Chapitre 9 : Première retrouvaille
Je suis là, dans cet espace si clos et si déprimant que j’ai presque envie de pleurer, tout est si sombre. Je n’entends que les cris des autres autour de moi qui sont dans le même cas que moi. J’en entends d’autres qui pleurent. Certains rient, mais je pense que c’est plus nerveux qu’autre chose. Quand je me sens aussi vide qu’aujourd’hui je crois que je préfère me refaire toute ma vie dans ma tête et aujourd’hui c’est ce que je vais faire. Ma vie…je crois que si j’étais mort à la naissance ça n’aurait pas été plus mal, peut-être que mes amis auraient eu une meilleure vie, qui sait ?
Je suis né en 1959 le jour du printemps, déjà bébé j’étais très beau. Ce n’est pas de l’arrogance mal placée, j’ai toujours eu des traits fins et racés, même étant bébé cela se voyait déjà. Au début mes parents étaient fiers de moi, je crois d’ailleurs que c’est la seule période de mon existence où mes parents aient été fiers de moi. J’étais aussi beau et aristocratique que leur attente, et, chose incroyable, j’avais les yeux argent, j’étais donc le digne hériter des Black. Mais je crois qu’à partir de l’âge de deux ou trois ans j’ai commencé à les décevoir. J’étais un bébé plein de vie, enfin d’après le journal de ma mère, infatigable toujours sourieur et déjà blagueur. A partir de ce moment de ma vie j’ai commencé à être puni pour être aussi hyperactif.
« Tu resteras ici, jusqu’à ce que tu te calmes, tu es vraiment une calamité pour cette famille Sirius. Je viendrais te chercher quand je ne t’entendrais plus. »
La cave était le seul endroit qui me terrifiait dans notre maison et bien sûr c’est là que ma mère m’enfermait, dans une toute petite pièce sans lumière ni fenêtre. Plusieurs fois j’ai cru mourir de peur et c’est de là que je suis devenu claustrophobe, il y avait de quoi me direz-vous ! Ah oui, je ne vous ai pas dit mon prénom, je m’appelle Sirius. Je crois que c’est la seule chose que ma mère m’ait donnée et que j’aime, mon prénom, Sirius. La famille des Black, je l’ai appris très tôt, est une famille de la haute société mais pas dans la bonne branche, tout tournait beaucoup autour de la magie noire sans pour autant être aussi extrémiste que la famille Malfoy. Lorsque ma mère a commencé à être déçue par mon comportement, elle a voulu changer d’héritier, elle est donc de nouveau tombée enceinte et je crois que cette idée me donne envie de vomir. Que les parents soient ensemble c’est une idée à laquelle on peut s’habituer mais qu’ils aient une relation physique ensemble m’a toujours dégoûté. Bien sûr ce genre de chose je ne l’ai apprise que bien plus tard, un enfant de trois ans ne peut pas être au courant de cela. Et peu après mes quatre ans mon cauchemar personnel a débarqué dans ma vie, Regulus Black, mon petit frère. Comme moi au début il était magnifique et ma mère était à nouveau fière de l’un de ses rejetons. Sauf que contrairement à moi où elle a toujours essayé de me rendre le plus indépendant possible pour faire ce qu’elle appelait la force de l’aîné. Elle choyait mon frère comme un petit roi. Moi bien sûr je ne comptais désormais plus comme un membre de la famille Black. Enfin elle se rappelait de ma présence lorsque de grands bals étaient donnés et que je devais faire bonne impression. De toute manière, si cela tournait à la catastrophe, j’étais enfermé pendant plusieurs jours dans le four, comme je me suis mis à appeler la petite pièce de la cave. Heureusement, étant tout de même un Black, elle me donnait toujours à manger pour que je sois toujours en bonne santé et fort. Mon traître de frère quant à lui était le digne héritier des Black. Il écoutait religieusement tout ce que disait ma mère et ne jurait que par elle. C’était un spectacle particulièrement affreux. Vers mes six ans ne voulant pas retourner dans le four je me suis mis à me renfermer sur moi-même choisissant sans le savoir de ne plus grandir mentalement, de garder toutes mes pensées et mes envies pour moi, tentant de faire ce que ma mère attendait de moi en songeant à une douce vengeance lorsque je serais en âge de faire de la magie.
Et mon père dans tout ça ? Eh bien c’était l’homme fort de la maison qui ne rentrait que tard le soir. Il avait une sérieuse accoutumance à l’alcool et se pliait aux ordres de ma mère. Eh oui, il obéissait au doigt et à l’œil de ma mère, on pourrait qualifier cette dernière de dragon. Je n’avais donc rien à dire dans ma famille et cette période de ma vie n’est pas celle que j’aime raconter où m’étendre plus que nécessaire.
Pendant environ cinq ans, jusqu’à ce que j’atteigne l’âge de onze ans, mon frère était la fierté de ma mère, elle le montrait partout comme si c’était l’aîné. Hélas pour elle, j’existais. Mon frère s’apercevant de cette préférence avait décidé d’en profiter tout son saoul, il ne se gênait donc pas pour pleurer et m’accuser. Ma mère, bien sûr, m’enfermait directement dans le four. Donc même lorsque je n’avais rien fait j’avais le droit de passer plusieurs heures à suffoquer et à penser que je vivais la dernière heure de ma vie. Décidément, rien qu’à raconter cette partie de ma vie, ça me déprime.
Lors de mes onze ans, je ne crois pas avoir été aussi heureux de vivre dans toute mon existence. Bien sûr je n’avais pas de fête d’anniversaire ou même un gâteau, et les cadeaux étaient bien rares et inexistants en ce qui concerne ma famille proche. Seul deux de mes cousines m’offrait toujours un petit quelque chose en cachette, c’était Narcissa et Androméda. Cette dernière était la plus vieille et elle était clairement décidée à sortir de la famille Black le plus rapidement possible. Je crois que c’est elle qui me donnait le plus de courage pour affronter ma famille. Quant à Narcissa, je pense qu’elle n’est pas fondamentalement méchante mais l’influence de sa famille peut la faire basculer facilement dans le côté noir. Androméda peut prendre soin d’elle pour le moment mais quand elle quittera la famille je pense que Narcissa n’aura pas d’autre choix que de se plier face aux exigences de ses parents. Elle n’était pas une révoltée comme moi je l’étais. A onze ans j’allais leur prouver que je pouvais commencer à me venger. Cet anniversaire là marque enfin ma première baguette et une sortie sur le chemin de traverse. On y a acheté mes livres et une fois entré je n’ai pas pu m’empêcher de les lire rapidement pour voir un peu de quoi je serais capable à la fin de l’année. Bien que pas très passionnant, au moins j’arriverais peut-être à faire quelques potions sympathiques que je glisserais dans le verre de mon idiot de frère. Je pense que c’est pour cette raison précisément que j’ai toujours voulu devenir l’un des meilleurs élèves de l’école, afin de toujours les réussir pour les appliquer sur mon frère. Bien sûr dans ma tête il était hors de question que je fasse partie de la maison Serpentard, ma famille en a toujours fait partie et ma mère n’a pas cessé de me le répéter pendant les mois de juillet et août.
« Sache que seul Serpentard est digne de la famille des Black, je ne veux pas que tu ailles ailleurs, est-ce que c’est bien compris ? Franchement Sirius, tu me fais honte, pense un peu à tes illustres ancêtres qui sont tous allés dans cette maison, j’espère que tu ne me feras pas honte. »
Elle allait sérieusement être déçue et moi j’en jubilais d’avance. Le seul problème était de me faire accepter dans cette maison, parce que ma mère avait raison sur un point : Tous les Black étaient associés à la magie noire et à Serpentard. Je me faisais donc beaucoup de soucis et encore plus lorsque je fus enfin dans le train. La première personne que j’ai rencontrée était censée être l’ennemi numéro un de ma famille, j’en avais toujours entendu parler mais je n’avais jamais vu l’un des membres de cette famille en vrai, seulement dans le journal. En face de moi se tenait James Potter dans toute sa splendeur et sans savoir mon nom il me faisait déjà rire.
« Je suis le grand et le fabuleux James Potter, et toi ? -Je suis le célébrissime Sirius. -Tu n’as pas de nom de famille ? -Non, tu vas aller à Gryffondor ? -C’est ce que j’espère mais mes parents n’ont rien voulu me dire sur la façon dont on va être réparti, même si je n’ai pas peur…enfin voilà. »
La première impression que j’avais eue de lui était un grand arrogant mais en fait se cachait quelqu’un de sensible sous cette carapace. Pour l’une des premières fois de ma vie je me sentais vraiment moi-même. Plus tard je faisais la connaissance de Remus Lupin, garçon très timide et réservé, mais qui me plaisait bien. Je sentais qu’il était calme mais qu’on pourrait en faire quelque chose. La première fois que j’ai parlé avec lui j’ai pensé tout de suite qu’il irait à Serdaigle, parce qu’il ne faut pas croire mais sous cette timidité se cachait un garçon intelligent. Eh bien je peux dire que je me suis lourdement trompé.
« Black, Narcissa. -Serpentard »
Dire que j’étais stressé était un euphémisme, je savais que j’étais le suivant et James ne comprenait pas mon angoisse, je crois que je l’ai regardé avec des yeux suppliant et que j’ai prié pour qu’il me pardonne pour mon nom de famille.
« Black, Sirius »
Ca n’a pas raté il m’a regardé bizarrement, pas avec dégoût cependant, heureusement parce que j’aurais peut-être perdu espoir à ce moment là.
‘’’Eh bien, encore un Black, mais tu es au contraire très différent de tes pairs, un peu comme Androméda. -Je veux aller à Gryffondor, je suis courageux et loyal envers ceux que j’aime. -Je peux voir que tu as de grandes capacités, Serpentard n’est définitivement pas pour toi. -Alors je vais où ?’’’
« Gryffondor »
Je n’ai jamais été aussi heureux de ma vie et toute la table des lions m’applaudissait, je regardais James avec un grand sourire que ce dernier me rendit. C’est à partir de ce moment que je suis devenu inséparable avec lui, c’est devenu mon frère d’adoption, je ne pourrais pas dire jumeaux parce que j’étais déjà bien plus beau et racé que lui.
Peu après James est donc allé à Gryffondor et, à mon grand étonnement, Remus aussi. Peu après durant cette même année nous avons formé avec Peter le groupe des maraudeurs. Nous étions les plus connus et les plus adulés, voir même le pire cauchemar des professeurs. Et nous faisions les meilleures blagues de l’école. Notre cible préférée était les Serpentards, et plus particulièrement le seul être sans défense de notre promotion, Severus Snape.
Maintenant que je suis dans ce cahot, je me rends bien compte à quel point on a été cruel et injuste avec lui, mais nous étions des gamins, je détestais Serpentard à cause de ma famille, et je crois que le fait que Snape soit sans défense était plus facile pour moi de me venger de ma souffrance durant mon enfance. Je rigole jaune aujourd’hui parce que Snape a été un courageux espion, même si je ne l’ai appris que dans les tous derniers moments de ma liberté. James lui n’a jamais vraiment aimé Snape, mais maintenant je trouve que Snape n’a pas mérité tout ce qu’on lui a fait subir. Attention, je le déteste toujours autant, mais il n’avait pas mérité l’acharnement dont il a été sujet. Quoiqu’il est bien arrivé à se venger vers sa sixième et septième année lorsqu’il a subi son entraînement de la part de Malfoy. Revenons à ma période Poudlard…
On se vengeait donc toujours sur Snape qui nous a détesté dès la première blague et je ne peux pas l’en blâmer pour cela. C’était pourtant un des seuls Serpentard qui ne s’était pas attaqué à Peter. Ah Peter, notre cher ami Peter, nous l’avons inclus dans notre groupe parce qu’il subissait des blagues idiotes et mauvaises de la part des Serpentards. Après coup, je crois que j’aurais préféré qu’on le laisse se faire martyriser parce que…enfin je vais en venir à ce point là plus tard. Nos sept années à Poudlard ont été mouvementées, comme par exemple moi et ma fugue lors de mes quinze ans, donc avant l’entrée en sixième année. J’étais enfin libre, la famille Potter m’avait accueillie comme l’un des leurs et je leur en serai reconnaissant jusqu’à ma mort. Et puis il y a eu l’épisode Lily, ah notre chère tigresse, même moi je n’aurais pas pu prédire ce qui allait se passer. Persuadé que Lily détesterait mon frère jusqu’à sa mort, eh bien encore une fois je me suis lourdement trompé. James était fou amoureux d’elle, je ne pensais pas qu’à seize ans on puisse aimer autant. Au début c’était juste un petit coup de foudre dans un seul sens, puis vers quinze ans il ne me parlait plus que d’elle et à seize ans il a commencé à dérailler complètement. Après sa cinquième claque j’avais décidé de prendre les choses en main avec les amies de Lily, Gabrielle et Anne. On les a enfermés et quelques jours plus tard, ils sortaient enfin ensemble au plus grand bonheur de James. A dix huit ans, ils avaient décidé de se marier. Même avec tous les problèmes que Voldemort posaient, ils ne voulaient pas se séparer. Le mariage était grandiose, même si les parents de Lily avait été contre qu’elle se marie si tôt et que les parents de James étaient inquiets. Peu de temps après, la famille Potter ne comptait plus que deux membres, James et Lily. James avait été presque inconsolable jusqu’au moment où Lily lui avait annoncé qu’elle était enceinte, la vie avait alors repris. Puis, quelques mois après, c’était au tour des parents de Lily de décéder. Il ne restait que sa sœur mais d’après ce que j’avais compris, c’était une personne horrible. On a bien cru que Lily allait faire une fausse couche mais non, elle a tenu bon grâce à James, Remus, Peter, ses amies et moi. Tout autour de nous n’était que chaos, tout le monde tombait, les amies de Lily se firent tuer, nos collègues Aurors aussi et enfin vint Harry. Notre rayon de soleil dans notre vie.
Lorsque ce petit bout de chou est né j’avais enfin compris que quelque part il y avait de l’espoir, que malgré toutes les horreurs de la vie il y avait toujours une petite lumière dans nos vies. A mon plus grand bonheur, je suis devenu son parrain, je n’avais pas pleuré depuis bien longtemps mais ce jour là j’avais l’impression d’être une adolescente pleurnicheuse, c’était un très beau jour. Depuis je tenais souvent Harry dans mes bras, je jouais souvent sous ma forme de chien avec lui, je connaissais son odeur par cœur et lui adorait jouer avec Patmol. Notre bonheur n’était qu’éphémère, une satanée prophétie a été faite et elle concernait soit Harry soit un autre enfant Neville, l’enfant d’Alice et Franck avec qui je travaillais. On avait décidé que les Potter iraient se cacher et que je serais leur gardien du secret puisqu’il y avait un traître parmi nous, à ma grande honte j’ai cru que c’était Remus.
Dans ma cellule encore aujourd’hui je me demande pourquoi j’ai cru que c’était Remus, mais à l’époque nous étions stressés, tout autour de nous s’écroulait et je ne voulais pas voir mourir mon frère et mon filleul et encore moins Lily. Revenons à la soirée que je revis depuis des années à cause des Détraqueurs.
Puis, le 30 Octobre, j’ai eu l’idée du siècle, et je m’en remettrais jamais je crois. J’ai proposé un échange, tout le monde savait que j’étais le gardien, même si sous la torture je n’aurais rien avoué, j’aurais préféré mourir, j’étais une cible facile alors que notre cher ami Peter non. Personne n’aurait soupçonné Peter…personne et c’est d’ailleurs ce qui s’est passé, personne n’avait soupçonné Peter d’être un mangemort, moi moins que tout autre. Dès le lendemain, j’ai eu une impression terrible, comme si quelque chose d’horrible allait se produire et pour une fois, je ne me suis pas trompé. Je revois encore les décombres de leur si belle demeure et je sens encore en moi cette impression d’immense trahison, un moment je n’ai pas réussi à respirer tant le choc était grand. Ce qui m’a empêché de mourir furent les cris d’un petit garçon d’un an et demi, mon filleul. Je le pris dans mes bras et il se calma instantanément. Il avait le front en sang et les corps de Lily et James étaient à terre, inanimé. Encore une fois j’ai pleuré. Hagrid est arrivé et malgré le fait que je voulais garder mon filleul près de moi il me le prit, je n’avais plus rien, juste une vengeance. Je n’ai cessé de traquer Peter, le traître celui qui avait détruit notre petit bonheur si éphémère, celui en qui je croyais et j’avais mal, si mal, je croyais mourir à chaque respiration, j’avais mal pour moi, pour Harry et aussi pour Remus. Je me souviens m’être promis d’aller lui parler et de tout lui expliquer après avoir tué Peter. Parce qu’il n’y avait plus qu’une chose à faire pour apaiser mon esprit, pour apaiser ce sentiment de trahison, c’était de tuer celui qui en était responsable. Je n’ai pas dormi ni manger, je ne faisais que le traquer et j’ai réussi à le coincer. Je me sentais jubiler, j’allais enfin me venger, j’allais enfin apaiser ma conscience un peu, j’allais enfin pouvoir faire un deuil, mais je n’ai rien compris à ce qu’il s’est passé.
Peter a lancé un sort et tous les Moldus autour de nous sont mort dans la seconde. Je l’ai regardé, effrayé par ce qu’il était devenu. Je voulais lui demander pourquoi, pourquoi nous, pourquoi James, pourquoi trahir tout ceux qui l’aimaient. Mais dans un éclair de folie, il s’est coupé le doigt, s’est transformé et a disparu. Je ne savais pas quoi faire, il avait tout orchestré, je voulais pleurer, je voulais hurler, je voulais…et j’ai rit, nerveusement, après toutes ces nuits blanches d’angoisse puis les nuits blanches de traque pour en arriver là. J’ai rigolé et pleuré à la fois. Après une enfance désastreuse, une formation heureuse j’avais goûté à la trahison de la pire espèce. Les Aurors m’ont embarqué en me traitant de fou et en me battant pour avoir tué autant de Moldus. Sans procès, je fus enfermé à vie à Azkaban avec tous ceux que je détestais, Bellatrix et son mari et tant d’autres… Mais je le méritais, j’avais vendu mes amis au mangemort, j’avais tué la seule famille que j’avais, je méritais ce qui m’arrivait.
Je me lève histoire de me détendre un peu les jambes, regarde par la petite fenêtre et je ne vois que pleins d’autres cellules. Il y a un sortilège pour qu’on ne puisse pas parler aux autres, mais je les vois tous. Je vois leur tête, la folie qui est enfouie dans leurs yeux à cause des Détraqueurs et je me rappelle encore mon premier jour ici.
On m’a jeté dans ce cachot, heureusement ce n’était pas tout à fait le four, il y avait une fenêtre et l’air y entrait, mais ma claustrophobie avait quand même pris le dessus pendant les premières heures de mon incarcération. Pour les nouveaux prisonniers, afin de leur ôter l’envie de s’échapper, on avait le droit à une double dose de Détraqueurs et sans cesse je me rappelais ce sentiment qui s’était emparé de moi lorsque j’avais vu la maison de James et Lily dans un état si déplorable. Au bout de deux jours, j’ai cru que j’allais devenir fou, que jamais je n’arriverais à me défaire de cette vision, et je ne sais pas pourquoi, je me suis transformé en chien. Les pensées du chien sont différentes de celles de l’homme, moins compliquées, et donc les Détraqueurs ne leur faisaient jamais autant d’effet et je crois que c’est pour cela qu’encore aujourd’hui, six ans après, je ne suis pas fou. Celui qui me sauve la vie c’est Patmol.
Je rigole, et voilà toute mon histoire, triste hein ? Ma vie n’est qu’une succession d’échecs qui me rongent de l’intérieur, et toutes les nuits je fais des cauchemars de plus en plus violents. Je n’ai envie que d’une chose, mourir, et peut-être aussi qu’Harry ait une belle vie. Je ne sais pas où il a été placé. Peut-être chez Remus, mais je n’y crois pas un seul instant, le ministère n’accordera jamais cela à un loup garou. Pourtant Remus est quelqu’un d’adorable que j’ai aimé à un moment dans ma vie. Ah oui, je n’ai pas parlé de mes conquêtes. Au début féminines, je me suis lassé très vite et j’ai voulu changer, juste pour essayer, et depuis j’affiche mon homosexualité, enfin j’affichais était plutôt le cas. Remus a été un coup de foudre, mais plus hétéro que lui, on meurt. Je préférais le garder en tant que meilleur ami. Il m’a d’ailleurs beaucoup aidé au début, James aussi, mais James avait toujours été là pour moi. Et voilà encore une fois je pleure. C’est récurent depuis six ans, on aurait pu penser que je n’avais pas assez d’eau pour pleurer autant, eh bien si.
J’ai maigris, je dirais même que je suis devenu squelettique, je sais que mes yeux doivent aussi refléter une terrible culpabilité mais je sais que personne ne viendra me voir et encore moins me faire sortir, je ne le mérite pas de toute manière. Je sais donc que je vais mourir ici dans cette cellule et seul au monde avec comme seul réconfort qu’Harry soit quelque part, heureux.
Sirius se releva d’un coup, il attendit puis réentendit à nouveau un bruit. Il se retransforma de peur que quelqu’un ne s’aperçoive de son aptitude et écouta à nouveau les bruits de la prison. Pas de doutes possibles, il s’agissait bien de bruits de pas, quelqu’un venait ici, dans le quartier le plus dangereux de la prison. Il vit le directeur accompagné de trois autres hommes. Il reconnut bien évidemment Fudge. Cet homme était un incapable, à son époque il travaillait comme consultant au ministère et il était loin d’être intelligent. Plusieurs fois il s’était moqué de lui avec James. Il fut d’autant plus étonné d’entendre le directeur s’adresser à lui en tant que ministre. La communauté sorcière avait fait une sacrée erreur, enfin apparemment personne ne semblait se plaindre, quoiqu’il n’avait jamais de nouvelles du monde sorcier. Il sourit en voyant le journal que Fudge tenait sous son bras. C’était sa seule chance de se renseigner un peu sur ce qui se passait, avec un peu de chance on parlait de Poudlard ou de Remus…enfin quelque chose. Sirius entendit la conversation que Fudge avait avec un des prisonnier et lorsqu’il vit se dernier passer devant sa cellule, il n’hésita pas. Après tout il n’avait strictement rien à perdre ! Il avait failli éclater de rire lorsqu’il entendit Fudge crier comme une gamine de cinq ans, mais garda son calme et tenta d’être poli avec l’imbécile devant lui. Il avait décidé de se montrer sûr de lui afin de paraître le moins fou possible comme tous ceux qui se trouvait ici.
« Excusez moi de vous avoir fait si peur Fudge, mais ici il n’est pas facile de savoir ce qui se passe au dehors et je vois que vous possédez une gazette. J’aimerais pouvoir la lire. -Je…Black ?! -Je pourrais avoir la gazette Mr le ministre, demanda d’un ton faussement doux Sirius Black. -Euh…je…oui, tenez, dit Fudge en lui donnant le journal et en sortant de cette partie de la prison en marchant très rapidement. »
Sirius était content, il pouvait enfin avoir des nouvelles de dehors. Il s’approcha de la fenêtre afin d’avoir le plus de lumière possible sur les évènements actuels. Lorsqu’il vit la première page son cœur manqua un battement :
Toujours sans nouvelle du Survivant
Sirius tenta de reprendre sa respiration, puis il se mit à dévorer l’article. Depuis maintenant plus d’un an Harry avait disparu. Il était seul quelque part, sans doute sans nourriture et dans le froid. Sans réfléchir plus longtemps, il décida de s’enfuir d’ici et de faire ce que personne ne semblait capable de faire, prendre soin de son filleul, sa dernière famille avec Remus. Il n’allait pas laisser mourir Harry seul dans la rue alors qu’il était déjà la cause de son statut d’orphelin. Apparemment, Dumbledore cherchait Harry depuis cinq mois avant que le ministère découvre tout et envoie leur Aurors, enfin d’après l’article. Sirius avait appris à se méfier énormément de la presse, surtout lorsqu’elle l’avait accusée d’être un mangemort sans marque parce qu’il était l’homme le plus proche de Voldemort. Une seule question restait dans son esprit, comment sortir de cette prison ? Parce qu’il ne fallait pas l’oublier mais Azkaban était une vraie forteresse sur son île d’où personne n’avait pu s’échapper ! Les barreaux de sa prison étaient assez espacés sans pour autant pouvoir faire passer un homme, même si ce dernier était très mince, mais un chien… Sirius se transforma et, à l’aide de nombreux entortillements et de quelques poils laissé derrière lui, il réussit à passer au travers de ces maudits barreaux. Il mit quelques secondes à récupérer son souffle qu’il n’avait pas eu conscience de retenir et se faufila au travers des couloirs en restant dans l’ombre. Il faisait nuit. Les prisonniers ne faisaient jamais attention aux ombres qui bougeaient, les prenant sûrement pour un Détraqueurs et préférant fermer les yeux. Son chemin fût aisé, plusieurs Détraqueurs passèrent à côté de lui mais, sentant sa présence, pensaient qu’il s’agissait du prisonnier qui était dans la cellule. Plus il avançait et descendait les étages moins la présence des Détraqueurs étaient oppressante, il devait donc faire de plus en plus attention. Arrivant enfin au rez-de-chaussée, il se sentait tout excité par la proximité de la sortie et donc son rapprochement avec son filleul. Le problème majeur maintenant qui se posait était de franchir les deux grandes portes sans que les gardes ne l’aperçoivent. Il savait qu’il existait quelque part un passage qui ne passait pas par la grande porte et qui arrivait directement dans la maison du directeur, il fallait donc trouver ce dernier. Bien sûr au beau milieu de la nuit il n’avait aucune chance de le trouver. Il se cacha donc dans un recoin près du bureau du directeur et attendit ce dernier jusqu’au petit matin. Il vit ce dernier émerger d’un mur coulissant et referma le passage grâce à un bougeoir. Rien de plus cliché, mais personne n’y aurait pensé. Il attendit une bonne heure afin de voir le directeur partir faire sa tournée de la prison. Une fois hors de vue, il se transforma, fit bouger le bougeoir et se retransforma rapidement. Une fois de l’autre côté du mur il y avait un autre bougeoir, il prit donc la peine de fermer à nouveau le mur et parti en courant tout le long du corridor caché.
Il atterrit derrière une tapisserie dans une petite maison sympathique et bien rangée. La vue cependant n’était vraiment pas très jolie. Qui voulait avoir Azkaban à sa fenêtre en se levant le matin ? Il se servit dans le frigo juste une petite collation, puis sauta par une fenêtre restée ouverte. Il lui fallait maintenant traverser toute l’étendue d’eau avant de pouvoir rejoindre la terre ferme. Il nagea au moins vingt bonnes minutes et, une fois de l’autre côté, alla se cacher dans la forêt avoisinante et s’y reposa, il était exténué. Mais il ne dormit pas bien, il était sans cesse sur ses gardes, si quelqu’un trouvait un chien tout près d’Azkaban alors qu’un prisonnier venait de s’échapper, il trouverait cela certainement très louche. Après juste quelques heures de repos hachés par les réveils incessants au moindre bruit, Sirius décida de s’éloigner le plus possible d’Azkaban. Son seul objectif maintenant était d’arriver à Londres et il savait qu’il mettrait au moins une voir deux semaines, Azkaban étant éloigné de tout.
Lorsque la gazette avait publié l’article sur Sirius Black une peur panique s’était emparé de toute la communauté sorcière, les mères gardaient leurs enfants de moins de onze ans enfermés chez elles, les Aurors qui avait été envoyé sur la piste d’Harry furent réquisitionnés pour la recherche exclusive de Black. Les élèves à Poudlard n’avaient pas trop de soucis à se faire puisque Poudlard était l’endroit le plus sûr après la banque des Gobelins. Cependant, les Détraqueurs étaient maintenant de garde à l’entrée de Poudlard, malgré les nombreuses revendications de Dumbledore. Mais après le fiasco Potter, le ministère et le conseil de l’école ne l’écoutaient pas comme ils l’auraient bien fait avant. Les Détraqueurs étaient d’ailleurs aussi très présents dans le village de Pré au Lard et sur le chemin de traverse, ce qui avait le don de stresser toutes les personnes présentes. Le commerce n’était plus bon du tout puisque tout le monde préférait rester chez soi plutôt que d’aller se promener près de ces créatures qui pouvaient débarquer à n’importe quel moment. Dans toutes les rues était placardée la photo de Sirius Black, qui, sur celle-ci semblait être complètement fou.
Remus, quand il avait appris la nouvelle, avait été dévasté. Il savait très bien qui son ancien ami allait attaquer. En fait tous les membres qui avaient été à la recherche d’Harry avaient la même certitude. Sirius s’était échappé pour retrouver Harry et tous imaginaient des scénarios différents. Remus était persuadé que Sirius, apprenant qu’Harry était sans défense, allait s’empresser de le retrouver et de le tuer afin de satisfaire son maître disparu. En pensant à ce scénario, il se sentit complètement ridicule, le Sirius qu’il connaissait n’était pas comme cela. Si cette nuit maudite n’était pas arrivée, il aurait pensé que Sirius, fou d’inquiétude pour son filleul, serait parti à sa recherche pour prendre soin de lui. La plupart des gens pensait exactement comme Remus, seul Severus persistait à se dire que Black était trop Gryffondor pour avoir fait ce dont on l’accusait et qu’il était parti protéger son filleul, mais qu’il fallait absolument le retrouver avant lui parce qu’il serait capable de l’envoyer loin d’ici et qu’on pourrait ne jamais revoir Harry. En pensant comme cela, Severus se sentit bizarre, et vide. Sa recherche sur Harry le changeait il s’en apercevait, il voulait prendre soin de ce gamin qui, déjà à sept ans, avait déjà vécu assez de tragédies dans sa vie. Et puis, être éduqué par Black n’était définitivement pas une bonne chose.
« Le fait que les Aurors se soient focalisés sur la recherche de Black nous laisse de quoi agir en conséquence, je vous laisse donc libre de votre temps libre, Harry n’a plus été vu depuis maintenant presque un mois et je n’aimerais pas rechercher son corps à la morgue, dit Dumbledore d’un air déprimé. »
Severus était sûr d’avoir vu quelques larmes au coin de ses yeux. Le vieux s’en voulait tellement et il n’était pas le seul, dans son coin Arabella Figgs pleurait à chaudes larmes à l’évocation de la morgue.
« Il a toujours su survivre, je ne pense pas que sa chance s’arrête maintenant, lâcha Severus en tentant de rendre l’atmosphère un peu moins lourde. Mais certaines personnes ne le prirent pas ainsi. -Bien sûr, pour vous il n’est rien, juste un gamin comme un autre que vous détestez, répliqua Maugrey Fol Œil. De toute façon vous devriez être content si on retrouve seulement le corps de ce gamin n’est-ce pas, votre maître serait content. -Ca suffit, dit Dumbledore d’une voix si douce que Severus faillit la rater. Vous n’êtes plus des enfants, il n’est plus à prouver le côté de Severus, surveillez vos propos Maugrey. -De toute façon, je n’ai plus rien à faire ici, je fais donc ce que je veux de mon temps libre. Avec un claquement de robe, Severus partit du bureau directorial. -Il va encore s’enfermer dans ses cachots, soupira Mme Wesley. -N’en soyez pas certaine répliqua Minerva avec un petit sourire en coin. »
Après avoir quitté le bureau, Severus descendit directement dans ses cachots, s’habilla en Moldu et sortit le plus rapidement du collège. Il avait beau chercher des pistes sur ce fameux Ted, il tombait toujours dans des culs de sac. Il prit une petite pochette avec quelques potions bien sympathiques et retourna au centre de survie. C’était toujours la même fille qui se trouvait derrière le comptoir !
« Vous revoilà, j’en déduis que vous n’avez rien trouvé, dit-elle d’un ton triste. -Il faut que je sache où travaillait Ted, il travaillait n’est-ce pas ? -Oui…il me semble que oui, mais il n’aimait pas parler de cela, en fait il était très secret sur lui-même ou sur Harry. -Vous n’avez pas des dossiers où vous marquiez ce genre d’informations ? -Non, tous le monde est anonyme ici, les gens n’aiment pas qu’on sache leur nom, vous savez la plupart n’ont pas demandé à être dans cette condition et ils ont honte, faire des dossiers reviendrait à garder une trace de leur statut de moins que rien. Tous ont beaucoup perdu et tentent de se faire oublier, certains n’ont même plus rien au monde, d’autres ont des familles mais n’osent pas leur demander de l’aide. -Quelqu’un connaît bien Ted alors ? -Oh il y a bien Philip qui parlait de temps en temps avec lui et Harry, il est là aujourd’hui, vous devriez peut-être lui demander. -Il se trouve où ? -Au réfectoire à cette heure là. -Merci, dit doucement Severus. »
Il détestait dire merci, ce n’était pas dans ses habitudes mais depuis peu il s’ouvrait un peu aux autres pour retrouver le bambin. Morgane lui indiqua le chemin vers le réfectoire. Une fois là bas, il découvrit une grande salle beaucoup de tables où plusieurs personnes étaient attablées, le plus souvent seules, mais quelques petits groupes se formaient.
« Vous cherchez quelqu’un, lui dit un homme qui le détaillait de haut en bas. -Je cherche Philip, dit Severus d’un ton polaire. -Qu’est-ce que tu lui veux ? -Ça c’est une affaire entre lui et moi. -Assieds toi mon gars et dis moi c’que tu m’veux ! -Je recherche Ted et il paraît que tu le connais. -Ouais ça s’pourrait bien, qu’est-ce que tu lui veux à Ted ? -Je recherche Harry et si vous me posez encore une question, je pars. -Je sais pas où il est, ça fait longtemps qu’il a disparu avec son gosse. -Harry n’est pas son enfant ! -Je sais bien mais pour eux c’était comme si, je pense que le gamin a fait une fugue et que Ted s’occupe de lui. -Harry s’est enfuit de chez son oncle, et je dois le retrouver pour le placer dans une bonne famille. -Ouais, j’avais compris qu’il avait pas été bien traité, il était toujours mort de peur quand on augmentait la voix ou qu’on s’approchait un peu trop vite ou en colère. Ce sont des signes qui trompent pas. Ted était doux avec lui et Harry est un chouette gamin vous savez. -C’est pour ça que je dois l’aider. Vous ne savez pas où Ted travaillait ? -Si il m’avait indiqué le lieu mais le patron est une ordure, Colatley je crois, un sale type. -Ou travaillait-t-il ? -Dans une petite usine d’assemblage de voitures, vous savez là où on vous exploite et où vous gagnez que dalle. C’est pas loin d’ici, c’est l’usine qui se trouve trois rues plus loin sur votre gauche, vous pouvez pas la rater, c’est une chaîne inconnue. -Merci dit Severus en lui laissant un billet. -Eh je fais pas la charité moi. -Moi non plus, répliqua Severus. -Merci mon gars, c’est pas évident à voir mais je crois qu’au fond t’es cool ! »
Ne voulant pas en savoir plus Severus s’éloigna et partit du centre, il ne lui restait plus qu’à trouver l’usine. Elle ne fut pas bien dure à trouver, l’aspect n’était pas reluisant et le garde à l’entrée ne présageait rien de bon, mais Severus, armé de ses potions et de sa baguette, ne s’en faisait pas trop, après tout il était un sorcier.
« Qui êtes-vous ? Si vous n’êtes pas un employé vous devez passer votre chemin. -Je souhaite voir le patron de l’usine, dit-il d’une voix dure. »
Le garde, étonné sur le ton du personnage, tenta de ne pas se laisser démonter.
« Vous avez rendez-vous ? Dit-il en sortant un papier. »
D’un discret coup de baguette, Severus fit apparaître un nom sur le papier tandis que l’homme le fixait dans les yeux.
« Je suis Black, et il doit me recevoir maintenant. -Effectivement, votre nom y est, mon collègue va vous accompagner. »
Severus s’éloigna un peu lorsqu’il entendit les deux gardes à l’entrée dire.
« Eh, Black c’est pas le fameux meurtrier que tout le monde recherche ? -Moins tu poses de questions, mieux tu survivras, alors ferme là et fais ce pourquoi on te paye. »
‘’’Eh bien, si Black est aussi connu dans le monde Moldu, il va avoir du mal à retrouver Harry. De toute façon, ça fait déjà plusieurs mois qu’on est à sa recherche, ce n’est pas lui qui va le retrouver avant nous quand même, ce serait un comble !’’’
Un troisième garde l’accompagna jusqu’au bureau du patron, lequel draguait outrageusement sa secrétaire qui était très mal à l’aise.
« Mr Colatley, votre rendez-vous est arrivé. -Mon rendez-vous ? Quel rendez-vous ? Mais je n’en ai pas ! -Il est sur le papier monsieur. -Bon d’accord, entrez, dit-il de très mauvaise humeur. »
Severus se sépara du garde qui ressemblait presque à Crabbe ou Goyle par leur carrure et ferma la porte du bureau par un sort. Il se retourna d’un coup et lança un Stupefix sur l’homme qui était déjà assis derrière son bureau. Il sortit sa petite réserve de Véritasérum et en versa quelques gouttes dans la bouche de l’homme. Lorsqu’il lança un Enervatum l’homme ne put faire autrement que d’avaler, Severus lui tenant la tête pour qu’il ne recrache pas.
« Bien, je n’ai pas de temps à perdre avec vous Mr Colatley, parlez moi d’un des hommes qui travaillait ici, Ted. Depuis quand est-il parti ? -Ted est parti vers juillet lorsque je lui ai collé la police derrière lui. -Pourquoi ? -Il refusait de faire quelques petits travaux pour moi ! -Quel genre de travail ? -Vol, braquage et contrebande. -Pourquoi l’avoir choisi lui pour ces larcins ? -Parce qu’il correspondait au profil. -Quel profil ? Comment choisissez-vous vos hommes ? -Je me renseigne toujours sur les hommes qui travaillent à l’usine, ceux qui sont sans le sou, sortant de prison sont ceux que je choisis. -Que quoi les accusez vous pour lancer la police derrière eux ? -Du chantage. -Quel chantage avez vous exercer sur Ted ? -Je lui ai dit que s’il ne faisait pas les boulots qu’on lui demandait, on le priverait d’argent. -Ca n’a pas marché ? -Non, au début il m’a dit qu’il appellerait la police, puis il s’est calmé quand je lui ai parlé de son gamin. -Il a travaillé pour vous alors ? -Oui, il avait trop peur jusqu’à ce qu’il apprenne qu’on ne savait pas exactement où se trouvait leur demeure, il a alors prit l’argent de mon bureau et s’est envolé. -Vous ne savez pas où je peux le trouver alors ? -Non, j’ai juste son dossier. -Où est-il ? -Dans la grande armoire noire. »
Severus, sentant que l’effet de la potion commençait déjà à diminuer, ouvrit l’armoire, se saisit du dossier et tomba devant un appareil noir qui semblait enregistrer la conversation. Après un petit sortilège effaçant quelques bribes de paroles, comme les moments où il avait prononcé les sorts, il arrêta l’enregistrement et le prit avec lui. Il se saisit du dossier qui l’intéressait et fila hors du bureau. Sortir de l’usine ne posa pas de problème puisqu’il avait lancé un ‘Oubliette’ sur le directeur.
Severus se rendit au commissariat le plus proche et avisa un gamin qui semblait jouer avec son vélo devant le bâtiment.
« Ça te dis de gagner une pièce ? -Pour faire quoi, demanda le garçon soupçonneux. -Juste donner ça à un policier à l’intérieur, choisit celui qui est le chef et tu lui dis que c’est très important. -C’est tout ? -Tiens, dit Severus en lui glissant quelques pièces dans la main, c’est tout ce que tu dois faire. »
Le gamin, trop heureux de l’argent qu’il avait dans la main, entra dans le commissariat et donna l’appareil au commissaire qui n’était autre que son oncle. Severus rentra à Poudlard et se promis d’étudier le dossier qu’il avait dans les mains.
Il était de plus en plus fatigué, et il avait toujours froid. Personne ne semblait l’aider, même celui qu’il aimait de tout son cœur était parti et n’étais pas revenu. La seule chose qu’il arrivait à faire était un feu et pleurer. Son livre de potion serré contre son cœur. La faim le tiraillait comme elle ne l’avait jamais fait auparavant et, à son plus grand bonheur, il avait réussi à transformer des bouts de bois en pommes ou en bananes, ce qui lui permettait de tenir à chaque fois un petit peu plus. Il se raccrochait désespérément à la vie qui ne semblait pas vouloir de lui. Son petit cœur était cassé et la carence de nourriture le faisait délirer, il voyait Ted l’accuser de lui coûter trop d’argent, il voyait Isabelle lui dire qu’elle ne voulait plus de lui, il voyait Morgane qui le regardait d’un air dégoûté et, pire que tout, il voyait son oncle lui crier dessus en lui disant qu’il n’était qu’un monstre.
Lorsqu’il décidait de partir en ville pour manger quelque chose de mieux que les fruits, il ne tenait jamais plus de deux heures consécutives debout sans devoir s’asseoir. Lorsque les gens semblaient peinés pour lui et qu’ils signalaient sa présence à un agent, il allait vite se cacher et attendait des fois quelques jours avant de ressortir de sa cachette. Aujourd’hui était jour de marché et, avec un peu de chance, il pourrait manger quelque chose de chaud, mais à peine fut-il arrivé dans le marché que tout le monde le fuyait. Les gens le regardaient avec de la pitié et du dégoût dans les yeux, il fut pris de vertiges et décida d’aller se cacher dans la petite ruelle qui apparaissait sous ses yeux. Il se mit à pleurer puis s’étala par terre tout en continuant à pleurer et en sombrant dans l’inconscience. De loin il ne ressemblait qu’à un tas de chiffons abandonnés dans un coin d’une ruelle sale et puante.
Deux longues semaines, ses pattes n’en pouvaient plus, heureusement il avait réussi à monter à l’arrière de certaines camionnettes qui étaient par bonheur remplies de fruits ou d’autres aliments qui firent le bonheur de Sirius. La nourriture donnée en prison ressemblait à de la pâtée pour chien, là au moins il retrouvait le goût des fruits et des légumes, il avait goûté des carottes absolument délicieuses. Par malheur, il avait entendu dans le véhicule qu’ils cherchaient un meurtrier du nom de Black. C’était très encourageant. Si même les Moldus le craignaient, le ministère n’avait pas fait les choses à moitié sur ce coup ci.
Aujourd’hui, il se trouvait enfin aux portes de Londres et ne savait absolument pas où commencer ses recherches. Il était écrit dans le journal qu’Harry avait été placé dans la seule famille qui lui restait, donc chez la sœur de Lily. Au souvenir de Lily évoquant sa sœur, Sirius frémit, pas étonnant qu’Harry soit parti si ce que lui avait dit Lily était vrai. Il n’y avait qu’un problème, il ne savait pas où habitait la sœur de Lily et s’il devait se fier à son flair, eh bien Londres regorgeait d’odeur différentes, surtout que l’odeur d’Harry bébé et d’un Harry de sept ans ne devaient pas être tout à fait la même. La seule chose dont il se souvenait était que la sœur de Lily habitait en banlieue, elle n’habitait pas à Londres même. Enfin, cette information ne l’aidait pas vraiment. La seule chose qu’il trouvait à faire était donc de se balader un peu dans les rues de Londres avoisinant avec la banlieue.
Au bout de trois jours, il cru que c’était mission impossible jusqu’à ce qu’il tombe sur Arabella Figgs. Il l’avait une ou deux fois vu en compagnie de James, il savait qu’elle était une cracmol et qu’elle apportait quelques informations de ce qui se passait dans le monde Moldu, permettant de réparer certaines erreurs de mangemorts ou du ministère. En regardant de plus près son manège, il constata qu’elle était elle aussi à la recherche d’Harry. Elle posait des questions à tous les habitants de ce quartier, tous répondaient cependant par la négative. Sirius la suivait de loin de façon à ne pas se faire remarquer. Il ne savait pas si Remus leur avait parlé de son statut d’animagus. Hier il avait déjà rencontré deux Aurors dans la rue en Moldus, on les reconnaissait par leur accoutrement ridicule, et il n’avait même pas sourcillé au fait qu’il passe entre eux. Mais qu’en était-il des membres proches de Dumbledore ?
Le soir enfin, la vieille dame se décida enfin à rentrer chez elle, l’odeur qui régnait dans la rue lui rappelait vaguement l’odeur de Lily, il en déduit après avoir flairé de font en comble le numéro 4 que c’était bien là qu’Harry avait grandit une petite partie de sa vie. Cependant, autant il sentait Lily sur la femme de maison, autant il ne sentait pas du tout l’odeur d’Harry, il était certainement parti depuis déjà trop longtemps. Déçu d’avoir perdu la seule information qui lui était utile pour retrouver Harry, il alla s’installer sous la fenêtre du salon d’Arabella et écouta la conversation qu’elle avait avec une autre personne, la fenêtre étant ouverte.
« J’ai encore cherché toute la journée, personne ne l’a vu…je ne comprends même pas comment il a pu aller dans Londres tout seul, il n’avait que six ans. Personne n’a pensé à avertir la police ou en parler autour de soi. Je ne comprends pas comment on peut laisser un petit garçon de six ans grandir seul dans les rues. -Calmez-vous Arabella, je suis sûre que nous allons le retrouver. -Vous savez c’était un petit garçon tellement sage, jamais de bruit, j’aurais dû savoir que cela cachait quelque chose. Comment je n’ai pas pu voir qu’il n’était pas bien traité ! Je ne suis vraiment pas digne d’avoir eu cette mission, quelqu’un d’autre aurait dû veiller sur lui. -Ce n’est pas parce que ces gens sont horribles qu’il faut que vous preniez toute la faute sur vous. Peut-être que vous auriez dû être un peu plus vigilante, mais on pourrait alors aussi dire que Dumbledore a fait une mauvaise action en le plaçant dans sa famille. Ne prenez pas tout sur vous. Aujourd’hui le plus important est de le retrouver sain et sauf. -Ça va vous paraître sentimental, mais avant qu’il disparaisse, je suis tombée un peu malade et il est venu pour m’aider à faire la cuisine et d’autres tâches. Il m’a donné une couverture qui était à lui et qu’il aimait beaucoup. Depuis je la garde toujours dans cette armoire et quand je ne vais pas bien je la prends toujours. Maintenant je prends conscience qu’il a dû me donner une des seules choses qui lui appartenait.
A ces mots Sirius failli bondir de joie, il suffisait d’attendre qu’Arabella aille se coucher pour qu’il puisse prendre la couverture et la sentir à loisir. Un seul problème se dressait sur son chemin…Mrs Figgs possédait quelques chats, et Sirius détestait les chats ! Et d’ailleurs ces derniers le lui rendaient bien ! Il en avait déjà fait fuir un mais les autres ne tarderaient pas à lui tomber dessus au moment où il entrerait dans le salon.
Bien sûr, lorsqu’elle alla se coucher, elle ferma la fenêtre et éteignit toute les lumières du rez-de-chaussée. Lorsqu’il fut absolument sûr que la vieille dame dormait, il décida de passer à l’action. Prenant de l’élan, il sauta au travers de la fenêtre fermée qui fit un énorme bruit dans le silence total de la nuit. Plusieurs lumières s’allumèrent, dont celle de Mrs Figgs. Il se précipita sous sa forme de chien vers l’armoire qu’elle avait indiqué l’ouvrit et tomba sur la fameuse couverture. Elle avait une odeur complètement différente de toutes les autres couvertures entreposées dans l’armoire. Au moment où il allait se saisir de la couverture, un fauve roux lui sauta dessus en crachant et en lui griffant une partie du dos. Par réflexe, il hurla, prit la couverture dans la gueule et ressauta par la fenêtre. Mrs Figgs, qui venait d’arriver, eut juste le temps de voir son chaton sauter sur l’énorme chien noir et de voir ce dernier s’enfuir avec une couverture. Elle avait peur d’avoir eut affaire à un cambrioleur, et cela l’avait étonnée qu’il fut aussi peu discret. Elle fut donc soulagée de voir que ce n’était qu’un chien, certes énorme, mais qu’un chien. Elle trouva cependant étrange que l’animal ait pris une couverture au lieu d’aller se servir dans les gamelles du chat, ce qui aurait été plus logique.
Dès le lendemain elle demanda à Dumbledore de pouvoir la recevoir avec les gens qui faisaient partie des recherches, enfin ceux qui étaient disponibles pour leur faire part d’un pressentiment. Elle lorsqu’elle fut à Poudlard elle constata que tout le monde était là, même Snape qui pourtant ces derniers temps était très souvent absent.
« Voilà, vous vous souvenez sûrement de notre conversation hier, Molly ? -Oui, dit Molly intriguée, ne voyant pas où voulait en venir Arabella. -Eh bien voilà je disais donc hier que j’avais une couverture qu’Harry m’avait offerte peu de temps avant de s’enfuir. Hier soir, alors que je dormais, j’ai entendu un grand fracas et un bruit de verre brisé. Je sais que ça va vous paraître ridicule, c’est juste que je ne veux pas passer à côté de quelque chose… -Continuez votre histoire, la pressa McGonagall, qui voulait avoir le fin mot de l’histoire. -Eh bien je suis descendu rapidement et là dans mon salon j’ai vu un énorme chien noir qui s’est emparé de la fameuse couverture et est reparti par la fenêtre qu’il avait brisée. -C’est tout, dit Snape, mais on s’en fiche de tout ça, ce n’est qu’un chien. -Non non non non non non, murmura doucement Remus, des larmes au coin des yeux. -Lupin je sens qu’il y a un problème, dit ironiquement Snape. -Ce n’est pas possible, un chien plus grand que n’importe quel chien, avec une bonne musculature et aussi noir que les plumes d’un corbeau ? -J’avoue ne pas l’avoir bien vu mais oui très grand et pour la musculature il paraissait quand même sérieusement amaigri. -Normal…oh mon dieu Albus… -Remus, tu pourrais nous dire ce qu’il se passe ? Demanda doucement Dumbledore. -Je…oh vous n’allez pas être content Albus ! -Laissez-moi en juger et racontez nous. -Eh bien à Poudlard, oh Pompom ne m’en veuillez pas, James, Sirius et Peter ont découvert que j’étais un loup garou et j’ai eu peur qu’ils me laissent tomber à cause de cela. En fait ils m’ont soutenu et au bout de quelques années ils ont réussi à faire quelque chose pour moi. -Lupin, accouche…soupira Severus. -Lors de notre cinquième année, ils sont devenus des animagus et m’accompagnaient lors des soirées de pleine lune dans la cabane hurlante. -Quoi ? S’exclama McGonagall. Je veux…ils ont réussi à devenir des animagus sous notre nez, sans qu’on s’en doute ? J’ai toujours su que vous étiez fort, mais…Pettigrow aussi ? Ca c’est déjà plus étonnant. -James se transformait en cerf, Peter en rat et Sirius… -En chien noir, termina Severus qui le déduisit facilement grâce à la réaction première de Lupin. -Exactement, finit Lupin. »
Un long silence plana sur l’assemblée, tous regardaient Remus avec de grands yeux, enfin sauf Severus qui réfléchissait à toute vitesse.
« Avec son flair, en combien de temps peut-il retrouver Harry ? -Je ne sais pas, finit par dire Dumbledore, les chiens sont connus pour leur flair très puissant, mais Londres est une très grande ville remplie d’odeurs très différentes, il peut soit le retrouver en une semaine soit jamais. -Il est trop têtu pour abandonner les recherches, dit alors Lupin. -Je vous prie de garder cette informations pour vous, je ne veux pas encore d’un esclandre du ministère, mais je veux que vous redoubliez de vigilance. -Je dois partir j’ai beaucoup de choses à faire, dit Severus en se levant et en quittant, comme toujours, théâtralement le bureau. »
Tous se dispersèrent alors sur un ton encore plus lugubre qu’à leur arrivée. Remus s’en voulait, il n’avait jamais révélé ce secret, après tout c’était le secret des maraudeurs. Enfin, maintenant il n’y avait plus de maraudeurs, les secrets n’avaient plus lieux d’être.
Sirius, de son côté, après avoir piqué la couverture, avait couru aussi rapidement que possible puis s’arrêta dans une petite ruelle où il prit bien le temps de sentir la petite couverture. Il se rappelait cette odeur si caractéristique à Harry, mais il y avait quelque chose de changé, il analysa donc bien l’odeur et se mit à la recherche de sa cible.
‘’’Une fois que j’aurais retrouvé Harry, je me promets de veiller chaque jour qui passe sur lui, et après enfin je pourrais prendre ma vengeance sur Pettigrow, le tuer d’un bon coup de mâchoire, voilà tout ce que je rêve de faire à ce satané traître de rat.’’’
Entre voler de la nourriture pour survivre, suivre l’odeur d’Harry et échapper à la fourrière qui le guettait, Sirius était heureux d’être enfin dehors. Au plus profond de lui-même, il savait bien qu’il arriverait à retrouver Harry. Cela pouvait prendre encore des semaines, il s’en fichait, il ferait quartier par quartier mais il était décidé à retrouver enfin son filleul.
Il avait suivi plusieurs pistes qui ne le menaient hélas nulle part, comme si Harry était allé partout dans Londres. Il y avait cependant une forte concentration de son odeur dans le quartier de Camdem town, mais après avoir passé plusieurs jours à fouiller sans relâche, il lâcha cette affaire et changea de quartier. Londres était immense et plus avançaient les jours plus il avait un mauvais pressentiment. Il arriva enfin dans le quartier de la grande gare de Waterloo et étrangement l’odeur y était un petit peu plus forte. En contournant la gare et en se rapprochant du quartier qui se situait juste à côté de cette dernière, l’odeur était là. Il aurait voulu sauter de joie en sentant enfin l’odeur de son filleul, mais se calma. Il avait faim et lorsqu’il passa à côté du marché il ne résista pas à s’emparer d’une saucisse qui le narguait. Bien sûr l’homme à qui elle appartenait se mit à le courser et Sirius, trop heureux, se mit à courir et se faufila dans les différentes voies du marché. Ayant toujours la saucisse dans la bouche, il avisa une petite ruelle sur sa gauche et s’y glissa pour la manger tranquillement.
Lorsqu’il eut enfin finit de manger il voulut se mettre à nouveau à la recherche d’Harry lorsqu’il vit un tas de chiffons au fond de la ruelle. Ne voulant pas écouter son flair, il préféra satisfaire sa curiosité et s’approcha du petit tas lorsqu’il constata que ce dernier respirait. Ce n’était donc qu’un clochard très mal en point apparemment. Mais ce qui intrigua Sirius était que le clochard semblait tout petit, enfin trop petit pour être adulte. Un affreux sentiment le prit au niveau de la poitrine et il s’approcha du tas. Il ne voyait pas le visage de l’homme, alors d’un coup de museau il fit bouger le petit corps tout faible. Le corps presque sans vie et mou n’opposa aucune difficulté à être retourné. Lorsqu’il put voir le visage de l’enfant il découvrit une cicatrice rouge en forme d’éclair sur son front. Il l’avait enfin retrouvé, son filleul, sa dernière famille : Harry Potter.
A suivre... |