Fin du chapitre précédent: Après avoir demandé à plusieurs épicerie le récit était toujours le même. Black était souvent par ici, il savait qu’il devait être dans le bon quartier. Mais cette maudite impasse restait invisible à ses yeux.
Il était prêt à rentrer à Poudlard lorsque son regard croisa deux billes d’argents…
Chapitre 11 : Hors de la rue
Severus n’en croyait pas ses yeux, devant lui se tenait un chien, plus grand que la moyenne, d’un noir profond et d’une maigreur à faire pitié. Mais ce n‘était pas vraiment dans sa nature d’avoir pitié de quelque chose, ou en l’occurrence, de quelqu’un. Il fixa le chien du regard et ne bougea pas. Il le jugeait. En regardant fixement le chien, on sentait que ce n’était pas un chien normal. Ses yeux brillaient d’intelligence, ou plutôt de bêtise si on demandait à Snape.
Sirius de son côté observait Snape. Allait-il alerter les autres sorciers ou attendrait-il ? Serait-il curieux ou au contraire trop heureux de l’attraper ? Tant qu’ils étaient dans une rue piétonne, il ne risquait pas grand-chose. Snape n’oserait jamais sortir sa baguette devant autant de Moldus, mais si Sirius décidait de l’emmener auprès d’Harry n’allait-il pas le stopper avant qu’il ait pu l’atteindre ? Snape n’ayant fait aucun mouvement, Sirius décida de faire le premier pas et partit doucement en direction de la ‘maison’ de l’enfant. Après avoir passé quelques croisements de rues il se retourna pour voir si Snape le suivait.
Lorsque Severus vit le chien partir doucement il s’était dit que Black tentait de s’échapper discrètement sans attirer l’attention sur lui. Mais il constata bien vite que là où le chien aurait pu se mettre à courir pour le semer, ce dernier n’en fit rien. Intrigué, il continua de le suivre et s’aperçut que le chien regardait s’il arrivait à suivre.
‘’’Alors Black, où me promènes-tu ? Piège ou vers Harry ?’’’
Sa main n’était pas très loin de sa baguette et il avait en tête quelques sorts bien sympathiques à l’intention de sa Némésis. Ils finirent par déboucher dans une des rues que Severus avait déjà visitées. Il avait sillonné le quartier et n’avait rien trouvé. Il ne comprenait pas ce que Black cherchait dans cet endroit. Brusquement, le chien prit un ange à quatre-vingt dix degrés et se retrouva dans une petite ruelle qui avait échappé à sa vigilance. Il était même persuadé que cette rue n’existait pas. Mais il se trompait puisqu’elle était bel et bien là.
Plus on se rapprochait d’Harry, plus Sirius doutait de son geste. Certes, c’était la meilleure chose à faire pour Harry, mais lui, qu’allait-il devenir ? Une fois Harry en sécurité, il ne se faisait aucune illusion, ce serait un ticket simple pour Azkaban, voir pire, pour un baiser. Il n’avait pas envie de mourir et il n’avait certainement pas envie de retourner là bas, mais il aimait Harry, il ne voulait pas l’abandonner. Encore moins après l’avoir retrouvé et l’avoir connu, même si cela n’avait été que très bref. Il arriva enfin près de la grille et se faufila dans le trou. Il regarda Snape passer au travers du grillage. Non il ne regrettait pas sa décision, il avait fait le bon choix, il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour qu’Harry soit heureux et en sécurité, quitte à s’échapper d’Azkaban à nouveau si cela s’avérait nécessaire.
Severus regarda la maison avec un froncement de sourcil. Comment cette maison pouvait-elle encore tenir debout ? Harry avait-il vraiment vécu ici pendant tout ce temps ? Comment faisait-il pendant l’hiver avec les trous béants qui ornaient la maison ? Il suivit le chien à l’intérieur et vit un petit paquet tremblant enroulé dans une sorte de couverture, du moins ce qu’il en restait. Lorsqu’il s’approcha un peu plus près, il vit une petite chose toute tremblante qui délirait doucement. Ses paroles étaient incompréhensibles, même en l’écoutant attentivement Severus n’y comprenait rien. Il se retourna vers le chien qui semblait très inquiet.
« Black, tu ne crois pas que tu aurais pu nous prévenir plus tôt ? Idiot. »
Pendant que Snape l’abreuvait de tous les noms d’oiseaux, Sirius ne bougea pas et se prit ce qu’il méritait dans la figure. Il l’avait peut-être un peu cherché. À attendre le dernier moment pour prévenir quelqu’un, il avait mis en danger Harry.
Severus prit presque tendrement le petit paquet et regarda le chien qui ne semblait pas aller très bien lui non plus.
« Accroche-toi je transplanne à Poudlard. »
Sirius prit un bout de la couverture dans sa gueule et sentit la sensation bien connue du transplannage. Une fois arrivé, il reconnu Pré au Lard. La ville n‘avait pas tant changé que cela. La dernière fois qu’il y était passé, c’était pour espionner les enseignants de Poudlard, maintenant il la regardait avec un nouveau visage. Il tenta de se faire petit lorsqu’ils traversèrent le village. Personne ne sembla remarquer le maître des potions et son précieux fardeau. Une fois les grilles de Poudlard dépassées, Sirius prit le chemin de la forêt interdite.
Severus marchait le plus rapidement possible, sans toutefois trop secouer son précieux paquet. Comme à son habitude, les gens ne lui jetèrent aucun coup d’œil. Il passa les grilles et fonça directement vers l’infirmerie. Ce fut uniquement une fois devant les portes de l’antre de Pomfresh qu’il s’aperçut que Black n’était plus avec lui. Depuis quand n’était-il plus dernière lui ? Il n’aurait su le dire.
« Severus, qu’est-ce que vous m’amenez là ? -Un enfant Pomfresh, il est tremblant de fièvre et bien trop léger pour son âge. »
Severus installa l’enfant sur un lit et ouvrit doucement la couverture. Pomfresh commença à l’examiner lorsqu’elle remarqua la fameuse cicatrice en forme d’éclair sur le front de l’enfant.
« Mais, mais c’est, c’est… -Oui, c’est lui Pomfresh, dites-moi tout sur son état. -Eh bien, à part une malnutrition évidente et surtout de longue durée ainsi qu’une fièvre carabinée, il semble bien aller. Je vais lui administrer plusieurs potions, mais je crains que sa croissance ait été altérée et qu’il n’atteindra jamais la taille qu’il aurait dû avoir. Être plus petit n’a jamais tué quelqu’un de toute manière. -Prenez soin de lui, je dois aller prévenir le directeur. -Pas la peine Severus, je suis là, comment va-t-il ? -Il ira mieux d’ici quelques semaines en ce qui concerne sa fièvre et son hygiène, par contre il est fort à parier qu’il aura peur de nous. Il ne connaît aucun d’entre nous. -Attendons déjà qu’il aille mieux, et après on essayera de gagner sa confiance. -Ce ne sera pas aussi simple que cela Dumbledore, répliqua Severus, cet enfant s’est débrouillé seul pendant un an et neuf mois, il sera méfiant, et si on connaît le père, on sait comment sera le fils. -Vous ne le connaissiez pas du tout Severus, s’exclama Pomfresh. -Si vous le dîtes. »
Severus partit en direction de ses cachots et alla prendre le paquet de copies qu’il devait absolument corriger et remonta dans l’infirmerie. Entre temps, Dumbledore était déjà repartit et Pomfresh s’occupait d’Harry. Elle l’avait déjà déshabillé et lui enfilait une de ces horribles blouses qu’elle donnait à ses patients lorsqu’ils dormaient à l’infirmerie.
« Que faîtes-vous là Severus ? -Je vais veiller sur lui, répondit-il d’une voix polaire. -Il a besoin de repos et aucune visite n’est… -J’ai trouvé ce garçon et je compte bien veiller sur lui jusqu’à ce qu’il aille mieux, je reste là, de plus je ne le dérangerais pas vu qu’il dort déjà. -Je lui ai donné une potion pour qu’il dorme. Il ne se réveillera que lorsque son organisme aura récupéré, cela prendra sûrement des heures voir des journées. -Eh bien dans ce cas, je resterais là des heures voir des journées. »
Pomfresh ne comprenait pas le comportement de Severus Snape. Jamais il n’avait aimé les enfants, mais celui-ci semblait faire exception. Pourtant, c’est cet enfant en particulier qui devrait attirer sa haine, mais manifestement, elle s’était trompée.
Severus était complètement abasourdi par les bêtises que certains étudiants pouvaient marquer sur leurs copies. On pouvait à la rigueur comprendre les premières années, mais les copies des septièmes années étaient encore catastrophiques. Il ratura une copie et mis un beau P rouge dessus. Au moment de passer aux copies des deuxièmes années, il entendit un bruit venant de la porte de l’infirmerie. En regardant l’heure, il s’aperçut qu’il avait passé plusieurs heures sur ses copies sans s’en rendre compte. Il était dix heures passés et il n’avait ni déjeuné, ni dîné. En se rapprochant de la porte, il sortit sa baguette par habitude tout en se disant que ce n’était qu’un élève qui s’était sûrement battu quelque part. En ouvrant la porte, il vit un grand chien noir entrer et se diriger directement vers le lit d’Harry. Etonné du culot de Black d’arriver ici, il alla se réinstaller dans son fauteuil et regarda le chien.
Sirius avait été inquiet toute la journée, se trouver une cachette dans la forêt interdite était bien difficile, connaissant toutes les étranges créatures qui y vivaient. Il avait songé à retourner dans la cabane hurlante, mais ce serait bien trop évident comme cachette. Lorsque la lumière du jour avait commencé à baisser, son impatience avait grandi. Il avait hâte de s’infiltrer discrètement dans le château et d’aller directement à l’infirmerie. Il sortit de sa cachette uniquement lorsque la nuit fut bien noire, il rentra sans grandes difficultés dans le château et éviter les gens avait été l’un de ses passe-temps favoris lorsqu’il était encore un élève. Il avait été très étonné de constater que Snape surveillait Harry alors que la nuit était déjà tombée, de plus ce dernier ne semblait pas du tout vouloir bouger.
« Il est faible à cause de la longue durée de sa malnutrition, la fièvre devrait tomber rapidement, mais son corps mettra plus de temps à se remettre. L’infirmière dit qu’il aura un retard de croissance à cause du régime alimentaire qu’il a eut toute sa vie. »
Sirius regarda bizarrement Snape. Venait-il de lui dire l’état d’Harry ? C’était un geste plutôt…sympathique. Mais associer Snape et sympathique ne collait pas vraiment dans la tête de Sirius. Pourtant, il avait eu besoin de ces informations, c’était pour cela qu’il était venu. Il monta sur le lit du garçon et se coucha à ses pieds. Il savait que Snape ne dirait rien, sinon il l’aurait déjà fait depuis bien longtemps. Cela ne voulait pas dire qu’il lui faisait confiance, mais il savait seulement que ce dernier ne dirait rien. Il n’arriva pas à s’endormir et lorsque la lumière commença à se montrer, il fila rapidement rejoindre sa cachette.
Severus n’avait pas non plus dormi, bien qu’il sache que Black ne ferait aucun mal à Harry, il voulait être éveillé au cas où le garçon se réveillerait lui aussi. Mais cela n’arriva pas. Aux premières lueurs de l’aube, le chien fila en quatrième vitesse et quelques minutes plus tard Pomfresh entra dans l’infirmerie.
« Comment va notre grand malade aujourd’hui ? -Il ne s’est pas réveillé. -S’il s’était réveillé je l’aurais su, me prenez-vous pour une mauvaise infirmière ? Je sais encore poser des sorts d’alerte au cas où la personne se réveille ou si au contraire son état s’aggrave. Allez vous reposer Severus, vous semblez ne pas avoir dormi de la nuit. -Je préfère rester ici. -Et lors de vos cours, ou lors des repas, vous comptez aussi rester là ? -Lors de mes cours non, mais les repas, je ne vois pas ce qui m’empêche de les prendre ici. -C’est une infirmerie et non un réfectoire, vous irez prendre vos repas dans la grande salle ou je vous interdis complètement l’accès ici. »
Contraint et forcé d’abdiquer, Severus accepta le marché de Pomfresh à regret. Il eut la satisfaction de pouvoir rester à l’infirmerie toutes les nuits. Les repas dans la grande salle était d’un ennui et d’un bruyant incomparable. On aurait pu penser que Severus s’y habituerait depuis le temps qu’il y mangeait, mais non, rien n’y faisait, cela l’ennuyait toujours autant.
Remus était passé voir Harry dès qu’il avait su que ce dernier avait été retrouvé. Il n’y avait d’abord pas cru, Harry semblait encore plus mince que la dernière fois qu’il l’avait vu et surtout beaucoup plus fiévreux. Le voir ainsi lui avait fait mal, il savait que Severus veillerait sur lui. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi Severus était autant attaché à Harry, mais il en était très content ! Ayant des cours à donner, Remus était reparti rapidement de l’infirmerie mais il y passait le plus souvent possible. Seul Severus avait obtenu l’autorisation par Pomfresh d’y rester toute la nuit.
« Comment va-t-il ? Demanda discrètement Remus à Severus. -Aucune amélioration, tu comptes me le demander toutes les cinq minutes ? -Excuse-moi, je suis juste un peu sur les nerfs. Comment l’as-tu retrouvé ? -J’ai juste eu une aide venant de Ted et voilà. -Tu pourrais développer. -Je n’ai pas vraiment envie que cela se sache dans la gazette dès demain. -Je vois que cela n’a pas changé ton caractère. -Comme si j’allais changer de caractère. Le seul moment où cela pourrait se passer c’est dans tes rêves Lupin. Maintenant, j’aimerais finir de manger tranquillement. -Je trouve que tu faiblis en insulte, dit-il en souriant. -Enlève-moi ce sourire débile de ta figure, je n’ai jamais entendu autant de bêtises. -Tu finis par te répéter, ça en devient presque lassant. »
Severus ne répondit pas à la pique de Lupin et finit rapidement son dessert. Il prit tout d’abord le chemin des cuisines et prit une assiette pleine puis retourna vers l’infirmerie. Il prit soin de bien cacher l’assiette afin que personne ne lui pose de questions indiscrètes dessus. A la nuit tombée, le chien re-rentra dans l’infirmerie et alla se coucher au pied d’Harry, comme s’il veillait sur son sommeil. Severus sortit l’assiette et la posa au pied du lit. Sans rien dire il retourna s’asseoir dans son fauteuil et surveilla Harry.
Sirius ne savait comment interpréter le geste de son ennemi. Est-ce qu’il s’agissait de nourriture normale ou l’avait-il empoisonné ? Il renifla plusieurs fois, mais ne fut toujours pas convaincu.
« Je n’ai pas empoisonné cette nourriture, j’ai juste pitié de toi Black. Mais si tu veux mourir de faim, pas de problème pour moi. J’ai la conscience tranquille et à bien y réfléchir, un monde sans toi ne peut être qu’un monde meilleur. »
Le chien lui lança un regard meurtrier mais commença à manger, ou plutôt à s’empiffrer.
« Je sais bien que tu n’as jamais eu de cours de bonne conduite mais là c’est vraiment dégoutant, tu me fais pitié Black. »
Sirius ne releva même pas à la tête à la pique de Snape, il préférait manger ce qu’il y avait dans l’assiette. La bonne nourriture lui avait manqué. On ne pouvait pas dire qu’à Azkaban on mangeait bien, et même une fois dehors les repas n’étaient pas de bon petits plats chauds. Une fois terminé, il s’allongea à nouveau aux pieds d’Harry et attendit. Comme la nuit précédente, il partit dès que l’aube arriva.
Ce même manège dura une longue semaine, Severus tenait à peine debout et était de plus en plus fatigué, mais il ne voulait pas abandonner Harry. Beaucoup de monde s’inquiétait pour lui, mais il se contentait de les envoyer voir ailleurs. Au bout d’une semaine, Harry montra des signes de réveil et ce fut en plein après midi qu’il ouvrit enfin les yeux. Sa tête ne tournait plus et il se sentait en meilleure forme. Mais il commença à paniquer en constatant qu’il était dans un lieu complètement inconnu. Les murs étaient en pierre et tout était blanc. Il paniqua complètement lorsqu’il vit Pomfresh entrer dans cette grande salle.
« Oh Harry, tu es réveillé. Ne bouges, je dois d’abord regarder si tout va bien. »
Sans savoir réellement ce qu’il se passait un voile gris et opaque apparut entre l’infirmière et lui. Pomfresh tenta de passer ce voile mais en fût incapable. Elle alerta aussitôt Dumbledore qui arriva très rapidement. Harry le reconnut immédiatement, son physique était assez inoubliable, et cela lui rappela qu’il ne devait parler en aucun cas des Dursley. Il décida alors de ne pas parler du tout, avec un peu de chance, ces personnes ne le reverrait pas là bas et peut-être qu’elles seraient d’accord pour qu’il retourne dans sa cabane.
« Harry, je m’appelle Albus Dumbledore et tu te trouves à Poudlard, c’est une grande école où il y a pleins d’élèves. Tu te trouves à l’infirmerie. Voici l’infirmière, elle s’appelle Mme Pomfresh et elle souhaite t’examiner. Mais pour t’examiner il faut que tu enlèves ce voile Harry. »
Harry avait appris une chose dans la rue, les gens ne sont pas ce qu’ils semblent être. Le vieux Bob en était une preuve formelle.
Flashback
Harry et Ted étaient à nouveau au centre de survie. La principale raison étant la douche hebdomadaire d’Harry, mais un bon repas ne pouvait pas faire de mal au petit. Ted n’avait pas gagné assez d’argent pour acheter de la nourriture à Harry, ils allaient devoir se contenter de bouts de viande dont on ne connaissait pas vraiment l’origine et de riz un peu trop bouilli. Mais Harry aimait bien le centre de survie, toutes les personnes qu’il rencontrait se montraient gentilles avec lui. Ce soir là, Harry vit un vieil homme, sûrement le plus vieux de tous ceux qui étaient présents.
« C’est qui ? Demanda doucement Harry à Ted en montrant du doigt le vieil homme. -Lui là bas ? C’est l’ancêtre, on l’appelle le vieux Bob. »
Son apparence de vieil homme avec sa petite barbe blanche lui faisait penser au père noël. Il semblait avoir du mal à se déplacer, alors porter un plateau et avancer en même temps lui prenait un certain temps. Harry alla à sa rencontre et lui proposa de prendre son plateau pour l’aider.
« Qu’est-ce que tu crois être entrain de faire gamin ? Tu crois que je ne te vois pas me voler ma nourriture ? Va te chercher un plateau. Non mais j’hallucine, la jeunesse de nos jours, aucun respect pour nous. »
Les paroles du vieux Bob avaient été sèches, brutales et méchantes. Le ton de colère qu’il avait prit avait fait paniquer Harry ayant pour conséquence une explosion de plusieurs paquets de chips.
« C’est le gamin, je suis sûr que c’est la gamin qui a fait ça, hurla le vieux Bob. Va t’en morveux et que je ne te revoie plus traîner dans mes pattes. Démon, les jeunes d’aujourd’hui ne sont que des démons. »
Harry, paniqué par la manifestation de sa magie et par les paroles blessantes du vieil homme, se réfugiât derrière Ted qui semblait amusé par la situation.
« J’ai oublié de te dire que c’est un vieux grincheux. Il ne faut jamais se fier aux apparences, quelqu’un de souriant et gentil peut avoir une idée derrière la tête, crois moi, en matière de manipulation ce sont les meilleurs. Si jamais tu dois hésiter entre deux personnes, prends toujours celui qui te paraît le plus naturel, qu’il ait l’air méchant ou gentil. »
Fin du Flashback
Harry, face à l’attitude soit disant gentille du vieil homme préféra ne rien faire et surtout ne rien dire.
« Il ne semble pas vraiment convaincu. -J’en ai bien peur Pompom, j’en ai bien peur. »
Dumbledore sortit sa baguette et lança quelques sorts contre le voile qu’Harry avait conjuré.
« C’est un voile puissant pour un enfant si jeune, je peux bien sûr le casser mais j’ai peur de perdre complètement sa confiance. -Disons que pour le moment il ne semble pas malade, dit Pomfresh à regret, je vais aller lui chercher un plateau repas pour qu’il mange. Quand croyez-vous qu’il arrêtera ce sort ? -Je ne sais pas, tant qu’il n’est pas en danger direct ne tentons rien. »
Lorsqu’Harry les vit quitter la pièce, il fût rassuré et le voile tomba de lui-même. Il allait sortir de l’infirmerie quand subitement Pomfresh entra à nouveau, Harry courut jusqu’à son lit et le voile réapparût.
« Je ne te ferais aucun mal Harry, dit-elle doucement, je ne veux que ton bien. Regarde je t’ai apporté à manger. Tu ne veux pas me dire quelque chose ? »
Harry ne dit toujours rien et regarda l’infirmière lui apporter un plateau où il semblait y avoir de très bonnes choses. L’infirmière tenta une approche plus directe et tenta de forcer le voile. Harry, paniqué à l’idée qu’elle y arrive, ferma les yeux et se mit en boule. Un coup de vent violent percuta l’infirmière qui se fit éjecter loin du petit garçon mort de peur.
« Vous apprenez à voler Pomfresh ? Je pensais que vous n’aimiez pas cela, se moqua Severus. -Très drôle, aidez moi plutôt à me relever. Si ce gamin ne souhaites pas manger tant pis pour lui. Il enlève ce bouclier seulement quand il est seul. Cette nuit je ne pense pas que vous allez dormir à l’infirmerie. -Je pense au contraire que j’y dormirais. -C’est un ordre Severus, je veux que ce garçon se repose. -Et il le fera, que je sois là ou pas ne l’empêchera pas de dormir. »
Severus coupa la conversation et alla s’installer dans son fauteuil afin d’y étudier le petit garçon. Pour un enfant de presque huit ans, Harry était vraiment trop chétif et petit. Si jamais il avait la famille du gamin sous la main… Il avait encore pas mal de sortilèges de torture en mémoire pour leur faire regretter ce qu’ils avaient fait à ce pauvre garçon.
« Très bien, vous êtes aussi têtu l’un que l’autre. »
Pomfresh, blessée dans sa dignité préféra partir avant de se ridiculiser davantage.
« Malgré son apparence un peu gardienne de prison c’est une bonne infirmière. Bien sûr, si tu dis quoi que ce soit à quelqu’un, je nierais tout en bloc. »
Harry observait cet homme étrange. Il l’avait déjà vu une fois, c’était la dernière journée qu’il avait passé avec Draco. Il avait une apparence assez froide, mais Harry connaissait des sans maison comme lui qui semblaient méchants mais qui en réalité étaient gentils. Ted lui avait toujours dit de ne jamais se fier aux apparences.
« Oh, tu joues à celui qui ne parle pas ? Très bien, moi ça ne me dérange pas, bien au contraire. Je déteste les enfants qui parlent tout le temps. A ce jeu je suis plus fort que toi. »
Harry regardait l’homme depuis quelques heures et ce dernier ne parlait toujours pas. Le plateau repas lui faisait bien envie et son estomac commençait à se faire entendre. Severus voyant Harry en plein dilemme approcha le plateau du voile et se recula assez loin. Il avait apporté avec lui plusieurs autres tas de copies qu’il commença à corriger.
Harry avait vu le geste de l’homme et ce dernier ne semblait plus le regarder. Pendant un court instant, il enleva son voile prit le plateau et le voile réapparut. La nourriture était froide mais Harry y était habitué. Prendre un bon repas lui fit du bien. Il s’endormit comme une masse.
Severus souriait devant l’air méfiant du garçon. Il avait entendu dire qu’il s’était même méfié de Dumbledore, comme quoi tout pouvait arriver. Le vieil homme avait sûrement été déçu du comportement du petit et Severus aurait payé cher pour voir sa tête. Quant à celle de Pomfresh après avoir fait un vol plané, toutes ces années d’effort pour rester impassible avait failli passer à la trappe. Il comprenait Harry. Après avoir vécu dans des conditions difficiles, il ne pouvait en être autrement, cela aurait été trop étrange que le garçon se jette dans les bras du premier inconnu.
Tous les soirs, Sirius rejoignait discrètement l’infirmerie, mais cette fois-ci il découvrit un plateau repas à côté du lit d’Harry.
« Toujours à l’heure, Black, à croire que tu as avalé une montre. Il s’est réveillé aujourd’hui et nous a fait une belle démonstration de ces pouvoirs. Il a refusé de parler. »
Sirius trouva étrange qu’Harry, qui était si bavard, ait décidé de ne pas parler. Mais il est vrai que parler avec un chien quand on est seul et parler avec des étrangers dans un lieu inconnu étaient deux situations bien différentes. Hélas pour Sirius, Harry ne se réveilla pas de la nuit et il dût partir sans voir l’enfant éveillé. Lorsqu’il rejoignait sa cachette, il s’endormait mais ses cauchemars ne le laissaient jamais tranquille. Du coup, il se réveillait souvent et n’avait pas eu une seule nuit reposante depuis bien trop longtemps.
Le lendemain, à la seconde où Harry fut éveillé, le voile fit son apparition. Severus, qui n’avait dormi que d’un œil, fut surpris par le fait que sa magie accidentelle reproduise le même phénomène. D’habitude, la magie accidentelle ne se manifestait pas du tout systématiquement, et jamais les enfants pouvaient refaire les mêmes choses.
« Etrange n’est-ce pas ? »
Dumbledore avait surgit de nulle part et Severus, au prix d’un grand effort de concentration, parvint à ne pas paraître surpris.
« De quoi parlez-vous ? -De sa magie, j’ai l’impression qu’il la maîtrise, qu’il sait ce qu’il veut. -Vous voulez dire qu’il fait de la magie sans baguette. -La magie accidentelle marche sur le même principe. -Sauf que la magie sans baguette demande un effort de concentration et de puissance. -Les enfants sont parfois si imprévisibles, Harry a puisé dans sa magie pour survivre seul dans les rues et aujourd’hui je pense qu’il la maîtrise même s’il n’en est pas conscient. Il n’a pas parlé pendant la nuit ? -Non, aucun progrès de ce côté-là. -Peut-être devrions-nous laisser Minerva et Pompom lui parler. -Je doute que ce gamin accorde sa confiance à Pompom, pas après ce qu’il s’est passé hier. -Laissons Minerva faire alors. »
Severus, ayant l’obligation d’aller prendre son petit déjeuner dans la grande salle, quitta l’infirmerie contre sa volonté et laissa Minerva avec Harry. Cette dernière sortit deux heures plus tard de l’infirmerie les bras ballants.
« Rien, il n’a rien voulu me dire, il est muet comme une carpe. À se demander s’il n’est pas muet. -Quand je l’ai ausculté alors qu’il était inconscient il ne présentait aucun symptôme. Il ne veut simplement pas parler, sinon il aurait tenté de se faire comprendre autrement. -Peut-être devrions-nous lui parler de la magie et de notre monde, il serait alors plus enclin à parler, tenta Minerva. -On peut toujours essayer. »
Ce fut Dumbledore qui tenta cette nouvelle approche, mais il ressorti plusieurs heures après avec une petit moue boudeuse.
« Il ne veut rien entendre. Il a tout de même parût impressionné par les tours de magie, mais il n’y a rien à faire, il ne veut pas parler. »
Severus tenta de ne pas éclater de rire devant la mine boudeuse du directeur, après tout Dumbledore avait toujours été aimé par tout le monde, et voilà qu’un gamin de presque huit ans n’avait pas confiance en lui. Pour la fin de la journée, Severus se réinstalla dans son fauteuil avec un bon paquet de copies de septième année et se mit à les corriger sous le regard perçant de l’enfant.
Harry ne comprenait pas grand-chose à sa situation, apparemment ces personnes disaient qu’elles ne lui voulaient que du bien et qu’il devait parler et leur raconter ce qu’il avait vécu, mais il n’en avait aucune envie. Ce qu’il voulait, c’était de retourner dans sa maison, là où il se sentait en sécurité et retrouver Ted et Sauveur, ses deux amis. Il aimerait aussi beaucoup revoir Draco encore une fois et même Isabelle lui manquait. Ces personnes étaient bizarres. Le vieux monsieur faisait comme lui de la magie, mais il avait déjà vu des magiciens avant. C’était lors du dernier anniversaire de Dudley, il avait dû rester enfermé dans son placard, mais il pouvait voir ce qu’il se passait dans le salon. Les Dursley avaient engagé un clown et un magicien, ce dernier avait été fantastique et Harry avait été émerveillé par le lapin qui sort du chapeau. Mais tout cela n’avait été que tromperie. Lorsque les enfants étaient partis, le magicien avait révélé les secrets de sa ‘magie’ et Harry avait vite comprit que tout n’avait été que tromperie. Il était persuadé qu’il en était de même pour le vieux monsieur. Il n’y avait que lui qui était capable de faire de la vraie magie.
Severus releva la tête lorsqu’il entendit quelques sanglots. Le petit semblait trembler, sa tête était cachée dans son oreiller et il était roulé en boule. Il pleurait et cela déchira le cœur du maître des potions, il ne pouvait rien faire. La seule idée qui lui vint à l’esprit fût d’apporter un plateau repas avec des desserts variés.
« Tiens Harry, tu dois être mort de faim. J’ai même demandé à ce qu’on te serve une part de gâteau au chocolat, dit-il d’un ton doux que personne ne lui connaissait. Je ne savais pas ce que tu aimais comme dessert alors j’ai pris plusieurs choses. Il faudra que tu me dises ce que tu préfères pour que je puisse t’en apporter demain soir. »
Harry regarda le plateau avec envie et comme la vieille l’homme en noir déposa le plateau près du voile et se recula. Sans expliquer pourquoi, le regard de cet homme semblait le protéger, il se sentait en sécurité lorsqu’il était présent. Après le repas, Harry s’endormit et le voile disparut.
Sans se l’expliquer, Severus alla border l’enfant et récupéra le plateau où Harry avait mangé uniquement l’éclair au chocolat ainsi que sa viande. Il n’avait pas touché aux légumes. Severus leva les yeux au ciel à cette constatation et ramena le plateau aux cuisines. Il remporta avec lui une gamelle qu’il prit soin de bien cacher. Il n’osait même pas penser à ce geste devenu quotidien, cela le dépassait totalement. Comment pouvait-il aider Black à survivre ? Il lui avait pourri toute sa scolarité, alors pourquoi l’aider maintenant ? La pitié ? Il n’avait jamais eu pitié de quelqu’un, enfin à part Harry et encore. Voir sa Némésis aussi décrépie et plus bas que terre aurait du le rendre heureux et il aurait du le faire payer à Black. Mais au lieu de ça, il le nourrissait et ne parlait pas de sa présence à Poudlard. Bien qu’il se doute que Dumbledore soit au courant, le vieux fou savait toujours tout. Le plus frustrant était de ne pas savoir comment il faisait.
Sirius ne dormait jamais devant Snape, il était hors de question que ce dernier voit qu’il faisait des cauchemars, cela lui donnerait un prétexte pour rire de lui. Il ne comprenait d’ailleurs pas vraiment l’attitude de son ennemi mais il lui en était reconnaissant, même s’il continuait de se méfier…enfin un petit peu, pas tant que ça au final.
« Ce n’est pas un grand bavard, je me demande combien de temps il va tenir. Le vieux fou est d’ailleurs mécontent de ne pas avoir sa confiance. »
Sirius remarqua que Snape semblait content de sa dernière remarque. Dumbledore lui avait toujours inspiré confiance. Qu’avait subit Harry pour qu’il ne la lui accorde pas ? L’aube arrivait toujours trop vite, après un petit coup de tête affectueux envers le petit, Sirius partit tête basse. Encore une fois où il ne verrait pas les deux émeraudes qu’il affectionnait tant.
Le silence d’Harry demeurait alors que ça faisait maintenant trois semaines qu’il était à l’infirmerie. Tous semblaient désespérés sauf Severus qui voyait bien que le gamin commençait à tous bien les connaître. Mais rester enfermé ainsi n’était pas bon pour lui, même s’il ne se plaignait pas beaucoup.
« Toujours aucun progrès, demanda Dumbledore habitué à la réponse qui allait suivre. -Non, il reste toujours enfermé dans son mutisme, mais il comprend parfaitement tout ce qu’on lui dit. Et ce voile est toujours présent, soupira Pomfresh -Je ne sais plus quoi faire Pompom, murmura Dumbledore. -Il faut le laisser sortir, dit alors une voix bien connue. -Vous pensez que c’est raisonnable Severus ? Demanda Minerva. -Cet enfant est habitué à vivre seul dans la rue. Il a besoin d’espace sa liberté lui manque. -Très bien Severus, emmenez le dans le parc, on verra bien ce qu’il se passe. »
Severus choisit un horaire où il était sûr qu’aucun élève ne traînerait dehors et emmena un Harry prudent avec lui.
« Viens, tu ne crains rien avec moi, lui dit-il. On va aller se promener un peu dehors, parce que je trouve qu’on reste beaucoup trop enfermé. Tu vas voir Poudlard de l’extérieur, c’est un grand château. »
Harry se tenait un peu derrière Severus, son bouclier toujours présent, mais il était curieux.
‘’’Les tableaux bougent, c’est magique. J’arrive pas à le croire.’’’
Harry ne voulait surtout pas se perdre parce qu’il ne connaissait rien à ce bâtiment. Une fois qu’il fut, dehors il fut émerveillé par la vue. Sans s’en apercevoir et avec l’excitation, son bouclier disparût. Il se mit à courir vers le lac et observa la vue du château. Tout lui paraissait si grand.
Severus souriait intérieurement de la joie du petit garçon, il faisait un peu plus son âge que le garçon si sérieux de l’infirmerie. Pourtant il semblait si petit et fragile qu’on ne pouvait pas avoir envie de lui faire du mal. Si jamais il tombait sur son oncle, il ferait des bêtises qui le mèneraient directement à Azkaban et il ne le regretterait pas. Après quelques heures où Harry avait cueilli quelques fleurs et avait joué avec les différentes créatures qu’il avait vu, Severus dû le convaincre de rentrer.
« Il faut rentrer Harry, je sais que tu ne veux pas dit-il en voyant la tristesse dans les petits yeux émeraudes de l’enfant. Mais on peut revenir demain qu’en dis-tu ? »
Harry hocha de la tête et donna les fleurs à Severus.
« Merci beaucoup, on va les mettre à l’infirmerie pour que ça sente meilleur d’accord ? »
Harry fut d’accord et ils rentrèrent tous les deux. Mais comme à son habitude, Harry remit le bouclier en place et suivit Severus de près. Une nouvelle semaine s’écoula ainsi, Harry ne mettait plus son bouclier en présence de Severus et il connaissait maintenant le chemin vers l’extérieur sans se tromper, mais le retour à l’infirmerie l’emplissait d’une tristesse que Severus avait de plus en plus de mal à supporter.
« Que proposez-vous, Severus ? -Qu’on le place ailleurs, ainsi on ne mettra plus en place le sortilège qui le rend invisible aux yeux des élèves, et puis il n’est plus malade. -Mais chez qui peut-on le mettre ? demanda Dumbledore avec un petit sourire en coin. -Il a le plus confiance en Severus, intervint Remus. -C’est vrai, il ne met plus du tout le bouclier lorsque vous n’êtes que tous les deux c’est cela ? -Exactement, je pense que le changer d’environnement ne peux que lui faire du bien. Je pense qu’il n’aime vraiment pas l’infirmerie. -Très bien, mais on attendra une nouvelle semaine avant ce changement, je préfère que les élèves ne soient plus présents, ainsi vous pourrez l’avoir sous votre garde tout le temps. -Le ministère le cherche toujours ? Demanda Minerva. -Oui, ainsi que Sirius Black, où en sont vos recherches ? -Il est introuvable, dit Remus, j’avais pensé qu’avec la présence d’Harry, il serait ici mais il n’y a aucune trace de lui. -Il ne peut pas disparaître ainsi, s’écria Minerva. »
Severus regardait la conversation de loin. Lui savait que Black se cachait tout près. Avec son odorat de loup-garou Lupin, ne l’avait pas trouvé. Soit Black se cachait bien, soit le flair des loups-garous n’était plus ce qu’il était.
Remus savait qu’il avait raison. Sirius était sorti de prison pour Harry, il devait forcément être dans le coin. Il avait vérifié toutes les salles, les passages secrets, leurs salles secrètes mais rien. Il était même allé dans la forêt interdite et y avait senti son odeur, mais Sirius était très bon pour se cacher et surtout masquer son odeur. Il fallait qu’il le piège mais il ne savait pas encore comment. Il avait senti son odeur surtout au niveau de la cabane hurlante, quelle meilleure cachette que celle-ci ? Mais Sirius n’y était pas souvent, voir même rarement. Il fallait qu’il place son piège dans la cabane hurlante…
Sirius commençait à désespérer sur le cas d’Harry. Il ne comprenait pas pourquoi il refusait systématiquement de parler. Même s’il constatait certains progrès, tout allait beaucoup trop lentement. Lui commençait à s’énerver et pourtant Snape semblait toujours aussi calme, il ne savait pas comment ce dernier faisait pour être ainsi dans une telle situation. Il voulait qu’Harry ait une enfance plus ou moins normale, qu’il ait des parents et un foyer et tant qu’il ne parlait pas, il n’aurait rien de tout cela. Quand il avait un gros coup de cafard, Sirius ne pouvait s’empêcher de venir dans la cabane hurlante. Il s’y revoyait lui et ses trois autres amis, tous si unis et invincible. Voilà où tout cela les avait menés, aujourd’hui il ne lui restait que Remus et ce dernier le détestait et lui vouait sûrement une haine très forte. Il avait eu l’espoir de voir Remus, sous sa forme animale, le soir de la pleine lune mais il n’était pas venu. Peut-être avait-il trouvé un autre endroit plus sûr dans le château ? Il l’avait aperçu quelque fois, il savait que Remus pouvait le sentir, dans ces cas là il se précipitait dans un endroit où les odeurs étaient fortes et se roulait par terre afin de s’imprégner de cette odeur. Remus ne pouvait pas faire la différence et il était sauvé…enfin, pendant un moment.
Une autre semaine à l’infirmerie, voilà ce qui l’attendait, Severus ne voulait pas voir la tête que ferait Harry lorsqu’il l’apprendrait. Il allait être sûrement très déçu. Mais il n’y resterait qu’une petite semaine et ensuite, si Dumbledore était de son côté, Harry pourrait vivre dans son appartement. Bien sûr il fallait encore aménager une pièce pour lui, mais rien n’est bien difficile grâce à la magie.
« Harry, tu vas devoir encore rester une semaine à l’infirmerie, pour qu’on soit sûr que tout va bien et ensuite tu pourras vivre avec moi dans ma maison, j’espère que tu es content. »
Harry soupira, rester ici ne lui disait rien du tout, mais en contrepartie aller vivre avec Severus était une bonne nouvelle. Pourtant, il ne voulait toujours pas parler, il avait voulu avec Severus mais il avait si peur que tous l’envoient chez son oncle. Il était terrifié à cette idée et il voulait aussi vraiment devenir ami avec Severus, il était si gentil avec lui. Il avait remarqué qu’il était gentil uniquement avec lui, il parlait aux autres avec une voix froide mais jamais il n’avait élevé la voix et cela rassurait Harry. Il ne supportait pas quand quelqu’un haussait la voix, cela lui rappelait bien trop son oncle. Il lui arrivait de faire encore quelques cauchemars à propos de son oncle, il le voyait toujours aussi grand et gros s’approcher de lui et l’accuser de tout ce qui se passait dans sa maison. Tout allait toujours de travers à cause de lui. Il savait qu’il était un magicien maintenant et son oncle avait raison, il n’était pas normal.
Ce soir là, Sirius décida d’apporter un objet qu’Harry aimait par-dessus tout : son livre de potion. Peut-être qu’elle était simplement là la solution, si Harry apprenait que Snape était un professeur de potion, peut-être s’ouvrirait-il à lui bien plus facilement et pourrait alors enfin parler. Il transplanna dans la petite maison en ruine qu’Harry avait trouvée et constata que rien n’avait changé, il y avait juste un peu plus de poussière. Il prit le livre avec lui et alla directement à Poudlard. Transporter le livre sous sa forme canine n’était pas le plus facile et il décida alors de se montrer tel qu’il était face à Snape. Ce dernier se moquerait sûrement de lui, mais il le ferait pour le bien d’Harry.
Severus s’était endormi paisiblement dans son fauteuil à côté du lit du petit garçon et s’éveilla brusquement lorsqu’il entendit des pas qui se dirigeaient vers le lit d’Harry. Pomfresh était partie se coucher depuis une heure et Dumbledore ne passait jamais si tard. Il ne restait que Lupin sur la liste des personnes susceptible d’entrer à cette heure-ci.
« Lupin, ce n’est pas une heure pour les visites. -Ce n’est pas Remus dit une voix rauque. »
Severus se retourna vers l’étranger et ne parut pas le reconnaître.
« Tiens Snape, je pense qu’il parlera avec son livre. C’est la seule chose qui puisse l’aider. Il n’aime que les potions, je pense que c’est une passion que vous avez en commun. »
Sirius posa le livre au pied du lit d’Harry et partit de l’infirmerie non sans lancer un regard vers son ennemi qui semblait surpris. Pour une fois que Snape ne portait pas de masque, cet évènement devait se fêter dignement.
« Black ? »
Sirius lui offrit un pauvre sourire et quitta l’infirmerie sous sa forme canine.
Severus n’en revenait toujours pas, cet homme squelettique et sale ne pouvait pas être sa Némésis. Il se rappelait de Black tel qu’il était à Poudlard. Grand, bien bâti, toujours ce maudit sourire séducteur qui faisait tomber toutes les filles et certains garçons sous son charme et surtout cette lueur de défi dans les yeux. Aujourd’hui, cet homme avait disparut, il ne restait qu’un corps meurtri par la malnutrition et une lueur de tristesse ancrée dans ses yeux. Jamais il n’avait envié le sort de Black mais aujourd’hui il comprenait à quel point cet homme avait souffert. Il passa le reste de la nuit à lire le livre que Black lui avait donné, il le reconnaissait bien qu’il soit sale et déchiré et de nombreuses annotations tremblantes y avaient été rajoutées. C’était un crime d’abîmer un livre de potion mais les petits points d’interrogations à côté de nombreux ingrédients avec des noms compliqués le faisait sourire, il savait ce qu’il allait faire pour qu’Harry se confie enfin à lui.
Le lendemain lorsque le petit se réveilla, Severus lui avait apporté son petit déjeuné et regarda Harry le dévorer.
« Tu sais Harry que je suis professeur ici n’est-ce pas ? »
Le petit hocha positivement la tête apparemment intéressé par le début de conversation.
« Eh bien, il faut que j’aille préparer mes cours et j’aimerais que tu viennes avec moi, tu es d’accord ? »
Harry lui sourit et s’habilla rapidement. Ils déambulèrent tous les deux dans les couloirs vides de l’école et arrivèrent dans le laboratoire de Severus. Au milieu de la salle trônait un grand chaudron et on voyait des étagères sur tous les murs de la pièce. Ces dernières étaient remplies de bocaux où plusieurs choses non identifiées y avaient été placées. De nombreuses étiquettes renseignaient sur ce que les bocaux contenaient.
« On va faire quelques potions, ça te dis de m’aider ? -Pour de vrai, s’exclama Harry sans se rendre compte qu’il venait de parler à haute voix. -Oui, dit Severus en souriant face à l’enfant qui semblait transporter de joie. Quelle potion veux-tu faire ? -Celle que je veux ? Je peux choisir ? -Oui puisque je te le demande, dit-il gentiment. Tiens, j’ai quelque chose qui t’appartient. »
Severus tendit le livre de potion à Harry qui lui fit un grand sourire. Il s’empressa d’ouvrir le livre et de choisir celle qu’il aimait bien.
« Celle-là pour guérir contre les petites coupures. -D’accord, dit Severus en sortant les ingrédients nécessaire à la réalisation de la potion. »
La potion en elle-même était très facile, mais c’était la première potion d’Harry et Severus prit son mal en patience devant la maladresse de l’enfant. Il ne pouvait pas vraiment lui en vouloir, Harry semblait vraiment passionné par la potion, il tentait de faire aussi bien que le pouvaient ses petites mains. Severus lui montra plusieurs fois comment couper certains ingrédients et comment réduire en poudres d’autres. Harry écoutait religieusement tout ce qu’il disait et semblait intégrer les notions assez rapidement.
Ils passèrent toute la journée sur cette potion jusqu’à ce qu’Harry la réussisse parfaitement tout seul.
« J’ai réussi, dit Harry le sourire aux lèvres en voyant que la potion était lisse et de la bonne couleur cette fois-ci. -C’est très bien Harry, dit Severus en mettant la potion dans plusieurs petits bocaux. Tiens je t’en donne un je donnerais le reste à Mme Pomfresh pour l’infirmerie, elle sera très contente de toi. Je suis moi aussi très fier de toi Harry, tu n’as pas baissé les bras même quand c’était difficile au début. -On pourra en refaire alors ? -Dans deux jours parce que demain je donne des cours. -Et je pourrais venir dans tes cours ? -Pas encore Harry, mais bientôt tu pourras vivre dans mon appartement. »
Harry fut joyeux toute la journée et Pomfresh sembla heureuse de le voir ainsi, il ne mettait plus le bouclier quand Severus était autour avec d’autres personnes. Par contre lorsque ce dernier n’était pas là, Harry continuait de se protéger. Pomfresh l’avait même entendu parler avec Severus lorsque le garçon ne l’avait pas vu. C’était un bon progrès et elle était heureuse de constater que Severus semblait aussi changer au contact du garçon.
Cela faisait maintenant trois jours qu’Harry avait recommencé à parler et il ne parlait que de potion avec Severus, jamais il n’évoquait sa vie dans la rue ou chez son oncle. Il n’osait pas aborder le sujet de peur de s’y faire envoyer et plusieurs fois il avait demandé à voir Sauveur. Tous avait bien sûr comprit qu’il s’agissait de Black, et tous lui avaient dit que le chien était méchant, enfin tous sauf Severus.
« Pourquoi ils me disent tous que Sauveur est méchant Severus. Je sais qu’il n’est pas méchant, il a été gentil avec moi. Ils connaissent même pas mon chien, dit-il les larmes aux yeux. -Ils ont peur pour toi. -Tu crois que Sauveur il est méchant toi ? -Non, je ne pense pas qu’il le soit, sinon il t’aurait fait du mal dès qu’il en avait l’occasion. -Tu sais c’est lui qui m’apportait à manger quand j’étais trop malade. Et en récompense je lui lisais pleins de potions, il est comme toi tu sais, je crois qu’il adore les potions. -Ça par contre j’en doute, souri-t-il en imaginant Black forcé à écouter toute la journée un petit garçon lire un livre de potion. C’en était presque jubilatoire. -Tu le connais ? -Si tu restes éveillé un peu plus longtemps ce soir, je suis sûr qu’il viendra te voir. -Pour de vrai ? S’écria le petit garçon ravi. -Mais après il faut que tu me promettes de bien dormir d’accord ? -Oh oui, promis. »
Sentant qu’Harry ne tiendrait pas jusqu’à dix heures, Severus lui posait des questions sur toutes les potions du livre et Harry répondait tout le temps très juste, sauf aux mots qui avaient des points d’interrogations.
« Tu veux que je t’apprenne tous les mots que tu ne connais pas Harry ? -Tu veux bien ? Parce que c’est dur, et des fois eh bien même quand je sais lire je ne sais pas du tout ce que c’est. -Attend moi ici je vais chercher un livre pour que tu vois tout ce que tu ne comprends pas. »
Ils passèrent une bonne partie de la soirée ainsi jusqu’à ce qu’ils se fassent dérangé par le bruit d’une porte qui s’ouvre.
Sirius était un peu en avance ce soir là, il savait qu’Harry avait recommencé à parler et il avait hâte de connaître son état psychologique. Un enfant n’était pas vraiment destiné à grandir dans la rue, et encore moins son filleul. Il entendit la voix d’Harry qui semblait amusé. Il semblait lire et feuilleter un livre. Ce ne pouvait être que son livre de potion. Il savait que c’était une bonne idée d’apporter ce livre. Il entre-ouvrit la porte doucement sans faire de bruit et observa un spectacle qu’il n’était pas prêt d’oublier. Severus était assis sur le lit d’Harry, l’enfant confortablement installé entre ses jambes et il souriait à chaque fois qu’Harry comprenait ou arrivait à lire un mot. Ensuite il lui montrait apparemment l’image du mot, des ingrédients de potions bien sûr, et Harry rigolait et souriait.
Il n’arrivait pas à croire que Snape puisse sourire, encore moins à Harry Potter et c’était un spectacle attendrissant.
‘’’Attendrissant ? Tu parles de Snape quand même, Azkaban a tué tous mes neurones valides. Attendrissant en parlant de Snape, je crois que je ne vais pas m’en remettre. Bon c’est vrai qu’il a été vraiment très sympa, ce qui d’ailleurs est très louche. Mais il semble vraiment aimer beaucoup Harry…’’’
Il ouvrit la porte en faisant du bruit cette fois et deux regards, l’un émeraude et l’autre noir, se posèrent sur lui. La gentillesse et le sourire disparut subitement du visage de Severus et Sirius se surprit à le regretter. Il était vraiment un autre homme quand il souriait.
‘’’Mon pauvre Sirius, tu es finalement devenu complètement fou, cinglé, voir pire…’’’
« Sauveur, s’écria Harry, fou de joie. »
Il sauta hors de son lit et serra le chien très fort.
‘’’Ce serait sympa si tu ne me tenais pas aussi fort, je risque de m’étouffer si tu continues. Azkaban n’a pas réussi à me tuer, un gamin de sept ans ne va pas y arriver tout de même.’’’
« Je savais que tu n’étais pas méchant. Tu sais les autres ils disent tous que tu es méchant sauf Severus, lui aussi il est gentil. »
Sirius regarda Severus qui levait les yeux au ciel.
‘’’Snape gentil, c’est à mourir de rire, faudra que je lui ressorte ça un jour, je suis sûr qu’il adorerait.’’’
« Tu m’as manqué tu sais, j’étais inquiet mais je disais rien. Et puis tu sais eh bien avec Severus on fait pleins de potions, tu veux que je t’en lise d’autre ? Parce que maintenant je connais mieux les mots, Severus il me les a apprit. Viens je vais te le présenter. »
‘’’Oh chouette, une présentation avec mon pire ennemi…quelle ironie.’’’
« Regarde Severus c’est Sauveur, il est beau hein. -C’est beau chien, dit-il d’une voix sarcastique, plein de puces et un peu trop maigre. -Tu sais c’est parce que dans la rue on ne se lave pas, alors Sauveur il peut pas se laver mais on peut le laver ici. -Une douche froide lui ferait sûrement du bien, dit Severus avec un sourire machiavélique sur le visage. »
‘’’Quoi ?! Une douche froide, non mais ça ne va pas la tête ! Il est hors de question que Snape me jette un sort, en plus je n’ai même pas de puce, espèce de vieux menteur.’’’
« Mais y a pas de douche ici, dit Harry d’une voix triste. -Je te l’ai déjà dit Harry, tu es un sorcier, et les sorciers peuvent faire de la magie, regarde. »
Snape, avec une immense joie, pointa sa baguette sur le chien qui s’était couché et poussait des petits cris plaintifs.
« Aqua. »
Un jet d’eau sortie de la baguette et arrosa le chien qui aboya, surpris par la température glaciale de l’eau. Il grogna vers Snape.
« Oh non, grogne pas, Severus et moi on veut juste te laver, et puis c’est pas bien de grogner. -C’est vrai, un bon chien ne doit surtout pas grogner, il doit obéir à son maître, dit Severus qui jubilait sur place. La vengeance est si douce. »
Harry alla vers l’armoire de la pharmacie et en sortit un savon.
« Je l’ai déjà vu en prendre un pour me laver le visage mais j’ai pas voulu alors j’ai mit le voile en place. »
Il se mit à laver avec application le chien qui semblait prendre ce lavage forcé comme une torture. Le pire étant qu’il ne pouvait rien dire, si jamais il faisait quelque chose à Snape Harry serait triste et lui en voudrait. La vie est si injuste parfois…
« Voilà un chien bien plus propre s’écria Harry plus joyeux. Tu peux l’arroser encore une fois Severus. -Avec plaisir. »
Un second jet d’eau froide arriva sur Sirius qui ne dit rien cette fois ci et ferma bien ses yeux.
« Plus d’eau parce que il a encore plein de savon. »
‘’’Non, pas plus d’eau, Harry tu veux ma mort !’’’
Sirius se fit rincer ainsi trois fois, puis Severus sécha le sol qui ressemblait à une mare, il sécha aussi Harry qui avait les pieds et le bas de pyjama trempé. Harry sécha le chien avec une serviette et retourna sur son lit.
« Tiens, dit Snape en tendant la gamelle au chien. »
Le chien jeta un regard noir au maître des potions mais n’ayant plus vraiment d’orgueil, il alla se nourrir. Pendant ce temps, Harry ouvrit son livre des potions et posa la question fatidique.
« Alors Sauveur, une potion drôle ou une potion utile ? »
‘’’Au risque de me répéter, une drôle par pitié…’’’
« Moi je préfère les potions utiles, j’en ai une qui désinfecte les petites plaies. Tu veux la lire avec moi Severus ? -D’accord, dit-il en se posant à côté d’Harry. »
Sirius s’allongea au bout du lit et fit mine d’écouter, alors que ses pensées étaient entièrement dirigés vers le petit garçon et l’homme assis à ses côté. En plein milieu de la lecture, Harry épuisé par sa journée finit par s’endormir contre Severus. Ce dernier ne tardant pas à faire de même sans oser bouger de peur de réveiller l’enfant. Sirius n’oublia pas l’heure et partit à l’aube, heureux d’avoir constaté qu’Harry ne l’avait pas oublié et qu’il était en bonne santé, aussi bavard et fringuant qu’au moment de sa rencontre. Il espérait que le temps effacerait la malnutrition dont il avait souffert toute son enfance. A suivre... |