Le 12 décembre 1930 Niort. Louis. Je n'ai jamais pu t'appeler "mon frère" même si le lien que j'ai avec Paul, me le permettait. Et je ne le ferai jamais... La secrétaire de mon mari a intercepté ta lettre, comme je le lui avais demandé, voila plusieurs mois. Je te demanderai de ne plus lui écrire, de ne plus essayer de le voir, de rompre tout correspondance, tout lien, tout ce qui le retient a toi. Ne te rends-tu pas compte du mal que tu fais, Louis? Tu détruis sa vie, la mienne et celle de notre fille. Tu ne penses qu'à la tienne. Tu es si égoïste. Tu ne vois donc pas. Il n'est pas a toi et il ne l'a jamais été. Vous avez entretenu une relation atroce, contre les lois de la nature, pendant si longtemps. Mais il n'a jamais été tien. Vous êtes, tout les deux, des narcissiques. Vous aimez votre propre reflet. Voila ce que vous êtes, ce que vous faites! A chaque fois, que je plonge dans les yeux de mon époux, je vous vois enlacés dans un lit de mensonges et de blasphèmes. J'aimerai tellement me venger, en finir avec tout cela de la manière la plus radicale. Si tu étais devant moi, je te tordrai probablement le cou. Mais malgré cela, j'aime mon mari... Et Charlotte ne mérite pas une famille détruite. Elle a vos yeux et aura certainement, mes cheveux que tu aimes tant. Je t'en prie, Louis, ne la prive pas de la chance de vivre avec une famille heureuse. Abandonne mon mari. Envois-lui une lettre, lui disant que tu ne veux plus le voir, que tu as rencontré un autre joyeux libertin et que tu l'aimes. N'importe quoi... Rends le moi! Mme Evelyne Dubois, épouse de Mr Paul Dubois. *** Le 15 décembre. Niort. "Après une longue et vaine attente, j'ai décidé que ce serait moi qui t'écrirais, dans ton interet, comme dans le mien, car je ne voudrais pas me dire que j'ai passé deux longues années, en prison, sans avoir jamais reçu de toi une seule ligne, ni-même quelque nouvelle ou quelque message, si ce n'est pour en éprouver de la peine." - Oscar Wilde Lou. Je ne peux me résoudre à attendre plus longtemps. J'ai tenté de réfréner mon envie de te rejoindre à Londres et j'ai réussi. Mais je n'arrive pas à vivre sans nouvelle de toi. Je t'en prie, Lou, ne me laisse pas seul. Tous les soirs, je veille jusqu'à des heures, plus que matinales. Je suis épuisé. Je ne touche plus ma femme et je ne veux rien avoir à faire avec ma fille... Oh! Tu ne le sais pas. Ou peut-être que Adélaïde t'a tenu au courant. J'ai eu une petite fille. Charlotte. Elle a nos yeux. Elle a tes yeux. Comment pourrais-je seulement la regarder, sans penser à toi? La tenir dans mes bras, sans vouloir que ce soit toi qui s'y trouves? Un anglais est venu faire des affaires avec Mr Olib, hier. J'ai discuté avec Mr Slade qui était venu pour publier un livre. Apparemment, il côtoie des milieux qui te plairaient beaucoup. Il m'a parlé d'un "Louis Loup Blanc", un français, d'après ce que j'ai compris. Tu devrais essayer de le rencontrer. Selon Jon, il est l'être le plus charmant qu'on lui ait jamais donné à croiser. Je crois qu'il est le genre d'homme que je pourrais apprécier, si je le connaissais. Jonathan m'a appris tellement de choses. Savais-tu que Oscar Wilde avait été mis en prison, pour ce que nous avons fait? Et Jane Austen! As-tu déjà entendu son histoire d'amour impossible, avec ce jeune avocat. Elle aimait ce jeune homme et c'était réciproque, mais ils n'ont jamais vraiment été ensemble. Ring any bells? (Jon m'a dit que l'on pouvait utiliser cette expression.) Je me souviens de Tante Marie, qui était une savante dans tout ce qui concernait Jane Austen, mais je ne me souviens pas d'un Tom, dans ses histoires. J'aurai aimé entendre cette histoire. Nous aurions pu, ensuite, nous amuser à réunir les deux amants. Et après cela, Mère nous aurait sûrement rabroué. Tant de souvenirs! Je ne peux m'empêcher de rire, en me remémorant les problèmes que nous avons causés, à Mère. Apres tout, elle le méritait. Nous avons parlé de notre histoire, de ce que je ressentais pour toi, et toi pour moi. Jon a compatis. Il aimerait nous aider. Je continuerai à lui poser des questions sur ce qu'il pourrait faire afin de nous donner l'opportunité de nous voir. Je ne suis pas prêt à abandonner. Au contraire, je suis prêt à tout, désormais. Je traverserai La Manche, fusse-t-il en avoir plusieurs, si je peux te voir rien qu'une minute. Mais nous le savons tout les deux, je suis trop lâche, pour, un jour, réaliser notre rêve. Je ne me souviens plus de ton visage ou de ta façon de froncer les sourcils, qui me faisait tellement rire. Nous avons le même visage, je le sais, mais j'ai tellement envie de voir le tien propre. J'ai l'impression de me noyer. Fais quelque chose, Lou. Aide moi. Ne m'abandonne pas. Ou peut-être que ta vie Londonienne t'as fait oublié ton frère. Je ne t'en veux pas, mais je t'en prie, souviens-toi encore quelque fois de moi et ne me pardonne pas d'avoir été aussi lâche. Paul. "My tears flow as I write, at the melancholy idea" - Jane Austen *** Londres Le 17 décembre. Ma chère Evelyne, ma chère belle sœur. Tu ne peux qu'imaginer l'état dans laquelle m'a mis ta lettre. Tu m'as rappelé tellement de souvenirs avec Paul, Tu m'as tellement fait pleurer. Je crois bien que je ne l'aime qu'encore plus. Mon état était tel que, je peux bien te le dire très chère belle sœur, j'ai joui à ta lecture! Mon foutre s'est déversé sur ta lettre comme sur le ventre blanc de ton époux. Car oui, jamais personne ne m'a touché que mon frère, et toujours il était l'investigateur de nos jeux que tu dis si bien pervers. Je sens encore son vit, plonger entre mes fesses et fondre à l'intérieur de moi. Ici, tout se passe bien, je parle couramment anglais désormais! Ce sont vraiment de charmantes personnes! Embrasse ma douce nièce pour moi! Louis Dubois. *** Londres le 21 décembre 1930 Adélaïde, ma tendre amie, tu es le seul espoir qu'il me reste. Je t'en supplie, toi que je tient au courant de tout mes faits et gestes, toi qui sait tout et ne condamne pas, pourrais tu donner cette lettre à Paul? Sa femme refuse que je lui écrive comme tu le sais, et confisque les lettres... Je t'en supplie douce Adélaïde. ps: Que dirais tu de venir passer le nouvel an à Londres? Je t'y invite, ainsi que ton mari et tes deux adorables filles. N'hésite pas à venir! Louis. *** Londres Le 21 décembre 1930 Joyeux anniversaire mon frère. 26 ans pour toi et pour moi. Six ans d'amour dans 2 jours. Je ne regrette pas ce baiser. Le 23, il y a tout juste six ans, jours pour jours. J'en rougis en y repensant toute fois, tu aurais aisément pu me repousser, me traiter de tout les nom, mais non. Je t'aime. Nous avions 20 ans, cela fait long. J'ai bien reçu ta lettre, et je dois te dire que je t'en ai au moins écrit autant, qu'Evelyne a toutes confisquées. Espérons qu'elle ne les a pas détruites. Je dois te dire à ce sujet que je n'ai pas été tendre avec elle, autant qu'elle l'a été avec moi. Oui, j'ai su que tu as eu une magnifique petite fille, mais ce n'est pas Adélaïde qui me l'a annoncé, mais bien ta chère et tendre épouse! Elle veut me faire dire que je ne t'aime plus, elle dit que je gâche ta vie, qu'il faudrait que je trouve un autre "libertin" avec qui folâtrer. Dis moi ton tendre frère. Dis moi si ce qu'elle dit est vrai? Dois-je renoncer à toi? Je n'en ai aucune envie, sache le. J’aimerais que tu viennes à Londres. J'ai invité Adélaïde pour le nouvel an, pourquoi ne pas venir avec elle? Mais je comprendrais que tu ne puisses te résoudre à laisser femme et enfant. Je ne t'en veux pas. Ne te méprends pas, vois que je te pardonne dans cette lettre. Mr Slade? Jon? Je le connais, c'est un homme charmant, et je crois savoir à qui il fait référence lorsqu'il te parle d'un certain loup blanc. Je ne doute pas une seconde quand au fait que tu t’entendes avec lui, je sais que tu l’aimes déjà, étant donné qu'il s'agit de moi. J’adore cette expression, alors ils se moquent gentiment en me surnommant ainsi. Il faut que tu viennes, je sais exactement ce qu'il faut faire de tous les rêves que nous avions, oublier New York. Tiens! Viens donc avec pour excuse de voir Jon et discuter d'autres de ses écrits, ses poèmes sont d'une beauté exquise, tu vas les adorer. Tu me manques tant. Je pris pour que tu reçoives cette lettre ci cette fois. Si je n'ai pas de nouvelles de toi d'ici deux semaines, je me débrouillerais pour téléphoner à ton travail. Il y a une poste qui fait télégraphe et téléphone près de chez moi. J'en ai même très envie à l'heure actuelle, entendre ta voix me fait tellement envie... Oui... je termine la lettre et je t'appelle! C'est idiot n'est ce pas? Je t'aime tellement, tu me manques, je ne sais pas comment te le dire, comment te faire comprendre à quel point tu es important pour moi. J'ai tellement envie de te voir, c'est assez fou. Je veux te serrer contre moi. Avec tendresse, passion et manque. Ton Lou. *** Chez Mère à Paris. Le 1er janvier 1931 Oh mon Amour. Joyeux anniversaire a toi, également. Bonne année. J'aurai pu te repousser. Oh oui! J'aurai pu. Mais ça aurait signifié aller a l'encontre de mes propres envies et sentiments. 20 ans! Nous étions jeunes. Nous le sommes toujours. Evelyne a reçu ta lettre. Elle me l'a dit. Peut après, ton appel, que je n'ai cessé de me remémorer depuis, elle m'a parlé de ce qu'elle avait fait et de ce que tu lui avais répondu. Elle m'a transmis toutes tes lettres. Elle a été choquée. Très. Elle en est restée au lit, pendant deux jours. J'ai appelé le docteur Briant, qui l'a ausculté. Mais elle va mieux, aujourd'hui. Je l'espère. Parce que je l'aime, Lou. Comme Jon qui aime a la fois sa femme et son collègue, dont tu m'as parlé au téléphone. Il est étrange qu'il ne m'ait pas parlé de cela. Sûrement parce que Tracey était présente. Mon tendre tendre frère. Comme je te l'ai dis au téléphone, voila 10 jours, tu n'es pas égoïste. Et tu ne gâcheras jamais ma vie. Le temps que je passe avec toi est pur bonheur et je donnerai n'importe quoi pour qu'il soit plus long. Ne renonce pas a moi! Jamais! Jamais! Adélaïde m'a donné ta lettre la veille de Noël. Comme elle est charmante! Elle l'avait enveloppé comme pour un cadeau. Ce fut le plus merveilleux cadeau de toute la soirée. Je ne peux pas dire le plus cadeau de ma vie, puisqu'il y a 4 ans, tu m'as offert ton corps. Comme j'aimerai revivre cette soirée! Le nouvel an est passé désormais. De toute façon, je n'aurai pu y assisté. Mes obligations familiales m'ont conduit à Paris, où Mère nous a accueillis, pour 2 semaines. J'ai eu l'espoir fou de t'y voir. Je suis demeuré longtemps devant la porte d'entrée. Mais tu n'es pas venu. Pourquoi Londres t'as-t-elle arrachée à mes bras. Tu es le Loup Blanc! Quel magnifique Loup Blanc, tu fais. J'aimerai tellement plonger mon visage dans ton pelage! Comme je te l'ai dis, je serai dans la maison de Jon, à Paques. J'aimerai t'y voir. Evelyne ne sera pas la. Et Jonathan ne pourra pas nous refuser ce plaisir. Je vais t'appeler. J'y ai pensé, depuis ce 23 décembre. Et je crois que je ne plus vivre sans ta voix, désormais. J'utiliserai le téléphone de mon travail, comme cela nous pourrons parler sans nous arrêter. Je t'appelle. Prend soin de toi, mon amour. Paul. __________ Hahaha... a suivre . |