sorcier. -- Non, ça il ne le sait pas. Il dit aussi qu’il est gai et que c’est une erreur de la nature. Qu’est-ce que ça veut dire ? » Mais Mélanie Jones-Spencer avait rougi et détourné la tête. « Tu es trop jeune pour comprendre ces choses-là, avait-elle répondu. Ton père t’expliquera plus tard. -- Mais enfin, être sorcier, ce n’est pas une maladie ! Pourquoi m’interdit-il de jouer à des jeux moldus avec Marty ? -- Heu … Ce doit être parce que Marty est inscrit dans une institution religieuse assez sévère. Il a peur que tu aies sur lui une mauvaise influence à cause de l’école que tu fréquentes. Il est persuadé que les collèges anglais sont des lieux de perdition et qu’on n’y apprend pas la différence entre le Bien et le Mal. Jason est un homme très gentil, tu sais, mais il a des principes. Oublie tout ça, mon chéri. Ce sont des paroles en l’air. As-tu vu les jouets que j’ai achetés pour tes camarades d’école ? Penses-tu qu’ils leur plairont ? » Jonathan avait été très déçu par les réponses de sa mère. Il avait senti une sorte de … distance … de fossé entre eux … C’était comme si elle l’aimait moins qu’avant … Peut-être qu’elle n’avait plus besoin de lui depuis qu’elle avait Michael et Elena, son demi-frère et sa si jolie petite sœur … et puis, il y avait Marty . Il avait pris sa place sans doute. Jonathan rentra en Angleterre, le cœur lourd et des questions plein la tête. Mais ces questions, il n’osa pas les poser à Draco. Il eut peur que celui-ci ne l’aime plus non plus. Les enfants sont si fragiles ! Perdre l’amour de son père aurait bouleversé Jonathan. Alors, quand Xavier et Rosalba vinrent au château pour les anniversaires, il leur en parla à eux. Malheureusement, ni l’un, ni l’autre n’avait de réponses. Homo ou gay étaient des mots qu’ils ne connaissaient pas ou comme l’adolescente, ils ne les avaient pas bien interprétés. Les tourments s’installèrent dans l’esprit de Jonathan. Là où une explication claire aurait peut-être suffi, le secret et l’ignorance commencèrent leurs ravages insidieux. Ils reprirent le Poudlard Express à la fin des vacances. Ils étaient tous les trois dans leur douzième année, Xavier depuis six mois, Rosalba et Jonathan, les faux jumeaux, depuis quelques jours. Le temps de l’enfance était derrière eux. Ils allaient devoir affronter leurs premières joies et leurs premières peines de jeunes adultes. |