Avant dernier chapitre que celui-ci ; la suite dès demain. Bonne lecture ! Ron s’en va dans la cuisine préparer de quoi dîner, et Harry en profite pour feuilleter le nouveau livre de Quidditch qu’il vient de s’acheter, allongé sur son lit. De temps à autres, le rouquin vient jeter un coup d’œil, donner son avis sur tel ou tel joueur. Alors qu’il contemple une illustration de Bowman Right tenant entre les mains sa petite création scintillante, Harry se contente bêtement d’un hochement de tête lorsque Ron, depuis la cuisine, l’appelle à table. Les yeux rivés sur le livre noir ouvragé de veinures orange, il se lève de son lit et ouvre le tiroir de sa commode. Y glissant son achat, son regard est attiré par une photo, retournée sur les autres livres, qu’il prend dans sa main, dubitatif. Sur le dos, il reconnaît son écriture : Souvenir d’une journée inoubliable du début à la fin, qui marque le début et la fin. Puisse notre bonheur être toujours pareil à celui-ci. – 02.18.2001 Emettant un petit gémissement, il porte la main à son front. Cette fois-ci, le violet emplit si fortement son esprit ! Un peu tremblant, il retourne la photo. En arrière plan, il reconnaît le salon du Terrier. Par les fenêtres ouvertes flottent les rideaux dans un légère brise d’hiver. Le violet l’englobe entièrement… Toute la petite famille Weasley est là, souriante, riante, heureuse. Au centre de la photo, Hermione, les yeux brillants, rayonne d’un sourire splendide. … puis se fissure… Au centre de la photo, sous les regards bienveillants de la petite assemblée, Ron et lui échangent un tendre baiser. Sous leurs paupières closes, l’amour est palpable. Un moment ils ouvrent les yeux, séparent leurs lèvres et apposent leurs fronts, s’embrassent du regard, puis joignent à nouveau leurs bouches. … et s’effondre finalement, ayant dans son esprit l’effet d’un appel d’air. Son genou lâche et vient frapper le sol avant qu’il n’ai réagit. Ses yeux, dans le vague, fixent toujours ses mains dont le cliché s’est échappé. Mais lui ne perçoit plus que ce flot oppressant d’images et de sons qui remontent par centaines du fond de son esprit, et viennent heurter sa conscience. Il se souvient de ses vingt ans ; de la fête que Mrs Weasley avait organisée pour Ron, Hermione et lui avec tous leurs amis. Il se souvient qu’ils avaient dormis tous les trois cette nuit là. Leurs petites vacances en Italie ; les glaces, les visites, la plage, les coups de Soleil de Ron. La chasse au Horcruxes, longue, fastidieuse, et sans vraiment de résultat. Le permis de transplanage de Ginny, obtenu la troisième fois ; les rires, la joie. Le début de la guerre à proprement parler. La mort de Seamus, le jour de la Toussaint, tué par un Mangemort ; la douleur, les pleurs, la rage. Les réunions de l’Ordre, avec ceux qui restaient. Les combats, la violence, le sang ; les morts de Moldus, nombreuses, et de sorciers parfois. La recherche des Horcruxes, toujours aussi infructueuse. La mort de Dean, celle de Neville ; l’horreur des cadavres portés dans son cœur. La mort des Malefoy, enfin ; qui ne le pansait qu’à demi. La volonté d’Hermione de toujours tout supporter ; son parfum de vanille et de jasmin mêlés. Le sourire de Ron, qui était devenu si fort ; sa compagnie toujours si réconfortante. La chanson qu’il chantait toujours, mélancolique, lorsque quelque chose n’allait pas. La mort encore ; évitée si souvent, le désir de vivre n’en devient que plus puissant… La mort de Remus, si soudaine, si pénible, si affreusement douloureuse. Les bras de Ron, si chauds, si doux. Son cœur qui depuis bien longtemps ne s’était plus affolé que de chagrin. Leur premier baiser lorsque Ron et lui avaient frôlé la mort en mission. Le désir de vivre, la force de l’envie, l’envie de se sentir un et entier, d’être heureux, de se brûler de passion, et vite, avant que tout ne s’arrête. Leur première fois dans la chambre de Ron à l’appartement ; cette sensation de plénitude et de folie furieuse entremêlées, le corps de Ron sous ses lèvres exaltées, les mains de Ron dans son dos transi, les gémissements de Ron qui le rendaient si léger. La puissance vibrante de leurs orgasmes conjugués, la chaleur frénétique de leurs peaux embrasées. Il se rappelle le visage de son Ron, humide de sueur, hébété de plaisir, le cœur battant. Il se souvient y avoir laissé tomber un ‘Je t’aime.’ brûlant ; le plus tendre et le plus sincère qu’il ai jamais prononcé. Il se souvient de leur aveu à Hermione et aux Weasley dès le lendemain. Il se rappelle le sourire de tous, si heureux de cette amour perce-neige, de ce bonheur qui naissait malgré tout en ces temps difficiles. Les baisers de Ron ; le bruit de ses cheveux entre ses doigts, la beauté de sa peau, l’ivresse de sa main dans la sienne. La chanson de Ron, encore : I use to be Someone happy La mort de Charlie, la douleur de Ron qui lui était si insupportable. Et puis l’anniversaire de son Ron enfin, la réunion de famille organisée par Mrs Weasley au Terrier. Hermione qui se prépare dans la salle de bain de leur appartement ; son joli haut blanc, ses belles boucles brunes sur ses épaules. Ron qui s’avance derrière lui, glisse ses mains sur ses hanches, embrasse son cou ; Merlin, il sent si bon. Leur transplanage au Terrier ; l’horreur, le feu, la mort, les corps des Weasley étendus dans les décombres, Voldemort au centre. Le choc de Ron, qui semble perdre toute contenance, toute émotion, et qui cri plus que s’il était écartelé. Cette plainte insupportable pour son cœur, l’odeur nauséeuse du sang et de la cendre qui empeste l’air ; la rage, la souffrance, le dégoût et la douleur, son palpitant qui s’emballe. Hermione qui pleure, hurle sort sa baguette et semble nimbée de vert un instant, puis tombe et ne se relève pas. Il se souvient s’être précipité à son côté, avoir appelé son nom, effleuré sa lèvre glacée. Il lui revient cette sensation abominable, comme si son cœur, son corps et son esprit s’enflammaient. Et puis… plus rien. Il est toujours là, à genoux devant la commode, regardant ses mains tombées au sol. Il n’y voit plus. Il ne peut empêcher ses larmes de tremper ses joues et sa gorge de gémir atrocement. Alors, à votre avis, qu'est-ce que tout cela peut bien signifier ? |