Elsa : Tata va habiter avec nous ?
Moi : Oui… Elle a de gros problèmes de santé et ne peut pas rester vivre seule, donc elle va rester avec nous, on va prendre soin les uns et des autres et…
Elsa : Et quand tata va mourir elle sera avec nous.
Moi : … Voilà… Comment tu ressens ça chérie ?
Elsa : Je ne veux pas qu’elle meure toute seule à l’hôpital comme maman… Je n’ai même pas pu lui faire de câlin…
Je pris ma princesse dans mes bras.
Elsa : Toi tu ne vas pas mourir hein papa ?
Moi : Non ma princesse. (Je déposai un bisou sur son front) je serai toujours à tes côtés. Toujours.
Les semaines et les mois se passèrent tranquillement. Elsa apprécie d’aller à l’école, Louise se porte bien, et moi je suis traducteur de romans allemands dont je fais également la critique que j’envoie à plusieurs revues et journaux. Cela me permet de travailler chez moi et d’être aux petits soins pour ma fille et ma sœur qui a tenu à garder son emploi de documentaliste dans un lycée pour m’aider à payer les factures et a contracter une assurance vie à son nom donc je serai l’unique bénéficiaire (ce qui a créé quelques tensions entre nous !). Souvent le soir, Louise rentre à la maison avec un livre pour compléter mon immense bibliothèque, prétextant que « il faut bien empêcher que ces livres soient jetés ! » mais elle sait parfaitement qu’un livre est à mes yeux un trésor inestimable, elle est gênée de vivre chez moi alors elle me gâte ! Nous avons eu la chance d’avoir une famille très littéraire, nos grands-parents et parents étaient tous de grands passionnés de la lecture qui nous ont transmis cet amour de la littérature… Je permets à un plus grand nombre de bénéficier du même ouvrage et ma sœur les transmet à ses élèves ! C’est alors que le jour que je redoutais tant arriva. Cette journée avait bien commencé… Je m’étais levé pour préparer Elsa, Louise était déjà dans la cuisine, sirotant son thé. Elle semblait ailleurs, le regard dans le vide…
Moi : A quoi tu penses ma Louise ?
Louise : Je me disais que ce ne serait pas une mauvaise idée de prendre quelques jours de congé… Je me sens épuisée en ce moment… Tu m’accompagnerais chez le médecin ce midi ?
Moi : C’est une excellente idée ! Tu m’appelles quand tu es libre, je t’emmène manger et on va voir pour tes congés !
Ma sœur se leva, déposa un bisou sur le front de ma princesse, vint me serrer dans ses bras et m’embrassa sur les deux joues. Puis elle saisi son manteau, son sac, et se dirigea vers la porte d’entrée. J’ignorais à ce moment précis que cette vision de ma sœur avec son merveilleux sourire satisfait serait la dernière… Je voulais qu’elle reste vivre chez moi pour toujours, qu’on soit ensemble afin que je puisse la protéger comme j’ai manqué de le faire. Le coup de téléphone qui me brisa le cœur arriva en fin de matinée alors que j’étais plongé dans un bouquin.
… : Mr Flin ? C’est votre sœur… Elle a fait un arrêt cardiaque sur son lieu de travail… |