Chapitre 2 : Survivre
La première chose qui le surprit fut la fraîcheur de la nuit, on n’était pourtant que début septembre et déjà il faisait froid. Il se trouvait toujours dans le petit jardin des Dursley et il observait la rue si calme et paisible. Il fit bien attention à ne pas faire de bruit afin de ne réveiller aucun voisin. Si jamais Mrs Figgs s’apercevait qu’il était dehors à cette heure-là, elle le ferait rentrer à coup sûr chez lui et il n’en avait aucune envie. Une fois qu’il fut hors de la rue ‘Privet Drive’, il respira un peu plus facilement ; sans s’en rendre compte, il avait eu très peur. Il était maintenant tout excité, il savait que ce qu’il était en train de faire était une chose interdite et il avait toujours voulu faire les choses interdites. Il marcha droit devant lui avec son sac à dos rempli des seuls objets qui lui appartenaient, ses crayons, ses cahiers, son livre et un petit nounours en peluche qu’il avait pris soin de cacher aux yeux de tous. En réalité, ce nounours n’était pas vraiment à lui mais à Dudley, seulement ce dernier l’avait un jour oublié et Harry en avait pris soin depuis cette époque. Dudley n’avait jamais remarqué sa disparition, il avait toujours obtenu ce qu’il voulait… il ne savait même pas tout ce qu’il avait alors que lui Harry n’avait jamais rien eu.
Harry marchait maintenant depuis quelques heures et le jour commençait à se lever tranquillement, les rues commençaient à s’animer mais il ne savait pas du tout où il se trouvait, jamais il n’avait été aussi loin seul. Cette pensée lui fit amener le sourire aux lèvres.
« Tu es perdu petit ? »
Harry se retourna vers la personne qui venait de prononcer ces mots ! C’était un homme sur le pas de sa porte qui venait de prendre son journal et sa bouteille de lait. Harry lui fit un signe négatif de la tête et continua d’avancer. Il savait qu’un petit garçon seul dans les rues de la banlieue londonienne était très souvent remarqué mais dans les rues de Londres… au contraire, on ne ferait pas attention à lui et il pourrait vivre tranquillement. Mais voilà un petit problème auquel il n’avait pas vraiment pensé… comment se rendre dans le centre de Londres, lui qui ne savait ni lire, ni écrire… c’était mal parti. Au fur et à mesure qu’il marchait dans les rues, Harry remarqua que déjà plusieurs personnes semblaient aller au travail et sachant qu’il y avait une forte probabilité pour que ces personnes aillent à Londres, il suivit un peu le flot des voitures. Les heures passaient et Harry se sentait de plus en plus fatigué ; bien qu’il soit habitué à travailler, il n’avait pas l’habitude de marcher autant, de plus il n’avait rien mangé depuis la cantine de la veille et son ventre réclamait de la nourriture. Il n’avait pas volé beaucoup de nourriture chez son oncle mais il s’arrêta et commença à manger le jambon qu’il avait pris dans le frigo ainsi qu’une pomme. Les rues étaient maintenant vivantes et pleines de monde, Harry sentait qu’il se rapprochait de la grande ville mais savait aussi qu’il n’y était pas encore, pas assez d’agitation dans les rues, pas beaucoup de boutiques et beaucoup trop de maisons lui faisaient dire qu’il n’était pas encore dans le centre de Londres.
« Tu es perdu ? »
‘’’Décidément… je ne suis pas vraiment discret.’’’
« J’aimerais savoir comment je fais pour aller à Londres, répondit Harry à la jeune femme qui venait de lui adresser la parole. -Tu n’as pas ta mère pour t’aider ou quelqu’un qui s’occupe de toi ? -Mon oncle m’a dit que ma mère m’attendait à l’arrêt de l’autobus mais je me suis perdu, mentit-il. -Ah, dans ce cas l’arrêt est à une dizaine de minutes à pieds. Tu prends la première à droite et tu marches jusqu’au deuxième feu rouge, là tu prendras sur ta gauche et tu tomberas sur l’arrêt de l’autobus. Ta maman doit se trouver à côté du panneau rouge qui est à côté de la petite librairie. -Merci, murmura Harry avec un beau sourire. »
Fier de son coup il partit la tête haute et le moral au plus haut, bientôt il serait dans Londres et il pourrait enfin vivre tout seul comme un grand. Il trouva l’arrêt sans problème et prit celui à côté de la librairie, il demanda un ticket au conducteur qui trouva étrange de voir un petit garçon seul.
« Tu n’es pas accompagné par un adulte ? -Non, mon père m’a déposé ici et ma mère m’attend à l’arrêt qui se trouve dans Londres. -Lequel ? Il y en a beaucoup tu sais. -Je la reconnaîtrai, sourit alors Harry. »
Le conducteur haussa les épaules en se disant que certains parents étaient bien inconscients mais ferma tout de même les portes du bus et continua son trajet habituel. Harry s’installa sur un siège vide et regarda le paysage défiler sous ses yeux. Plus le bus avançait, plus il y avait de voitures, de monde et surtout de boutiques. Il y avait foule dans les rues, Harry sourit en regardant les enfants jouer dans les rues, sous l’œil attentif des adultes. Décidant qu’il y avait assez de monde à cet endroit, Harry descendit par l’arrière du véhicule afin de ne pas être vu par le conducteur et commença à marcher dans les rues.
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Lorsque Pétunia tambourina ce matin contre la petite porte blanche du placard sous l’escalier, elle remarqua une chose très inhabituelle. La fenêtre du salon était ouverte et le vent frais du matin entrait sans permission dans la chaleur du salon. Elle pesta contre elle-même pour avoir oublié ce petit détail la veille au soir même si elle se voyait très bien fermer cette fenêtre-là. Voyant qu’Harry ne sortait toujours pas de son placard, elle tambourina un peu plus fort et commença à sortir ce dont elle avait besoin pour qu’Harry prépare le petit-déjeuner. Chose étrange qu’elle remarqua ensuite, ce fût l’absence de jambon, des fruits et même des petites boissons sucrées qu’elle donnait à Dudley pour ne pas qu’il meurt de soif à la cantine. Inquiète et furieuse de toujours ne pas voir arriver Harry, elle ouvrit violemment la porte du placard et elle retint un hoquet de surprise.
« VERNON, hurla-t-elle dans la maison, VERNON !! REVEILLE-TOI »
Elle monta les escaliers en quatrième vitesse et déboula dans sa chambre où Vernon tentait tant bien que mal de se lever.
« Qu’est-ce qui te prend de crier aussi fort à cette heure-ci ? -Il est parti Vernon, il s’est enfui ! -Mais qu’est-ce que tu racontes…Qui est parti ? -Mais Harry, il est parti, le placard est vide, le frigo pillé et la fenêtre du salon est ouverte. -Eh bien tant mieux, je ne voulais plus de ce monstre dans ma maison. -Mais c’est une catastrophe, qu’est ce qu’on va dire à l’école et aux… aux… autres ? -Ils n’ont pas à savoir, quand à la maîtresse, dis-lui simplement que la famille de son père est venue le chercher. On va enfin pouvoir vivre normalement dans cette maison, sans cette espèce de monstruosité, je n’aurai plus honte de montrer ma maison maintenant. -Mais… si ils viennent le voir ? -Ca fait plus de cinq ans qu’il vivait sous le même toit que nous et jamais ils ne sont venus… je ne vois pas pourquoi ils viendraient maintenant. »
Rassurée par les paroles de son mari, Pétunia descendit dans la cuisine et commença à préparer elle-même le petit-déjeuner. Dudley ne posa aucune question à propos de son cousin, il comprit seulement qu’il venait de perdre son meilleur défouloir, son petit bouc émissaire. Lorsqu’ils arrivèrent devant la grille de l’école, Lucie fut étonnée en constatant qu’Harry n’était pas avec eux. Mme Dursley lui expliqua que la famille du côté de son père avait repris le petit.
« Vous comprenez, il leur manquait, ils vont donc le garder avec eux. -Je comprends fit-elle »
‘’’J’espère au moins qu’il est plus heureux qu’avec cette horrible bonne femme ‘’’ Pensa-t-elle en faisant un sourire hypocrite à Pétunia.
Sans même s’en apercevoir, elle s’était attachée au côté timide d’Harry et ne plus l’avoir dans sa classe lui faisait bizarre, il n’était pourtant resté que trois jours avec elle.
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Harry regardait l’endroit où il était arrivé avec de grands yeux émerveillés. Personne ne faisait attention à lui, il pouvait marcher tranquillement dans la rue, les boutiques étaient toutes plus accueillante les unes que les autres pour un petit garçon de six ans.
Il se décida à rentrer dans une boutique et à prendre le premier sandwich assez appétissant qu’il trouva. Derrière le comptoir, la jeune femme le regarda bizarrement mais se garda de faire un commentaire et lui annonça le prix. Harry connaissait un peu les chiffres, il sortit un billet de 10 livres. La jeune femme lui rendit la monnaie qu’il mit dans la poche de son sac et il sortit avec son sandwich en main.
Il s’assit à côté d’un arrêt de bus et mangea tranquillement son sandwich, sous le regard désapprobateur de certaines vieilles femmes qui s’étonnaient de voir un si jeune garçon tout seul.
L’adaptation la plus dure pour Harry fut la traversée des rues… il ne savait jamais de quel côté les voitures arrivaient mais cependant, il avait remarqué les drôles de flèches dessinées sur le bitume de la rue. Au bout de la vingtième flèche qu’il trouva, il osa demander à l’homme à côté de lui ce qu’il y avait écrit par terre. L’homme lui fit un sourire et se mit en quête de lui expliquer.
« Les flèches sont là pour expliquer dans quel sens les voitures arrivent. Ici c’est marqué ‘Regardez à droite’, tu vois, la flèche va vers la droite donc la voiture va arriver vers la droite. »
Ils traversèrent la moitié de la rue.
« Tu vois, maintenant la flèche indique l’autre sens et c’est marqué ‘Regardez à gauche’ donc la voiture va arriver par la gauche. -Il faut que je regarde ce que me montre la flèche alors ? -C’est ça bonhomme mais tu es tout seul ? -Oui, ma maîtresse est malade aujourd’hui et ma tante m’a demandé d’aller chercher le journal, dit-il en regardant un marchand de journaux. -Très bien, maintenant tu sais, au revoir. -Au revoir, dit Harry avec un signe de la main. »
Fier de lui, Harry marcha en direction du marchand de journaux mais ne s’y arrêta pas, il continua un peu et tomba sur une magnifique grand-place avec une très grande fontaine et une espèce de tour de pierre entourée de quatre grands lions. Il observa les enfants monter sur la base de la tour et grimper sur les lions pour se faire prendre en photo. Il envia à ce moment les enfants qui se faisaient aider de leurs parents parce que lui n’y arriverait pas tout seul. Il s’assit sur le rebord de la fontaine, ouvrit son sac et prit une pomme, il ouvrit alors son livre et regarda les deux mots qu’il connaissait. Il reconnaissait chaque lettre de l’alphabet mais n’arrivait pas à prononcer les autres mots. Déçu, il ferma le livre et se mit à observer les nombreuses personnes qui étaient là. Tous semblaient admirer la colonne de pierre, il ne comprit même pas ce que certaines personnes se disaient, ce n’était pas de l’anglais mais un nom revenait tout le temps ‘Trafalgar’. Harry en déduisit que c’était le nom de cette grande place.
En regardant au-delà de la place, il voyait l’étendue de Londres… c’était magnifique et en même temps tellement grand, il sourit face à cette grande étendue. Il en était sûr maintenant, personne ne le retrouverait et surtout pas les Dursley.
Il continua son exploration de la grande ville, il se trouva face à un fleuve, il le longea longtemps avant de se décider à prendre un pont et à traverser. La ville semblait ne jamais se finir et Harry commençait à vraiment être très fatigué. Il voulait dormir mais il lui fallait déjà un endroit où il pouvait dormir. A force de marcher, il finit par arriver près d’une gare, les maisons semblaient moins riches que certaines qu’il avait vues dans Londres mais elles semblaient aussi un peu plus grandes. En fouillant un peu partout, il vit une petite ruelle assez sombre mais où perçait tout de même une lumière assez diffuse. Il s’aventura un peu plus loin, les premières maisons étaient belles et possédaient un petit portail afin qu’on ne voit pas les jardins qui entouraient les maisons. Mais tout au bout, le portail était tout rouillé et l’une des deux portes étaient complètement de travers, formant ainsi une petite ouverture. Prenant son courage à deux mains, Harry pénétra dans le jardin. Tout semblait complètement désolé et abandonné, les ronces poussaient un peu partout et le lierre avait même commencé à envahir la maison et la grille qui entourait la petite propriété. La maison n’était pas très grande, moins que les premières maisons même, constata Harry, mais une chose était sûr, elle était abandonnée. Personne ne pouvait habiter ici, ou même vivre ici, plusieurs fenêtres avaient leurs carreaux de cassés, la porte d’entrée était entrebâillée, Harry pénétra à l’intérieur. La première chose qu’il vu fût les escaliers qui montaient à l’étage mais les planches étaient mal placées et on apercevait plusieurs trous, le petit couloir débouchait sur une petit espace et sur la gauche, une cuisine. En retournant vers les escaliers, Harry vit une porte qu’il ouvrit et il se trouva dans une petite pièce plus agréable que les autres et qui possédait elle aussi une porte. Harry traversa la pièce et ouvrit la dernière porte, elle donnait sur des toilettes qui n’avaient pas vraiment l’air de fonctionner. Il fit demi-tour et monta les marches qui le conduisaient à l’étage supérieur.
Les marches craquaient sous ses pas mais il arriva sain et sauf à l’étage, il vit plusieurs pièces, trois pour être exact. La première sur sa droite donnait sur une pièce qui contenait uniquement un vieux matelas et plusieurs meubles en très mauvais état. La deuxième pièce ne possédait rien du tout, juste une petite table qui tenait par miracle sur trois pieds. La dernière pièce semblait être une salle de bain, Harry reconnut un tuyau de douche mais en cherchant à ouvrir l’eau, rien ne coula. Il referma le robinet et alla dans la pièce qui contenait le vieux matelas. Sans penser à autre chose, Harry s’allongea et s’endormit.
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Cela faisait maintenant deux long mois que Remus travaillait dans ce laboratoire et il n’arrivait à rien, il avait beau avoir lu et relu les différents rapports, il ne trouvait jamais ce qui n’allait pas, même avec ses propres recherches il tournait constamment en rond. Même si il n’avait jamais brillé en Potions, là c’était vraiment la catastrophe, c’était un travail pour Rogue ce laboratoire, pas lui. Plus il se penchait sur ses dossiers, plus il devenait fou, rien ne marchait, il avait beau recommencer encore et encore…. Aujourd’hui il avait pris une grande décision, cela lui faisait mal, surtout vis-à-vis de Dumbledore, mais il ne pouvait pas continuer ainsi, il se torturait pour rien, ce travail ne lui apportait rien, il ne faisait que ralentir les autres recherches. Ce matin-là, Remus arriva comme à son habitude en avance, il pointa son badge dans la boîte aux lettres et alla directement dans le bureau du directeur, ce dernier semblait d’ailleurs très occupé.
« Remus ? Que me vaut le plaisir de votre visite ? -J’aimerais démissionner. -Quoi ? Mais pourquoi ? Vous ne vous plaisez pas ici ? -Si mais je vois bien que je n’arrive à rien, je me fais reprendre plusieurs fois sur des bases, je retarde tout le monde au lieu de les aider à avancer. Je sais que vous avez été extrêmement attentionné de me prendre en sachant ma condition mais si je suis un fardeau… -Qu’est-ce que vous racontez, personne n’est venu se plaindre. Quand aux avancés des recherches, vous savez, il faut savoir être patient, certains chercheurs ne trouvent rien et y passent pourtant toute leur vie. -Dans ce cas, je les respecte, mais je ne fonctionne pas de cette façon, je me sens en arrière vous comprenez, je n’arrive pas à suivre le rythme et je pense réellement ralentir les recherches. -Sachez une chose alors Remus, c’est que où que vous alliez, il y aura toujours une place pour vous dans mon laboratoire. -Merci, murmura Remus la larme à l’œil. »
Il quitta le bureau du directeur et rentra chez lui en disant au revoir à Jeanne qui ne semblait pas comprendre pourquoi il partait du laboratoire. Une fois rentré chez lui, Remus alluma un feu dans la cheminée et s’installa dans un fauteuil. L’appartement n’était pas vraiment bien chauffé, l’hiver était arrivé rapidement et le feu devenait donc obligatoire pour survivre. Déjà deux heures qu’il avait démissionné et déjà Dumbledore faisait irruption dans la pièce grâce à la poudre de cheminette.
« Remus, dit-il sur un ton de reproche. -Albus, je vois que vos sources vont toujours aussi vite. -Remus, pourquoi ? -Je n’y arrivais pas Albus, j’ai beau faire tout ce qui est mon possible pour suivre les recherches, je pataugeais, je n’ai jamais été brillant en potions, vous n’avez qu’à demander à Rogue, il ne vous dira pas le contraire. -Ce n’est pas ce que m’a dit le directeur, je croyais vraiment que cette fois ci vous alliez vous accrocher. -J’ai vraiment essayé, mais faire exploser pour la centième fois mon chaudron… ce n’était pas vraiment rentable pour le laboratoire. -Que comptez-vous faire alors maintenant ? -Chercher du travail, j’ai dit que j’allais tenir le coup Albus, il faut seulement que je trouve un travail où j’ai les capacités pour l’assumer. -Et si je vous demandais d’être professeur ? -En plein milieu de l’année scolaire ? -Ce n’est pas vraiment un emploi comme ceux des professeurs. Vous avez beaucoup moins d’heures, j’aimerais que vous preniez en charge une nouvelle option. -Laquelle ? -Duel. -Vous mettez en place une option ‘Duel’ ? -Oui, j’aimerais que les élèves apprennent et connaissent les règles élémentaires des Duels. Vous n’avez qu’une seule classe par année, ce qui vous fait 7 classes à gérer en sachant qu’ils n’ont que deux heures par semaine cette option. -Qu’est-ce que je ferais du reste de mon temps ? -Ce que vous voulez. -Vous m’offrez réellement ce poste ? -Je sais que vous savez manier une baguette, alors apprendre les règles du Duel devrait vous convenir parfaitement, pour la pratique je vous fais largement confiance en fonction du niveau des adversaires. -Merci, sourit Remus qui s’emmitoufla un peu plus dans la couverture qu’il était allé chercher un peu plus tôt. -Et surtout vous posséderez vos appartements à Poudlard, je vous vois donc à la fin de la semaine à Poudlard. -D’accord, Albus, d’accord, dit Remus en s’endormant comme un bienheureux.
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Harry comprit tout de suite pourquoi personne n’habitait cette maison, la gare qui était à côté faisait passer tous les trains juste à l’arrière de la maison, ce qui provoquait un bruit infernal tout le temps et en plus, lorsque les trains passaient, la maison tremblait légèrement. Mais pour Harry, tout ceci n’était qu’une question d’habitude et il ne passait pas vraiment toutes ses journées dans la maison, bien au contraire, il n’y passait que la nuit. La première chose qu’il avait fait en se réveillant le lendemain était d’aller acheter un duvet ou une grosse couverture, peut-être même les deux, si il devait vivre dans cette maison, autant de ne pas mourir de froid.
Il sortit de la maison en milieu de matinée et visita les boutiques avoisinantes, il avait tout de suite compris que les prix étaient plus chers dans Londres centre qu’ici, même s’il n’était pas si éloigné de Londres que ça. Lorsqu’il vit une petite boutique sympathique avec en vitrine plusieurs couvertures, il rentra sans hésitation.
« Bonjour, je peux t’aider ? -J’aimerais acheter une couverture, dit Harry. -Tu n’es pas avec tes parents ? Tu viens ici tout seul ? -Je suis un grand maintenant et ma tante elle m’autorise à aller chez vous tout seul, elle m’a dit que vous étiez gentille. -Ta tante a bien raison, qu’est-ce que tu cherches exactement comme couverture ? -Une qui me tienne chaud la nuit. -Oui je m’en doute bien mais ta tante ne t’a pas dit exactement ce qu’elle voulait que tu achètes ? -Si, une couverture pour que j’aie chaud la nuit, s’obstina Harry. -D’accord, répliqua la femme, prenant sur elle pour ne pas s’énerver contre ce gamin, et tu as combien sur toi ? »
Harry regarda rapidement les chiffres indiqués sur les différentes couvertures et comprit tout de suite qu’il ne fallait pas qu’il donne tout son argent à cette femme sinon il ne pourrait pas manger. Il sortit la monnaie qu’il avait eue avec son sandwich de la veille et la montra à la femme.
« C’est ce que ta tante t’a donné c’est ça ? -Oui, sourit Harry. -D’accord, et bien avec ça on ne va pas aller dans le haut de gamme. -C’est quoi ? -De quoi, c’est quoi ? -Le haut de gamme, ça veut dire quoi ? -Ca veut dire que c’est cher, vu l’argent que tu as, tu n’auras qu’une couverture normale. -Oui mais une chaude n’est-ce pas ? -Bien sûr, répliqua ironiquement la femme. -Alors je peux avoir quoi avec ça ? demanda Harry en montrant toute sa monnaie. -Eh bien tu peux avoir cette couverture-là, dit-elle en montrant une couverture en fond de magasin. -Mais je ne vais pas avoir froid hein ! -Non, répliqua la femme. »
Harry sortit du magasin avec sa couverture, il eut même du mal à la transporter jusqu’à la maison. Lorsqu’il y arriva, il la plaça sur son petit matelas et sembla satisfait du résultat. Ne voulant pas rester dans cette maison toute la journée, il décida de repartir dans Londres pour manger et en apprendre plus sur cette si belle ville. Les premiers jours de vie seul, Harry se sentit vraiment libre et heureux, exactement comme il l’avait imaginé mais la réalité le rattrapa un peu trop vite. Au bout d’une semaine, il ne restait à Harry que très peu d’argent, juste de quoi manger encore deux jours au grand maximum. Ce qu’il faisait afin de pouvoir manger était d’acheter un fruit ou un paquet de gâteau pas très cher et quand le gérant ne regardait pas, il mettait un paquet de chips, du jambon ou des sandwiches dans son sac. Ce stratagème allait lui permettre d’avoir un peu plus de nourriture… enfin tant qu’il aurait de l’argent pour faire croire qu’il achetait qu’un fruit. Il faisait toujours ce coup chez le même épicier et ce dernier n’était pas idiot, il comprit très vite la combine de l’enfant.
« Je pourrais voir ton sac gamin ? -Pourquoi… ? demanda timidement Harry. -Parce que depuis que tu viens chez moi, je constate que certains produits disparaissent. »
Complètement paniqué, Harry laissa la pomme sur le comptoir et fila aussi vite qu’il put dans la rue, rouge et honteux de lui-même, Harry regarda les dernières denrées qu’il avait réussi à voler. Il n’avait plus qu’à recommencer dans une autre épicerie. Au bout de deux semaines, son stratagème ne pouvait plus fonctionner, il ne possédait plus rien, pas même une petite pièce, le temps commençait déjà à se refroidir et Harry constata rapidement que la fine couverture que la femme lui avait vendue n’allait pas lui tenir aussi chaud qu’elle le lui avait promis.
Au bout d’un mois dans les rues, Harry commençait à souffrir de la faim et son hygiène était carrément nulle. De temps en temps, il arrivait à se débarbouiller le visage au passage de quelques fontaines mais jamais il n’avait réussi à se laver entièrement. Harry avait aussi compris que le meilleur endroit pour avoir à manger était le grand marché de Londres, il y en avait dans certains quartiers et là Harry pouvait être sûr de voler assez de nourriture pour manger pendant deux jours. Lorsque les marchands partaient à la fin de la journée, certains laissaient des cageots de fruits ou de légumes puisqu’ils étaient perdus, trop mûres pour être vendus la semaine prochaine. Harry adorait piquer à ce moment-là assez de nourriture. Il avait vite compris où se trouvait les marchés et comment voler sans trop se faire repérer. Le plus dur pour manger était en fait les jours où aucun marché n’était installé, généralement en début de semaine. Il était obliger de voler dans les boutiques et là sa technique n’était pas encore vraiment au point.
Flash-back
Harry venait de se réveiller et comme tous les matins, son ventre réclamait son dû, le seul problème du garçon était qu’il avait fini ses provisions du marché la veille au soir. Il se leva, prit son sac à dos et partit pour une longue journée dans Londres. En milieu de matinée, trouver de la nourriture semblait de plus en plus vital et il savait hélas qu’aucun marché n’avait lieu le lundi. Il se décida à rentrer dans un grand magasin, pour ne pas être rejeté à l’entrée, il se cachait toujours derrière une femme avec plusieurs enfants… c’était une technique qui avait fait ses preuves, jamais il n’avait été refoulé en l’utilisant. Il alla directement au fond du magasin, ouvrit son sac et fourra quelques paquets de chips et des sandwichs. Se calant derrière une autre jeune femme pour sortir, il se fit attraper par son pull par celui qui se trouvait il y a quelques secondes derrière la caisse.
« Où crois-tu aller jeune homme ? -Dehors, tenta Harry sachant qu’il venait d’être pris la main dans le sac. -Avec la moitié de mon magasin dans ton sac… tu te crois où espèce de clochard ?! »
L’homme lui arracha son sac, l’ouvrit et reprit toute ses marchandises.
« Si jamais je te revois dans mon magasin, j’appelle la police, les garnements comme toi, on devrait leur faire passer la journée en prison pour qu’ils apprennent à ne plus embêter les honnêtes gens comme moi. »
Pendant que le caissier lui criait dessus, Harry essayait de comprendre comment il avait fait pour le repérer alors qu’il s’était bien planqué au fond du magasin. Il leva les yeux vers le caissier qui était rouge de colère, comme son oncle, et vit derrière lui un miroir qui permettait de voir le fond du magasin. Harry comprit tout de suite son erreur. Il sortit en courant du magasin, se promettant qu’il ne ferait pas deux fois la même erreur.
Fin du Flash-back
Pour ne pas être trop repéré dans un seul quartier, il avait l’habitude de découvrir chaque jour un quartier différent de Londres et jamais il n’avait été déçu par ses découvertes. La plus belle étant celle du palais de la reine, il avait écouté un guide qui expliquait que la famille royale vivait dans ce palais. Harry n’arrivait pas vraiment à imaginer qu’une seule famille puisse vivre dans un endroit aussi grand. Il était ensuite remonté par le grand parc, le plus dur pour lui était de voir des gens boire et manger alors que lui peinait pour manger un tout petit rien. Il en avait été écoeuré mais plusieurs fois, il avait fouillé les poubelles en essayant que personne ne le remarque. Il avait remarqué dans les rues que certaines personnes étaient aussi pauvres que lui et allaient même jusqu’à demander de l’argent aux gens, plusieurs fois Harry avait été tenté d’aller voir ses personnes et leur parler… peut-être aussi leur demander où ils allaient se laver puisque lui-même ne savait pas. Mais pour le moment, Harry n’avait pas vraiment besoin de mendier, il avait toujours trouvé la combine afin d’avoir un peu de nourriture par jour.
Lorsqu’Octobre arriva, le temps se dégrada sensiblement, le temps devenait de plus en plus souvent pluvieux, ne permettant pas à Harry d’avoir souvent des affaires sèches ; à force d’être toujours mouillé, il finit par être malade. Il n’arrêtait pas d’éternuer et restait le plus souvent dans la maison abandonné. Il ouvrait souvent son livre de classe et regardait les lettres sans jamais pouvoir lire un seul mot. Après l’histoire du placard, il n’avait jamais essayé à nouveau d’utiliser le mot magique, il n’en n’avait pas eu besoin.
Mais aujourd’hui, il en avait vraiment besoin pour sécher ses affaires et avoir chaud pour la nuit. La maison possédait d’énormes trous dans le toit, ce qui avait pour conséquence de laisser passer l’eau abondamment. La seule pièce épargnée était celle où Harry avait installé son vieux matelas. Il se déshabilla complètement, mit bien à plat ses affaires par terre et s’enroula dans sa petite couverture. Il grelottait, il n’avait jamais pris conscience du fait qu’il faisait aussi froid en Octobre.
« Allez Harry concentre-toi… il faut que tu y arrives. Abracadabra, murmura-t-il en pointant son petit doigt vers ses vêtements. »
Il ne se passa rien du tout, les vêtements étaient toujours aussi mouillés et lui encore plus fatigué mais il se força à rester éveillé. Au bout d’une heure d’intense effort couronné d’aucun succès, il s’endormit comme une masse en ne pensant qu’à une seule chose… avoir chaud. Sans qu’il n’en ait conscience, un fin halo de chaleur l’entoura et il arrêta de grelotter.
Le lendemain matin, Harry se sentit tellement bien qu’il ne voulut ouvrir tout de suite les yeux. A mesure qu’il se réveillait, le halo disparaissait, si bien que lorsqu’il ouvrit enfin les yeux, il n’y en avait aucune trace. Harry toucha ses vêtements et constata que ces derniers étaient toujours humides, la chaleur de la pièce ne les ayant pas séchés beaucoup. Heureusement pour lui, il avait réussi à stocker assez de nourriture pour toute une journée. Les jours passaient et Harry continuait l’exploration de cette fabuleuse ville tout en prenant soin d’éviter certains quartiers, il avait bien compris que certaines personnes possédaient leur territoire et malheur à ceux qui venaient empiéter dessus, Harry ne s’y était jamais risqué.
Plusieurs fois aussi, il avait réussi à se faufiler dans un groupe de touristes et écouter ce que racontait le guide, il apprenait ainsi ce qu’il ne pouvait pas apprendre en classe, enfin ce n’était pas non plus un vrai cours d’histoire mais cela lui permettait de comprendre certains faits historiques très importants. Mais ce qu’Harry voulait le plus au monde était de pouvoir rentrer au moins une fois dans le grand zoo de Londres, il était arrivé une fois devant et avait demandé à une dame ce qu’était ce bâtiment.
« Mais c’est le zoo mon garçon. -A quoi ça sert ? -Eh bien, c’est pour visiter, il existe beaucoup d’animaux qui sont à l’intérieur du zoo et on visite chacune des cages. -Ils sont tous dans des cages ? -Oui mais elles sont aménagées en fonction de leur besoin. -Ca veut dire quoi ? Demanda Harry. -Ca veut dire que pour les singes, il y a des arbres dans lesquels ils peuvent grimper, les hippopotames ont un bassin pour se baigner parce qu’ils vivent beaucoup dans l’eau et les serpents, une cage où il fait très chaud parce qu’ils ont besoin de chaleur. -Mais, ils doivent être triste d’être toujours enfermés, on est toujours très triste quand on est enfermé vous savez. »
Après cette tirade, la vieille femme réajusta ses lunettes et regarda de plus près le petit garçon qui lui posait toutes ces questions. Son aspect pauvre et sa saleté eut raison de la vieille qui s’éloigna promptement du garnement des rues. Harry constatant que la vielle femme n’allait plus lui parler, s’éloigna du grand bâtiment en se promettant d’y entrer un jour. Il déambula dans les différentes rues de la ville sans vraiment faire attention à la direction qu’il suivait. Lorsqu’il remarqua l’endroit qu’il ne connaissait pas, il voulut faire demi-tour mais son regard capta plein de petits tas au pied des immeubles et des maisons. Il vit tout de suite qu’il n’était plus du tout dans le centre de Londres et apparemment, c’était le jour des grosses ordures, oncle Vernon jetait de temps en temps des vieux meubles ou les jouets cassés le jour des grosses ordures. Il remarqua des meubles cassés, des chaises éventrées, des matelas avec des ressorts qui perçaient le tissu. Son regard capta tout de suite la vieille couette éventrée qui traînait à côté d’un petit four cassé. Il saisit la couverture et s’éloigna le plus possible de la rue. Heureux de sa trouvaille, il rentra le plus rapidement possible dans la petite maison afin d’y déposer son petit trésor. Il se promit à l’avenir de connaître le moment exact du passage des grosses ordures.
Le mois se passa sans trop de problème, Harry ayant plusieurs techniques de vol qui marchaient plus ou moins bien. La meilleure restant celle du marché sans conteste. Certains marchands étaient même habitués à le voir roder près des cageots quand ils partaient mais personne n’avait le cœur à gronder un enfant de six ans qui essayait seulement de se nourrir correctement.
Harry commençait à voir que les rues se décoraient avec des citrouilles, des fantômes, toutes les boutiques semblaient vendre des costumes, bonbons et décorations en l’honneur de cette fête, Harry connaissait Halloween. Enfin, il connaissait cette fête du point de vue de son placard, plusieurs fois il avait vu Dudley partir déguisé avec un sac vide et revenir avec un gros sac plein de bonbons. De même, Harry savait que les enfants sonnaient aux portes des voisins pour demander des bonbons, il espérait donc cette année qu’il puisse lui aussi participer à cette fête.
Après avoir fouillé plusieurs rues le jour de passage des grosses ordures, il trouva un vieux drap sale, troué et particulièrement moche mais qui selon lui ferait l’affaire. En agrandissant le trou, il arriva à faire passer sa tête au travers et se retrouva ainsi dans un magnifique costume de fantôme, enfin magnifique pour lui bien entendu.
Harry attendit tranquillement sur sa place favorite, la place des lions, avec son costume dans son sac. Quand les gens le voyaient, plusieurs avaient un geste de recul et Harry savait que c’était à cause de l’odeur qu’il dégageait, cela faisait tellement longtemps qu’il n’avait pas eu l’occasion de se laver entièrement. La seule chose qu’il arrivait à faire était de se débarbouiller le visage et le cou. Lorsqu’il vit enfin des enfants dans les rues, il sourit et sortit son costume de fantôme. De cette manière, on ne voyait pas l’état de ses vêtements et il se lava la figure dans la grande fontaine sur cette même place. Il s’essuya bien avec son drap et resta en arrière d’un groupe d’enfant. L’adulte qui les accompagnait remarqua tout de suite le petit garçon dans son drap tout sale et alla lui parler.
« Tes parents ne t’accompagne pas ? -Ma tante n’a pas le temps et mon oncle est malade alors je fais Halloween tout seul, dit-il en baissant la tête, jouant aux enfants timides. -Tu n’as qu’à te joindre à nous dans ce cas-là. -C’est vrai ? demanda Harry en souriant gentiment à la jeune dame. -Oui, tiens, je te donne même mon petit sac plastique pour que tu récoltes beaucoup de bonbons. »
Harry prit le sac plastique et lui fit un timide sourire. Cela faisait longtemps qu’il avait compris comment il fallait agir avec les différentes personnes. On n’agissait jamais de la même façon et Harry était passé maître dans l’art de faire le timide ou le rebelle, son seul problème restait toujours le même : il ne savait pas lire et en cela, il ne pouvait pas apprendre de nouvelles connaissances qui pourraient lui servir dans les rues.
« Des bonbons ou des farces, crièrent les gamins lorsque la première porte d’entrée fût ouverte. -Je crois que je préfère vous donner des bonbons… vous me faites froid dans le dos, répondit une vieille femme en rigolant. »
Elle sorti un grand saladier rempli de bonbons et en distribua à chacun. Harry comprit très vite la combine et bientôt tout le groupe se retrouva avec un sac rempli de bonbons. La soirée se passa très vite. Lorsque le groupe se disloqua et que les enfants repartirent chez eux, Harry continua tout seul mais à cette heure-là, les gens avaient déjà distribué tous leurs bonbons.
« Des bonbons ou des farces, tenta Harry à une dernière porte. -Il est un peu tard pour cela mais il me reste quand même quelques derniers bonbons, je suis bien trop vieille pour en manger. -On n’est jamais assez vieux pour en manger, rigola Harry. -Tu as raison bonhomme mais je te les laisse. »
Elle renversa les quelques bonbons qui lui restaient dans le sac d’Harry qui était maintenant plein à craquer.
« Eh bien, faudra que tu te brosses bien les dents après tous ces bonbons. Tu n’as personne avec toi ? -Si, mentit Harry, ma tante m’attend au bout de la rue, je crois qu’elle est fatiguée, plaisanta Harry. Elle se plaint tout le temps. -Les vieilles personnes ne sont plus aussi vigoureuses que les jeunes tu sais, tu devrais être plus gentil avec ta tante. -Oui, répondit Harry pour faire plaisir à la vieille. »
Il quitta la maison et partit tout joyeux d’avoir enfin de quoi manger pendant quelques temps. Il ne remarqua pas que la vieille dame n’avait pas fermé sa porte et qu’elle l’observait toujours. Elle constata que le jeune garçon lui avait menti, il n’y avait personne qui l’attendait. Elle resta songeuse un moment puis referma la porte en pensant que certains parents ne s’occupaient vraiment pas assez de leurs enfants.
A suivre... |