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Les Sept Péchés
Par Donoka
Originales  -  Humour/Fantaisie  -  fr
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    Chapitre 5     Les chapitres     0 Review    
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Un souvenir et un chien

Chapitre 5:





Bella

 

La dernière chose que je me souvenais c’était une douce chaleur qui envahissait mon corps. Je me sentais étrangement bien. J’ouvris les yeux, j’étais toujours devant le miroir. Pourtant je me rappelai d’y être entré. Je me retournai. Sur les sept sièges disposés en cercle autour du miroir, seuls trois étaient occupés. Oubliant d’être pudique je soulevai ma robe, un tatouage représentant un chien noir était apparu sur mon ventre. Le chien endormit était roulé en boule autour de mon nombril. Le chien était le symbole de la gourmandise mais aussi de la fidélité. Ça y est, maintenant j’étais l’une des leurs. J’étais l’une des Filles du démon.

 

*

 

Loïc

 

Accroupis derrière la haie, je commençais sérieusement à avoir mal aux pieds. La petite fille blonde passait de temps en temps la tête au-dessus de la haie pour guetter si personne ne venait. Je savais que j’étais dans un souvenir mais quelque chose me tracassait.

-Comment s’appelle cet endroit ? Demandai-je.

-La villa des Maudits, répondit l’enfant, mais nous on préfère l’appeler Notre Maison.

Je n’étais pas plus avancé. J’ignorai où pouvait bien se situer ce lieu.

« Le lieu et la situation géographique non aucune importance, fit la voix dans ma tête, seuls les évènements ont de l’importance. »

Cette petite voix dans ma tête – coquelicot magique ou pas – commençait à me taper sur les nerfs.

« Désolé, fit le coquelicot sur un ton tout sauf désolé, il faudra que tu me supportes encore un bout de temps. »

Génial, maintenant je comprenais ce qu’avait dû ressentir Jeanne d'arc.

-Comment tu t’appelles? Demandais-je à la petite fille.

-Ma maman m’a appelé Selena, répondit la petite fille blonde, et toi comment t’a appelé ta maman à toi?

Je lui répondis que je m’appelais Loïc. Elle me répondit que j’avais un prénom bizarre et que le sien était beaucoup plus beau.

Tout de même, je me demandais ce que je faisais ici. L’endroit semblait être une école mais l’interpellation de Villa des Maudits me rendait mal à l’aise. Fichu coquelicot, tu ne pourrais pas me dire ce qui se passe?

«C’est à toi de la découvrir, répondit le coquelicot, tu ne voudrais tout de même pas que je te fasse une fleur.»

Oh non…maintenant le coquelicot se met à faire de l’humour.

«Toi tu es vraiment à fleur de peau, continua le coquelicot, tu devrais te calmer. »

Mon Dieu, je ne vais jamais m’en sortir avec une fleur qui fait de l’humour à deux balles.

Soudain, Selena m’attrapa la main et me tira. Obligé de la suivre en courant elle m’entraina vers le bâtiment. Je trouvais que cette petite avait tout de même beaucoup de force pour son âge pour pouvoir me tirer comme ça. Elle me fit pénétrer dans une cour où une centaine d’enfants étaient en train de jouer. Tous les enfants s’arrêtèrent de jouer pour nous dévisager. Mais quelque chose de doré apparut dans les mains de Selena et les enfants se remirent à jouer comme si nous n’étions pas là. Selena m’entraina sous un gros arbre planté au milieu de la cour. Elle m’ordonna de grimper dans l’arbre. Attrapant les branches, je réussis tant bien que mal à atteindre une assez grosse branche pour m’assoir. Selena tel un petit singe me rejoint sans aucune difficulté alors que moi je transpirais à grosse goutte. Elle s’assit près de moi. Je voulu dire quelque chose mais les yeux de Selena se recouvrirent d’un voile de tristesse. Un bruit sourd semblable à une explosion avait retentit en faisant trembler le sol. Les enfants avaient cessé de jouer et jetaient des regards inquiets autour d’eux. Selena se mit la tête entre ses mains et gémit:

-Non, c’est en train de vraiment arriver, ce n’est pas encore un cauchemar.

Brusquement, une femme surgit. Son visage et ses vêtements étaient couverts de sang.

-Fuyez!!!! hurla la femme les yeux écarquillés par la peur. Cachez-vous!!! Sinon ils vont…

Mais un hoquet de stupeur l’arrêta. Une flèche s’était plantée dans son dos. Du sang coula de sa bouche et la femme s’effondra par terre. Certains enfants s’enfuirent, d’autres paralysés par la peur étaient incapable de bouger. Un groupe de soldats armés d’épées et d'arbalètes pénétra dans la cour. Une pluie de flèches s'abattit sur les enfants tandis que d'autres soldats tiraient leur épée en s'approchant dangereusement des enfants.

Non, non! Un cadavre. Je ne voulais pas voir ça! Deux cadavres. Il fallait que je fasse quelque chose. Trois cadavres. Je voulu descendre de l'arbre mais la petite fille me retint par le bras. Cinq cadavres. Elle secoua la tête pour me faire comprendre que c'était inutile. Je voulais détourner les yeux mais mon regard semblait s'être bloqué sur cette scène de carnage. Ma vue se brouilla, j'avais perdu le compte des morts.

Pourquoi devais-je voir cette horreur?

« Pour comprendre pourquoi le Maitre t'a choisi comme nouveau roi. »

En observant de plus près la scène, je m'aperçus que les soldats tuaient seulement les enfants qui tentaient de fuir. Ils se contentaient de regrouper les autres enfants pétrifiés par la peur.

-Ces enfants vont être déportés dans les mines du Nord, dit Selena.

Le groupe d'enfant fut amené hors de la cour. Pendant ce temps d'autres soldats continuaient à chercher les fuyards.

-Tu sais pourquoi ils veulent nous voir disparaitre? Fit Selena.

Ses yeux gris pleins de tristesse se plantèrent dans les miens. Non je ne savais pas pourquoi ce massacre avait lieu. Un nouvel hurlement déchira l'air. Selena se mit les mains sur les oreilles et sanglota. Je regardai le ciel, le bleu azur avait laissé place à un crépuscule de sang. La petite fille se calma et dit d'un ton étrangement mature:

-Si ces gens veulent notre mort, c'est parce que tous les enfants ici n'ont pas le droit de vivre. On ne devrait pas exister et pourtant on n'existe. Nous sommes des demis, nos parents se sont aimés contre les lois de la nature. Nous sommes des monstres. Comment le sang humain peut-il être mêlé à celui des Daehearts? C'est contre-nature, contre la création elle-même. Tu sais...peu importe si ces tueurs sont humains ou Daehearts, demain ce sera l'autre race qui viendra continuer le massacre.

-Je ne comprends pas, murmura Loïc, les demis ont-ils fait quelque chose de mal?

Sous nos pieds le massacre continuait.

-Ils existent et cela suffit..., répondit tristement Selena, mais certain d'entre nous naissent avec une certaine caractéristique physique et selon une vieille prophétie ce sont des demis qui entraineront la fin de ce monde.

-C'est stupide, commentai-je, ça me rappelle ces histoires de race à la con dans mon monde.

La petite fille esquissa un sourire.

-Alors je te fais confiance, dit-elle, construit un monde où tout le monde serait heureux. Tu peux le faire car tu es différent.

Elle sauta de l'arbre. Un soldat hurla en l'apercevant de la rattraper. Je voulu lui crier de revenir mais ma voix refusait de sortir. Tous les soldats se ruèrent derrière elle. La dernière chose que je vis de Selena fut une boucle blonde disparaître derrière un mur. Je descendis à mon tour de l'arbre pour la rattraper. Mais un frisson glacial me parcourut la colonne vertébrale. Autour de moi s'entassait des cadavres d'enfants. Non, je devais rêver, ces enfants étaient en train de jouer il y a même pas dix minutes. La souvenir du paysage dévasté me revint. C'était étrange mais j'avais l'impression d'avoir pleuré il y a très longtemps pour un événement similaire.

« Maintenant tu comprends ta véritable mission, fit le coquelicot, en tant que roi. N'oublie pas, cette petite t'a accordé sa confiance. »

Ma vision se troubla. Je vis un ciel étoilé. Puis un plafond gris vouté. Je me retrouvai nez à nez avec Alexandre qui me regardait bizarrement. Je regardai autour de moi, j'étais de retour dans la salle des trésors du Palais de Locaria. J'étais allongé par terre sur les dalles froide de la salle, je tenais fermement dans mes mains le coquelicot dans sa prison de verre. Agenouillé près de moi, Alexandre se releva en déclarant:

-Cet idiot à l'air d'aller bien.

-Si on n'a plus besoin de moi, fit l'Oracle, je peux repartir.

Elle sortit.

-Votre Majesté, s'écria Phronêsis, je suis tellement heureux que vous soyez sain et sauf! Vous avez disparu depuis une heure déjà!

Je me relevai tant bien que mal. Une fois sur mes deux pieds, je sentis mes jambes se dérober. Heureusement Vontz était là pour me soutenir.

-Votre Majesté, s'exclama une nouvelle fois Phronêsis, vous devez vous reposer!

S'il pouvait commencer par se taire.

Les Quatre Cardinaux me regardaient inquiet. Je revoyais sans cesse dans ma tête ces enfants et Selena...

Sans un mot nous quittâmes la salle des Trésors pour celle des Quatre Cardinaux. Je tenais toujours contre moi le coquelicot, j'avais la stupide impression qu'il me reliait à Selena. J'espérai au fond de moi qu'elle avait survécut. Nous fûmes bientôt tous attablés autour de la table sauf Alexandre qui n'était pas rentré car il ne faisait pas partit du conseil.

-Je voudrais...euh, dis-je hésitant, promulguer une loi...

Les Quatre Cardinaux m'écoutaient attentivement.

-Je veux que les demis soient considérés comme des citoyens à part entière dans notre pays, lâchai-je.

Sous le choc, Thémis faillit tomber de sa chaise, Phronêsis roulait des yeux, pour une fois Lady Kraft avait une tête sérieuse et Vontz me jetait un regard qui signifiait que j'avais surement choisis le mauvais moment.

-Votre Majesté, fit Thémis, jamais depuis que le royaume de Locaria existe une telle décision a été prise. Cela va contre toutes nos traditions...

-Des traditions qui massacrent des enfants, le coupais-je, je pensais que les Humains étaient tout de même plus développé mais pour l'instant tout ce que je vois c'est des animaux.

-Majesté vous ne comprenez pas, continua Thémis, quel que soit le souvenir que vous ayez vu on ne peut...

-Moi je suis d'accord avec sa Majesté, l'interrompit Lady Kraft, je comprends la peur des demis aux yeux rouges mais les autres sont injustement maltraités.

-Je suis de l'avis de sa Majesté, fit Vontz à son tour.

J'en avais au moins deux dans mon camp. Je jetai un regard vers Phronêsis. Je luis fis des yeux de chien battu, il détourna le regard gêné.

-J'aimerai savoir quelque chose, dis-je, vous avez parlé des yeux rouges à plusieurs reprise, ce sont des demis?

Phronêsis, le prof d'histoire par excellence dit:

-Sa Majesté doit comprendre que le Maitre et le Créateur ont laissé une même prophétie, même si nous pensons que les Daehearts essayent de se tirer la couverture en affirmant que seul le Créateur a dicté cette prophétie. Bref, dans tous les cas, cette prophétie disait qu'un enfant aux deux sangs et aux yeux rouges rubis mettra fin à l'Empire des Daehearts et le royaume de Locaria. Depuis les enfants aux yeux rouges sont haïs, avec le temps c'est devenu plus une superstition.

-C'est complètement stupide, fis-je.

Le visage du kidnappeur de ma sœur me revint, ses yeux étaient rouges sang. Mais ce qui me troublait vraiment c'était son visage qui ressemblait tellement au mien.

-Avez-vous des nouvelles de ma sœur? Demandai-je.

-Il semblerait que le Royaume de Rubis soit en partie responsable de son enlèvement, dit Vontz, un négociateur devrait arriver. Du moins l'Empire des Daehearts reste tout de même suspect.

Les portes s'ouvrirent, l'Oracle apparut. Les Quatre Cardinaux se levèrent.

-La Maitre m'a parlé, fit-elle, il a une mission au sujet de l'étoile bleue.

Les Cardinaux se rassirent. Un étrange silence c'était installer.

-Euh...c'est quoi l'étoile bleue? Demandai-je curieux.

Je me rappelai que mon assassin avait utilisé ce terme.

-Phronêsis ne vous l'a pas enseigné? Fit l'Oracle étonnée.

Le Cardinal de la prudence fit remarquer que je n'étais pas un élève très attentif et que les cours avançaient à mon rythme, c'est-à-dire très lentement. Moi j'aurais plutôt dit du sur-place.

-L'étoile bleue est notre seule chance contre les Daehearts, déclara Thémis, nous devons absolument l'obtenir.

-Quand le Créateur créa ce monde, dit l'Oracle, l'Impératrice ne réussit pas à posséder une énergie. Alors que les tous les éléments se pliaient à sa volonté, une seule force refusait de se laisser contrôler. Cette énergie est ce qu'on appelle aujourd'hui le Locaria, c'est pour ça que les Daehearts ne peuvent contrôler cette magie. Le Créateur ne pouvant dompter ce pouvoir cacha sa source, appelée l'étoile bleue.

-Cette source est du Locaria à l'état brut, continua Phronêsis, grâce à ce pouvoir l'Empire n'osera plus jamais nous attaquer. De son vivant le Maitre n'a cessé de le chercher et aujourd'hui le temps est venu de récupérer ce pouvoir.

En résumé c'était l'arme ultime pour tuer le boss final.

-Le Maitre veut que sa Majesté parte chercher l'étoile bleue, ajouta l'Oracle.

Il eut un long silence.

-Attendez, s'exclama Phronêsis, c'est tout simplement impossible! On ne peut laisser le roi voyager à travers le pays. Je vous rappelle que des assassins sont à ses trousses, ils vont sauter sur cette occasion.

-Vous savez ce qui arrive lorsqu'on s'oppose au Maitre, répliqua l'Oracle.

-Si sa Majesté quitte le château, intervint Thémis, il est de notre devoir de Cardinaux de l'accompagner.

-Je ne pense pas que ça soit une bonne idée, répondit Vontz, qui dirigerait le château pendant notre absence?

J'étais censé être roi mais c'était mission impossible d'en placer une. Je n'arrivai pas à dire un mot. Mais ça ne les dérangeait pas, ils continuaient leur discussion sans moi.

« Les Quatre Cardinaux ont toujours été des cas, fit une voix que je connaissais trop bien dans ma tête, le temps passe mais rien ne change. »

Quoi?! Mais il était encore là ce coquelicot?! Pourtant je ne suis plus coincé dans un souvenir.

« Je te rappelle que tu m'as choisi comme symbole de ton règne, alors en bon coquelicot je t'accompagnerais le long de ton règne. »

Génial à cette allure j'allais finir schizophrène.

Je jetai un regard mauvais au coquelicot posé devant moi.

-De toute façon c'est à sa Majesté que revient la décision, déclara Vontz.

Quelle décision? Concentré sur ce foutu coquelicot, je n'avais rien écouté.

Devant ma tête d'ahuri, Phronêsis me demanda si j'étais prêt à quitter la capitale pour chercher l'étoile bleue.

-Euh...si le Maitre veut que je parte chercher ce machin, fis-je, je veux bien.

Thémis me demanda qui gérerait le pays pendant mon absence.

-Ben vous quatre, répondis-je, je suis sûre que vous vous en sortirez très bien sans moi.

-Mais qui vous accompagnera dans votre dangereuse quête? Demanda Phronêsis au bord de la crise de nerf.

J'haussai les épaules en disant que n'importe qui me conviendrait.

-Il faudra que vous soyez discrets, fit Thémis, Vontz je propose que ton fils l'escorte.

Vontz hocha la tête pour acquiescer.

-Mon fils Alexandre l'accompagnera aussi, déclara Lady Kraft qui n'était pas encore intervenu.

-Christine ce n'est pas un jeu, s'exclama Thémis exaspéré, ton fils est encore jeune, il a l'âge de sa Majesté!

-Peut-être, rétorqua Lady Kraft, mais il est la meilleure fine lame du pays après toi et Vontz. Donc mon fils et le fils de Vontz accompagneront sa Majesté jusqu'à l'étoile bleue, pendant ce temps nous gérerons le pays, tout le monde est d'accord?

Tout le monde acquiesça. Encore une fois on avait décidé pour moi. Mais j'avais envie de découvrir ce pays et c'était une bonne occasion de prendre l'air. Mon sixième sens me disait que je reverrai Bella si je partais.

« Partons la fleur au fusil, lâcha le coquelicot. »

 

*

 

Alexandre l'oreille collée contre la porte écoutait la réunion. Il ne savait pas si il devait être énervé ou pas. Il allait devoir être le garde du corps de cet incapable de roi, en plus avec le fils de Vontz.

-Ce n'est pas bien d'écouter aux portes, fit une voix masculine.

Alexandre sursauta. Il se retourna et vit un jeune homme brun avec de beaux yeux violets. Alexandre se détendit, ce n'était que Clindor, son oncle. Celui-ci était en train de s'amuser à tresser deux bouts de ficelle ensemble. Alexandre c'était toujours demandé comment Clindor avait pu devenir roi, ce type était tellement bizarre.

-Ils sont au courant que tu es ici? Lui demanda Alexandre.

Clindor haussa les épaules.

-Non, je voulais venir incognito, répondit Clindor concentré sur ses bouts de ficelle, j'ai pu observer le couronnement sans être reconnu.

-Tu n'es pas là que pour le couronnement du nouveau roi, n'est-ce pas? Fit son neveu.

L'ex roi de Locaria leva ses yeux violets de ses bouts de ficelle.

-Toujours aussi perspicace cher neveu, dit-il, je m'ennuyai alors j'ai voulu espionner le nouveau roi. Les Quatre Cardinaux doivent être content, ce roi à l'air facile à manipuler.

Alexandre ne répondit pas. Clindor recommença à jouer avec la ficelle.

-J'ai appris que le nouveau roi s'était retrouvé malencontreusement dans un souvenir. Je présume que tu sais très bien qui est le propriétaire de ce souvenir. Ce n'était pas n'importe quel souvenir pour que le roi déclare que les demis doivent être considérés comme des citoyens à part entière.

-Je ne vois pas de quoi tu parles, répondit Alexandre d'un ton sec, de toute manière ce roi est un idiot et un incapable.

Alexandre tourna les talons et partit.

Clindor soupira, son neveu était tellement prévisible. Il le rattrapa et dit:

-J'ai appris que tu allais escorter sa Majesté dans sa quête de l'étoile bleue.

Alexandre leva les yeux au ciel. Comment ce type faisait-il pour avoir toujours un temps d'avance?

-J'espère pour toi qu'il ne percera pas ta vraie nature, ajouta Clindor, ne détruit pas tous les efforts de ta mère.

 

*

 

Laïos n'en revenait pas. Ce nouveau roi était-il totalement stupide? Après sa tentative d'assassinat il avait pensé que le roi aurait été placé sous haute surveillance. Mais non, celui-ci partait en mission, de plus à la recherche de l'étoile bleue. C'était une chance inespérée. Personne n'était censé être au courant mais Tarn grâce à ses pouvoirs de métamorphe s'était changé en servante du château. Le seul problème était l'escorte du roi, Laïos ne put s'empêcher de frissonner en pensant au fils du seigneur Vontz, ce garçon était redoutable. Mais peu importe, lui Laïos Léviathan réussirait sa mission. Il rentrerait à NéoVeniziaaccueillit tel un héros par son adorable petite sœur et le peuple des terre du Léviathan. Ainsi il pourrait se la couler douce pendant un certain temps.

Laïos regardait le soleil se coucher entre les toitures de la capitale du Royaume de Locaria. Le spectacle était magnifique. Les humains de cette citée avait construit leurs toits en verre sur le modèle de la tour de verre du palais royale. Des milliers d'arc-en-ciel disparaissaient les uns après les autres pour laisser apparaître une mer de cristal rouge. Bientôt la ville se couvrait d'un voile noir étoilé. Laïos était sensible à cette beauté mais rien n'égalerait jamais la citée de son enfance, NéoVenizia.Il espérait seulement qu'il y retournerait un jour.

Mais il ignorait qu'il serait de retour dans sa ville bien plus tôt qu'il ne pensait.

 

*

 

Bella

 

J'ouvris les yeux. Le soleil se couchait sur la capitale de l'Empire des Daehearts. J'étais épuisée par cette journée mais à présent j'étais tranquille. A aucun moment de la journée je n'avais pu m'isoler, on m'avait traqué soit pour me féliciter ou soit pour me soumettre quelqu'un à la candidature d'empereur.

Je posai la main sur mon ventre, le chien noir enroulé autour de mon nombril dormait profondément. Depuis hier j'étais une des Filles du démon.

 

Ce jour-là, Je m'étais réveillée avec une étrange boule au fond de mon ventre, j'avais peur. N'avais-je pas accepté un peu trop vite et pour une raison stupide? Mais le fait de repenser aux paroles de Superbia me redonnait du courage. Je ne laisserais pas cette chipie gagner. Pour devenir une Fille du démon je devais prendre part à cérémonie pour recevoir l'organe originel, en bref un vieil estomac. Depuis que j'étais petite j'avais ces étranges pulsion qui me poussaient à manger et acheter plein de chose; aujourd'hui je comprenais j'étais prédestinée à être l'incarnation du péché de la gourmandise. Ma mère m'avait apporté une robe blanche qui descendait jusqu’aux genoux. Un motif sur le niveau du ventre représenté un chien noir. On m'avait accompagné au cœur du château, la salle où siégeaient les Sept Filles du démon. Seulement quand je suis arrivée il n'y en avait que trois sur sept. Superbia, Acédia et une fille au regard triste qui devait avoir un peu prés quatorze ans. J'appris que cette fille était Lévia Léviathan, l'incarnation du péché de l'envie. Malgré ses airs juvéniles elle faisait bien plus mature que la pimbêche et Acédia. Sa coiffure était adorable, ses cheveux châtains étaient coiffés en macaron et une frange retombait juste au-dessus de ses yeux couleur sirop d'érable. Les trois portaient la même robe que moi, seule Superbia avait sa robe beaucoup plus longue. Un motif différent était représenté sur chaque robe; le motif de Superbia représenté un soleil jaune couleur de l'orgueil, celui d'Acédia représenté un âne violet couché avec un lézard doré et celui de Lévia la tête de la méduse en vert foncé, cette créature de la mythologie grecque avec des cheveux en serpent capable d'un seul regard de changer les hommes en pierre. Ces symbole représentés les péchés qui nous incarnions, ils étaient aussi gravés dans le bois d'or des sept sièges qui repartis en cercle, entourés une rosace à sept branche peinte sur le sol. Je remarquai comme autres symboles le lion rouge, un bouc doré et un crapaud argent. Placée au milieu de la rosace je n'avais pu m'empêcher de demandé pourquoi seules trois Filles du démon était présente.

-La famille d'Asmodée ont des problèmes de succession et la famille de Mammon ne voulait pas perdre son temps, m'avait répondit ma mère souriante.

Je me passai de faire un commentaire désagréable.

Soudainement auprès de moi au milieu de la rosace était apparu un miroir. Mal à l'aise à cause de ma dernière expérience avec un miroir, je ne savais plus ce que je devais faire.

-Tu dois rentrer dans le miroir, fit Superbia impatiente.

La jolie brune tapait des doigts sur l'accoudoir de son siège, nerveuse. Acédia semblait dormir et la jeune Lévia fixait étrangement mes cheveux. Je respirai un bon coup oubliant le psychopathe aux yeux rouges et rentra dans le miroir persuadée que j'allais m'écraser le nez contre la paroi. Mais à ma grande surprise la paroi était aussi douce que de la soie et avait la consistance de l'eau. Ma vue se brouilla et je sentis mes pieds se dérober sous mon poids. Je fus rapidement entouré d'une mer d'étoiles. Étonnée, je regardais autour de moi, je flottais dans le ciel étoilé. Un rayon de lumière blanche se jeta contre mon ventre. Mais rapidement le ciel étoilé laissa place à un ciel bleu azur. Je regardais sous mes pieds, je voyais des collines vertes. J'étais en train de voler dans le ciel...

Bon, pas de panique il y avait une explication logique à tout ça.

Soudain je sentis le poids de mon corps revenir.

Oh, non.

Je tombais. Je ne pus m'empêcher de hurler en voyant le sol se rapprocher dangereusement.

Mon dieu! Je voulais juste qu'on me greffe un fichu estomac!

La chute fut moins douloureuse que je ne le pensais. En fait je me suis écrasée dans un arbre, les branches durent ralentir ma chute car à part quelques écorchures je n'étais pas blessée. En descendant de l'arbre, je maudis cette fichu robe, je comprenais pourquoi les femmes s'étaient battu pour porter le pantalon. Une fois les pieds sur la terre ferme, je regardai autour de moi. A première vue j'étais dans la campagne profonde.

Bon...qu'est-ce que je faisais maintenant?

Brusquement apparut derrière les arbres un chien loup au pelage noir. Il avait l'air adorable, je me mis à le caresser.

-Tu aimes les grattouilles toi, dis-je affectueusement au chien en lui grattant derrière les oreilles.

-Oh, oui. J'adore ça.

Euh...Qui est-ce qui venait de parler? Je me retournai, non il n’y avait personne.

-Petite sotte, c'est moi qui parle.

Un instant je cru que c'était le chien qui parlait.

-Oui c'était bien moi, fit le chien, et referma ta bouche tu vas finir par avaler une mouche.

Remise de ma surprise, je ne pus m'empêcher de dire:

-Mais les chiens ça ne parlent pas!

-Et pourquoi pas? Rétorqua le chien.

-Ce n'est pas normal, continuai-je, les chiens aboient normalement!

-Peut-être que ce sont les autres chiens qui ne sont pas normales, répliqua le chien noir imparable.

Après tout ce qui m’était arrivée un chien qui parle n'aurait pas dû m'étonner. Mais c'était quand même bizarre.

-Peu importe, continua le chien parlant, je suis le gardien des pouvoirs de la famille de Belzébuth. Je dois savoir si tu es digne de recevoir ces pouvoirs.

-Attendez, m'exclamai-je, personne ne m'a prévenue que je devais passer une épreuve!

Pour une raison inconnue le chien se mit à remuer la queue. Il déclara:

-Seules tes paroles ont de la valeur ici. Pourquoi penses-tu avoir été choisi comme Fille du démon.

-Je n'en sais rien, répondis-je, c'est le destin...

-Tu crois donc au destin? Demanda le chien.

-Non, je pense qu'il y a une bonne raison pour que j’aie été choisi. Rien n'est prévu à l'avance et même si c'était le cas, je reste libre de mes gestes et de mes décisions...C'est moi qui construis mon avenir.

J'avais l'impression de dire connerie sur connerie. A mon avis il s'attendait à ce que je parle de justice ou autre chose.

Le chien gardien continuait de remuer la queue. Après s'être léché la patte il déclara:

-Tu as un caractère qui me plait petite et...

-Tu ne crois pas que tu l'as assez torturé comme ça? Fit une voix masculine.

Derrière l'arbre se dessinait une silhouette d'homme. Il était de dos, appuyé contre l'arbre. Je n'arrivais pas à distinguer son visage mais il avait des cheveux bizarres, ils étaient blancs.

-Tu n'as rien à faire ici, rétorqua le chien en grognant, c'est à Bella seule de prouver sa valeur.

-Es-tu bête? Fit l'homme. Là où est Bella, j'y suis.

Je ne comprenais rien à ce charabia.

-Penses-tu comme elle? Lui demanda le chien noir.

-Tu sais bien que je déteste les routes déjà tracées, répondit-il.

Le chien hocha sa tête.

-Bien, fit-il, Bella tu peux recevoir les pouvoirs de la famille de Belzébuth. Prends en soin.

Tout redevint flou et je me sentis décoller du sol. Je sentis une douce chaleur m'envahir. Puis le noir.

La dernière chose que je me souvenais c’était une douce chaleur qui envahissait mon corps. Je me sentais étrangement bien. J’ouvris les yeux, j’étais toujours devant le miroir. Ça y est, maintenant j’étais l’une des leurs. J’étais l’une des Filles du démon.

 

A présent, il ne manquait plus que la fille représentant le péché de la colère pour invoquer l'ancien pouvoir des Daehearts. Mais ce n'était pas la seule raison, les Sept Filles du démon étaient les seules à pouvoir choisir le nouvel empereur. Pour l'instant il y avait deux candidats officiels, mon oncle Érable et l'oncle de Lévia un certain Henry. Je devais rencontrer cet homme bientôt. Lévia qui ne m'a pratiquement pas adressé la parole m'a conseillé de ne pas voter pour son oncle.

Il faisait nuit. La ville s'endormait. Je me demandais si Loïc s'en sortait sur Terre. Étrangement je pensai aussi à Fakelolo, par contre lui j'espérai qu'il brûlait en enfer. J'évitai de penser aussi à ma cousine, Cathialine, où était-elle et que faisait-elle?

Je me retrouvai dans le cloitre. La nuit les roses jaunes de ma mère étaient aussi noires que la nuit.

-Bella tu es là? Fit une voix endormit.

C'était Acédia.

-Nous avons un problème, continua-t-elle, tu dois venir tout de suite.

Elle m'amena dans la salle du trône de l'empereur. Ma mère, mon oncle et Superbia était là. J'appris que Lévia était repartie dans ses terres. Je me demandai alors pourquoi Superbia et Acédia vivait au palais? Mais je ne pus m'étendre sur la question.

-Sidonay a de gros problèmes, annonça mon oncle, elle est retenu prisonnière dans son propre château.

-C'est qui cette Sidonay? Intervins-je.

-La luxure, me chuchota Acédia.

-La famille d'Asmodée a toujours été une famille à problèmes, m'expliqua Érable, vois-tu les femmes de cette famille sont stériles alors le sang se transmet par les hommes. Et depuis des générations, les différents membres masculin de cette famille se disputent le contrôle des terres Asmodée. Les choses étaient revenues au calme depuis un certain temps. Mais depuis la mort du père de Sidonay, Pridamant son cousin tente de prendre le pouvoir des terres d'Asmodée. D'après les dernières nouvelles, il a emprisonné Sidonay dans son propre château.

-J'irai sauver Sidonay, déclara Superbia, je suis la meilleure combattante du royaume. Et j'ai réussi à délivrer Bella sans problème. Personne ne peut me surpasser.

Érable donna son accord. Malgré ses airs de peste, Superbia semblait être réellement une experte en combat.

-Bella tu l'accompagneras, déclara Érable, ce sera une bonne occasion de découvrir ton nouveau pays.

-Quoi?! Criai-je. Mais je ne sais pas me battre!

Érable affirma qu'il n’y avait aucun problème. Je vis Superbia me jeter un regard assassin comme si c'était de ma faute. J'étais encore embarquée dans un truc de fou. Mais peut-être était-ce mon sixième sens ou mes pouvoirs de jumeaux mais j'avais l'impression que j'allais revoir Loïc. J'espérais juste au fond de moi que j'avais raison.

 

 
 
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