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La terre de chagrin
Par miss-temperance
Originales  -  Romance/Fantaisie  -  fr
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Les coupables ne se montrent jamais...

Chapitre 5 : Les coupables ne se montrent jamais

 

            Megghan se leva du banc de bois inconfortable, soulagée que la cérémonie hebdomadaire en l’honneur de Dana soit enfin achevée. Ce rituel du mercredi matin avait toujours été une véritable corvée pour elle… Elle sourit à sa mère et à sa sœur aînée Elena, et elles se dirigèrent d’un même pas vers la sortie du temple. Megghan cligna brusquement des yeux, éblouie par le soleil qui brillait au dehors. Elles dévalèrent les marches du temple et empruntèrent la petite ruelle qui devait les conduire jusqu’au palais. Elles étaient étroitement escortées par une demi-douzaine de chevaliers d’Edoras, vêtus de leur tunique jaune, frappée d’un cheval noir, emblème de la ville.

            Soudain, une voix d’homme s’éleva près d’elles.

« Mes Dames ! Mes belles Dames ! Je vous en prie…L’aumône…Pour nourrir ma pauvre fille ! »

Megghan observa intriguée la silhouette encapuchonnée qui s’était adressée directement à elles. Aucun habitant sensé de la ville n’aurait osé leur demander la charité…Cet homme était soit fou soit étranger…ou désespéré, songea-t-elle. Pourtant, elle n’avait pu noter aucun accent dans sa voix, ce qui éliminait l’hypothèse de l’étranger. Les chevaliers allaient l’écarter sans ménagement de leur chemin mais sa mère les interrompit dans leur mouvement, leur ordonnant de s’écarter. Elle s’avança vers l’homme. Curieuse, Megghan s’approcha également tandis que sa sœur restait auprès des chevaliers.

« Pauvre homme ! », murmura Lucilla en se penchant vers le mendiant. Elle semblait véritablement désolée. « Je crains de n’avoir pas grand-chose à vous offrir…Meggy ? »

Megghan jeta un coup d’œil dans la petite bourse de cuir attachée à sa ceinture. Elle en retira deux écus d’or, c’était tout ce qu’elle avait sur elle. Elle s’approcha tout près de sa mère et de l’inconnu. Ce dernier se mit tout à coup à chuchoter :

« Je n’ai guère besoin de votre argent mais de votre aide… »

« Mais… », commença Lucilla.

« Mère », l’interrompit Megghan en lui désignant l’homme des yeux. Incrédule, elle venait en effet de reconnaître les yeux d’acier de son oncle Wilfried.

« Faites comme si de rien n’était… » souffla celui-ci rapidement.

 

Lucilla était figée mais se reprit rapidement, tandis que le plus naturellement du monde, Megghan tendait les deux pièces d’or à son oncle.

« A 17 heures, à l’entrée nord du palais… », souffla rapidement Lucilla avant de s’éloigner. Megghan la suivit tandis que Wilfried, dans son rôle de mendiant, se confondait en remerciements pompeux.

 

-°O0O°-

 

            Megghan pénétra dans les appartements de sa mère à la suite d’Elena. Sa mère referma brusquement la porte derrière elle. Megghan se laissa tomber auprès de sa sœur aînée sur le divan qui trônait au milieu de la pièce.

« Mais enfin, est-ce que l’une d’entre vous va enfin m’expliquer ce qu’il se passe ? » s’insurgea Elena.

 

En effet, songea Megghan, elle était beaucoup trop loin de Wilfried pour le reconnaître dans la ruelle sombre et ni sa mère ni elle n’avait abordé le sujet durant le chemin du retour, ne souhaitant pas prendre le risque qu’un chevalier entende leur propos.

« Colin doit nous rejoindre d’un instant à l’autre. Je l’ai fait appeler d’urgence. Je vous expliquerai tout ce que je sais en même temps qu’à lui », expliqua Lucilla.

Megghan vit que sa sœur allait répliquer mais au même instant, des coups discrets se firent entendre à la porte. Sa mère se précipita aussitôt pour l’ouvrir, laissant entrer Colin. Megghan se décala sur le divan, poussant Elena pour faire une place à son frère qui s’affala à ses côtés.

« Eh bien que se passe-t-il de si important ? La dernière fois que vous m’avez convoqué d’urgence dans vos appartements, j’avais 14 ans et je venais de donner mon cheval à un mendiant…Encore une histoire de mendiant cette fois-ci ?», demanda-t-il nonchalamment tandis que Megghan laissait échapper un ricanement.

« Vous ne croyez pas si bien dire…Je viens de croiser votre oncle Wilfried en ville déguisé en mendiant ! Voila ce qu’il se passe ! » répondit Lucilla, du ton le plus posé dont elle était capable en cet instant.

 

Megghan ne quittait pas sa mère des yeux mais elle sentit son frère se redresser brusquement à côté d’elle.

« Quoi ?! », s’étrangla Elena. « Mais c’est insensé… »

« Il a quitté Leonnes il y a plus d’une semaine… » compléta Colin.

« Merci pour ces précieux éléments…que nous possédons déjà…Je suis ravie de voir que mes enfants sont très perspicaces ! », ironisa Lucilla.

« Notre oncle était déguisé…ce qui signifie qu’il ne souhaitait pas être vu en ville…Il nous a expressément demandé de l’aide et nous a clairement fait comprendre de ne mentionner sa présence ici à personne…Tout cela est tout de même pour le moins étrange… », résuma Megghan.

« Avez-vous vu Caitleen avec lui ? », questionna Elena.

Megghan secoua la tête en signe de négation. Non, elle n’avait pas vu sa cousine et cela l’inquiétait d’autant plus…

« Pourvu qu’il ne lui soit rien arrivé… », chuchota sa sœur, exprimant ce qu’elle-même ressentait.

« Je pense que Caitleen va bien », affirma leur mère d’une voix rassurante. « Wilfried ne serait pas venu nous demander de l’aide s’il était arrivé quelque chose à sa fille…C’est pour elle qu’il est venu vers nous. Si je vous ai fait venir ici tous les trois, ce n’est pas pour formuler mille hypothèses, qui se révèleraient certainement toutes fausses, au sujet de la présence de votre oncle en ville. C’est pour nous organiser pour ce soir, et savoir lesquels d’entre vous s’engage à aider Wilfried. Ce n’est pas une obligation. »

« C’est ridicule, mère », la coupa Colin. « Vous savez pertinemment que nous acceptons tous les trois de venir en aide à notre oncle et à Caitleen. »

Megghan et Elena approuvèrent aussitôt.

« Bien », lança leur mère avec un sourire fier. « Pour commencer, tout cela doit rester entre nous. Vous ne devez parler de Wilfried à personne, et je dis bien à personne…même pas à votre père. C’est bien compris ? »

Ils acquiescèrent tous les trois.

« Nous allons donc nous répartir les tâches. J’ai donné rendez-vous à Wifried à 17 heures précises. A l’entrée nord. C’est une heure de relève de garde…Je m’arrangerai avec Elena pour retenir la relève quelques minutes. Colin, je vous donnerez les clés et vous irez avec Meg ouvrir la grille nord. Vous conduirez Wilfried dans mon bureau du sous sol, en passant par les souterrains. Tout cela le plus rapidement possible, bien entendu…Si quelqu’un vous voie, vous le tuerez… »

Megghan tressaillit à ces paroles. L’idée de devoir tuer quelqu’un ou être complice de sa mort la répugnait au plus haut point. Et sa mère avait dit cela avec un tel détachement… Elle jeta un coup d’œil à son frère qui avait grimacé et croisa son regard.

« Est-ce clair ? » tonna la voix de Lucilla, les faisant sursauter tous les deux.

Colin acquiesça.

« Parfait ! D’ici là, nous devons nous occuper de trouver des vêtements propres, des vivres, de l’eau et des chevaux en toute discrétion. Le tout pour deux, évidemment, puisque nous ignorons si Caitleen est également en ville ou pas. Colin, vous vous chargez des chevaux ; j’irai à la blanchisserie ; Meg et Elé, vous allez vous rendre aux cuisines… Allez ! » fit-elle en ouvrant sa porte, leur faisant comprendre de sortir. « Et rendez-vous à 17h dans mon bureau… »

 

Megghan sortit rapidement et se dirigea avec sa sœur vers les cuisines du palais en songeant que sa mère était un véritable général…

 

-°O0O°-

 

            Megghan trottinait derrière son frère qui se dirigeait à grands pas vers la grille d’entrée du palais. Il ne fallait absolument pas perdre de temps…Ils ignoraient totalement combien de temps leur mère et Eléna parviendraient à retenir les sentinelles et les chevaliers en charge de la surveillance du palais. La jeune fille était terrorisée à l’idée de rencontrer l’un d’entre eux…Est-ce que Colin le liquiderait ? Et si c’était le cas, parviendrait-elle à garder son sang-froid ? Et que feraient-ils du corps ?

            Elle se mordillait nerveusement les lèvres tout en plissant les yeux, tentant d’apercevoir les grilles tout au bout de l’allée. Au fur et à mesure qu’ils se rapprochaient, elle finit par distinguer deux silhouettes encapuchonnées. L’une d’entre elles étaient beaucoup plus grande et imposante que l’autre. Son cœur se mit à cogner plus fort dans sa poitrine. Caitleen était-elle avec son père ? Sans un mot, Megghan et son frère accélèrent encore le pas. Enfin, ils parvinrent à la grille. Megghan reconnut son oncle et Caitleen. Les traits pâles et tirés, elle paraissait exténuée. Rapidement et avec des gestes sûrs qui la surprirent elle-même, Megghan détacha le trousseau de clés accroché à sa ceinture et ouvrit la grille. Aussitôt, Caitleen et Wilfried se faufilèrent à l’intérieur. Megghan saisit sa cousine par la main et l’entraîna derrière elle à droite de l’allée, vers la végétation dense des jardins. Au bout de quelques minutes de course dans les buissons, ils arrivèrent devant un escalier descendant jusqu’à une petite porte plusieurs mètres plus bas. Ils descendirent les marches quatre à quatre et à nouveau, Megghan détacha le trousseau de clés de sa ceinture. Elle ouvrit la porte, laissa passer les autres à l’intérieur et entra à son tour, claquant la porte derrière elle.

Ils coururent dans le dédale de galeries souterraines du palais, avant d’arriver devant une petite porte en fer que Megghan ouvrit à nouveau. Une fois tous à l’intérieur, elle referma à double tour derrière elle.

« Le bureau de Maman… », souffla-t-elle à Caitleen. « Nous n’avons plus qu’à l’attendre. »

Il s’agissait d’une toute petite pièce, mais Megghan s’y était toujours sentie bien. Elle était confortable et chaleureuse et la jeune fille y avait souvent passé de longues heures, allongée sur le sofa, à regarder en silence sa mère travailler à son petit bureau en acajou. La regarder raturer, compter, grommeler, pester après son père et ses dépenses,…puis lui parler et lui confier tout ses petits soucis d’enfant…Par Mörnir, comme ce temps lui paraissait loin à présent !

Megghan regarda Wilfried et sa fille se laisser tomber d’un même mouvement sur le sofa. Ils semblaient si épuisés…Qu’avait-il bien pu leur arriver ces derniers jours ? Elle brûlait de leur poser milles questions mais n’osait pas le faire, sachant qu’ils devraient tout répéter à l’identique lorsque sa mère arriverait. Ils paraissaient si las, elle n’avait aucune intention de les ennuyer…Elle leur tendit des coussins finement brodés pour qu’ils puissent mieux se caler sur le vieux sofa usé. Caitleen lui sourit avec gratitude.

Puis Megghan approcha une petite chaise en bois près de sa cousine et s’assit auprès d’elle.  Son frère l’imita quelques instants plus tard. Elle observait en silence sa cousine, la sentant prête à tomber de sommeil à chaque seconde. Trois coups francs tapés contre le bois de la porte, suivit de 2 plus discrets, les firent tous quatre sursauter violemment.

« Le signal », murmura Megghan devant l’air apeuré de Caitleen.

Et elle se leva aussitôt pour aller ouvrir la porte et laisser entrer dans le petit bureau sa mère et sa sœur aînée. Wilfried se redressa prestement pour saluer sa sœur. Cette dernière l’étreignit rapidement et, après un regard rassurant vers sa nièce, posa la question qui démangeait Megghan depuis de longues minutes :

« A présent, Wilfried, allez-vous enfin me dire ce que vous faîtes ici ? Vous n’avez pas mis les pieds à Edoras depuis plus de dix ans ? Que me vaut l’honneur de cette visite ? »

Wilfried ne put retenir un sourire sous le ton mordant de sa cadette.

« Nous avons besoin d’aide… »

« Je m’en serais douté ! », s’exclama Lucilla. « Enfin, pour l’amour de Dana, que vous est-il arrivé ? »

« Nous avons été poursuivis sur la route de Minas Terdeth… », lâcha Wilfried en se laissant retomber sur le sofa avec un soupir de lassitude.

« Poursuivis ?! », s’exclama Lucilla, incrédule. « Poursuivis par qui ? Qui aurait eu l’aplomb de vous poursuivre ? Vous êtes connus dans tout le royaume ! Des brigands ? Des…, Elle blêmit, avant de parvenir à articuler d’une voix blanche : Oh non ! Ne me dîtes pas…Des…youlees ? », articula-t-elle difficilement, d’une voix blanche.

« Des chevaliers de Leonness… », souffla Wilfried.

« QUOI ?!!! », crièrent d’une même voix Megghan, sa mère, son frère et sa sœur.

Des chevaliers…, songea Megghan. Comment cela était-il possible ? Ils avaient jurés fidélité à la famille royale pour le reste de leur vie…Ils se consacraient à servir les héritiers du trône et la famille royale dans son ensemble jusqu’à leur dernier souffle.

« Mais enfin, c’est impossible ! Vous êtes certains qu’il ne s’agit pas d’un simple malentendu ? Peut-être étaient-ils chargés d’un message pour vous ? »

Wilfried jeta un regard plein de sous-entendus à sa fille, dont Megghan ne comprit pas exactement le sens.

« Non, ce n’était pas le cas, ma tante, murmura Caitleen. Nous les avons clairement entendus dire qu’ils cherchaient à nous tuer… »

Megghan retint un cri d’horreur et porta sa main à sa bouche. Elle était malade rien que de songer qu’elle aurait pu perdre une autre cousine en si peu de temps. Elle vit sa mère se laisser tomber sur une chaise, une expression d’effroi sur le visage.

« Ainsi, les temps ont tellement changés qu’il est désormais possible de corrompre des chevaliers de Meath…, murmura-t-elle. De ma vie, je n’aurais cru voir cela… »

« Moi non plus, mais cela est pourtant le cas… », rétorqua Wilfried. « Fort heureusement, nous avons pu leur échapper en traversant l’Ungan. Nous devons regagner Ilona au plus vite, personne n’osera nous y attaquer de front… »

« La n’est pas le problème, vous partirez pour votre cité dès cette nuit avec montures et provisions », assura Lucilla. « Ce qui m’intéresse plutôt, c’est de savoir si cela pourrait être lié avec l’assassinat de Filipo et des enfants… »

Megghan fronça les sourcils en entendant ces mots, elle n’avait même pas songé à cette possibilité… Elle échangea un regard avec sa cousine et put voir que Caitleen tenait le même raisonnement qu’elle-même.

« Personnellement, ce qui m’intéresserait serait plutôt de savoir pourquoi ces chevaliers voulaient-ils nous tuer ? Et à qui obéissaient-ils ? A qui devaient-ils ramener nos corps ? », s’exclama Caitleen.

« Vous n’en avez vraiment aucune idée, Caitleen ? », demanda doucement Lucilla.

Megghan se demanda que sous-entendait sa mère. Car elle sous-entendait évidemment quelque chose.

« Et à quoi devrait-elle donc penser ? », ne put-elle s’empêcher de demander à sa mère.

Lucilla lui adressa un sourire. Elle jeta un coup d’œil à chacun de ses trois enfants puis à Caitleen avant de reprendre :

« Tu vois Wilfried, aucun de nos enfants n’a encore compris… Visiblement, nous avons tous deux voulu les surprotéger…Ils n’en sont que plus naïfs…D’après vous, pour quelle raison aurait-on tenté de tuer Wilfried si peu de temps après Filipo et Pavel…Je ne parle ni du cas de Caitleen ni de celui de vos cousines, et ce volontairement…Cela ne vous interpelle donc pas qu’une femme règne à présent sur Meath ? »

Megghan comprit immédiatement pourquoi la vie de son oncle avait été menacée. Les paroles de sa mère lui avait fait tout comprendre. Cependant, même si elle entrevoyait les motifs de tout cela, il lui restait toujours en tête la question de celui ou celle qui en était à l’origine. Et puis, tout cela était-il réellement en lien avec l’assassinat du roi et des héritiers ou en était-ce plutôt une conséquence ?

« Je comprends…, murmura-t-elle avec un sourire de compréhension envers sa mère. Dans l’histoire de Meath, jamais une femme n’a régné sur le royaume, même si certaines en ont marqué l’histoire. Or Wilfried est le frère de Filipo et donc son héritier direct puis que Pavel a également été tué…Il est donc en grand danger…Tout comme Will et Pérez à Minas Terdeth et…, elle s’interrompit et déglutit péniblement avant de poursuivre, tout comme toi Colin… »

Elle posa son regard sur son frère adoré qui plongea ses yeux bleus dans les siens. Il lui sourit, se voulant rassurant.

« Exactement, renchérit sa mère. Tous les hommes de notre famille ne doivent quitter leur cité sous aucun prétexte. Ils y seront en sécurité comme nulle part ailleurs…J’enverrai un messager à Minas Terdeth dès demain matin. Ce qui m’intéresse à présent c’est de savoir qui trouve un intérêt à ce que Dya reste sur le trône. »

« Les chevaliers n’auraient-ils pu agir de leur propre chef ? », proposa Elena d’une petite voix.

« Un chevalier de Meath est censé protéger la famille royale au péril de sa vie…Que l’un d’entre eux se rebelle serait possible, mais il s’agit là d’un grand groupe de chevaliers. Il est évident qu’une personne influente les a pris sous sa coupe…Et pour cela, cette personne a dû débourser des sommes d’argent incroyables…On ne corrompt pas un chevalier avec quelques écus…Qui soutiendrait Dya au point de se ruiner ? », raisonna Colin.

« Et pourquoi pas Dya elle-même ? », proposa Caitleen à son tour. « Après tout, personne n’ignore que le pouvoir l’a toujours fasciné… »

« Au point de tuer ses cinq enfants ?, s’insurgea Lucilla. « C’est impossible ! Pourtant, Dana sait que j’ai toujours détesté cette femme…mais je ne peux m’imaginer qu’elle ait organisé l’assassinat de ses enfants ! Elle aurait été incapable de faire du mal à Nyldia ou Alylda ! Elle les adorait ! Non ça ne peut pas être elle… »

Megghan réfléchissait à toute vitesse. Qui pouvait être derrière tout çà ? Qui ? Ce n’était pas les chevaliers eux-mêmes, ni Dya… Une solution plausible lui vint à l’esprit qu’elle exposa aussitôt aux autres :

« Et pourquoi pas un noble proche de Dya ? Filipo avait pris beaucoup de mesures pour diminuer les privilèges de la noblesse, favorisant le peuple. La noblesse lui en a beaucoup tenu rigueur et beaucoup savent que Wilfried, Colin ou Perez et William iraient dans la même optique s’ils en avaient le pouvoir… Au contraire, Dya, elle, a toujours été très conservatrice et du côté des nobles…L’un d’entre eux pourrait avoir tout intérêt à ce que la reine reste sur le trône plutôt qu’elle ne soit remplacée par un héritier mâle qui le priverait à nouveau de tous ses privilèges… »

Tous la fixait, visiblement surpris.

« Bien, j’ai visiblement parlé trop vite au sujet de nos enfants, Wilfried…Meg vient donc de nous exposer l’hypothèse la plus probable … »

Sa mère sourit fièrement à la jeune fille qui lui rendit son sourire.

« Mais… », commença Caitleen, que cette hypothèse laissait apparemment perplexe. Elle fut immédiatement bâillonnée par Colin qui s’était jeté sur elle à la vitesse de l’éclair. Tous le dévisagèrent, effarés.

« Quelqu’un vient… », articula-t-il silencieusement. Tous s’immobilisèrent aussitôt.

Megghan sursauta violemment lorsque des coups violents s’abattirent sur la porte. La personne se trouvant de l’autre côté de la porte essaya ensuite de l’ouvrir, actionnant la poignée avec brutalité et impatience.

« Lucilla ! Sale chienne ! »

 Megghan porta la main à sa bouche en reconnaissant la voix de son père à travers la cloison. Comment osait-il parler ainsi à sa mère ? Elle jeta un regard aux autres personnes présentes dans la pièce et s’aperçut qu’elle n’était pas la seule à être outrée. Le beau visage d’Elena était empourpré par la colère, Caitleen était bouche bée, Wilfried serrait fortement la poignée de son épée et Colin paraissait sur le point d’exploser. Seule sa mère semblait impassible ;

« Ouvre cette porte immédiatement ou je l’enfonce !!! Par Mörnir, je sais que tu es encore avec l’un de tes amants !!! Sale… »

« Il suffit, Iain ! », l’interrompit Lucilla, d’une voix glaciale. « Je suis en train de parler avec nos filles d’un sujet important ! Meggy, Elena, parlez donc à votre père… »

« C’est…c’est vrai, Père… », parvint à bafouiller Elena, terrorisée.

« Je suis là aussi, Père… », articula Megghan d’une voix au moins aussi glaciale que celle de sa mère.

« Parfait !, lança Lucilla. A présent que vous avez la preuve que nous sommes toutes les trois dans cette pièce, je vous prierez de partir afin que je puisse terminer de m’entretenir avec mes filles… »

Un grognement inarticulé leur parvint de derrière la porte puis ils entendirent les pas de Iain s’éloigner dans le couloir. Megghan poussa un long soupir de soulagement.

« Je tiens à préciser que j’ai toujours été contre ce mariage… », jeta Wilfried d’un ton badin.

Lucilla le fusilla du regard et il se tut aussitôt. A nouveau, Megghan observa avec effarement sa mère se transformer en un véritable général.

« Bien, il est temps de nous séparer. Megghan, vous allez sortir de la pièce en premier avec Caitleen et vous rejoindrez vos appartements par les souterrains. Vous vous porterez souffrante pour le souper de ce soir et je vous ferez porter une collation dans votre chambre. Colin vous regagnerez vos appartements de la même manière avec Wilfried, mais vous vous présenterez au souper. Elena vous sortirez de cette pièce avec moi. Nous nous retrouverons tous à l’extérieur de la cité, à l’exact milieu du rempart est, ce soir à minuit pile. Je m’occuperai des chevaux et des provisions avec Elena. Colin, vous ferez le tour par la ville avec Wilfried. Si une sentinelle vous aperçoit, aucune pitié…Meg et Caitleen, vous contournerez les remparts par l’extérieur après avoir emprunté le passage souterrain, vous ne croiserez personne à cette heure en passant par là. »

Tous restaient coi et bouche bée, tentant d’analyser les nombreuses informations que venait d’énoncer Lucilla.

« Eh oui, les enfants !, plaisanta Wilfried. Notre père a toujours regretté que Lucilla ne soit pas un homme…Il en aurait fait son meilleur général ! »

A nouveau, Lucilla le fusilla du regard, mais Megghan put voir qu’en détournant la tête, elle esquissait un sourire. Elle soupira, déjà lasse de la soirée qui l’attendait et entraîna Caitleen avec elle dans le couloir sombre.

 

-°O0O°-

 

Megghan regarda Caitleen se laisser tomber sur son lit, visiblement épuisée. Par Dana, elle n’avait jamais vu sa cousine dans un tel état de fatigue. Ses beaux yeux bleus semblaient dépourvus de toute expression et la peau pâle de son visage était barrée par les énormes cernes violets qui soulignaient ses yeux. Des traces de boues étaient présentes sur ses joues, ses vêtements étaient dans un état lamentable et ses longs cheveux bruns rassemblés en une grossière tresse étaient parsemés d’herbe et de terre.

« Tu veux faire un brin de toilette, Caitleen ? », murmura Megghan en voyant Caitleen s’allonger sur le lit toute  habillée.

Mais n’obtenant pas de réponse, elle s’aperçut que sa cousine s’était endormie aussitôt…Elle soupira et la recouvrit d’un délicat drap de soie blanche ; puis elle approcha un fauteuil du lit et s’installa au chevet de la jeune fille…La soirée promettait d’être très longue…

 

-°O0O°-

 

Megghan observait vaguement sa cousine dormir. Bien calée dans son fauteuil, elle songeait aux dernières heures qu’elle venait de vivre.  Habituée au confort sécurisant dont elle bénéficiait depuis son enfance, du haut de sa cité d’Edoras, elle s’apercevait à présent combien sa vie était dérisoire. Combien elle ne tenait qu’à un fil, si fragile…

Depuis la mort de son oncle et de ses cousins, elle sentait tout son petit univers basculer un peu plus de jour en jour. Elle avait déjà perdu six membres de sa famille dans un complot monstrueux et non élucidé à ce jour…Elle avait failli porter un nouveau deuil aujourd’hui à peine, celui de Caitleen et Wilfried. Et voilà qu’à présent, elle prenait conscience que les principaux hommes de sa famille, son frère y compris, étaient menacés de mort pour une sordide histoire de succession…

Si les chevaliers de Meath, considéré comme l’élite du royaume, ce qu’il se faisait de mieux en termes de valeurs sur le sol meathois, pouvaient être corrompus, qu’allait-il se passer à présent ? L’avenir ne lui avait jamais paru aussi sombre et incertain.

Caitleen remua doucement sur le lit, la tirant de ses sombres réflexions. Elle observa avec compassion sa cousine sortir peu à peu du sommeil.

« Comment ça va ? », murmura Megghan tandis que Caitleen s’asseyait au bord du lit.

Elle quitta son fauteuil et s’assit auprès de sa cousine. Cette dernière lui adressa un regard plein de gratitude.

« Mieux, merci… » 

« Parfait ! Dans ce cas, tu pourrais te laver un peu…Tu empestes et tu es sale à faire peur ! », s’exclama Megghan, d’un ton faussement dégouté qui eut pour conséquence de faire éclater Caitleen de rire.

Megghan conduisit Caitleen dans la petite salle de bains attenante à sa chambre et la laissa seule, après lui avoir donné des vêtements propres. Des coups discrets se firent entendre à la porte et elle alla ouvrir aussitôt. Une servante lui apportait un plateau sur lequel était disposé un copieux repas. Elle s’en empara et referma soigneusement la porte. Elle déposa le plateau sur la table basse et l’approcha de son lit puis attendit que Caitleen sorte de la salle de bains.

Celle-ci apparut quelques instants plus tard, en bien meilleur état qu’elle ne l’était. Elle avait nettoyé son visage et était vêtue des vêtements que Megghan lui avait laissé, ses cheveux bruns étaient redevenus soyeux et brillants et tombaient librement sur ses épaules.

Megghan lui sourit et lui montra le plateau repas sans un mot. Caitleen se précipita presque sur le lit et s’empara du premier morceau de pain qui lui tomba sous la main. Megghan la regarda dévorer les plats les uns après les autres, éberluée.

« Caitleen… » , murmura Megghan, presque effrayée par la voracité de sa cousine. Cette dernière leva les yeux vers elle, sans même s’arrêter de manger. « Depuis combien de temps n’avais-tu pas mangé ? », demanda-t-elle avec douceur en lui servant à boire.

Caitleen lui arracha presque le verre des mains et le but d’un trait avant d’avouer dans un soupir :

« Trois jours… »

« Oh, Par Dana !!! », s’exclama Megghan, effarée. Comment était-ce possible ?

« Nous n’avions presque pas de provisions », expliqua Caitleen, la bouche pleine. « Pour une journée à peine, nous étions censés nous ravitailler à Minas Terdeth… »

Megghan choisit de se taire devant ces révélations et attendit que Caitleen soit rassasiée, la forçant à reprendre de tout et à manger son propre repas. Lorsqu’elle eut avalé sa dernière bouchée, Megghan vit le regard de sa cousine se troubler, mais aucune larme ne s’en échappa, comme toujours…

« Oh, Meg…Si tu savais… J’ai eu si faim…Si faim… »

« Oh, Caitleen… », murmura Megghan en la prenant dans ses bras, sentant les larmes lui monter aux yeux, bouleversée.

Elles restèrent un moment ainsi, enlacées et silencieuses, avant de se séparer.

« J’ai peur, Meg… », murmura Caitleen.

« Je sais…Moi aussi…C’est atroce de se rendre compte que tout nous échappe tout à coup… »

« Et ne pas savoir qui a commandité ces meurtres me mine… », ajouta Caitleen.

Megghan connaissait bien sa cousine. Elevée impitoyablement dans la cité désertique de la frontière, Caitleen organisait sa vie selon les anciennes règles guerrières. Pour elle, ne pas savoir qui avait assassiné ses cousins et son oncle allait vite devenir un tourment atroce. Pour la simple raison que tout son être réclamait vengeance…

« Caitleen… », tenta-t-elle doucement. « Je sais à quoi tu penses…Savoir qui sont les meurtriers pour ensuite te venger… Tout cela n’enlèvera pas ta douleur… »

« Je sais…mais j’ai l’impression que ça l’atténuerai au moins un peu…Je n’arrive même pas à réaliser, Meg…Nous ne les reverrons plus…Ni Myldi, ni Tina, ni Pasha…ni même ces pestes de Nyldia et Alylda…Comment imaginer vivre sans eux ? Comment imaginer Meath sans Myldi, Tina ou Pavel ? Et sans son roi ? Que va devenir le royaume sans les perles meathoises ? »

Megghan se figea en entendant les paroles de Caitleen. A l’évocation de ce surnom donné dans le royaume aux jumeaux et à Tina, un souvenir venait de refaire surface dans sa mémoire, la frappant de plein fouet.

« La prophétie… », murmura-t-elle.

« Quoi ? », s’exclama Caitleen, ne comprenant absolument de quoi elle voulait parler.

« La prophétie, Caitleen !!! Souviens-toi ! La prophétie lors des fêtes de Dana !!! »

Devant l’air toujours incrédule de Caitleen, Megghan tenta vainement de se rappeler l’exact contenu de cette prophétie dont ils s’étaient tous moqués ce jour-là, réunis au chevet de Myldi. Soudain, elle se rappela que sa sœur, si superstitieuse et si avide de telles paroles proférées par les prêtresses, avait noté la prophétie sur un bout de parchemin, pour ensuite lui en remettre une copie. Elle se leva précipitamment et entreprit de fouiller sa chambre de fond en comble, passant par les tiroirs de sa commode, de sa penderie, puis de son secrétaire, qu’elle entreprit de vider méthodiquement sous le regard ahuri de Caitleen.

« Mais enfin, Megghan, pour l’amour de Dana, qu’est-ce que tu fais ? »

« Je cherche cette fichue prophétie !!! Par Mörnir, où est-ce que j’ai bien pu la mettre !!! Oh, pourquoi faut-il que je sois si peu soigneuse !!! »,se maudit-elle en tirant à elle une nouvelle pile de parchemins du secrétaire.

 Soudain, elle reconnut dans la pile en question un des parchemins si particuliers d’Elena. Cette dernière les faisait venir directement du Brennin, maître en leur confection, et ces parchemins avaient une teinte dorée toute autre que ceux que l’on trouvait couramment à Meath. Le cœur battant à toute vitesse, elle se saisit de la feuille dorée et découvrit enfin ce qu’elle cherchait depuis plusieurs minutes. Elle lança un regard triomphant à sa cousine avant de se décider à l’éclairer.

« Tu ne te souviens vraiment pas de cette prophétie lancée par la prêtresse, à Leonness, lors des festivités de Dana le jour de l’anniversaire de Myldi et Pavel ? Le vent de panique qui avait saisi la foule alors ? Et nos moqueries la concernant alors que nous étions tous dans la chambre de Myldi… »

Megghan vit le visage de Caitleen s’éclairer tandis qu’elle se remémorait tous ces évènements.

« Je vois que tu t’en souviens… », poursuivit Megghan en dépliant le parchemin et s’apprêtant à le lire à haute voix. « Eh bien cette prophétie avait pour sujet les Perles Meathoises… Ecoute :

Avant la prochaine lune

Les perles disparaîtront une à une

Emportant avec elles l’espoir

Ne laissant place qu’au désespoir

La terre dans le chaos sombrera

Et à jamais perdue sera…

Pour le peuple de la lignée

Le salut ne pourra venir que des héritiers

Si le courroux de leur mère ils osent affronter

Car cette dernière il leur faudra dérober...

Tu vois… « Les perles disparaîtront une à une »…Cette prophétie annonçait la mort de Myldi, Pavel et Tina… »

« C’est peut-être une simple coïncidence… », rétorqua Caitleen, visiblement sceptique.

« Tu avoueras tout de même que si c’était le cas, ce serai une énorme coïncidence… », s’entêta Megghan.

« Alors, si cette prophétie est vraie, que va-t-il arriver ? Meath sera détruit…Le peuple ne sera sauvé que par les héritiers…Sommes-nous ces héritiers ? Et si c’est le cas, que sommes-nous censés faire pour sauver notre royaume ? Cela fait énormément de questions…Trop même… », débita Caitleen à toute vitesse. « Mais par Dana, qui a fait ça ? Qui les a tué ?J’ai parlé avec mon père, Meg, et ce ne sont pas les Youlees…Ils sont près d’Ilona, nous les connaissons bien…Et crois-moi ce ne sont pas eux…Même pour des tonnes de lingots d’or, ils ne toucheraient pas à un cadavre…Alors qui ?Filippo, Myldi, Pavel et même Tina…Ils savaient se défendre…Et ils étaient accompagnés d’une solide escorte…Eragorn était un des meilleurs, sinon le meilleur chevalier du royaume…Qui a pu les attaquer en assez grand nombre pour les tuer tous ? »

« Ou pour qu’ils ne se méfient pas ? », ajouta Megghan qui réfléchissait à toute vitesse.

« Que veux-tu dire ? Les chevaliers ? »

Megghan acquiesça avant de poursuivre.

« Pour moi, les meurtres et ce qu’il vous est arrivé, à ton père et toi, tout cela est lié…Il ne peut pas se passer de telles choses en si peu de temps d’intervalle sans qu’il y ait une corrélation… »

« On ne m’enlèvera pas de l’idée que Dya est mêlée de près ou de loin à toutes ces affaires… », murmura Caitleen, songeuse.

Megghan secoua la tête doucement, en signe de désaccord.

« Caitleen, ne te laisse pas aveugler par ton mépris pour Dya. Tu ne l’as jamais aimé, moi non plus, au demeurant…mais il ne faut pas l’accuser de cela…Tuer ses propres enfants…Elle ne peut pas avoir fait cela… »

Caitleen lui sourit tristement.

« Tu as raison… Oh, Meg, qu’allons-nous devenir ? »

« Nous aviserons au fur et à mesure des évènements…Et quoi qu’il arrive, il faut se souvenir que nous sommes tous unis…Lucia, Alexey, Will, Perez, Colin, Elena, toi, moi, et tous les autres…Nous resterons unis… »

Caitleen plongea son regard d’acier dans le sien et lui sourit. Ce sourire franc que tous aimaient tant. Megghan lui rendit son sourire et la prit dans ses bras un instant. Oui, leur unité et leur amitié seraient leur salut…

 

-°O0O°-

 

Megghan s’orientait avec facilité dans le dédale des souterrains du palais qu’elle connaissait par cœur. Combien d’après-midi y avait-elle passé à en chercher les secrets les plus fous avec Elena et Colin ? Aujourd’hui, elle empruntait ces mêmes souterrains pour faire quitter la cité en toute discrétion à sa cousine…Le temps des jeux semblait définitivement révolu… Elle jeta un coup d’œil rapide à Caitleen derrière elle. A nouveau, celle-ci avait rabattu son capuchon sur son visage, tout comme elle…Aucune d’entre elles ne savaient ce qu’elles trouveraient à la sortie du souterrain.

Enfin, elles atteignirent la porte qui débouchait dans les cuisines, censées être désertes à cette heure-ci. Elle l’ouvrit rapidement, se servant du trousseau de clés accroché à sa ceinture, et poussa un soupir de soulagement en pénétrant dans la pièce. Celle-ci était effectivement déserte.

« Je croyais que nous devions nous rendre à l’extérieur… », souffla Caitleen dans son dos.

« Les souterrains du palais ne communiquent pas directement avec ceux de la ville…Nous sommes obligées de passer par ici… », expliqua-t-elle avant d’entraîner sa cousine derrière elle vers le cellier.

La pièce était immense, contenant les provisions de tout le palais…A première vue, aucune portes, aucune trappes au sol, ni au plafond, bref aucune issue visible…C’est ce que semblait également penser Caitleen qui la gratifiait d’un regard perplexe.

« Caitleen, tu dois te souvenir d’une chose…A Edoras encore plus qu’ailleurs, tu ne dois pas te fier aux apparences… », murmura-t-elle, énigmatique, en se dirigea d’un pas assuré vers le mur en face d’elles.

Elle se sourit à elle-même en repérant rapidement la pierre du mur où était grossièrement gravé un petit cheval, et l’effleura du bout des doigts. Le mur tressaillit légèrement sous sa main et une porte parfaite s’y dessina presque aussitôt. Megghan y entraîna aussitôt Caitleen. Une fois à l’intérieur, elle localisa une nouvelle pierre et toucha à nouveau le cheval qui y était gravé, refermant en silence le passage secret. Immédiatement, elles furent plongées dans l’obscurité totale. Megghan se saisit du bras de Caitleen et la guida derrière elle. Comme à chaque fois qu’elle empruntait les souterrains de la ville, elle fut légèrement écœurée par l’odeur de moisissure et l’humidité qui y régnaient, bien différentes des souterrains du palais.

Au bout d’une bonne demi-heure de marche rapide en silence, elles arrivèrent au terme du souterrain. Toujours par la même manœuvre, Megghan ouvrit le passage secret et elles débouchèrent enfin à l’air libre. Elle cligna violemment des yeux sous la clarté éclatante de la lune après l’obscurité totale du souterrain. Elle referma le passage et s’arrêta un instant, respirant l’air frais de la nuit à pleins poumons, se sentant comme revivre. Puis, elle conduisit Caitleen au milieu du rempart est, leur lieu de rendez-vous. Elles étaient les premières…Il ne restait plus qu’à patienter…

« Par ici, à peine au nord, il y a Ilona… », indiqua-t-elle à Caitleen dans un chuchotement.

« Combien de jours à cheval ? », questionna celle-ci, pragmatique, en balayant du regard les herbes hautes qui les entouraient à perte de vue.

« 2 jours et demi de trot, au grand maximum », assura-t-elle.

Soudain, des bruits furtifs sur leur droite les firent se plaquer violemment contre le rempart, ainsi cachées par l’ombre de ce dernier. Megghan plissa les yeux et poussa un soupir de soulagement au bout de quelques secondes en reconnaissant la démarche chaloupée de son frère. Elle sortit aussitôt de l’obscurité, se faisant voir.

« Pas d’ennuis ? », demanda Colin qui devançait Wilfried de quelques pas.

« Il n’y a jamais grand monde dans les souterrains… », railla-t-elle. « Et vous ? »

Colin fit la grimace et c’est alors seulement qu’elle remarqua le sang qui maculait le petit coutelas à sa ceinture. Elle déglutit péniblement, écœurée.

« Une sentinelle… », lâcha Wilfried.

« Je déteste devoir liquider mes propres hommes… », râla Colin, lui-même visiblement dégouté.

Wilfried soupira, comprenant visiblement, et lui donna une tape amicale sur l’épaule tandis que Megghan tentait vainement de compatir. Elle s’adossa à la muraille de pierres, lasse.

« Eh bien, nous n’avons plus qu’à attendre Maman… », murmura-t-elle.

« Cela risque de na pas être très long… », renchérit son frère en désignant deux silhouettes de femmes traînant des chevaux derrière elles et qui se rapprochaient rapidement.

Sa mère et sa sœur furent bientôt auprès d’eux.

« Voila deux de mes meilleurs chevaux ! », lança-t-elle à Wilfried. « Ils sont chargés de provisions pour quatre jours. En toute logique, vous ne mettrez jamais aussi longtemps pour regagner Ilona, même au petit trop… Une fois là-bas, vous serez en sécurité. Personne n’osera vous y attaquer de front… »

Wilfried acquiesça et monta aussitôt en selle. Megghan se tourna vers Caitleen et la serra dans ses bras, les larmes aux yeux. Puis, sa cousine monta à son tour sur sa monture. Lucilla attrapa les rênes du cheval de Wilfried.

« Sois prudent, Wilfried…Soyez prudents tous les deux… », se reprit Lucilla en jetant un coup d’œil à Caitleen. « Je viens de perdre un frère et 5 neveux, cela me suffit amplement ! »

« Toi aussi, sois prudente, Lucillette…Prends soin de toi et de tes enfants, ce n’est point ton mari qui s’en chargera…Des temps sombres nous attendent…Fais attention… »

Lucilla sourit et déposa un baiser sur la joue râpeuse de son frère aîné qui s’était déjà penché pour le recevoir. Wilfried se redressa et, faisant signe à sa fille, émit un petit claquement de langue et lança son cheval au galop, aussitôt suivi par Caitleen. Megghan se serra contre sa mère alors qu’Elena lui avait saisit la main, et laissa aller son dos contre le torse de son frère. L’avenir serait sûrement bien sombre mais ainsi entourée par ceux qu’elle aimait, elle se sentait la force de l’affronter. Le cœur serré, elle regarda les deux chevaux s’éloigner rapidement vers l’est…

 

 

NdA : Ainsi se termine ce nouveau chapitre qui marque un tournant dans cette fic. En effet le temps de l’insouciance est désormais révolu pour nos héros…Le prochain chapitre, raconté du point de vue de Lucia, ne fera que confirmer tout cela…

A bientôt !!

 
 
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