Louise : Salut ! Désolée je suis en avance… Je… Il fallait que je vienne le plus vite possible… Je peux entrer ?
Moi : Mais bien sur ! Tiens, assis-toi sur le canapé. J’ai fait du gâteau tu veux boire quelque chose ?
Louise : Je veux bien un café s’il te plait… ça sent bon !
Moi (en me dirigeant vers la cuisine) Oui ! J’ai passé la matinée en cuisine ! Elsa est à l’école aujourd’hui donc le stress me fait préparer à manger… Et tu me connais, je suis quelqu’un de tellement stressé que je pourrais me reconvertir en chef cuisinier ou pâtissier. Je me vois bien bosser en pâtisserie ! Et là je n’aime pas te voir comme ça. Ca me stresse. Et donc je parle. Tu veux que je fasse des meringues ? Ou des macarons ? Un crumble !!! Je vais te faire un crumble aux fraises ! Tu adores les fraises ! Ah ! Ton café est prêt ! Mon Dieu je stresse.
Ma sœur m’avait suivie dans la cuisine et m’écoutait parler avec un sourire en coin. Ce genre de sourire qui signifie « heureusement que tu es là » qu’elle arbore quand elle ne va pas bien et qu’elle est en présence d’une personne de confiance.
Louise : Merci Tom. Pour le crumble tu n’es pas obligé, tu as déjà préparé beaucoup de choses !
Moi : C’est ça ou je pleure.
Louise : Tu as beaucoup de fraises ? (dit-elle avec un clin d’œil)
Moi (avec un énorme sourire) : Des tonnes !! Pendant que je cuisine tu me racontes tout ! Aller c’est parti !
Louise : Voilà… Tu sais à quel point j’étais proche d’Irène… Vous formiez un couple tellement beau et… Je la considérais comme ma sœur ! Votre accident… M’a complètement bouleversée… Tu étais si mal… Et Elsa avait tellement besoin de toi ! Je n’ai pas osé venir te parler… Je ne voulais pas revenir à Paris… Voir votre chagrin, votre douleur et votre difficulté pour surmonter ces épreuves m’aurait achevé. (Je pris conscience que des larmes coulaient sur mes joues… je ne sais pas pourquoi elle ressasse ça mais mon chagrin est encore bien présent ! Je souffre tous les jours…) A la suite de votre accident, j’étais incapable d’avaler quoi que ce soit. Petit à petit j’ai réussi à manger un peu… Suffisamment pour survivre. Ca a duré deux ans et demi… J’ai fini tellement faible que, il y a six mois, je me suis écroulée en me levant après une nuit d’insomnie. Mes voisins du dessous qui étaient déjà levés sont montés voir ce qu’il s’était passé et m’ont trouvé inconsciente par terre dans ma chambre. Les pompiers sont vite arrivés et m’ont rapidement emmenée à l’hôpital… Là-bas j’ai été nourrie, non sans difficultés et soignée. Un psychiatre est venu me voir… La première question qu’il m’a posée m’a profondément choqué… Il m’a demandé « Depuis quand êtes-vous anorexique madame ? » je lui ai demandé de partir. Une dame est arrivée un moment après pour le remplacer. Avec elle ça s’est très bien passé. En lui racontant ce que j’avais ressenti après votre accident elle a tout de suite compris que je ne suis pas anorexique, ou du moins que je n’ai aucun problème avec mon poids… Ma dépression m’a rendue incapable de me nourrir et m’a… presque… Tuée. (Je m’applique pour couper les fraises en morceaux tout en écoutant ma sœur avec attention mais non sans difficultés pour retenir mes larmes.) Tom… Mon cœur s’est énormément affaibli… Je risque l’arrêt cardiaque à tout moment, selon le médecin, il ne tiendra pas un an… Tom je… Je vais mourir. |