Chapitre 3 – Les meilleurs ennemis du monde
MANOIR DES FOWL, IRLANDE
Artemis remarqua vite que la femme qui attendait devant le portail était pressée. Ça se voyait à sa manière saccadée de tourner en rond, de se lisser les cheveux – une sacrée tignasse de bouclettes ébouriffées – et de jeter des coups d'oeils en biais par-dessus ses lunettes à son poignet, où devait se trouver sa montre. Artemis devina qu'elle était venue en taxi, ce qui laissait supposer qu'elle n'avait soit pas de voiture, soit qu'elle avait pris une décision précipitée en venant ici.
En tous les cas, elle était clairement dans l'urgence. C'est pourquoi Artemis prit tout son temps pour la rejoindre, en s'appliquant à afficher un air dédaigneux et prétentieux – ce qui ne lui était pas très difficile, soit dit en passant. Il espérait être ainsi fixé sur la nature des motivations de cette femme ; si elle perdait patience et s'en allait, les raisons de sa présence ne devaient pas être très importantes. Si elle restait malgré tout...
Elle resta. L'envie d'égorger Artemis se lisait de plus en plus facilement dans ses yeux – son oeil, plutôt, l'autre était dissimulé derrière un verre noir – à chaque pas du jeune garçon, mais elle resta.
-Vous êtes vraiment un sale gosse prétentieux, dit-elle quand ils se retrouvèrent face-à-face, séparés uniquement par le portail du manoir. -Bonjour. Comment allez-vous ? -Hilarant. Vous ressemblez beaucoup à votre père.
Le sourire goguenard d'Artemis s'effaça.
-Mon père ? -J'étais à l'école avec lui. Lui et sa bande de copains passaient leur temps à m'enfermer dans les casiers des vestiaires. C'était vraiment un sale vicieux. Pour tout vous dire, je suis bien contente qu'il soit mort.
Artemis pâlit.
-Qui vous a dit ça ? Qui êtes-vous ? -Je l'ai lu dans le journal. Je m'appelle Rose Hind. -Hind ? -Oui. Votre père aimait bien me surnommer sa « mascotte »*. -Je vois. Et à part pour évoquer les doux souvenirs de vos années collège, qu'est-ce que vous êtes venue faire ici ? Me revendre une Bible ?
Rose enfouit le coin de l'exemplaire qui dépassait au fond de son sac. Hésita. Prit une grande inspiration.
-Très bien. Sachez que cela fait des années que je cherche une personne qui sous son apparente innocence soit la plus effroyable des créatures de Satan, n'ait pas la foi, soit intelligente, égocentrique, narcissique, assoiffée d'or, cynique et âgée de moins de quatorze ans. C'est une tâche bien plus malaisée qu'il n'y parait, mais malgré tout j'ai appris votre existence. Souhaitez-vous être la personne que je haïrais de toute mon âme, jusqu'à la mort, pour le meilleur et -surtout- pour le pire ?
Un ange passa. Rose sentait son coeur cogner furieusement contre sa poitrine. Artemis, enfin, lui répondit.
-Vous savez, bien que certains des termes qu'il a employé m'écorchent les oreilles, j'ai entendu parler d'un grand homme qui disait : « la connerie, c'est la décontraction de l'intelligence ».
Nouveau silence.
-Vous n'imaginez pas à quel point la Haine peut être bénéfique, reprit Rose. Je parle de la vraie Haine, pas des insultes et humiliations qu'on échange par routine entre camarades de classe. Vous êtes bon comédien, Artemis Fowl II, mais je sais bien que la mort de votre père vous bouleverse bien plus que vous ne le laissez entendre ; je sais que vous cachez votre peine derrière vos belles réparties cyniques et vos grands airs de petit prodige. Vous ressemblez beaucoup à votre père mais contrairement à lui vous possèdez l'innocence, la jeunesse qui fait qu'on vous prend pour un morveux stupide et une fortune familiale ébranlée. Non pas que je vous sous-estime mais je doute fort que vous soyez capable de diriger un empire du crime aussi bien que votre paterne le faisait – et ne me dites surtout pas que votre père ne faisait rien de tout ça, je ne suis pas idiote. Je vous en conjure, acceptez de me haïr !
Artemis évalua rapidement les risques qu'il encourait s'il s'avançait pour étrangler Rose à travers les grilles du portail.
-Permettez-moi de m'assurer que je vous suis bien, se résigna-t-il à dire. Vous ne m'avez jamais rencontré jusqu'à présent, vous arrivez chez moi à l'improviste, vous me baratinez avec vos histoires de haine et vos analyses psychologiques à deux roupilles, et vous vous attendez à ce que j'y crois et vous suive ?! -En effet. Je peux vous laisser le temps d'y réfléchir. -C'est tout réfléchi. -Je suis prête à parier que vous n'êtes pas du genre à prendre des décisions n'étant pas déjà mûrement réfléchies. Je vous laisse jusqu'à ce soir pour vous décider ; on se retrouvera au Phoenix Park à dix-neuf heures. -Et si je ne viens pas ? -Je reviendrais vous harceler demain matin, et tous les jours qui viennent jusqu'à ce que vous acceptiez. Au revoir, Artemis Fowl II, Dieu vous conduise au bûcher.
Rose se détourna et partit d'un pas vif vers son taxi. Artemis resta planté encore quelques minutes, puis repartit vers le manoir, plongé dans ses pensées. Ça serait pure folie de se rendre au rendez-vous fixé par Rose ; Artemis n'avait aucun doute sur la santé mentale manifestement dégradée de la jeune femme. Mais elle avait malgré tout attisé sa curiosité.
Entrant dans le hall, Artemis ignora Butler qui se précipitait vers lui, son fusil à lunette encore à la main, et alla s'enfermer dans sa chambre. Son regard convergea vers l'horloge murale : dix-sept heures. Sachant qu'un trajet entre le manoir et Dublin prenait environ cinquante minutes, il lui restait à peu près une heure pour décider : a) d'aller se jeter tête la première dans le piège d'une malade mentale b) d'être harcelé tous les jours par cette même malade mentale jusqu'à ce qu'il finisse par ordonner à Butler de l'exécuter, ce qui ne manquerait pas de lui rapporter foule de problèmes monstrueux – comme s'il n'en avait pas déjà assez.
En réalité, plus il y réfléchissait, plus l'idée de rejoindre Rose lui paraissait la plus souhaitable. Après tout, qu'avait-il à perdre ? Il n'y a pas si longtemps que ça, environ un quart d'heure, il avait sérieusement songé à se tirer une balle dans la tête.
Artemis sortit de sa chambre et se rendit dans le bureau de son père. C'était là qu'il réfléchissait le mieux, lové dans le fauteuil en cuir noir d'Artemis Senior.
En pénétrant dans la pièce, Artemis se fit une fois de plus la réflexion qu'il manquait quelque chose à ce bureau. Des ordinateurs. C'était exactement ça. Une rangée d'ordinateurs ronronnant sur le mur à droite de l'entrée, à gauche du grand bureau en bois sombre et vernis. Artemis rangea cette idée dans un coin de son esprit et alla se rouler en boule sur le fauteuil en cuir, derrière le bureau. Artemis fut troublé le temps de quelques secondes ; le parfum particulier, subtil mélange de pluie et de café noir de son père s'accrochait encore au cuir végétal. L'enfant se ressaisit et alluma l'unique ordinateur qui prenait la majeure partie de la place sur le bureau. Le reste était occupé par des paperasses diverses. Artemis lança une recherche Internet au nom de « Rose Hind ». Des milliers d'articles de botanique et de pages officielles de zoo s'affichèrent ; aucune ne concernait, de près ou de loin, Rose Hind.
Artemis éteignit l'ordinateur et s'enfonça plus profondément dans le fauteuil. Rose prétendait avoir connu son père. Ça n'était pas impossible ; avant d'aller à St Bartleby, Artemis Senior avait fréquenté l'école primaire Midwich, à Dublin. Tout comme son fils d'ailleurs.
Artemis ne pouvait décidément pas se mentir ; Rose l'intriguait au plus haut point. Le jeune garçon jeta un coup d'oeil à la montre sur le bureau : dix-sept heures quarante-cinq. Il poussa un profond soupir, sortit du bureau de son père. S'il voulait parvenir à Dublin sans que son chauffeur ne lui pose de question, il n'y avait qu'une seule solution.
Artemis se dirigea vers la chambre de Juliet, à l'autre bout du manoir.
Juliet avait deux ambitions dévorantes : être la plus populaire du collège et devenir la plus grande catcheuse du monde. Dans les deux cas, avoir un nez petit, légèrement enfoncé et retroussé était d'une importance capitale. C'est du moins ce qu'Artemis conclut quand il vit Juliet appuyer férocement sur son nez en le tordant dans tous les sens devant l'un des nombreux miroirs qui décoraient sa chambre.
-Si tu veux, je peux te prêter mon agrafeuse.
Les yeux barbouillés d'eye-liner bleu électrique de Juliet dardèrent un regard noir vers Artemis, planté sur le pas de la porte.
-Fous-moi la paix, espèce d'insecte !
Artemis grimaça légèrement. C'était mal parti.
-Tu vas à Dublin ce soir, non ? demanda-t-il.
Juliet se détourna et vérifia pour la millième fois, au moins, le gonflant de ses cheveux blonds.
-Oui, des copines viennent me chercher, répondit-elle d'un ton méfiant. Pourquoi ? T'as besoin que je te dépose, c'est ça ? -À Phoenix Park. -Hum... C'est sur ma route. Mais si je te déposais là-bas, sur le plan rhéthorique... -Théorique. -... Je te rendrais un service, acheva Juliet avec humeur. Et ça, c'est tout simplement impossible.
Pendant que la jeune fille fouillait parmis un tas de vêtements posés – ou entassés négligeamment, le terme est plus juste – sur le lit, Artemis réfléchissait à une nouvelle approche. La gentillesse – enfin, tout dépend du point de vue – marchait rarement avec Juliet ; elle avait quatre ans quand Artemis était né et lui avait « volé » son grand frère, et la jeune fille lui en voulait visiblement encore un peu de l'avoir privée de son camarade de jeux de l'époque. Surtout qu'Artemis n'était pas très porté sur les jeux, excepté le Je-te-vole-ta-poupée-Rambo-et-je-vais-la-cacher-dans-le-jardin-et-tu-me-tapes-pour-que-je-te-dise-la-cachette-et-je-pleure-et-tu-es-punie-et-tu-me-voles-mes-livres-et-je-te-tape-et-tu-pleures-et-on-est-punis-tous-les-deux ; c'était à peu près le seul jeu auquel ils avaient joué ensemble durant la plus grande partie de leur enfance commune.
-Où est-ce que tu vas comme ça, à Dublin, un samedi soir ? interrogea Artemis. -Depuis quand ça te regarde ?!
Artemis fronça légèrement les sourcils. Sa question avait inquiété Juliet. Le jeune Fowl retint un sourire ; Juliet était en route pour quelque chose d'interdit. Peut-être tenait-il là sa chance. Son regard croisa le sac à main de Juliet ; une brochure dépassait. La jeune Butler s'en aperçut trop tard et un grand sourire s'étirait sur le visage d'Artemis alors qu'elle fermait précipitamment le sac.
-Le Dr. Shar est chirurgiste esthétique, n'est-ce pas ? dit-il. Vous, les filles, vous êtes tellement ridicules... prêtes à vous enduire de silicone pour corriger une fossette mal placée et vous endetter jusqu'à vos quatre-vingt ans ! J'ai été un peu long à la détente, tout de même, ça fait déjà quelques temps que les textos que vous vous envoyez, toi et tes amies, ne commentent plus que les « exploits » que ce docteur a réalisé sur certains « thons » au lycée – ne fait pas cette tête de poisson mort, un enfant de trois ans saurait deviner le mot de passe de ton téléphone portable –... Je suppose que vous allez faire une séance de relookage commune. Et je serais prêt à parier que tu souhaites voir cette madame Shar pour ton nez.
Juliet, furieuse, ne répondit pas. Le sourire d'Artemis s'élargit. Elle était cuite.
-Tu sais que Butler pourrait bien t'enfermer dans cette pièce jusqu'à la fin de ta triste adolescence pour avoir eu ne serait-ce que l'idée de dépenser six mille euros pour te faire refaire le nez. -Bon, c'est d'accord, je t'emmène avec moi ce soir, coupa Juliet, les yeux pleins d'éclairs. Tu me serviras d'alibi. -En règle générale, les alibis ne sont pas censés se trouver sur les lieux du crime, Juliet. -Oh, la ferme, moustique ! Et ne crois pas que tu vas pouvoir faire du chantage longtemps avec moi. -Et pourquoi ça ? interrogea Artemis en lui tendant son sac à main.
La jeune Butler s'en empara violemment.
-Tu racontes rien à personne, moustique, sinon je nierai tout en bloc, c'est clair ?
-Génial, ça c'est un plan.
Juliet l'ignora et le bouscula pour sortir de sa chambre. Artemis la suivit en se frottant l'épaule, un petit sourire aux lèvres. Agacer Juliet était l'une de ses activités favorites, même si ça lui coûtait quelques bleus.
Les deux enfants dévalèrent l'escalier principal. L'horloge de la cuisine sonnait dix-huit heures quand Juliet enfila sa veste tout droit sortie du dernier numéro de Teenage Fashion. Artemis, en boutonnant son duffle-coat noir légèrement trop grand pour lui, jeta un coup d'oeil par la fenêtre. Il était tôt, mais la nuit de début décembre était déjà tombée. Demain, il neigerait.
-Tu viens, moustique ?
Artemis cligna des yeux et rejoignit Juliet à la porte d'entrée. Butler se profila à la porte de la cuisine.
-Où allez-vous, tous les deux ? -Dehors, répondirent-ils de concert. -Et... quand est-ce que vous revenez ? -Plus tard.
Juliet claqua la porte et ils se précipitèrent vers le portail. Les amies de Juliet l'y attendaient déjà dans une vieille Ford bleue, clope à la bouche.
-Qui c'est, le mioche ? demanda le chauffeur – la soeur aînée d'une des amies – alors que Juliet et Artemis se glissaient à l'arrière, déjà bondé – Artemis, à contrecoeur, dut se percher sur les genoux de la jeune Butler. -C'est le moustique, répondit Juliet. On doit l'emmener à Phoenix Park, c'est pas trop loin d'où on va, non ? -Nan, ça va, c'est tout près, répondit la conductrice en démarrant en trombe.
-Qu'est-ce qu'un bout de chou pareil va foutre à Phoenix Park ? dit – ou plutôt cria pour couvrir la voix de Joan Jett braillant le refrain de I Love Rock'N'Roll – l'une des filles tassées à l'arrière. -Ça ne vous regarde pas, rétorqua Artemis sans lui accorder un regard.
La fille éclata de rire.
-Fais attention quand même, c'est plein de clochards là-bas la nuit. Et de pédophiles.
Artemis resta coit. La fille n'insista pas.
La voiture s'engouffra dans Dublin et, en dix minutes, atteignit le Phoenix Park. Il était dix-neuf heures pile. Artemis sortit de la voiture.
-Tu appelleras mon frère si t'as fini avant moi, OK ? lui dit Juliet. Et t'as pas intérêt à cafter, moustique.
Artemis lui tourna le dos et la voiture redémarra. Le Phoenix Park était fermé. Artemis resta planté quelques minutes devant le portail, et sentit une présence dans son dos.
-Vous êtes venu finalement. Encore plus taré que ce que je m'imaginais. -Bonsoir, mademoiselle Hind. -Vous voulez boire un soda ?
Artemis se retourna.
-J'ai une tête à boire du soda ?
Rose sourit et lui tendit la main.
-J'ai aussi du thé.
Artemis fixa la main blanche, aux doigts longs et fins, tendue vers lui. Se traitant mentalement de dernier des idiots, il la saisit. Elle était chaude et lisse. Tous les deux, ils sentirent comme une décharge électrique les traverser. Plus question de faire marche arrière maintenant.
L'immeuble de Rose ne possédait pas de chauffage central. L'appartement était chauffé vaillamment par un poêle ouvragé. Artemis aurait bien aimé s'en approcher pour se réchauffer les doigts mais il était malgré tout plus prudent de rester près de la porte qu'il avait pris soin de garder entrouverte. De plus, il était bien mieux placé pour observer l'appartement à loisir pendant que Rose s'affairait dans la kitchenette.
Un papier peint vert absolument hideux et décollé par endroit, un sol recouvert de tapis épais et de mauvaise qualité, des plantes vertes, un piano poussiéreux, un canapé – probablement le lit de Rose –, une table basse, une bibliothèque avec des livres... Mais surtout un autel recouvert de bougies allumées, avec un tableau qui devait bien faire deux têtes de plus qu'Artemis et trois fois sa largeur, représentant une femme vêtue de bleu, de la même robe bleue que Rose, aux longs cheveux roux et à l'air distant. Au-dessus du tableau, il y avait une croix en bois entourée d'un soleil de la même matière. Artemis avait remarqué que Rose portait le même insigne en pendentif.
-Qui est la femme sur le tableau ? demanda-t-il à Rose qui revenait de la kitchenette, deux tasses à la main. -C'est Dieu, répondit-elle avec emphase en s'asseyant sur le canapé. Tu ne t'assois pas pour boire ton thé ? -Je ne dois pas boire ce que je n'ai pas préparé moi-même, rétorqua le jeune garçon. -Tu ne devrais pas non plus suivre une inconnue qui t'as demandé de devenir ta meilleure ennemie.
Artemis la rejoignit sur le canapé et but quelques gorgées de thé.
-Vous dites que cette femme est Dieu ? répéta-t-il. Dieu est une femme ? -Exact. (Rose but son thé d'un trait :) Mais nous en discuterons plus tard. Alors ? Vous acceptez ? De me Haïr ? -Je ne sais pas si j'en serais réellement capable ; votre définition de la Haine à l'air compliquée. -Oh, ne vous en faites pas, attendez un peu de voir à quel point je peux être horripilante et ça ira tout seul. Vous verrez, ça sera drôle. C'est un peu comme un jeu. Sans aucune règle. -J'ai donc le droit de vous tuer ? -Oui, mais tu ne le feras pas. Regarde-toi, on dirait un petit souriceau. Tu ne serais même pas capable d'étrangler un canard. De plus, une fois qu'on aurait commencé à jouer, tu ne voudras pas que ça s'arrête. C'est juste un pur bonheur de peaufiner un plan sadique pour donner envie à ton ennemi de se suicider, et d'attendre en trépidant de voir quel coup tordu il a prévu pour toi ! Oh, on a bien droit à des Jokers aussi, sinon ça serait un peu lassant à force.
-Des Jokers ? -Si jamais tu as besoin d'un coup de main, pour un truc énervant de préférence, tu peux me demander un Joker et je serais obligée de t'aider. On n'a qu'un Joker chacun par contre. Il y eut un temps de silence. Artemis finit son thé et posa la tasse vide sur la table basse. Rose toussota et prit une grande inspiration.
-Moi, Rose Bazalka Hind...
Artemis sourit. Bazalka. Le goût de la Haine était donc inné à Rose**.
-... je m'engage à Haïr jusqu'à la mort Artemis Fowl deuxième du nom, de toutes les forces de mon âme, pour le meilleur et pour le pire.
Elle posa ses yeux sur le jeune garçon assit à côté d'elle. Il planta son propre regard dans le sien.
-Moi, Artemis Fowl deuxième du nom, je m'engage à Haïr jusqu'à la mort Rose Bazalka Hind, de toutes les forces de mon âme, pour le meilleur et pour le pire.
Rose était rayonnante quand, saisissant la main d'Artemis, elle conclut :
-Je nous déclare meilleurs ennemis du monde !
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* : hind, en anglais, signifie biche, animal attribut de la déesse Artémis. ** : bazalka, en tchèque, signifie basilic. Dans le langage des fleurs, le basilic symbolise la haine.
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