Voici le sixième chapitre de L'Œil de Rê.
J'espère qu'il vous plaira. Pas mal d'action dans celui-là. Et de vilains gros mots.
Merci pour vos reviews, continuez comme ça :)
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Lorsqu’Harry se réveilla avec un corps chaud contre lui, il eut un instant de confusion. Puis les souvenirs de la nuit s’écroulèrent sur lui comme une avalanche de rochers et il retint un grognement désespéré. Non seulement il s’était fait sauter par Draco Malfoy, mais en plus il avait fallu qu’il s’endorme avec Draco Malfoy drapé autour de lui comme une couverture. Parfait.
Un sourire sardonique étira ses lèvres à l’idée que Draco Malfoy, escroc notoire, prince du sarcasme glacial, Draco Malfoy câlinait en dormant.
Précautionneusement, il s’attela à la tâche de s’extraire de l’étreinte de son amant sans le réveiller. Il fallait qu’il parte. Il fallait qu’il parte et qu’il oublie tout. Il pourrait peut-être convaincre Ron de lui lancer un Oubliettes. Il grimaça au souvenir de Gilderoy Lockart réduit à l’état mental d’un enfant de quatre ans par son ami. Peut-être pas à Ron, alors.
Au bout de quelques minutes, il réussit à sortir du lit. Il s’habilla en silence, les gestes fébriles à l’idée de réveiller l’homme qui dormait à quelques mètres de lui.
Il avait la main sur la poignée lorsqu’il entendit une voix embrumée de sommeil :
« Potter ? »
Il se figea. Malfoy ne dit rien durant quelques secondes, et Harry se prit à croire qu’il s’était rendormi. Mais Malfoy se redressa sur le lit et finit par lâcher :
« Avant de partir, demande à Millie de m’apporter du café. »
Harry recommença à respirer. Visiblement, Malfoy n’avait pas plus envie que lui de le voir rester ici. Il ignora la stupide déception qui lui serra la gorge à cette pensée et sortit de la chambre.
Il avait atteint la porte d’entrée lorsqu’il se rappela de la demande de Malfoy. Il se racla la gorge et appela « Millie ? ». L’elfe se matérialisa à ses côtés :
« Monsieur Potter a-t-il besoin de quelque-chose ? »
« Dra-Malfoy aimerait avoir du café.»
Millie l’observa un instant, haussa un sourcil, puis s’inclina aussi bas qu’elle le pouvait.
« Ce sera fait, Monsieur Potter. »
Harry sortit en se demandant s’il avait imaginé le ton moqueur de l’elfe de maison. Grommelant quelque-chose sur les stupides Malfoy dont même les elfes de maison sont sarcastiques, il s’en fut aussi vite qu’il le pouvait.
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Un mot de Colin l’attendait sur son bureau.
Je suis à Sainte-Mangouste. Susan s’est réveillée. Je t’attends.
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L’hôpital de Sainte-Mangouste était un endroit constamment en effervescence. Après avoir tenté en vain d’attirer l’attention de la sorcière de l’accueil durant dix bonnes minutes, Harry abandonna et se dirigea vers les escaliers. Arrivé au quatrième étage, il fut soulagé de voir Colin dans le couloir. Celui-ci se balançait d’un pied sur l’autre, comme il le faisait lorsqu’il était nerveux.
« Tu es déjà entré ? »
« N-non. Je n’avais pas envie d’y aller tout seul. Je n’arrive pas à trouver un Guérisseur pour lui demander dans quel état je vais la trouver. »
Harry lui posa une main réconfortante sur l’épaule et actionna la poignée. Pitié, faites qu’elle aille bien, songea-t-il en entrant, la gorge nouée et les mains tremblantes.
Quatre lits étaient alignés. Un seul avait les rideaux tirés. Après une hésitation, Harry se glissa derrière le rideau, suivi de Colin.
Susan était assise sur son lit, tête baissée. Elle ne releva pas la tête lorsqu’Harry et Colin entrèrent.
« S-Susan ? » La voix de Colin était rauque.
Pendant quelques secondes, Harry crut que Susan n’avait pas entendu. Puis elle leva finalement les yeux vers eux. Ils étaient rouges et gonflés, comme si elle avait passé des heures à pleurer.
« Blaise. Ils ont pris Blaise. »
Harry sentit ses genoux trembler, un immense soulagement se mêla à sa douleur pour son amie. Susan avait l’air d’avoir retrouvé toutes ses capacités, et il ne pouvait que s’en réjouir.
« Nous faisons tout pour le retrouver.» Colin attrapa la main de Susan et s’assit au bord du lit.
« J-je peux vous aider. »
« Il faudrait que tu nous raconte ce qui s’est passé ce soir-là. En détail. »
Susan ferma les yeux et prit une inspiration tremblante.
« J-Je venais de rentrer du travail. Blaise était à l’étage avec Emily et Nathan. J’ai crié à Blaise que j’étais rentrée. J’étais en train de préparer à manger lorsqu’une des barrières de sortilège de la grille a été brisée. Blaise a entendu aussi. Il a dit aux enfants de rester en haut et il est descendu. Je t’ai envoyé un Patronus. Et puis, la porte a volé en éclat. Quatre hommes sont rentrés dans la maison et nous ont criés de ne pas bouger. Nous avons obéi car ils étaient trop nombreux pour nous deux. Mais Nathan…Nathan a dû avoir peur du bruit, et il est descendu. Après, tout s’est passé très vite. Un des hommes a s-stupéfixé Nathan, alors je lui ai sauté dessus et j’ai réussi à le désarmer. Un autre homme m’a lancé un Doloris et…c’est tout ce dont je me rappelle. Quand je me suis réveillée, les Guérisseurs m’ont dit que Blaise avait disparu et que Nathan était sorti de Sainte-Mangouste hier pour aller chez ma sœur avec Emilie. »
Des larmes roulaient sur les joues de Susan, mais lorsqu’elle reprit, sa voix était déterminée.
« Vous devez retrouver Blaise. J’ai pu voir le visage d’un des hommes. Je suis certaine que je l’ai déjà vu quelque part, mais je n’arrive pas à mettre un nom sur sa tête. »
Colin sortit une petite flasque de sa poche.
« J’aurais besoin du souvenir de ce soir-là, Susan. »
Susan acquiesça et saisit sa baguette sur la table de nuit. Ses yeux se fermèrent lorsqu’elle posa le bout de sa baguette sur sa tempe, en tirant une substance bleutée et tremblante qui flotta dans l’air, attendant d’être guidée jusqu’à la bouteille.
Lorsqu’elle rouvrit les yeux, son regard passa de Colin à Harry, brillant d’une rage à peine contenue :
« Trouvez ceux qui ont fait ça. Trouvez Blaise. »
Colin hocha la tête et tourna les talons d’un pas mal assuré. Harry tenta un sourire en direction de sa coéquipière et s’élança à sa suite. Il le trouva dans le couloir, le front posé contre le mur et les yeux fermés.
« On va le retrouver, Colin. »
Colin laissa échapper un petit rire :
« J’aimerais te croire, Harry. Mais ces types ne reculent devant rien. Enfin, tu as vu ce qu’ils ont fait à Nathan ? Un gosse, Harry. »
« Ils ont besoin de Blaise Zabini. Ils ne lui feront pas de mal. » Pas plus qu’il ne peut le supporter, du moins, songea Harry, et son estomac se contracta douloureusement. Il reprit : « Allons regarder le souvenir de Susan. »
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La porte vole en éclat et quatre silhouettes encapuchonnées entrent, baguette pointées vers l’avant.
« Pas un geste ! Jetez vos baguettes au sol.»
La voix est autoritaire et menaçante.
Susan et Blaise se figent, échangent un regard, puis lâchent leurs baguettes.
« Que faites-vous ici ? Que cherchez-vous ? » La voix de Blaise est calme et posée, mais sa mâchoire se contracte nerveusement.
« Ce qu’on cherche ? Maintenant qu’tu me l’demande… M’semble bien qu’c’est toi, mon vieux. » Ricane un autre homme d’une voix nasillarde.
« B-Blaise ? » Susan bégaie un peu. Elle tourne légèrement la tête vers son époux, qui a l’air aussi confus qu’elle.
Blaise ouvre la bouche pour répondre, mais un cri jaillit derrière eux. Un petit garçon à la peau mate se tient dans l’entrebâillure de la porte, l’air terrifié.
« MAMAN, PAPA ! »
Tout s’accélère après ça. Un des hommes gronde un sortilège de Stupéfixion et le petit garçon tombe en arrière. Susan se jette sur l’homme comme une furie. Blaise ramasse sa baguette et tente de maîtriser les trois autres.
« ENDOLORIS ! »
L’homme est à visage découvert, ses longs cheveux bruns sont attachés en queue de cheval et ses yeux brillent d’une cruauté froide. Susan se tord de douleur sur le sol. Lorsque le sortilège prend fin, elle est pantelante, ses yeux grands ouverts fixent Blaise d’un air hagard.
Blaise pousse un cri d’animal blessé, mais il est trop tard, des cordes sont apparues autour de ses poignets et ses chevilles et il tombe à genoux. Un des hommes l’agrippe par les cheveux et lui crache :
« On va voir si tu as toujours envie de te battre quand tu auras vu ta petite dinde se faire torturer à mort devant toi. »
« Au nom de la loi, je vous arrête. », ricane le tortionnaire de Susan. La haine passe dans les yeux de Blaise lorsqu’il reconnait celui qui pointe à présent sa baguette sur le corps désarticulé gisant au sol :
« ENDOLORIS ! »
Tout devient noir.
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Harry recula le plus loin de la Pensine que la pièce exiguë le permettait. Il entendit Colin pousser un gémissement étouffé :
« Le fils de pute… »
Harry hocha la tête, incapable de prononcer un mot.
«Le fils de pute… » Répéta Colin, plus fort, les yeux luisant de rage. Ses poings se serrent en un mouvement inconscient.
«Il faut que Perkins voie ça. » Finit par articuler Harry d’une voix blanche.
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Lorsque Charles Perkins releva sa tête de la Pensine, son visage était presque violet.
« Saddler. Stupide. Misérable. Morpion. » Il tapa du poing sur la table, qui fit savoir son indignation en laissant échapper un craquement inquiétant. Perkins marmonna « Spero Patronum ». Les mots qu’il grommela au Croup translucide étaient inintelligibles pour Harry et Colin, mais après un jappement enthousiaste, le Patronus disparut.
Il fit signe à Harry et Colin de le suivre.
Quinze minutes plus tard, Kingsley Shacklebolt faisait irruption dans le bureau de Perkins, sourcils froncés.
« Charles, je suis venu le plus vite que j’ai pu. D’après ce que j’ai compris, tu as des nouvelles de l’affaire Zabini ? »
La voix grave et posée de Shacklebolt sembla calmer Perkins, qui poussa un soupir et lui raconta le contenu du souvenir de Susan. Lorsqu’il eut fini, Shacklebolt lâcha un profond grondement. Harry, qui n’avait jamais vu l’homme –d’ordinaire imperturbable –s’énerver, recula d’un pas par réflexe.
« Un souvenir n’a aucune valeur judiciaire. Nous ne pouvons pas arrêter Saddler sur cet élément, mais, pour moi, c’est suffisant pour ordonner une perquisition chez ce pourri dès ce soir. Je vais rassembler les Aurors en qui j’ai confiance et organiser ça. » Lorsque Perkins ouvrit la bouche pour protester, Shacklebolt lui lança un regard sévère : « Les perquisitions, et tout particulièrement celles qui peuvent mener à une arrestation en bonne et due forme, relèvent des Aurors, Charles. Cependant, j’accepte que messieurs Potter et Jacobs nous accompagnent, à la condition qu’ils obéissent strictement aux ordres et qu’ils ne fassent pas de vague. » Ses yeux se posèrent sur Harry et Colin, qui hochèrent la tête avec empressement.
« Bien, suivez-moi, vous deux. Charles, je te tiendrai au courant. »
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« En cas de résistance de la part de Saddler, ne vous laissez pas impressionner. Cet ordre de perquisition vient de moi, il n’a pas le pouvoir de le révoquer. »
La voix calme de Shacklebolt résonnait dans la salle ou étaient réunis les huit Aurors choisis pour la perquisition.
« Il est possible que Saddler réagisse de manière violente, et il est possible aussi qu’il ne soit pas seul. Si vous vous trouvez en sous-nombre, appelez des renforts. Je tiendrai une équipe prête à tout moment. Des questions ? » Lorsqu’aucune voix ne s’éleva, Shacklebolt hocha la tête et reprit : « Bonne chance, Aurors. »
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L’Auror en charge de la mission, un homme trapu que ses collègues appelaient Evans martela la porte avec force. Elle s’ouvrit devant un Saddler visiblement agacé d’être dérangé. Ses yeux se posèrent sur l’homme qui avait frappé :
« Evans ? Que signifie cette intrusion ? »
L’autre lui jeta un regard méprisant qui laissa penser à Harry qu’il n’appréciait pas beaucoup Saddler et commença d’une voix impassible :
« Au nom du Ministère de la Magie, nous vous ordonnons de rester calme et de ne pas entraver le travail de la justice. Une perquisition mandatée est en cours. Veuillez reculer et laisser passer les Aurors. »
Saddler laissa échapper un rire incrédule :
« C’est une plaisanterie, j’espère. Je suis le chef junior des Aurors. Votre supérieur. Vous n’avez aucun droit sur moi. »
Evans sourit froidement :
« La perquisition mandatée est signée de la main de Kingsley Shacklebolt, actuel Ministre de la Magie. Veuillez-vous écarter. Dernier avertissement avant le recours à la force. Veuillez me tendre votre baguette sans mouvement brusque.»
Saddler, pâlit et recula.
Tout alla très vite. Un homme surgit derrière Saddler et stupéfixa un des Auror. Aussitôt, les autres Aurors entrèrent en force dans la maison. Saddler fut désarmé et attaché, l’autre attaquant maîtrisé.
Harry et Colin suivirent Evans, qui aboyait des ordres à ses coéquipiers. Ils le virent marmonner Hominium Revelio. Une boule de lumière dorée jaillit de sa baguette et flotta en direction de ce qui ressemblait à la porte d’un placard. Après avoir désactivé les sorts de protection qui l’entouraient, les trois hommes se trouvèrent face à un escalier qui s’enfonçait dans les profondeurs de la maison. Ils descendirent, baguette pointée.
En bas des escaliers régnait le noir le plus complet. Trois Lumos furent prononcés simultanément. Harry laissa échapper un glapissement à la vue de l’homme affaissé dans un coin de la pièce, les mains maintenues au mur par des fers.
Il vit Colin se précipiter vers lui et le secouer : « Blaise ! »
Harry accourut et grimaça. Blaise Zabini était en mauvais état. Son visage était gonflé par les coups, sa peau noire assombrie par les hématomes. Il avait la lèvre et l’arcade ouverte, et un filet de sang coulait sur sa tempe.
Harry pointa sa baguette sur le visage de Blaise et murmura « Enervatum ». Les paupières de l’homme battirent et il sembla paniqué à la vue des deux hommes penchés sur lui. Il tenta faiblement de se débattre.
« Blaise…Blaise ! C’est moi, c’est Colin ! On va te sortir de là ! »
Blaise fixa Colin un instant, tentant d’écarquiller ses yeux gonflés.
« C-Colin…Le coffret…je suis désolé…Le coffret avec la b-bague, je l’ai… »
« Hé ! Les détectives ! » La voix d’Evans les fit sursauter. Ils se tournèrent pour le voir désigner quelque chose par terre.
« Je crois qu’on a un problème… » Reprit Evans.
Sur le sol, négligemment jeté, un écrin de bois. Vide.
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Harry et Evans remontèrent les marches quatre à quatre, laissant Colin s’occuper de Blaise Zabini. Lorsqu’ils déboulèrent dans le couloir, ils furent accueillis par Saddler, parfaitement libre de ses mouvements. Un Auror gisait à ses côtés, le visage bleui. Saddler jouait avec sa baguette et semblait les attendre. Il leur adressa un sourire sardonique :
« Quel dommage ! Une heure plus tôt et j’aurais été cuit. »
Evans hurla :
« SADDLER, JETTE TA BAGUETTE ! »
Le sourire de Saddler s’élargit.
« Monsieur Potter, quel plaisir de vous revoir ! Je suis tout à fait ravi. Venez donc me serrer la main. »
Les mots se fichèrent dans l’esprit d’Harry comme une volée de flèches chauffées à blanc et, sans qu’il ne puisse l’empêcher, son corps fut poussé en avant par une force invisible et sa main serrait celle de Saddler. Celui-ci se rapprocha et se pencha à l’oreille d’Harry.
« Vous savez, Potter, je me suis demandé comment vous aviez échappé à ma petite surprise de l’autre soir. Aujourd’hui, j’ai trouvé. C’est très touchant, le voleur qui tombe amoureux du justicier. Mais, dans la vie, ça ne fonctionne pas comme ça… » Il ricana : « Votre petit copain doit être dans un sale état à présent. »
Sur ce, il recula et agita la main en une parodie de salutation, exhibant la bague en forme d’œil qui ornait son annulaire.
« Au plaisir, messieurs. »
Il disparut.
Il fallut une minute à Harry pour que son esprit se remette de l’intrusion qu’il avait subi. Il en fallu une autre pour que l’impact des dernières paroles de Saddler ne le frappe de plein fouet.
Votre petit copain doit être dans un sale état à présent.
Merde.
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à suivre...
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Vous me connaissez, je suis toujours aussi sadique ;) La suite (et probablement la fin) trrrrèèès bientôt. Cette fiction joue avec mes nerfs, je ne plaisante pas. J'ai réussi à me stresser toute seule en écrivant ce chapitre. J'attends vos avis ! |