Chapitre 7

"L'homme naît seul, meurt seul, reçoit seul la récompense de ses bonnes actions et seul la punition de ses méfaits."

Le vent qui hurlait sur la mer avait l'intonation déchirante d'une plainte de douleur sourde. Tom et Altena, effrayantes ombres filiformes, progressaient lentement le long de rochers pointus et glissants. Le paysage était sinistre. Une mer noire comme un gouffre infernal lapait les falaises de ses multiples langues sombres et glaciales. Seuls deux traits de lumière échappés des baguettes des deux sorciers trouaient l'obscurité, éclairant leurs visages blancs. Les deux fantômes stoppèrent leur descente lorsqu'ils arrivèrent à la hauteur de l'entrée d'une cavité profonde où bouillonnait la même eau noire menaçante. Ils éteignirent leurs baguettes et les ténèbres affamées les happèrent. Le soleil était couché depuis près d'une heure et seule la lune, ronde et pâle comme une étoile éteinte, brillait encore d'une faible lueur argentée. Lentement les deux ombres s'enfoncèrent dans l'encre noire. Leurs longues capes flottèrent autour d'eux comme la traîne fantomatique de deux spectres lugubres et ils disparurent au fond de la crevasse.

Tom était entré le premier et nageait le long du tunnel obscur en se guidant au toucher le long des parois visqueuses. Il n'avait pas besoin de lumière, il se souvenait parfaitement du tunnel, de l'odeur d'algues et de sel. Lorsqu'il était venu la première, les deux enfants qui le suivaient étaient terrorisés. Il les avait menacés de les jeter à la mer s'ils ne le suivaient pas dans la caverne. Ils avaient presque failli se noyer dans le tunnel. Altena ne faisait pas tant d'histoires. Elle le suivait à tâtons sans poser de question. Elle s'était accrochée à son bras pour ne pas le perdre. Elle le ralentissait mais il ne se dégagea pas. Le contact de son corps lui tenait chaud dans l'eau glacée.

Enfin ils arrivèrent au bout du tunnel. Tom mis le pied sur les rochers qui formaient des marches et émergea de l'eau. Il entraîna Altena hors de l'eau et l'aida à se hisser jusqu'à la roche. Elle sécha leurs vêtements trempés et Tom alluma sa baguette. L'air était froid et immobile. Des volutes de vapeur s'échappaient de leurs deux bouches tandis qu'ils reprenaient leur souffle.

Quelque chose dans l'air frappa Tom. Il y avait une odeur de chien mouillé dans la caverne. Une odeur forte d'animal. Peut-être qu'une bête avait fait de cette caverne sa tanière? Si c'était le cas il faudrait l'en déloger. Mais quand même quel animal pourrait arriver jusque là? Altena fronça le nez. Elle aussi l'odeur sembla la gêner.

- Ca sent bizarre, souffla-t-elle.

- Avançons, nous ne sommes plus loin.

Il attrapa machinalement sa main et avança dans la petite caverne jusqu'au grand trou dans la roche qui formait une entrée. L'univers immobile qui se tenait derrière semblait retenir son souffle. L'endroit était parfaitement identique à ses souvenirs. Le temps n'avais pas cours ici, il était suspendu, s'était gelé au dessus de l'eau noire comme un disque de jais. C'était comme si la toute première seconde n'avait pas encore fini de s'écouler. Des stalactites pointaient vers le sol comme des lames menaçantes. Comme le sable d'un sablier qui aurait commencé à couler puis se serait figé. Le silence était troublé par le son des gouttes d'eau qui perlaient le long des parois et par le bruit plus lointain du vent. Le son du ressac résonnait comme des coups de tonnerre étouffés. L'air était froid, humide et salé, il brûlait la gorge. La mauvaise odeur persistait. Tom avança jusqu'au bord de l'eau.

- Comme c'est beau, murmura Altena.

Il se tourna vers elle et lui sourit. Ses yeux verts brillèrent dans l'obscurité, son visage pâle était serein et satisfait. Il ne savait pas pourquoi il se sentait heureux d'être revenu près de ce lac souterrain. Altena tendit la main vers son visage. Autour d'eux, dans plusieurs coins de la caverne, des lumières s'allumèrent. Faibles et sombres, luisant comme des flammes funeste. L'odeur putride augmenta, soufflée sur eux dans un râle rauque. La main fine d'Altena se figea avant d'atteindre la joue de Tom. Ils tournèrent chacun la tête dans une direction différente. Les lueurs inquiétantes les regardaient. Des griffes crissèrent sur la roche humide de la caverne. D'immenses gueules s'entrouvrirent, laissant voir des dents aiguisées.

- Des loups-garous! s'exclama Tom en pointant la lumière sur eux.

Altena sortit également sa baguette.

- Il y en a deux de ce côté, dit-elle sans quitter les bêtes des yeux.

- J'en vois deux aussi de mon côté, répondit-il. Avada kedavra!

L'éclair de lumière fondit vers la bête qui l'esquiva au dernier moment. Le loup-garou courut alors dans la direction de Tom qui lança un deuxième sort lorsque la créature fut trop proche pour qu'il puisse la louper. La bête s'effondra dans un bruit sourd aux pieds de Tom. Comme si un signal avait retentit, les autres loups-garous se jetèrent en même temps sur eux. Altena recula d'un pas et son pied entra dans l'eau, elle jeta un sort dans la direction des deux bêtes qui fonçaient sur elle mais elles l'esquivèrent d'un bond. Tom abattit le second loup-garou qui courrait dans sa direction d'un sortilège informulé. La créature s'écrasa lourdement sur le sol et son corps fut parcourut de violentes secousses. Altena envoya un autre sort toujours en reculant dans l'eau. Le sort fit une profonde blessure au flanc du loup-garou le plus proche qui poussa une plainte sourde. Tom jeta un sort à l'autre bête en s'enfonçant aussi dans l'eau. La créature esquiva. L'eau leur arrivait à la taille. Le loup blessé entra dans l'eau. Il nageait vite, Altena lui envoya un second sort qui le frappa en pleine tête. Il se raidit, et coula lentement. Altena et Tom reculaient encore, ils perdirent pieds et durent se mettre à nager. Une boule d'angoisse enfla dans la poitrine d'Altena. Reculer ainsi dans l'eau lui donnait la terrible sensation de s'enfoncer dans un piège. Le visage de Tom était fermé et concentré. Il tenta de lancer un sort au loup-garou restant au moment où celui-ci s'enfonçait dans l'eau.

Le sort siffla au dessus de la surface troublée du lac et s'écrasa contre la paroi de pierre dans un bruit de détonation. La créature ne refit pas surface. Altena plongea sa baguette dans l'eau pour éclairer les abysses. On ne distinguait pas le fond. Ils continuèrent de nager en reculant, scrutant l'eau autour d'eux d'une manière frénétique à la recherche de la créature qui pouvait surgir de n'importe où. Ils avaient dépassé la moitié du lac. Le froid glacial de l'eau raidissait leurs membres, la panique engourdissait leurs cerveaux, l'air glacé brûlait leurs poumons. Ils avaient le souffle court et leurs vêtements trempés les tiraient sans cesse vers les profondeurs.

Quelque chose de vif bougea dans le halo de lumière et disparut sur la gauche. Altena essaya de le suivre de sa baguette mais le perdit. Soudain il y eut un mouvement sous leurs pieds, comme si l'eau avait été aspirée. Au moment où ils baissaient la tête, ils virent la créature foncer droit sur eux, les griffes dehors et la gueule ouverte sur des dents longues comme des couteaux. Elle s'était propulsée depuis le fond du lac et arrivait très vite. Altena réagit la première et envoya un sort dont la lumière bleue fendit l'eau d'une manière surnaturelle. Tom lança un sort juste après elle. La bête fit un mouvement pour échapper à la lumière éblouissante qui passa à quelques centimètres de sa tête, mais elle ne vit pas à temps la lumière rouge sombre du sort de Tom. Le sort s'abattit sur la poitrine de l'animal qui fut repoussé vers le fond du lac par la violence de l'impact.

Ils restèrent immobiles quelques instants. Les yeux toujours fixés sur l'endroit où la bête était apparue. Leurs cœurs battaient à toute vitesse. Leurs respirations saccadées résonnaient autour d'eux. Tom se ressaisit et attira Altena contre lui. Puis ils nagèrent ensemble vers une sorte d'îlot formé par un rocher qui émergeait du lac. Altena grimpa la première, s'agenouilla sur l'îlot et aida Tom à se hisser à la surface. Agenouillés l'un en face de l'autre, ils reprirent leur souffle et se remirent lentement. Tom releva la tête vers le visage d'Altena. Elle avait les yeux fermés, sont expression était calme, ses épaules se soulevaient régulièrement. Elle avait vraiment bien réagit pour quelqu'un qui n'avait pas l'habitude de se battre. Elle n'avait pas paniqué. Il ne s'en serait peut-être pas sorti aussi bien s'il avait été tout seul.

Il glissa sa main dans les cheveux de la jeune fille et l'attira contre lui. Son visage vint se blottir contre son torse. Elle referma ses doigts fins sur les vêtements trempés de Tom. Il la serra simplement contre lui.

- Plusieurs loups-garous dangereux sont recherchés par le ministère en ce moment, dit Tom au bout d'un moment. Ceux-là devaient se cacher ici en attendant que les choses se calment.

Altena releva la tête et sourit.

- C'est drôle, c'est exactement comme ça que j'imaginais notre nuit de noces.

Ils partirent d'un fou rire qui était plus un rire nerveux, de soulagement. Tom serra ses bras autour de ses abdominaux qui avaient été très sollicités, il avait une crampe. Ils relevèrent la tête au même instant, leurs regards se croisèrent, brillants et amusés. Leurs sourires se crispèrent. Il venait d'y avait un bruit d'eau derrière Tom. Il n'arriva pas à bouger. Son corps ne lui répondait plus. Comment avaient-ils pu être aussi imprudents? Ils n'avaient même pas vérifié si tous les monstres étaient morts. Ses yeux s'agrandirent. Altena leva la tête et regarda fixement quelque chose qui se trouvait derrière lui. Son expression resta interdite. Puis ses traits se durcirent et ses pupilles s'assombrirent. Comme si la décision qu'elle venait de prendre l'amenait déjà sur un chemin plus sombre où il lui fallait plissait les yeux pour percer les ténèbres. Sa main se resserra autour de sa baguette.

Les secondes qui suivirent furent un enchaînement d'impressions floues et brouillées. Altena le poussa brutalement sur le côté et il tomba dans l'eau. Il s'écorcha le bras dans un effort pour se rattraper à la paroi. La douleur l'électrisa et il coula en arrière, impuissant. L'eau salée lui brûla les yeux. L'obscurité et le silence se refermèrent sur lui. D'un mouvement synchronisé de ses jambes et de ses bras il se propulsa vers la surface. A l'instant où il émergeait, quelque chose de lourd tomba dans l'eau à quelques centimètres de lui et l'éclaboussa. Il leva sa baguette et l'alluma, le corps massif d'un loup-garou coulait à côté de lui. Il se hissa à nouveau sur l'îlot. Altena était penchée au dessus de l'eau. A genoux, la tête baissée, les deux bras serrés autour de sa poitrine. Elle respirait fort. Et mal.

Tom s'accroupi à côté d'elle et écarta ses bras. Elle gémit. Du sang tachait ses mains. Il ne distinguait pas la blessure au milieu des plis de la robe noire. Il posa les doigts sur sa poitrine. Elle était chaude et poisseuse. Il glissa jusqu'aux côtes. Elles étaient enfoncées et brisées, heureusement ce n'était pas une morsure. Altena eut un hoquet et cracha un liquide noir épais. Il l'a fit basculer en arrière en la gardant dans ses bras. Il posa sa baguette sur la blessure. Le poumon devait être perforé. Il allait être difficile de la soigner complètement ici.

- Je vais faire de mon mieux, dit-il doucement pour la rassurer. Et on finira de te soigner chez Bella.

Il murmura la formule pour refermer les plaies en se concentrant sur la zone lésée du poumon. Elle se laissa faire.

- Tu n'aurais pas dû faire ça, continua-t-il. C'était stupide de le combattre seule!

- Tu... tu te trompes... de formule, répondit-elle d'une voix haletante.

Il l'a dévisagea un instant, pas vraiment sûr de comprendre.

- Il m'a mordu, ajouta-t-elle d'une voix sifflante.

Tom remarqua alors une trace de sang sur sa joue, il approcha sa baguette et laissa échapper un hoquet horrifié. Toute une partie de son épaule était déchiquetée, du sang ruisselait sur son cou et dans ses cheveux. La marque rose de l'endroit où il l'avait lui-même mordu avait disparut, la peau était recouverte de sang.

- Je ne veux pas... devenir... comme eux... dit-elle en posant la main sur la joue de Tom. Je suis... de sang pur... je ne serai jamais... un monstre...

- Il est hors de question que je te laisse mourir, répliqua Tom avec véhémence comme s'il réfutait une accusation grave.

Elle inspira profondément et fit un effort pour parler de façon un peu plus claire.

- C'est parce que c'est ce que tu penses, que tu dois le faire.

Elle se força à sourire. Son souffle faiblissait. Les mots du livre revinrent à la mémoire de Tom avec le son lourd et oppressant d'une condamnation. "Afin que la création de l'Horcruxe soit possible, il est absolument nécessaire que le sorcier détruise volontairement quelque chose qu'il ne veut pas détruire." Il ferma les yeux et fronça les sourcils. Altena posa sa main sur la gorge de Tom, il rouvrit les yeux. Elle tirait sur le médaillon. La chaîne d'or fin se brisa.

- C'est toi qui m'as demandé de devenir un Horcruxe!

Oui mais ce n'est pas ça que j'ai voulu dire.

- C'est ce qu'aurait voulu Iselda...

Elle eut un spasme qui lui coupa la parole.

- ... et Meredith... Change... notre monde...

Tu ne veux pas le changer avec moi? C'est trop idiot. Tu m'abandonnes. Toi aussi.

- Dépêche-toi!

Elle avait parlé plus fort, mais sa voix était implorante. Tom referma son poing autour de la main d'Altena qui tenait le médaillon. Elle le regardait avec ses yeux bleu glace embués. Il pointa sa baguette sur elle et la serra contre lui. Sa joue était plus froide que la sienne et ses longs cheveux bouclés avaient l'odeur du sang. Il pressa sa bouche contre son oreille mais n'arriva pas à prononcer la formule. Ce fut elle qui parla.

- Tu as toujours... l'air triste...

"Cette atrocité l'atteindra avec tant de violence qu'il aura également tué une partie de lui-même."

- Avada kedavra, souffla-t-il en fermant les yeux.

La puissance du sort le repoussa et le corps d'Altena heurta la pierre froide. Quelque chose se réveilla en Tom, une souffrance qu'il ne reconnaissait pas et dont il n'avait jamais soupçonné l'existence. Il resserra ses doigts autour de ceux d'Altena et sa paume effleura la chaîne du médaillon. Il avait l'insupportable sensation que c'était sur lui même qu'avait été jeté le sort impardonnable, comme s'il avait ricoché. Il regarda le visage de la jeune femme. Ses traits étaient figés dans une expression de surprise. Ses yeux étaient fixes et regardaient droit devant eux sans rien voir. Les ténèbres s'y engouffraient. "Car à celui qui veut obtenir si grand pouvoir, il lui faut en échange payer un lourd tribu." Alors Tom la serra dans ses bras et murmura la formule.

- Arcere anima...

Ce fut comme si toutes les lumières de l'univers s'étaient éteintes en même temps. L'obscurité enfla depuis l'intérieur de son corps et le happa tout entier. La douleur fut la plus terrible de toute son existence. C'était comme si son crâne était broyé, son corps écartelé, comme si ses os éclataient et étaient compressés en même temps. La puissance du sortilège envoya une onde d'énergie qui écarta l'eau autour de l'îlot et la projeta violement contre les parois de la caverne. L'eau du lac était maintenant aussi agitée que celle de la mer, aussi agitée que les battements de son coeur. Tom sentit une partie de son être se déchirer, s'enfuir de son corps. Cette partie sembla suivre sa volonté et se dirigea dans sa main, jusqu'à l'intérieur du médaillon. Une impression de vide suivit l'insupportable douleur. Il lui sembla que son corps avait été vidé de toute substance, qu'il était fragile au point de pouvoir se briser à n'importe quel instant. Et en même temps il sentit l'autre partie de son âme, toujours vivante dans le médaillon.

Il lui fallut plusieurs minutes pour se remettre. Sa respiration était saccadée, les battements de son cœur incontrôlables. Sa gorge le brûlait, comme s'il avait hurlé à se briser la voix. C'était peut-être ce qu'il avait fait. Il mit du temps avant de pouvoir bouger à nouveau, son corps ne lui répondait pas, il était parcouru de spasmes, comme s'il le punissait avec colère de ce qu'il venait de lui faire subir. Quand son corps lui obéit à nouveau, il rouvrit les yeux et ralluma sa baguette. Le corps d'Altena était toujours immobile. Et cette vision lui pinça le cœur. La douleur était bien différente de l'horreur qu'il venait de ressentir. Elle était amère, profonde, oppressante. Tom fit alors la seule chose qui pouvait faire cesser le supplice: il l'a fit bouger. Il murmura les formules qu'il connaissait, celles qui animaient les morts. La formule des infertis. Et il lui ordonna de se redresser, et elle se redressa. Ses yeux étaient toujours fixes, mais son corps bougeait à nouveau. Alors doucement avec un pan de sa cape noire, il essuya les taches de sang sur son beau visage blanc. Elle se laissait faire comme une petite fille et Tom sourit à nouveau. Il referma ses blessures et les déchirures de la robe. Elle était de nouveau propre et présentable. Quand il eut terminé il découpa un morceau de sa cape et y emballa l'Horcruxe. Il le posa sur la pierre à côté de lui.

Puis il prit Altena dans ses bras et la souleva. La base de l'îlot formait un dénivelé qu'il descendit en s'enfonçant dans le lac. Il coucha alors la jeune princesse dans l'eau sombre. Sa robe et ses cheveux flottèrent autour d'elle et l'espace d'un instant, elle eut l'air d'un ange mélancolique.

- Je reviendrai renforcer la protection du médaillon, lui dit-il d'une voix douce. Et je t'amènerai d'autres sorciers, pour que tu ne soies pas toute seule. Veille sur mon âme d'ici-là.

Il l'a lâcha et entraînée par le poids de la robe, elle s'enfonça dans l'eau sombre. Elle s'effaça lentement, dévorée par les ténèbres, seul son visage pâle flotta au fond de l'eau comme une flamme blanche. Puis il disparut à son tour.

Tom replaça les sortilèges sur le médaillon, il retraversa le lac et protégea l'entrée par un maléfice. Le même que celui de la chapelle d'Iselda. Ainsi, Altena et le médaillon seraient gardés secrets comme le laboratoire de Salazar.

Tom sortit à l'air libre, sécha ses vêtements et transplana. Il apparut devant la maison des Lestrange. La porte s'ouvrit aussitôt, Bella sortie, décoiffée, l'air paniqué.

- Tom! Il y a...

Elle s'immobilisa et afficha une expression horrifiée. Puis elle se ressaisit et parla avec moins d'empressement, comme si elle craignait qu'il s'énervât.

- ... un homme, un homme est venu pendant ton absence. Il a dit qu'il s'appelait Serpentard et qu'il allait te tuer. On l'a assommé et enfermé dans la cave. Est-ce que tu veux aller voir?

Tom entra dans la maison. Bellatrix le suivit sans cesser de parler. Il ne l'écoutait plus. Vladislav avait donc osé venir? Quel idiot! Il aurait mieux fait de rester en dehors de tout ça. Il allait falloir l'éliminer. A cette pensée une image s'imposa à son esprit, le corps froid d'Altena coulant dans le lac. "Tu as toujours... l'air triste..." Le cœur de Tom se serra, la douleur sourde qu'il avait ressentie lorsqu'il avait créé l'Horcruxe se réveilla comme une cicatrice mal refermée. Il eut alors le sentiment qu'il serait capable de le refaire, autant de fois qu'il le faudrait. Il n'avait pas oublié la façon dont son âme s'était brisée. Et il pourrait la fractionner encore quand il le voudrait. Il lui suffirait de se souvenir de ce qui avait perdu en cette soirée d'hiver.

Il monta alors à l'étage pour récupérer la bague des Gaunt. Elle serait parfaite pour un Horcruxe qu'il devrait à la mort de Vladislav. Il posa le coffret sur la commode et en sortit la bague. Quelque chose dans son champ de vision attira son attention et il releva la tête. Le miroir lui renvoyait une image étrange. Comme si son reflet était altéré. Il avait un teint blafard, son visage s'était brusquement amaigri comme s'il n'avait rien mangé depuis plusieurs jours. Et ses yeux... Ils n'étaient plus vert tendre, mais noirs avec des reflets rouges et la pupille s'était un peu allongée. Il comprit ce qui avait effrayé Bella quand elle l'avait vu.

Il ressortit en serrant la bague dans sa main.

- Ha... Tom! Tu es là!

Rodolphus gravit les dernières marches et s'arrêta devant lui, essoufflé.

- Dorénavant, vous ne m'appellerez plus Tom, dit-il d'une voix froide sans prêter attention à la façon dont Rodolphus le dévisageait. On me connaîtra sous le nom de Lord Voldemort. Et vous m'appellerez Maître. Dis-le aux autres. Notre guerre de conquête commencera bientôt.

- Bien... Maître, répondit Rodolphus après un silence hésitant.

Alors Tom satisfait, serra la bague plus fort dans sa main et descendit les escaliers jusqu'à la cave où l'attendait la clef de son second Horcruxe. Car à ceux qui ont perdu l'essentiel, il ne reste plus ni remords, ni regrets. Ni même le sentiment que le monde eût pu être différent.

*FIN*