Chapitre 3 Ils étaient tous réunis au milieu de la salle sur demande qui avait pris la forme de la salle de réunion de la secte. Sur la table, une dizaine de piles de dossiers dans des chemises noires aux couleurs des maisons. Les membres de la secte étaient assis tout autour, mais le sérieux n’était pas de mise. Tous étaient en train de rire en écoutant le compte-rendu de mission que leur faisait JB. De son côté, Harry serrait les poings, furieux qu’on se moquât de lui, mais trop honteux pour pouvoir répondre aux rires moqueurs. Tout ne s’était pas déroulé comme il l’avait espéré. Il avait monté avec prudence les escaliers en colimaçon, préparant des excuses crédibles pour expliquer sa présence dans cette partie du château. Il avait continuellement gardé les yeux fixés sur la porte qui menait au bureau du directeur, craignant de la voir s’ouvrir sur un Snape hors de lui. Il en était même arrivé à bloquer sa respiration au moindre bruit suspect. Mais rien ne s’était passé et il était arrivé au bureau sans encombre. Il sortit de sa poche la dernière création des frères Weasley : le seewitch. Il se composait d’un œil en plastique relié à un fil extensible qui pouvait se glisser n’importe où et permettait d’espionner facilement. Cependant, ces objet avaient une durée de vie limitée et coûtaient très chers. Harry s’était fait offrir le sien : les frère Weasley lui faisaient tester leurs nouvelles créations en avant première, pour le remercier de leur avoir donner l’argent nécessaire pour ouvrir leur boutique. Harry avait donc fait entrer l’œil dans la serrure du bureau et avait pu constater qu’il était vide. Rassuré, il était entré grâce à un simple sort d’ouverture. A la fois étonné et heureux que cela eût été si simple, il avait lancé un sort d’inspection avant d’entrer dans la pièce (heureusement qu’Hermione lui avait offert toute la collection de Wizards’detectives academy, qu’il avait étudié à fond). Et grand bien lui avait pris car la pièce était en fait truffée de détecteurs et autres sorts de surveillance qui s’activaient au moindre mouvement. Snape était vraiment parano ! Heureusement, Harry savait comment désamorcer ces sorts : moins de cinq minutes plus tard, il s’était mis à la recherche des fameux dossiers des élèves. Snape n’avait pas apporté de grands changements au bureau de Dumbledore : quelques petites affaires personnelles ici ou là, des objets bizarres de l’ancien directeur enlevés, mais rien n’aurait pu indiquer à Harry l’emplacement des si précieux dossiers des élèves. De plus, comme il était encore tôt dans la matinée, la plupart des portraits dormaient encore ou étaient absents de leur cadre. Ça avait été plus ou moins une bonne chose pour Harry car moins il y avait de témoins de son forfait, mieux il se portait, et moins il avait de la chance de se faire attraper par la suite. Cependant, les portraits qui auraient pu se montrer coopératifs avaient été eux aussi portés aux abonnés absents, si bien que Harry avait dû trouver une autre solution pour trouver les dossiers. Il avait porté son regard dans toute la pièce, et une subite idée lui avait traversé l’esprit lorsque ses yeux s’étaient posés sur le vieux choixpeau magique qui dormait docilement sur le haut de l’armoire. Il avait toujours été là, aussi bien dans le temps que pour lui, et il pourrait certainement l’aider encore une fois à trouver ses fichus dossiers. Il l’avait donc attrapé et l’avait posé au sommet de son crâne en espérant de toutes ses forces que l’artefact ne se ferait pas prier. La réponse avait été immédiate : le choixpeau, heureux de reconnaître un ami de longue date, l’avait tout de suite dirigé vers une armoire d’ébène noir. Rassuré par la tournure qu’avaient prise les choses, Harry avait tout de même rencontré quelques difficultés pour ouvrir les battants sombres du grand meuble. Ce n’était qu’au bout d’une dizaine de sorts différents qu’il y était parvenu, et il y avait trouvé toutes sortes de potions et autre ingrédients. Sûrement les recherches de Snape, mais en tout cas, aucune trace d’un quelconque dossier d’élève. - Je ne comprends pas, avait soupiré Harry à l’attention du choixpeau qu’il avait conservé sur sa tête, tu m’avais pourtant que les dossiers se trouvait là-dedans, non ? - Non, avait répondu le choixpeau, catégorique. Je t’ai dit qu’ils se trouvaient par là, je ne t’ai jamais dit qu’ils se trouvaient dans l’armoire. - Et ce n’est que maintenant que tu me le dis, avait rouspété le jeune homme, après la quantité de sorts que j’ai lancé… - Il faut bien écouter ce qu’on te dit. Harry avait laissé échapper quelques grognements, qui, dits clairement, auraient pu ressembler à des insultes. Cependant, il avait pris garde de ne pas les formuler car il aurait pu vexer le choixpeau, et il ne savait pas ce que l’avenir pouvait lui réserver. Il s’était donc détacher de l’armoire pour observer l’ensemble du coin désigné par le choixpeau. D’abord, il n’avait rien vu, puis un doute s’était emparé de lui, et il s’était rapproché du mur derrière l’armoire, et en effet, en passant une main dans le faible espace, il s’était aperçu qu’il y avait quelque chose dans la pierre qui rompait avec la régularité du mur. - Un coffre fort magique ! s’était-il exclamé. Il savait que Snape était un peu paranoïaque, mais de là à installer ce genre de protection…En tout cas, cela n’avait pas été un gros problème pour Harry : toujours grâce à Wizards’detective academy, aucun coffre n’aurait pu lui résister. Il avait donc déplacé l’armoire, s’y prenant à plusieurs fois car elle était très lourde. Il avait ensuite lancé un sort de dévoilement qui avait révélé le coffre magique dans les aspérités du mur. Le reste avait été du gâteau : le coffre magique n’était pas le plus difficile à forcer, un simple iniatus despirus, une catégorie performante, mais pas assez pour arrêter Harry. En moins de quinze minutes, il l’avait ouvert. Et ça avait été à ce moment que les choses avaient dégénérées. Tout à coup, un bruit énorme avait rempli la pièce, paralysant presque le brun qui avait reculé, surpris. C’était une sorte de sifflement aigu qui donnait une migraine douloureuse qui empêchait de se concentrer et de faire de la magie. Harry s’était donc précipité sur la porte, mais celle-ci avait été verrouillée par un sort. Harry était pris au piège et il avait senti que son crâne ne pourrait pas résister longtemps à cette alarme diabolique. Snape l’avait bien eu sur ce coup là ! Se découpant un peu de la confusion qui régnait dans son esprit, une idée avait traversé son cerveau douloureux : « Enfonce le choixpeau jusque sur tes oreilles ! Enfonce le choixpeau jusque sur tes oreilles ! » Il avait réussi à s’exécuter, et aussitôt, le bruit s’était quelque peu atténué, quoi que toujours omniprésent. - Dépêche toi de faire ce que tu as à faire, lui avait crié le choixpeau dans son esprit, je ne tiendrai pas longtemps ! Harry ne se l’était pas fait dire deux fois, il s’était précipité vers le coffre, l’avait ouvert. Les documents étaient bien là, dans des chemises noires. Il avait tendu la main pour les prendre, mais quelque que chose de poilu l’avait attaqué sans crier garde. Harry était tombé à la renverse pour se trouver nez à nez avec une petite boule de poil avec de grands yeux expressifs. - Niou, avait émi la drôle de créature sur un ton qu’on aurait pu qualifier d’interrogatif. - Mais…mais…mais c’est trop choupi ! avait alors articulé Harry, un peu malgré lui. Il avait ensuite avancé sa main dans le but de caresser la petite boule de poils qui lui avait alors adressé un regard assassin. - Non, Harry ! hurla le choixpeau dans son cerveau. Ne la touche surtout pas ! - NIOU ! hurla la bestiole sur un ton du genre « je vais te trucider en petits morceau ! ». Harry avait retiré sa main de justesse avant qu’une mâchoire énorme remplie de dents ne se soit abattue dessus. Harry avait fait alors deux constats : les petites boules de poils pleines de dents aiguisées, c’était pas si mignon que ça, mais en plus, il en était sorti de partout, si bien qu’il s’était retrouvé encerclé par une armée de petites créatures qui ne rêvait que de le trucider. - Lève-toi ! avait hurlé le choixpeau dans son esprit. Harry avait obéit, plus par réflexe que par volonté. Il avait ainsi évité une attaque massive de nious agressifs. Il avait pris sa baguette magique et avait tenté de lancer un sort, mais rien ne s’était passé. - Ça ne sert à rien Harry ! lui avait expliqué le choixpeau. Nous sommes privé de magie, il faut que tu te débrouilles sans ! Harry avait juré. Ils étaient mal barrés : la porte était bloquée, et les nious de plus en plus nombreux étaient sur le point de les réduire en charpie. Soudain, il avait entendu un bruit derrière la porte. C’était surement JB qui venait lui porter secours. Il avait pris sur le bureau un objet plutôt long et métallique qui ressemblait à une batte, et s’était dirigé vers la porte en frappant les nious comme s’ils n’avaient été que des saouffles. Quand il l’avait atteint il s’était mis à crier : - JB ! Dépêche, ouvre cette porte ! Vite, si tu veux me revoir vivant ! - Je peux pas ! avait crié la voix de JB de l’autre côté. Snape est en train d’arriver en courant. Dépêche toi de sortir si tu veux pas te faire prendre ! - Mais JB… Des bruits de pas qui étaient en train de s’éloigner lui avaient appris qu’il criait dans le vide. - MERDE ! avait hurlé Harry en tapant de toutes ses forces dans une dizaine de nious qui l’avaient attaqué en même temps. Qu’est-ce qu’on a d’autre comme issue ? avait-il demandé à l’adresse du choixpeau. - A part la fenêtre…Mais nous sommes au sommet du château, tu ne pourras pas… Harry avait regardé la fenêtre qui représentait son seul espoir de s’en sortir. Ce n’était plus Snape qu’il avait redouté le plus à ce moment là, mais bel et bien les nious qui infestaient maintenant le sol de la pièce. Il regarda le coffre où se trouvaient les dossiers. La fenêtre n’était pas très loin, il pourrait peut-être… - Harry, tu es fou ! avait crié le choixpeau dans son esprit, alors qu’il y avait lu l’idée qu’avait eue le jeune homme. Tu n’y arriveras jamais ! - J’aurais de la magie dehors ? - Oui, mais… Il ne n’avait pas laissé au choixpeau le temps de finir sa phrase. Il avait raffermi sa prise sur l’objet qui lui servait de batte et s’était mis à courir en direction du coffre fort, balayant de son chemin avec de grands gestes désespérés, les nious qui étaient en travers de son chemin. Arrivé au coffre, il avait lâché la batte et arraché les dossiers de leur refuge magique. C’était avec les piles de chemises de noires qu’il avait abattu les nious qui l’attaquaient. Il avait couru jusque vers la fenêtre, et dans une détente formidable, il s’était jeté dessus. Le verre s’était brisé, laissant Harry tomber dans le vide, le choixpeau sur la tête et les dossiers dans les mains. - ACCIO BALAIS !!! Avait-il hurlé alors que le sol se rapprochait inexorablement. Les filles éclatèrent à nouveau de rire. Harry soupira. Il n’avait jamais eu aussi peur de toute sa vie. Enfin si, mais bon…Son éclair de feu l’avait récupéré à la limite du deuxième et du premier étage. Une chance immense. Il avait alors rejoint la salle sur demande dans un état plus que pitoyable, ce qui avait provoqué l’hilarité des unes et la surprise des autres. - En tout cas, bravo ! s’écria Rion en essuyant une petite larme au coin de son œil. Ce que tu as fait mérite le respect ! - J’espère bien ! dit Harry en grimaçant. - Ne bouge pas si tu veux que je te soigne correctement ! grogna Artémis qui était en train de le bander. - En plus, tu nous as apporté des informations très intéressantes ! s’exclama Nausicaa. - Ah oui ? - Bien sûr, je m’attendais un peu à ce que Snape dispose un coffre et un sort à ultrason, mais des nious, ce n’est pas son genre ! - Qu’est-ce que ça veut dire ? demanda Harry. - Ça veut dire que quelqu’un d’autre s’est introduit dans le bureau de Snape et qu’il a mis ce sort pour protéger les dossiers des élèves, expliqua Athéna. - Ce quelqu’un savait donc que nous allions nous en servir, fit remarquer Artémis. - Bien sûr, parce que ce quelqu’un nous connaît, affirma Nausicaa. Un silence inquiétant se rependit parmi les membres de la secte. - Je suis désolé, intervint Harry, mais je ne comprends pas. - C’est simple, les nious duplicateurs ne peuvent pas être l’œuvre d’un sorcier d’ici, car aucun de vous ne pourrait avoir l’idée de faire un sort kawai dégénérescent. - Un sort kawai dégénérescent ? répéta Harry. - Chez nous, ce qui est kawai, c’est tout ce qui est mignon, expliqua Athéna. Ces petites boules de poils en font tout à fait partie. Dégénérescent signifie qu’on les a détourné de leur nature pour les faire devenir le contraire de ce qu’elles sont réellement. - Dès que tu as dit qu’ils étaient choupis le sort s’est mis en route, continua Artémis, si tu avais dit qu’ils étaient laids ça n’aurait pas marché. - Mais ne t’inquiète pas, tu n’aurais pas pu ! reprit Athéna. C’est inconsciemment ancré dans ton esprit. Dès que tu vois un niou tu le trouves choupi. C’est comme ça. - Mais ça, un sorcier de chez vous n’aurait pu le faire, termina Nausicaa. - Comment ça un sorcier de chez nous ? demanda Harry. Est-ce que vous voulez dire que chez nous ce n’est pas chez vous ? Les membres de la secte se lancèrent des regards interrogatifs. Ce fut Artémis qui interrompit ce silence pesant : - Je pense qu’il a mérité notre confiance. Il a risqué sa vie pour nous ramener les dossiers. Nous ne lui en demandions pas autant ! - Tu as raison, approuva Nausicaa. Mr. Potter, après la réussite de ta mission, nous allons te confier les secrets de la secte. Bien sûr, plus que jamais, tu ne devras révéler à personne ce que tu vas apprendre maintenant. - De toute façon je suis sous pacte, donc… - Oui, c’est vrai, acquiesça l’autre avec un grand sourire. Alors, pour répondre à ta question, non, chez vous ce n’est pas chez nous. Nous venons d’un autre monde, ou plus précisément d’un autre univers. - Quoi ? - Oui, renchérit Artémis, et dans notre univers, ton monde est en fait un roman. - Quoi ? - C'est-à-dire que dans notre monde, tu n’es que de la fiction ! asséna Rion. La nouvelle lui fit l’effet d’un choc. Ça ne pouvait pas être vrai ! C’était impossible ! Ils se moquaient encore de lui ! - Tu aurais pu y aller moins brusquement avec lui ! gronda Artémis. - Mais il comprenait que dalle, répliqua Rion en levant les yeux au ciel. - Je sais que pour toi c’est difficile à croire, continua Nausicaa, mais nous pouvons te fournir des preuves concrètes de ce que nous avançons, mais si tu décides de ne pas nous croire, cela ne nous avancera à rien. - Qu’est-ce que tu entends par là ? - Je veux dire que la situation est grave et que nous n’avons pas vraiment le temps de te prouver ce que nous avançons. - A d’autres ! s’écria le brun qui avait l’impression qu’on le prenait pour une buse. - Très bien, mais c’est toi qui l’aura voulu, soupira Nausicaa. Arte, sors les livres. Artémis se dirigea vers un endroit de la salle où trônait une grosse valise. Elle l’ouvrit et Harry pu apercevoir des petits livres pleins de couleurs dont la plupart montrait des couples d’hommes plus ou moins dénudés. - Pourquoi tu as amené tous tes mangas ? s’écria Athéna. - Je n’ai pas apporté tous mes mangas, seulement mes préférés, et c’est parce que je pensais qu’on allait tout de même avoir un peu de temps libre. - Peu importe ! cria Nausicaa. Apportes les bouquins. Artémis grogna un peu mais elle sortit tout de même de la grosse valise sept livres de même taille mais d’épaisseur différente. Elle les apporta sur la table, et Harry vit s’étaler sous ses yeux des dessins de lui, avec ses amis ou tout seul, au dessous d’un titre en lettres capitales : HARRY POTTER, et un P qui se finissait en cicatrice. Il regarda avec circonspection les sous-titres qui s’étendaient sous son nom : A l’école des sorciers ou encore et la coupe du feu, ou le Prince de sang mêlé… Tout d’abord, il ne réagit pas, puis il se rendit compte que ces titres représentaient des étapes de son passé, des dernières années qui s’étaient écoulées. Un brusque frisson le prit. Un malaise énorme lui saisit le cœur. Est-ce qu’il…Etait-il… - Ce sont des biographies qu’on a écrites, tenta-t-il d’expliquer d’une petite voix, vous avez fouillé dans le passé, interrogé des gens… - Regarde à l’intérieur, et fais-toi ta propre opinion, dit doucement Nausicaa. Harry saisit un des livres posés devant lui. Il s’appelait L’Ordre du Phoenix. En tremblant un peu il l’ouvrit vers la fin. Il arriva sur un passage où il faisait sa valise. Apparemment, l’année venait de finir et on l’attendait pour le repas de fin d’année. C’était après leur passage au ministère, après que Sirius soit mort. Une boule de chagrin lui serra la gorge. C’était un souvenir pénible mais le malaise devenait de plus en plus profond quand il lisait qu’il était en train de se sentir triste. Les membres de la secte faisaient tous silence. Ils respectaient son chagrin et sa découverte. Harry tourna quelques pages. Il tomba sur une conversation qu’il avait eue avec Nick quasi-sans-tête. Il la lu de bout en bout avec un étonnement certain. C’était impossible ! Il n’avait jamais parlé de cette discussion à personne, et il doutait que Nick ait pu en parler à qui que ce soit : ce n’était pas son genre. De plus, il aurait été impossible qu’il retrouva la discussion exacte de ce qui c’était passé, phrase pour phrase, mot pour mot. Tout à coup, le malaise de Harry s’accentua. Il sentit ses intestins se retourner dans son corps, son cœur battre à cent à l’heure. Une sueur froide perla sur son front. Non ! Ça ne pouvait pas être vrai. Si c’était vrai, alors cela voudrait dire que…Une douleur aigu lui traversa le cerveau, puis plus rien. Tout devint noir. Harry se sentit partir en arrière, mais jamais il ne toucha le sol. Il s’était évanoui avant. |