Chapitre 3: Les Quatre et les Daehearts
Loïc
J'entendais des voix, je crois qu'elles parlaient de moi. Je suis fatigué, jamais de ma vie je n'avais été aussi exténué. Je devrais arrêter de faire des rêves aussi bizarres et crevants.
-J'espère que sa Majesté va bientôt se réveiller, dit une voix masculine.
Oh, non...j'ai l'impression que le rêve est en train de continuer.
-Quelle mauviette ce roi, déclara une voix hautaine, il s'évanouit pour un rien et dort deux jours entiers. A cause de lui on a perdu du temps.
-Calme-toi Alexandre, répondit la première voix.
Mince, le blond était toujours là. Est-ce que je devais vraiment me réveiller? J'osai ouvrir les yeux en me demandant ce qu'il allait encore bien pouvoir m'arriver.
J'étais dans une petite chambre, je vis par la fenêtre que c'était le crépuscule ou bien l'aube. J'étais allongé sur l'unique lit de la chambre. Le seigneur Vontz était là ainsi que l'autre crétin blond.
-Ah, dit Alexandre méprisant, enfin réveillé!
Vontz me sourit et me demanda si je me sentais mieux. Je le remerciai en tentant de me lever du lit. Soudain le souvenir de l'enlèvement de Bella me revint.
Je le savais. Je n'étais plus sur Terre. Où? Je l'ignorais mais dans tous les cas je sentais que Bella était ici et t je la sauverais!
-Euh...Vontz, fis-je.
-Oui votre Majesté?
Ils commençaient vraiment à me taper sur les nerfs avec leur Majesté. Mais je passai outre.
-Écoutez, dis-je, je ne sais pas pour qui vous me prenez mais je ne suis en aucun cas votre roi. J'aurai accepté avec plaisir ce poste si certaines obligations ne me retenaient pas ailleurs et…
-Je présume que vous parlez de votre famille et de votre sœur, m'interrompit Vontz.
Enfin! Je rencontrai quelqu'un qui pouvait m'aider!
-Vous êtes au courant? Demandais-je plein d'espoir.
-Votre mère, votre cousine et votre sœur sont en parfaite santé sur Terre, répondit-il souriant.
-Vous plaisantez?! M'exclamais-je furieux. J'ai vu ma sœur se fait kidnapper par mon sosie à travers un miroir!
Je vis Alexandre faire une drôle de tête et Vontz froncer les sourcils.
-Vous...vous êtes sûre? Me demanda Vontz moins sûre de lui. Vous dites par votre sosie?
-Oui c'était ma copie conforme, dis-je en me calmant, à part ses yeux, ils étaient rouges.
A ce moment-là, j'eus l'impression qu'Alexandre et Vontz s'étaient pris un coup sur la tête. Ils restèrent plusieurs minutes, silencieux. Qu'est-ce que j'avais encore dit?
-C'est étrange, dit Vontz, ça ne devait pas arriver...
-Qu'est-ce qui ne devait pas arriver? Demandais-je impatient.
Alexandre prit la parole:
-Le Maitre t'a choisi toi, un terrien pour devenir notre roi. Tu devais arriver dans ce monde, seul. L'enlèvement de ta sœur ne faisait pas du tout parti de nos projets.
-Attendez...moi aussi j'ai été enlevé! Qui vous a permis de décider à ma place de devenir votre roi!? Moi je n'ai rien demandé à personne!
-Votre Majesté, me coupa sèchement Vontz, c'était votre destin de devenir roi de Locaria mais n'ayez crainte vous retournerez chez vous sur Terre quand l'heure sera venue. En attendant je ne vois que deux personnes capables d'avoir enlevé votre sœur et ça pour vous faire pression. Sachez que nous enverrons nos gens la chercher et que pour son sauvetage vous nous accompagnerez. Mais en attendant le peuple de Locaria a besoin de vous. Vous êtes le seul à pouvoir nous aider...
Il fit un geste en direction de la fenêtre. Hésitant je m'approchai. Ce que je vis me stupéfia, la mort était partout.
C'était un ancien champ de bataille, des ruines couvraient une plaine d'herbes mortes. Quelques arbres sans feuilles se dessinaient à l'horizon. Une atmosphère de mort régnait. J'eus une sorte de flash où je vis ce que ce paysage fut autrefois, c'était un simple paysage rustique, sans beauté particulière pourtant il régnait la paix et le bonheur. La vision disparut. J'étais toujours devant ce paysage morbide.
-Votre Majesté?
Je me retournai vers Vontz et dit:
-J'accepte d'être votre roi mais temporairement.
Je sentais que je venais de faire une connerie.
Bibliothèque a toujours été synonyme pour moi de salle de torture. Surtout quand on y reste enfermé quatre heures de suite.
-Le Royaume de Locaria est l'un des plus ancien pays du continent du Centre. Il fut fondé par le Maitre il y a plus de trois mille ans. Chaque souverain a été nommé par le Maitre depuis la nuit des temps et...
J’en avais marre...personne ne pouvait expliquer à messire Phronêsis que ses cours d'histoire étaient soporifiques... Déjà au lycée, je dormais en cours d'histoire alors ce n'était pas demain la veille que l'histoire allait m'intéresser. Phronêsis possédait le même don que mon professeur d'histoire: savoir endormir les gens en une phrase.
Une semaine avait passée depuis que j'avais quitté la ferme de vieillard. Messire Vontz et le seigneur Alexandre de Kraft m'avaient emmené -par la peau du cou- jusqu'à Mémo-Ria la capitale du Royaume de Locaria. Le château royal de Mémo-Ria était un mélange de construction moyenâgeuse et de classique. La plus haute tour était entièrement en verre, c'était une habile construction d'acier et de verre dont le pays entier se vantait.
J'étais roi, ça faisait bizarre...J'étais le roi de Locaria enfin pas encore tout à fait. Tout le monde au château de Mémo-Ria m'avait accueilli souriant et heureux. Selon eux, une petite erreur m'avait envoyé en pleine cambrousse. Ben, leur petite erreur m'avait obligé de travailler comme un esclave pendant plusieurs semaines...plus jamais je ne regarderais une ferme de la même façon. Vontz m'avait expliqué que je devais rencontrer les Quatre Cardinaux avant mon couronnement. Les Quatre Cardinaux étaient une sorte de conseil composé de quatre individus qui aidaient le roi à gérer le pays. Mais certains d'entre eux étaient en déplacement et il fallait attendre qu'ils reviennent. Pendant ce temps je souffrais avec les cours de Phronêsis sur l'histoire de Locaria. Les cours avaient lieux dans la grande bibliothèque du palais. C'était une vaste salle couverte d'étagères remplies de livres et une vieille odeur de moisi trainait dans l'air.
-En fait, demandais-je, qui est ce Maitre dont tout le monde parle?
Je vis les yeux de Phronêsis roulaient des yeux. Je sentais que j'avais encore fait une gaffe.
-Mais Majesté, répondit mon professeur choqué, le Maitre était le sujet de notre premier cours!
-Ah...mais c'était il y a une semaine et je ne m'en souviens plus.
Phronêsis était un type étrange, je lui donnais pas plus de trente ans, grand avec de longs cheveux roux et des yeux violet...il était en réalité une véritable mère poule. Depuis mon arrivée au palais de Mémo-Ria, il me suivait partout affirmant que j'étais une bénédiction et me prodiguait mille conseils. J'avais l'impression de revoir ma mère. Un jour j'avais osé trébucher sur une marche, Phronêsis avait presque fait intervenir l'armée pour cet incident. Depuis la marche avait été explosée et on en avait construit une nouvelle. Le pire c'était qu'il voyait des ennemis partout, un véritable paranoïaque ce mec.
-Autrefois, les humains étaient les esclaves des Daehearts, continua Phronêsis imperturbable, le Maitre était un humain capable de contrôler ce qu'on appelle le Locaria, une magie différente de celles des Daehearts. Il mit en échec le Créateur ou l'Impératrice, chef des Daehearts et fonda un royaume où tous les humains pourraient vivre en paix et libre.
-Et il n'est toujours pas mort, dis-je surpris, car d'après ce que j'ai compris, c'est à cause de lui que je suis ici.
Mon professeur fronça les sourcils et dit d'une voix passionnée:
-Les documents de cette époque ont pratiquement tous disparut. La seule chose que nous sachions c'est que le Royaume de Locaria a dû s'allier à nos pires ennemis, les Daehearts, pour combattre une entité inconnue. Nous ne savons rien de plus mais le Maitre a perdu son corps lors de cette bataille mais son esprit repose toujours dans la chapelle de ce château et continue de nous guider.
-Le Maitre c'est le big boss...Donc les méchants c'est les Daehearts et nous on est les gentils, récapitulais-je, le royaume de Locaria est-il le seul pays humain?
Phronêsis prit un livre dans l'une des bibliothèques. Il le posa devant moi et l'ouvrit.
-Voici la carte du continent du Centre, là vous pouvez voir le plus gros de ces États, l'Empire des Daehearts, nos ennemis. Notre royaume est le deuxième plus grand État du continent. Le reste des pays sont des petits États humains satellites sans grande envergure... la plupart sont nos vassaux, continua Phronêsis, mais un seul petit pays nous pose problèmes, il s'agit du Royaume Rubis, son dirigeant, Anisim, est un jeune homme effarouché qui rêve d'un monde utopique. Ni humains, ni Daehearts ne vivent dans ce pays. Seuls les demis y sont autorisés...
Les demi, les mi- humain, mi-Daehearts. Des rébus qu'il fallait cacher selon les gens d'ici. Je ne savais pas pourquoi mais le nom Anisim me provoquait une étrange chaleur dans le cou.
Si j'avais accepté d'être roi, c'était en premier lieu pour retrouver Bella. Je savais...non plutôt je sentais qu'elle aussi était dans ce monde. Et je ferais tout pour la retrouver. Je pressentais un lien entre les Daehearts et mon clone aux yeux rouges. En attendant je suivais le conseil de ma mère: « Si un jour on te propose le poste de roi, accepte-le car c'est le meilleur moyen pour protéger ou même sauvez les gens qu'on aime. » Bella, Cathialine, maman mais où étiez-vous? Deuxièmement, le paysage de mort que j'avais vu m'avais produit un étrange effet. La vision que j'avais eu semblait provenir d'un lointain souvenir. Si j'étais le roi qui devait les sauver autant faire comme dans les jeux vidéo et finir la quête pour rentrer chez soi. Mais mon charmant professeur me sortit de mes pensées:
-Votre Majesté? Vous m'écoutez?
-Euh...non.
Phronêsis eut l'air désespéré, il dit soupirant:
-Nous allions commencer à parler des Quatre Cardinaux, savez-vous qui soit-il réellement?
-Euh...non, répétais-je.
-Quand le Maitre a perdu son corps, un ennemi puissant menacé le Royaume. On dit qu'il sépara son pouvoir en sept parties. Quatre de ces sept parties devinrent des pierres. Le Maitre les a confiées à quatre humains et depuis des générations selon le choix du Maitre les pierres sont confiées à ce qu'on appelle les Quatre Cardinaux. Leur pouvoir sont immenses mais chacune d'elles reposent sur l'une de ces quatre vertus: la justice, la tempérance, la force et la prudence.
-Bref, c'est des cailloux magiques avec pleins de super pouvoirs, ajoutais-je.
-Bien Majesté je vois que vous êtes passionné par mon cours, j'en suis fort heureux, alors nous pouvons continuer le cours!
Oh, mon Dieu...je n'en pouvais plus.
Soudain, il retentit plusieurs cris et un énorme brouhaha. Qu'est-ce qui se passait encore? La porte de la bibliothèque s'ouvrit brusquement, les murs de la salle en tremblèrent. Une grande femme brune apparut, je restai bouche bée, à croire que dans ce monde tout le monde était des tops canon. Cette femme sortait tout droit d'un magazine de mode. Elle portait une longue robe bleue nuit avec un décolleté...hum...comment dire...très ouvert.
-Où est-il? Demanda-t-elle de façon toute excitée.
Phronêsis soupira.
-Je vois que vous êtes rentré au château Dame de Kraft, dit-il, je présume que le seigneur Thémis est aussi arrivé.
Elle ignora la remarque de Phronêsis.
-Alors c'est lui le roi, demanda l'inconnue toute excitée en s'approchant de moi, je suis enchantée de vous rencontrer votre Majesté, je suis...
-Mère mais qu'est-ce que vous faites? Demanda une voix hautaine que je ne connaissais que trop bien.
Alexandre était entré à son tour dans la salle d'étude. Il avait l'air horrifié.
-Oh! Tu es là, dit la mère d'Alexandre excitée comme une puce, tu ne m'avais pas dit que sa Majesté était aussi craquante.
C'était bizarre d'entendre ce genre de compliment dans la bouche d'une femme aussi séduisante mais qui pourrait être votre mère.
Alexandre ne répondit rien, il attrapa sa mère par le bras et la fit sortir de la pièce.
-A bientôt votre Majesté! S'exclama-t-elle avant de disparaître avec son fils.
Je rencontrais des gens vraiment bizarres depuis quelque temps.
-Je crois votre Majesté que le cours est terminé, fit Phronêsis en refermant son livre, il est l'heure de rencontrer les Quatre Cardinaux. Il me fit un clin d'œil, c'était bizarre mais je flippais un peu là.
J'allais enfin les rencontrer, les Quatre Cardinaux, les élus du Maitre. Et je me ferai couronner juste après. On m'avait habillé avec une simple tunique blanche. Selon Phronêsis, un roi devait savoir rester humble. On me fit entrer dans une petite salle. Quatre personnes étaient attablées. Je reconnu trois des individus: Messire Phronêsis, Messire Vontz et la mère d'Alexandre. La quatrième personne était un homme avec des cheveux courts blond-foncés que je n'avais jamais vu.
-Ben...alors... Messire Phronêsis et Vontz vous êtes des Cardinaux? Pourquoi vous ne me l'avez pas dit avant? Demandais-je surpris.
-Le Maitre, répondit Phronêsis, voulait que vous nous rencontriez tous les quatre ensembles.
Il souleva ses longs cheveux roux de façon à dégager son cou, une perle blanche était incrustée dans sa peau. Je me souvins du cours d'histoire, ça devait être l'une de ses fameuses pierres.
-Je suis Messire Cartan Phronêsis, continua-t-il, et je veille sur la perle de la prudence. Au château j'occupe la fonction de conseiller.
Pourquoi ça ne m'étonnait même pas? Ce type était la prudence incarnée.
Vontz intervint à son tour:
-Je suis le Comte Vontz et je garde les pouvoirs de la pierre de la tempérance. Je suis général dans l'armée du Royaume de Locaria.
Il replia la manche de sa veste, une autre perle blanche était incrustée dans la peau de son avant-bras. Il me jeta un regard étrange comme s'il s'attendait à ce que je dise quelque chose.
-A moi! S'exclama subitement la mère d'Alexandre. Je suis la Duchesse Christine de Kraft mais je préfère qu'on m'appelle Lady Kraft. Je suis la sœur de l'ancien roi et je suis le gouverneur de la province de Kraft. Et bien sûre, je suis la gardienne de la force vous en voulez la preuve?
Toute excitée, elle se leva de la table et s'approcha d'un mur. Elle y envoya un coup de coude et le pauvre mur s'écroula.
-Mais je n'ai pas que la force physique, dit-elle souriante en s'approchant de moi, j'ai aussi une grande force psychologique, elle me fit un clin d'œil, au fait, j'ai appris que vous connaissiez mon fils, dites-vous ne trouvez pas qu'il est très beau...Je suis sûre que...
-Ça suffit Christine, dit l'homme qui n'était toujours pas intervenu, arrêtez d'embêter sa Majesté avec vos jacasseries.
Je l'observais plus attentivement, il devait avoir entre trente et quarante ans, il avait les yeux bleus et son nez faisait une étrange bosse. Il portait une sorte de robe qui aurait était qualifiée de chinoise sur Terre.
-Oooh...tu n'es pas drôle Thémis, rouspéta Lady Kraft comme une enfant gâtée, tu restes toujours sérieux!
L'homme l'ignora et se présenta à son tour:
-Je suis le Duc De Thémis et je suis le gardien de la pierre de la justice.
Brusquement, il sauta et se mit debout sur la table. Il cria:
-JE SUIS LA JUSTICE!J-U-S-T-I-C-E!!!!!!!!!!!!Hahahaha!!!!!!!!!
Il continua de ricaner debout sur la table. Ce type venait de péter une durite.
-Ne vous inquiétez pas votre Majesté, me rassura Vontz, Thémis est...très spécial.
Ah, oui je voyais ça.
Le dingue continuait de rire pendant que Phronêsis se lamentait sur le mur en morceaux. J'étais chez des fous.
Vontz me fit sortir de la pièce. Tout en marchant, il s'excusa:
-Les perles affectent énormément nos caractères, j'espère que vous ne tiendrez pas trop rigueur du comportement de Lady Kraft et Thémis.
-Vous savez au point j'en suis, répondis-je, je crois que je suis capable de tout supporter.
Vontz me sourit. Je ne savais pas pourquoi mai j'étais persuadé que je pouvais avoir confiance en cet homme. On croisa Alexandre qui demanda à Vontz si sa mère avait encore cassé une partie du palais. Comme d'habitude il me snoba. Il repartit sans même dire au revoir.
Nous continuâmes à marcher jusqu'à une grande porte. Quand Vontz l'ouvrit, je fus éblouit par des milliers d'arc-en-ciel. J'avais pénétré dans la tour de verre. La tour ne comportait pas d'étage, c'était juste une grande spirale de verre qui s'élançait vers le ciel. Un fauteuil était placé au centre.
-Vous devez attendre ici votre Majesté, dit Vontz, dans ce lieu vous devrez méditer sur votre règne à venir. On viendra vous chercher dans deux heures.
Il sortit, j'étais seul.
Deux heures?! Mais j'allais m'emmerder! Si je voulais devenir roi c'était parce que je suivais les conseils de ma mère entre autre! Je n'y connais rien moi au job de roi. C'est vrai, il est un peu tard pour s'en rendre compte mais qu'est-ce que je peux y faire?! Euh...j'essaierai de mettre pas trop d'impôt, d'éviter la guerre...et....j'en sais rien moi! J'ai seize ans bordel!
Désespéré, je m'assis dans l'unique fauteuil. Je levai la tête et observai le jeu des lumières à travers le verre et l'acier. Si je voulais être roi c'était pour être capable de protéger ma sœur...mais si je deviens roi, je pourrais protéger bien plus de gens...
Soudain quelqu'un tomba du ciel. Non je ne plaisantais pas, un type sortit de nulle-part était tombé à mes pieds. L'inconnu se releva. Il était grand, il avait de longs cheveux noirs et ses yeux en amande étaient aussi noirs que ses vêtements.
-Euh...vous êtes? Demandais-je.
Deux poignards apparurent dans les mains de l'homme.
A première vue, il n'était pas là pour des raisons amicales. D'un coup apparut un autre personnage au côté de l'homme aux longs cheveux noirs, un adolescent brun couvert de bouton d'acnés.
-Êtes-vous le roi de Locaria? Demanda l'homme aux poignards.
J'étais censé répondre quoi?
Ne me voyant pas répondre l'homme dit:
-Je suis venu vous assassiner roi de Locaria.
Au moins, ça a le mérite d'être directe.
*
Bella
J'avais mal aux fesses et j'avais toujours ces fichues courbatures. Quand je me réveillai j'étais dans les bras d'un homme châtain qui ressemblait beaucoup à quelqu'un que je connaissais mais mon corps me faisait trop mal pour arriver à réfléchir. Une jolie jeune fille brune aux yeux verts se tenait près de lui. Elle me regardait avec curiosité. Il faisait nuit, je tournai la tête et vis que nous étions autour d'un feu de camp. Je rougis en voyant que j'étais dans les bras d'un homme et que je portais toujours cette horrible chemise de nuit à dentelle. Je voulus me dégager mais la jolie fille aux yeux verts intervint:
-Je la trouve très moche.
Euh...oui...sympa…ça faisait toujours plaisir.
Je me souvins de mon second enlèvement et de Barbie...ça devait être elle.
-Superbia ne sois pas aussi impoli, la gronda l'homme qui me portait, laisse-lui le temps de se remettre de ses émotions.
-Mais elle a les yeux bleus, gémit la fille, elle n'a pas le droit! C'est moi qui ai les plus beaux!
-Mais vous êtes très belle princesse, répondit l'homme laconique, excusez-là mademoiselle.
Je me relevai et regardai autour de moi. A part l'homme et la sale peste, trois autres hommes mangeaient autour du feu. En me voyant me relever, ils s'arrêtèrent de manger et m'observèrent. Je me sentis un peu mal à l'aise.
-Vous devriez-vous reposer mademoiselle, me fit l'homme châtain, la route sera longue demain.
-Mais elle a dormit toute la journée d'hier, dit la jeune fille brune, c'est impossible qu'elle puisse avoir plus sommeil que moi!
Je ne savais pas de quoi parlait cette fille mais elle m'énervait sérieusement. Mais je devais aller à l'essentiel:
-Qui êtes-vous? Demandais-je.
-N'ayez pas peur, dit l'homme, nous sommes vos alliés. Notre mission était de vous sauver.
-Ma sauver de qui? Demandais-je irritée Du psychopathe aux yeux rouges?
Il eut un silence. Tout le monde me regardait.
-Des yeux rouges...murmura la fille brune...il y a des choses dont on ne parle pas petite sotte!
Je me fais enlever et en plus insulter, là c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase!
Je jetai un regard circulaire, personne n'avait osé parler après la réplique cinglante de la poupée Barbie.
Une solution me traversa l'esprit: fuir. Je pris mes jambes à mon coup.
C'était peut-être totalement stupide mais j'en avais assez que l'on décide pour moi. En l'espace de trois jours je m'étais fait kidnapper deux fois.
-Mais elle s'échappe! S'écria la fille brune.
Non j'étais en train de faire un tennis, abrutie.
Je ne sais pas très bien où j'allais à cause de l'obscurité mais j'étais dans une sorte de forêt. Le temps qu’ils comprennent que je m’enfuyais, j’avais parcouru une bonne centaine de mètres. J'entendis un homme crier de me rattraper. Je continuais de courir. J'entendais mes poursuivants me chercher. Je faillis trébucher à cause d'une racine mais je me retins juste à temps mais je me tordis la cheville. Je m'accroupis alors derrière un buisson, ma cheville et mes courbatures me faisaient horriblement souffrir. Soudain j'entendis un grognement, je me retournai et ce que je vis me fit hurler. Alerté par mon hurlement suraigu mes poursuivants arrivèrent. Devant moi ce tenait un tigre ou bien un lion, je ne savais pas vraiment ce qu'était cette bête mais elle était immense.
-Surtout ne bougez pas mademoiselle ne faites aucun geste, me fit l'inconnu de tout à l'heure, et surtout restez calme.
Plus facile à dire qu’à faire. Surtout quand une gueule énorme remplie de crocs et de bave se tient à quelques mètres de vous.
L’homme fit un signe de tête à la fille brune. Celle-ci tira une épée et son bras gauche vers le ciel et deux boules argentés apparurent dans sa paume. Elle cria:
-L'orgueil qui doit être sorti de son fourreau, comme une bonne lame, pour ne pas qu'elle rouille! Créateur et lumière, aidez-moi!
Les deux boules argentées s'envolèrent et pénétrèrent dans l'épée de la jeune fille. Un éclair argenté sortit de l'épée et frappa le lion. La bête s'écroula par terre, un long grognement se fit entendre...il était en train de ronfler! Le fauve était endormit.
-Nul ne peut vaincre un membre de la famille de Lucifer, fit la jeune fille, et surtout pas un vulgaire chat. Tu as de la chance roi de la forêt, je n'ai fait que t'endormir. Sache que c'est un honneur d'avoir été vaincu par moi.
La fille se retourna soudainement vers moi, elle semblait furieuse.
-Espèce d'imbécile! Hurla-t-elle. On se crève le cul à te sauver et toi tu t'enfuis! En plus tu te fais attaquer! Tu te rends compte de tous les risques qu'on a pris pour toi!?
-Mais bordel, répliquai-je exaspérée, je ne sais même pas qui vous êtes! Vous m'enlevez mais vous n’êtes même pas capable de me dire qui vous êtes! C'est plutôt à moi de m'énerver surtout quand une poupée Barbie à deux balles m'insulte et me fait la morale!
-Comment?! S'écria la fille brune furibonde.
Je vis l'épée dans sa main prendre la même couleur argentée de tout à l'heure. Il eut un flash argent. Et ce fut les ténèbres...encore une fois.
J'ouvris les yeux et je vis un plafond recouvert de lierre. Je ne savais toujours pas où j'étais. Une chose était sûre, si je revoyais la fille brune, je la tabassais. J'avais dû subir le même sort que le lion. J'étais allongée dans un grand lit. Je me relevai brusquement. Les murs et le plafond de la pièce étaient recouverts de lierres. L'unique porte était sculptée dans un arbre qui semblait pousser à l'intérieur de la pièce. Je remarquai alors que je ne portai plus mon horrible chemise de nuit mais je portais une robe violette qui tombait jusqu'aux genoux. Étrangement je ne sentais plus mes courbatures et ma cheville ne me faisait plus mal. Au moins cette fois-ci, il n'y avait pas le clone de mon frère à mon réveil. Je me précipitai vers la porte. A ma grande surprise la porte n'était pas fermée à clef. Je découvris un long couloir dont les murs étaient en pierres grises. Je me faufilai discrètement dans le couloir espérant ne croiser personne. Les bâtiments ne ressemblaient pas du tout à ceux du psychopathe aux yeux rouges, j'en conclu que j'étais donc ailleurs. J'arrivai au bout du couloir et découvris un cloitre couvert de roses jaunes. J'aperçus un magnifique ciel bleu et un soleil éclatant, au moins je savais que nous étions le jour. Les roses jaunes dégageaient avec le soleil une agréable chaleur, bizarrement cette chaleur me faisait penser à ma mère.
-C'est agréable n'est-ce pas?
Je me retournai et vis l'homme châtain du feu de camp. Je regardai vite autour de moi pour voir où je pouvais m'échapper.
-C'est ma sœur qui a planté ces roses, continua-t-il souriant, je pense qu’elle essaye de faire passer un message à travers ces roses. On dit que les roses jaunes représentent l'infidélité...oui c'est tout à fait ma sœur de faire faux bond...
Je me détendis. Cet homme ne semblait pas menaçant. Le pauvre ne faisait que me parler de fleurs et de sa sœur. Au moins il m’inspirait plus confiance que Fakelolo.
- Ma sœur a depuis toujours la main verte, ce cloitre est son temple du jardinage. Quand elle avait dix ans ma sœur est tombée amoureuse pour la première fois, dit-il, elle avait couvert ce cloitre de primevères qui symbolisent un premier amour.
Sentant que je n'avais rien à craindre, je répondis hésitante:
-Ma mère aussi adore le jardinage...Chez nous elle a planté sur le balcon du romarin...qui symbolise selon elle, un cœur heureux.
Il me revint le temps où le balcon était couvert de colchiques et de chrysanthèmes, représentants la fin des beaux jours et la fin d'un amour. C'était l'époque de la mort de mon père et de William. Je chassai rapidement ces sombres souvenirs si lointains.
-Églantine a toujours été une sacrée jardinière, me répondit l'homme.
Je sursautai, comment cet homme pouvait-il connaître le prénom de ma mère.
-Quand elle est partie, continua-t-il, elle avait planté des milliers de marguerites pour nous dire adieu...
-Tu penses à des choses trop triste grand frère, intervint une voix féminine que je connaissais trop bien.
Je vis apparaître une belle femme aux cheveux ondulés couleur caramel et de jolis yeux noisette. C'était ma mère. Je restai pétrifiée par la surprise.
Elle me vit et me fit un grand sourire. Elle se précipita vers moi et me serra très fort contre elle.
-Bella, je suis tellement contente de te revoir! S'exclama-t-elle.
-Maman?! Mais qu'est-ce que tu fais ici? Hoquetais-je surprise.
Je regardai ma mère, elle portait une robe jaune avec une sorte de boléro orange. Ses cheveux était tirés en arrière, son chignon était orné de roses jaunes.
-Bella, me fit ma mère toujours en me câlinant, je voudrais te présenter ton oncle, voici Érable Belzébuth.
Mon soi-disant oncle me sourit et dit:
-Je suis ravi de rencontrer ma nièce et je suis fière de constater que son caractère est digne d'un membre de la famille de Belzébuth. J’ai beaucoup apprécié votre tentative d’évasion.
Je repoussai doucement ma mère et lui demandai:
-Maman qu'est-ce qui se passe? Où sommes-nous? Et où sont Cathialine et Loïc?
Je me souvins alors de Cathialine auprès du clone de mon frère aux yeux rouges. Non, c'était impossible, ce ne pouvait être Cathialine. Et si cette femme devant moi n'était pas mère mais un sosie comme celui de Loïc? Le doute m’envahit. Je regardai attentivement ma mère...non c'était bien elle. Cet air enfantin ne pouvait que lui appartenir. De plus je n'avais pas cette appréhension que j'avais avec le faux Loïc. Je regardai le dénommé Érable, c'était vrai qu'il ressemblait beaucoup à ma mère, les même cheveux, les mêmes yeux et ce même air enfantin si caractéristique.
Ma mère soupira et dit:
-Je suis désolée Bella, mais quand j'ai su que tu avais été kidnappé, j'ai dû retourner dans ce monde. J’ai perdu tous mes moyens. Bella je suis tellement heureuse de te revoir ! Heureusement mon grand frère a bien voulu m'aider!
Elle se jeta de nouveau sur moi et me serra contre elle.
Érable ajouta:
-J'avais très envie de faire la connaissance de ma nièce. Puis j’avais bien envie de jouer un tour au royaume de Locaria.
J’ignorai de quoi il parlait mais autre chose de plus important me préoccupait.
-Et Loïc? Et Cathialine? Je l'ai vu avec...commençais-je à crier.
-Calme-toi Bella, m'interrompit ma mère, tout va bien. Cathialine a été envoyée en tant qu'espionne chez tes ravisseurs et Loïc...il va bien.
-Où est-il? Demandais-je en le cherchant du regard comme s'il allait apparaître à tout moment entre les rosiers.
Ma mère s’écarta de moi et eut un regard triste. Elle se ressaisit et dit:
-Ton frère est resté sur Terre.
-Nous ne sommes plus sur Terre, m'exclamai-je, alors où sommes-nous?! Et pourquoi Loïc est resté chez nous?
Mon oncle intervint une nouvelle fois:
- Bella, ton frère n’a pas encore sa place ici. Mais il nous rejoindra bientôt. Nous sommes dans un monde qui fut créé il y a plus de quatre mille ans par l'Impératrice, une femme, qui voulait protéger les siens. Ici, tu es dans l'empire des Daehearts et plus précisément à Créatine la capitale de l'empire.
Le mot Daeheart me provoqua un étrange frisson dans le cou.
-Mais comment? Et maman...alors ça veut dire...mais...
Je ne savais plus du tout quoi penser. Tout s'embrouillait dans mon esprit.
Ma mère caressa du bout des doigts une des roses jaunes.
-Je suis partie sur Terre car j'aimais ton père..., dit-elle, mais je dois tout te révéler à présent. Je ne sais même pas par quoi commencer...
Je sentis l'impatience m'envahir. Ma mère me cachait des choses depuis ma naissance et je me sentais un peu trahie.
-Pour commencer tu n'es pas humaine ma chérie, lâcha ma mère, ne t'inquiète pas, moi non plus je ne suis pas humaine.
Comment ça je n'étais pas humaine?
-Tu es une Daeheart, Bella, ajouta-t-elle, et tu es quelqu’un de très spécial pour cet empire.
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