Chapitre 1 Et la rentrée est arrivée. J’ai été réveillé par des cris, des exclamations, des bruits de malles et des pas précipités. Je crois que personne n’a vraiment fait attention à moi. Le départ pour Kings Cross fut mouvementé d’après ce que j’ai pu voir et ce qu’en dit Molly en revenant. Cela a laissé un grand vide dans la maison mais cela ne me dérangeait pas. Je préférais le calme aux agitations incessantes de la famille Weasley. Depuis quelques temps, j’arrivais à mieux dormir et je soupçonnais Molly de me faire boire une potion en cachette pour chasser mes cauchemars. Avec tout ce qu’elle a fait pour moi, j’ai honte en repensant à toutes les atrocités que j’ai pu proférer sur cette famille. Mr. et Mrs. Weasley ont été les premiers à me faire confiance. Et puis, le suivant a été Charlie. Il était venu quelques jours voir sa famille. Quand un soir, à table, il a commencé à parler de Quidditch avec ses frères, je me suis rappelé qu’il avait été attrapeur et je suis rentré dans la conversation. On a discuté des techniques, des anecdotes, et pleins d’autres choses encore. Ce mec, c’est une mine. Il est vraiment trop cool ! Quand aux autres, je pense qu’ils m’en voulaient encore pour ce qui s’était passé trois mois plus tôt. Je n’ai même pas pu regarder Bill Weasley dans les yeux quand il est passé un soir avec son épouse. Je ne pouvais me résoudre à penser que son visage était mutilé par ma faute. J’avais encore de nombreux moments de déprime mais j’arrivai à les combattre grâce aux nombreuses activités que Molly me donnaient. Ils avaient décidés de refaire la maison à neuf car elle avait été abandonnée pendant des années. Alors, Drago et Molly ponçaient, repeignaient, décoraient, astiquaient et réaménageaient les pièces de la maison. En fait, Molly m’avait expliqué que Harry reviendrait sûrement si la maison n’avait plus le même aspect que celui qu’il avait connu lorsque Sirius était vivant. Ce mince espoir de pouvoir m’expliquer avec lui, me redonna du courage et je m’acharnais à tout remettre à neuf. *** Molly recevait tous les jours du courrier de Poudlard où Ron lui disait ce qu’il s’y passait. Drago savait ainsi qu’il y avait presque plus de Serpentard, que l’effectif de l’école avait baissé de plus de la moitié et que le Quidditch avait été supprimé pour raison de sécurité. Il sut aussi que Hermione Granger faisait des recherches pour Harry quand elle ne travaillait pas pour ses cours, pour l’aider à trouver ce qu’il cherchait. Drago ne savait rien à ce sujet et il avait interrogé Molly en vain. « Si Harry pense qu’il faut t’en parler, il le fera lui-même. » Et sa curiosité poussée à l’extrême, il espérait ardemment parler avec le Survivant. Et pour cela il attendit le samedi avec impatience. Celui-ci arriva plus vite qu’il l’eut cru. Il n’avait presque pas réussi à dormir, en sachant qu’il pourrait sortir un peu, même si c’était derrière les murs de Poudlard. Il se prépara comme d’habitude, mit quelques parchemins dans un sac et attendit 9h pour utiliser la poudre de cheminette. Lorsqu’il arriva, il fut accueillit par la Directrice et conduit dans une pièce adjacente à son bureau. Elle avait de grandes fenêtres qui faisaient face à la Forêt Interdite et possédait une grande bibliothèque. En son centre était posée une table basse mais large entourée de larges coussins bariolés. « Installez-vous, Mr. Malfoy. Les autres ne vont pas tarder à arriver. » Drago posa son sac à terre et commença à déposer ses parchemins sur la table. Puis, il attendit en regardant la vue depuis les fenêtres. Il entendit parler et rire derrière la porte et il ne se retourna que lorsque les autres élèves entrèrent dans la pièce. Un silence s’installa parmi les nouveaux arrivants qui fixaient Drago. C’est Théodore Nott, en arrivant juste derrière eux qui mit fin à la tension : « Bon ben si tout le monde est là, on peut commencer, non ? » Drago acquiesça, en même temps que Harry, et ils s’installèrent autour de la table. Ils se mirent d’accord pour commencer les explications la semaine suivante. Ainsi, Drago et Harry pourraient lire leur cours tranquillement et poser des questions après. L’année avait commencé très fort avec des incantations à apprendre, des potions à construire, des enchantements à expliquer. Avec les examens et la menace qui planait, les professeurs ne voulaient pas perdre de temps. Au moment de copier les cours avec un sort, Drago demanda à Théodore s’il pouvait le faire à sa place car il n’avait plus sa baguette. Cette réflexion fit réagir Harry et il s’empressa de sortir de ses affaires la baguette de Drago. « Je l’ai retrouvé il y a deux jours chez un antiquaire moldu qui pensait en avoir pour un bon prix. C’est vrai que c’est du beau travail… », dit-il d’un air songeur en regardant la baguette. Drago prit sa baguette et ne murmura qu’un simple « Merci », la gorge nouée par l’émotion. Depuis qu’il avait eu sa baguette en première année, il ne s’en était plus séparé. Et quand il avait remarqué qu’il l’avait perdu dans sa fuite, cela avait entraîné sa dépression. Sans elle, il était faible. Il caressa doucement la fine baguette en souriant. Puis, il se reconnecta à la réalité et il commença à travailler. Quelques heures s’écoulèrent et ils grignotèrent un plateau-repas que leur apporta Dobby, qui avait été mis dans la confidence. A 14h, ils avaient terminés de recopier et s’apprêtaient à repartir. Les trois élèves retournèrent à leur dortoir respectif, laissant Harry et Drago devant la cheminée. Alors que Harry prenait la poudre de cheminette, Drago le stoppa. « Potter… Il faut qu’on parle, lança-t-il d’une voix enrouée. - Pourquoi as-tu attendu que tout le monde soit parti pour me dire ça ? - Parce que je pense que tu ne leur dis pas tout, parce que j’ai des questions mais aussi des réponses… » Le Survivant fronça des sourcils. « D’accord. Rendez-vous demain 23h dans le salon, finit-il par lâcher. - Tu vas venir au square Grimmaurd ? Drago n’en croyait pas ses oreilles. - Comment veux-tu faire autrement ? grogna Harry. - Alors, à demain. » Et Harry disparut dans une fumée verte. Drago n’entendit que vaguement « …low ». ooOoo Je suis rentré au manoir des Black – enfin de Potter – un peu hébété. La journée avait été longue mais j’avais réussi à avoir ce que je désirais : une discussion avec Potter. Machinalement, j’ai aidé Molly mais un mal de tête me prit et je remontai dans ma chambre. Elle était située au troisième étage, avec les autres chambres. C’était la plus proche de l’escalier et elle ne communiquait avec aucune des autres pièces de l’étage. On pouvait même dire qu’elle était isolée vu que la pièce attenante était un placard à balai et que la chambre la plus proche se situait à plus de dix mètres. Pour cela, j’avais une entière autonomie et un isolement plus que désiré. Je partis donc me reposer, tout en commençant à énumérer les questions que j’allais poser. Il fallait que je parle à Potter en douceur, sans brusquerie. Pour la première fois, je devais être aimable mais surtout honnête. Je savais qu’au moindre mouvement d’agacement, à la moindre réplique de travers, à la moindre contrariété, tout serait fini et je serai chassé d’ici. Et je réalisai alors que malgré toutes les questions que j’avais à partager, notre passé commun devra être banni de la conversation. Cela allait être une soirée difficile. J’avais pris des résolutions, avais fait peau neuve mais, moi seul le savais. Potter n’aura pas changé et j’allais devoir le convaincre de m’écouter et de ne plus voir le Malfoy qu’il avait connu. J’allais devoir trouver les mots justes dès le début car il ne dira rien tant qu’il n’aura pas eu la preuve que j’ai abandonné toutes mes convictions et mes préjugés. Il ne parlera jamais si je suis un Serpentard. J’ai passé la nuit à me torturer l’esprit, entre Potter et mes cauchemars. Je me suis levé avec un visage blafard, des yeux cernés et la démarche lourde. Mrs. Weasley a même cru que je faisais une rechute. Mais je l’ai vite rassurée en lui affirmant avoir passé une mauvaise nuit. « Peut-être la lune… », ajoutais-je avec un petit sourire. La pleine lune avait commencé la veille et Lupin avait disparu de la maison depuis lors. Je n’avais jamais eu de telles réflexions jusqu’alors mais, l’ambiance où je me trouvais était tellement différente de celle où l’on m’avait élevé et appris le sarcasme, que je prenais maintenant plaisir à plaisanter ou taquiner sans arrière-pensée. Cela était nouveau pour moi mais me faisait du bien à la longue. Mes migraines quotidiennes commençaient à me faire moins souffrir. *** Ces fameuses migraines étaient un maux quotidien pour Drago Malfoy. Elles avaient débuté le jour où il avait fait sa première – et seule – bêtise d’enfant. Il était alors à peine âgé de trois ans. Ce fut d’ailleurs la première fois où il attira l’attention de son père. Auparavant, il avait vécu dans une des ailes du manoir Malfoy, isolée des appartements de son père. Il avait été élevé dans les premières années de sa vie par sa mère et deux gouvernantes, Cherry et Ann. Toutes trois étaient aussi aimantes et tendres avec lui. C’était un enfant rieur et vif. Ses deux « nannies » l’adoraient mais il en gardait un souvenir flou et nostalgique. Car il ne les avait plus revu depuis ce fameux jour, où son père avait décidé qu’il était suffisamment grand pour commencer « l’éducation Malfoy ». Il avait accompagné Narcissa Malfoy pour sa visite mensuelle à son père. Drago était excité comme une puce car il ne voyait que rarement son père. Toutes les autres fois, il avait été impressionné par cet homme si inaccessible et était donc resté calme en sa présence. Mais, ce jour-là, il avait eu une grande nouvelle : il allait avoir son premier balai ! Dans son insouciance, il avait couru dans la grande bibliothèque adjacente au bureau et au salon privé de son père et avait trébuché sur le tapis… entraînant avec lui un énorme vase où il avait essayé de se retenir. Le vacarme engendré par le bris du vase et les pleurs de Drago avait provoqué l’arrivée silencieuse mais furieuse de Lucius Malfoy par la porte menant à son bureau. Cela eut pour effet de stopper net les cris de l’enfant qui leva les yeux vers son père. Les yeux larmoyant de l’enfant rencontrèrent ceux remplis d’une rage froide de l’adulte. Sans un mot pour son fils, il appela une elfe de maison et, sous les yeux horrifiés Drago, il tortura le pauvre être sans défense avec des Doloris. Puis, lorsque l’elfe s’était évanouie sous la douleur, il avait tourné lentement, sans aucune hésitation, sa baguette vers son fils. Narcissa ne put s’empêcher de lâcher une exclamation étouffée mais, elle ne fit aucun mouvement. Elle connaissait trop bien son mari pour se permettre de s’interposer. Après quelques secondes, qui parurent une éternité à l’enfant et sa mère, il avait sifflé : « La prochaine fois… ». Drago avait compris le message et n’avait plus jamais fait quoique ce soit pour contrarier son père. Depuis ce jour, sa personnalité enjouée fut muselée sous le joug de son père, provoquant ainsi de fréquentes migraines au garçon. Mais, sa fuite avait changé cela. Et un nouveau Drago voyait le jour.A suivre... |