Piste07_Les derniers jours Aujourd'hui est, d'après ce qu'on m'a dit, une des deux journées les plus épuisantes de notre voyage et l’une des dernières. Ça me fait bizarre. En quelques jours, j'ai vécu tellement de choses que j'ai l'impression que ce sont des mois qui se sont écoulés. Je ne réalise pas encore ce qui s'est passé. J'ai rencontré plusieurs célébrités japonaises, alors que normalement ce n'était juste qu'un voyage de « découvertes ». On nous avait donné deux jours pour découvrir le pays - plutôt Tokyo, mais bon - nous pouvions visiter, nous amuser... Sauf que moi, je ne me suis pas vraiment amusé, et pas du tout reposé. Je suis épuisé moralement. Entre Seguchi, Yuki Eiri et mes parents, je ne m'en sors plus. Heureusement que le voyage se termine bientôt. Je ne les reverrai plus. Que du repos. Et puis je retrouverai la France qui m'a, quand même, manqué. Surtout les fans et les concerts. Haaaa, comme je suis pressé de rentrer. Mais avant, il nous reste des séances photos et interviews à donner. C'est étrange, depuis que nous sommes allés à N-G, nous avons eu une recrudescence de demandes de la part de magazines ou de radios. Je suis sûr que Seguchi est dans le coup. Il ne peut pas s'empêcher d'interférer partout. C'est un parasite. Oh ! Magnifique ! Je cherchais un terme pour le qualifier, eh bien! j'ai trouvé. Un parasite blond... Ah ! Il n'y en a pas qu'un, il a aussi Yuki Eiri ! Deux parasites blonds... héhé. Ça en fait beaucoup trop là. Trop pour moi, un être si innocent, si pur, si gentil... Bon, ok, j'arrête de me lancer des fleurs – c'est ça hein ? L'expression ? – C'est en partie vrai. Je suis gentil. Très, même. Tout le monde le dit. Quoi ? Je ne le suis pas ? Oui, mais ça ne compte pas les pensées. C'est pas comme si je les disais à voix haute, non ? Bon, c'est exact que certaines fois, je parle. Mais pas souvent... Bref. C'étaient des journées épuisantes, et je n'ai même pas pu visiter. Tous ce que j'ai vu c'est : le bâtiment de N-G : qui soit dit en passant, me met mal à l'aise, le toit de N-G et la façade : pour un troisième jour au Japon, on ne fait pas mieux. Tomber dans le vide. Il n'y a que moi pour faire ça, un restaurant chic : mais attention pas riche, hein ? Juste les plus pauvres chez les célébrités..., la nouvelle maison de mes parents : là, j'ai réussi à pleurer, à fuir et à me perdre, le parc, la voiture de Mister Yuki : où peut-être des choses bizarres sont arrivées. N'oublions pas que je n'ai plus de souvenirs, et enfin l'hôtel. Pas terrible le tourisme. Maintenant que ces deux jours sont terminés, le boulot commence. À quatorze heures, nous avons rendez-vous avec un magazine. Première interview nippone. C'est excitant. On frappe à ma porte. Je vais l’ouvrir Kristal. Tiens ? D'habitude, elle ne prend pas la peine de frapper. Elle plutôt du genre à ouvrir violemment la porte et à faire un boucan pas possible. Mais, là, elle est calme. Trop calme. Comment on dit déjà ? Le truc... Quand quelque chose est trop calme, et que forcément, il va se passer un drame... C'est... le calme avant... l'ouragan !! Ouais c'est ça ! Je suis trop content, je m'en souviens. « Non, Shû. Ce n'est pas « le calme avant l'ouragan » mais « avant la tempête ». » Hein ? J'ai parlé à voix haute ?! La prochaine fois, je ferai attention. Si les gens apprennent ce que je pense, ce sera la cata ! Je me demande : Que fait Kristal ici ? Non pas que je ne veux pas la voir mais je croyais qu'elle devait venir me chercher juste pour l'interview... « Hé oui, Darling, c'est l'heure d'y aller. Ne soyons pas en retard pour notre premier journaliste japonais ! » me dit-elle souriante. Non, il n'est pas temps de partir. Je file un coup d'œil discret au réveil sur la table de nuit. Ah bah, ouais. « Je me prépare et j'arrive. » Je vais pour refermer la porte quand Kristal la retient du pied. J'hausse un sourcil. Qu'est-ce qu'elle veut ? « Shûichi. » J'aime pas le ton sérieux qu'elle prend. Je déteste quand elle prononce mon prénom comme ça... « Ça va ? » Je nage dans le brouillard. « Bien sûr que je vais bien, pourquoi ? » Elle secoue la tête de droite à gauche. Elle me dit que je ne comprends pas. Ouais, je comprends pas. Finalement, elle enlève son pied, et je peux fermer la porte. J'essaie de me coiffer – enfin de donner une forme convenable à mes cheveux, sinon ils sont en pétard. Je finis de me préparer rapidement, et sors de ma chambre. Kristal m'attends sagement, appuyée au mur d'en face. Elle a une attitude bizarre. Peut-être qu'elle est malade, il faudrait que je voies ça. Elle me prend le bras et m'entraîne à l'extérieur de l'hôtel, où notre cher van nous attend. Finalement, je l'aime bien. J'aimerais bien l'emmener en France. Je crois que c'est impossible... Par avion en tout cas, et par la terre ce serait trop long – enfin le bateau et la terre. Lorsque je monte dans le véhicule, je m'aperçois que personne n'est son état normal. Premièrement, Rick ne sourit pas et/ou fait des blagues stupides. Deuxièmement, Thomas, qui garde toujours son sourire en coin, a l'air d'être malade. La couleur de son visage oscille entre le vert, le blanc et quelques rougeurs. Troisièmement, Kristal ne s'accroche pas à moi. Fait exceptionnel à marquer d'une pierre blanche. Et enfin, quatrième et dernièrement, notre manager est heureuse. Elle sourit tout le temps, et je sens qu'elle va parler pendant tout le trajet ! Malheur ! La situation est inversée. Après dix minutes de trajet, nous arrivons enfin au lieu de rendez-vous. Un petit restaurant discret, au coin d'une rue bondée de la capitale. L'interview devait normalement se passer à l'hôtel mais au dernier moment, le journaliste a décidé un autre endroit. Au moins, je peux sortir de l'hôtel sans risque de croiser l'écrivain. Nous entrons tous les cinq à l'intérieur. Ce restaurant ressemble plutôt à un bar avec terrasse. L'intérieur est décoré sobrement, les murs imitation bois, des petites tables noires, ou en bois. Une douce musique s'élève dans les airs. Simple, mais je m'y sens à l'aise. Je n'aime pas les endroits trop fringants, même si, d'un côté je dois en fréquenter. Le journaliste est, en fait, une femme : Yukio Manami. Elle nous sourit franchement et nous propose de nous asseoir. Manami, au centre du groupe formé, commence avec les questions habituelles, auxquelles nous avons dû répondre tellement de fois en France. Une excitation pour le fait que ce soit au Japon. Comme pour les premières interviews du groupe. Une joie indéfinissable me prend, et c'est avec plaisir que je réponds à quelques questions directement en japonais. Une demie heure plus tard, nous avons fini avec la promesse de revenir au Japon pour la prochaine tournée que nous ferons. Pas si sûr. Je me sens un peu énervé. Certaines questions m'ont laissé un goût amer sur la langue. Je me demande comment elle a pu avoir autant de renseignement. « Passons à la prochaine question : J'ai entendu dire que vous aviez été contacté par la maison de disque N-G, du célèbre producteur Seguchi Tohma. Pouvez-vous m'éclairer sur cette rencontre, et si elle signifierait un nouveau contrat ? – Eh bien, commença la manager, Seguchi Tohma nous a proposé un contrat, mais nous avons décidé de refuser. Les Sun Of night veulent avoir du temps avant d'accepter. La transition serait trop rapide entre leur maison de disque, moyenne, et N-G. L'écart trop important. Mais, en aucun cas, ceci est un refus définitif. Elle sourit. – Cette question est destinée à Shûichi : Des rumeurs courent sur votre compte. On dit que vous avez quelques relations avec Yuki Eiri, est-ce vrai ? Shûichi rougit. Il ne s'attendait pas à cette question. – Oui, nous nous sommes rencontrés deux, trois fois, mais rien de très sérieux. Nous ne sommes même pas amis. Seulement des connaissances. – Oh oh ! ricana Manami, ce n'est pas ce que j'ai entendu. Je sais d'information sûre, que l'écrivain et vous étiez dans un parc tard dans la nuit, et qu'ensuite, il vous aurait ramené à votre hôtel et serait monté avec vous, dans votre chambre... dit-elle sur un ton de conspirateur, s'étant approchée de Shûichi. Celui-ci secoua la tête rapidement, son rougissement s'était amplifié. – Non, il m'a juste ramené car je me sentais fatigué, et... je... Il n'y a rien eu... Euh... Yukio Manami sourit de contentement. – Très bien ! Maintenant Rick, jeune homme plein de vitalité et d'humour..." » Non, mais c'est vrai quoi ! De quoi elle se mêlait ? Enfin, le jour où je comprendrai comment elle a pu savoir pour Yuki Eiri et moi, même s'il n'y a rien eu - dans mes souvenirs -, je l'étripe... ou pas. De toute façon, cette situation ne se répètera pas. Nous remontons alors dans notre van chéri, et allons à une séance photo. Ça faisait longtemps qu'on n’avait pas fait de photoshoot. Mais cette séance a été, bien entendu, appuyée par Seguchi. On n’a signé aucun contrat, et il s'en mêle quand même. Nous arrivons au local. Un photographe que je définirais d'exubérant nous accueille en nous lançant des phrases du genre « Vous êtes magniiifique ! » « Oh quelle jolie jeune fille ! » « Magnifiiique ! Tout simplement MA-GNI-FIQUE ! Je savais que tous les occidentaux étaient magnifique ! » Bref, je crois que le seul mot de vocabulaire pour nous désigner est : magnifique. À force, je vais saturer. Je crois aussi qu'il est bigleux. J'ai, certes, vécu en France, mais à ce que je sache je ne suis pas occidental. M'enfin, j'vais pas m'en plaindre. On se place et il commence à prendre des photos. D'abord de groupe puis individuelles. J'aurais préféré rester en groupe. Seul, il est carrément pire. « Oh, mais tu es magnifique ! Continue comme ça ! Ouiiii ! Cette expression, paaaaarfait ! Oh mon Dieu ! Un petit sourire, non un plus grand... Oh oui, c'est ça, continue ! » Je sens que je vais craquer s'il n'arrête pas. J'ai l'impression qu'il gémit, c'est embarrassant. Et il me regarde bizarrement, je suis tellement gêné que je rougis. Je vois une lueur s'allumer dans son regard. Il ouvre la bouche et... et... « Tu es tellement mignon que je te croquerais ! » Le tout avec un clin d'œil. Je vais mourir, les yeux comme des soucoupes et la bouche grande ouverte. Bon, je ne dois plus trop être mignon mais c'est de sa faute ! Il ajoute quelque chose : « Dommage que Yuki Eiri t'ai mis le grappin dessus. » Il soupire, déçu. Je suis encore trop sous le coup de la surprise, que je ne rougis même pas. Par contre, j'entends très bien mes chers camarades rire sous cape. Traîtres ! Mon tour passé, les autres subissent aussi toute sorte de compliment bizarres. Je l'avoue que quand on est spectateur, c'est extrêmement plaisant d'assister à ça. Et je me permets de rire beaucoup plus bruyamment que mes amis. C'est qu'ils en font des têtes ! À croire qu'ils ont vécu la piiiire journée de leur vie. Ha ha ! Après ces deux heures de prise, nous pouvons enfin nous reposer. Pas pour très longtemps, dans moins de deux heures nous devons nous diriger vers une radio pour répondre à des questions et jouer un petit live acoustique de deux, trois chansons. Mais avant, notre manager nous dit que nous allons rencontrer des personnes car ce cher Seguchi nous a dégoté des rendez-vous. Ça me sidère. Il n'est ni notre producteur, ni notre patron et encore moins notre manager. On n’a aucun contrat d'exclusivité avec mais il contrôle tout. Il veut avoir la main sur tout. J'en ai marre de n'être qu'une marionnette. J'en ai marre de toujours être commandé par les autres, et d'obéir à chaque désir sinon un drame pourrait vite arriver. Je me souviens d'une phrase de Seguchi « Pour me protéger ou protéger un être cher, je n'hésiterais pas à tuer s'il le faut. Retiens-le. » Elle me fait froid dans le dos, car je l’en sais capable. Je le sens. Deux heures et quelques « célébrités » plus tard, on est en chemin pour la radio. Vers dix-neuf heures, l'émission commencera. Après une petite demie heure de répétition et l'approche de l'équipe, l'émission débute. L’animateur lance le jingle de quelques secondes et commence à parler. « Hello la compagnie ! Ce soir, comme vous l'attendez tous, je suis avec le jeune groupe français Sun Of Night qui commence à faire un malheur au Japon ! J'espère que vous allez apprécier car ils nous offrent trois chansons en live, et en acoustique ! Salut jeunes gens, alors comment s'est passé votre séjour jusqu'à présent ? Termine-t-il en anglais. – Très bien, merci, dis-je avec un sourire presque hypocrite. Il me sourit en retour. – Première question : Tout le monde se demande d'où vient ce nom quelque peu bizarre. Que signifie Sun Of Night, ce qu'on pourrait traduire par « Soleil De Nuit » ? Kristal commence à expliquer : – En fait, ça n'a pas de signification particulière. Je pense que c'est juste un effet de style. Comme Shûichi adore la lune, on voulait s'appeler « Moon » mais c'était trop simple... Alors Shûichi, avec son anglais encore moyen, a lancé cette phrase. Et on l'a gardée. » M'ouais, mon anglais moyen, elle exagère... Bon, je l'avoue les premières chansons n'étaient pas très recherchées dans la langue... J'étais jeune. L'animateur acquiesce. Ce qu'il ne sait pas, c'est comment la phrase est venue. Je me souviens, c'était un jour où mes parents m'avaient encore engueulé pour quelque chose que je n'avais pas fait. Ils m'avaient privé de souper. À ce moment-là, il faisait nuit à partir de vingt heures et la lune était pleine. Je l'avais contemplée, et ses rayons m'apaisaient. Le journaliste reprend : « Maintenant tout le monde se demande, comment vous êtes-vous rencontrés ? – Kristal et Rick sont amis depuis longtemps, leurs parents se voyaient bien avant leur naissance. Donc, ils se connaissent depuis tout petit, réponds-je. Ils étaient mes voisins, et au bout d'un moment on s'est lié d'amitié. Thomas, lui, on l'a rencontré plus tard. Le groupe était déjà formé et on jouait à une sorte de fête, il nous a abordé. Il nous a harcelé pour jouer avec nous, finis-je avec un grand sourire. – Hep hep ! Non, ce n'est pas vrai, c'est juste qu'ils étaient tellement nuls que j'ai eu pitié d'eux, et leur ai demandé de me joindre au groupe. Pour les améliorer, bien entendu... » dit-il avec un clin d'œil à la collègue du journaliste. Celle-ci rougit comme une pivoine. Pire que moi. La suite se déroule tranquillement. On joue encore une fois Never Too Late, elle n'est pas vraiment finie, mais ils veulent l'écouter, alors... Nous rentrons à l'hôtel vers vingt-deux heures trente. On est allé dans un bar pour fêter cette dure journée de labeur. X. Ça y est, nous sommes sur le départ. Nous allons partir du Japon. Ce soir on embarquera, et je dirai au revoir au pays. D'un côté je me sens triste, d'un autre soulagé. J'aurais bien voulu rester un peu plus longtemps mais le budget est un peu serré. Nous avons bouclé toutes nos affaires. Je passe du temps avec Hiro et ma sœur car je ne sais pas encore quand je reviendrai. Nous sommes dans le parc où je m'étais perdu. Hiro l'aime bien aussi. Souvent, il vient ici avec son chéri-chéri, Fujisaki. Tiens, je me demande où est ce gamin quand même... Je l'ai vu hier, pour la deuxième journée de interview-rencontre-radio, comme étant le cousin de Seguchi. En fait, sans m'en rendre compte, j'étais entouré de parasites. À part que Fujisaki n'est pas blond. Ça, c'est un problème. Enfin, bref... Ça faisait longtemps que ma poisse habituelle n'était pas apparue. Bah, oui. Je l'avais presque oubliée. Cette malchance se présente comme ceci : une fumée de cigarette, un long manteau noir, un regard électrisant, une prestance à couper le souffle, une voix grave, et un blond sans pareil. Bref, tout le monde a compris de qui je parlais. Yuki Eiri. Bon dieu. Et bien entendu, les deux traîtres que j'appelais encore ami et sœur nous ont laissés seuls. Je vais les tuer. Nous nous fixons, lui d’un regard indifférent et moi furieux. Il n'a pas respecté ce que je lui avais dit à l'hôtel. Qu'il ne m'approche plus. « Tu ne m'as pas dit combien de temps. Alors, j'ai pensé te laisser deux jours pour que tu te calmes. » Saloperie ! Je boude, et croise les bras sur mon torse. J'ai tourné la tête à l'opposé. Je le sens s'approcher, il m'attrape le menton avec sa main droite, et me relève la tête. Il me regarde bizarrement. Je voudrais me détacher, mais d'un autre côté, je voudrais rester autant de temps comme ça. Je vois alors son visage approcher. Mon cœur bat tout d'un coup plus vite. Il appuie ses lèvres contre les miennes. Je ferme doucement les yeux. Il me mordille légèrement la lèvre inférieure, j'entrouvre un peu la bouche et il en profite pour faufiler sa langue à l'intérieur. Oh mon dieu ! Yuki Eiri m'embrasse encore une fois, et ce n'est pas qu'un petit bisou de rien du tout ! C'est un vrai baiser ! Mon premier. D'un coup je me détache de lui et m'enfuis. Mon cœur ne s'est pas arrêté de battre la chamade. J'arrive à l'hôtel tout essoufflé, j'entre dans ma chambre et m'adosse à la porte, mes mains au niveau du cœur. J'y crois pas ! J'ai répondu à son baiser ! Moi ! Bon, calme-toi. Ce n'est rien... Mais si, c'est grave. Bon sang ! Yuki Eiri, quoi ! J'aurais pu choisir quelque d'autre ! On frappe à ma porte, je l'entrouvre, de peur de voir l'écrivain sortant d'un boite à musique. Ouais, mon allusion est bizarre, mais disons que c'est un petit diablotin perfide et pervers. En plus d'un parasite. Non, c'est juste Rick. Je lui saute dessus, heureux de voir un ami qui ne m'a jamais trahi, pas comme certaines personnes que je ne citerai pas. « Je sais Shû que tu es content de me voir, mais tu commences à être lourd. » Je descends et il reprend : « C'est pour te dire que nous allons bientôt y aller, donc rassemble tes bagages et amène les à l'ascenseur. On y sera tous. » J'acquiesce, il s'en va. Je regroupe toutes mes affaires, les porte du mieux que je peux. C'est à dire, la moitié traîne par terre. J'arrive devant l'ascenseur et vois tout le bazar qu'ont occasionné mes camarades. Je jette le tout dessus. Le groom arrive et fait une drôle de tête. Je ris, c'est comique. Heureusement que je ne suis pas à sa place, j'aurais tous balancé. Quelques minutes plus tard, tous dans le van, nous allons à l'aéroport. Nous arrivons, enregistrons les bagages et attendons le départ. Maiko nous a accompagné avec Hiroshi et Fujisaki. Ma sœur pleure. Ça me fend le cœur. Je lui promets de revenir vite. Une annonce nous sépare. « Tous les passagers du vol 931-A en direction de Paris, France, veuillez vous présenter à l'embarcation. Tous les passagers du vol... » Je serre fort Maiko et Hiro, un léger salut pour Fujisaki et nous nous en allons. On s'installe dans l'avion, je ne peux empêcher quelques larmes de couler. Je regarde à travers le hublot, et de loin de vois un reflet blond, vers les grandes baies vitrées. Non, impossible. Il ne serait pas là, hein ? J'ai un mauvais pressentiment. « Attachez vos ceintures, s'il vous plaît. Nous allons décoller. » A suivre... |