Chapitre 2

"L'homme naît seul, meurt seul, reçoit seul la récompense de ses bonnes actions et seul la punition de ses méfaits."

Tom fut réveillé par un petit toussotement. Une petite elfe de maison, assez jeune et plus présentable que l'elfe qu'il avait vu la veille était au pied de son lit. Elle portait un plateau d'argent sur lequel trônait une grosse théière, une tasse, du sucre et une belle assiette contenant du bacon et des œufs.

- Le déjeuné de monsieur Tom Jedusor, monsieur.
- Qui m'a fait monter tout ça? demanda Tom peu habitué à être servi au lit.
- C'est mademoiselle la sœur du conte, monsieur.
- Altena?
- Oui, monsieur.

Sur la pointe des pieds et du bout des doigts elle fit glisser le plateau sur la table de chevet. Tom s'assit dans son lit, s'appuya contre les oreillers et posa le plateau sur ses genoux. La petite elfe fit le tour du lit et ouvrit les grands rideaux. Une forte lumière blanche entra dans la pièce. La chambre de Tom donnait sur le parc derrière le château, tout était couvert de neige, on distinguait difficilement un petit chemin qui se perdait dans les bois, un petit étang gelé, une écurie, un puits.

- Est-ce que monsieur a besoin de quelque chose? demanda la petite créature en s'inclinant.
- Non, je ne crois pas.
- Mademoiselle la sœur du conte vous a fait apporter des vêtements propres monsieur, dit l'elfe d'une voix aigue en désignant une robe de sorcier et des chaussettes pliées sur une commode. Elle vous attend dans la grande bibliothèque de l'aile nord quand vous serez prêt, monsieur.
- Dis-lui que j'arrive dans peu de temps.
- Bien monsieur, dit l'elfe en s'inclinant bien bas avant de disparaître.

Tom avala son petit déjeuner, s'habilla de l'épaisse robe de velours bleue nuit qu'on lui avait préparée et descendit dans la bibliothèque de l'aile nord qu'Altena lui avait fait visiter la veille.

Sur la grande table au centre de la pièce, qui paraissait minuscule au milieu des hauts rayons, il y avait plusieurs piles de livres.

- Ah Tom! Tu es là!

Altena émergea d'une petite porte dans un coin de la pièce, ses longs cheveux étaient attachés en queue haute et des flocons de neige y étaient accrochés.

- Est-ce que tu as bien dormi? demanda-t-elle en enlevant ses gants de peau et son long manteau noir fourré.
- Oui, merci de m'avoir fait monter le petit déjeuner.
- Dana? appela-t-elle.

La petite elfe qui avait servi Tom plutôt apparut.

- Oh mademoiselle est revenue! Dana est rassurée!
- Peux-tu m'amener une serviette pour sécher mes cheveux avant que la neige fonde? demanda la jeune femme en confiant son manteau et ses gants à l'elfe.
- Oui mademoiselle, monsieur le conte a-t-il trouvé les trolls, mademoiselle?
- Non toujours pas, il est parti à cheval, mais le terrain est glissant, il risque de revenir bredouille...

L'elfe disparut et réapparut presque aussitôt en tendant une serviette à Altena.

- Merci Dana, demande à Moki de faire du thé.

Puis elle s'approcha de Tom et désigna les livres sur la table.

- J'ai sorti tous les livres qui traitent de magie noire et plus particulièrement des différente façon d'obtenir l'immortalité ou la longévité. Regarde dans ces piles, si tu trouves celui que tu cherches. Je t'en amènerai d'autres au cours de la journée si tu n'as pas trouvé.

Tom s'approcha de la table et commença à examiner le premier livre d'une grosse pile.

- Vous avez des problèmes avec un troll?
- Avec trois trolls en fait, ils résistent aux sortilèges qui protègent le château et nous avons peur qu'ils finissent par attaquer l'écurie pour manger les chevaux. Mon frère essaye de les tuer mais c'est difficile avec toute cette neige.

Tom resta debout pour examiner un par un et en détail chaque livre des quatre grosses piles. Altena s'assit à côté de lui, détacha ses cheveux et les sécha. Moki, le petit elfe de maison rabougri qui avait ouvert la porte à Tom la veille apparut avec une théière et deux gobelets d'argent qu'il posa sur la petite table de la bibliothèque à côté de la cheminée.

Un par un Tom écartait les livres qu'il feuilletait. Il ne trouvait pas ce qu'il cherchait. Même pas un indice ou une évocation. Dans son champ de vision il lui semblait qu'Altena le regardait. Tom avait parfaitement conscience d'être charismatique, à Poudlard déjà il y avait beaucoup de filles qui s'intéressaient à lui et il avait refusé de nombreuses propositions de sorties au Pré-au-lard ou de dance aux bals de Noël. Au bout d'un moment il se tourna vers elle et la surprit effectivement en train de le regarder, elle ne détourna pas les yeux pourtant, ses yeux bleus glaces soutinrent son regard. Tom s'appliqua alors à faire son plus beau sourire, celui qui réduisait systématiquement au silence Bellatrix et qui la rendait toute rouge. Elle lui rendit un sourire sincère, beau et lumineux qui éclairait son visage. Elle avait l'air d'une princesse de conte de fées, de celles de ces histoires moldues qu'on lui avait raconté petit à l'orphelinat. Tom croisa son regard, brillant et transperçant et il baissa les yeux, intimidé. Il avait été à deux doigts de rougir et était furieux de s'être fait avoir par un stupide sourire.

- Tu ne trouves pas qu'il lui ressemble? demanda Altena à Dana en lui tendant la serviette. A Salazar.
- Est-ce que mademoiselle veut parler du portrait du vénérable Salazar Serpentard, mademoiselle?
- Oui celui qui est dans la galerie de l'aile ouest.

Dana observa Tom un moment.

- Oui, mademoiselle a raison, les Serpentard d'Angleterre ont le même regard mademoiselle.
- Il y a un portrait de Salazar ici? demanda Tom en faisant attention de ne plus croiser les yeux d'Altena.
- Oui, un portrait de quand il était jeune, il était très séduisant.
- Est-ce que je pourrais le voir?
- Oui bien sûr. Je te le montrerai tout à l'heure. Je dois aller donner les ordres en cuisine pour le repas de midi. Continue à chercher ton livre. Dana, reste avec lui. Remet les livres à leur place quand Tom a fini d'y jeter un coup d'œil.
- Bien mademoiselle.

Tom la regarda sortir et nota qu'elle était élégante et gracieuse, elle se tenait droite et avait le port majestueux et fier des sang purs. Il replongea dans ses recherches en pensant que c'était au nom de cette grâce et de cette supériorité qu'il se battait. Il élèverait les sorciers, il élèverait les hommes en général. Il ne garderait que les meilleurs, les plus purs, les plus beaux, les plus puissants. Chez les sorciers de demain, il n'y aurait plus de sang-mêlé, plus de faiblesse, il ne garderait que la quintessence.

Tom passa la matinée sur les grosses piles de livres, sans obtenir de succès, il termina de feuilleter le dernier livre de la dernière pile qui traitait des différents sortilèges potentiellement mortels, dont un particulièrement intéressant qui faisait se déchirer les vaisseaux qui irriguaient le cerveau et noyait la victime dans son propre sang. Il retenait la formule quand Altena entra.

- Tu n'as pas trouvé?
- Non, on aura sûrement plus de chance cet après midi, répondit Tom qui ne perdait pas espoir.
- Et si tu me disais ce que tu cherches plutôt?

Tom la dévisagea surpris, elle avait un regard suspicieux comme si elle se doutait de quelque chose.

- Ne fait pas l'innocent tu as l'air de savoir précisément ce que contient ce livre. On perdrait moins de temps si tu me disais ce que tu sais.

Tom réfléchit quelques instants, ça valait peut être la peine de le lui dire. Il referma l'ouvrage qu'il avait entre les mains et le tendit à Dana.

- C'est un livre qui décrit en détail la technique de création des Horcruxes, dit-il enfin en la regardant dans les yeux.

Elle ne bougea pas. Est-ce qu'elle savait seulement ce qu'était un Horcruxe, se demanda Tom. Puis elle baissa les yeux vers Dana qui s'était approchée d'elle.

- Tu ne diras rien de cette conversation à mon frère Dana, c'est d'accord?

- Oui, madame, répondit l'elfe en baissant les oreilles, inquiétée par la soudaine gravité dans la voix de sa maîtresse.

- Tu es un idiot Tom, crois-tu vraiment que Salazar Serpentard aurait laissé un livre traitant d'un sujet aussi terrible traîner au milieu de nos grimoires de sorts, de nos livres de cuisine et de nos romans de chevalerie?

Tom ne répondit rien, il n'arrivait pas à déterminer si elle était en colère, ou juste agacée, ou si elle se moquait de lui.

- Allez suis-moi, je pense que je sais où est ce livre. Dana, fait servir son repas au conte quand il arrivera et dis-lui que je suis partie faire visiter l'aile ouest et la chapelle à notre invité.

Elle sortit sans attendre la réponse de l'elfe de maison, Tom la rattrapa en quelques enjambées. Il la suivit à travers un long couloir, un escalier aux marches usées et un autre couloir rempli de tableaux, de tapisseries et de bannières fixés aux murs de pierre. Arrivée au milieu du couloir, à hauteur d'un tableau représentant un homme d'à peine trente ans à l'air malicieux, elle s'arrêta.

- C'est lui Salazar, dit-elle en désignant l'homme au regard vert qui souriait à Tom.

- Bonjour Altena! s'exclama le tableau avec bonne humeur.

- Bonjour professeur Salazar, je suis accompagnée de Tom Jedusor, un de vos descendants en Angleterre.

- Bonjour professeur, dit Tom, une expression admirative sur le visage.

- Je suis enchanté mon garçon.

- Nous cherchons un livre que vous avez sans doute laissé ici avant de mourir, un livre qui explique la création des Horcruxes. Est-ce qu'il est dans votre laboratoire sous le cimetière?

- La création des Horcruxes? il réfléchit un instant. Ha! Très juste! Tu as l'esprit vif Altena, comme ta mère. J'ai laissé Le Livre des âmes brisées dans mon laboratoire. Décroche le miroir sans reflet, le livre est caché derrière.

- Merci professeur, dit Altena qui s'apprêtait à partir.

- Mais bien évidemment, un livre comme celui-ci ne doit pas être lu par n'importe qui. Il est codé!

Altena s'arrêta et lui lança un regard par dessus son épaule.

- Vous ne nous donnerez pas le code, hein?

Salazar laissa échapper un grand rire un peu fou qui résonna dans le couloir au plafond haut.

- Ma chère Altena, l'expérience est une lanterne que l'on porte sur le dos et qui n'éclaire jamais que le chemin que nous avons parcouru!

- Je me doutais que vous diriez quelque chose comme ça, soupira Altena, ça n'a pas d'importance, nous le traduirons sans votre aide. Merci de nous avoir indiqué l'endroit où il se trouve.

- Bonne chance! s'exclama Salazar en riant.

Altena guida Tom jusqu'à une grande porte. Elle jeta machinalement un sort de chaleur à ses vêtements et à ceux de Tom puis elle ouvrit la porte, d'un coup de baguette sur la poignée et ils descendirent les marches enneigée qui donnaient sur un grand champ au bout duquel se dressait une petite chapelle entourée d'un cimetière.

Ils avancèrent difficilement dans la neige épaisse, Altena ouvrit le portillon du cimetière qui grinça et ils marchèrent au milieu des tombes de la famille Serpentard et de leurs elfes de maison. Une fois devant la chapelle, la jeune fille murmura quelques mots en agitant sa baguette et la porte de bois s'ouvrit, révélant un intérieur glacial et sombre. Les carreaux de marbres blancs et noirs claquèrent au contact des bottes de la sorcière. Tom entra derrière elle et fut émerveillé. Les vitraux des quatre fenêtres représentaient de nobles sorciers, l'un tenant une baguette, l'autre brandissant une épée, le troisième éclairé de la lumière de la connaissance et le dernier tenant enroulé entre ses mains, un serpent se mordant la queue, symbole de l'éternité. Contre le mur du fond se tenait la statue d'une femme très belle portant un enfant et autour de laquelle s'enroulait un serpent.

- C'est Iselda Serpentard, expliqua Altena, la première Serpentard à avoir parlé fourchelang. C'était une très grande sorcière, mais elle a tué les moldus qui avaient assassiné son mari et sa baguette lui a été retirée sur ordre de la justice des sorciers de son époque. L'Eglise moldue l'a poursuivie parce qu'elle était une sorcière. Avant d'être prise, elle a sauvé son fils, Vikenti, en le confiant à des serpents qui l'ont protégé. Iselda a été brûlée vive par les moldus, aucun sorcier ne lui ait venu en aide. Vikenti est devenu un sorcier aussi puissant que sa mère et il a juré de toujours mépriser les moldus, de ne jamais se laisser souiller par eux. Notre famille est liée à l'engagement de Vikenti. Jamais le sang magique ne doit être mêlé aux moldus, jamais le sang magique ne doit naître des moldus. Les sang-de-bourbes sont un danger pour les sorciers de sang pur parce qu'ils seront toute leur vie influencés par la faiblesse et la cupidité de ceux qui n'ont pas de pouvoirs.

Altena se retourna pour faire face à Tom.

- Est-ce que tu connais la devise de notre famille?

Tom secoua la tête en signe de dénégation.

- "Excellence du Sang. Prééminence du Cœur." Ca signifie que le sang magique ne doit pas être souillé, mais que plus important encore, le cœur doit être pur. Ca veut dire qu'il faut considérer avec sagesse, qu'un sang pur qui aime les moldus, vaut moins qu'un sang-de-bourbe qui sait s'en méfier.

Tom acquiesça. Il avait la tête qui tournait. Ses rêves, ses désirs, ses projets, tout lui semblait plus proche, plus clair, plus réalisable qu'il ne l'avait jamais été. Altena leva sa baguette d'une main et la pointa vers la paume de son autre main.

- Vulnus!

Une entaille apparue à la place de sa ligne de vie et plusieurs gouttes de sang tombèrent sur le sol de la chapelle. Il eut alors une sorte de tremblement et le sol au pied de la statue d'Iselda disparut pour faire place à un escalier qui s'enfonçait dans les ténèbres.

- Le sang était la clef qui ouvrait le passage? s'exclama Tom émerveillé de l'ingéniosité du mécanisme.

Elle lui sourit tout en refermant la plaie de sa main de la pointe de sa baguette.

- Prêt à devenir immortel?

Tom lui rendit son sourire et suivit le velour de sa robe rouge qui glissait le long des marches de marbre blanc.

A suivre...

Ecriture achevée le 24/08/2009