Disclaimer: Le monde d'Harry Potter ainsi que ses personnages appartiennent à J.K. Rowling, aux divers éditeurs et à Warner Bros Inc. Cette fiction est écrite à but purement non lucratif, et en aucun cas avec une intention de violation de copyright.
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Après Poursuites, j'ai voulu me tourner vers quelque chose de plus sombre. Un espèce d'hommage aux films noirs que j'aime tant. Je ne sais pas ce que ça donne, ni si ça vaut le coup de continuer. J'attends vos avis!
Alice
Petites précisions: Cette fanfic ne tient pas en compte l'épilogue de la série de livres, sauf pour quelques détails. Harry et Ginny ne se sont jamais mariés. L'histoire se déroule douze ans après la guerre, les héros sont donc adultes.
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Minuit sonnait dans les rues de Londres. La pluie venait de cesser, et le béton humide brillait à la pâle lueur des réverbères. Lorsque le douzième coup sonna, le silence qui tomba n'était perturbé que par le ruissellement de l'eau dans le caniveau et les échos lointains d'un saxophone dans la nuit.
Un homme approchait. Un col relevé et un chapeau feutre masquaient son visage. Tête baissée, il semblait sur ses gardes, jetant de temps à autres un coup d’œil furtif par dessus son épaule. Il bifurqua brusquement dans une ruelle.
La complainte du saxophone se fit plus présente. Une enseigne lumineuse baignait l'artère d'une clarté verdâtre. L'homme s'arrêta devant l'enseigne. La Malédiction . Il tira quelque chose de la poche de son manteau et marmonna quelques mots. Aussitôt, une porte s'ouvrit devant lui. Sans hésiter, l'homme entra.
Il traversa un long couloir avec la diligence des habitués. La porte à double battant qui l'attendait au bout était obstruée par une véritable armoire à glace au visage impassible. Les deux hommes se fixèrent un instant, puis le cerbère s'effaça d'un pas sur le côté. Aucun mot n'avait été échangé.
L'homme entra, parcourant la pièce d'un regard efficace. L'ambiance était tamisée, la salle éclairée uniquement par les torches accrochées aux murs. Sur la scène, un jeune saxophoniste en costume jouait un lamento mélancolique. Une femme était accoudée au bar, vêtue d'une longue robe rouge. Une cigarette se consumait lentement entre ses doigts. Un couple aux mains enlacées était assis à une table. Un vieil homme élégant fumait la pipe, un verre de vin rouge à la main. Il semblait absorbé par la lecture d'un grimoire poussiéreux. Finalement, le regard de l'homme au chapeau s'arrêta sur un autre homme, assis à une table en retrait.
Celui-ci sembla sentir qu'on le détaillait, car il leva la tête. Un sourire narquois éclaira son visage, et il hocha la tête en sa direction. Le sourire ne s'effaça pas lorsqu'il vit l'autre s'approcher et s'asseoir face à lui.
«Potter.» fit-il. Son sourire n'atteignait pas ses yeux gris, qui brillaient d'un éclat glacé.
Sans répondre, l'homme enleva son chapeau, exposant des cheveux d'un noir de jais et des yeux d'un vert profond. L'autre l'examina d'un air intéressé. Un serveur s'approcha.
«Whisky. Sans glace.»
Avec une courbette, le serveur s'éloigna. Un silence tendu s'installa entre les deux hommes. Finalement, Harry Potter -car c'était bien lui- prit la parole.
«J'aurais dû me douter que tu étais ce mystérieux informateur. Pas d'honneur parmi les voleurs, n'est-ce pas?»
Un petit rire échappa à l'autre homme. Le serveur revint et posa un verre rempli de liquide ambré sur la table. L'homme attendit qu'il soit parti pour répondre :
«Pas d'honneur parmi les voleurs, c'est exactement ça. Qu'y a-t-il de mal à vendre ses informations au plus offrant ? Je dois admettre que je suis déçu, Potter. Tu n'es pas en position de te plaindre. C'est à toi et à ton agence que je vends mes informations. » Il s'arrêta, leva son verre de vin dans une parodie de toast avant de reprendre : « Pour le moment. »
Le ton était léger, mais la menace était claire. Harry tenta de contrôler la colère qui montait en lui. Il était devenu expert dans l'art de ne jamais laisser transparaître ses émotions, mais d'une manière ou d'une autre, celui là parvenait toujours à jouer avec ses nerfs:
«Oh, mais je ne me plains pas, Malfoy. Loin de là. Mais laissons de côté les mondanités, veux-tu ? Je n'ai pas plus envie que toi de passer ma nuit ici.»
Mafoy acquiesça, mais ne fit pas mine de reprendre la parole. Au lieu de ça, il fit signe au serveur de lui resservir un verre et se tourna pour regarder le saxophoniste. Harry retint un soupir excédé. L'air gourmand de Malfoy n'avait rien à voir avec la musique, il le savait parfaitement. Finalement, Malfoy se tourna de nouveau vers Harry. L'expression prédatrice s'accentua alors que son regard s'attardait sur ses épaules :
«Très bien. Que veux-tu savoir, Potter ? »
« Tu sais parfaitement ce que je veux savoir. Je veux les noms des responsables du massacre de la famille Harris. »
Malfoy eut l'air vaguement surpris. Il haussa les sourcils et hocha la tête :
« J'ai entendu parler de ça, oui. Sale histoire. Un cambriolage qui a mal tourné, si mes souvenirs sont bons. La Gazette du Sorcier en a fait des choux gras. »
« C'est la version officielle. Toi, comme moi savons que c'est plus qu'un cambriolage qui a mal tourné. La famille entière a été torturée à mort. Y compris la fille de trois ans. »
Harry fut déconcerté de voir l'expression glacée de Malfoy vaciller. Ce fut bref, quelques secondes à peine, avant qu'il ne retrouve son aplomb et son apparente indifférence. Harry poursuivit :
«L'enquête nous a été confiée. Au vu de la...délicatesse qu'elle nécessite, il valait mieux que nous nous en occupions. Les Aurors manquent de doigté quand il est question d'autre chose que de lancer des maléfices à tout va. » il fit une pause pour avaler une gorgée de whisky. «Pour des raisons évidentes, nous pensons que les cambrioleurs étaient à la recherche de quelque chose de particulier. La famille Harris est -était- puissante et influente. Georgia Harris était haut placé au ministère. Pénétrer chez eux n'a pas dû être une chose facile. Cela a sans l'ombre d'un doute nécessité des mois de préparations. Or, si la maison a été retournée de fond en comble, presque rien n'a disparu. Ils ont laissé les bijoux, l'argenterie.»
Malfoy avait l'air intéressé :
« Je suis d'accord, c'est pour le moins inhabituel. Je ne sais rien de plus sur cette histoire que ce qu'il y avait dans les journaux. » il se tut et sembla réfléchir un instant : « Cependant, tu as réussi à piquer ma curiosité. Je vais tenter de trouver des informations sur l'affaire. Néanmoins, ce sera risqué. Très risqué. »
Harry tiqua. Il avait parfaitement saisi le sous-entendu :
« Combien ? »
«Je vois qu'on se comprend, Potter. Mille gallions, transférés dans la soirée dans ma voûte à Gringotts. Et le double après, si mes informations te conviennent. »
Harry manqua de s'étouffer dans son whisky. La somme demandée était incroyablement élevée. S'il acceptait, Perkins allait certainement lui arracher les couilles pour s'en faire un collier. D'un autre côté, Malfoy était probablement le seul à pouvoir faire avancer l'affaire, qui était au point mort depuis bien trop longtemps au goût du ministère. Il tourna son regard vers la scène pour se donner une contenance. Le saxophoniste avait été remplacé par un groupe. La musique était plus rythmique et moins mélancolique. Le jeune musicien était à présent au bar, en pleine discussion avec un serveur.
«C'est d'accord. » lâcha Harry. Il serait toujours temps plus tard de gérer la tornade Perkins.
« Sage décision, Potter. » Malfoy se leva et saisit son manteau : « Je vais me mettre sur l'affaire immédiatement. »
Harry vit Malfoy se diriger vers le bar et murmurer quelques mots à l'oreille du saxophoniste. Le jeune homme le fixa un instant, puis sourit et se leva à sa suite. Harry laissa échapper un rire amer:
« Je vais me mettre sur l'affaire immédiatement. Mon cul, oui.»
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À suivre... |