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La terre de chagrin
Par miss-temperance
Originales  -  Romance/Fantaisie  -  fr
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Les invités du bout du monde

 

CHAPITRE 1 : Les invités du bout du monde

 

NdA : Tous les personnages et les lieux de cette fic m’appartiennent…

 

Voila donc le premier chapitre de cette fic originale qui est également ma première mais qui trotte dans ma tête depuis un bon moment maintenant…

L’univers est moyen-âgeux et donc de ce fait  assez particulier et peut ne pas plaire à tout le monde mais en ce qui me concerne, je me plais à y faire évoluer mes personnages…

Je pense écrire chaque chapitre depuis le point de vue d’un personnage différent. En tout je pense qu’il y aura six ou sept personnages narrateurs.

Le premier chapitre est raconté du point de vue de Myldilia, surnommée Myldi, qui fait partie de la famille héritière du royaume de Meath, où se déroule l’histoire.

Voilà !!! J’espère que cela vous plaira !!

 

Bonne lecture !!!!

 

 

            Du haut du petit balconnet attenant à ses appartements, Myldi observait l’horizon avec émerveillement. A la hauteur où elle était, elle pouvait apercevoir la cité de Léonness et le paysage qui l’entourait sur des kilomètres à la ronde. La jeune princesse se délectait du faible vent qui jouait dans ses boucles folles et de la caresse du soleil couchant sur son visage…Elle songea un instant que si sa mère la trouvait là, elle serait sans aucun doute sévèrement réprimandée…Une princesse n’était pas censée s’exposer ainsi aux yeux de tous…

Mais quel magnifique royaume que le sien…Meath…Autour de la capitale meathoise s’étendaient des champs à perte de vue, faits de cette terre ocre et fine, si caractéristique de Meath…et, au loin, la mer, scintillante, fascinante…où elle imaginait Pyrla, la ville côtière, fouettée par les vagues et les tempêtes ; au nord, Myldi pouvait apercevoir les pics des monts Eridus, couronnés d’une fine couche de neige, aux pieds desquels était sculptée Minas Terderth, la ville de roc ; à l’est, dans la douce plaine d’herbes hautes et vertes, Edoras, la cité guerrière… Et au nord est, à l’extrême limite du royaume, Ilona, la ville-frontière, traçait la limite avec le royaume Youlee, le royaume de sable, fait de désert et de villes luxuriantes…Au sud de Léonness, la forêt de Pendarane, dangereuse et hypnotisante, prolongée par les steppes désertiques séparant Meath du royaume du Brennin, le royaume des dresseurs de chevaux…Ainsi se divisait le premier des deux continents du monde de Méraléa, le chaud continent du Nord.


    Elle apercevait les paysans rentrant des champs après une dure journée de labeur et qui remontaient lentement les ruelles étroites de la cité. Chez eux les attendaient leur petite famille et un bon repas…Comme ils semblaient loin des artifices et simagrées de la Cour…Elle pouvait sentir dans leur démarche qu’ils étaient heureux…Heureux d’être sur cette bonne terre de Meath…Heureux de leur journée de travail...Heureux d’en avoir terminé avec celle-ci…En fait tout simplement heureux de vivre…

Myldi fut brusquement tirée de ses rêveries par la porte de sa chambre qui s’ouvrit à la volée sur sa sœur aînée Nyldia.

« Mère te demande, Myldilia… », lâcha-t-elle de son petit air hautain et pincé.

 

Myldi grimaça. Elle n’aimait pas s’entendre appeler ainsi…C’était le nom de la capitale de Sifilia, un des deux royaumes du continent du sud, et dont le souverain, Santiago, était un grand ami de son père. Ce prénom lui paraissait si pompeux… D’ailleurs, pratiquement personne ne l’appelait ainsi en privé hormis sa mère et ses 2 sœurs aînées, Alylda et Nyldia.

            Elle cherchait une réplique amère à lancer à sa sœur, mais se tut finalement et se résigna la suivre dans le dédale des couloirs sombres du palais jusqu’aux appartements de sa mère, où elle entra seule.

«  Ah ! Myldilia ! J’ai cru que vous n’arriveriez jamais ! », s’exclama sa mère en l’apercevant.

«  J’ai fait aussi vite que possible, Mère, mais…une princesse ne doit pas courir, n’est-ce pas ? », questionna innocemment Myldi.

«  Ne commencez pas avec votre insolence ! », gronda Dya en congédiant aussitôt domestiques et dames de compagnie.

Lorsque tous eurent quittés les lieux, elle poursuivit :

«  On m’a rapporté il y a quelques minutes que vous aviez été aperçue cet après-midi en compagnie du fils du cuisinier…en dehors de l’enceinte du palais qui plus est…Je croyais que l’un et l’autre vous avez été interdit…Bien entendu, votre père a immédiatement été mis au courant. »

Myldi se mordit la lèvre avant de protester :

«  Mais, Mère…je m’ennuie tant depuis que Pavel est parti ! Je… »

«  Ca suffit ! », gronda Dya. « Vous êtes princesse de Meath ! Vous ne devez pas vous mêler à la populace ! Votre soi-disant ennui n’est pas une excuse ! Comment font donc vos sœurs ? Votre frère leur manque également…Et elles prennent pourtant leur mal en patience jusqu’à son retour ! Pourquoi ne restez-vous donc pas en leur compagnie ? »

« Vous savez bien que je ne prise guère la compagnie de mes sœurs aînées…Quant à Tina, elle est aujourd’hui souffrante, j’ai l’interdiction de l’approcher… »

«  Vaines excuses ! Si vous aspirez tant que cela à l’air libre, il semble que les jardins du palais sont bien assez grands ! L’incident est clos ! », tonna-t-elle comme sa fille allait protester à nouveau. « Vous débattrez de tout cela avec votre père ! Nous allons à présent nous occuper de la robe de bal de votre anniversaire. Les nobles de tout Meath, vos cousins, cousines, oncles, tantes et j’en passe, y sont attendus et vous n’avez pas la moindre chose décente à vous mettre sur le dos pour cette soirée ! »

«  Oh, Mère ! », supplia Myldi. Mais elle fut aussitôt fusillée du regard par la reine qui frappa dans ses mains.

Immédiatement, à ce signal, une flopée de couturières entra dans la pièce et commença à s’affairer autour de la jeune princesse dans un bourdonnement étourdissant.

 

-°O0O°-

 

Myldi frappa discrètement à la porte avant de l’ouvrir.

« Vous désiriez me voir, Père ? »

« En effet, prenez place… », fit Filippo en lui désignant un fauteuil.

 
Elle s’assit sagement et attendit, parcourant le bureau son père d’un œil vague, avant que son regard ne se pose sur l’imposante silhouette qui lui tournait le dos. Son père était visiblement très absorbé par la vue qui s’offrait à lui par la fenêtre…Mais Myldi savait pertinemment qu’il n’en était rien. Il se retourna enfin et elle frémit devant l’expression de désapprobation qu’elle perçut dans les yeux verts.

« Myldilia, j’ai appris par votre mère que vous étiez encore allée traîner je ne sais où avec le fils du cuisinier… »

« Père… »

« Assez ! » hurla-t-il, laissant exploser sa colère. « Je vous avez interdit de sortir de l’enceinte du palais ! Je pense que les jardins y sont bien assez vastes pour que vous puissiez les parcourir à votre guise sans éprouver le besoin d’en sortir ! Or c’est pourtant ce que vous avez fait ! A présent, j’attends des explications ! »

« Père, je suis simplement sortie pour aller jouer avec Shanti…Vous savez bien qu’il n’a pas le droit de s’introduire dans le palais et encore moins dans les jardins… »

« Mais par Mörnir ! C’est un manant ! »                                         

«  Père, c’est vous qui m’avez appris à ne pas les mépriser… », répliqua-t-elle avec douceur.
                             

Filippo soupira et l’observa un instant, s’asseyant en face d’elle. Il semblait plus calme.

«  Myldilia, vous savez la raison pour laquelle je refuse que vous sortiez de l’enceinte du palais. Malgré nos efforts, et Mörnir sait qu’ils sont nombreux, Meath demeure une contrée peu sûre…et depuis quelques temps, la noblesse gronde devant les réformes démocratiques que j’instaure peu à peu. Et vous savez également que vous êtes réputée jusqu’au continent du Sud pour vos cheveux roux…A votre avis, que vous arriverez-t-il si vous veniez à tomber entre de mauvaises mains ? »

«  Je sais me défendre, Père… »                        

A ces mots, il éclata d’un rire sans joie.

« Certes… Mais lorsque vous sortez du palais avec Shanti, portez-vous une arme quelconque ? Je parle sérieusement…Que vous arriverez-t-il selon vous ? »
                                          

Myldi resta silencieuse.

« Je vais moi-même répondre à cette question. Dans le meilleur des cas, vous tomberez sur des ravisseurs magnanimes, qui vous traiteront selon votre rang, et vous utiliseront seulement pour une quelconque rançon ou quelques privilèges à la Cour… Mais imaginons à présent le pire des cas, le plus probable…Vous aurez affaire à des ravisseurs que votre beauté et votre charme ne laisseront pas indifférents, qui se soucieront peu de votre statut de princesse royale ou de votre jeune âge, qui vous violenteront puis vous tueront sans le moindre scrupule, avant de venir me quémander je ne sais quelles folies en échange de votre cadavre… »

Il soupira à nouveau en voyant le regard effrayé de sa fille et, s’agenouillant devant elle, effleura sa joue d’une caresse.

«  Nous allons faire un pacte, Myldi… Vous ne sortez plus du palais sans que j’en sois averti au préalable et vous dote d’une solide escorte de mes chevaliers ; et, en contrepartie, je touche quelques mots à la garde en ce qui concerne les allées et venues de votre ami Shanti dans mon palais… »

«  Oh, Père ! Vous êtes formidable ! », s’écria-t-elle en se jetant à son cou

« Bien ! Cette fâcheuse question étant réglée, parlons d’autres choses ! »

Sur ces paroles, il se rassit en face d’elle et s’enquit d’un air réjoui :

«  Comment se fait-il que ma fille, d’ordinaire si prompte à accourir lorsque je la fais appeler, a mis aujourd’hui plus de deux heures avant de se présenter à mon bureau ? »

« Mère m’a retenu une éternité pour le bal de cette fin de semaine pour l’anniversaire de Pavel… »

« Et le votre ! »

« Et le mien, bien entendu », reprit-elle. « Bref, elle a fait venir ses couturières personnelles qu’elle a fait s’activer autour de moi tel un essaim d’abeilles. Oh, Père, j’en ai encore le tournis ! J’ai dû batailler ferme pendant près d’une heure pour obtenir qu’il n’y ait pas de rubans sur cette robe ! Mère était furieuse et j’ai dû céder pour les perles… »

Filippo éclata de rire à ce récit.

« Cela ne m’étonne guère de votre mère ! Elle est littéralement obsédée par ce bal … 15 ans… Par Mörnir, j’ai l’impression que vous arriviez en ce monde hier encore, votre frère et vous… »

« A ce propos… A-t-on des nouvelles de Pavel ? »

« Aucune… »

« Et s’il n’était pas là pour le bal ? Voilà trois semaines qu’il est parti en Brennin à présent…et tout cela pour je ne sais quelle stupide mission ! »

« Je n’aurais pas envoyé votre frère en Brennin pour une mission stupide ! D’ailleurs, il n’y a aucune mission stupide ! », rétorqua Filippo.

« Mais il me manque tant… »

« Lorsqu’il est là, vous ne cessez de vous chamailler ! »,  objecta son père, sceptique.

« Je sais ! Mais je m’ennuie terriblement de lui ! Pourtant, il est DETESTABLE ! »

Filippo éclata de rire à nouveau.

« Et si nous allions prendre l’air et entraîner un peu votre jeu de jambes, damoiselle ? Peut-être cela vous fera-t-il oublier un moment la si pesante absence de votre preux chevalier de frère… Voila fort longtemps que nous n’avons pas croisé le fer ! »

« Oh oui, allons-y ! Je vous parie que je vous désarme ! J’ai passé des heures à m’entraîner avec le chevalier Eragorn ! »

 

-°O0O°-

 

« Votre garde, Myldilia ! Vos jambes ! » lançait Filippo tout en observant attentivement le jeu de jambe de sa fille, à la recherche d’une faille qui tardait à apparaître.

Se souciant à peine des injonctions et conseils de son père, la jeune fille parait puis attaquait, parait puis attaquait… scrutant également le jeu de jambes et les mouvements d’épée de son père…contrôlant à la perfection ses dérapages dans la terre battue du parc…Il n’y avait qu’eux… Eux seuls…Le père et la fille…Cela ne leur était pas arrivé depuis si longtemps qu’ils savouraient tout deux ce moment avec délice…

Myldi plissa tout à coup les yeux et elle le vit, elle le vit enfin…Ce point faible dans le jeu de son père…Ce qu’elle avait tant cherché depuis le jour où il lui avait mis sa première épée entre les mains…Depuis le jour de leur premier combat…

D’un coup violent et dans un cri sauvage, Filipo fut désarmé, son épée tournoyant à plusieurs mètres de lui. Stupéfait, il esquissa aussitôt un mouvement pour la récupérer mais sentit une lame glacée sous sa gorge.

« Ne jamais baisser sa garde avant d’avoir totalement neutralisé l’adversaire…Ce sont vos leçons, Père…Ainsi, je crains fort que vous ne puissiez aller récupérer votre épée… »


Filipo dévisagea sa fille. D’une beauté déjà époustouflante pour son jeune âge, l’intensité de son regard indigo le fit presque ciller. Il sourit faiblement lorsqu’il l’entendit lui demander, avec une jubilation à peine contenue dans la voix :

« Si je ne m’abuse, même Pavel ne vous avez jamais désarmé ! Qu’en dîtes-vous ? »

Tout en elle n’était que défi et passion en cet instant…Le sourire de Filippo s’élargit :

« J’en dis que je suis un excellent professeur ! »

Myldi rangea son épée dans son fourreau qu’elle passa en bandoulière autour de son cou. Soudain, une voix qui ne lui était que par trop familière résonna dans leur dos.

« Eh bien, Père ? Depuis quand ma sœur vous désarme-t-elle ? »

Myldi avait fait volte-face dès les premiers mots prononcés d’une voix moqueuse…pour apercevoir la Cour dans sa quasi-totalité, à la tête de laquelle se tenait sa mère, mais surtout pour croiser un regard vert qui n’avait rien perdu de sa malice.

«  Pavel ! », s’écria-t-elle avant de s’élancer vers les bras déjà ouverts pour l’accueillir.

Elle sauta au cou de son frère jumeau alors que leur mère étouffait un cri de désapprobation. Lorsqu’elle le libéra enfin, les joues rosies et les yeux brillants, Pavel put enfin saluer leur père.

« Mes hommages, Père ! »,  lança-t-il alors que ce dernier posait une main sur son épaule dans une accolade virile. « Et, ajouta-t-il, regardez donc qui je vous amène… »

Il s’effaça et les yeux de Myldi s’agrandirent de surprise.

« Santiago ! » s’exclama Filipo en s’avançant pour saluer le roi de Sifilia. « Mon vieil ami…Comme cela me réjouit de vous revoir après tant de temps…3 ans… »

« J’ai trouvé le roi sur la route de Léonness, tout juste débarqué au port de Pyrla alors que j’arrivais moi-même du Brennin… », expliqua Pavel. « Ils sont venus pour nos 15 ans », ajouta-t-il à l’adresse de sa sœur.

« Mais si je ne m’abuse, voila Drina ! », s’exclama le roi Santiago en posant les yeux sur Myldi.

Cette dernière sourit en s’entendant appeler ainsi. Il s’agissait là du diminutif de son troisième prénom : Alexandrina… Plus personne ne l’appelait ainsi depuis plus de 4 ans…4 ans…C’était aussi la dernière fois qu’elle avait vu le roi Santiago, roi du puissant royaume du continent du Sud, Sifilia. La dernière fois qu’il avait fait le long voyage jusqu’à Meath.

« Roi Santiago, je suis si heureuse de vous revoir ! », lança-t-elle, sincère, en exécutant une révérence parfaite.

« Drina, vous avez tant changée ! Vous êtes magnifique…Une vrai jeune fille à présent ! » 

Le roi Santiago se tourna vers deux jeunes hommes que Myldi avait jusque là à peine remarqué.

« Laissez-moi vous présenter mes fils…Santi, l’aîné et Tonyo, mon cadet… »       

Myldi baissa gracieusement la tête tandis que les deux princes s’inclinaient la main sur le cœur. Elle les observa en relevant le menton : Santi, bien que le plus âgé était d’une carrure beaucoup plus frêle que son frère…Blond comme les blés, il possédait un visage délicat, fin et pâle, d’une teinte presque maladive, et des yeux d’un bleu transparent qui se posèrent sur elle dans un regard doux mais inexpressif, lui arrachant une moue. Tonyo semblait être en tous points son opposé. Ses cheveux étaient aussi noirs que ses yeux, d’un noir profond qui faisait presque frémir. Son teint était hâlé par le soleil et il était déjà finement musclé.

« Santi, Tonyo, voici Myldilia, princesse de Meath, qui porte le nom de notre plus belle ville et capitale, et, ma foi, digne descendante des grands guerriers de la cité d’Edoras…Il s’agit là d’une des plus fines lames de Meath et probablement des deux continents… »

Myldi sourit à ces paroles, flattée.

« Elle est bien trop jeune pour être aussi douée que vous le prétendez, Père… », lança Tonyo, visiblement sceptique. « Et puis, c’est…une fille ! »

La jeune fille ne se départit pas de son sourire, mais se tourna vers son père et lui fit signe de se baisser. Celui-ci s’exécutant, elle lui glissa à l’oreille, malicieuse :

« Père, je ne ferais rien sans votre autorisation, mais ce jeune homme vient de m’insulter et je pense qu’il mérite une petite leçon… »

Filipo sourit et lui adressa un clin d’œil, avant de se redresser et de lui tendre son épée. Elle la prit fermement et se retournant vers Tonyo, la lui lança. Il l’attrapa au vol tandis que claquaient dans l’air les paroles de la jeune princesse.

« Eh bien, seigneur, je vous mets au défi de me battre à l’épée ! »

Elle tira lentement sa propre épée de son fourreau tandis qu’un murmure traversait la Cour et que sa mère lui lançait un regard outré.

« Immédiatement ! », lâcha-t-elle, voyant que Tonyo hésitait.

Piqué par l’intonation de sa voix, le jeune homme, visiblement agacé, s’avança vers elle d’un pas rapide et décidé et engagea le combat. Très vite, ils s’éloignèrent des personnes assemblées dans le parc et, lorsqu’elle jugea la distance assez grande, Myldi décida de mettre un terme à l’affrontement. Ayant repéré dès les premières secondes les faiblesses du jeu de jambes de son adversaire sur la gauche, elle l’y amena d’une manœuvre habile, et d’un coup aussi violent que précis, envoya son épée tournoyer à plusieurs mètres, tandis que Tonyo perdait l’équilibre.

Lorsque, tombé sur le dos, il tenta de se relever, la pointe acérée d’une lame sur sa gorge l’en empêcha. Il leva les yeux pour rencontrer un regard indigo implacable.

« Quel âge avez-vous, mon seigneur ? », demanda-t-elle.

« 16 ans… », souffla-t-il, déglutissant péniblement.

« Je vois…Votre jeu de jambes est déplorable… »"        t attentivement le jeu

Tonyo rougit de colère sous l’insulte à peine voilée, et tenta à nouveau de se relever. Mais il se figea, surpris par la fermeté avec laquelle l’épée était maintenue contre sa jugulaire.

« Ainsi, vous venez donc en quelques secondes de vous faire ridiculiser à l’épée par, jusqu’à preuve du contraire, une fille, qui est de plus votre cadette de plus d’un an…Je suppose que votre arrogance vous aura fait croire que vous étiez ici comme chez vous…Or, nous sommes ici en pays guerrier ! » martela-t-elle. « Ceux qui ne savent pas manier l’épée meurent par elle…Ainsi, selon nos règles et celles de Nimen et Morrigan, nos chères déesses guerrières, votre vie m’appartient en cet instant… »

L’éclat qu’il aperçut dans le regard de la jeune fille fit frémir Tonyo. Effaré, il la vit élever son épée dans un mouvement gracieux et souple et l’abattre violemment sur lui. La lame s’enfonça dans la terre battue à quelques centimètres à peine de sa tête. Myldi afficha un air moqueur et triomphant en jaugeant les gouttes de sueur perlant sur le front du jeune homme et ses paupières fermement closes, un air de terreur sur le visage. Elle croisa le regard toujours aussi malicieux de son jumeau qui lui souriait, et laissa échapper un ricanement en s’éloignant rapidement.

 

-°0O0°-

 

« Oh, par tous les Dieux ! Myldilia ! Je ne cesse de le répéter : vous me rendrez folle ! »

« Je ne savais pas que vous étiez si fragile, Mère ! Je vous prie d’excuser cette ignorance de ma part… », railla Myldi.

« Comment avez-vous pu vous comporter de la sorte avec un prince ? Et devant toute la Cour ! », poursuivit Dya sans paraître remarquer l’air moqueur de sa fille. « Oh, quelle misère ! Je vous aurez sur le dos jusqu’à la fin de ma vie…Je ne parviendrais jamais à vous marier ! »

« Ne vous en faîtes donc pas pour cela, Mère ! Je me ferais prêtresse de Dana dès ma majorité ! »

Le ton était mordant, et Dya n’y tint plus.

« Il suffit ! J’exige que vous alliez vous excuser auprès du prince Tonyo dès que possible. »

La réponse fut cinglante :

« Jamais ! »

« Pardon ? »

« J’ai dit : jamais ! Je ne vois absolument pas l’utilité d’aller m’excuser ! On s’excuse quand on regrette ce que l’on a fait. Ce n’est pas mon cas ! Prince de Sifilia ou non, il l’a bien mérité ! De plus, c’est Père qui m’a donné son épée… »

« Votre Père ne s’attendait pas à ce que vous fassiez ce que vous avez fait ! Myldilia ! Je crois que vous ne saisissez pas bien ! Vous pourriez déclencher une guerre par votre comportement ridicule ! »

Myldi laissa presque malgré elle échapper un ricanement moqueur à ces paroles.

« Père a décidément bien raison de ne pas vous mêler aux affaires du royaume ! Vous n’y entendez rien ! Le roi Santiago n’est pas un de ces pantins dont vous avez l’habitude à la Cour…Jamais il ne déclencherait une guerre pour une histoire aussi futile et qui ne le touche en rien ! Seul l’orgueil de son fils a été blessé dans cette histoire et il s’en remettra bien assez vite ! Vous rendez-vous seulement compte combien le prince Tonyo a été arrogant ? Il a clairement laissé entendre que je lui étais inférieure ! Je lui ai simplement montré à ses dépens que ce n’était pas le cas ! »

« Mais bien sûr que si c’est le cas ! Les femmes doivent être soumises aux hommes ! Cela est même écrit dans nos livres, notre Histoire ! Nos prêtres le disent : les Dieux en ont décidé ainsi ! »

« Mais vous croyez bêtement tout ce que vous disent vos prêtres ! Les dieux n’ont jamais décidé de telles idioties ! Dana et Mörnir se complètent, ils sont aussi puissants l’un que l’autre; Nimen et Morrigan ont droit de punition sur tous, y compris les dieux, quels qu’ils soient et ce sont des femmes ! »

« Myldilia ! », hurla Dya, à bout de nerfs. « Vous resterez dans vos appartements jusqu’au bal ! Je ne veux plus vous voir d’ici là ! »

« Mais il a lieu dans 2 jours ! », protesta Myldi, horrifiée à l’idée de rester cloitrée 2 jours entiers.

« Assez ! Je rends la punition publique ! Si vous osez me défier en désobéissant, je vous fais fouetter jusqu’au sang ! Et vous irez vous excuser auprès du prince de Sifilia ! Sortez à présent ! »

Jetant à sa mère un regard glacial, Myldi se dirigea vers la sortie de ses appartements. Avant de se retirer, elle lâcha d’un ton sans réplique :

« Je n’irais pas m’excuser. Jamais ! »

 

-°0O0°-

 

            De longs cheveux bruns…Une voix qui l’appelait…Une voix si douce…Elle avait déjà entendu cette voix, elle en était certaine…Elle tenta de s’en approcher encore, elle trébucha…La femme rit doucement, comme attendrie…

« Qui êtes-vous ? »

« … »                                                                 

« Qui êtes-vous ? Dites-moi, je vous en prie... »

Enfin, la brume qui l’entourait se dissipa…Elle allait enfin apercevoir son visage…

« Je suis… »

            Un galet cognant contre sa fenêtre réveilla brusquement Myldi. Elle grogna…Elle s’était encore réveillée au moment où elle allait enfin voir le visage de cette femme… Elle en rêvait si souvent ses derniers temps…Elle secoua doucement la tête comme pour la faire sortir de ses pensées, et se leva, se dirigeant sur son balconnet, pour voir qui avait lancé le caillou sur sa fenêtre.

 

 

 

NdA : Voilaaaaaaaa ! J’espère que ça vous a plu… Vos avis sont tous les bienvenus pour que je puisse améliorer cette histoire ! Donc tous à vos souris et à vos claviers !

 

Je pense développer cette fic en une petite trentaine de chapitres…

Elle comportera très certainement une suite puis une troisième partie qui reviendra en arrière sur l’histoire des parents de tous les personnages de cette histoire… Voila ! Donc du boulot en perspective !

 

 

 

 
 
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