Chapitre 05

Comment connaissez-vous mon nom?

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Une épaisse fumée entourait deux corps inanimés sur le sol terreux de la forêt. D'énormes racines ressortaient du sol, créant comme un cocon autour d'eux. Des bruits de pas se faisaient entendre, pourtant discrets, pourtant en chasse.

Car oui, à ce moment là, ils étaient proie à un prédateur. Et ils n'en avaient pas conscience. Un corps s'anima, reprenant du souffle comme si celui-ci lui avait été retiré sous une longue torture. Le corps se redressa brusquement, les yeux exorbités. La bouche ouverte, le bras tendu en avant, un cri semblant se perdre.

L'instant se figea. Un rapide coup d'œil suffit à signaler le lieu : la Forêt Interdite. Un craquement et une tête se tourna dans sa direction. Prise de conscience grave lorsque le regard de la proie rencontra celui du chasseur. Il ne suffit à celui-ci que d'une demi seconde pour s'élancer dans sa direction, avec la ferme intention d'achever sa chasse.

Le second corps fit bouclier d'une rapidité impressionnante, pointant sa baguette en direction du félin féroce qui retroussait ses babines, dévoilant des crocs ensanglantés. Ils se faisaient face mais à présent la bête savait une chose : les rôles étaient à présent inversés. Un grognement de mécontentement et elle décida d'avouer sa défaite, leur tournant le dos avant de s'enfoncer dans l'obscurité de la forêt.

Le vainqueur baissa sa baguette, ne montrant pas son soulagement. Il était de taille moyenne et une carrure très peu développée. Il semblait fin à vrai dire dans ses robes de sorciers qui semblaient être trop grandes pour lui. Des cheveux mis longs noirs, certaines pointes tentant de chatouiller les épaules. Lorsqu'il se retourna, on put faire face à deux puits sans fond faisant office d'yeux. Un nez quelque peu crochu mais qui donnait du caractère à ce visage fin et pâle. Il avait les mâchoires serrées et le regard dur.

« – Je peux savoir Miss Granger à quel moment vous comptiez vous défendre ?

La miss en question écarquilla les yeux, désarçonnée. Ce jeune homme lui semblait si familier et pourtant, elle était sûre de ne jamais l'avoir rencontré.

– Comment connaissez-vous mon nom ? Se reprit-elle, suspicieuse.

Elle se redressa lentement sous le regard froncé de celui qui lui faisait face. Elle ne faisait aucun geste brusque, ne souhaitant pas se recevoir un sort lancé dans la précipitation. Elle dressa sa propre baguette dans sa direction, reprenant de l'aplomb. Le jeune homme se permit un sourire narquois et un sourcil se soulevant devant ce qui semblait être une scène comique.

– Je vous ai demandé comment vous connaissiez mon nom, insista-t-elle avec plus d'assurance.

– Je savais qu'il vous arrivait d'être au même niveau que Weasley et Potter mais je ne pensais pas que c'était à ce point Miss Granger, lui répondit-il, pas un brin impressionné.

Ce sarcasme, ce regard, ce dédain et cette posture. Tout lui hurlait le connu. Elle le connaissait mais… c'était impossible.

– Professeur Rogue…. ? Souffla-t-elle incertaine, n'y croyant pas elle-même.

– Qui d'autre, voyons ?

La jeune fille blanchit à cette réponse si propre à son professeur de potion. Elle abaissa quelque peu sa baguette, déconcertée. Elle fit un mouvement souple du poignet et un miroir apparut dans ses mains qu'elle lui tendit. Celui-ci la regarda vraiment comme si elle était folle. Pourquoi ressentirait-il le besoin de s'admirer ?

– Je sais ce que vous allez dire, le coupa-t-elle. Mais faîtes-moi confiance, vous devez regarder.

Le ton était sans appel. Intrigué, il concéda de prendre l'objet et se plongea dans son reflet. Il ne réagit pas sur le coup, ne réalisant pas ce qu'impliquait l'image qu'on lui renvoyait. Puis, la conscience prit le dessus et la panique trouva sa place sur les traits de Rogue. Il posa une main sur son visage, l'attrapant du bout de ses doigts et tirant dessus. On aurait dit qu'il souhaitait retirer un masque collé à sa peau. Mais sans succès.

Sans s'en rendre compte, il posa un regard alarmé sur la jeune fille qui n'en menait pas large. Il jeta le miroir à terre, le brisant et se jeta sur son élève, l'attrapant par le col de sa chemise. Son visage fermé, menaçait ouvertement la Gryffondor.

– Que m'avez-vous fait Granger ?

– Je ne vous ai rien fait Professeur. Je ne sais pas non plus ce qu'il s'est passé ! Je finalisais le rituel, Voldemort est arrivé… Ron est mort et Harry m'a poussé dans le portail. J'ai voulu me rattraper ...et ...et j'ai attrapé quelque chose, réalisa-t-elle soudainement. J'ai attrapé quelque chose qui est tombé avec moi… C'était vous !

– Vous allez m'expliquer en détail cette histoire de rituel et portail.

– Très bien mais relâchez-moi avant.

Ce n'était pas discutable. Il pouvait avoir un mauvais caractère, mais elle était aussi têtue. Celui-ci relâcha la pression et s'écarta. Elle se lança dans le récit. Partant de ses héritages jusqu'à l'idée de défaire le mage noir. Tout au long de la narration, le brun n'émit aucun son ou aucune émotion. Il analysait chaque mot prononcé.

– Si je comprends bien, nous sommes dans le passé, en conclut-il.

– Tout à fait. Nous sommes normalement à la sixième année des parents de Harry.

– Pourquoi cette année ?

– C'est à cette année que l'Ordre du Phoenix est formée. Nous voulions pouvoir activement contribuer aux actions de Dumbledore.

– Je comprends. Donc il ne nous reste plus qu'à détruire une bonne fois pour toute Voldemort, déclara-t-il à la grande surprise de l'adolescente.

– Nous ?

– Bien-sûr. Vous pensiez réellement pouvoir vous en sortir sans mon aide ? Je vous rappelle que si je suis de nouveau dans ce corps si faible c'est par votre faute. Je ne vais pas vivre ce cauchemar sans m'assurer que cela n'aura pas été vain.

– Mais… !

– Et je vous déconseille de me contredire. Je suis ce qui pourrait le plus s'apparenter à un guide pour vous dans votre situation. Vous ne connaissez pas cette époque alors que moi si. Je connais bien plus de faits à éviter que vous. Je compte bien changer les choses, répondit-il avec détermination.

Hermione fut soufflée par cet élan. Elle voyait même comme de l'espoir dans son regard. Voyait-il lui aussi cette opportunité comme une seconde chance ? Elle étira un fin sourire et lui présenta sa main.

– Partenaires alors ?

Le maître de potion regarda cette main sans retenir une grimace prendre place sur son visage. Et pourtant, sa main rejoignit la sienne et la serra franchement.

– Très bien Granger, nous serons partenaires. Je dois dire que la situation n'est pas pour me plaire mais nous aurons plus de chance en collaborant. Mais...commença-t-il en la tirant soudainement contre lui, je vous déconseille de me causer des problèmes. Je connais vos élans impulsifs de Gryffondor et je refuse que notre mission soit en danger à cause de vous. Vous devrez m'écouter, la menaça-t-il sombrement.

Alors qu'il pensait que son petit effet avait fonctionné, sur le point de lâcher la main, il sentit au contraire que la prise fut raffermie. En effet, Hermione le colla d'autant plus à elle, approchant leurs visages.

– Je tiens à vous rappeler aussi que je ne suis plus une enfant et que je sais contenir mes élans Gryffondor comme vous l'avez si bien dit. Je vous demanderai donc de me considérer comme votre égale et ne pas penser que je vous écouterais aveuglement. La communication sera notre seule solution, conclut-elle bravement, d'une voix basse avant de s'éloigner.

Si le rapprochement soudain avec Rogue l'avait dans un premier temps perturbé, elle n'eut aucun mal à lui répondre sur le même ton. L'homme laissa transparaître un moment sa surprise avant de laisser uniquement voir un regard intéressé, voire même fier. Mais ça, elle n'en aurait jamais la confirmation.

– Que faisons-nous à présent, relança la jeune fille.

– Je ne sais pas à quelle période de l'année nous sommes et je dois vous avouer que cette situation est très instable. Il faut savoir si je suis le seul Severus Rogue présent à cette époque et je pourrais ainsi récupérer ma place en tant qu'élève. Vous concernant, vous devriez rejoindre votre ancêtre pour récupérer le titre de Lady Tolstoï. Il sera facile de programmer un transfert d'élève. Je n'ai aucune doute sur votre réussite aux tests d'entrée.

Ces mots touchèrent plus Hermione qu'elle ne l'aurait avoué. Elle hocha la tête et sortit de sa bourse un petit miroir qu'elle lui tendit.

– Je me suis déjà assez regardé, cela ira, siffla-t-il de mauvaise humeur.

– Ce miroir n'est pas là pour ça. Mais il sera notre moyen de communication. Ils sont connectés entre eux, expliqua-t-elle en désignant un second miroir.

Il consentit à prendre l'objet et à le plonger dans une de ses poches.

– Souhaitez-vous que je vous accompagne pour la vérification de votre place ?

– Pensez-vous réellement que je puisse faillir dans une mission si simple ? Je vous rappelle ma position de double espion Miss Granger ? Rétorqua-t-il de manière hautaine.

Hermione ne put malgré tout s'empêcher de répondre par un sourire, pas du tout vexée. Elle discernait presque de l'humour dans les propos de l'homme.

– Non, je vous fais confiance, lança-t-elle. Mais au cas où, tenez. Elle sortit un papier plié de sa poche et le mit fermement dans les mains de Severus avant de finalement transplaner sous ses yeux. »

Il n'en fallut pas plus pour qu'il traverse la forêt, baguette relevée. Ils n'étaient décidément pas arrivés dans le meilleur endroit.

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Hermione transplana jusqu'au manoir principal des Tolstoï. Elle devait raconter son histoire à Matvei. Elle découvrit la même bâtisse, recouverte par la nature. Elle comprenait qu'il souhaitait donner l'impression d'une maison abandonnée. Elle ouvrit sans difficulté la porte et se dirigea naturellement vers le grand portrait.

Celui-ci fut quelque peu surpris de constater avec quelle aisance cette jeune fille se déplaçait dans son manoir. Il lui envoya un regard dur, tentant de discerner la nouvelle venue. Elle n'en fut pas déstabilisée à l'étonnement du Lord. Au contraire, elle fit une révérence souple et lui retourna un sourire chaleureux.

« – Je suis heureuse de te revoir Matvei.

Considérant le fait qu'il était un tableau magique, il ne pouvait pas mourir et pourtant, il aurait bien besoin d'une crise cardiaque pour quelques secondes. Qui était cette jeune fille ? Elle sortit un pendentif de sous sa chemise qu'il ne connaissait que trop bien.

– Je te dois des explications, avoua-t-elle avant de lui raconter toute l'histoire. »

Beaucoup d'émotions passèrent sur le visage du Lord. Pour finalement donner une expression presque apaisée. Il savait qu'elle ne mentait pas et qu'il se devait de la soutenir dans sa mission. Ils lancèrent donc les procédures, contactant le gobelin familiale qui se rendit sur place afin de constater de la véracité des propos. Elle dût donner de son sang afin de prouver son affiliation avec Matvei et signer tout un tas de papiers.

Elle se retrouva finalement avec une magnifique chevalière à son doigt avec les armoiries de sa famille. Elle en ressentit une fierté immense. Elle allait représenter les Tolstoï.

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D'un pas léger, Severus traversa les couloirs, les yeux rivés sur la carte. En effet, il savait déjà comment se servir de cette carte si ingénieuse, il fallait l'avouer. Harry lors de sa cinquième année le lui avait montré, dévoilant l'un des secrets des Maraudeurs. Il comprit rapidement comment ces adolescents s'étaient souvent échappés de situations fâcheuses.

Après une longue vérification, il avait constaté qu'il n'y aucun autre Severus Rogue présent dans le château. Regardant ses vêtements, il comprit qu'il possédait toujours ses vêtements de professeur. Il devait aller se changer.

Il vit arriver en plein sur lui certains Serpentards qu'il préférait éviter. Il prit la direction d'un passage secret dont il n'avait même pas connaissance de l'existence tout en poussant un soupir discret. Il éloigna le regard de la carte et finit de traverser le passage secret. Il épousseta sa cape vigoureusement.

« – Où est-ce que tu as traîné pour avoir autant de poussière Sevy ? Lui demanda une douce voix.

Il se figea, prenant conscience du propriétaire de cette voix. Il dût faire preuve de courage pour trouver la force de se tourner vers elle. Il rencontra ces cheveux d'un roux flamboyant et ces yeux émeraudes qui lui avaient tant manqué.

– Lily, murmura-t-il avec émotion. »

La jeune fille lui fit un sourire étincelant, envoyant un souffle de bien-être au pauvre homme qui ne savait pas si il allait réussir à retenir ses larmes. Et pourtant, ses lèvres s'étirèrent et formèrent un sourire des plus sincère. Un sourire qui n'avait plus fleuri depuis sa mort.