Chapitre 6

Anthéa attira l’attention de Drago en posant sa main sur son bras.

« Viens, je te ramène, ma voiture est à côté. »

Drago blêmit. Il avait sous les yeux les engins de malheur des moldus que Weasley avait utilisé et crashé dans le saule-cogneur de Poudlard.

- Euh… Non, merci. Je suis malade dans une… vature.

- Tu ne vas pas faire le chemin à pied, répondit-elle en riant. Ne t’inquiète pas, j’irais doucement.

Drago ne put qu’accepter, ignorant le chemin de retour.

Ils marchèrent quelques instants dans la rue de l’hôpital et Drago put voir pour la première fois les moldus et leurs activités. Certains étaient pressés, une chemise sous le bras, les yeux fixés sur une destination connus d’eux seuls, d’autres flânaient, un sac en bandoulière et s’extasiaient devant des vitrines. Il se fit la réflexion que les moldus n’étaient pas si différents que les sorciers quand il s’agissait de travail ou de shopping.

Ils croisèrent un groupe de garçons de son âge qui riaient et parlaient avec animation. Drago étonné les suivit du regard jusqu’à ce qu’ils les croisent et surpris même un clin d’œil lui étant adressé. Troublé, il détourna son regard et se reconcentra sur la jeune fille. Celle-ci était arrivée près d’une petite voiture jaune et brandissait un objet dans sa main. Quelques secondes plus tard, une petit « bip » se fit entendre et les phares clignotèrent. Drago se figea, se demandant si cela était normal.

« Vas-y, entre, c’est ouvert », lui dit Anthéa, le voyant sidéré face à l’automobile.

Drago vit une fente sur la carrosserie ressemblant à une poignée et l’actionna. Fier de lui d’avoir compris tout de suite, il s’assit, victorieux, sur le siège du passager avant du véhicule.

« Un sourire ! »

Surpris, Drago se tourna vers la conductrice qui démarrait la voiture et vit qu’elle le dévisageait avec un air taquin et il leva un sourcil de scepticisme.

« Oh, quel dommage ! Vous devriez sourire plus souvent, ça vous va mieux que cet air désespéré que vous affichez en continue ! »

Drago la fixa, éberlué qu’une inconnue, moldue de surcroit, lui dise comment il devait être. Il n’était pas un Poufsouffle ! Il n’allait pas sourire comme un bienheureux à longueur de journée. Maussade, il décida de ne pas lui répondre, mais elle le reprit encore une fois.

« La ceinture! »

Il se tourna vers elle cherchant à comprendre ce qu'elle lui disait et la vit en train d'attacher deux bandes noires autour d'elle à l'aide d'une boucle et d'un mécanisme étrange dans un rectangle noir. Il chercha un dispositif identique sur sa droite et put mettre sa ceinture avant que la jeune fille démarre. Il se concentra rapidement sur la route, peu rassuré. Et il se rendit compte, qu’en effet, au vu de la vitesse des autres conducteurs, elle roulait doucement et l’en remercia intérieurement.

Ils arrivèrent devant le square Grimmaurd et elle s’arrêta devant une librairie. Elle sortit de la voiture et Drago l’imita. Elle lui tendit une carte avec son nom, une adresse et un numéro.

- Tiens, je te laisse mes coordonnées… Si tu as un problème ou si tu veux parler, rajouta-t-elle rapidement en rosissant. Sinon, je travaille dans cette librairie. Tu peux passer quand tu veux. Je sais que ce n’est pas facile de s’intégrer quand on emménage dans un nouvel endroit. Alors, si tu te sens un peu seul, n’hésite pas.

Drago prit la carte et la remercia. Il lui tendit la main et elle la serra, un sourire malicieux aux lèvres.

- A bientôt,… André, ajouté-t-elle sur le ton d’un secret entre eux deux.

Elle entra dans la librairie et lui fit un petit signe de la main avant de rentrer définitivement dans la boutique.

Drago marcha d’un pas rapide vers le manoir Black, en répétant dans sa tête l’adresse du lieu.

ooOoo

A son étonnement, la façade était visible pour les moldus et il en profita pour entrer. Mais quelle ne fut pas stupeur en tombant face-à-face avec Arthur Weasley, rouge d’une fureur contenue.

- OU EST MA FEMME ! QU’AS-TU FAIT DE MOLLY, SALE MANGEMORT !

- Je… Je… Elle…, tenta Drago, blêmissant.

- JE VAIS TE TUER ! ORDURE ! POURRITURE !

Drago ne pouvait plus se défendre. Arthur l’avait agrippé par le col de sa chemise et le secouait de toutes ses forces. Il sentit deux fois sa tête effleurer le montant de la porte avant qu’elle aille se fracasser dessus violemment, ce qui le laissa étourdit. Il réussit tout de même à murmurer quelques mots : « Molly… malaise... hôpital… moldus… ».

Arthur se figea et fixa d’un œil horrifié le garçon en face de lui. Il le lâcha et Drago s’effondra sur le sol de l’entrée.

« Je suis un monstre ! Pauvre garçon ! » murmura Arthur avant de relever Drago et de le porter jusqu’à un fauteuil dans le vestibule. Il alla chercher un verre d’eau et le lui tendit.

« Excuse-moi mon garçon. Quand je suis rentré et que je me suis rendu compte que la maison était vide, mon sang n’a fait qu’un tour. Tiens, boit ça. »

Drago prit le verre, le visage caché derrière ses mèches de cheveux. Il ne voulait pas qu’il voit qu’il pleurait. Il but le verre plus pour se remettre de ses émotions que par soif. Son cœur apaisé, il raconta doucement à Arthur ce qui s’était passé. Quand il eut fini, Arthur lui proposa de se reposer et le laissa pour retourner au Ministère.

Quand il revint, Drago était dans la cuisine, assoupit, la tête posée sur la table, les reliefs d'un repas face à lui. Il posa doucement sa main sur son épaule et attendit que Drago ait levé ses yeux vers lui. « Je suis allée la chercher. Elle est en train de se reposer. »

Drago ne dit rien mais se leva, faisant mine de sortir de la pièce.

« Je suis désolé. » Il stoppa en entendant la voix piteuse d'Arthur.

« Je n’aurait pas dû te dire ça. » Il haussa les épaules.

« Merci de t’être occupée d’elle… » Il se retourna et répondit d’une voix lasse et enrouée : « De rien ».

Et il sortit de la pièce.

A suivre...