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Stellane
Par haniPyanfar
Harry Potter  -  Romance/Action/Aventure  -  fr
21 chapitres - Complète - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 18     Les chapitres     50 Reviews    
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Vampires.

Stellane.

 

Auteur : haniPyanfar

 

o – o – o – o – o – o

 

Quatrième partie : Draco, Stellane, Harry

 

o – o – o – o – o – o

 

Chapitre 18 : Vampires

 

o – o – o – o

 

Samedi 17 mai 2008, manoir Malfoy, 10 heures.

 

A neuf heures, devant les grilles, les roulottes avaient disparu et Stellane était introuvable. Plus tard, on avait découvert Poky, suspendu par les pieds à la branche basse d'un cerisier en fleurs, les paumes grillées comme s'il avait tenu en main des tisons brûlants. Il sanglotait à fendre l'âme. Il s'avéra que c'était une punition qu'il s'était infligée à lui-même. Il s'accusait d'être le responsable de l'absence de Stellane. Timothy qui l'avait trouvé dans le verger le traîna au salon.

 

Draco, terriblement marqué par la disparition de sa fille, le secoua dans tous les sens en lui posant question sur question. Mais l'elfe pleurait tellement qu'il était incapable de répondre. Gabrielle essayait de calmer son époux mais il ne l'écoutait pas. Lucius et Narcissa étaient sur le canapé, pétrifiés par la mauvaise nouvelle.

 

Sur ces entrefaites, Harry arriva par la Cheminette. Draco l'avait prévenu au Ministère et il était accouru aussi vite que possible, après avoir alerté tous les Aurors de service pour qu'ils lancent les recherches. Il commença par ramasser Poky qui voulait se taper la tête par terre, il le remit sur ses pieds et lui tendit un mouchoir. L'elfe y enfouit son nez, se moucha avec un bruit de clairon et commença à se calmer. Harry fit signe à Draco de le laisser faire, le jeune père était si bouleversé qu'il envenimait les choses. L'interrogatoire put reprendre sur de meilleures bases.

 

"Poky, dit Harry, calme-toi et dis-nous quand tu as vu Stellane pour la dernière fois ?

 

-Maître Harry, maître Harry, Poky ne savait pas, Poky a cru bien faire ...

 

-Dis-nous simplement ce que tu sais. Nous verrons ensuite.

 

-Après son petit déjeuner, Miss Stellane ... Ooooh Maître Harry, ce n'est pas la faute de Poky ! Poky ne voulait pas ! Mais Miss Stellane a beaucoup insisté ...

 

-Stellane est persuasive, nous le savons. Qu'est-ce qu'elle voulait ?

 

-Miss Stellane trouvait les cookies tellement bons et il en restait beaucoup ! Alors elle a dit que ... Elle a décidé ... Elle les a mis dans un panier et puis elle ... Ooooh je ne pouvais pas lui interdire, c'était une bonne idée mais ...

 

-Je vais étrangler cet avorton ! rugit Draco retenu fermement par Gabrielle.

 

-Qu'est-ce que Stellane voulait faire avec les cookies ? Parle Poky, plus vite tu nous expliqueras, plus vite nous la retrouverons.

 

-Miss Stellane voulait apporter les cookies aux enfants des roulottes. Pour leur faire une surprise. Miss Stellane est si gentille, gémit l'elfe en recommençant à pleurer.

 

-Tu l'as laissée sortir du parc ? Toute seule ? intervint Gabrielle en pâlissant.

 

-Non non, Poky a accompagné Miss Stellane jusqu'à la première roulotte. C'est la vieille dame qui a ouvert la porte en haut des trois escaliers. Elle a souri et elle a fait signe à Miss Stellane d'entrer.

 

-Pourquoi n'es-tu pas entré avec elle ?

 

-La dame m'a fait signe que non. Miss Stellane m'a souri et elle a dit ... Ooooh Poky ne se le pardonnera jamais ...

 

-Je vais te tuer et t'empailler si tu continues à pleurnicher, reprit froidement Draco. Qu'est-ce que Stellane a dit ?

 

-Elle a demandé à Poky de venir la chercher dans une heure. Il était huit heures et à neuf heures, Poky aurait dû aller chercher Miss Stellane. Mais Poky était occupé à faire les lits et à épousseter les chambres. Poky a laissé passé l'heure et quand Poky est sorti dans le parc, il était neuf heures dix et ... et ... Ooooh c'est affreux, horrible ! Poky veut mourir ! Tuez-moi Maître ! Poky ne mérite pas de vivre !

 

-Continue Poky, le coupa Harry. C'est important, le temps presse !

 

-Les roulottes avaient disparu. Miss Stellane n'était pas là et il y avait ces trois personnes devant la grille ...

 

-Trois personnes ? Mais la clochette n'a pas tinté ! J'étais dans mon bureau, je l'aurais entendue, intervint Lucius.

 

-Ils n'ont pas sonné, couina l'elfe. Ils ont disparu presque aussitôt eux aussi. Alors Poky a ouvert la grille et Poky a cherché Miss Stellane partout, même sous les buissons et dans les grandes herbes. Mais elle n'était pas là. Alors Poky s'est brûlé exprès les mains avec les braises du feu de camp et Poky s'est pendu dans le cerisier. Poky regrette de ne pas avoir pensé à se pendre par le cou. Mais Poky le fera si on ne retrouve pas Miss Stellane !

 

-Te suicider ne servirait à rien Poky, reprit Harry après un instant de réflexion. - Il avait tout à coup un étrange pressentiment - Parle-nous de ces trois personnes.

 

-Poky ne les a pas bien vus. Il y avait deux hommes et une femme. Grands, vêtus de capes noires, le visage tout blanc, l'air méchant ... Poky a eu peur mais ils ont disparu presque tout de suite ... Poky a été surpris, ils n'ont pas transplané, ils ont éclaté en milliers de petits cailloux noirs, c'est devenu comme de la poussière et ffffttt ! ils ont disparu !

 

-LES VAMPIRES ! Merlin Malfoy, c'est grave ! Nous n'en avons pas parlé jusqu'à maintenant pour ne pas affoler les gens mais les derniers vampires d'Europe sont en ce moment dans notre pays ! On croyait leur race définitivement éteinte mais il reste ces trois-là. Cela fait quatre ou cinq ans qu'ils n'ont pas fait parler d'eux. Ils devaient être à l'étranger, dans les pays en guerre. Ils y trouvent facilement de quoi se nourrir. Pourquoi sont-ils revenus ? Et qu'est-ce qu'ils faisaient devant ton manoir ?

 

Soudain Draco sentit la terreur l'envahir. Il se souvenait d'un incident au château Borodisov, la venue un soir de trois personnages qui demandaient à voir " l'enfant à l'étoile ". Stellane avait alors deux ans. Elle en avait eu peur et s'était transformée en Vélane Primaire. Ainsi, ils avaient retrouvé sa trace et la recherchaient ... pour quelle horrible raison ? Sa voix tremblait quand il s'adressa à l'elfe.

 

-Poky, Stellane était-elle avec ces trois personnes ? L'as-tu vue avec eux ?

 

-Non non Maître ! Poky en est sûr ! Miss Stellane n'était pas là. C'est pour ça que Poky l'a cherchée quand ils étaient tous partis ! Poky croyait que Miss Stellane s'était cachée !

 

-Malfoy ! C'est une bonne nouvelle ! Elle a dû sentir le danger, elle est capable de voir si les gens qui l'approchent ont de mauvaises intentions. Elle s'est sauvée avec les habitants des roulottes.

 

-Ou ils l'ont enlevée ! Ils étaient peut-être de mèche avec les vampires !

 

-Je ne crois pas Malfoy. Elle était contente de les voir. Elle voulait faire plaisir aux enfants en leur apportant des cookies. Elle m'a parlé d'eux en très bons termes la première fois qu'ils sont venus devant ma maison. Et elle connaissait le jeune médium. Non, ce que vient de nous raconter Poky est plutôt rassurant.

 

-Peut-être mais où sont-ils maintenant ? Avec les Sombrals, ils peuvent aller n'importe où ! Comment allons-nous les retrouver ? Eux aussi s'intéressent à Stellane ! Ils venaient la voir au Château Borodisov. Ils veulent peut-être la garder maintenant qu'elle est entre leurs mains ! Les Aurors peuvent-ils les suivre à la trace ?

 

-Hélas non. Leur magie est trop forte. Mais nous allons lancer une alerte nationale et internationale. Nous n'attendrons pas comme nous l'avons fait quand tu as disparu ... Pardon de te rappeler ce mauvais souvenir Malfoy. Les circonstances ne sont pas les mêmes. Je retourne tout de suite au Ministère pour donner les dernières nouvelles. Poky, tu peux te rassurer, ton Maître ne t'empaillera pas. Gabrielle, Monsieur et Madame Malfoy, ayez confiance, nous allons faire l'impossible.

 

-Je t'accompagne dans le bureau de mon père, reprit Draco.

 

Les événements avaient eu l'air si dramatiques que ni Lucius, ni surtout Narcissa n'avaient rien dit en voyant leur ex-ennemi juré surgir dans leur maison. L'intervention de l'Auror Potter était la bienvenue. Depuis que Draco avait expliqué la situation à son père libéré d'Azkaban et à sa mère enfin guérie, les relations étaient meilleures entre les parents Malfoy et le Survivant mais elles étaient encore loin d'être chaleureuses. Heureusement, elles l'étaient entre les deux jeunes hommes.

 

Dans le bureau de Lucius, Draco eut tout à coup un accès de faiblesse. La tension avait été trop forte. Harry le vit pâlir et chanceler. Instinctivement il le prit dans ses bras. Le jeune père en détresse se laissa aller contre la poitrine accueillante. Ce n'était pas comme s'il ne l'avait jamais fait. Du temps où il était Yann Kerrye ... Et puis il y avait cette attirance ... Cet amour appelons-le par son nom ... Et puis c'était Harry Potter. Draco pouvait tomber le masque, juste pour quelques instants de réconfort.

 

-Pas deux fois, murmura-t-il, je ne veux pas vivre ça deux fois. Trouve-là Harry ! Comme tu m'as trouvé. N'abandonne pas. N'abandonne jamais !

 

-Je te le jure Draco ! Tu la reverras bientôt. Guette le moindre signe. Ce n'est pas une enfant ordinaire. Elle a des pouvoirs qui nous dépassent. Aie confiance en elle plus qu'en tout autre personne. Elle t'aime tant !

 

Il resserra son étreinte autour du corps souple qui s'abandonnait. Et soudain, il sentit monter en lui une bouffée de chaleur ... pas sexuelle, son corps ne réagissait pas ... non c'était plutôt côté cœur que ça se passait. Une bouffée de tendresse, plus que de l'amitié ... presque de ... l'amour ? Il relâcha son étreinte, bredouilla un au revoir et disparut dans la cheminée au milieu d'une lumière verte.

 

o - o - o - o

 

Ce qui s'était réellement passé le samedi matin, devant les grilles du manoir.

 

Les deux roulottes étaient stationnées à une trentaine de yards du manoir. Un feu avait été allumé entre elles. C'était lui le cœur du campement, même si les sorciers n'en avaient pas vraiment besoin. Outre le Vent, leur élément fondateur, ils vénéraient aussi le Feu, la Terre et l'Eau, ainsi que les astres, le Soleil, la Lune et les Etoiles. Ils vivaient en harmonie avec la Nature. En cela, ils se rapprochaient beaucoup du peuple vélaa.

 

La tribu comptaient cinq adultes et quatre enfants dont un adopté. Les hommes se nommaient Erollie et Gyullie. L'un était le fils et l'autre le gendre de la vieille dame. Ils s'occupaient de tout ce qu'il fallait faire à l'extérieur des roulottes. Ce matin-là, ils avaient apporté des quartiers de viande aux Sombrals, ils en profitaient pour les brosser et dépoussiérer leurs ailes.

 

Quand ils n'étaient pas sur les ailes du Vent, les deux hommes travaillaient le métal. Gyullie était fondeur d'or, d'argent et surtout de cuivre. Il fabriquait aussi des bijoux, en particulier des bagues, des boucles d'oreilles et des diadèmes. Erollie était ferronnier d'art comme son père et son grand-père. La grille du manoir Malfoy avait sans doute été forgée par un de ses ancêtres puisqu'elle était enchantée.

 

Ils avaient une base secrète dans une contrée nordique, au milieu d'une immense forêt de bouleaux. Ils y retrouvaient d'autres sorciers dont l'activité tournait autour de la forge. C'est pourquoi on leur donnait le nom générique de Vulcanos. Leur renommée parmi le peuple sorcier était grande et ils ne manquaient pas d'ouvrage. Mais comme tous les nomades, ils avaient besoin de parcourir les grands espaces.

 

Les jeunes femmes étaient dans la deuxième roulotte. La première, Ludka, était mariée à Erollie, le fils aîné de la vieille dame. La deuxième, Devna, était sa belle-sœur, la dernière fille de la doyenne. Son époux Gyullie était un cousin au quatrième degré. Les alliances se faisaient plus ou moins dans la parentèle éloignée car le peuple du Vent était dispersé dans le monde entier et les réunions de famille servaient justement à ces rapprochements. Les deux femmes avaient fait des mariages d'amour et elles s'entendaient bien. Au moment où Stellane venait leur rendre visite, elles discutaient en buvant une tasse de café moka avant de préparer le déjeuner.

 

Les enfants étaient avec leur grand-mère dans la première roulotte. La fille de Draco avait été surprise en y pénétrant. C'était beaucoup plus vaste qu'elle ne pensait. En fait l'intérieur était un véritable appartement avec cuisine, salle de séjour, cabinet de toilettes et plusieurs chambres à l'étage, le tout agrandi magiquement comme la tente de Monsieur Weasley lors de la Coupe du Monde de Quidditch. C'était une véritable maison qui avait l'avantage de se déplacer avec ses habitants, comme la coquille de l'escargot, mais en beaucoup plus rapide !

 

La vieille dame s'appelait Esma et elle était considérée comme le Guide, l'Incarnation de la famille. Elle n'en était pas le chef, ce titre revenait à son fils aîné. Les femmes du Vent ne revendiquaient pas le pouvoir mais leur influence était grande. Aucune décision importante ne se prenait sans leur accord. La Doyenne était leur Voix, celle qui parlait pour les autres. Au moment de la visite de Stellane, elle surveillait les enfants qui jouaient sur le parquet.

 

Il y avait trois jeunes sorciers. Ferllie, le plus jeune, était le fils unique de Ludka et d'Erollie. Il était destiné à devenir ferronnier et chef après son père. Le jeune médium et sa petite sœur étaient les enfants de Devka et Gyulie. La fillette se nommait Romka et avait hérité de la beauté de sa mère. La naissance de son frère aîné, Luellie, avait été accueillie avec beaucoup de joie. La venue d'un enfant comme lui était rare et plus rares encore étaient ses dons : voyance, transmission d'images par la pensée, lévitation dans ses moments de transes, intelligence hors normes ... Luellie était particulier à plus d'un titre. On en oubliait son infirmité.

 

D'ailleurs, Stellane n'y avait prêté attention que la première fois qu'elle l'avait vu et elle avait alors un peu plus de deux ans. C'était en Bulgarie devant le château Borodisov. Il avait trois ans de plus qu'elle, sa tête était disproportionnée et ses jambes atrophiées. Il ne parlait pas mais il pouvait déjà communiquer par la pensée.

 

Il avait appris à lire très vite, après quelques leçons données par sa grand-mère. Ensuite son savoir s'était développé à grande vitesse. Il connaissait trois alphabets différents : le latin, le grec et le cyrillique. Il pouvait effectuer des opérations mathématiques presque aussi vite qu'un ordinateur et à partir de quelques livres, il avait assimilé les bases de l'algèbre, de la géométrie et de la cosmographie. Les études les plus ardues étaient son passe-temps favori. Il s'était constitué une petite bibliothèque scientifique mais la plupart du temps, il découvrait des horizons nouveaux tout seul, par la réflexion et le raisonnement. C'était un génie mais c'était en même temps un garçon rieur qui aimait jouer avec les autres enfants de la famille.

 

Le troisième garçon présent était Sigismond, adopté par la famille même s'il était moldu, parce que le sang des Fils du Vent coulait dans ses veines par un lointain et ancien mariage. Son intégration n'avait posé aucun problème, ni de son côté ni du côté des enfants sorciers. Simplement, il ne pouvait pas faire de magie. Mais il était malin et compensait à la moldue son absence de capacités sorcières. Les autres étaient parfois surpris par ses inventions et ses " trucs ".

 

Ce matin-là, tous avaient accueilli Stellane avec joie et ils s'étaient partagés les cookies. Sigis' servait d'interprète. Maintenant ils s'amusaient ensemble à un jeu sorcier que Stellane ne connaissait pas. Il y avait des jetons et des cavaliers de couleurs différentes, autant que de joueurs. Deux dés indiquaient soit les nombres de zéro à cinq, soit les couleurs des cartes, cœur, carreau, trèfle et pique, plus le soleil et la lune. Il fallait aussi jeter des osselets en l'air et les rattraper au vol.

 

Le but était de suivre le plus rapidement possible un parcours jalonné d'obstacles sur une grande carte posée à même le sol et pourvue de sons et de lumières. Ils riaient tous car leurs cavaliers se bousculaient sur les cases, les jetons faisaient des sauts de puce et c'était le jour ou la nuit selon la position des dés.

 

L'heure était presque passée quand tout à coup, Stellane avait eu un coup au cœur. Ses oreilles s'étaient mises à bourdonner. Elle s'était levée brusquement, bousculant la carte et les pions, elle avait regardé par la fenêtre et elle avait vu. Une poussière noire serpentait devant la grille, elle s'agglomérait en petits cailloux brillants puis trois personnes apparaissaient. Ils regardaient vers le manoir à travers les barreaux. Elle avait eu peur. Vraiment peur. Ces gens lui voulaient du mal.

 

Elle n'était pas la seule à avoir été alertée. La vieille dame s'était figée puis elle avait fermé les yeux. Tout s'était passé très vite. La maison avait rétréci pour n'avoir plus que sa surface normale. L'autre roulotte avait fait de même. Les Sombrals avaient poussé un hennissement lugubre en s'attelant d'eux-mêmes aux véhicules. Les hommes avaient sauté sur leur dos. Ils avaient pris leur envol. En quelques secondes, le campement avait disparu.

 

Les trois personnes devant la grille s'étaient retournées mais c'était trop tard. Avaient-ils senti la présence de Stellane dans les roulottes ? Ils n'avaient pas sonné et ils étaient partis. Poky les avait vu reprendre leur aspect de pierres noires et disparaître en poussière. L'elfe avait vainement cherché la fillette et désespéré, il s'était brûlé les mains avant de se pendre dans le cerisier.

 

o - o - o - o

 

Un quart d'heure plus tard, deux roulottes posées au bord d'un lac en Irlande.

 

La terreur qui avait saisi Stellane avait eu sur elle un effet néfaste. Elle s'était transformée en Vélane Primaire. Son visage s'était plissé, ses yeux étaient devenus ronds et noirs et un bec avait surgi à la place de sa bouche. Le chemisier qu'elle portait s'était déchiré dans le dos et deux ailes écailleuses s'étaient à demi dépliées. A ses mains et à ses pieds, ses ongles s'étaient transformés en griffes. Elle avait crié et sa voix était rauque comme celle d'un oiseau rapace.

 

Elle ne pouvait rien faire pour empêcher sa transformation. Comme elle ne voulait surtout pas effrayer les autres, elle cacha sa tête derrière ses bras. La vieille dame l'attira dans son giron tout en faisant signe aux enfants de rester à leurs places. Mais seul Sigismond avait l'air surpris. Les Fils du Vent connaissaient l'existence des Vélanes et savaient qu'elles avaient deux aspects, l'un très beau, l'autre sauvage. Ils n'en avaient cependant jamais vu. Les femmes ne les aimaient pas, elles craignaient qu'elles ne leur volent leurs maris.

 

Enfin Stellane était trop jeune pour ça ! Et puis elle était marquée au front par une étoile et comme tous les nomades, les Fils et Filles du Vent trouvaient leur chemin dans les astres. La fillette avait donc parmi eux un statut particulier. Luellie avait regardé la Doyenne. Il lui avait suggéré l'image d'un lieu tranquille et il avait influencé les Sombrals pour les diriger vers ce lac d'eau claire.

 

Maintenant ils étaient tous assis en rond sur l'herbe. Stellane, un peu déboussolée, s'était appuyée contre la vieille dame. En deux images, le jeune médium lui demanda quand elle allait redevenir elle-même. Elle montra une heure sur une horloge. Il communiqua sa réponse aux autres. Erollie le jeune chef décida alors qu'une baignade ferait du bien à tout le monde et ils s'élancèrent presque tous vers l'eau, tout habillés. Un simple sort les sécherait ensuite. Dame Esma, Luellie et Stellane restèrent sur la rive. Face à face, les deux enfants se " parlèrent " par la pensée.

 

C'était étrange mais ils se comprenaient parfaitement. Luellie évoqua leur chemin par la position des astres. Il était très savant en cosmographie. En clair sur fond noir, il dessinait les constellations et zoomait sur les principales étoiles. Leur nom s'inscrivait à côté d'elles en trois écritures différentes. Il compara l'étoile de Stellane à Bételgeuse dans la constellation d'Orion. La vieille dame n'intervenait pas. Elle voyait bien que cette " conversation " en images calmait la fillette.

 

Celle-ci posa ensuite des questions sur les Sombrals. Elle avait eu la surprise de les découvrir après l’atterrissage des roulottes. Elle en avait entendu parler mais elle ne les avait jamais vus. L'apparition des vampires et la peur qu'elle avait ressentie avaient agi sur elle comme si elle avait pu voir les centaines de victimes qu'ils avaient tuées pour se nourrir. Elle avait frôlé la mort de près.

 

Luellie aussi les voyait. Il avait lu des images macabres dans la tête de bien des gens. Il n'était pas facile d'être un aussi puissant médium. Il évoqua les troupeaux des chevaux-dragons dans diverses contrées du monde et en particulier près d'un très grand Château qui était aussi une école pour sorciers. Il suggéra à Stellane qu'elle le connaîtrait un jour, quand elle serait plus âgée.

 

Petit à petit, l'heure passa et Stellane reprit sa forme habituelle. Sa première pensée fut pour son père qui devait tant s’inquiéter pour elle. Les autres étaient revenus de leur baignade. L'eau de ce lac était d'une pureté exceptionnelle. Ils avaient eu l'impression de communier avec la Nature. Luellie demanda à ce qu'on le transporte dans une roulotte. Il voulait communiquer avec quelqu'un du manoir mais il craignait que les vampires ne soient encore présents et qu'ils n'interceptent son message. Stellane l'accompagna.

 

Les premières tentatives furent vaines. Le jeune médium dut se reposer un moment pour récupérer. Il prit alors les mains de la fillette entre les siennes et il lui transmit des flashs de son passé, de son présent et quelques images de son avenir. Ils se regardaient gravement. Le futur de Stellane ne serait pas toujours rose. Elle aurait à prendre des décisions importantes et elle devrait les prendre seule, sans tenir compte de l'avis de ses proches.

 

Il fit apparaître une roulotte avec elle et lui dedans, partant sur des chemins d'aventure mais il effaça aussitôt l'image en secouant sa grosse tête d'enfant trop vite mûri. C'était impossible, il le savait. Ils se ressemblaient, un garçon et une fille pas comme les autres, marqués par le destin. Mais ils ne vivraient jamais ensemble. Leurs routes se sépareraient bientôt, elle chez les sédentaires, lui chez les nomades. Ils en furent tristes tout à coup.

 

Soudain, Luellie entra en communication avec un esprit terriblement angoissé. Draco pensait désespérément à sa fille.

 

o - o - o - o

 

Manoir Malfoy, midi et trois minutes.

 

Le jeune père était debout sur l'aire où avaient stationné les deux roulottes. Il regardait fixement les cendres presque froides du feu de camp. Potter lui avait fait parvenir un message. Les Aurors avaient localisé les vampires et cherchaient comment les mettre hors d'état de nuire. Par contre il n'y avait aucune nouvelle des Fils du Vent et par conséquent de Stellane. Il fallait malgré tout garder espoir.

 

C'était du Potter tout craché ça ! L'espoir, la confiance dans la bonté des êtres humains, l'amour comme force pour vaincre le mal ... Tout ce à quoi un Malfoy ne croyait pas ... Enfin si ... Un peu maintenant ... Et tout à coup, l'image souriante de Stellane fut dans sa tête. Luellie avait constaté l'absence des vampires et utilisait toute sa puissance pour le rassurer. Draco soupira de bonheur et ferma les yeux.

 

Les scènes se succédèrent sans à-coups : les roulottes au bord du lac, les femmes préparant le repas, les enfants faisant sur l'eau des ricochets, les hommes et la vieille dame en pleine discussion et enfin, l'enfant médium et Stellane assis par terre dans une roulotte. La fillette fit un signe de la main et prononça quelques mots qu'il n'entendit pas mais il devina " Je vais revenir." Puis tout s'effaça.

 

Draco se précipita vers le manoir pour annoncer la bonne nouvelle à Gabrielle, à ses parents et même aux elfes, en particulier à Poky qui ressemblait à un misérable tas de chiffon, écroulé dans un coin de la cuisine. Puis il se mit en devoir de prévenir Potter. Ne sachant pas où le trouver, il lui envoya le hibou qu'il venait d'acheter, un moyen duc gris strié de noir aux oreilles pointues et aux yeux dorés.

 

Ouranos était son nom et il était rapide. Harry arriva moins d'une heure après. Il annonça que le chef des Aurors n'avait pas levé l'alerte par précautions mais que tout allait bien. Les trois vampires étaient piégés dans une maison isolée. Un sortilège puissant les empêchait de s'en évader. Ils n'avaient que deux solutions, se rendre ou se suicider. Mais justement, les vampires pouvaient-ils mourir de mort naturelle ? La question n'était pas résolue.

 

L'attente commença, stressante malgré le message mental rassurant. Ce ne fut que vers seize heures que les roulottes réapparurent et se posèrent devant la grille. Stellane jaillit de la première et se jeta dans les bras de son père. Il y eut des explications, des remerciements, tout se mélangea un peu mais la joie régnait quand Harry revint pour participer à la fête. Car Guyllie avait pris son violon et toute la tribu dansait, même Dame Esma, même Luellie qui bougeait ses bras en cadence ...

 

Même Narcissa et son époux qui marquaient la mesure de l'autre côté de la grille puisque Lucius ne pouvait pas sortir, même Gabrielle et Draco, emportés par la musique joyeuse, même les deux elfes qui cabriolaient gaiement, et même Stellane qui tourbillonnait avec les autres enfants, heureuse et soulagée ... Ce fut elle qui entraîna Harry dans la farandole finale. C'était une de ces journées qui marquent dans la vie, un jour qui aurait pu être synonyme de malheur et qui se terminait bien pour tous.

 

Sauf pour les trois vampires.

 

o - o - o - o

 

Ils étaient à bout de forces. Dans la maison où ils étaient piégés, ils se regardaient en silence. Ils succombaient petit à petit à l'absorption d'un sang empoisonné, celui d'une de leurs dernières victimes. Ils ne pouvaient pas deviner que la jeune femme qu'ils avaient trouvée dans un lointain pays d'Afrique, vivant seule dans une caverne isolée, était en proie à une malédiction.

 

Le chaman de son village l'avait frappée de " Mort Invisible " un sortilège d'une puissance terrible qui la retirait du monde des vivants sans toutefois la faire mourir. Personne ne semblait la voir, personne ne lui parlait, personne ne répondait à ses appels, alors elle s'était éloignée, solitaire et désespérée.

 

Elle se nourrissait comme elle pouvait de fruits, de racines et de champignons, en particulier de Candila Macrospera Minor, une espèce commune dans la région, délicieuse et nourrissante pour elle, toxique pour d'autres. En particulier pour tous les suceurs de sang, les moustiques, les tiques, les sangsues, certaines espèces de chauve-souris ou d'araignées ... et les chupacabras bien sûr ! Elle en était bien contente, la région était infestée de toutes ces sales bêtes !

 

Mais le plus étonnant - et la pauvre femme l'ignorait totalement - le Candila, distillé dans son sang par la digestion et combiné au sortilège de Mort qu'avait lancé le chaman, faisait mourir les vampires à petit feu ! Une circonstance tellement exceptionnelle qu'aucun livre de magie ne la mentionnait !

 

Quand les trois créatures s'en étaient aperçu, il était trop tard. Le poison était en eux. Pour survivre, il leur fallait trouver un sang pur, ayant des propriétés guérisseuses. Ils avaient tout essayé, ils s'étaient attaqués à des jeunes filles ou à des garçons encore vierges, à des bébés même. Rien n'y faisait. Leur coeur, pourtant réputé indestructible, se délabrait de plus en plus. Ils avaient respectivement huit cents, cinq cents et trois cent cinquante ans et ils n'avaient plus que quelques mois, au plus une année, à vivre.

 

Ce fut alors que le plus jeune repensa à cette enfant qui vivait autrefois en Bulgarie, la " fille à l'étoile ". Son sang pouvait peut-être les guérir. Ils rentrèrent en Europe et la cherchèrent pendant six mois. Un groupuscule anglais les mit sur la piste, de pauvres imbéciles qui se prétendaient " de leur famille " parce qu'ils mangeaient crus les cœurs et les foies d'animaux sacrifiés. ! Ils leur montrèrent ce que c'était que des vrais vampires en égorgeant ceux qui leur tombèrent sous la main. Les autres, terrifiés, cessèrent immédiatement leurs pratiques idiotes.

 

Mais le mal était fait, ils avaient entendu parler de Stellane. Ils trouvèrent le manoir Malfoy et y apparurent un jour, ce jour, le samedi 17 Mai. Trop tard ! Leur dernier recours, celle qui pouvait peut-être encore les sauver, la " fille à l'étoile " leur échappa. Ils se firent repérer, coincer dans cette baraque pourrie et il ne leur restait qu'à se rendre ou à mourir, exsangues, vidés de leurs dernières forces. Ils se regardaient et ne savaient que décider. De toute façon, ils étaient morts. Le dimanche matin, ils se rendirent.

 

o - o - o - o

 

Dimanche 18 Mai 2008, manoir Malfoy, vingt et une heures.

 

La journée avait été excellente. Allongée dans son lit, Stellane repensait avec grand plaisir à sa fête d'anniversaire. Elle avait invité Victoire et Dominique Weasley ainsi que leurs parents Bill et Fleur, la petite Rose avec Hermione et Ronald, et bien sûr Harry avec Mimsy et Kreatur. Grand-père Lucius et grand-mère Narcissa avaient un peu fait la tête devant cet afflux de gens qu'ils ne fréquentaient pas " avant ". Mais c'était " avant ". Les temps avaient changé.

 

Les enfants des roulottes étaient présents eux aussi. Ils s'étaient beaucoup amusés tous ensemble, à cache cache, à la balle sauteuse, à chaud ou froid, aux cerceaux ... Le gâteau amoureusement préparé par Poky était délicieux ! Ils avaient bu du jus de citrouille pétillant ! Et puis il y avait eu les cadeaux !

 

Stellane avait été gâtée ! Ses grands-parents lui avaient offert un très ancien gobelet de vermeil, enchanté pour que la boisson qu'il contenait soit toujours à la bonne température. Son père avait cerclé son bras d'un bracelet d'argent en forme de serpent avec une tête fine aux yeux d'émeraude - l'emblème de Serpentard, ma fille ! avait-il dit en souriant et Stellane adorait quand son père souriait ! -

 

Elle avait eu aussi de la part de Gabrielle un pot de Mimetus Fluctuis, une drôle de plante qui changeait de couleur et de forme selon le temps qu'il faisait et l'humeur des gens qui l'approchaient. Il lui arrivait de cracher au nez de ceux qui l'importunaient ou alors elle lâchait des pets, odorants le plus souvent, puants quelquefois ! Une plante gag qui avait bien fait rire Stellane et les autres ! Les Vélanes étaient farceuses parfois !

 

Le cadeau d'Hermione était assez surprenant : c'était une " robe de nuit ", beaucoup plus jolie que ses habituels pyjamas. Stellane s'était empressée de la mettre ce soir. Il y avait même un grand châle assorti. Et le livre de Harry ! Les Contes de Beedle le Barde dans leur magnifique écrin ! Une vraie merveille ! Il trônait sur sa commode à côté de la photo animée de son père qu'elle gardait toujours auprès d'elle.

 

Ferllie avait apporté de la part de tous les Vulcanos une boîte carrée en bois ornée de délicates fleurs gravées et peintes. A l'intérieur, sur du velours bleu, il y avait un collier, un mince et souple cercle d'argent agrémenté de huit petites étoiles d'or. Luellie avait fait apparaître dans la tête de Stellane le même bijou avec neuf, dix puis onze étoiles. Il semblait lui donner rendez-vous pour cet anniversaire particulier. Que se passerait-il ce jour-là ? Mais il ne montra rien de plus.

 

Onze ans, c'était l'âge où elle devrait partir pour Poudlard, l'âge de raison pour les sorciers, un âge qu'elle avait déjà en tant que Vélane. L'âge où sa vie changerait de nouveau. Que voulait dire le jeune médium ? Aurait-elle un choix important à faire à ce moment-là ? Mais les enfants de huit ou onze ans pouvaient-ils faire eux-mêmes des choix ?

 

Enfin, c'était loin et la journée avait été fatigante ! Sans compter les aventures de la veille avec les vampires ! Stellane bâilla, se retourna et commença à sommeiller. Elle entendait vaguement des voix qui venaient du rez-de chaussée. Des voix d'hommes qui discutaient assez fort. Celle de son père. Il n'avait pas l'air content. Elle se réveilla soudain et dressa l'oreille. On parlait d'elle.

 

En bas, au salon, il y avait du monde. Lucius et Narcissa, Draco et Gabrielle, Harry, Kingsley Shacklebolt, chef des Aurors, et un jeune homme venu de Roumanie pour le stage d'une année. Il avait l'air bouleversé. Il parlait d'un ton suppliant, dans un anglais teinté d'un fort accent.

 

"Ils sont mourrrants ! Ils souffrrrent le martyrrre ! Ils n'ont rrrien avalé depuis une semaine. Juste une goutte pourrr que leurrr agonie soit paisible !

 

-Jamais ! Ces monstres peuvent crever la bouche ouverte ! S'ils avaient mis la main sur Stellane, ils l'auraient tuée !

 

-Peut-êtrrre pas! Ils aurrraient pu lui demander d'êtrrre leurrr Calice, de les laisser boirrre un peu de son sang de temps en temps, pour surrrvivrrre !

 

-Vous voulez laisser vivre ces assassins ? Vous avez pensé à toutes leurs victimes ?

 

-On ne peut leurrr en vouloirrr ! Ils vivent avec d'autrrres lois que les nôtrrres ! Ils n'ont pas demandé à êtrrre vampirrres ! La femme a été morrrdue à l'âge de seize ans ! Ce sont les trrrrois derrrniers ! De toute façon, demain, ils serrront morrrts ! Je vous en prrrrie, Monsieur Malfoy ! Au nom de notrrre humanité, montrrrrons-leurrr un peu de compassion !

 

-NON !

 

Kingsley, Harry et Gheorghe le Roumain étaient arrivés un quart d'heure plus tôt par la Cheminette avec une étrange requête. Ils demandaient - enfin c'était surtout Gheorghe qui insistait ! - ... ils voulaient trois gouttes du sang de Stellane pour les vampires !

 

Ceux-ci s'étaient rendus après plusieurs heures de siège. Mais les douze Aurors super entraînés, baguettes pointées, qui les avaient vu sortir de la maison, avaient été stupéfaits. Grands et droits dans leurs capes noires, les trois personnages étaient pourtant aux portes de la mort. Le jeune Roumain, qui était le seul à parler leur langue d'origine et qui faisait à ce titre partie du groupe d'assaut, avait servi d'interprète.

 

Ainsi, au lieu d'être envoyés sous bonne escorte à Azkaban, ils avaient échoué au service des urgences de Sainte Mangouste où ils s'étaient finalement écroulés comme d'horribles spectres noirs secoués de tremblements violents. Ils avaient parlé du poison qui les tuait et ils avaient demandé qu'on soulage leur abominable souffrance. Leur cœur, d'habitude aussi dur que le granit, se gonflait, se brisait et menaçait d'exploser dans leur poitrine. Une goutte de sang, rien qu'une goutte, les plongerait dans le bienheureux coma précédent la mort. Une goutte du sang probablement guérisseur de la " fille à l'étoile " ! Rien que ça !

 

Le jeune Roumain avait longuement insisté. Les vampires faisaient intimement partie de sa culture et il semblait assez indulgent envers eux et leurs crimes. Il répétait que ce n'était pas leur faute, qu'il ne fallait pas les juger avec des idées préconçues, selon des lois faites pour les humains et pas pour eux. Il avait rappelé la terrible chasse aux vampires du siècle précédent, quand on avait trouvé ce moyen particulièrement cruel de les détruire, en les piégeant comme des bêtes, en les arrosant d'essence et en les brûlant vifs. C'étaient les trois derniers, ils allaient mourir et c'était leur ultime volonté !

 

Kingsley et Harry s'étaient finalement laissé convaincre, mais uniquement d'aller chez les Malfoy et de poser la question à Draco. La réponse avait bien entendu été négative. Le jeune homme lançait à Harry des regards furibonds. Comment Potter avait-il pu, ne serait-ce qu'envisager, une chose pareille ! Il allait le payer le Griffon ! Ah oui bien sûr ! Sauveur-du-Monde jusqu'au bout ! T'en foutrai moi, des abrutis pareils ! Trois gouttes du précieux sang de sa précieuse fille ! Il déraillait l'Auror de mes deux ! Il répéta :

 

-Non ! Jamais !

 

-On pourrrait peut-êtrrre lui demander à elle, insistait désespérément Gheorghe. D'aprrrrès Monsieur Potterrrr, elle peut comprrrendrrre. Elle est trrrès mûrrre pourrr son âge !

 

-Qu'est-ce que je peux comprendre ?

 

La fillette, toute droite dans sa " robe de nuit ", avec le grand châle couvrant ses épaules, se tenait dans l'embrasure de la porte.

 

-Monte dans ta chambre Stellane. Ce ne sont pas des affaires de petite fille, dit froidement Draco.

 

-Mais si ! Je suis grande maintenant ! J'ai l'âge de raison ! Et Luellie dit que c'est toujours moi qui dois choisir !

 

-Je suis ton père et tu dois m'obéir. Va-t-en !

 

Elle le regarda, interloquée par le ton violent qu'il employait, puis elle baissa les yeux et fit demi-tour. Ce fut cet acte d'obéissance qui décida de la suite. Draco eut un flash brutal. Stellane n'était pas n'importe qui. Elle était la " fille à l'étoile ". Elle avait raison. C'était à elle de décider.

 

-Attends, reprit-il, je te prends au mot. Tu vas avoir un choix à faire et ça ne te fera probablement pas plaisir. Expliquez-lui l'affaire, ajouta-t-il en s'adressant à Gheorghe.

 

Le jeune Roumain s'approcha de Stellane et mit un genou en terre devant elle, d'une part pour être à sa hauteur et d'autre part parce qu'il se rendait bien compte de ce qu'il lui demandait. En quelques phrases simples, il la mit au courant de l'histoire des trois vampires. La fillette le regardait d'un air ébahi.

 

-Trois gouttes de mon sang ? Pour qu'ils ne souffrent pas en mourant ?

 

Et soudain, il se passa quelque chose d'étrange. Les yeux de Stellane changèrent. Ils s'élargirent, l'iris fonça et devint d'un bleu presque noir, les sourcils se soulevèrent plus haut, lui donnant un air dominant. Un regard de Vélane souveraine. Certaines des personnes présentes eurent même l'impression qu'il en jaillissait un mince et très rapide rayon de lumière. Elles en restèrent saisies. Ce fut très bref. La fillette baissa la tête et laissa passer un moment de silence. Puis, son visage redevenu normal, elle fixa le jeune Roumain dans les yeux et posa la question :

 

-Vous êtes sûr que mon sang ne les fera pas revivre ?

 

-Non, les guérrrisseurrrs sont forrrmels. Leurrrs coeurrrs se fissurrrent et ne vont pas tarrrder à se fendrrre en deux. C'est cette déchirrrurrre qui les fait souffrrrirrr et qui cause leurrr morrrt. D'habitude ils sont insensibles à la douleurrr.

 

- Que ferez-vous d'eux ... après ?

 

-Nous les incinérrrerrrons ... nous les brrrûlerrrons selon la coutume.

 

-Ils ne pourront jamais revenir ?

 

-Non jamais.

 

-Alors je suis d'accord.

 

Draco ouvrit la bouche pour protester mais il la referma sans rien dire. Il échangea un regard avec Potter. Elle avait pensé à demander s'il n'y avait pas de danger. Elle était en effet beaucoup plus mûre qu'une fillette de son âge. Huit ans et déjà, elle voyait les conséquences au delà des actes. Elle était exceptionnelle. Il en fut à la fois fier et angoissé. Oh non ! Son avenir ne serait pas rose !

 

Elle se piqua elle-même le bout de l'index droit avec une aiguille. Trois perles rouges tombèrent dans trois petites fioles de verre. Elle pressa simplement son pouce sur la petite ouverture. Kingsley Shacklebolt et Gheorghe la saluèrent sans rien dire puis ils partirent par la Cheminette. Gabrielle et Narcissa avaient les larmes aux yeux. Lucius se redressait comme si cette enfant était sa plus grande fierté.

 

Deux hommes fléchirent à leur tour le genou à ses côtés. Deux baisers se posèrent sur ses joues. Draco et Harry la remerciaient ensemble d'être ce qu'elle était. Une enfant merveilleuse ! Elle sourit et passa ses bras autour de leur cou. Les deux hommes qu'elle aimait le plus au monde ! Son père d'abord, si blond, si beau, tellement séduisant ! Harry aussi bien sûr, si souriant, si bon, tellement adorable ! Dans son esprit, elle les unissait comme étant ses protecteurs, ceux qui seraient toujours là pour elle et en cela, elle mesurait sa chance.

 

Un peu en retrait, Gabrielle ne troublait pas le tableau un peu trop idyllique des deux hommes et de l'enfant. C'était un moment de grâce, court, unique, impérissable. Juste un instant particulier dans l'espace d'une vie. Elle vit le regard que les deux hommes échangèrent au-dessus de la tête enfantine. Elle connaissait les sentiments de Draco pour Harry et il lui sembla que pour la première fois, la réciproque était proche.

 

Elle n'en éprouva aucune jalousie.

 

o - o - o - o

 

A suivre.

 

 

 

 
 
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