| Salutations distinguées ! Je vous présente ma deuxième histoire  originale. Si vous avez lu la première, les héros sont les mêmes  (Gabriel et Joshua), mais l'histoire se passe dans un contexte  totalement différent, donc les deux n'ont absolument rien à voir l'une  avec l'autre. C'est un AU de Joshua et Gabriel, quoi. XD Je l'ai écrite pour mon amie Jyô (ou Gevoel), qui m'a fourni les mots suivants à insérer dedans : sang, poison, supplice, yaoiste, crise, morfler. Ils sont en gras dans le texte. Gabriel et Joshua nous appartiennent. Auteur : Sanashiya (ou Sana)Titre : La lie de l'humanité
 Rating : T : présence de lime et de langage de vilain méchant pas beau ! Promis, je mettrai une baffe à Gabriel et à Joshua pour les punir de dire tant de gros mots.
 Genre : romance (voire humour ?). POV Gabriel.
 Note  : Je connais rien, RIEN, à la médecine. Pourquoi j'ai fait cette  histoire en milieu médical, alors, c'est la question, mais bref. Si vous  y connaissez quelque chose, veuillez pardonner mes incohérences,  ignorances flagrantes, etc.Note 2 : si par hasard des  internes liraient cette fic... PARDON, votre statut en prend plein dans  la gueule. C'est la faute à Gabriel, faut le pardonner...
 Note 3 : c'est tellement évident pour moi que j'allais oublier de l'écrire. Toute cette histoire est YAOI, avec des messieurs qui veulent coucher avec des messieurs. Homophobes, je vous souhaite bon vent ! Les autres, vous pouvez rester. ^^
 Bonne lecture ! .oOo. La lie de l'humanité. .oOo. Je hais les humains. Je  les ai toujours détestés, depuis des temps immémoriaux (enfin, depuis  que je suis gosse, quoi). Ce dégoût, ce mépris qui courent dans mes  veines chaque fois que j'en croise un, font partie intégrante de moi. Je  vis seul, hors de la ville, dans une maison qui n'a pas de voisin à  moins de cinq kilomètres, avec pour seule compagnie mon chat et mon  ordinateur. Ça fait un peu vieux croûton, de dire ça, j'en suis  conscient, mais qu'est-ce que j'en ai à faire, après tout, de votre  jugement à vous, humains ? Je m'en fiche comme de ma première  chaussette. Je ne fréquente personne – je ne suis encore jamais  tombé amoureux, et mes expériences sexuelles du temps du collège ou du  lycée m'ont confirmé que le contact intime avec mes semblables ne  faisait pas partie de mes intérêts primaires, contrairement à tous ces  tas d'hormones sur pattes. Si j'ai testé, c'était bien par simple  curiosité, mais décidément, se forcer à caresser quelqu'un, à l'aimer, à  passer du temps avec lui, c'est trop pour moi. Et pourtant, malgré toute cette antipathie qui court dans mes veines depuis tant de temps, devinez quel métier j'exerce ? - Docteur Lerielli, une urgence ! Un grave accident de voiture. Les ambulanciers seront là d'une minute à l'autre. Eh  oui. Médecin. Chirurgien, qui plus est. Sans doute le métier où l'homme  est le plus tenu d'aimer son prochain (à moins qu'il n'exerce  uniquement pour l'avantageux salaire, mais il faut être drôlement  motivé, avec cinq années d'études de médecine qui sont l'enfer sur  terre...). Moi, ce n'est pas la foi de sauver l'être humain qui m'anime –  clairement pas. Mais j'éprouve une fascination sans bornes pour le  corps humain et ses mystères. La façon dont un simple petit grain de  sable dans toute cette immense organisation peut tout foutre en l'air,  et les moyens et les solutions pour retirer ce grain de sable – voilà ce  qui m'intéresse, à vrai dire. - Bipe tes meilleurs internes, on ne sera pas de trop, ajoute Nina, ma collègue. Ça  s'annonce mal – je soupire. Un accident de voiture, ça signifie sans  doute des opérations intéressantes en vue, mais voilà qu'on me refourgue  la lie de l'humanité : les internes. Bien sûr, la plupart des médecins  titulaires doivent s'occuper d'internes, mais moi, j'ai écopé d'une  tâche autrement plus lourde que celle des autres titulaires : être leur  chef. Une vraie déveine... Au moins, depuis le jour où on me les a  confiés, leur nombre s'est progressivement amenuisé. Ils étaient une  vingtaine au début, fraîchement émoulus de l'université de médecine,  encore purs et naïfs. Des agneaux... Sauf que moi, les agneaux, je les mange. Lorsqu'ils se sont rendus compte que l'hôpital, les malades, le sang,  et le reste, ce n'était définitivement pas un endroit fait pour eux, la  plupart ont filé sans demandé leur reste, et il m'est resté une poignée  d'irréductibles, parmi les plus coriaces, les plus endurants, et,  évidemment, ceux qui ont le plus mauvais caractère. - Voilà les  ambulances, annonce Jorge, un de mes collègues chirurgien. Au boulot,  les gars ! C'est un beau jour pour sauver des vies. Je soupire –  il en a pas marre de sortir la même phrase à chaque fois ? Mais  l'arrivée des victimes m'empêche de faire une réflexion sur le sujet.  Quatre brancards se suivent, quatre adolescents sont étendus dessus –  deux qui hurlent carrément, au supplice, et deux qui ne disent  rien, parce qu'ils n'ont même pas la chance d'être conscients. Je  m'empare du brancard d'un des deux inconscients et je me précipite vers  le bloc, tout en dispersant les internes. - Derème, Legat, avec le  docteur Jímenez ! Fuji, Wrenwright, O'Neill, je vous charge du brancard  n°2 là-bas. Le docteur Lloyd a été bipé, il arrive dès que possible.  Emmenez-le au bloc le plus rapidement possible. Nina, je laisse celui-là  à toi et tes internes, et toi, là, tu viens avec moi sur celui-ci. - Docteur, je veux venir avec vous ! C'est  un des internes que j'ai assignés à Jorge Jímenez qui parle – celui qui  s'appelle Derème. Quant à celui à qui j'ai ordonné de me suivre, il  traîne la patte, visiblement peu motivé. - La ferme ! Dépêche-toi d'aller sauver ce gars, pauvre crétin ! Et toi, dépêche-toi un peu, on a pas toute la nuit ! Il  y a un proverbe qui dit "qui aime bien châtie bien". Une chose est sûre  : mes internes savent bien que si je les engueule, ce n'est pas par  amour pour eux... Mais au moins, Derème m'obéit, et l'autre presse un  peu le pas. - On est que deux ? demande-t-il. - Pas le choix, les autres attendent la prochaine ambulance qui n'est pas encore arrivée. - Tss... C'est chiant. Je  me retiens de lui coller une tarte – c'est souvent assez difficile de  se rappeler que mon job n'est pas de buter les gens mais de les garder  en vie – et j'emmène la victime dans le bloc. Je sens que ça va être une très, très longue nuit. .oOo. Il  est huit heures du matin, et le soleil se lève sur un champ de  bataille. Deux des adolescents sont morts des suites de leur blessures –  les deux qui étaient déjà dans le coma au moment d'arriver ici. Les  autres sont encore dans un état très instable, mais il n'y a pas  grand-chose d'autre à faire que de les surveiller jour et nuit et  d'attendre que leur état se stabilise. Je devrais être en salle de  repos, mais après une nuit pareille, tout le monde avait envie de se  reposer, et elle était déjà occupée par le docteur Jímenez, alors je me  suis rabattu dans le café d'en face, le Countdown, où je regarde d'un œil vitreux le soleil se lever par-dessus les bâtiments couverts de neige. - Je peux m'asseoir ici ? Les  mains autour de ma tasse de café pour les réchauffer, je lève les yeux  vers la personne qui attend à côté de ma table, pour avoir le déplaisir  de constater qu'il s'agit d'un de mes internes. Et plus précisément  Lasheras, qui m'a secondé cette nuit dans la descente mortelle de  l'adolescente dont je me suis occupé. - Non. Y'a plein d'autres places ailleurs, je réponds d'un ton sec. -  Croyez bien que si je pouvais éviter de m'asseoir à votre table, je le  ferais. Si je demande ça, c'est parce que je n'ai pas d'autre choix. Il  est de notoriété publique qu'étant interne, la plus stupide des choses à  faire est de parler aussi irrespectueusement à un titulaire – un  supérieur qui aurait le pouvoir de détruire votre avenir en moins de  deux. Pourtant, ça n'a jamais eu l'air de déranger Lasheras – et, à tout  prendre, je préfère sa façon de me parler sèchement en face que  d'entendre les autres casser du sucre dans mon dos. L'hypocrisie, un des  grands maux de la race humaine... Un regard à la salle m'apprend  qu'il dit malheureusement vrai – après cette nuit de folie, tout  l'hôpital s'est retrouvé ici pour prendre un café avant de retourner au  boulot – et il ne reste effectivement plus une seule place de libre. Sans  que j'aie dit un mot, il s'assoit en face de moi, et tourne la cuillère  dans son café sans me regarder. L'avantage, avec ce type, c'est qu'il  n'est pas très causant, en général, et ça me convient parfaitement.  Surtout ce matin, alors que le manque de sommeil me rend plus  misanthrope que jamais. J'aurais dû faire gardien de phare – un boulot  comme ça, ça m'aurait bien mieux convenu qu'un job de médecin... - Vous vous sentez coupable ? Je  lève les yeux vers l'interne – oui, c'est bien lui qui vient de  m'adresser la parole. Merde, il peut pas se mêler de ses oignons,  celui-là ? D'habitude, il y arrive très bien, alors pourquoi, juste ce  matin...? Et pour une question à la con comme celle-là, en plus. Pas  besoin de se demander de quoi il parle. - Non. J'espère  qu'avec cette réponse sèche et laconique, il abandonnera la partie, mais  pas du tout ! Monsieur a un ticket avec moi ce matin. Il veut faire la  conversation. Geez. - Même alors que vous avez tout fait pour la sauver ? - Justement, j'ai fait de mon mieux, je n'ai rien à regretter. - Hum... Je vois... Vous n'avez pas l'air d'être trop préoccupé par ce genre de choses, vous. Il y a une sorte de dédain mêlé à du découragement dans sa voix, et je le fixe d'un air sceptique. - Parce que toi tu l'es, peut-être ? Dans  le genre, il est aussi emmerdant et asocial que moi, alors c'est assez  étonnant de le voir faire une crise de conscience, là comme ça. Est-ce  que c'est la mort de cette adolescente qui l'a choqué ? Si ça se trouve,  il la connaissait... Enfin non, sinon il l'aurait dit. - Pas vraiment, dit-il simplement. C'est juste que cette fille n'avait que 18 ans. Si  je voulais passer pour un monstre sans cœur, je répondrais "et alors ?  Fallait pas rouler à toute allure en étant bourrée, c'est de sa faute",  et sans doute que Lasheras me regarderait comme une mouche dans le  potage et déguerpirait. D'ailleurs, ça me rendrait ma tranquillité. Et  je serais bien capable de dire une phrase comme celle-là, parce que  l'empathie et la compassion ne font définitivement pas partie de mon  champ de compétences. Soit, il se peut que je plaigne la mère de cette  fille, qui découvrira bientôt, si ce n'est pas déjà fait, que son enfant  est morte pendant la nuit. D'ailleurs, c'est moi qu'elle viendra voir  quand elle saura, donc il serait bon que je montre de la pitié. Mais en  réalité, une vie de plus ou de moins sur cette planète, qu'elle  appartiennent à une gamine de 18 ans ou à un vieillard de 90 ans, pour  moi, ça ne fait pas grande différence. Ce qui m'intéresse, dans la  médecine, ce n'est pas le pouvoir de sauver des vies – on mourra tous  un jour, pas vrai ? – c'est juste le corps humain et son fonctionnement,  et comment le réparer quand quelque chose cloche. Et j'imagine qu'en  ça, je fais peut-être un excellent chirurgien, mais un bien piètre  médecin. Joshua Lasheras a l'air de lire dans mon regard ce à quoi je pense. - Soit vous avez déjà vu ce spectacle un milliard de fois et vous êtes blasé, soit vous n'en avez vraiment rien à foutre... Réponse  numéro deux : je n'en ai effectivement rien à foutre. Et le bonus :  cette conversation commence à me faire chier et j'aimerais bien que ce  type dégage. Mais à voir la façon dont il me fixe, j'ai l'impression que  ce n'est pas ce qu'il a en tête, à l'instant précis. - Pourquoi vous êtes devenu docteur ? - Qu'est-ce que ça peut te faire ? - Ça m'intrigue, c'est tout. Il y une sorte d'ironie curieuse et malveillante dans son regard, et je déteste être dévisagé comme ça par un crétin d'interne. - Occupe-toi de tes fesses, plutôt. - J'aimerais autant que vous vous en occupiez pour moi, répond-il avec un sourire. Ok.  De la drague en plus ? Définitivement, c'est trop pour moi. Je me lève  (et je te bouscule – oups non, arrêtons les références foireuses.  Définitivement, je suis fatigué), et je quitte la pièce sans rien  ajouter, sans même le regarder. Mes internes sont des crétins. Ce type  est un crétin. Et cette fille, cette fille bourrée qui a emmené trois de  ses amis et deux inconnus (les dommages collatéraux) à la mort ou dans  le coma, cette fille est une crétine, elle aussi ! L'humanité est un  ramassis de rebuts, et j'en fais partie, tout comme eux. Il est temps de rentrer chez moi. |